Watch out, here I come [ Thiago ]

Ce que venait de lui annoncer Stef le minait et ça devait concrètement se voir sur son visage. Comment ça il pouvait faire beau sans faire chaud ? La poisse ! Pourquoi il avait quitté Castelobruxo déjà ? Là-bas, ils révisaient dans la cour, profitant de chaque rayon de soleil qu’ils pouvaient. Certains de leurs cours se déroulaient même en plein air, parce qu’ils aimaient tous ça, le soleil et la chaleur. Ils étaient donc presque tous doré par le soleil, presque toute l’année. Certains prenaient bien des coups de soleil, mais les natifs d’Amérique du Sud bronzaient la plupart du temps. Ici, rien qu’à son arrivée, le temps était maussade, comme s’il voulait lui faire regretter d’avoir traverser l’océan pour une fille, peu importe les sentiments qu’il peut ressentir pour elle. D’ailleurs, ce n’est pas pour le punir de ressentir quelque chose pour Lucrecia ? Combien de fois leur entraîneur de danse leur avait répété qu’il ne fallait pas de sentiments dans un couple de danse, que ça pouvait vraiment tout gâcher. Et lui, qu’est-ce qu’il avait fait ? Il s’était laissé dépérir quand elle avait quitté le continent pour aller dans une autre école. Quel con ! Il leva aussi les yeux vers le plafond magique quand il vit les prunelles de la jeune femme se porter dans cette direction là. C’est vrai que c’était impressionnant, on avait l’impression que le ciel allait leur tomber sur la tête, qu’ils  étaient même au dehors. Ce qui n’était pas le cas. « Et quand est-ce qu’il fait beau et chaud par le pays ? » Il avait déjà envie de retrouver le Brésil et encore plus l’Argentine. Ils étaient bien là-bas au final avec Lucrecia, pourquoi elle avait eu cette lubie elle aussi ? Il frotta la tâche qu’il venait de se faire lui-même, la journée commençait bien. Et le manque de sommeil allait le rendre très gronchon et il n’y avait même pas un peu de chaleur pour lui remonter le moral. « Ouai, si c’est pour porter trois couches de vêtement, non merci… » Il souffla un coup et décida que de toute façon, Stef ne devait pas vouloir sa mauvaise humeur. Il pourrait bien prendre sur lui quelques temps de toute façon, il ne pouvait pas pleuvoir toute l’année, ce n’est carrément pas possible. Comment ils font sinon les gens pour ne pas tomber en dépression ?

Il planta ses prunelles vertes dans les yeux de la jeune Kostas, elle essayait de lui sortir les verres du nez où il rêvait ? Les choses ont fait que, il n’a pas vraiment grand-chose à rajouter. Enfin si, tout un tas de trucs, mais il fallait d’abord évaluer si c’était dangereux de tout dire à l’adolescente. Et elle continua innocemment en parlant des fêtes de Noël. Thiago se tendit rien que d’entendre parler de cette période là. Il plissa les yeux, essayant de deviner si elle savait quelque chose. Est-ce que Lucrecia lui avait raconté ? QU’est-ce qu’elle lui avait raconté d’ailleurs ? Et est-ce qu’elle savait pour tout ? Absolument tout ? « Ouai, rapidement. On a pas pu passer trop de temps ensemble mais on s’est vu. » Quand ils se sont retrouvés, Lu l’a embrassé, et quand ils se sont quittés, elle pleurait dans ses bras avant de repartir en Europe. Il n’y avait pas grand-chose à raconter de tout ça. Enfin, si.

Ils dérivèrent ensuite la conversation sur la benjamine des Kostas, qu’il n’avait pas pu encore voir depuis son arrivée. La veille, elle n’était pas dans la salle commune et il avait appris par le biais de sa partenaire de danse que la petite ne s’était pas sentie bien et qu’elle était partie se coucher tôt. Il trouverait bien le moyen de la voir à un autre moment de toute façon. Il haussa les épaules à la question de la brune. « Non pas vraiment, mais ça n’avait pas l’air d’inquiéter Lu plus que ça. J’en conclus que ce n’était pas si grave. C’est votre temps pourri là aussi, tu m’étonnes qu’elle se soit couchée tôt. » Bon, d’accord, le temps le rendait bien plus ronchon qu’habituellement, et ça n’avait pas l’air de vouloir s’arranger. La poisse !

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De savoir qu’il allait devoir attendre juin avant qu’il fasse « relativement chaud » comme le disait si bien Stef, ça ne diminuait pas la mauvaise humeur de Thiago. Ils n’étaient qu’en janvier, et même si c’est fin janvier, il restait au moins cinq mois à se lamenter et regretter le soleil d’Amérique du Sud. Est-ce qu’il ne repartirait pas plus tôt finalement ? Il espérait sincèrement qu’il n’allait au moins pas pleuvoir des mois et des mois durant. Peine perdu à ce qu’il avait entendu dire, le Royaume-Uni n’était pas réputé pour ça, et encore moins l’Ecosse. Dans quoi s’était-il embarqué encore ? Est-ce que ça valait vraiment le coup de quitter la météo dont il avait l’habitude pour une fille ? Pas n’importe quelle fille d’accord, mais quand même ! « Génial, on adore ! » dit-il sur le ton le plus cynique qu’il pouvait employer.

L’argentin venait de finir de faire partir la tâche, du moins sa plus grande partie, elle était encore plus ou moins visible mais il faudrait vraiment avoir l’œil et se pencher sur cette zone là pour la voir qu’il vit le sourire navré de son amie. Ça ne le rassurait pas du tout. Il savait que Stef aimait le soleil autant que lui, et autant que Lucrecia, et si depuis tout le temps où elle est présente dans cette école, elle même n’arrive pas à la vendre, il y avait vraiment du soucis à se faire. Ils finirent pas détourner la conversation sur le sujet Lu’, qui, aux grands damnes de Thiago, n’était toujours pas aussi joyeux. Comment dire ? C’était la merde. Surtout quand Stef insista bien sur le fait qu’elle savait tout. « Quand tu dis tout, c’est vraiment tout ? » Il n’y avait même pas à en douter, forcément que Lu’ allait se confier à quelqu’un. Et qui d’autre que sa cousine, qui connaissait aussi Thiago pouvait être la mieux placée pour être sa confidente ? Personne d’autres. Il passa sa main dans ses cheveux, puis dans sa nuque dans un geste nerveux, se pinça les lèvres et prit d’abord une profonde inspiration, prêt à se lancer. Mais finalement, il se résigna, essayant de chercher les mots les plus justes possible face à la situation dans laquelle il était avec sa meilleure amie. « Alors tu sais que c’est la merde, c’est ça ? » Parce que c’était ça. Il luttait lui face à ses sentiments, même si Lucrecia n’était pas au courant, mais aussi contre ce que lui hurlait sa raison. Il ne savait vraiment pas quoi faire.

« J’avoue, je suis heureux de tous vous retrouver ! » admit-il à mi-voix, un sourire se dessinant au coin des lèvres. Surtout une personne d’ailleurs et c’était la seule chose qui pouvait battre le mauvais temps, même avec tout ce qu’il se passe entre eux en ce moment, ou ce qu’il ne se passe pas d’ailleurs on ne sait pas trop. « On fêtera mon arrivée tous ensemble, ça te dis ? »

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« Alors, si on le voit, on lui demande. » Mais Thiago ne comptait pas trop sur un sort pareil, il ne serait jamais assez puissant pour couvrir toute la surface de l’école, parce que ce n’était intéressant que si ça durait longtemps et sur une grande surface. Thiago parcourut du regard la grande salle, comme Stef, à la recherche de l’aîné de la fratrie des Kostas, mais à aucun moment il ne réussit à le trouver. Il n’avait pas l’air du tout présent en tout cas. Il finit par reposer ses yeux sur son assiette, tout en soupirant. Dommage, parce que même s’il n’était pas convaincu, ça lui aurait donné un peu d’espoir.

Thiago ne savait pas vraiment comment réagir face à ce que lui disait Stef. Au final, ce n’était peut-être pas plus mal qu’elle soit au courant de tout, ça lui permettrait d’avoir un avis extérieur sur toute cette situation dont il n’arrivait pas à s’en sortir. Il avait l’impression que plus il essayait de régler le problème, plus ils s’en rajoutaient et que c’était devenu maintenant un véritable sac de nœud entre eux-deux. Il regretterait presque l’époque où tout était simple, qu’ils étaient juste simplement deux enfants qui dansaient ensemble sans vraiment comprendre tout ce qui pouvait découler dans leur relation avec le temps. En grandissant, ses sentiments, en tout cas pour lui, s’étaient développés envers Lucrecia. Si au début, il n’en avait pas eu peur, il avait fini par essayer de se réfreiner face aux nombres de fois où on lui a répété que ce n’était pas bien, qu’ils ne pourraient plus danser ensemble si quelque chose venait à se produire entre eux. Maintenant, où est-ce qu’ilen était dans tout ça ? « Non, je pense qu’elle t’as tout dit. » Il posa ses yeux sur la brune et se dit que de toute façon, il pourrait bien maintenant aussi se confier à elle. Elle savait tenir sa langue, la preuve, à part lui dire que Lu’ lui avait tout raconté, elle ne disait pas si Lu ressentait quelque chose pour lui, alors il pouvait bien le faire aussi. Mais alors qu’elle lui disait que ça pouvait être très simple, lui n’était pas du tout d’accord avec elle. Heureusement qu’ils parlaient en espagnol, ainsi personne ne pourrait comprendre ce qu’il allait lui dire et ça n’allait pas faire le tour de l’école en peu de temps. «  Non, ça ne peut pas l’être, Stef. Je… Je suis venue ici parce que j’étais hyper mal, que sans elle, c’est pas pareil et je n’y arrive pas. J’ai besoin de Lu’. Mais quand j’ai essayé de lui montrer ce que je ressentais, elle m’a repoussé. C’était à la fin de l’été. Ensuite, je ne l’ai pas vu pendant quatre mois, et franchement, tu m’aurais vu… J’ai cru qu’en sortant avec une autre fille, ça allait passer. Pas du tout. Quand durant les vacances, elle m’a embrassé, j’ai paniqué. Je ne l’aurai jamais laissé repartir si j’avais répondu. Tu comprends ? » C’était bien la première fois que Thiago disait tout cela à quelqu’un et ça faisait un bien fou. Il n’en avait parlé à personne avant elle. Sa sœur s’était contentée de poser des questions et il avait répondu par oui ou non donc elle savait, mais là, il disait vraiment ce qu’il ressentait et c’était une grande nouveauté pour lui. « Et au final, j’ai réfléchi. Je ne peux pas la perdre, je n’arrive pas à vivre sans elle. Mais si on se met ensemble et que ça ne marche pas, je ne veux pas qu’on finisse par se détester et qu’on arrête de se parler. Je n’arriverai pas à la regarder vivre sans moi. Tu vois pourquoi c’est la merde. »

C’est vrai que s’ils avaient tous été dans la même maison, ça aurait été bien plus pratique, mais est-ce que ce n’est pas un mal pour un bien ? Les autres se seraient tous arrachés les cheveux s’ils venaient à être vraiment tout le temps ensemble, jusqu’à la salle commune. « Je ne sais pas du tout par contre… Tu as une idée toi ? »