Programme chargé [ Julian ]

Programme chargé

Julian & Tempérance

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Au milieu des drames, des amnésies et des prises d'otages, un élément crucial avait presque réussi à passer entre les mailles du filet, et à échapper à l'esprit pourtant aiguisé comme la lame d'un rasoir de Tempérance Biel. Si tenté qu'on les laisse quitter le château un jour, cette année serait la dernière de Julian à Poudlard. Deux longs mois de captivité et les états variés de détresse dans lesquels se trouvaient ses amis avaient eu le don de la détourner de cette sombre perspective, mais malgré tout, un semi (n'exagérons rien, ils vivaient tout de même sous siège) beau matin de juin, Tempérance s'était réveillée en sursaut et n'avait plus réussi à s'ôter de la tête le compte à rebours fictif qui s'y était déclenché. Chaque réveil, chaque repas, chaque cours la rapprochaient un peu plus de la mort séparation à venir, du dernier voyage dans le Poudlard Express à partager avec son petit-ami, du dernier au revoir sur le quai 9 3/4 non ce n'est pas quelqu'un de dramatique.

Elle aurait pu passer le temps restant à broyer du noir. Pas qu'elle n'ait pas de très bonnes raisons pour le faire, outre l'âge canonique le départ prochain de Julian. Sa vie à Poudlard était sans dessus dessous, l'avenir était incertain Victoire menaçait de commettre un homicide à tout instant et Magicis Sacra semblait invincible. Pour couronner le tout Filius leurs professeurs étaient retenus Merlin savait où dans Merlin savait quelles conditions c'est qu'il en sait des choses ce Merlin et l'incertitude concernant leurs sorts rendaient toute action radicale absolument proscrite merci Susan hein. Mais Tempérance refusait obstinément de sombrer dans la détresse émotionnelle qui menaçait pourtant de suinter par tous ses pores et bon appétit bien sûr. Julian était toujours là, aux dernières nouvelles tout le monde se portait relativement bien et elle n'était plus la gamine pleurnicheuse qu'elle avait été jusqu'à hier. Elle faisait partie de la Brigade Anti Menace, bon sang ! Elle avait même tenu tête à Rusard, récemment (comprendre qu'elle n'avait pas fondu en larmes en le voyant apparaître en traître à l'angle de la serre 3 de botanique et l'avait presque salué d'un hochement de tête imperceptible il ne faut pas trop bouger ça pourrait le rendre agressif).

Forte de ces révélations concernant sa propre petite personne, l'Irlandaise était bien décidée à mettre les bouchées doubles pour profiter du temps qu'il lui restait avec Julian à Poudlard - et qui pourrait s'avérer infini si 1) le Ministère ne se décidait pas à entreprendre une petite offensive envers MS 2) Blomberg décrétait que les vacances, c'était surfait, et leur infligeait des cours d'été. Levée aux aurores, on peut le dire: 15h45 et même pas un bâillement plus tôt qu'à son accoutumée en cette matinée de samedi, la blonde s'était installée à la table des Serdaigles en compagnie de camarades qui ne l'apercevaient généralement pas avant le déjeuner. L'avenir appartenait à ceux qui se levaient tôt ! Dicton qu'elle se garda bien d'annoncer à la préfète de Serdaigle assise malencontreusement à côté d'elle, et qui l'observait déjà d'un air suffisamment suspicieux comme ça. Elle se doutait que Julian ne tarderait pas - il pouvait difficilement être moins matinal qu'elle -, et c'est après s'être servi une deuxième et généreuse tasse de thé qu'elle vit apparaître son petit-ami à l'entrée de la Grande Salle. Elle lui fit aussitôt des grands gestes de la main tu peux encore fuir Julian, sauve ta peau !, un sourire lumineux aux lèvres et les yeux à peine ensommeillés : « Julian ! Et oui, c'est bien moi, Tempérance Biel, ta petite-amie ! Tes yeux ne te trompent pas : j'ai finalement découvert l'usage merveilleux du réveil matin ! » Elle laissa le Serdaigle la rejoindre à sa propre table oui je fais comme chez moi et déposa un baiser rapide sur ses lèvres - elle n'avait jamais été une fan des grandes effusions en public.

« Je me réveille rarement aussi tôt le week-end. Il y a toujours autant de monde ? » interrogea-t-elle avec innocence pendant que Dahlia roulait des yeux si forts qu'ils firent le tour de leur orbite. Mais cette vie de paresse était finie : il n'y avait plus une minute à perdre après tout ! Elle avait suffisamment gaspillé ses journées à dormir comme un ours et à se laisser obnubiler par ses tracas. « En tout cas je ne regrette rien, il y a bien plus de trucs à manger à cette heure-ci on dirait ! D'habitude il ne reste plus que des miettes de bagels à notre table ! » continua-t-elle avec l'enthousiasme et l'énergie d'une personne qui n'en était pas à sa première tasse de thé. Que Julian ne s'affole pas : elle était toujours (presque) saine d'esprit.

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Quand Julian ne s'angoissait pas de la présence de Magicis Sacra dans l'école, il révisait ses ASPICS. Quand il ne mangeait pas, il révisait, et quand il ne dormait pas, il révisait aussi. En gros, les seuls moments de sa vie où la routine ne laissait pas place aux révisions, était quand il voyait ce parasite de Tempérance.
Toutes les matières n'étaient pas pour lui un sujet d'inquiétude : il excellait en sorts, en méta', en défenses contre les forces du mal et en Arithmancie, ces matières là étaient ses favorites. Julian aimait bien aussi les potions, la botanique et l'étude des moldus, où il s'en sortait toujours avec un Effort Exceptionnel. Pour ce qui était de l'Histoire de la magie et le Soin aux créatures magiques, par contre, le pauvre Serdaigle s'arrachait les cheveux pour arriver à un pénible 'Acceptable' durant l'année.
Les deux matières étaient radicalement opposées certes, mais Julian n'était à l'aise ni dans l'une, ni dans l'autre : l'histoire était une histoire jeu de mots de 'par-coeur', ce qu'il exécrait, quant aux soins des bestioles créatures magiques, il fallait que l'animal ne ressente aucune peur venant du sorcier. Et bizarrement quand il était face à une créature qui pouvait le décapiter d'un coup d'aile, Julian n'était pas à l'aise et ça se dit Thunderbird.

Julian se réveilla de bonne humeur, prêt à passer sa matinée à la bibliothèque pour réviser sa méta', à embrasser Tempérance quand elle se serait enfin levée au repas du soir midi et à trouver une salle de classe vide pour s'entraîner à toute sorte de sorts compliqués toute l'après-midi. Non, ce n'était pas glamour, mais la 7ème année d'étude à Poudlard n'était pas glamour, renseignez-vous. Quelle ne fut pas sa surprise de voir sa petite-amie plantée à la table des Serdaigle complètement nue, de bon matin.

Il adressa un bref signe de la tête à Dahlia, sa préfète et un petit sourire qu'il garda jusqu'à approcher Tempérance.

- Qu'est-ce que tu fais là ?

Il embrassa tendrement sa petite amie et vint s'asseoir à côté d'elle. Le sorcier ne la quittait pas des yeux et son sourire ravi ne quittait pas ses lèvres : pour sûr, il n'avait jamais vu Tempérance aussi matinale un week-end, sa bonne humeur lui aurait donné de la force pour la journée entière et ça, il s'en serait rappelé.

- Et oui ! Tu sais ce qu'on dit, l'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ! Quelle mouche t'a piquée ?

Si Julian était en plein ASPICs, Tempérance était dans les BUSEs, un examen non moins important, puisqu'il allait décider des matières qu'elle pourrait étudier les années suivantes. Mais il mettait son arrivée matinale dans la grande salle plus sur le compte de la nourriture que sur une soudaine envie de réviser plus : il la connaissait, ces Poufsouffle étaient insatiables.

- Il ne reste que des miettes de bagels à votre table peut être parce que vous êtes la maison des plus gros gloutons, non ?

Julian éclata de rire, convaincu que sa plaisanterie amuserait Tempérance parce que ce n'est pas une plaisanterie, au fond, ou au pire des cas la titillerait. Dans tous les cas, il était ravi qu'elle soit là.

Tempérance n'avait jamais été une cancre. Elle était parfaitement capable d'étudier, et brillait même dans certains de ses cours en particulier la sieste du midi. En revanche, il lui arrivait de faire des blocages, qui n'étaient pas loin d'être irrémédiables. Grâce aux efforts - quasi dignes d'un saint - de Cole, elle avait pourtant su s'en tirer jusqu'à sa cinquième année avec des résultats d'Histoire de la Magie plutôt médiocres, mais pas si honteux par rapport à un Troll des Montagnes. Cette année cependant, il aurait fallu que Cole soit un dieu pour la sauver de ses propres mauvaises tendances : si la perspective des BUSEs activait déjà en elle tous les voyants de blocage immédiat et sans retour "de toute façon ça ne sert à rien : je suis nulle et j'aurai un 'T', alors je ne vais pas en plus étudier !", l'invasion de l'école par Magicis Sacra avait fini de la dégoûter de ses études comment ça l'invasion ne date que d'il y a deux mois ? Elle était tout bonnement incapable de se motiver, puisque les personnes en charge de leurs cours étaient des pantins de MS, et qu'elle ne pouvait décemment pas accepter que ce serait ces affreux bonhommes-là qui leur feraient passer leurs examens.

Pendant ce temps, Julian ce traître s'évertuait à étudier comme un Serdaigle si son existence en dépendait. Si leurs vies n'étaient pas devenues une énorme blague c'est le Truman Show, oui madame, non elle ne devient pas parano, sans doute aurait-il - au moins partiellement - raison. Les ASPICs étaient très importants. Pour sa part, la blonde avait du mal à imaginer que des examens prendraient réellement place à la fin de l'année c'est une illusion, pouf ! Mais elle n'avait pas pour autant le cœur à cracher dans sa soupe la renverser violemment par terre suffit. Si le Serdaigle préférait étudier plutôt que de broyer du noir, alors c'était tout à fait son droit. De son côté, Tempérance avait d'autres priorités en tête. Lui, par exemple quel égoïste ce Julian.

La réaction de son petit-ami eut pourtant de quoi décevoir une personne plus facile à abattre que la jeune Irlandaise. Consciente que sa présence était surprenante, elle adressa un sourire resplendissant au brun : « Dis tout de suite que je pue, Julian ! » Ce n'était apparemment pas le cas, puisque l'américain prit naturellement une place à côté d'elle fais comme chez toi, lui adressant un sourire qui la ravit. « Tu n'es pas content de me voir ? » le taquina-t-elle tout de même encore, histoire de faire bonne mesure.

« Vraiment ? Intéressant. Je ne savais pas qu'autant de gens étaient du matin. Cela dit, tu ne penses pas plutôt qu'ils viennent là pour choper les meilleurs encas avant de filer se recoucher ? » interrogea-t-elle d'un air conspirateur. On t'a vu mettre tous les muffins dans ton baluchon, Alan ! « Moi ? Pas de mouche à signaler ! Je voulais juste qu'on puisse passer plus de temps ensemble, plutôt que d'hiberner sans raison pendant toute la matinée. C'est du gâchis, tu ne penses pas ? » Ce disant, elle fit un mouvement un peu brusque du coude, manquant de renverser sa tasse de thé. En deux temps trois mouvements, la préfète de Serdaigle assise un peu plus loin avait levé sa baguette, sauvé la tasse, et rangé ses affaires pour quitter la table. Une affaire rondement menée.

Les joues légèrement rougies - cette personne semblait nettement la détester désormais mais non, c'est juste son naturel agréable qui revient au galop, Tempérance croisa les doigts pour que Julian n'ait rien vu, et porta sa tasse à ses lèvres, histoire de reprendre contenance. Le Serdaigle profita de cet instant de silence pour se moquer - gentiment - de la maison de Tempérance, ce qui lui fit hausser les sourcils avec amusement.  « Des accusations tout à fait fallacieuses Monsieur Farrow. Vous n'avez pas la présomption d'innocence aux Etats-Unis ? » répliqua-t-elle très sereinement, habituée à taquiner le brun désormais. Après tout, c'était bien Derek qui vantait toujours tous les mérites de leur pays natal. Qui disait que Tempérance n'avait pas le droit d'être piquante elle aussi de temps en temps ?

Quand Julian avait vu Tempérance dans la Grande Salle un samedi matin, il avait d'abord été surpris. L'étonnement avait en suite fait place à un sentiment de culpabilité, très justifié à vrai dire. Si le Serdaigle passait aussi peu de temps – malgré ses efforts pour la voir un maximum, sans toutefois négliger ses révisions – avec sa fantastique petite amie (qui reste malgré la distance la plus parfaite des sorcières), c'était pour se consacrer entièrement et pleinement, comme il le faisait toujours, dans ses devoirs. Et si Tempérance était là, c'était qu'elle ressentait un manque indéniable temps qu'elle aurait pu mettre à profit pour réviser ses BUSEs, par exemple.

Les études avaient toujours beaucoup compté pour le Serdaigle : très jeune, ses parents lui avaient expliqué que la réussite scolaire permettait une plus grande facilité à trouver sa voie, et à surtout pouvoir y accéder. Ne sachant toujours pas ce qu'il allait faire l'an prochain, réussir toutes ses ASPICs lui paraissait primordial. Conscient que la fin de l'année était pour bientôt, Julian se mettait beaucoup de pression pour choisir qu'elle voie professionnelle il allait emprunter. Toujours solidement attaché au schéma familial 'un travail – une vie' que ses parents lui offraient en exemple depuis toujours, le Serdaigle voulait mettre toute ses chances de son côté. Et ce malgré le fait qu'il ne savait toujours pas ce qu'il allait faire l'an prochain.

– Si, je suis très content de te voir.

Julian savait ce qu'il voulait faire l'an prochain. Le sorcier attrapa la main de sa petite amie pour lui signifier qu'il était sincère. C'était elle qu'il voulait. Il voulait trouver un travail, un travail où il pourrait gagner correctement sa vie, qui lui permettrait de se loger et d'attendre patiemment que Tempérance finisse ses études pour le rejoindre. Ils n'en avaient encore jamais parlé mais Julian voyait les choses très nettement. Sa priorité, en plus de trouver quelque chose qui lui plaisait comme job, était de pouvoir subvenir aux besoins de sa douce quand elle aurait quitté l'école non Derek, pas toi.

– C'est une excellente idée, tu as raison.

Lui lança t-il, ses yeux bleus plantés dans les siens, pendant qu'elle dégageait une main de la sienne, manquant au passage de renverser une tasse. Dahlia, sa préfète, rattrapa le coup avec sa baguette. Julian la regarda à peine et replanta ses yeux dans ceux de Tempérance : il ne faisait plus attention aux maladresses de la Poufsouffle. Si sa petite amie jugeait qu'il ne passerait pas assez de temps avec elle, il en passerait plus. S'il fallait réviser toute la nuit à la place, ce n'était pas un problème. Il se reposerait cet été si été il y avait.

Le sorcier sourit à la remarque de sa petite amie sur la présomption d'innocence aux Etats-unis, ses fossettes trahissant son plaisir elle était si drôle !. Tempérance était à la fois une catastrophe ambulante et la plus parfaite des petite-amies : elle pouvait renverser une tasse sans s'en rendre compte et en même temps faire un trait d'humour aussi nonchalamment qu'un humoriste. La classe, un peu.