De corvée d'écriture [ Eurydice ]

De corvée d'écriture

Estefanía & Eurydice

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Le mois de mars apportait peu de changements à la routine d'Estefanía. Dans les couloirs ce jour-là, les élèves discutaient du discours récent de la Ministre, Hermione Weasley, concernant Magicis Sacra, bien que celui-ci n'ait a priori pas apporté de nouvelles révélations. Ilvermorny était toujours sous siège, et pour l'instant, Poudlard ne l'était plus. Réveillée de bon matin et incapable de se ré-endormir, Stef s'était attelée à la rédaction d'une lettre à ses parents - car c'était à son tour dans le roulement des Kostas (qui ne comprenait pas systématiquement les garçons, étant donnée leur assiduité) -, installée confortablement dans la salle commune de Gryffondor.

Sa missive rédigée (état des lieux de la famille : Quino ne s'est fait hurler dessus par les professeurs qu'une seule fois cette semaine - on applaudit Quino ! -, Tina semble s'être fait des amis et ne s'est pris aucun mur depuis son arrivée à l'école - du moins à sa connaissance, Gabriel a peut-être une amoureuse mais il refuse obstinément d'en parler - quel plan familial mettre en place pour en savoir plus ?, et elle ? Oh elle allait bien, les cours de troisième année n'étaient pas évidents mais ses professeurs paraissaient satisfaits d'elle, par contre côté Quidditch, il y avait du mieux à faire...), elle jeta un œil à l'horloge pour s'assurer qu'elle avait le temps de passer par la Volière avant d'aller prendre son petit-déjeuner dans la Grande Salle. Il faut dire qu'elle commençait la journée par un double cours de Potions, et elle n'avait absolument pas envie de s'attirer les foudres du professeur Gibson. La directrice de Serpentard n'était pas exactement connue pour être un rayon de soleil d'où sa tanière dans les cachots, même si Stef était bien décidée à ne pas se laisser impressionner.

Après avoir grimpé les escaliers de la Volière avec détermination, elle chercha le hibou familial des yeux. Avec quatre enfants, les Kostas n'avaient pas identifié d'intérêt à leur en acheter un à chacun, aussi bien pour des raisons financières que par principe : ce n'était même pas comme si leurs enfants étaient des fous de la plume. Si Stef et Tina étaient relativement diligentes avec la tache d'écrire à leurs parents, il fallait parfois davantage pousser les garçons - surtout Gabriel. Après quelques minutes de recherche parmi tous les volatils piaillant et gesticulant à intervalles régulières, elle déduisit qu'il n'était pas là. Misère. Etait-il simplement parti chasser et mettait plus de temps que prévu à rentrer ? Réfléchissant, elle jugea qu'elle pouvait lui laisser quelques minutes supplémentaires, avant de se rabattre sur un hibou de l'école. Il faut dire que la bête était susceptible, et elle ne tenait pas spécialement à l'offenser en lui préférant l'un de ses compatriotes.

Se tenant nettement éloignée de la rambarde, elle songea qu'il était tout de même fou qu'elle parvienne à jouer au Quidditch mais soit incapable de regarder le paysage entourant le château. Et pourtant, elle avait fait des recherches plus extensives sur le sujet et qui venaient expliquer cette situation des plus étranges : le sentiment de vertige étant lié au fait d'avoir les deux pieds sur terre, celui-ci ne pouvait se manifester de la même manière quand on volait, justement. Pas que ça annule d'autres peurs - comme celle de tomber et de se fracasser en mille morceaux sur le sol du stade de Quidditch -, mais au moins le fait d'avoir les deux pieds dans l'air la sauvait-elle de cette horrible sensation-là. Alors qu'elle tentait un pas hésitant vers la rambarde - combattre le mal par le mal, et tout le tralala -, elle entendit des pas dans les escaliers, qui la firent se retourner.

Elle esquissa un sourire ravi. « Oh, Eurydice ! » Elle s'approcha aussitôt de son amie, lettre toujours en main. « Je ne pensais pas tomber sur quelqu'un aussi tôt. Je venais envoyer la traditionnelle lettre aux parents, moi. Tu fais quoi toi ? » interrogea-t-elle son amie avec bonne humeur. Il faut dire que depuis que MS avait occupé puis quitté l'école, elle relativisait nettement plus les choses.

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Qu’on se le dise, Eurydice passait une deuxième année globalement tranquille à faire tout son possible pour se faire oublier. Elle avait toujours éprouvé une sorte de honte teintée de sa fierté naturelle quand elle pensait à l’appartenance de son père, Eustache, à l’organisation MS. Eurydice avait appris ce fait avant même que Freja et toute sa clique ne fasse du remue ménage dans le monde sorcier. À cette époque, la petite fille se disait que sa famille ne pouvait pas être totalement du côté des méchants… elle avait commencé à changer d’avis quand Poudlard avait été envahi et que Freja lui avait demandé d’espionner les nés-moldus. La Serdaigle ne pouvait pas supporter de voir d’autres élèves contraints par la force. Comme elle aimait toujours son père, elle se sentait tiraillée, toute trace de fierté personnelle disparue, et depuis le début de l’année scolaire dans une école libérée, elle essayait de ne rien dévoiler de son malaise.

Peu à peu, depuis septembre, le train-train quotidien avait repris son cours. Eurydice aurait donc pu se sentir plus à l’aise qu’à la rentrée ou quand elle avait vu son père si seulement il n’y avait pas eu la mission de la BAM en décembre. Elle avait frémi en entendant le récit de cette aventure auquel ses amis avaient participé contre toute prudence. Le bal avait été un moment joyeux qui tombait à pic. Passé entre amis avec Alexandre comme cavalier officiel mais aussi Stef et Ash comme compagnie, elle se sentit rassuré de voir que ses amis étaient en bonne santé et parfaitement remis de leurs émotions. Eurydice passait d’un sentiment de culpabilité à un sentiment de calme qui aurait pu la faire passer pour cyclotomique si elle était plus expressive. Car, comme elle ne parlait à personne de ses tourments, pas même à Ash son confident, nul dans le château n’avait connaissance de son mal être.

Ce jour-là, elle devait envoyer une lettre écrite la veille à son père. Aucun rapport avec MS, heureusement, il s’agissait pour Eurydice de demander un nouveau chaudron : le précédent avait littéralement explosé. Elle n’avait aucune idée de comment c’était arrivé, elle avait du être distraite pendant qu’elle avait confectionné sa potion… heureusement, elle n’avait eu que quelques cheveux brûlés au niveau de sa frange grâce à un protego lancé pile dans les temps par le professeur Gibson. Son chaudron n’avait pas eu cette chance, elle devait le remplacer rapidement sous peine d’être punie.

Eurydice ayant des rapports compliqués avec sa mère et avec son père, mais sur d’autres sujets, donc Eurydice a des problèmes avec ses parents quoi, elle préférait écrire à son père. S’il était un mage noir, il était en revanche bien plus souple pour ce qui était des menus erreurs de ses enfants. La mère des trois enfants Foster était tellement stricte qu’elle en faisait frémir sa benjamine, plus impressionnable que ses aînés. Entre une mère sévère qui pensait que le seul moyen pour sa fille de s’en sortir avec un handicap était de s’endurcir et un père gentil avec elle mais aux mœurs douteuses, Eurydice se sentait rarement vernie.

Ceci sans compter avec son frère et sa sœur… elle avait essayé de s’ouvrir à eux de ses problèmes de chaudron ainsi que de sa stagnation dans ses progrès scolaires. Ils n’avaient pas été très réceptifs : Esther lui avait dit d’aller voir ailleurs pour de l’aide, qu’elle n’avait aucun talent pour enseigner ce qu’elle savait faire intuitivement ça va les chevilles Esther? tandis qu’Erwin l’avait écouté d’un air distrait avant de lui répondre J’ai pas le temps là Eury’, tu ne vois pas que j’étudie pour mes prochains matchs de Quidditch ? Un jour je serai titulaire !, cette réponse coupa court à toute envie d’insister.

La Serdaigle avait commencé sa première année avec un énorme retard en classe car elle ne pouvait pas formuler ses sortilèges (n’ayant littéralement pas de voix). Beaucoup de cours particuliers plus tard, elle avait réussi à rattraper ses camarades, les surpassant en un sens car elle n’avait pas besoin de dire ses formules pour les faire agir, ce qui était d’un haut niveau. Cette deuxième année était plus compliqué, peut-être parce qu’elle était préoccupée par ses histoires de famille, par MS, par son décalage avec les autres…. Ou peut-être, plus simplement, parce qu’elle était fatiguée et que cela la rendait trop distraite. Dans les deux cas, elle ne pouvait plus se permettre de faire de telles erreurs d’inattention… passe encore pour une fois d’avoir failli se faire du mal avec un chaudron explosif, mais il ne fallait pas que cela se reproduise trop souvent ou son orgueil en pâtirait.

Pour ne pas être en retard à son premier cours, elle monta à la volière déposer sa lettre à un des hiboux de l’école avant même de petit déjeuner. La missive était courte mais claire : « Cher papa, comment vas-tu ? Esther, Erwin et moi, nous allons bien. Toutefois, j’ai cassé mon chaudron en créant à mon insu une potion explosive des plus destructrices. Pourrais-tu, s’il te plaît, m’en faire parvenir un nouveau ? Si c’était possible de ne pas en parler à maman tout de suite, ce serait vraiment bien. Je t’embrasse, Eurydice. » Elle tenait le papier enroulé et cacheté dans sa main et fut surprise en arrivant sur les lieux de constater que non seulement quelqu’un d’autre avait eu la même idée qu’elle, mais qu’il s’agissait de son amie Stef.

La lionne sembla contente de la voir. Eurydice lui adressa un sourire et traversa la distance qui les séparait toutes les deux. Elle avait commencé par répondre à son salut d’un geste qui signifiait « salut » en langue des signes mais elle attrapa son écritoire magique pour la suite de la conversation (offert par son parrain lors de l’invasion de Poudlard, ça aura au moins eu cet intérêt). Ses proches amis faisaient des progrès en langue des signes mais aucun de la maîtrisait assez pour tenir une conversation entière. En plus, ce n’était pas nécessaire plus pratique vu qu’elle ne pouvait pas parler mais elle n’était pas sourde donc il n’y avait pas besoin de signer pour qu’elle comprenne, c’était seulement pour communiquer de son côté que c’était plus rapide.

« J’écris à papa. C’est pour mon chaudron, tu sais, avec ce qui s’est passé la semaine dernière ? » Eurydice grimaça : elle n’était vraiment pas fière de ça… mais elle en avait déjà un peu parlé à son amie. « Et toi ? Tu es de corvée de lettre ? » Sourit Eurydice, sachant que c’était souvent les filles qui écrivaient à leurs parents dans la famille de Stef. Chez les Foster, il n’y avait pas de roulement, mais Eurydice était sûrement celle qui écrivait le plus des trois. « J’espère que papa va pouvoir m’envoyer vite un chaudron… j’ai peur d’être punie... » Termina-t-elle en soupirant silencieusement mais dans un mouvement d’épaules gracieux…

Prise de court par l'apparition d'Eurydice, Stef l'avait interpellée directement, mais elle s'empressa de signer à son tour un 'salut', en retour à celui réalisé par son amie. Si elle était loin de maîtriser totalement la langue des signes, elle apprenait de plus en plus de mots au contact d'Eurydice, et était bien décidée à s'améliorer continuellement. La Serdaigle sortant son écritoire magique - ce qui était quand même plus simple, admettons-le -, Stef fronça les sourcils à l'évocation de l'incident du chaudron. « Ah oui c'est vrai ! Tu sais je pense que ça arrive à plein d'élèves. Il y a carrément une fille de Poufsouffle qui a provoqué une sorte de cataclysme dans les serres de botanique il paraît. Les gens en parlaient quand je suis allée déjeuner avec Quino l'autre jour. » raconta-t-elle à son amie afin de la rassurer, elle qui avait semblé catastrophée lorsqu'elle lui avait raconté l'incident. Ce que Stef pouvait tout à fait comprendre : il n'y avait rien de pire que de s'illustrer en classe de cette manière là. Surtout que ça n'était pas vraiment le genre de chose qui arrivait habituellement à Eurydice, elle qui était si sérieuse.

« Oui, c'est à mon tour ! J'ai fait un bilan de l'état de chacun pour les parents. Ils s'inquiètent pour Tina, comme c'est sa première année à l'école. Et pour Quino qui est en première année dans sa tête, comme d'hab'. Dommage que Tina n'ait pas été répartie à Gryffondor, ça aurait été plus chouette quand même. » nota-t-elle tout en étant consciente que sa sœur était finalement plus destinée à finir à Serpentard qu'à Gryffondor (de toute évidence). Pour sa part, elle avait initialement parié sur Serdaigle - Valentina était si intelligente, et contrairement à Quino et elle, plus portée sur l'art que les activités sportives -, mais il faut croire qu'elle devait leur cacher un petit côté roublard qui l'avait faite rejoindre la maison de Gabriel.

Ne pouvant manquer la détresse d'Eurydice, le visage de Stef s'éclaira soudain : « Tu sais, je pourrais te prêter le mien quand tes cours ne sont pas avec Gryffondor ? Ou celui de Gabriel, il n'a jamais cours en même temps que toi, lui. Au moins ça te dépannerait le temps que ton papa t'en envoie un nouveau. Je lui demanderai après le cours de Potions de ce matin ! » proposa-t-elle, très satisfaite de son idée. Si Stef avait parfois du mal à se faire de nouveaux amis, elle était en revanche une alliée extrêmement loyale. Pour un peu, elle aurait pu aller approcher Gibson directement, pour lui dire de faire preuve d'un peu de compréhension envers Eurydice, le temps qu'elle récupère son nouveau matériel. Evidemment, c'était compliqué parce que sans chaudron, il était difficile de faire grand-chose lors d'un cours de Potions... « Oh mais sinon, j'suis sûre que Gibson doit avoir une ribambelle de chaudrons, elle. Tu sais, pour les élèves qui n'ont pas les moyens d'acheter le leur. Tu as essayé de lui demander ? » Elle supposait que ça devait être un peu gênant, au vu de ce qui s'était passé lors de son dernier cours de potions, mais après tout, ça ne coûtait rien de demander ! C'était une solution qui était même plus simple que celle de piquer celui de ce radin de Gabriel.

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Eurydice gratifia son amie d’un petit sourire timide. Au moins, Stef avait l’air de comprendre pourquoi elle était mortifiée, même si elle semblait penser que comme elle n’était pas la seule à qui ça arrivait, c’était moins grave. Or, Eurydice ne jugeait pas sa propre valeur à l’échelle de celle des autres, autant dire que ça ne la consolait pas du tout de savoir qu’une pauvre Poufsouffle subissait la même honte qu’elle. La brunette était plutôt triste pour la fille en question car elle devait se sentir très mal elle aussi. Finalement, après quelques secondes à tourner ces idées dans son cerveau toujours hyperactif, elle fit apparaître sur son écritoire : « Je ne trouve pas consolant du tout qu’il y ait d’autres élèves à qui ça arrive. Je suis plutôt triste pour cette fille, c’est horrible qu’on parle d’elle pendant les repas. » Eurydice frémit, elle espérait que son incident de chaudron était déjà oublié : être discrète était plus qu’un besoin chez elle, c’était un art de vivre. Tant qu’à être silencieuse, autant en profiter pour ne pas se faire remarquer et observer les autres, non ?

Dit comme ça, on pourrait croire que la Serdaigle aime les ragots alors qu’en fait, si elle ne détestait pas ça, ce n’était pas vraiment ce qui motivait ses observations. Elle aimait juste regarder la vie autour d’elle, tout comme elle aimait le bruit et l’agitation alors qu’elle n’y prenait jamais aucune part. Le silence avait quelque chose d’oppressant pour elle… sauf quand elle travaillait, là, elle appréciait un peu de calme pour pouvoir mettre de l’ordre dans ses pensées et sa mémoire.

Finalement, elle s’enquit de ce que faisait Stef dans la volière. Eurydice n’était pas sans savoir que ce n’était pas l’endroit préféré de la Gryffondor. « Je vois… c’est vrai qu’elle est à Serpentard. J’ai tendance à l’oublier comme elle est souvent avec des gens d’autres maisons. Elle s’est bien intégrée ? » Quant à ce que les parents de son amie s’inquiètent pour leur plus jeune fille, ça paraissait très naturel à Eurydice, elle-même benjamine de sa fratrie. Stef occupait pour Tina la place qu’avait Esther pour elle, si ce n’était que la lionne avait l’air de prendre un peu plus au sérieux son rôle de grande sœur.

« Merci ! Ce serait gentil ! » La proposition de Stef mit un peu de baume au coeur de la Serdaigle qui se voyait déjà arriver en cours de potion sans son matériel : une véritable vision de l’enfer… Eurydice se prend pour Dominique et nous fait une tragédie d’un incident! Son sérieux impeccable vivrait très mal de ne pas respecter les consignes simples comme avoir son matériel ou fait ses devoirs en temps et en heure… ce qui s’avérait plus compliqué en potion quand on n’avait pas de chaudron. « Je n’ai pas très envie de remettre l’incident sur le tapis. » fit-elle apparaître sur son écritoire juste avant de signer le mot « gêne » en grimaçant. Rien que d’imaginer avoir cette discussion avec son professeur lui filait des boutons. Et ce serait un coup à ce que le professeur Gibson prévienne sa mère, et ça, c’était absolument hors de question !

Stef détestait se faire remarquer en classe. Même lorsqu'il lui arrivait de s'illustrer en intervenant haut et fort pour dénoncer une injustice, elle rougissait alors à vue de nez, ce qui était parfaitement agaçant de son point de vue. Le pire étant si on le lui faisait remarquer -"Eh Stef, qu'est-ce qu'il t'arrive t'es toute rouge !" - car non seulement l'effet se trouvait amplifié, mais elle se sentait d'autant plus mortifiée. Aussi, elle comprenait très bien le malaise exprimé par Eurydice. Commettre un impair, qui plus est en cours de Potions, avec un professeur impressionnant comme pouvait l'être le professeur Gibson avait tout de la purge. Elle pensait au moins pouvoir réconforter sa cadette en lui faisant savoir que ça n'arrivait pas qu'à elle, au contraire, mais cela n'eut malheureusement pas l'effet escompté. Stef grimaça. « Oui t'as raison. » admit-elle la mine déconfite. « Mais - » Car avec Stef il y avait souvent un 'mais', Eurydice était bien placée pour le savoir. « C'est un peu un cycle du coup. Demain ce sera quelqu'un d'autre, et tout le monde aura oublié ce qui est arrivé à cette pauvre Poufsouffle. Et le surlendemain il y aura une autre histoire. C'est toujours comme ça. » garantit-elle, forte de son expérience d'un an de plus passé à Poudlard. « Et je suis sûre que personne n'a parlé de ton accident. Elle, c'est parce que c'est José c'était vraiment très dramatique je pense. » Pouvait-elle qualifier quelqu'un de dramatique ? Apparemment oui. Dans le fond, n'était-elle pas la meilleure personne pour en juger ?

A l'évocation de sa petite-sœur Valentina, Stef acquiesça d'un hochement de tête. « Oui je crois que ça va ! Elle traîne avec plusieurs Poufsouffles de son année apparemment. Elle s'en sort mieux que moi en première année. » nota-t-elle en haussant les épaules, l'air de ne pas trop y toucher. Après tout, sa propre première année à l'école avait été particulièrement traumatisante pour Stef. S'acclimater à l'Ecosse n'avait pas été évident, ni le fait que ses frères aient leurs propres vies, loin des préoccupations de la fillette. Quant à ses camarades de Gryffondor, peu d'élèves de son année avaient alors trouvé grâce à ses yeux. Elle avait bien trouvé un ami en Angus, à Serdaigle, mais les deux enfants s'étaient perdus de vue en cours d'année, et elle s'était alors trouvée totalement démunie. Heureusement, depuis, les choses s'étaient nettement améliorées !

Les deux filles en revenant rapidement à ce que Stef appelait dans sa tête 'L'Affaire du Chaudron', la jeune greco-argentine eut alors une idée brillante : pourquoi Eurydice n'emprunterait-elle pas simplement le chaudron de l'un des Kostas ? Elle supposait qu'elle aurait même pu prendre celui d'Esther ou d'Erwin, mais elle savait que les rapports étaient complexes entre les trois enfants Foster. « Oui, je comprends. Elle me met un peu mal à l'aise parfois. Je ne sais jamais ce qu'elle pense. » Elle fit la moue en songeant au professeur de Potions - matière qu'elle appréciait globalement, cela dit. « Bon du coup c'est réglé, je demanderai à Gab' ! Tu seras tranquille comme ça. » décréta-t-elle sereinement.

« Sinon, tu as vu la lettre que le Ministère a envoyé à la BAM ? Quino m'a montré celle qu'il a reçue. C'est bizarre que le Ministère fasse ça, non ? Il paraît que ça n'est jamais arrivé jusqu'à maintenant, même pas pendant Voldemort. » Elle adressa un regard inquiet à son amie. Bien qu'étant plus jeune qu'elle, le stoïcisme d'Eurydice tendait généralement à l'apaiser. Même si en l'occurrence, elle ne la trouvait peut-être pas sous son meilleur jour : elle était clairement agitée par cette histoire de chaudron.

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Eurydice haussa les épaules : elle avait envie de croire que Stef avait raison mais elle était toujours un peu gênée. Il était très loin de la mentalité de la jeune Serdaigle de rire du malheur des autres. Si seulement tous les élèves de Poudlard pouvaient s’occuper de leurs oignons… La jeune fille s’ébroua pour se débarrasser de tous ces sentiments négatifs. « Décidément, je déteste les ragots. » fit-elle apparaître sur son écritoire de façon à clore ce sujet.

Elles se mirent donc à parler de la petite sœur de Stef, Valentina, qui avait été répartie à Serpentard. Une grande partie de la famille d’Eurydice était passée par cette maison donc l’aiglonne n’y voyait rien de mal. En plus, chez les Kostas, ils paraissaient beaucoup moins ancrés dans une maison en particulier que chez elle où tout le monde allait à Serdaigle ou à Serpentard (si on ne prenait que les Foster, du côté des Abbot, il y avait plus de variété). « En même temps, ceux de ton année ne sont pas aussi amusants que nous, ou les premières années apparemment. » C’était un peu comme si Stef était toute seule en troisième année ce qui est le cas, elle aurait aimé que son amie puisse suivre les cours avec elle… Elle avait des amis dans son année, mais c’étaient surtout des garçons (Ash, Nath, Alex…). Son entourage en classe manquait cruellement de filles.

« Elle me fait penser à Esther, même malaise quand elle me regarde. » Et puis, comme le professeur de potion, sa sœur était mince, longiligne, brune aux yeux clairs avec ce petit air un peu hautain dont Eurydice ne savait jamais si elle l’imaginait ou s’il était réel. Remarquez, sa mère aussi avait ce genre d’air, et elle n’était pas à l’aise avec elle non plus. Elle était clairement plus faite pour fréquenter des gens expressifs... et gentils tant qu’à faire. Heureusement, Stef allait lui permettre de ne pas affronter le professeur de potion, un prêt de chaudron suffirait en attendant que son père lui en envoie un neuf.

Concernant la lettre qu’avaient reçue les membres de la BAM, Alexandre la lui avait montré. Eurydice ne faisait pas partie de la Brigade, moins par peur que par loyauté envers son père. Elle ne voulait pas le trahir même si l’encourager dans ses exactions était hors de question aussi. « C’est vrai que c’est bizarre. » Confirma Eurydice qui ne voyait pas en quoi c’était une bonne idée d’encourager la Brigade à se battre contre Magicis Sacra. Heureusement que son père était contre le fait de faire du mal aux enfants… Notons qu’il lui avait dit que c’était le cas de la plupart des membres mais Eurydice ne pouvait qu’en douter vu ce qu’ils avaient fait à la pauvre Payton Harris. « Alex me l’a montrée. C’est peut-être une idée de la ministre ? C’est une héroïne. » Sa mère lui disait toujours que Potter et Weasley n’y seraient jamais arrivés sans Hermione Granger. Et pour une fois, elle n’avait aucune raison de douter de ce que sa chère maman lui racontait. En tout cas, tous les petits sorciers savaient que le Golden Trio avait lutté contre Voldemort alors qu’ils étaient élèves. La ministre pensait peut-être qu’il était trop compliqué d’empêcher des enfants de suivre son exemple, alors elle leur fournissait un enseignement utile. Eurydice aimait bien apprendre des choses, c’était bien le seul point qui lui faisait regretter de ne pas pouvoir participer à ces sessions d’entraînement !

Bien que très proche de sa cadette, Stef et Valentina avaient toujours été très différentes. Là où Stef pouvait parfois avoir un caractère plus grand que nature, Tina était généralement plus discrète, et plus douce. Sa petite-sœur était aussi très tête en l'air, ce qui pouvait être source de tracas pour leurs parents - et pour la Gryffondor, qui se sentait quelque peu responsable d'elle depuis qu'elle était entrée à Poudlard. Elle savait que les garçons étaient pleins de bonnes intentions eux aussi, mais elle avait tendance à douter de leur fiabilité. Le fait que Tina se soit rapidement fait des amis lui faisait en revanche très plaisir, surtout qu'elle n'avait pas pu en dire autant à l'époque de sa propre première année. Stef haussa donc les épaules. « C'est clair qu'ils ne sont pas drôles. » acquiesça-t-elle en ce qui concernait ses camarades de promotion. C'était essentiellement la raison pour laquelle elle avait eu autant de mal à s'acclimater à Poudlard. Elle ne se sentait pas à l'aise avec les autres élèves de son année, et seule l'arrivée d'Eurydice et la rencontre d'Ash lui avaient permis de se sentir un peu plus chez elle dans l'école.

Au sujet du professeur Gibson, Stef pouvait comprendre le malaise d'Eurydice à l'idée de s'attirer ses foudres ou même de la contrarier -, bien qu'elle refusa catégoriquement de se laisser intimider par la directrice des Serpentards. La Gryffondor était peut-être discrète, mais elle savait aussi se montrer sacrément revêche, et Gibson et ses airs glacials avaient tendance à la prendre de rebrousse-poil - d'autant plus si elle compliquait la vie d'Eurydice. Elle esquissa un sourire à l'évocation d'Esther. « T'as raison, c'est totalement la même énergie. Comment va cette chère Esther d'ailleurs ? » interrogea-t-elle avec intérêt. Elle connaissait après tout l'aînée des Foster depuis aussi longtemps qu'elle connaissait Eurydice, même si elle n'avait pas du tout la même relation avec la jeune fille.

Stef en vînt à évoquer la lettre reçue par les membres de la BAM, et que Quino lui avait montrée (ou qu'elle avait arrachée des mains de Quino : au choix). Elle ne s'était toujours pas décidée à rejoindre son frère dans l'une de ses expéditions, s'appuyant sur l'excuse de l'absence d'Eurydice comme sur une béquille particulièrement fiable. La vérité était que si l'absence de la brune était effectivement un grand frein, elle était également terrifiée à l'idée d'être confrontée à nouveau aux membres de MS, Blomberg la première. Pas très Gryffondor, elle en convenait. « Alexandre l'a reçue aussi ? Tu me diras, c'est logique. Il y participe lui aussi. Comme Ash maintenant. » remarqua-t-elle, pensive. « Tu crois ? C'est pas bête de leur proposer des cours, plutôt que de les laisser se débrouiller tout seuls, en soi. Surtout qu'ils n'ont pas l'air de vouloir arrêter, de toute façon. J'espère juste qu'il ne va rien leur arriver... » songea-t-elle avec inquiétude. L'idée que Quino finisse blessé (ou Ash, ou Alexandre) la terrifiait. Il était son grand frère : prompt à la bêtise, toujours enthousiaste pour tout (sauf les devoirs), mais surtout, intouchable. Certes, il avait connu son lot de blessures en grandissant, mais il ne lui était jamais rien arrivé de grave. Et elle comptait sur lui pour que ça dure. Peut-être qu'elle devrait participer à la prochaine expédition de la BAM finalement ? Rien que pour garder un œil sur lui ?

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Eurydice n’épilogua pas sur les élèves de l’année d’Estefania, pour ce qu’elle en savait, aucun d’eux ne méritait qu’elle prenne la peine d’écrire sur son écritoire. Au moins, dans son année à elle, ils avaient plusieurs membres de la BAM. Bon, Eurydice n’en faisait pas partie parce qu’elle était loyale envers son père, mais ça restait un point essentiel pour différencier les élèves cool des autres… de fait, elle ne se considérait pas comme tel, Stef, Ash, Alex et même Nath, par contre, eux, ils étaient de vrais élèves cool de Poudlard !

« Elle a toujours le sang froid. Et elle refuse encore de voir papa. J’en ai un peu marre de faire le tampon entre les deux côtés de la famille. » Autant Eurydice était une fière aiglonne, autant sa sœur était bien digne de leur Serpentard de père. C’était, par conséquent, d’autant plus ironique qu’elle n’ait pas vu Eustache depuis des mois, si ce n’était une année entière. Eurydice, elle, avait vraiment de bonnes raisons de se méfier de leur père, et pourtant elle continuait à le voir ! Ou alors, c’était exactement pour ça… Esther et Erwin ne savaient rien de l’appartenance d’Eustache à MS et ils ne comprenaient pas pourquoi leurs parents vivaient séparés. Ils s’imaginaient sûrement que leur père avait trompé Eulalie ou quelque chose de ce genre… Notons quand même qu’Eurydice ne savait pas si cet élément était entré en ligne de compte, elle n’aurait pas été plus surprise que ça d’apprendre qu’Eustache était aussi coupable d’adultère. Il était un peu comme Kaa, le serpent dans le Livre de la Jungle, il pouvait vous convaincre de tout et de n’importe quoi… et ce n’était pas parce qu’Eulalie le disait qu’elle le pensait, elle l’avait souvent constaté quand elle suivait son père au travail. Enfin… tout ça pour dire qu’Eurydice était la seule des trois enfants à voir régulièrement leur criminel de père. Elle espérait qu’il s’amusait bien à Ilvermorny, elle le préférait là-bas plutôt qu’à Poudlard à menacer ses amis.

Et pourtant, elle lui restait fidèle. Elle refusait de le trahir en suivant ses camarades à MS. Ainsi, elle ne participerait pas aux stages estivaux du ministère. « Alexandre est à la BAM pour sa cousine. Ils vont sûrement faire le stage ensemble. » Eurydice voyait mal Viska Spingate, figure de proue de la rébellion à Poudlard, louper une occasion pareille. Quant à Alex’, sans qu’elle sache trop pourquoi, il allait toujours où allait sa cousine. Un ordre de sa mère apparemment. Ils semblaient super proches dans leur famille pour tout faire ensemble comme ça, chez les Foster, c’était une autre ambiance. « Tu crois que tu pourrais t’inscrire au stage même si tu n’as pas eu de lettre ? Ça a l’air plutôt ouvert comme proposition. » Et si Quino y allait, elle n’aurait qu’à le suivre. Le stage en lui-même ne devait pas être dangereux, il devait même être instructif. La curiosité naturelle de la Serdaigle était titillée, elle en venait à regretter de ne pas pouvoir y aller… et elle ne le ferait pas, même si on lui en laissait l’opportunité, car si elle ne s’y rendait pas, Freja ne pourrait pas lui demander après en quoi ce stage consistait ! Eurydice évitait sciemment toute occasion qui pourrait permettre à la cheffe de MS de se servir d’elle comme espionne. Elle ne l’avait pas vu depuis son départ de Poudlard, mais ce n’était pas elle qui allait lui donner des idées hein…

Stef fit la moue à l'évocation des problèmes familiaux que rencontrait encore Eurydice. Si elle compatissait entièrement avec son amie, elle avait parfois bien du mal à se mettre à sa place. Si chez les Kostas, les disputes étaient monnaie courante, les réconciliations l'étaient tout autant, et elle avait des difficultés à imaginer un monde où ses frères ou sa sœur n'adresseraient plus la parole à leur père. Tout comme elle ne voulait pas envisager une situation où sa relation avec Tina se détériorerait jusqu'au point qu'avait atteint celle d'Esther et d'Eurydice. « Je vois... Je comprends en tout cas, ça doit être vraiment difficile. Tu le vois toujours toi, non ? Et Erwin ? » demanda-t-elle en espérant que les choses étaient un peu plus stables sur le front de son frère aîné. Eurydice était la benjamine, ce qui équivalait donc à la position que Valentina occupait chez les Kostas. Or chez eux, personne n'avait de position plus sereine que la sienne. Valentina abhorrant les conflits, elle était la seule parvenant à faire retrouver un calme relatif à ses aînés - au moins le temps qu'elle quitte la pièce et qu'ils puissent recommencer à se jeter des objets dessus.

Les deux filles en vinrent rapidement à évoquer l'actualité récente, soit la lettre que les membres de la BAM avaient reçu de la part du Ministère. Si Stef n'avait encore jamais osé se joindre à l'une des réunions de la Brigade, son frère Quino en faisait, lui, partie et elle frissonnait à l'idée de tous les risques inconsidérés qu'il avait sans doute pris jusqu'à maintenant. Mais il fallait dire qu'avec Quino, ça n'était pas tout à fait une occurrence rare. Le fait que leur ami Alexandre en soit devenu un membre actif suscitait en revanche plus d'hésitation chez la jeune greco-argentine. Alexandre était plus jeune qu'elle. Avait-elle encore une excuse pour ne pas participer à son tour ? Si ce n'était que contrairement à elle, son cadet savait se battre au corps à corps - atout non négligeable lorsqu'on avait treize ans et que le sortilège qu'on maîtrisait le mieux était le Lumos.

Stef fronça le nez. « Tu crois que ça veut dire que je devrais y aller pour Quino ? » Viska était plus âgée qu'Alexandre, après tout. « Tu penses qu'on a tort de ne pas y participer ? » demanda-t-elle plus doucement, scrutant le visage d'Eurydice avec indécision. Jusqu'à maintenant, le refus catégorique de la Serdaigle de se joindre à la BAM fournissait une raison toute trouvée à Stef pour s'abstenir à son tour. Après tout, si elle n'avait pas Eurydice avec elle, sur qui compterait-elle ? Elle savait très bien que Quino l'abandonnerait comme une vieille chaussette dès qu'il serait entouré de ses amis. Il y avait bien Alexandre, et depuis récemment Ash, mais ça n'était pas tout à fait pareil. En tout cas, c'était ce dont elle s'était persuadée. « Je ne sais pas. Ça pourrait être intéressant en vrai. » convînt-elle, pensive et elle pourrait stalker Quino pendant l'été. Ce n'était pas comme si des cours d'auto-défense lui feraient du mal, au contraire. Et elle pourrait passer un peu de temps avec ses amis. « Tu crois qu'il faut demander à qui pour savoir ? Je doute que Quino ait la réponse... » Elle supposait qu'elle pourrait juste débarquer, collée aux basques de son frère, mais ce n'était pas tout à fait l'image qu'elle avait envie de renvoyer au sein du Ministère de la Magie britannique.

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Eurydice répondit par l’affirmative d’un petit signe de tête et mit une réponse plus complète sur son écritoire. Une fois n’est pas coutume, elle se dit que ce serait vraiment bien que Stef apprenne la langue des signes… ce n’était pas du tout fluide d’avoir une conversation par écrit, ça coupait toute émotion de son visage car elle se concentrait sur ce qu’elle devait mettre, avec le moins de mots possibles (son écritoire n’avait pas une place illimitée). « Je le vois. Pas Erwin, tu sais bien qu’il fait toujours tout comme Esther. » L’exclusion d’Eurydice du reste de sa fratrie venait en grande partie de la complicité de ses aînés. En plus d’être la plus jeune, elle était née différente, ça avait toujours posé divers difficultés vu que son frère comme sa sœur ne tenait pas plus que ça à communiquer avec leur petite sœur muette. Lire c’était fatiguant, apprendre la langue des signes encore plus. Cela dit, ils en connaissaient certaines mots et phrases usuelles contrairement à leur mère qui rejetait cette idée en bloc donc, à tout prendre, ils n’étaient pas les pires.

Cela pouvait paraître étrange qu’Eurydice ait autant de ressentiment contre sa mère alors que c’était son père qui faisait partie d’une organisation de mages noirs. Et pourtant… Il était probable que si Eurydice avait pu parler, elles se seraient criée dessus en permanence. Eulalie voulait toujours que sa fille « surpasse » son handicap plutôt que de simplement faire avec. Eurydice trouvait ça insupportable. Elle voyait bien en quoi avoir des cordes vocales était très utile dans la vie de tous les jours (et ça protégeait des infections de la gorge avec lesquelles devait composer la jeune Serdaigle), cela ne voulait pas dire qu’elle aurait voulu être différente. Si elle n’avait pas été muette, elle serait sûrement devenue un clone d’Esther et, franchement, ça ne lui faisait pas du tout envie. Beaucoup de gens confondant mutisme avec surdité, elle apprenait des tas de choses sur les personnes qui l’entouraient, on ne la remarquait jamais… c’était un handicap, et un don en même temps.

Le sujet quitta les nouvelles des familles Kostas et Foster pour en arriver au stage du ministère. « Au stage, oui, je pense que tu pourrais y aller. » Plutôt que devrait car, après tout, qui était-elle pour donner des leçons à son amie. « Peut-être… mais toi et moi, c’est différent. Mon parrain fait parti de MS, même si il est du mauvais côté, je ne me vois pas combattre contre lui. » Elle n’avait avoué pour son père qu’à Ash mais quant à son parrain, il avait été découvert voilà deux ans et le fait qu’elle soit sa filleule n’était pas un secret. Elle avait même dit à ceux qui le lui demandait que c’était lui qui avait fait son nouvel écritoire magique, bien plus pratique que l’ancien sur lequel elle devait écrire à la main. « Le professeur McGonagall doit savoir ce qu’il en est. » Répondit finalement Eurydice, contente de voir que Stef commençait à hésiter. Elle, elle n’irait pas, mais MS ne risquait pas de s’attaquer à elle non plus, son père le lui avait promis. Stef ne bénéficiant pas des mêmes assurances, apprendre à se défendre paraissait très important.