EVENT - Partir à la reconquête d'Ilvermorny !

Roy faisait partie de l'expédition destinée à libérer (enfin) Ilvermorny de l'emprise de Magicis Sacra. Posté aux côtés des autres Aurors menés par Harry Potter, il tâchait de faire taire ce mélange d'appréhension et d'impatience gonflant pourtant en lui. La dernière fois qu'il s'était vraiment battu - en dehors des entraînements intensifs imposés par le département -, c'était dans le parc de Poudlard, pour chasser Blomberg et sa bande du château où il avait grandi. S'il avait un peu plus de bouteille aujourd'hui, il restait pourtant un Apprenti Auror avec peu d'expérience, comparée à celle de ses collègues. Il n'était pas intrépide au point d'être serein.

Il tourna la tête, cherchant Joy des yeux, car sa fiancée, pourtant si craintive, lui avait fait comprendre qu'elle voudrait être là. L'idée n'était pas rassurante - il était prêt à se mettre en danger, ça faisait partie du métier pour ainsi dire, mais ça n'était pas le cas de Joy -, mais au moins seraient-ils ensemble, supposait-il. Et ce n'était pas comme si l'ancienne Gryffondor n'était pas parfaitement capable de se défendre. Il aurait juste préféré qu'elle n'ait pas à le faire. Il aperçut Linwood des yeux, mais elle semblait occupée avec son petit-ami, que Roy identifiait toujours comme 'le-petit-frère-de-Rudy'. De Joy en revanche pour l'instant pas de trace. Peut-être avait-elle changé d'avis ?

Il ramena les yeux vers l'avant. Il savait que ce n'était pas le moment - ils étaient en guerre par Merlin -, mais c'était la première fois de sa vie qu'il se rendait aux Etats-Unis, et la part enfantine de sa personnalité, grondant toujours sous la surface, se retenait tant bien que mal de ne pas observer tous les alentours avec de grands yeux émerveillés : "et là c'est quoi M'sieur Potter ? Un buisson ? Vraiment ?" Il mettait les pieds à Ilvermorny pour la première fois de son existence, et ça n'aurait pas pu être dans de pires conditions.

On ne pouvait pas vraiment dire que l'élégante Romilly était parfaitement à sa place. Son tempérament n'était pas particulièrement belliqueux et elle détestait se salir pour d'autres raisons que Wood cela dit. D'ailleurs, sa tenue était parmi les moins adaptée des gens présents. Si elle avait renoncé aux talons aiguilles, elle portait quand même des bottines à petits talons avec un contour en fourrure qui habillait son jean ajusté. En haut, elle avait un chemisier d'un blanc éclatant et une veste en faux cuir bordeaux. Ses longs cheveux bruns étaient détachés et tombaient sur ses épaules librement. Elle n'avait pas encore sorti sa baguette - contrairement à d'autres coucou Myrielle, coucou Opaline, Romy n'était pas particulièrement pressée que ça commence -, elle attendait, tout simplement. Stoïque comme toujours depuis qu'elle avait ouvert les yeux sur le monde.

Elle aperçut d'ailleurs le visage de celui qu'elle avait vu en premier dans sa vie : Roy, son frère jumeau, et la raison pour laquelle elle était là. Depuis que Romilly avait rompu avec Alek - ça n'allait plus entre eux depuis un moment à cause de leur travail respectif -, elle avait beaucoup réinvesti dans sa famille. Elle ne les avait jamais vraiment abandonné, Romy était le genre de fille à tout lâcher dans la minute pour son frère, sa cousine ou ses parents, mais comme elle avait déménagé chez ses parents en attendant de savoir où elle allait vivre, elle repassait pas mal de temps en compagnie des Bradley.

Ce qui expliquait ce qu'elle faisait là. Sa solitude quotidienne était déjà très importante, elle n'avait aucune envie de laisser son jumeau prendre seul des risques. Tous les deux, ensemble, ils étaient plus forts. "Romy ! Salut, je ne savais pas que tu venais !" Celle qui lui parlait ainsi était Alice Orwell, une ancienne de Sterne à qui Romy donnait ses anciens vêtements car elle était plus jeune de quelques années par rapport à Romilly. "Ah, tiens, salut Alice ! Je n'avais pas envie de laisser mon frère tout seul dans cette bataille. Et toi ? Tu es avec le ministère, c'est ça ?" Alice répondit par l'affirmative d'un hochement de tête. "Oui, je vais aller rejoindre les autres d'ailleurs, mais si on s'en sort sans mal aujourd'hui, faudra qu'on aille prendre un verre un de ces quatre, ok ?" Romilly approuva et alla tapoter l'épaule de son frère. "Coucou p'tit frère, ta jumelle adorée est venue t'aider à reconquérir une école." Joy et Alek n'étaient pas là. Comme l'une allait rarement sans l'autre en cas de danger, Romy en était plutôt soulagée. C'était toujours dur d'être en présence de son ex, même si Roy était son roc et il lui permettait toujours de tenir moralement.

De toute façon, ils étaient là pour une cause plus importante qu'eux. Ou du moins Roy était là pour elle, tandis que Romy n'était là que pour l'aider lui. Au passage ça lui permettait de revoir des tas de visages familiers et elle se rendait compte que ça lui avait manqué… Il faudrait qu'elle voit plus de monde après cette bataille.

Lucy avait assommé son frère (drogué, en fait) pour qu'il ne puisse pas venir à cette bataille. Quant à elle, elle s'était inscrite au cas où son plan pour empêcher Bash de venir ne fonctionnerait pas. Après, elle n'avait pas voulu se défiler : MS l'avait complètement traumatisé mais c'était justement l'occasion parfaite de surmonter sa peur.

Abandonnant ses robes longues habituelles, elle portait un pantalon en tissu souple et un petit pull en dessous d'une cape courte. Elle n'avait pas voulu entraver ses mouvements. Elle était venue avec son fiancé mais il était occupé à gérer ses propres troupes donc elle avait rejoint ses différentes connaissances du Royaume-Uni. Réservée plus que timide, elle n'osa pas se diriger vers eux.

En venant ici, Lucy avait pris la décision d'être courageuse et utile. Elle s'était entraînée au duel avec des professionnels en prévision de la bataille : elle n'aimait pas ça, mais elle n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds et le souvenir que MS lui avait laissé était encore cuisant. Et désagréable. Elle avait tellement honte d'elle, de ce jour-là… l'explosion sur le Chemin de Traverse, les membres masqués de l'organisation qui lui barraient la route, M. Montgomery-Bones blessé… Tout ça était encore très présent pour Lucy.

Les premiers temps après cette attaque, elle avait été prostrée. Elle n'avait même pas repris les cours en septembre car elle avait eu besoin de beaucoup de repos. Elle avait un syndrome post-traumatique que plusieurs mois chez Nicolas, avec un personnel aux petits soins - ça n'avait pas que du mauvais d'être la fiancée d'un roi - l'avait remise sur pied.

Ses parents, mais aussi Jade et Nicolas, son frère, tous n'avaient pas été réjouis par sa décision d'aller se battre. Aux yeux de la brunette, c'était très différent pourtant car elle ne venait pas en position de victime qui subissait, c'était eux qui attaquaient, qui prenaient les devants. Elle ne disait pas que ce serait facile… juste qu'elle ne reculerait pas. Pas cette fois.

Roze était là. Pour elle, ça coulait de source. Si l'enfermement des élèves de Poudlard l'année précédente l'avait rendu malade (au sens propre), cette fois, elle était prête à en découdre. C'était bien plus facile quand ses enfants n'étaient pas présents. Savoir qu'ils avaient été dans ce repaire de truands rien que ça avec leurs amis l'avait rendu furieuse ! Psychée et Lucas n'avaient pas l'habitude de voir leur mère faire de l'autorité car elle était plutôt douce de caractère, et là, elle leur avait crié dessus tout ce qu'elle pouvait. Elle doutait qu'ils aient compris la leçon, elle se souvenait comment étaient Hermione, Harry, Ron et tous les autres à l'époque où ils étaient tous élèves. Les avertissements des adultes ne leur avaient jamais fait rentrer le moindre gramme de prudence dans le crâne.

Rien qu'y repenser filait à la jolie chanteuse une sacrée migraine. Elle se pinça l'arrête du nez en expirant profondément. Elle chassa toute cette négativité et émis quelques notes de sa voix chaleureuse. Aussitôt des oiseaux arrivèrent, volant à tire-d'aile vers celle qui les avait appelé. *Parfait, ils répondent.* Le don de Roze lui permettait d'utiliser sa voix pour attirer les animaux et les charmer. ça ne fonctionnait pas sur les animaux magiques - leur propre "pouvoir" entrant sûrement en conflit avec le sien -. Si ce pouvoir était compliqué à gérer dans des concerts (car elle ne pouvait pas l'utiliser à sa guise, il se déclenchait dès qu'elle chantait et parfois même quand elle parlait), il pouvait lui permettre de faire appel à ses amis les animaux pour distraire ses adversaires en combat. Elle n'aimait pas trop ça car elle craignait qu'ils se blessent… mais en même temps, elle faisait confiance à l'instinct très sûr des oiseaux pour éviter les problèmes. Elle les charmait, elle ne les manipulait pas, donc ils savaient quand s'en aller.

Cette vérification effectuée, elle n'avait plus qu'à attendre au milieu des autres que le véritable combat commence.

Maximilien Bowman était apparu devant Ilvermorny, l'air un peu hagard, Portoloin encore en main et les yeux cherchant déjà parmi les sorciers présents une tête rousse devenue si familière avec les années.
En entraînement intensif dans le Dorset depuis le début du mois, son sang n'avait fait qu'un tour lorsque les nouvelles du discours de la Ministre de la Magie étaient arrivées jusqu'à lui, et surtout, surtout, la mobilisation des membres du Ministère pour essayer de reprendre Ilvermorny. Il n'avait pas réfléchi. Il s'était à peine changé - la tenue de Quidditch n'était pas tout à fait adaptée au combat paraît-il -, avait saisi sa baguette magique et avait transplané à proximité du Ministère à Londres, pour obtenir les informations dont il avait besoin.

Et maintenant il était là. Debout les bras ballants, cherchant des yeux sa petite-amie - ou plutôt ex petite-amie ? Il ne savait plus. Les choses s'étaient nettement dégradées entre Ava et lui, semblait-il depuis qu'il avait plaqué son boulot au Ministère et rejoint le club de Flaquemare en tant que poursuiveur à temps plein. En tout cas, c'était l'argument qu'Ava avait avancé. Argument qu'il n'acceptait pas et qu'il comprenait encore moins. Il faisait un métier qui le passionnait et oui c'était prenant, et non il n'était plus toujours disponible, mais il avait du succès. Il était populaire au sein de son équipe et de ses fans. Il ne reculerait pas devant ça. Il avait dit des choses qu'il avait immédiatement regrettées, et pourtant, plus têtu que jamais, il n'avait su reprendre ses mots. Fatigués, désemparés, ils avaient décidé de faire une pause.

Entre les entraînements et les matchs, il ne passait pas assez de temps à Manchester pour vraiment réaliser à quel point c'était différent. Mais lorsqu'il retournait à son appartement, il ne pouvait que constater qu'il lui semblait bien vide sans toutes les affaires de sa petite-amie elle est bordélique c'est dit pour venir l'égayer. Il vivait dans un entre deux étrange où elle lui manquait terriblement, mais où il ne savait pas non plus quoi faire pour arranger les choses. Leurs avis semblaient irréconciliables. L'idée de vivre en colocation avec Nasira, comme l'avait suggéré Ally lui traversait bien l'esprit, mais ce serait quelque part admettre que c'était effectivement fini, et ça, il ne pouvait s'y résoudre.

Et maintenant il était là. Il ne pouvait pas la laisser risquer sa vie sans être là lui aussi. Mais lorsque son regard scanna la foule, et en particulier les employés du Ministère - dont il reconnut certains -, il ne l'aperçut pas. A la place, il vit Connor Spencer et son amie Linwood et également - non sans un vague sentiment d'effroi si familier - Roy Bradley et sa jumelle, Romilly. Mais d'Ava, pas de trace. Il fit quelques pas hésitants, et s'arrêta non loin de Linwood. Qu'est-ce qu'il faisait là ?

Eustache se trouvait dans les rangs de Magicis Sacra, le visage couvert. Pas question de mettre à mal sa couverture si savamment entretenue à travers le temps. Directeur d'une maison d'édition en apparence, il réalisait toutes sortes de missions pour l'organisation, sous des noms d'emprunt et des déguisements travaillés. Mais aujourd'hui, il était là pour défendre Ilvermorny face à la tentative annoncée du Ministère britannique de reprendre l'école américaine. Visiblement, Granger avait décidé de passer à l'offensive, à force de subir des revers et de laisser des enfants investiguer ce que le Ministère aurait dû gérer. Mais qu'ils ne s'y trompent pas, 'reprendre' Ilvermorny n'aurait rien d'une partie de plaisir pour Granger et ses fidèles troupes.
Faisant tourner sa baguette entre ses doigts, Eustache scrutait l'horizon. S'il faisait tout ça, c'était aussi pour garantir un avenir meilleur à Esther, Erwin et Eurydice. Si seulement sa benjamine pouvait comprendre ça.

La dernière fois qu'Emma était intervenue aux côtés du Ministère, c'était pour secourir Nick - et le reste de Poudlard - retenus par Magicis Sacra au château. Elle avait alors (et contre ses habitudes) peu réfléchi. Avoir Carry à ses côtés avait grandement aidé, ne serait-ce que parce que son amie comprenait, tenait elle aussi au blond et savait comment Emma elle-même fonctionnait.
Aujourd'hui, les circonstances étaient toutes autres.
Si elle était là, c'était essentiellement en sa qualité de Médicomage, car Merlin savait ce qui les attendait à Ilvermorny - dans quel état était le corps professoral ? Les élèves ? - et ce que les membres de MS pourraient infliger à leurs troupes. Mary n'était pas de la partie, ayant quitté Brighton il y a plusieurs semaines de cela pour la Patagonie, loin du monde et coupée de tout. Emma était donc arrivée en compagnie d'autres collègues, et écoutait attentivement le discours de Harry Potter. On n'était pas exactement dans un grand moment de poésie, l’Élu n'était pas connu pour ses envolées lyriques, et effectivement, si on devait résumer ses mots, il s'agissait finalement de foncer dans le tas et espérer s'en sortir. Un plan qui paraissait plutôt basique et vaguement dangereux, dit comme ça. Emma songea qu'il y avait forcément plus derrière ça, que d'envoyer tous les sorciers réunis au casse-pipe.

Elle aperçut Carry parmi les sorciers présents et rejoignit son amie en poussant tout le monde, faites place svp se faufilant. « Hey ! Prête ? » Elle avait la bouche un peu pâteuse, et ne se sentait pas trop capable de se lancer dans une grande tirade en cet instant. L'important était qu'elles soient ensemble. Elle se sentait déjà un peu plus rassurée rien qu'en étant à ses côtés.