What you gonna do when I ... [PV]

Noé n’arrivait pas à croire qu’il ait pu se montrer aussi aveugle. Il n’arrivait pas à croire qu’il n’avait pas écouté ses doutes sur le couple d’Erin et de Ted. Comme le soulignait la métisse, ça l’arrangeait bien de croire qu’elle s’était trouvée un garçon bien, gentil, droit, qui l’aiderait à se remettre de lui et ne lui briserait pas le cœur de nouveau, comme lui l’avait fait. Un type du genre de Bartley au final, des mecs qui sauraient la rendre heureuse, la faire passer avant tout le reste du monde et lui donner tout l’amour qu’il avait été incapable de lui retourner. Quant à Victoire, il n’était effectivement pas difficile de lui faire croire qu’une fille s’intéresse à Ted, la lionne ne savait pas réfléchir de manière rationnelle lorsqu’il s’agissait de lui. Noé fut assez surpris, en revanche, que Tempérance fut celle des trois qui croyait le moins en cette histoire. Il avait évoqué avec elle le couple de sa meilleure amie mais il n’avait pas forcément ressenti son scepticisme. Sûrement qu’à l’époque, il avait été trop troublé par sa présence pour bien capter mais en dépit de ce que sa dernière connerie laissait supposer, tout ça était derrière lui. « Et bien c’est effectivement ce que je pense que tu mérites, un gentil garçon, du style de Ted. Ou de Bartley. » Est-ce que je cherche à ce qu’il soit baffé ? Pas du tout. Lui ne se classait pas dans cette catégorie. Il lui avait brisé le coeur, et aujourd’hui encore, il parvenait à lui faire du mal et à l’énerver comme jamais elle ne l’avait été. Quand il la voyait aussi furieuse, cela ne faisait que retourner la baguette dans sa plaie.

L’idée qu’il puisse toujours compter sur elle, peu importe les erreurs qu’il pouvait commettre, l’effraya presque. Qu’elle l’aime de manière aussi inconditionnelle, quoiqu’il advienne, après tout ce qui lui avait infligé...après avoir réussi à se débarrasser des sentiments amoureux qu’elle avait eu pour lui elle réussissait à l’aimer encore, d’une autre manière, mais qu’elle soit toujours de son côté, quoiqu’il fasse...Peu importe à quel point il pouvait faire foirer leur relation, elle serait toujours là pour en ramasser les bribes et les recoller ensemble, sans qu’il ne lui demande. « La carte des destins liés...Oui, je suppose que ça nous correspond bien. Quoiqu’on fasse, on finit toujours par se retrouver sur le chemin de l’autre. » Et pourtant, il avait cru la fin de leur relation inéluctable il n’y a pas si longtemps que ça.

Noé n’aurait jamais imaginé qu’il avait tant envie de goûter aux lèvres d’Erin. Leur premier baiser ne lui avait laissé aucun souvenir marquant autre que celui d’être un smack volé au détour d’une conversation particulièrement douloureuse. Il y avait bien eu ce trouble qui l’avait agité ces derniers temps mais de là à penser qu’une fois cette limite franchie avec elle, un retour en arrière ne lui semblait même pas envisageable...qu’en dépit de toutes les raisons pour lesquelles leurs baisers auraient dû le faire se sentir mal ou coupable, une impression persistante d’embrasser la bonne personne ne le quittait pas, même si tout cela était brouillé derrière le désir viscéral qu’il ressentait. Une sensation qu’il n’avait jamais connue avant et qui l’envahissait tout entier maintenant. Il voulait assouvir ce désir. Il ne voulait pas se contenter de baisers fiévreux et passionnés, ils ne faisaient qu’appeler à plus. Il la voulait tout contre lui, proche, encore plus proche, il voulait lui arracher sa chemise retirer ses vêtements et lui faire connaître des sensations qu’elle n’avait jamais connues. Il était devenu complètement fou. Fini le presque jeune adulte de dix-sept ans raisonnable et droit, ne restait que l’adolescent de dix-sept ans gouverné par ses hormones.

Chacun des baisers qu’ils échangeaient les entraînaient un peu plus loin et il était hors de question pour eux d’eux de s’arrêter là. Noé sentait qu’Erin était réceptive à chacun de ses gestes et la sentir cambrée contre lui redoubla l’intensité qu’il mettait à l’embrasser. Il lui demanda quand même si elle voulait aller plus loin, car savoir qu’elle était consciente de ce vers quoi ils s’aventuraient et qu’elle était prête pour ça était crucial pour lui. Sentir ses doigts jouer avec ses boutons de chemise ne fit que le frustrer : il voulait ses mains sur son torse, ses lèvres sur ses abdos et surtout plus aucune chemise entre eux deux. « Tu peux pas savoir comment j’en ai envie », lui souffla-t-il donc. Mais il comptait bien le lui montrer.

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La colère qu’exprimait Erin était nouvelle pour Noé. Il ne l’avait jamais vue aussi énervée, contre personne et il se fit la désagréable remarque qu’il était le seul à l’origine de cette colère. D’autant qu’elle avait paru s’apaiser à un moment mais qu’elle éclatait de nouveau. Il avait encore prononcé les mots qu’il ne fallait pas et il devait se contenter d’encaisser cette nouvelle tempête. Il ne comprenait pas réellement ce qui l’énervait tant dans l’idée qu’il trouvait ça bien que des types comme Bartley (car Ted n’avait pas été qu’un leurre, il l’avait bien compris), gentils, beaux et sympathiques lui montrent de l’intérêt, que c’était de ce genre de mecs qu’elle avait besoin dans sa vie, ce genre de gens biens qu’elle méritait il a un problème avec ce terme et non d’un abruti aveugle comme lui qui la rendait folle de rage tous les six mois. « Bouché, obtus, aveugle, oui, je crois que ça me correspond bien », releva-t-il avec humour afin d’alléger l’ambiance du moment et tenter d’apaiser la tension qui régnait entre elle et lui. Il y avait de l’électricité en l’air et cela ne signifiait jamais rien de très bon ou au contraire quelque chose de trop bon. Sans doute il y avait-il une part de frustration accumulée depuis le mois dernier, mais Noé n’en avait pas conscience, en tout cas pas de celle d’Erin, et à peine de la sienne le déni est revenu en force.

« Je crois que j’ai déjà bien trop abusé de ta patience », souligna-t-il avec toujours cette pointe d’amertume dans la voix. Pour autant, et ce depuis le début de la conversation, son visage ne reflétait pas la moindre trace d’émotion, hormis lors de l’aveu de la mascarade qu’avait réellement était le couple d’Erin et de Ted et j’ai failli écrire Tempérance. On nous aurait menti ? Il avait toujours trouvé une grande utilité à son sang-froid impeccable, même s’il se serait volontiers passé d’une occasion pareille où il semblait que rien, même la fureur dont faisait preuve Erin ne pouvait le troubler. Enfin rien...Peut-être pas rien en fait.

Il avait longtemps vu Erin comme une amie, la plus proche de toutes, et par conséquent, de son côté, il n’y avait eu aucune ambiguïté à aucun des gestes tendres qu’il avait pu avoir à son égard -bien que n’étant pas très tactile en dehors de ses sœurs, il n’y en avait pas eu tant que ça. Leur smack n’avait pas eu d’effet sur lui, il n’avait rien ressenti, outre le vague énervement face à son non consentement. Aussi ne s’était-il certainement pas préparé, en dépit de l’agitation intérieure qui le traversait depuis leur dernière conversation, à la façon dont leurs baisers l’atteignirent profondément. Intensément. Il avait vaguement pensé que la passion, ce n’était pas pour lui, et qu’il n’était pas tout à fait capable d’en susciter chez quelqu’un d’autre. Pourtant, tout ce qui se dégageait de leurs embrassades et de leurs caresses enfiévrées, ce n’était que de la pure passion. Est-ce qu’elle les conduirai à leur perte ? Très certainement mais à ce moment précis, Noé s’en fichait bien.

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Noé jugeait-il les garçons qui pouvaient s’intéresser à Erin ? Il était vigilant à ses fréquentations, attentif à ce qu’elle ne tombe pas dans les filets d’un dragueur qui ne ferait que lui briser le coeur -et Noé s’y connaissait en Don Juan, ses deux meilleurs amis affichaient l’ambition d’en devenir depuis le début de leur adolescence. Il était plus vigilant encore connaissant la dépression d’Erin et sachant tout le mal que lui, son premier amour, avait pu lui infliger. Mais juger et s’en mêler ? Il n’était pas comme ça. Pas comme Leopold, ultra protecteur, à la limite de se montrer possessif avec les filles qui lui étaient proches. Il ne l’avait jamais été avec ses sœurs alors pourquoi le serait-il avec Erin ? Car c’est un autre type de possessivité. « Ecoutes je te dirais plus rien maintenant ok ? Tu peux te taper qui tu veux, t’es assez grande pour savoir si c’est bien pour toi ou non. » Il souffla, exaspéré sans comprendre réellement pourquoi. N’empêche qu’il n’en démordait pas : même si ça lui remuait le cœur, le lui retournait si bien qu’il n’arrivait pas à analyser ce qu’il ressentait, il était satisfait qu’elle ait choisi un gars bien comme Bartley qui ne risquait pas de lui faire du mal tellement il était parfait. Sérieusement, l’ancien préfet en chef ne devait certainement jamais avoir commis d’erreur de toute sa vie, et ne devait probablement pas traîner des regrets depuis plus d’un an. Certainement pas vu qu’il agissait au bon moment, lui. Noé enfonça ses ongles dans sa paume. Il se refusait à repenser à toute cette histoire, cela ne servait à rien si ce n’et à ressasser ses doutes. Il avait promis d’arrêter de songer au passé, aussi bien pour son bien que pour celui d’Erin et ce n’était pas parce qu’il ressentait une tension comparable à celle de leur dernière discussion devant la cheminée qu’il devait envoyer valser tous ses serments.

Noé ne répondit rien au sarcasme d’Erin. Un instant il avait l’impression que la colère de la Vipère s’apaisait et un instant il semblait qu’elle éclatait de nouveau et s’il comprenait en partie la raison de sa rage, il sentait néanmoins que quelque chose lui échappait. Il ne savait juste pas quoi. Cette rage finit par trouver un exutoire, et il ne s’agissait clairement pas d’une solution que Noé avait envisagé. Il avait plutôt pensé qu’Erin finirait par le claquer puis tournerait les talons mais finalement...Il se demanda si elle avait déjà ressenti cette envie de l’embrasser la dernière fois que lui même l’avait éprouvé. Mais s’ils avaient été tous deux raisonnables cette fois là, cette partie là de leur personnalité semblait désormais s’être envolée.

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Essoufflé, il tenta de reprendre une respiration moins effrénée tout en maintenant le contact visuel avec elle. Il y lisait beaucoup de désir, le désir qui devait se refléter dans le sien très certainement, ainsi qu’un sentiment plus fort qu’il ne sut tout à fait identifier et qui le perturba. La colère avait laissé sa place à une autre émotion, plus dévastatrice encore. Il se laissa pourtant embrasser, encore et encore, loin d’être rassasié. Pourtant, cette brève interruption avait suffi à ce qu’il retrouve la raison. C’est donc difficilement qu’il finit par s’écarter d’elle. « Attends, on peut pas...on peut pas aller jusqu’au bout. J’ai...Je n’ai pas ce qu’il faut. » Il s’écarta d’elle et se concentra sur la vision de ses pans de chemise totalement froissés plutôt que sur Erin, le haut déshabillé, la chevelure désordonnée, le rouge à lèvre cerise partiellement effacé, le corps encore marqué de son passage, parce qu’il savait que s’il lui jetait ne serait-ce qu’un regard, il ne saurait s’arrêter cette fois. Alors il fallait qu’il redevienne le garçon sérieux et droit qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être et qu’il s’éloigne d’elle. Malgré tout, il ne cessait de se demander comment ils avaient pu en arriver là.

Noé haussa un sourcil face à la diatribe enflammée d’Erin. Il n’avait vraiment pas l’habitude de la voir aussi énervée, ni à ce qu’elle lui lance son ironie crue, et cruelle, à la tronche. Quelque part, après ce qu’il avait fait la veille, il se disait qu’il avait mérité toujours ce terme qu’elle l’enguirlande de cette manière et qu’elle lui dise toutes ses quatre vérités. Quelque part, il se disait que se taper un état vaseux et une grosse migraine le matin n’étaient pas assez par rapport à l'erreur qu’il avait commise en pleine nuit. Bien sûr, Candys lui avait remonté les bretelles mais sa sœur jumelle s’était aussi montrée gentille et coulante avec lui, alors qu’il savait qu’il ne méritait pas qu’on l’épargne. La colère d’Erin était totalement justifiée, même s’il avait du mal à comprendre pourquoi  exactement elle était aussi énervée. Il y avait autre chose que la simple volonté de défendre sa meilleure amie. « Je...Je ne cherchais pas à dire que tu avais besoin de mon autorisation. Ce n’est pas le cas. » Il fronça les sourcils, agacé. Alors qu’ils s’étaient toujours très bien compris plus jeunes, il avait la nette impression que tout s’était désormais déréglé et qu’ils nourrissaient tous deux des incompréhensions qu’ils ne parvenaient pas à éclairer. Erin menait sa vie comme elle le voulait et fréquentait qui elle le voulait très crédible Noé, essaye encore, et il n’avait absolument rien à dire. Les relents de la jalousie l’agitait lorsqu’il pensait à Bartley, mais il lui en avait fait part une fois, il fallait qu’il arrête désormais. C’était comme s’il essayait à tout prix de gâcher son bonheur, alors que voir Erin heureuse le rendait, lui, heureux.

Rien n’aurait pu faire soupçonner, en tout cas à ses yeux, que leur conversation houleuse se transforme en échanges enfiévrés et en coups de langue dans tous les sens. Rien, enfin c’était ce que Noé pensait. Il n’aurait certainement pas imaginé que moins de douze heures après avoir embrassé Tempérance dans le couloir bordant sa salle commune qu’il s’agripperait à Erin et qu’il l’embrasserait comme si sa vie en dépendait on rappelle que ce sont les deux meilleures amies de sa sœur jumelle, bien joué Nono. Il s’était déjà interrogé sur la nature et la provenance de ce désir violent, passionnel, pour Erin la dernière fois qu’il avait eu envie de poser ses lèvres sur les siennes mais n’avait pas trouvé de réponse.

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Noé ne savait pas à quelle réaction s’attendre de la part d’Erin. Il l’imaginait aussi frustrée que lui mais voir de nouveau la flamme de la colère illuminer ses traits le troubla. De nouveau, elle jura, comme au début de leur conversation et il resta là, les bras ballants pendant de part et d’autre de la chemise qu’elle avait déboutonnée. Il resta là, tel le parfait idiot qu’il était. « Je vois pas pourquoi je me trimballerais avec un préservatif, je suis célibataire et c’est pas comme si... » Comme s’il avait prévu de coucher avec qui que ce soit cette année après Dahlia. Certainement pas avec Erin, qui était en couple et avec qui c’était déjà compliqué avant qu’il ne déconne complet. Il s’avança de quelques pas pour aider la jeune femme à boutonner sa chemise mais elle finit par y arriver et il supposa que c’était mieux de garder une distance entre eux. « C’est mieux comme ça Erin. C’est mieux qu’on s’arrête là », affirma-t-il d’une voix qui se voulait ferme. Il ne pouvait pas penser qu’un tel moment pouvait se reproduire et pourtant… Ça ne pouvait pas, ne devait pas, se reproduire.

Il acquiesça doucement lorsqu’elle lui signifia qu’elle partait la première, ouvrit la bouche pour dire quelque chose -n’importe quoi- puis la referma et se contenta de la regarder partir. Il laissa ensuite s’échapper un soupir et boutonna sa chemise en tentant de retrouver un semblant de calme intérieur. Il remis son pull et réarrangea ses chevaux d’un coup de baguette. Tranquillement, il sortit à son tour de la salle et retrouva, comme s’ils avaient su magiquement que la dispute était finie, ses amis qui le tannèrent évidemment pour savoir ce qu’il s’était passé. Noé se contenta de lâcher qu’Erin l’avait engueulé et qu’il ne voulait pas en parler. Voyons son air, les garçons le laissèrent tranquille. Enfin, pour le moment.

Topic terminé