Tu te lèves vivant, tu te couches imbattable. X Victoire

Tu te lèves vivant, tu te couches imbattable

Comme souvent, Victoire s’était réfugiée dans la salle réservée pour le club de duels pour évacuer la colère qu’elle sentait monter en elle. Peu de techniques en réalité s’imposait à elle lorsque cette rage si familière enflait dans son coeur et dans son corps. Elle aimait généralement se défouler avec une batte et des Cognards mais elle savait de source sûre que les Poufsouffles avaient réservé le terrain pour leur entraînement. Et si son père l’avait initiée à la boxe (du moins à la frappe sur un sac, car elle ne connaissait pas vraiment les mouvements de la boxe anglaise) elle préférait encore utiliser sa baguette lorsqu’elle pouvait l’utiliser -et c’était le cas à Poudlard. Même si le club était piloté par une personne qu’elle n’aimait guère (même si les tensions avec Jo s’étaient apaisées, elle restait l’une des sorcières que Victoire aimait le moins au château, heureusement elle partait bientôt de l’école, malheureusement elle resterait probablement amie avec Teddy) Vic en avait fait partie dès son retour. La danse l’était certes à canaliser son énergie débordante, mais là, il lui fallait autre chose. Or, rien de tel que de s’acharner sur un mannequin d’entraînement qui n’en demandait pas tant pour se sentir mieux après.

Alors pourquoi Victoire était-elle énervée ? C’était une émotion qui lui était coutumière me direz-vous avec perspicacité. Il y avait bien sûr la saison de Quidditch qui ne se déroulait pas tout à fait comme elle l’avait imaginé. Réussir à gagner la Coupe de Quidditch, après des années de domination de Poufsouffle, sa première année en tant que capitaine avait été une sacrée réussite. Mais cela aurait été encore mieux si les lions avaient réussi à garder la Coupe mais c’était désormais  compromis et cela agaçait évidemment la mauvaise joueuse qu’était Victoire. Les lions étaient condamnés à se battre pour obtenir une seconde place d’un championnat déjà gagné par Serpentard et Jensen, lui aussi, avait réussi à gagner la Coupe sa première année en tant que capitaine -et en remportant ses trois matchs, lui. Vic s’était remise difficilement des résultats du dernier match vous êtes nuls les Serdaigles, tout est de votre faute mais il était évident qu’au bout d’un moment, il ne servait plus à rien de râler, de pester, et de refaire tous les matchs de l’année. Serpentard avait gagné, maintenant c’était aux rouges et or de tout faire pour battre Poufouffle. Sinon, ce serait vraiment la honte. Les blaireaux avaient été mauvais toute l’année, n’en déplaise à Quino et Prudence, alors il était tout simplement hors de question de perdre.

Ce n’était cependant pas la principale raison pour laquelle Victoire était en colère ce jour là. Elle avait appris que Teddy, en plus d’être surchargé de travail à l’approche des ASPICs, de devoir se retirer dans sa salle commune après le couvre-feu, salle commune qui, on le rappelait, il ne partageait pas avec elle, s’amusait désormais à donner des cours particuliers de Métamorphose à une quelconque élève de son année -une Serpentard sortie de nul part, encore une. Vic trouvait qu’ils ne passaient pas assez de temps ensemble, temps qui était compté, et voilà qu’il en sacrifiait pour devenir prof bénévole auprès d’une de ses camarades qu’il voyait déjà à longueur de cours ! Victoire savait bien qu’il s’agissait de son projet professionnel à long terme mais tout de même. Néanmoins, elle ne pouvait pas lui en faire part. Elle lui avait tapé des crises pour toute la vie l’année et elle savait bien que sa jalousie, une fois de plus, n’avait pas lieu d’être.

Victoire s’était donc déchaîné et se sentait un peu mieux désormais. Elle s’était assise dans un fauteuil, observant ses camarades, pour une petite pause, lorsqu’elle avait vu entrer Emrys. Elle l’observa un instant et lorsqu’il lui fit signe, elle se leva aussitôt de son siège, de cette manière si gracieuse qui la caractérisait tant. Elle s’approcha de lui, sa queue de cheval faisant des bonds à mesure qu’elle marchait et lui lança sans détour : « T’es venu pour te mesurer à moi Baughan ? J’espère que t’es prêt à perdre. » La provocation ne faisait qu’ajouter un peu de sel à leur relation gouvernée par une saine compétition. Elle était prête à se battre, et pas seulement face à une statue qui ne pouvait pas répliquer.

Victoire n’avait jamais su ce qu’Emrys avait éprouvé pour elle. Elle en aurait d’ailleurs été fort étonnée. Elle se croyait plutôt douée pour repérer lorsqu’un garçin était intéressé par elle, elle le voyait dans leurs yeux, dans la manière dont ils avaient de la regarder, et pensait savoir reconnaître la différence entre ceux qui la trouvait juste belle et ceux qui la désirait vraiment. Mais empêtrée dans le déni le plus profond, elle ne s’était jamais aperçu de l’amour que lui portait Teddy et elle ne savait pas qu’Emrys l’avait aimée. Pourtant, elle avait été proche de lui pendant des années, et ils étaient toujours très proches l’un de l’autre. Ils se ressemblaient énormément et si elle n’avait pas été autant obnubilée par Teddy toute sa vie, et par Théodore Zabini durant les trois premières années de sa scolarité, elle aurait sûrement été intéressée par Emrys. C’était un beau garçon, un bon huit sur l’échelle Teddy Lupin de la beauté et elle n’était pas franchement branchée blond de base, un gars bien qu’elle appréciait beaucoup. Elle avait appris à le connaître en creusant derrière son silence et son attitude réservée et il était probablement le garçon dont elle était le plus proche après Teddy. Elle s’était beaucoup rapprochée de Quino ces derniers mois avant de le tuer sauvagement car il était l’instrument de la défaite contre Poufsouffle mais elle était tout de même plus proche d’Emrys, notamment car ils partageaient la même salle commune depuis plus de quatre ans et qu’ils faisaient tous deux partie du club de duel depuis que Joséphine l’avait relancé. Elle était vraiment contente de pouvoir le compter dans sa vie et elle savait qu’elle pouvait compter sur sa présence ce qui allégeait un peu la pesanteur qu'elle ressentait à l’idée que Teddy parte. Le centre de son monde ne serait plus là, et elle avait encore du mal à imaginer comment elle pourrait vivre sans celui sans qui sa vie n’avait pas de sens, mais elle savait aussi qu’elle était bien entourée et que ce soutien serait précieux l’an prochain.

Victoire était une compétitrice née, ce n’était un secret pour personne. C’était inscrit dans son prénom, dans tout son être. Elle aimait les compétiteurs comme elle et Emrys en était un, et un sacré bon même. Mais Vic ne se laissait jamais démonter, même face à un adversaire de taille. Il était d’ailleurs évident que le blond ne laisserait pas passer sa petite provocation sans y répondre. « C’est marrant, c’est totalement le genre de phrases que je pourrai sortir. Tu m’adores tellement que tu m’imites Baughan », rétorqua-t-elle en gardant son fameux sourire rayonnant. En dehors de son mauvais caractère, qui avait fait sa réputation, Vic était une personne très solaire. Autant elle était souvent en colère, autant elle ne montrait pas sa tristesse, que ce soit par fierté ou parce qu’elle croyait fermement qu’il fallait se montrer positif dans la vie, même si, paradoxalement, elle adorait râler mais râler c’est la vie.

Même si Victoire aimait être la meilleure, elle devait bien reconnaître que, pour les duels, le niveau d’Emrys était équivalent au sien mais en même temps, et même si elle était une incroyable mauvaise joueuse, il n’y avait pas de sel à gagner quand le combat était trop facile. Or, contre Emrys, le combat n’était jamais facile. Ils se dirigeaient vers l’espace du ring, où combattaient d’autres membres du club et Vic reconnut notamment la chevelure bouclée de Karen qui prendrait la présidence à la rentrée prochaine, et la blonde sourit en voyant le manège d’Emrys avec sa baguette. « Tu vas finir par lancer un sort à quelqu’un par inadvertance », souleva-t-elle avec une certaine malice. Une fois devant le mannequin, le garçon lui proposa un exercice inédit. « Pourquoi pas, ça peut corser le combat et être amusant », approuva-t-elle avec chaleur tout en songeant qu’Emrys était le seul à l’appeler Vi, et non Vic comme la majorité de ses amis, Vicky étant réservé au seul usage de Teddy. Elle était toujours prête à affronter n’importe quelle difficulté, car c’était face aux difficultés qu’on mesurait sa vraie valeur. Victoire se tourna vers le mannequin, sortant sa baguette de sa poche. « Tu sais que je suis toujours prête, Baughan », répliqua-t-elle, avec un air de défi sur le visage. Elle rayonnait tellement, tout son cors entier, ayant activé inconsciemment, sans même y penser son don. Elle retourna le regard vers le mannequin alors qu’Emrys couvrait ses yeux de sa cravate. Désormais complètement aveuglée, elle souffla un bon coup avant de lancer un premier Expelliarmus. Elle sentit une petit décharge au niveau de son bras, indiquant que le mannequin avait agi avant lui. « Loupé », commenta-t-elle d’un ton neutre avant de se remettre en position. Une Weasley n’abandonnait jamais après son premier essai.

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