The Impossible [PV]

Pour la première fois de sa vie, Alan était sûr de lui et de ce qu'il allait faire. Le sorcier avait même établi un plan d'action qui ne laissait (il l'espérait) que peu de place à l'imprévu. Il le savait, même après avoir imaginé tous les cas de figure d'un plan, il lui arrivait toujours d'être surpris. En mal, bien sûr, sinon c'était pas drôle.
C'était l'histoire de sa vie.
Mais cette fois-ci, Alan avait pensé à tout : il avait même anticipé inattendu. Oui, parfaitement, inattendu. A tout moment Alan était prêt à dégainer sa baguette et à pétrifier tous ceux qui se dresseraient sur son chemin : il avait pour la première fois de sa vie quelque chose de capital à faire, quelque chose qui le paralysait à tous les niveaux, qui le faisait mal dormir la nuit et vomir à l'inter-cours, et il fallait que ça cesse. Ce stress permanent, cette envie de mourir plutôt que de souffrir d'avantage, cette envie de hurler ce qu'il avait à dire, tout ça commençait à le rendre fou. Alan en était venu à une solution : parler. Se libérer de se poids. Être humilié, s'il le fallait, mais au moins avancer et arrêter de souffrir pour rien.

Il n'en pouvait plus : ses pensées étaient sans arrêt tournées vers Graham Bishop. En classe, Alan n'arrivait plus à avoir d'aussi bons résultats qu'avant, le Quidditch ne le passionnait plus autant – il avait même demandé à McGonagall de lui retirer son titre de capitaine pour le donner à Quino. Celle-ci avait catégoriquement refusé – il n'arrivait plus à s'amuser et à rire. A chaque fois qu'il traversait un couloir il tordait le cou pour tenter d’apercevoir le Gryffondor et à chaque fois qu'il le voyait, il maudissait les personnes qui l'entouraient d'être aussi proches de lui. Bref, il allait mal.

La discussion avec Prue et Viska et celles avec Quino, lui avaient donné le courage d'aller de l'avant. Aller de l'avant signifiant s'ouvrir à Graham sous peine de passer sa vie dans la souffrance. Alan n'était pas un garçon stupide, Graham était son ami, il n'y avait donc aucun problème à ce qu'il lui parle de ce qui lui arrivait depuis plusieurs mois. Il pouvait comprendre. Au pire, Graham se moquait de lui – ce n'était pas à exclure, Graham était si parfait qu'un Poufsouffle réservé et peu charismatique inspirait peu de respect – et bien il pleurerait un bon coup et avancerait, main dans la main avec ses amis.
S'il y avait bien une chose qui avait donné à Alan l'envie de se lancer, c'était de réaliser à quel point son clan était là pour lui. Il appelait ça désormais son clan, tellement le terme de 'famille' lui paraissait faible. Alan le savait, jamais il ne perdrait Prue, Quino, Viska, Tempérance et Ted. Il les avait dans la peau et ils lui avaient tous fait comprendre qu'ils seraient toujours là pour lui. Ça l'avait aidé. Beaucoup.

Une fois installés dans le Poudlard Express à destination de Londres, Alan prit congé de Viska, Quino et Prue, assis avec lui dans le wagon.
- J'ai quelque chose à faire, je reviens dans pas longtemps.
Alan fut incapable de sourire à ses amis :  il était pétrifié.
Quelques minutes plus tôt, le Poufsouffle avait métamorphosé un bout de parchemin en origami d'oiseau pour envoyer un message à Graham : lieu de rendez-vous précis et secret. Il ne voulait pas qu'on le voit aller lui parler pendant qu'il était avec ses amis rouge et or. Il ne voulait pas qu'on les voit ensemble, il ne voulait pas qu'on les entende. Alan avait la phobie des ragots et il savait que sans une prudence à toute épreuve, la moindre parcelle de faux-semblant deviendrait à une sordide vérité aux yeux de tous. Le capitaine de Poufsouffle ne pouvait pas prendre ce risque : à l'inter-wagon se trouvait un petit compartiment relativement sombre et étriqué, véritablement à l'abris des regards. C'est là qu'Alan avait donné rendez-vous à Graham. Il l'attendit donc là-bas, après s'être assuré que personne ne l'avait vu s'y éclipser.

(672)

Et une nouvelle année se terminait à Poudlard pour le Gryffondor qui avait fait plusieurs conclusions sur lui. La première était qu'il n'était toujours pas fait pour être préfet. La seconde, que la jalousie le conduisait à des actions débiles telle que sortir avec une dinde. Mais la dernière, la plus importante, c'est que cette jalousie qu'il avait eu envers Louis et Payton n'était pas anodine. Peut-être... non... sans doute était-ce dû au fait qu'il aimait les garçons. Il ne savait pas si c'était réellement exclusif, si du coup il arrêterait d'aimer les filles aussi, il faut dire qu'il n'avait jamais eu de fille à aimer, mais une chose dont il était sûr, c'est qu'il était jaloux de Payton et se l'avouer avait aidé à tout comprendre. L'avouer aux autres allait être plus compliqué par contre. Il ne savait pas si Louis l'accepterait par exemple. Surtout compte tenu des raisons pour lesquelles Graham avait compris qu'il pouvait aimer les garçons. Ses parents... il ne savait pas. Enfin il savait que son père faisait des blagues homophobes devant les programmes télévisés et que sa mère ne disait rien. En fait il avait beaucoup plus peur de son père qui déjà avait toujours du mal à accepter que son fils soit un sorcier. Après tout sa femme usait le moins possible de la magie, seul Graham lui rappelait chaque été qu'il n'était pas un moldu comme lui. Bref, une complication supplémentaire, mais tant qu'il n'était pas en couple avec un garçon cela serait assez facile à cacher et puis même après tout, il pouvait très bien finir sa vie avec une fille et ne jamais avoir à parler de ça. Etait-ce en revanche sain ? Cela était une toute autre question.

Le ciel était plutôt lumineux au-dessus d'eux, mais cela pouvait changer à tout moment au fur et à mesure qu'ils approcheraient de Londres pour autant il se décida à apprécier ce que le ciel lui donnerait pour aujourd'hui surtout qu'un ciel bleu comme celui-ci était toujours agréable. Installé confortablement sur une banquette dans la cabine des préfets, le jeune homme écouta d'une oreille distraite le discours barbant de son confrère Préfet-en-Chef. Il subit quelques remontrances pour avoir manqué une ou deux réunions dans l'année entre préfets, mais outre ça apparemment il avait fait du bon travail. Un oiseau de papier se faufila alors par la fine ouverture de la porte de la cabine. Lorsque la créature se posa sur les genoux de Graham, le garçon haussa les épaules : « Sans doute une qui n'a pas encore compris que je n'étais plus Mister Poudlard. » dit-il et il déplia le papier. Il ne pouvait pas avoir plus faux, l'oiseau venait d'Alan, un de ses amis, qui lui demandait de le rejoindre à un endroit précis du train. L'heure quant à elle se trouvait être dans peu de temps. Un bon moyen de s'éclipser. « Et malheureusement en célébrité que je suis je ne peux faire attendre mes fans. Vous me ferez un résumé à la rentrée hein. » lança-t-il s'éclipsant avant que son ainé préfet-en-chef ne le force à rester.

S'il était content de cette invitation il restait tout de même interloqué. Le capitaine des Poufsouffle aurait très bien pu venir trouver Graham ici et surtout qu'est-ce qui nécessitait un rendez-vous ? Avait-il fait une bêtise et Alan lui en voulait-il ? Non ce n'était pas possible, il n'y avait rien qui puisse venir à l'esprit du Gryffondor. Ou alors peut-être que le Poufsouffle ne cherchait qu'à avoir de plus amples informations sur Victoire pour éliminer la capitaine de la prochaine coupe de Quidditch ? Enfin, Graham ne saurait cela qu'en se rendant à ce rendez-vous si tant est qu'il puisse trouver le lieu. L'endroit qu'avait indiqué Alan était un peu isolé des cabines des élèves de Poudlard. En dehors de quelques élèves, peu de personnes passaient par ici. Lorsque le Gryffondor arriva, il eut du mal à trouver la position de son ami avant finalement de l'apercevoir dans une cabine de fortune.

« Salut Alan ! » s'exclama-t-il. L'endroit n'avait rien de confortable et les deux adolescents, ayant bien grandi, aurait à peine la place pour se tenir face l'un à l'autre sans manquer de se marcher sur les pieds. Pour autant Graham y entra. La porte se referma derrière lui, les deux garçons étaient totalement isolé. « Je n'ai rien contre les endroits un peu étriqué... enfin peut-être que si parce que ça manque de place, mais qu'est-ce qu'il y a pour que tu m'isoles dans le seul endroit où je ne pourrais être sauvé. Tu veux m'assassiner c'est ça ? » blagua-t-il prenant une mine faussement effrayé. Le jeune homme avait peut-être un don pour la comédie ?

(783 mots)

Quand Graham arriva dans le compartiment, le cœur d'Alan manqua un battement. Puis deux. Déjà, l'endroit était petit et clairement, ça ne mettait personne à l'aise. Alan se colla presque au mur, pour laisser le Gryffondor respirer, sans pour autant lui donner l'impression de l'éviter.
La situation était tendue au possible pour Alan et pourtant, Graham avait toujours le mot pour rire, pour détendre tout le monde. Alan le trouvait terriblement attirant à chaque fois qu'il parlait, c'est pour cela d'ailleurs qu'ils étaient là. Il était parfait.
Les mots du lions détendirent légèrement le Poufsouffle : alors oui, il n'était pas le sorcier le plus cool de sa génération en temps normal, mais là encore moins. Il pouvait assez bien faire semblant d'être relax quand il était avec des gens qu'il aimait assez et n'était naturel qu'avec ceux qu'il côtoyait beaucoup. Graham, clairement, n'en faisait pas partie. Depuis qu'Alan se surprenait à vouloir l'embrasser à chaque fois qu'il le voyait, il avait remarqué que sa seule présence l'angoissait au possible. Des papillons voletaient dans son ventre et s'ensuivait ensuite des douleurs abdominales pendant plusieurs minutes. Puis, Graham était plus vieux que lui et ils n'étaient pas dans la même maison, ça faisait qu'ils se voyaient au final assez peu juste dans la salle de bains des préfets pour prendre des bains à poil, c'est tout.

Le fait que Graham le salut d'un simple 'Salut Alan' fit monter sa pression instantanément. Il n'avait – c'était clair – pas la MOINDRE idée de ce que lui voulait le Poufsouffle. Ça rendait la chose BIEN plus compliquée, en fait. Si encore Graham avait une petite idée de ce que voulait lui dire son ami, ça aurait été bien plus simple. Là, c'était comme annoncer à un enfant qui faisait de la balançoire que son papa avait un cancer.

- Salut Graham.

Vas-y, va lancer le sujet après ça. Merci copain !

- Oh non, je veux pas t'assassiner...

Quel petit plaisantin ce Graham. Ahlala...Mais putain, que c'était dur à dire...

- Bon, il fallait que je te dise quelque chose d'important. De très important.

Alan essayait de rassembler ses idées. Il se trouvait ridicule. Il l'était sûrement d'ailleurs. Vu le ton scolaire de l'Irlandais, Graham devait s'attendre à un exposé en trois points avec six sous-parties et quatre chapitres. Ambiance romantique de rêve, donc.

Le sorcier s'obstinait à regarder la poitrine de Graham, il était incapable de le regarder dans les yeux plus de quelques secondes. Parfois son regard s'attardait sur ses lèvres et en un éclair le regard passait sur ses yeux, mais il ne pouvait pas plus. Alan transpirait presque.

- Je... Je crois que je suis amoureux de toi.

Bam, sparadrap arraché d'un coup. Parfait. Le plus dur était fait. Maintenant, ne restait plus qu'à prier que pour que le silence soit rompu au plus tôt, c'était trop pénible d'attendre.
...
Trop tard, cette seconde de silence était beaucoup trop longue, il devait la combler.

- T'es... T'es parfait quoi. T'es trop drôle, trop beau, t'as... t'as tout pour toi..

Et là, sans même prendre la peine de regarder le sorcier dans les yeux, sans même lui laisser le temps de répondre, Alan posa sa main sur la joue du sorcier et l'embrassa. Le fait qu'il arrive pile sur ses lèvres sans avoir visé était un miracle.
Le baiser dura à peine quelques secondes. Mais le sorcier savait que ça suffirait. Toute sa vie, il avait toujours été convaincu que le plus dur était de se lancer pour faire un baiser. La petite tirade explicative était un plus, mais elle n'était pas nécessaire. Non, depuis toujours Alan croyait qu'embrasser quelqu'un suffisait à le faire tomber fou amoureux de vous. Et là, il l'avait fait, le plus gros du travail était fait. Il avait été très courageux sur ce coup-ci mais n'avait pas franchement respecté le consentement mutuel, il se sentait à présent plus léger.

« Me voilà rassurer. » rebondit Graham à la réponse, qui paraissait bien sérieuse, d'Alan. Cela dit il n'avait nullement imaginer que le Poufsouffle ait une quelconque envie de mettre fin aux jours du Gryffondor, à moins qu'il ne le sous estimait ? Cependant, la suite prit une tournure bien plus surprenante. Oui, plus surprenante que son propre assassinat et cela commença à partir du moment où Alan annonça qu'il avait quelque chose d'important à dire à Graham. Ce dernier n'imaginait pas ce que cela pouvait être. Les deux garçons, bien qu'amis, n'avaient jamais réellement eu de discussions extrêmement profondes et importantes. Alors qu'est-ce que le blondinet pouvait-il bien avoir à lui confier ?

Le gryffondor attendit la suite. Le bruit du train circulant sur les rails et des élèves s'amusant dans les wagons était la seule chose qui empêchait le silence d'être pesant, mais la promiscuité physique entre les deux garçons dans cette cabine minuscule rendait les choses plus tendues. Graham se demanda un instant s'il avait fait quelque chose de mal vis à vis d'Alan ou d'une de ses amies. Or il ne se rappelait aucunement de cela, il s'inquiéta. Mais finalement le jaune et noir perça l'abcès et dévoila ce qui lui préoccupait l'esprit.
« Pardon ? » Il eut l'impression qu'on lui versa de l'eau froide sur tout le corps et à de multiples reprises. Il eut aussi envie de cogner fort Alan, parce qu'il avait l'impression qu'il se moquait de lui. Il ne s'était jamais imaginé le Poufsouffle ainsi, après tout il s'agissait d'un ami. Mais surtout, comment aurait-il pu tout deviner sur lui là où Graham arrivait encore à peine à se l'avouer. Prêt à prendre sur lui, le rouge et or s'apprêta à demander à Alan s'il blaguait, mais ce dernier continuait de l'encenser de compliment. Pourquoi faisait-il cela ? Avait-il réellement fait quelque chose de mal ? Puis soudainement, Graham abandonna son hypothèse d'une mauvaise blague. Personne n'irait jusque là pour une blague.

Tout se passa en un instant. Il sentit la main de son camarade sur sa joue et les lèvres de ce dernier suivirent rapidement pour se poser sur celle de son ainé. Quoique beaucoup puissent penser, Graham n'avait jamais embrassé personne et cela fut son premier baiser. Il ne savait pas quoi faire, il ne savait pas quoi penser, les yeux grand ouvert fixant quoiqu'il puisse fixer à ce moment, le garçon se laissa faire inerte. Puis tout s'arrêta. De nouveau à une distance plus raisonnable d'Alan (dans une cabine étroite rappelons le), le gryffondor resta stupéfait. Il n'articula aucun mot, cligna à peine des yeux tandis que son regard se porta sur le garçon qu'il avait face à lui. Il ne savait que dire, il ne savait que faire, il ne savait que penser. À vrai dire il savait quoi penser, il avait mille pensées dans la tête, mais aucune d'elle ne voulait venir clairement. Embrasser un garçon, Alan, Louis, homosexualité, bisexualité, sexualité, Alan, Louis, embrasser un garçon, ses parents, Graham, Alan, Louis, les vacances d'été, Alan, Graham, embrasser, garçon, Louis, Alan, Graham... Tout tourna dans sa tête en boucle. Finalement son corps se mut et il frôla de ses doigts les lèvres qu'Alan avait embrassé. « Pour... Pourquoi ? » lança-t-il incertain. Ce n'était peut-être pas la meilleure question, mais sur l'instant il ne sut absolument pas ce qu'il pouvait rajouter. S'il devait être honnête, ce scénario était déjà arrivé dans sa tête, mais pas avec la personne qu'il avait face à lui, mais bien avec le rouquin censé être son meilleur ami. Brièvement ça lui était parvenu, après un rêve. Mais... du coup... que devait-il faire ? À vrai dire il avait envie de fuir pour pouvoir réfléchir, mais c'était un Gryffondor, il était prêt à prendre son courage à deux mains. Mais en même temps que devait-il faire ? Le rejeter parce qu'il n'avait jamais imaginé cela avec lui ? Il n'avait jamais imaginé cela avec qui que ce soit, lui qui n'avait jamais imaginé qu'il pouvait aimer les garçons à l'origine. Graham était perdu.

Une fois le baiser déposé sur les lèvres de Graham, Alan recula. Il regarda le Gryffondor dans les yeux, pour y lire – étrangement confiant, pour une fois – une réaction.
Il n'y vit que beaucoup d'incompréhension et une bonne dose de surprise.
Et là, Alan comprit.
Tout ceci n'était que des salades. Oui, il s'était trompé, il avait cru n'importe quoi, pire que ça : il était le dernier des idiots. Comment avait-il pu croire qu'embrasser Graham allait le faire tomber amoureux de lui ? Il n'était pas trop bête le reste du temps, pourtant, il faisait même souvent partie des meilleurs de la classe. Alors pourquoi, pourquoi avait-il cru une chose aussi stupide ?
Par espoir, surement, par naïveté peut-être, mais surtout par dénis.
Bien sûr Alan, la vie n'est pas un Disney où le prince embrasse l'amour de sa vie et repart fou amoureux avec. Non. Il l'avait cru, parce que c'était la seule solution au fait de ne pas finir le reste de sa vie seul.
Et Graham était la cible idéale ! Un adolescent beau, charismatique, extrêmement drôle et gentil – gentil surtout, très gentil – et qui était de surcroît son ami. Comment ne pas succomber...

A la vue de la perplexité du lion et de son 'Pourquoi ?', la réalité revint au triple galop dans le petit compartiment où les deux amis étaient.
Immédiatement, Alan regretta son geste. Soyons réalistes : déjà, il était peu probable qu'il trouve dans cette école un jour un autre garçon qui aimerait aussi les garçons. C'était statistique. Il était encore moins probable que ce garçon là, l'aime en retour. Et comment avait-il pu croire que ce serait Graham ? Logiquement, statistiquement, humainement, et rationnellement, c'était impossible.

Pire que ça : en plus de croire à des gamineries de baiser magique, Alan avait embrassé Graham de force. Lui qui détestait gêner, déranger, être un poids ou ne serait que trop se faire remarquer, venait d'embrasser quelqu'un de force. Alan retournait la situation et s'imaginait être embrassé par quelqu'un dont il ne voulait ni le baiser, ni le contact. Ça le dégoûta. Et où était le consentement dans cette histoire ? Ce n'était qu'un viol, ni plus ni moins, et ça Alan ne pouvait pas le supporter. Le sorcier se dégoûta lui-même de son acte, ne se reconnaissant qu'à peine. Le petit nuage sur lequel il s'était mis depuis qu'il avait décidé de parler à Graham explosa en mille morceau et le sorcier revint brutalement sur Terre. C'était fini le rêve, la réalité était bien là et il allait devoir assumer ses actes maintenant.

- Je suis désolé... Je, je n'aurai jamais dû faire ça.

Alan était contrit, désolé et regrettait tout ce qu'il avait fait. Pas 'dit', cependant, puisqu'il avait ouvert son cœur et avait dit à Graham la stricte vérité. Juste la vérité. Mais le fait que le sorcier soit si peu prêt à l'entendre perturba un peu Alan : il s'était d'avantage attendu à une réaction violence, ou à du rejet. Non, Graham était obstinément statique et ne pipait mot : Alan mit ça sur le compte de l'amitié. Toute autre personne l'aurait rué de coups.

- Je sais pas ce qui m'a prit, c'était idiot de ma part.

Alan – dont le courage était à présent à peine supérieur à celui de Prudence (il n'avait toujours pas quitté la pièce en pleurant) – hésita à partir. Il ne le fit pas, il ne pouvait pas rester sur un 'pourquoi' de Graham. Il avait besoin de savoir. Pas s'il l'aimait en retour – ça c'était clair que non – mais ce que le Gryffondor allait faire de son secret. Alan était stressé, pas tant pour son secret, mais justement pour ce qu'il avait fait au sorcier. Jamais il ne pourrait lui enlever ce baiser de force. Peut être même que comme lui, c'était son premier.
Mais non, grosse erreur, bien évidement que Graham n'en était pas à son premier baiser, c'était Graham ! Il avait déjà du embrasser des dizaines de filles, cette pet*sse de Perrine en tête de liste.
Ce qui accentua la malaise d'Alan : c'était clair, évident  et limpide, Graham aimait les filles, pas les garçons. Il avait été utopique de croire qu'il pouvait un jour trouver quelqu'un pour l'aimer comme il l'aimait et que cette personne soit Graham.

Toujours figé face à son ami, Graham ne savait pas vraiment comment réagir. Il était dans un total état de stupeur, parce que de un il ne s'était absolument pas attendu à ça et de deux il ne savait vraiment pas quoi penser de ça. " Ça " ou plutôt le baiser que venait de déposer Alan sur ses lèvres. Il s'était toujours imaginé un baiser comme un moment agréable. Après tout les garçons de sa chambre en faisait tout un foin quand ça parlait d'embrasser une fille, lui même avait fait un rêve une fois, mais cela n'avait pas été parce qu'il avait embrassé une fille, mais un garçon.

Au cours de cette année Graham avait accepté le fait que sans doute il était en mesure d'aimer les garçons, mais il s'était surtout concentré sur un garçon Louis Hazzart. Il ne savait pas à vrai dire s'il ressentait de l'Amour avec un grand A pour son meilleur ami, mais il était sûr d'une chose c'est que le rouquin avait été responsable de son éveil à ce niveau là. Peut-être avait il besoin de passer à autre chose ? Et si ce autre chose était Alan ? Mais en même temps il n'avait jamais pensé à quoique ce soit de romantique avec Alan trop obnubilé par Louis, alors ne serait-il pas en train de se servir du Poufsouffle s'il acceptait ses avances ? Puis Graham repensa à ce jour où il s'était retrouvé dans la salle de bain des préfets avec Alan et où il avait balancé plein de plaisanteries. Est-ce qu'à ce moment Alan avait déjà eu des sentiments pour lui ? Mince alors... et surtout rappelons le que Graham n'avait pas enfilé de maillot de bain à ce moment là...

« Heu Alan. » Bonne façon de commencer une phrase Graham histoire de se montrer rassurant avec une pointe d'hésitation dans la voix, parfait. Le Gryffondor se tortilla légèrement sur place ne sachant pas par où commencer, mais ses yeux fixèrent les yeux clairs de son camarade et ami. « Je suis flatté, très... » Parfait, continue Graham, n'est-ce pas comme ça que tu as commencé la plupart de tes phrases pour rembarrer les dindes qui te courraient après au château ? « Je n'ai jamais envisagé cela. » Il se frotta la tête gêné, c'était la pure vérité, il n'avait jamais envisagé d'être en couple avec Alan, ni de l'embrasser, ni de quoique ce soit. « Mais... » Il devait se montrer honnête sur qui il était après que le Poufsouffle se soit montrer lui aussi honnête. « Je pense que j'aime les garçons aussi, enfin pas que, j'aime bien les filles aussi, c'est un peu compliqué, je suppose que c'est ça la bisexualité. » Une vague de chaleur et de froid ampli son corps. C'était la première fois qu'il le disait à haute voix et la seule raison pour laquelle il en était capable c'est parce qu'Alan l'avait embrassé c'était tout. « Mais je ne sais juste pas quoi penser là maintenant. Je ne suis jamais sorti avec personne, je ne sais pas si t'es censé être amoureux avant ou juste intéressé, on est pote c'est sûr et puis, je ne sais pas si je suis prêt à sortir avec un garçon devant tout le monde quoi. » Il pensait à Louis à qui il n'avait rien dit, il pensait à ses parents et aux blagues homophobes de son père, il pensait à Poudlard. En soi Poudlard restait un lieu très ouvert, bien plus que le monde moldu, mais quand même. « Bref je ne sais pas. »

Bizarrement il se sentit bien mieux après avoir formulé tout ça et il reprenait le contrôle de soi. Pourtant il n'avait formulé aucune réponse à Alan, mais il était juste sûr de qui il était et de ce qu'il savait sur lui et sur ce qu'il voulait. La seule chose qu'il ne savait pas c'était la réponse qu'il pouvait offrir à Alan. « Je ne sais pas ce que tu attends, embrasser c'est cool, mais je ne sais pas ce que tu attends là. » ajouta-t-il fixant toujours du regard son interlocuteur en espérant ne pas le mettre trop mal à l'aise.

Quand Graham se mit à parler, c'est comme si à intervalles réguliers, il lançait à Alan de minuscules couteaux. Le cœur du sorcier manquait inlassablement des battements et il se demandait comment on pouvait endurer un tel niveau de stress : jamais il n'avait ressenti ça. Dans les dernières semaines, Alan était passé par toutes les émotions : de la peur à la joie, au stress en passant par la béatitude et le bonheur pour finir par l'angoisse  - une angoisse qui le rongeait avec tant d'efficacité – une angoisse qu'il ne connaissait que trop bien.
Et pourtant, dans son malheur, l'Irlandais était intimement persuadé que Graham – aussi choqué et perplexe fut-il -  ne trahirait jamais son secret. Alan n'avait pas encore mesuré à quel degré il avait détruit l'amitié qui le liait au lion, mais dans son for intérieur, le Poufsouffle sentait que Graham ne le lâcherait pas.

Chacun des mots du lion ne l'empêcha pas de regretter sa présence dans le compartiment.
« Heu Alan.» commença le rouge et or : déjà, ça commençait mal. « Je suis flatté, très... » Alan attendait le 'mais', qui allait forcément finir par arriver. « Je n'ai jamais envisagé cela. » Encore un peu... « Mais... ». Mais. L'épée était tombée, le destin de l'Irlandais était scellé. Il ne lui restait plus qu'à serrer les dents et attendre que ça passe.

Que Graham lui confie qu'il aimait les garçons – en partie – glaça cependant le sang du Poufsouffle. Ainsi donc, il n'avait pas été totalement idiot. Même si Graham ne lui avait jamais envoyé aucun signal positif – à part une amitié en béton – Alan avait vu les signes. Il avait ressenti, il avait su. Il n'était pas tombé amoureux de Ted ou de Quino, après tout ! L'air de rien, cette nouvelle sans grande incidence – vu ce qui allait arriver après – était une bénédiction. Alan n'était pas seul. Du moins, il n'était presque pas seul. Tout ceci ne pouvait vouloir dire qu'une seule chose : Alan n'était pas anormal. Et le fait qu'il craque sur Graham – a priori le seul garçon comme lui dans l'école - soulevait une bonne centaine de questions qu'Alan était impatient de traiter.

Puis, Graham lui confia ses doutes. Des doutes légitimes, auquel Alan n'avait pas pensé une seule seconde. Était-il, lui même, prêt à sortir avec quelqu'un ? Avait-il pensé au regard des autres une fois qu'il aurait accepté celui de Graham ? Pouvait-il sortir avec quelqu'un avec qui il n'était pas à armes égales question amour ? Autant de question qui ne menait qu'à une seule réponse : Alan n'était – lui aussi - pas prêt.
Le lion l'avait mis face à la réalité de la vie : des semaines d'hésitation, de remise en question, de confessions à ses plus proches amis, qui allaient mener... à quoi ?
L'esprit logique du Poufsouffle remercia intérieurement Graham de faire partie de sa vie et de lui avoir soufflé autant de pistes de réflexion si intelligentes et pertinentes. Effectivement, au delà de l'aspect romantique et libérateur de la déclaration, Alan devait se demander... et après ?

Et après, une fois de plus, il y avait du flou.
Un flou artistique : il savait à présent que Graham ne l'aimait pas comme il l'aimait lui, mais au fond, était-ce une si grosse surprise ? Bien évidemment que non : Alan avait vu, ou du moins, avait su. A quel moment un Graham Bishop serait amoureux d'un Alan Carmichael ? Dans un monde où les Bisounours et les génies existeraient, éventuellement.
Mais plus que d'être déçu, Alan était soulagé. Soulagé parce qu'au fond, sa déclaration n'avait pas pour but de sceller un amour éternel entre Graham et lui. Non, il voulait surtout savoir. Savoir s'il était seul, savoir s'il y avait moyen, savoir comment le prendrait le garçon le plus gentil de l'école sur son 'anormalité'. Maintenant, il savait.
Il n'était pas déçu que le lion ne lui confie pas être amoureux de lui, c'était à la fois très évident et très logique. Graham ne s'était jamais attendu à ça, et en même temps, comment l'aurait-il pu ? Alan n'avait jamais donné aucun signe d'intérêt amoureux pour lui. A part le fuir et passer pour la dernière des andouilles, il n'avait rien fait. Rien. Seul un grand utopiste aurait pu imaginer une relation amoureuse entre eux deux, parce qu'a priori, aucun des deux n'était réellement prêt. Et l'un des deux était à des années lumières d'imaginer que l'autre était fou de lui, aussi.

Alan en était là de ses réflexions : Graham ne savait pas et au fond, Alan non plus. Le Gryffondor avait factualisé les choses et Alan appréciait ce fonctionnement là, il le comprenait. Il était même d'accord avec lui De surcroît, Graham ne l'avait pas cogné, n'avait pas été méchant et avait même réussi à être plutôt tolérant envers lui.
Malgré la gêne de la scène, le bilan était plutôt positif.

Ne restait que le désagréable sentiment qu'Alan était allé trop loin. Trop loin et trop tôt. Il tombait comme un cheveu sur la soupe, il se sentait comme un adolescent irréfléchi et stupide qui avait foncé tête baissée. Il avait certes recueilli des confidences de son ami, mais à quel prix ? N'aurait-il pas été plus adapté de parler avec lui, à cœur ouvert, pour obtenir ses confidences autrement ? Sans lui voler son premier baiser, par exemple ?
Alan était mal d'avoir si peu intelligemment agit. Il s'en voulait. Cette impulsivité ne lui ressemblait pas, comme si quelqu'un dans son corps était aux commandes, à la place de son cerveau.
Et il en voyait à présent les conséquences : Graham ne savait plus où se mettre, avait fait un coming-out forcé à Alan – coming-out qu'Alan se fit la promesse de taire jusqu'à sa mort, au passage – et devait à présent réfléchir à un problème auquel il n'avait semble t-il lui non plus jamais envisagé : comment ferai-je un jour pour sortir avec quelqu'un au grand jour ?
Sans parler du fait que leur amitié ne serait à présent plus jamais la même, Alan ne pourrait jamais oublier ce baiser à sens unique qu'il avait donné à Graham. Un baiser vide de sens pour le Gryffondor, qui devait sans aucun doute vouloir le partager avec quelqu'un avec qui ça aurait du sens. Pas Alan donc mais Perrine.

Puis les derniers mots du sorcier fusèrent.
Alan les prit en pleine face et ils lui firent l'effet d'une bombe. Les pensées de son petit cerveau cartésien furent soudainement éclipsées par la douleur provoquée par son petit cœur d'adolescent : les mots du lion résonnaient dans sa tête, mais hurlaient dans son cœur.
Les « Je ne sais pas ce que tu attends. » du Gryffondor lui firent l'effet d'un coup de couteau dans le cœur. Les mots n'étaient pas dit méchamment, mais Alan entendit à ce moment là à quel point il avait été idiot. Idiot, irréfléchi, stupide, con.
Et maintenant, maintenant que tu as fait n'importe quoi, tu vas faire quoi Alan Carmichael ? Hein ?
Le sorcier entendait la question résonner dans sa tête et retint les larmes au bord de ses yeux.
La réponse était simple : réparer.

Alan ne pouvait pas enlever sa peine, mais il pouvait éradiquer le trouble de Graham. Il pouvait défaire tout ce qu'il avait fait : du moins, enlever de l'esprit de Graham les cinq dernières minutes passées avec lui. Des minutes vides de sens pour lui, qui n'avaient rien donné de bon. Rien.
Alan avait une chance de repartir à zéro, de faire les choses bien. D'être courageux et de dire à Graham ce qu'il ressentait, sans empiéter sur sa bulle. De respecter son consentement, de lui faire comprendre qu'il n'était pas seul. Car non, il n'était pas seul. Alan avait une seconde chance, et il ne comptait pas la laisser passer.
Avant le tête-à-tête, Alan s'était préparé au pire. Pas à tous les pires, comme d'habitude – il n'avait pas anticipé cette réaction là de Graham, par exemple – mais il avait en tout cas imaginé bien des scénarios horribles. Pour tous, il avait une solution de replis. Pas pour lui, parce que dans tous les cas la souffrance resterait, mais il avait prévu de quoi limiter la propagation des dégâts.

- Tu as raison.

Alan reprit un peu de contenance. Il attrapa sa baguette dans sa poche et la garda bien dissimulée de Graham. Il ne voulait pas qu'il la voit, l'effet de surprise était sa seule arme avec sa baguette, donc.

- C'était idiot de ma part de... t'embrasser. Vraiment. Les mots étaient difficiles à prononcer, mais Alan prit une inspiration et...

La baguette du sorcier fermement tenue dans sa main, Alan... s'immobilisa.
Non. Il ne pouvait pas faire ça.

Voulait-il réparer ou détruire encore d'avantage ?

Alan regarda le Gryffondor, puis baissa la tête, penaud. Il avait honte, terriblement honte de ce qu'il venait de faire, et de ce qu'il s’apprêtait à faire. Il lâcha sa baguette. Rester dans ce compartiment avec Graham le mettait soudainement très mal à l'aise, comme si l'idée même de venir ici était idiote : comment avait-il pu forcer le lion à être si proche de lui ? Il ne pouvait pas le forcer, à tous les niveaux et Graham venait bien de le lui faire comprendre.
Mais comment revenir en arrière, maintenant ? C'était trop tard...

- Je sais que ça ne va pas être facile mais... Alan ferma les yeux, comme s'il priait. C'était son vœu le plus cher, mais même lui, qui intellectualisait tout, ne voyait pas comment ça allait être possible. Est-ce que tu peux me faire la promesse, d'oublier ce qui vient de se passer ?

Alan sentait les larmes monter à ses yeux. Non, il ne voulait pas qu'elles montent. Il ne voulait pas faire de peine à Graham parce que ça pour, sûr, ça le marquerait. Non, la meilleure chose à faire était de faire comme si rien ne c'était passé. Rien ne c'était passé entre eux. Ce n'était pas ce qu'il venait de lui préconiser de faire, de toute façon ?

Alan décida de partir. Il avait honte, terriblement honte, mais essaya de rester digne. Il pensa à Prue. Le sorcier imagina sa meilleure amie à sa place : Tant pis pour Graham, s'il ne voulait pas de lui, il ne savait pas ce qu'il perdait !
S'en convaincre, s'en convaincre.
L'Irlandais savait quoi faire, à présent, tout devenait clair et limpide : à quoi bon ressasser, puisqu'il ne s'était rien passé ? Il était maintenant tant d'enfiler une dernière fois son masque de comédien. 3. 2. 1. Action.

- Bon, ben, passe de bonnes vacances.

Alan était bon comédien, mais pas dans toutes les circonstances, visiblement. Celles où il venait d'embrasser un ami, par exemple, ruinant ainsi une belle amitié, tout en violant une intimité, et en voyant ses rêves s'effondrer, bof. Ouais, bof. Alan sortit du compartiment, incapable de rester plus longtemps avec le sorcier.
Il aurait aimé se retourner, pour tenter de lire quelque chose dans les yeux du lion, mais trop lâche il renonça.

Alan avança : il ne voyait plus personne, complètement ignare sur le fait que quelqu'un l'ai vu sortir du compartiment ou non et surtout, incapable de dire si Graham lui en voulait et pourrait oublier.
Lui, en tout cas, n'oublierait pas. Il n'oublierait jamais ce qu'il avait fait et peut être pire, il n'oublierait pas que Graham ne l'aimait pas.
Le sorcier chercha un compartiment vide et quand il le trouva, y entra et ferma la porte. Le train venait de quitter Pré-au-Lard. Alan se colla à la vitre et regarda Poudlard s'éloigner.
Enfin, ses larmes coulèrent.
Le sorcier ne les retint pas et durant quelques minutes, se laissa aller.
Alors que la porte s'ouvrait derrière lui, le Poufsouffle essuya ses larmes d'un revers de manche et essaya de quitter le compartiment, discrètement, en baissant la tête et en s'excusant.
Il se décida à rejoindre Quino et Prue, quelques wagons plus loin, et surtout... à taire à jamais cette histoire.

Graham ne comprenait pas vraiment ce qu'Alan attendait de tout cela et sa question était parfaitement honnête, il ne savait pas du tout quoi répondre au Poufsouffle. Il n'avait jamais envisagé le blond de cette manière là. Bien sûr qu'Alan n'était pas moche du tout et il était en plus de ça très gentil, sportif, jamais Graham ne s'était ennuyé avec lui, mais jamais non plus Graham ne l'avait vu comme un parti probable. Jusqu'à aujourd'hui il n'avait jamais vu aucun garçon comme parti probable. Le seul qu'il avait a minima romantisé restait Louis son meilleur ami, mais cela était tout. Et maintenant Alan lui lâchait cette bombe, l'embrassait et lui imposait un choix. Sauf qu'à l'heure actuelle Graham n'était pas capable d'en faire, il ne pouvait pas choisir deux options qu'il n'avait pas pesé. Sortir avec Alan ou lui mettre un râteau. Sauf qu'avec la seconde option, face à l'assurance de son interlocuteur, Graham aurait plus l'impression de lui balancer complètement l'établi de jardinage et il ne pouvait pas lui faire ça non plus. Mais le Gryffondor n'allait pas non plus lui donner de faux espoirs, à l'heure actuelle il ne pouvait pas répondre favorablement aux actes d'Alan.

Cependant, avant même que le préfet ne puisse formuler quoique ce soit, le Poufsouffle condamna ses actes. Embrasser Graham ? " Idiot " c'est comme ça qu'il le décrivit. Graham ouvrit la bouche pour répondre, mais son ami lui demanda plutôt d'oublier tout ça. « Hmm.. » Fut le seul son que put faire le rouge et or, un moyen de formuler sa frustration. C'était bien beau de la part d'Ala de poser cette bombe là maintenant dans le train, mais maintenant il prenait la fuite ? Pourtant Graham ne l'arrêta pas. Après tout ça restait un bon prétexte pour ne pas lui fournir de réponse, mais d'un autre côté il se sentit énervé par ce qui venait d'arriver. « ... de bonnes vacances hein. » lança-t-il à mi-voix alors que le Poufsouffle avait quitté le compartiment. Graham le suivit quelques secondes après le temps de lui laisser de l'avance. Qu'attendait-il vraiment de tout ça ? Je ne comprends pas. Maintenant à cause de lui je vais cogiter tout au long de l'été et le pire, le PIRE c'est que je ne pourrais en parler à personne. C'est vraiment idiot, IDIOT. Il aurait pu me laisser le temps de lui répondre quand même, franchement. Il claqua la porte du compartiment derrière lui et rejoignit celui des préfets où il avait été attendu pour poursuivre le bilan. « Désolé je n'aurais pas dû m'absenter. » déclara le rouge et or d'un ton agacé. Maintenant il avait bien plus matière à cogiter durant l'été qu'il ne l'avait voulu. Si seulement quelqu'un pouvait réceptionner cela. Un ami peut-être, mais cela signifiait alors avouer sa possible bisexualité et il n'était pas sûr d'être prêt. Ou de connaître quelqu'un prêt à l'entendre. Comment se conduirait Louis s'il l'apprenait ? Penserait-il par exemple que Graham avait toujours voulu se jeter sur lui ? Ou peut-être devrait-il en parler à Fiona ? Il n'y avait jamais rien eu d'ambigu entre eux et elle était d'une oreille attentive. Ou peut-être les deux. Se retrouver un jour l'été sur le Chemin de Traverse à manger et une glace et parler de sa sexualité. Peut-être qu'il ferait mieux de faire ça... Peut-être, il ne savait pas.

( Fin pour Graham )