Un béguin inavouable [PV]

Âge : 19 ans {01.07.1998}

Un béguin inavouable

Erin avait eu beaucoup trop de choses à penser ces deux dernières années pour s’occuper des histoires de garçon. Elle écoutait Tempérance lui parler de Julian, Candys lui parler de Bartley, Derek et Cole (rien que trois la coquine!), mais de son côté, elle ne disait rien à ses amies sur ce qu’elle ressentait. Au départ parce qu’elle n’éprouvait rien : cible des attaques des uns et des autres, elle avait passé plus de temps à se cacher qu’à se montrer… Son seul ami garçon était Graham, mais il était plus jeune (oui, l’âge ça compte pour Erin), puis, à la limite, ils étaient trop amis pour qu’elle le voit comme un garçon ~~ce qui tombait bien vous avouerez~~.

Petit à petit, alors que les choses se calmaient pour elle, qu’elle n’était plus harcelée d’abord parce qu’elle était à Serpentard et ensuite parce qu’elle avait été manipulé par La Menace et avait mis à sac sa salle commune un an et demi auparavant, il y avait ce je ne sais quoi qui changeait en elle… envers Noé Montgomery. Frère jumeau de Candys de son état, ancien cavalier au bal, aussi, et garçon calme, studieux, bref, pas le genre à faire sortir Erin de sa zone de confort.

Elle se garda bien, une fois qu’elle l’eut réalisé - c’est à dire sur la fin de l’été, tandis qu’elle se disait qu’il lui manquait – de le dire à qui que ce soit. Si elle prenait de manière parfaitement rationnelle les histoires d’amour des autres, elle ne se sentait pas toujours à l’aise avec ses propres sentiments. Il faut dire que, souvent, ce qu’elle éprouvait tenait plutôt d’une colère contenue, d’une espèce de rage qu’elle ne contrôlait qu’avec difficulté. Le fruit d’années de maltraitance par ses camarades qui masquait tout le reste. L’adolescence s’en mêlait pourtant, et à quinze ans, si elle n’était pas en retard, ce n’était pas non plus bizarre ou étonnant d’avoir le béguin pour un garçon de sa classe. C’était même plutôt sain, ce qui l’était moins, c’était que pour ça comme pour le reste, elle préférait le garder pour elle.

Les professeurs n’ayant pas toujours la même vision qu’elle des rapports humains (ils trouvaient qu’elle devait se « sociabiliser » : la belle affaire!), elle se retrouva avec un devoir à faire en compagnie de Noé. Un devoir de défense contre les forces du mal qui plus est. C’est en se demandant ce qui avait bien pu passer par la tête des profs (ils n’auraient pas pu la mettre avec une de ses amies plutôt ?! c’était quoi cette idée tordue de la mettre avec un garçon!) qu’elle descendit dans la salle commune, là où elle devait travailler son devoir avec Noé. Au moins n’avaient-ils pas besoin d’aller à la bibliothèque comme les groupes qui n’étaient pas dans la même maison, car elle n’aurait sûrement pas supporté les « chuuuuuuut » de Pince.

« Salut Noé » Dit-il prudemment en s’asseyant à une distance plus que respectable de lui. « J’ai descendu mes affaires, tu veux qu’on commence par quoi ? Le plan ? » Parler boulot, rester boulot : c’était une stratégie qui en valait bien une autre.

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Contrairement à sa sœur jumelle, et à priori de l’ensemble de la population poudlarienne, Noé n’avait pour le moment aucun béguin pour personne, Merlin merci. Sa mère puis son père, et même Candys le jour suivant la rentrée, l’avait pourtant tanné pour connaître sa vie amoureuse. Mais la vérité, c’était qu’il n’avait rien à dire. Bien sûr, il y avait des filles qu’il trouvait jolies, ou certaines dont il était très proche comme Erin et Maribel, mais Noé n’intégrait pas la norme des garçons de son âge et ne s’intéressait pas aux filles. Cela paraissait peut-être profondément ennuyeux à certains mais le garçon préférait se consacrer à des choses plus concrètes que les sentiments comme les BUSES ~~son obsession~~ ou le Quidditch –il allait faire redescendre ce petit Carmichael de son piédestal foi de Montgomery. Il passait donc à travers les filets de la plupart des tourments des adolescents et il n’en était pas malheureux pour autant. Si jamais il devait tomber amoureux, ou sortir avec quelqu’un, il n’allait pas forcer et se trouver quelqu’un uniquement pour faire comme tout le monde n’était pas son style. Noé se fichait complètement de ce qu’on pouvait dire sur lui et de son propre avis, il était déjà bien assez entouré de filles comme ça.

Malgré cette pensée fort pragmatique, Noé devait bien avouer que parfois, il se sentait un peu, voire complètement à l’écart des préoccupations de ses camarade, à l’écart de la masse tout court. Cela dit, même s’il savait bien qu’il n’avait pas les mêmes passe-temps que le tout Poudlard ~~comment ? la préoccupation essentielle n’est pas de draguer tout ce qui bougeait ? on l’avait trompé !~~ cela ne le préoccupait finalement pas tant que ça. Il se posait quelques questions de temps en temps évidemment mais cela ne servait pas à grand-chose de se tourmenter pour autant. L’année serait bien remplie entre les entraînements pour le Quidditch, les révisions, le groupe anti-Menace, il n’avait pas besoin d’ajouter un béguin ou une relation pour le soucier davantage.

Enfin il n’était pas question de parler de non présence de sentiments pour Noé puisqu’il devait se consacrer à un travail en Défense Contre les Forces du Mal, une matière dans laquelle il avait énormément de facilités et qu’il appréciait beaucoup. Néanmoins, et c’était sans doute un coup des professeurs qui jugeaient souvent qu’il était un brillant élève mais qu’il ne faisait pas beaucoup d’efforts dès lors qu’il devait effectuer un devoir en groupe. Généralement, il se mettait toujours en binôme avec sa sœur. Sa jumelle était intelligente ~~un talent rare parmi les spécimens observables à Poudlard~~ et travaillait bien ce qui n’était pas le cas de tous ses camarades d’année et raison pour laquelle Noé détestait travailler en groupe. Les professeurs, qui devaient en avoir marre de voir toujours les deux Montgomery ensemble, avaient assignés Noé à une autre personne. Heureusement, il s’agissait d’une de ses amies : Erin. Noé était convaincu qu’ils réussiraient ensemble et l’accueillit donc avec le sourire lorsqu’il la vit approcher. « Comment vas-tu aujourd’hui Erin ? Rapproches toi donc qu’on établisse les grandes lignes de notre travail ensemble. » s’exprima-t-il tranquillement, inconscient du malaise de la jeune fille. « Oui, ça me paraît indispensable. Alors, la magie noire : comment la définir et la combattre, ils auraient pu choisir plus subtil comme intitulé…Je pensais à un plan en deux parties assez simple : la définition de la magie noire en premier lieu, puis la façon de la combattre. Et puis j’ai réfléchi et je me suis dit qu’une troisième partie sur les conséquences de l’utilisation de la magie noire pouvait être intéressante et je ne pense pas que cela dépasse le sujet. Qu’en dis-tu ? » consulta-t-il. « Tu as réfléchi à une problématique ? Déjà je m’étais dit qu’il faudrait rappeler le contexte avec Magicis Sacra qui explique l’urgence de bien comprendre la magie noire et de la combattre. » dit-il avant de regarder Erin avec un sourire. Il était très content de faire ce devoir avec elle et sentait qu’ils obtiendraient une bonne note.

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lumos maxima

Âge : 19 ans {01.07.1998}

A contrecœur, Erin se rapprocha de son ami, un petit sourire crispé collé sur les lèvres. L’avantage, c’était que Noé était tellement imperméable aux considérations romantiques (faut pas croire, elle le connaît bien) qu’il ne remarquerait sûrement rien. Surtout quand l’objectif était de bosser, Noé étant encore plus obsédé par ses résultats scolaires qu’un Serdaigle. Elle-même n’était pas mauvaise élève, mais elle se contentait d’être bonne, elle ne ressentait pas le besoin d’être la meilleure. Peut-être parce qu’elle avait appris à se faire discrète ces dernières années. Si, à son arrivée à Poudlard, elle éprouvait une sorte de flamme, souhaitant ardemment être populaire, celle-ci s’était éteinte peu à peu à force de moqueries et de mauvais traitements. Poussée contre les murs, engloutie sous un tas de neige, Erin n’avait pas eu la force de s’imposer : survivre avait déjà été un effort en soi. Maintenant que sa vie était un brin plus confortable, elle se contentait du bonheur simple d’être une élève lambda. On ne lisait dans ses yeux le goût pour la compétition que lors des matchs de Quidditch.

Répondre à la question sur comment elle allait était devenu plus simple, et plus rapide aussi. Elle n’avait plus à se plaindre du comportement de ses camarades, même si beaucoup, n’assumant pas leurs actes passés, l’ignoraient. Autant dire qu’elle aimait encore mieux ça. « Tout va bien. Et toi, ça va ? » Elle lui retournait la question par pure politesse, elle le sentait très motivé pour leur devoir et prêt à s’élancer, elle ne pensait donc pas qu’ils allaient longtemps s’éloigner du vif du sujet, à savoir la magie noire. Travailler là-dessus la mettait peut-être encore plus mal à l’aise que la promiscuité de Noé (si c’était possible). Mais Noé le comprendrait sûrement puisque lui-même avait eu à faire à la Menace directement (lors d’un incident dans les sous-sol avec Joséphine) et indirectement (son oncle ayant été blessé pendant l’été).

« Pour la problématique, comme le sujet est assez fermé, je ne vois pas bien ce qu’on pourrait faire d’autre que : Quel est l’essence de la magie noire et comment cela influe-t-il la manière de la combattre ? Et encore, ce sont des mots bien compliqué pour reformuler. Mais je pense qu’il faut vraiment qu’on se pose la question des racines de la magie noire, pour justement en venir à ta troisième partie, car pour combattre quelque chose, il faut savoir comment elle naît. Je crois qu’il faut creuser un peu plus que simplement en donnant une définition générique. La magie noire est souvent sacrificielle, c’est d’ailleurs en cela qu’elle est dangereuse, on devrait peut-être y consacrer toute une sous-partie, non ? » En élève studieuse, elle exposait ses arguments avec une certaine aisance, se glissant dans le rôle confortable que conférait cette position. Cela lui permettait d’oublier un peu Noé lui-même et la partie qui la gênait dans le sujet… même si Noé semblait vouloir en toucher deux mots dans leur introduction. « Pour ce qui est de la contextualisation, je me demande si parler de MS est vraiment pertinent. Je ne sais pas toi, mais moi je n’ai pas vraiment de recul par rapport à eux… Parler des Mangemorts serait peut-être plus facile en introduction, et on pourrait ouvrir en conclusion sur les problèmes actuels... » Proposa-t-elle, de façon à esquiver son problème sans pour autant les mettre hors sujet.

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Noé était loin de se douter de ce qu’Erin pouvait bien ressentir pour lui. Ne vous détrompez pas, Noé possédait une bonne dose de confiance en lui et ne doutait pas de ses charmes, même s’il n’avait jamais connu d’histoires avec une fille –de sa propre volonté. Mais Erin était son amie, et Noé la voyait comme quelqu’un qui lui ressemblait beaucoup : intelligente, impassible, qui se fichait bien des sentiments. Et s’il lui était venu à l’esprit qu’Erin pourrait avoir un petit coup de cœur pour Joe, il lui paraissait inimaginable qu’elle nourrisse des sentiments envers lui. La question n’était pas, de toutes manières, de parler de sentiment, ce qui était loin d’être l’activité favorite de Noé donc, on l’aura bien compris, mais bel et bien de travailler. Noé n’était cependant pas aussi obsédé par les devoirs pour oublier les politesses et demanda à la jeune fille comment elle allait. Laconique, Erin lui répondit. Noé était cependant heureux de constater que son amie allait mieux, après des années de scolarité où elle avait subi énormément de moqueries. « Eh bien si on oublie que je me suis retrouvé paralysé dans les cachots avec une personne super désagréable qui m’a, en gros, traitée de crétin avant que je la vois morte à cause d’un sortilège d’illusion jetée par une sorcière de Magicis Sacra qui n’était même pas présente en réalité, oui, on peut dire que ça va. » dit-il, volontiers cynique. Passer ce moment avec Joséphine avait été pénible, mais il n’imaginait pas ce qui se serait passé s’il s’était trouvé avec Erin. Le déroulement de cet évènement aurait été certainement très différent. Et en soit, Noé était bien content de s’être retrouvé dans une telle situation avec une personne qu’il connaissait à peine plutôt qu’avec une de ses amis, voire encore pire, avec sa sœur jumelle.

Après ce début de discussion, Noé décida de se concentrer sur un sujet plus sérieux : leur devoir de Défenses Contre les Forces du Mal. Il écouta le point de vue de son amie avant de lui répondre : « Je n’avais pas réfléchi à la naissance de la magie noire, mais je pense que tu tiens un point intéressant. J’aime bien ta problématique, elle offre un angle intéressant pour notre devoir. Le côté sacrificiel pourrait être abordé sous la forme d’une sous-partie, oui, dans notre première grande partie consacrée à la définition. On pourrait peut-être accorder une autre sous-partie à la propension à utiliser des magies peu connues, genre les Horcruxes. » Noé n’était pas sûr d’être bien clair dans son argument mais attendait de voir ce que son amie dirait. « Je trouve pertinent dans le sens où en parler nous distinguera sans doute des autres copies, les autres élèves seront sans doute frileux à l’idée du sujet, mais je comprends que cela te gêne un peu. Je suis d’accord avec l’idée qu’on puisse l’évoquer uniquement en ouverture. En revanche, parler des Mangemorts me parait un peu classique…il aurait été intéressant d’avoir un autre exemple de magie noire car cet exemple sera pris par beaucoup d’élèves à mon avis. » exposa le jeune vert et argent. Pour lui, il était tout à fait logique de réfléchir son travail en adoptant un point de vue différent des autres. Il ne fallait pas oublier que les professeurs corrigeaient une dizaine de copies et que lire dix fois le même exemple pouvait être lassant.

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lumos maxima