Victoire partielle [PV]

- Mais ça s'arrête pas là du tout ! Lança Joséphine, la voix grave et les bras se relevant pour s'écraser lourdement sur la table. Franchement, un déni pareil ça n'était pas donné à voir tous les jours : Joséphine devait développer des trésors de patience pour ne pas planter Victoire là et la laisser se débrouiller avec sa rage.
Mais soyons clairs : Victoire mentait, ou Victoire avait vraiment de la bouse dans les yeux ?
Joséphine se rapprocha de la Gryffondor, histoire qu'elle seule puisse l'entendre parce qu'à présent tous les Trois Balais les regardait et lui murmura :
- Pas à moi, s'il te plait ! Si tu n'es pas en train de me mentir, ouvre-les yeux, par pitié !
Parce que si Victoire n'avait pas encore conscience des sentiments amoureux qui l'unissait à Ted, il allait falloir s'activer autrement plus rapidement. Et Jo – fervente défenseure du couple même si on l'empêche de les soutenir – allait tout faire pour.

Victoire lui confia ensuite qu'elle savait que maintenant Jo n'était pas amoureuse de Ted Alléluia ! mais qu'elle savait cependant qu'à la rentrée, ce n'était pas le cas.
Jo releva les yeux au ciel again and again : Victoire était si jalouse qu'elle s'imaginait toujours le pire dans chaque situation : c'était lassant de discuter avec elle. Bientôt, en cours particulier de potions, le professeur Gibson allait prendre feu pour avoir d'un peu trop près approché Teddy Et là, plus de cours de potions pour tout Poudlard ! Ah, mais c'est à creuser, ça.... Toutes les amies de Teddy n'étaient pas amoureuse de lui, bien au contraire ! Et c'était quoi le programme maintenant ? Tempérance allait se prendre un platane dans la tronche par accident ?

- Si tu es une amie si balaise, tu dois savoir qu'on peut être ami avec quelqu'un sans en tomber amoureux, non sinon Poudlard serait une vraie orgie ? Alors, trouves-tu si surprenant qu'un garçon comme Teddy se fasse des amis ? De simples amis ?

A l'évidence, Victoire était de si mauvaise foi qu'elle allait surenchérir en disant qu'elle voyait bien que ses vraies amies attendaient autre chose, que ça crevait les yeux, que c'était comme le nez au milieu de la figure et repartir dans ses délires de blonde peroxydée à la mords-moi-le-nœud. AH ! Comme elle était agaçante !

- Ben clairement non, y'a plus de côté à choisir.... T'as pas été assez rapide ma cocote, une Serpentard lui a déjà mis le gratppin dessus...

Lança Jo en se radossant à son siège, l'air déçue et résignée. Et oui, Erin Hazzard sous ses airs bonhommes sortait avec Teddy Lupin. Ce qui, à la réflexion, pouvait expliquer pourquoi Victoire était plus folasse que jamais.
Alors non, Jo n'avait rien contre Erin, contrairement à ce que Ted et Temp semblait ressentir les petits malins... Oui, certes, elle avait du mal avec elle, mais ça elle n'y pouvait rien Noé l'avait tellement vaccinée des Serpentard qu'elle ne pouvait plus en voir aucun. A part Viska, elle ne la sentait pas. Depuis le début, Jo sentait que cette fille n'était pas nette, bien avant que Ted ne sorte avec. Pas nette parce qu'il se passait nécessairement quelque chose avec Noé Montgomery – Jo l'avait réalisé avec l'histoire avec Tempérance -  et ça Jo le voyait bien, quoiqu'en disent les gens. Et par la force des choses pas nette avec Teddy, parce que si elle ressentait des choses pour Noé, elle n'avait pas le droit de prendre le risque de faire souffrir Ted en sortant avec. Donc non, Jo n'était pas totalement fanatique de la relation Ted-Erin à laquelle elle ne s'abaissera pas à donner un nom de ship. Elle l'avait fait subtilement comprendre à Ted, histoire qu'il ne monte pas sur un nuage cotonneux rose bonbon avec elle, mais elle n'avait par contre pour l'instant rien fait qui allait à l'encontre de leur relation.

- Non mais c'est agaçant hein, je te l'accorde... De le voir sortir avec Erin alors que je sais que vous êtes faits pour être ensemble...

Jo avait posé ces mots là soigneusement dans un but précis : bien qu'elle pensait ce qu'elle disait, elle avait voulu faire réagir Victoire.
Mais en tout cas, sur le fond, Joséphine ne pouvait qu'approuver ses dires j'approuve mes dires, je me donne raison, je m'aime : elle avait raison, elle trouvait cette situation tout à fait agaçante. Alors, entendons-nous bien, elle sortait avec Cole et la relation Teddoire passait bien après la sienne, mais quand même ! C'était agaçant de voir Victoire développer des trésors d'inventivité pour attirer l'attention de Teddy, en gesticulant comme une dégénérée dans tout Poudlard, pendant que le jeune homme – flegmatique à souhait – lui faisait coucou de la main sans en avoir quelque chose à carrer. Très agaçant.

Jo ? Jo ? Mais Victoire avait fumé de l'herbe ou quoi tu crois qu'on a gardé les cochons ensemble ma chérie ? : qu'est-ce qui lui prenait de l'appeler comme ça ? De mémoire de sorcière, c'était la première fois qu'elle lui donnait le surnom de garce, pétasse, allumeuse, traînée, raclure de bidet, ah non, ça c'est fait Jo. La Française s'en retrouva un peu choquée et se surprit cependant à apprécier cette soudaine proximité. Parfait, à la fin de la discussion, ou elles devenaient meilleures amies, ou on retrouverait le cadavre de Jo enfoui sous la Cabane Hurlante.

- Oh ! Pardon ! Ça t'agaces que je te prête des intentions qui ne sont pas les tiennes ? Jo planta un regard pénétrant sur la jeune fille. Tu vois ce que ça fait, alors !

Et bam, dans tes dents Weasley. Un prêté pour un rendu !

Puis, voyant que la jeune fille ne rendrait pas les armes si facilement, Jo décida de jouer la maturité tempérance. Pas de soucis, Victoire voulait à ce point être plus fort que le roquefort fromage qu'elle semblait apprécier vu son haleine ; attaque gratuite, qu'elle ne vienne donc pas pleurer quand elle se rendrait compte que Jo avait raison. Car Jo avait raison. Pas toujours, certes, rarement quand ses propres sentiments entraient en ligne de compte coucou Noé, mais là, elle le savait. Personne n'était dupe, pas même cette crêpe de Teddy qui croyait noyer le poisson en sortant avec quelqu'un d'autre. Et s'il ne s'agissait que d'une histoire d'amitié entre eux, c'était carrément malsain. Et glauque. Et Jo s'y connaissait en malsain et en glauque.

Résignée – du moins en apparence – Jo se radossa à son siège et leva les bras en l'air en signe de reddition. Rien ne servait d'insister, Victoire était plus têtue qu'un troupeau de mules.

- Soit ! Lança t-elle, les sourcils arqués. De toute façon le discours de Victoire commençait à être de plus en plus décousu et quand elle allait s'en rendre compte, elle allait être plus agressive que d'habitude et se mettre à cracher des flammes tout casser. Soit. Je raconte n'importe quoi.

Lui asséna t-elle en acquiesçant du regard, pour confirmer les dires de la lionne.

- Je dis n'importe quoi, mais en tout cas – que vous soyez amoureux ou de simples amis – tu ne peux pas nier que je suis de votre côté. Teddy et moi vous formez un duo unique, et personne ne te remplacera.

Jo disait ce que Victoire voulait entendre, mais surtout, elle disait ce qui était vrai. La Poufsouffle avait besoin de clairement dire ça à la jeune fille pour qu'elle comprenne, qu'elle comprenne enfin qu'elle était de son côté. Si Victoire avait l'imagination (très) fertile, Jo se disait que de l'entendre de sa bouche lui prouverait peut être plus que ce qu'elle disait était sincère. Ce n'était pas gagné, mais c'était toujours plus parlant que des supputations et des hypothèses. Même si par fierté la lionne préférait ne pas tenir compte de ses aveux, au fond d'elle, les mots de la jaune et noire résonneraient en elle tu parles, dans trois secondes elle t'a zappée. Et Jo était d'une telle sincérité qu'on ne pouvait PAS ne pas la croire : elle était trop franche pour ça. Pour preuve, avec Vic ni avec qui que ce soit, Joséphine n'avait jamais mâché ses mots.

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Quand Victoire concéda à Joséphine qu'il était 'bien qu'elle reconnaisse' qu'elle avait tort, toute personne en tant soit peu sensé aurait fuit devant le regard de la Poufsouffle : un regard froid, mi « t'es sérieuse ? », mi « cours vite parce que dans 4 secondes je t'encastre ». Joséphine n'était pas une fille violente, elle n'était plus une fille violente, du moins, son incident à Beauxbâtons et le fait que Gaspard ait été défiguré à cause d'elle lui avait fait comprendre que les réactions primitives et impulsives – 99% de celles de Victoire en fait – devaient être proscrites. Et définitivement rayées de sa vie. Il était hors de question qu'elle s'emporte à nouveau. Le sort qui pouvait à présent fuser d'elle à la vitesse de la foudre était le sortilège du Bouclier, et aucun autre. Maintenant elle se défendrait avant d'attaquer franchement.

Dans un dernier élan de patience, le dernier dont elle pouvait faire preuve devant une Victoire qui avait visiblement pris des cours pour la pousser franchement à bout, Jo articula, tendue, mais déterminée à en découdre.

- Écoute gamine, vu que t'as l'air de découvrir ce qui s'est vraiment passé à la rentrée...  Après tout, aujourd'hui, elle n'avait plus aucune raison de la ménager, au contraire. Juste avant de parler à Teddy, j'étais en train de défendre ton honneur devant un groupe de néandertaliens dégueulasses, qui manifestement trouvaient tes petites fesses blanches tout à fait à leur goût. Elle se passerait bien des détails, parce qu'avant que Jo ne les surprenne ces élèves plus vieux et vicieux qu'elle étaient prêt à entrer plus dans les détails, et Jo n'avait aucune envie de tout retranscrire à la blonde.

Tout s’enchaîna ensuite avec fluidité et Jo comprit à ce moment là que Victoire ne faisait pas partie de ces filles intelligentes qui pesaient leur mot comme Dahlia par exemple avant de parler. La blonde lui proposa une trêve, afin de mieux vivre ensemble, puis dans la foulée lui claqua au visage qu'elle ne l'aimait pas et ne l'aimerait jamais. Elle conclut enfin, impériale, qu'elle consentait bien à se montrer plus sympa si Joséphine y mettait du sien.

Le rouge monta aux joues de la Poufsouffle qui pinça ses lèvres machinalement, preuve qu'elle se fermait totalement. Son regard se fit froid et sans attendre une seule seconde, la belle s'empara de son sac à main avant de se lever brusquement. A cet instant là, Victoire était à deux doigts de prendre une gifle, mais la peine que ressentait la jaune et noire l'empêcha de faire quoique ce soit. Elle était touchée au cœur, et rien d'autre ne pouvait d'avantage la figer : à cet instant là Victoire venait de perdre toute occasion de le revoir faire d'avantage d'efforts. Elle était à bout.

- Toi tu rejoins ta mère et moi je m'en vais. Elle planta ses yeux dans les siens et la rage s'empara d'elle, brusquement, les mots tournoyaient dans sa tête à une vitesse folle et elle se faisait violence pour ne pas exploser. Si tu y mets du tien !. Tu sais quoi ? Tu ne m'aimes pas, pas de soucis. On va faire un truc : tu oublies ma présence, et j'oublie la tienne. Les causes désespérées j'ai arrêté y'a longtemps. Elle s'arrêta, puis se ravisa. Avise toi une seule fois de me regarder, de prononcer mon nom, de me menacer ou de parler de moi à quelqu'un et je file voir McGonagall pour lui dire ce que tu m'as fait et ce pourquoi tu aurais du être sanctionnée. Oublie-moi Jamais, jamais ô grand jamais Victoire ne s'était excusée pour ce qu'elle avait fait. En plus de TOUT le reste, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase, l'affront ultime, ce qui était à la base de tout et qui avait engendré tout le reste. Et l'enfant immature et fière qu'elle était ne l'avait toujours réalisé. Elle devait comprendre, mais Jo n'avait plus la force et le temps nécessaire pour elle.

Elle ne t'aime pas et ne t'aimera jamais. Jo planta ensuite Victoire là et se retrouva en une fraction de seconde, féline, à la table de leurs mères. Jo était à deux doigts d'exploser, de mettre le feu à une poubelle, d'hurler, et d'éclater en sanglots. Elle ne voulait pas faire ce plaisir à Victoire en craquant dans le bar, la lionne l'avait assez atteinte pour la journée.

- J'étais ravie de faire votre connaissance, Mrs Weasley. J'espère à bientôt. Elle lui adressa un sourire radieux qu'un inconnu ne pouvait pas décrypter en l'état On se retrouve plus tard maman, j'ai des choses à faire. Pour le coup son regard changea et sa mère comprit : elle comprit qu'il ne servait à rien de l'interroger, de creuser et que la laisser partir était la seule solution. Joséphine sourit une dernière fois aux deux femmes, les salua de la main et à la seconde où elle se retourna ses yeux s'embuèrent de larmes. Le temps passa vite et en quelques secondes elle sortit des Trois Balais. Après quelques pas, voyant la rue déserte, la jeune fille le cœur tambourinant et les nerfs à vif, s'égosilla presque en criant Avis ! avec tant de puissance que jamais autant d'oiseaux  ne sortirent en même temps de sa baguette.


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