Les jours avaient passé depuis la découverte du folklorique Chemin de Traverse et les crises d’impatience récurrentes de Marie-Apolline. Le premier soir de rentrée à Poudlard avait été à hauteur des attentes de la jeune sorcière, et, elle devait se l’avouer, elle avait été plutôt impressionnée par la réputation de l’école. Se trouver en son sein aujourd’hui était assez difficile à réaliser. Ici, Marie-Apolline pouvait aspirer à devenir une puissante sorcière et s’offrir un brillant avenir.
Encore fallait-il ne pas faire de vague. Mais Marie-Apolline serait accompagnée par l’équipe pédagogique et un bon nombre d’étudiants dont le rôle était de soutenir les nouveaux élèves. C’en serait fini de ses sautes d’humeur, de son attitude déplaisante.
Pourtant, le banquet de début d’année avait déjà effacé une partie de la bonne humeur de Marie-Apolline. Une unique pensée traversait son esprit en permanence : *et ma valise?!*. Peut-être les professeurs espéraient-ils que tout le monde allait s'asseoir sans se poser cette question, mais ils pouvaient toujours rêver. Dans cette valise, il y avait ses affaires personnelles, ce à quoi elle tenait, et elle ne comptait pas en être séparée dès le début d’année à cause d’une erreur stupide : allaient-ils la mettre dans le mauvais dortoir? Un autre élève, croyant que c’était la sienne, fouillerait dedans sans la moindre hésitation et cette simple idée lui fit froid dans le dos.
Pourtant, cette inquiétude ne semblait pas vraiment partagée, tout le monde s’installait aux quatre tables de la Grande Salle en souriant, en profitant des premières heures au Collège. Marie-Apolline suivait la foule d’adolescents tout de noir vêtus, tournant autour de la table des Serpentard. Cela aussi, c’était un autre problème. A côté de qui allait-elle s’asseoir? Personne ne sembla lui adresser le moindre signe d’attention. D’habitude, Marie-Apolline se serait simplement assise sans poser de question et n’en aurait que faire des réactions des camarades adjacents, mais là, c’était le premier jour, et l’intimidation devant une telle masse d’inconnus remplissait parfaitement sa fonction.
Elle prit le temps de faire le tour de la table, observant chaque élève. Elle en aperçut certains qui portaient un insigne supplémentaire sur leur robe aux couleurs de la maison : cela devait être ces filles et garçons là, les préfets et préfètes. S’asseoir à côté d’eux devait être intéressant, cela lui permettrait de déjà sympathiser avec les élèves à qui elle aurait peut-être besoin de se confier un jour. Mais c’était idée à oublier sur le champ, car ceux-ci profitaient déjà des retrouvailles avec leurs amis, et, surtout, cela la ferait passer pour une frotte-manches. Et ça, non merci.
Ensuite, il y avait les nouvelles et nouveaux, comme elle. Au moins, là elle serait certaine d’être parmi des pairs et de peut-être pouvoir engager une conversation constructive. Mais à nouveau, l’idée ne lui parut pas optimale : ces sorciers semblaient particulièrement timides et perdus. Et, autant qu’elle ne voulait pas être une frotte-manches, elle voulait éviter aussi de se mettre à côté de la petite sorcière marginale qui n’allait pas lui adresser un mot de la soirée. L’idée de se mettre à côté d’une jeune Serpentard de 1e année lui parut tout de même plus raisonnable : après tout, une telle élève devrait être comme elle, non?
Petit à petit, Marie-Apolline prit conscience qu’elle était dans les derniers à ne pas encore être assise et elle commença à sentir les regards des étudiants se poser sur elle, avec un air interrogatif. Décidée à ne pas attirer l’attention d’une manière aussi ridicule dès le premier jour, elle s’installa sans s’inquiéter davantage à côté d’une jeune fille à l’air plutôt enjoué. Bon, quelqu’un de positif, c’était déjà ça, tout n’était pas perdu.
Le banquet commença dans un vacarme éblouissant, des dizaines de plats firent leur apparition sur les tables de bois et tout le monde se rua sur la nourriture. Tout le monde, à quelques exceptions près. Certains restaient bouche bée devant une telle présentation. Marie-Apolline, quant à elle, arbora un rictus interrogatif. Elle ne put s’empêcher de jeter un regard à sa camarade assise à ses côtés, en lui lançant :
“Ca vient d’où ça? On peut faire apparaître de la nourriture juste par magie?!”
Puis, sans attendre la réponse de sa comparse, elle hésita avant d’ajouter :
Ξ Sujet: Re: Hasard des premiers contacts [PV] Dim 7 Juin - 10:10
Hasard des premiers contactsAmy était ra-vie ! Elle avait bel et bien été répartie à Serpentard (le Choixpeau avait pris le temps de lui demander si elle était sûre de son choix, mais elle l’était, ce n’était pas comme si ses parents lui laissaient vraiment l’opportunité d’être dans une autre maison). Ses perspectives d’avenir paraissaient maintenant s’éclairer : si elle se doutait que son indécrottable maladresse allait lui poser quelques problèmes à l’avenir – elle avait déjà bousculé une petite blonde dans la foule qui conduisait au Choixpeau et cette dernière l’avait fusillée du regard ! - Amy était persuadée que maintenant elle ne risquait plus d’être fichue dehors par ses parents. Et mieux encore, elle allait enfin avoir le droit d’avoir un chat !
De très bonne humeur, Amy s’installa à la première place venue. Quelques secondes ou minutes plus tard, une jeune fille de son âge, encore sans insigne de maison donc de première année aussi, vint à ses côtés. Elle fut la première à parler, Amy s’empressant de se servir à manger : elle était émerveillée par tous ces plats et par la bonne humeur qui régnait autour d’elle. Elle se doutait qu’elle allait finir par avoir la tête qui tourne, elle était si rarement en présence d’autres personnes, cela l’enivrait…
« Ce sont les elfes de maison, ils sont dans les cuisines et ils envoient les plats directement sur les tables ! J’ai un elfe aussi chez moi, ce sont vraiment des créatures adorables. » Selon elle, leur elfe n’était pas assez payé pour supporter les ordres de ses parents et, en plus, il était tout seul pour faire presque tout… Amy n’avait jamais trouvé ça très juste, surtout qu’elle lui rajoutait souvent du travail en faisant tomber des choses et d’autres. Parce que leur elfe de maison, dont le nom était Bambou, était toujours très occupé, il n’avait jamais été une réelle compagnie pour Amy. Cependant, il lui montrait un respect et une amitié que la petite fille considérait inestimable dans une maison aussi froide que la sienne.
Amy savait beaucoup de choses, en théorie du moins, sur Poudlard. Elle avait posé beaucoup de questions à ses amis d’enfance ainsi qu’à sa mère (qui lui répondait du bout des lèvres mais ne l’évitait pas, c’était déjà ça). « Pour ce qui est de ta valise, ne te fais pas de souci, elle a été mise dans notre dortoir dès que tu as été répartie. » Elle avait utilisé le déterminant possessif commun parce que les deux jeunes filles étant dans la même maison et la même année, elles allaient sûrement dormir au même endroit pendant les sept années à venir.
À ce titre, il était d’ailleurs temps qu’elles se présentent l’une à l’autre : « Au fait, moi c’est Amy Marinette Flint. Et toi ? » Elle adressa un chaleureux sourire à la jeune fille car Amy était vraiment très amicale. Cela étonnait la plupart des gens qui connaissaient ses parents, encore que le problème de Marcus Flint était plus d’être intolérant, violent et incapable d’accepter la défaite plutôt que de ne pas être amical. Il avait eu beaucoup d’amis en son temps, si on considérait que c’était beaucoup lorsqu’on se cantonnait principalement aux sang pur… « Je suis trop contente d’être à Serpentard ! Mes parents vont être tellement fiers ! » Lâcha-t-elle finalement juste après, incapable de contenir plus longtemps sa joie.