Joaquín Kostas n'était peut-être pas réputé pour ses résultats scolaires prestigieux, ni pour son érudition notoire, mais on devait lui reconnaitre un talent dans un certain domaine. En effet, depuis qu'il était rentré à Poudlard, le garçon se targuait d'occuper officiellement le titre de pire cauchemar de Rusard et en plus, ça rime : il n'était pas peu fier d'être reconnu à sa juste valeur, et il suffisait d'observer les nombreux élèves qui venaient requérir son aide pour organiser une quelconque farce dans le château pour voir qu'il "pesait dans le game", comme il le disait si bien, sans compter son commerce secret qui portait ses fruits - par fruits, on entend bien sûr un max d'oseille. Tous ces agissements laissaient penser que, aussi bizarre que cela puisse paraître, Quino avait quelque chose dans le ciboulot. Loin de lui l'idée d'investir ce semblant d'intelligence dans les matières enseignées à Poudlard, il s'imaginait déjà postuler au magasin de farces et attrapes des Weasley à sa sortie de Poudlard. Autant se diriger vers un emploi qui l'intéressait.
Bien sûr, Quino n'était pas le seul à foutre le bazar dans le château. Il y avait effectivement de nombreux élèves dans les plus jeunes années qui essayaient de suivre ses traces mais s'il y avait bien quelqu'un qui excellait dans cet art, voire qui dépassait le gréco-argentin à ce niveau-là, c'était sa meilleure amie, Prudence. Le cinquième année n'avait jamais caché son admiration à son égard, et il avait toujours été reconnaissant de sembler assez méritant aux yeux de la blonde pour trainer à ses côtés. Bien sûr, on ne pouvait pas nier le lien fort qui s'était formé entre eux avec le temps, mais le jeune sorcier s'était longtemps considéré comme un fan qui aspirait à égaler son idole. C'est donc en toute logique qu'en cette belle journée d'avril, il était allé solliciter son amie de Poufsouffle. Il avait un plan en tête et elle était la seule à pouvoir l'aider Astérix, le sort de toute l'Égypte est entre tes mains.
Quino avait donc donné rendez-vous à Prudence dans la salle des trophées, afin de procéder à la phase numéro un de sa stratégie pour saboter les retenues, auxquelles il était un fidèle abonné, ce qui n'était pas forcément une bonne chose. Les heures de colles lui prenaient un temps fou, et ce temps ne pouvait être utilisé à des fins plus profitables. Kate pouvait en témoigner : avoir un copain puni la moitié du temps, ça n'avait rien de fun. Quoi qu'il en soit, il était persuadé que Prue serait favorable à sa stratégie minutieusement élaborée. Lorsqu'elle le rejoint, il la salua comme il se doit. « Wesh Prue ! » Ravi de la voir, il n'avait cependant pas de temps à perdre. Il était temps de lui exposer ses idées. « J'ai ptet' trouvé un stratagème - t'as vu comme j'utilise des mots compliqués, ça t'impressionne ? - pour la faire à l'envers à Rusard : chaque fois que j'me tape des heures de colle, c'est les mêmes conneries à chaque fois : asticoter les trophées, déterrer des plantes chelous, manipuler des créatures dégueu dans les cachots, et j'en passe. Jean… Passe, c'est un mec de Gryffondor… » incapable de rester sérieux plus de deux minutes consécutives, le garçon se mit à pouffer en entendant sa propre blague qu'il venait d'improviser. Mais quel talent ! Une fois son souffle retrouvé, il reprit « Bref ! Je me suis dit qu'on pouvait facilement saboter certaines de ces retenues, en commençant par ici, la salle des trophées. » D'un geste habile, Quino se débarrassa de son sac à dos, qu'il ouvrit pour en sortir un gros grimoire qu'il laissa tomber lourdement devant lui et la poussière accumulée à la fois sur le livre et sur le sol ne se fit pas prier pour l'asphyxier sans exagérer. Il se mit à tousser, pestant contre sa maladresse inégalable. « Pfeu ! Voilà pourquoi les livres sont mauvais pour la santé ! » assura-t-il, avant de finalement l'ouvrir, sans délicatesse aucune, à une page qu'il avait marquée précédemment. Il pointa son doigt sur la description d'un sortilège étranger. « Regarde, là ! Apparemment, il existe un sortilège égyptien qui permet de faire en sorte qu'un objet soit nickel et de façon permanente. Comme ça, Rusard pourra plus me forcer à nettoyer ces foutus trophées à la main, vu qu'ils seront déjà tout propres ! » expliqua-t-il à sa meilleure amie. « Qu'est-ce que t'en penses ? Sinon, j'avais pensé à un maléfice qui rend tous les trophées visqueux, et du coup, impossibles à prendre en main… » Sans aucun doute, Prudence saurait l'aiguiller sur ses idées un peu fouillis. Une fois qu'ils en auraient terminé avec les joyaux, ils pourraient se mettre en route pour les serres pour la seconde étape de l'"Opération Sabotage".
Un an auparavant, Prudence était à son apogée. Elle semblait même sur le point d’accomplir l’ambition de toute une vie : être davantage convoquée dans le bureau de McGonagall que les jumeaux Weasley et les Maraudeurs réunis. Mais la réalité l’avait rattrapée, et s’était chargée de réduire en miettes ses rêves de gloire.
Elle était d’abord apparue sous la forme d’une beuglante, qui avait explosé au beau milieu du petit-déjeuner, au tout début du troisième trimestre. La voix de sa mère, horriblement amplifiée par la magie, avait vitupéré à travers toute la Grande Salle, exposant aux oreilles de l’ensemble de l’école les piteux résultats de sa fille. Evidemment, Prudence avait haussé les épaules avec désinvolture, répétant à l’envi qu’Elanor était « totalement cinglée, j’te jure, cette fois, elle a carrément explosé tous les compteurs de la folie, va falloir la faire interner, wesh ! », mais l’événement, profondément humiliant, était tout de même parvenu à ébranler son orgueil.
Un deuxième coup lui avait été porté quelques semaines plus tard quand, au détour d’un – énième - entretien avec sa directrice de maison, véritable concerto en la mineur pour violons larmoyants et enseignante dépassée, un « franchement, Faraday, il y a des jours où je me demande ce que vous faites à Poufsouffle ! » avait claqué dans l’air. Prudence en était restée pantoise. On pouvait lui reprocher tout ce qu’on voulait, depuis sa passion pour les blagues éculées jusqu’à son manque de respect pour l’hygiène dentaire le corps professoral, mais pas d’être une Poufsouffle de pacotille. La remarque, lancée d’un ton excédé, avait heurté la jeune fille. Elle était si attachée à sa maison, si fière, également, d’être la première de sa famille à ne pas être envoyée à Gryffondor (« Je trace mon propre chemin ! », aimait-elle se dire), qu’elle avait très mal vécu les doutes de Montgomery-Bones. Pour une fois, même Alan (surtout Alan ?) n’avait rien su de la teneur exacte de leur conversation.
Mais l’ultime attaque, celle qui était venue définitivement bouleverser ses habitudes de « foutue délinquante » (version Rusard) ou de « dilettante impénitente » (version Susan), avait pris la voix d’une simple rumeur, dont la désagréable petite musique était parvenue jusqu’à ses oreilles, dès les premiers jours de Septembre. Apparemment, certains de ses camarades doutaient de ses capacités intellectuelles. En fait, ils semblaient même considérer que ses mauvaises notes relevaient moins d’un manque de travail que d’un cerveau défaillant. Cette fois, Prudence avait été piquée au vif et, si elle était d’ores et déjà revenue à Poudlard avec l’intention de fournir quelques efforts pour ses BUSE, le rôle de parfaite idiote qu’on semblait vouloir lui faire endosser renforça sa détermination. Elle ne serait plus le cancre de la classe. En fait, elle avait, à présent, le projeeeeeeeeet d’obtenir ses BUSE dans l’ensemble des disciplines. Même les potions. Même la métamorphose. Pour faire mentir la rumeur, Prudence avait commencé à tripoter des matières répugnantes (« Foie de crapaud ? J’adore ! ») et à prendre ses propres notes de cours (« Cher Alan, tu es renvoyé : je n’ai plus besoin d’un secrétaire personnel. »).
Sa pugnacité avait payé : à deux mois à peine des examens, elle était relativement confiante quant à ses chances de succès. Néanmoins, la satisfaction du travail bien fait ne parvenait pas à compenser la fin des escapades nocturnes, et n’était rien, en comparaison du bonheur espiègle que seule pouvait procurer une réplique à l’insolence savamment dosée. Prudence avait beaucoup moins ri, cette année. Elle avait beaucoup moins fait rire, aussi. En fait, elle redoutait, si elle n’y prenait garde, de se transformer en une espèce d’ersatz de Dahlia, autrement dit, une fille rasoir au possible, dont la plus grande joie dans l’existence consistait sans doute à ranger son sac de cours. Bonjour l’angoisse.
Elle n’avait donc pas hésité un instant à répondre à l’appel de Quino, qui, contrairement à elle, était resté fidèle à ses objectifs : semer le chaos dans tout le château et profiter à plein de chaque minute passée à Poudlard. On ne s’ennuyait jamais, avec Quino, et Prue était d’autant plus heureuse de le retrouver, ce jour-là, qu’elle ne l’avait, pour ainsi dire, quasiment pas vu au cours des semaines écoulées : entre les révisions, qui accaparaient une grande partie de son temps libre, les retenues que Quino enchaînait avec une constance admirable, et son dévouement pour sa petite-amie (une grognasse de Serpentard, pour ce que Prudence en savait, aussi insipide qu’une Dahlia dépressive : ce que Quino lui trouvait relevait, aux yeux de la jeune sorcière, du mystère), elle ne pouvait guère plus compter que sur les entraînements de Quidditch pour discuter avec son ami (comme elle regrettait l’époque bénie où elle bavardait sans vergogne pendant les heures de cours ! « Viens, on va dans le fond, et on critique tout le monde. Alan nous passera ses notes. »).
Le Poufsouffle l’attendait déjà, lorsqu’elle pénétra dans la salle des Trophées, intriguée que Quino eût choisi, de toutes les pièces de Poudlard, de lui donner rendez-vous dans celle-ci en particulier. Ils y avaient, l’un comme l’autre, passé beaucoup trop de temps en retenue, sous la surveillance d’un Rusard en grande forme (« Sales petits vauriens, z’appelez ça astiqué ? Je vois vos dégoûtantes traces de doigts d’ici. Recommencez tout. Avec une brosse-à-dents, cette fois. »), pour que le lieu évoque autre chose, dans l’esprit de Prudence, que l’odeur entêtante de l’encaustique et les coudes courbaturés. - Tu nous fais un p’tit syndrome de Stockholm ? S’inquiéta-t-elle, en rejoignant le sorcier. ça y est, tu te sens chez toi ici ? Tu veux qu’on t’installe un matelas dans un coin ? Personnellement, j’te verrais bien sous le trophée du plus grand comique de Poudlard, mais j’ai pas l’impression qu’il existe. Un vrai scandale. Commenta-t-elle encore, en haussant les sourcils, l’air faussement consterné.
Les explications de Quino vinrent rapidement éclairer Prue. Ouf ! Son ami n’avait pas viré zinzin nostalgique (« Aaaah, tu te souviens, Prue-Prue, quand on était collé ensemble ? Chacun avec son petit chiffon et sa brosse à polir... C’était la belle époque ! »). La rousse contrariée blondinette laissa échapper un petit rire sardonique : s’il s’agissait de jouer un vilain tour au concierge, elle était prête à tout. Elle sourit largement à son ami, et se laissa tomber à même le sol, sans se soucier de la poussière. - Où t’as emprunté ça ? T’as dévalisé la bibliothèque pendant que Pince engueulait des première année qui osaient chuchoter, ou quoi ? Elle lorgna les épaisses pages du grimoire d’un œil perplexe. Quino savait-il seulement où était la bibliothèque ? Prue ne se souvenait pas l’y avoir souvent vu, en cinq ans.
- Clair qu’il ne se renouvelle pas beaucoup, question punition. Pourtant, vu sa vie sociale inexistante, on pourrait croire qu’il aurait du temps pour innover… Reprit-elle. Mais bon, à part se plaindre sur la suppression des châtiments corporels, il ne sait pas faire grand-chose… Dans une imitation fort louable du ton geignard du vieux cracmol, elle se mit alors à jacasser : J’astique mes chaînes trois fois par jour… Une bonne pendaison par les pieds pour vous apprendre à vivre… Mon fouet n’attend qu’une chose : reprendre du service… Cent coups matin et soir, ça force l’obéissance… Direction laxiste… Et gnagna, et gnagnagna… Complètement taré, ce pauvre gars, moi j’te l’dis… Conclut-elle, en retrouvant sa voix habituelle.
Elle roula des yeux et se pencha sur le sortilège que lui montrait Quino. - Ah ouais, pas mal ! S’enthousiasma-t-elle. Mais ça risque pas de l’arranger, finalement ? Il adore les trophées propres, j’te rappelle. Limite il serait capable de nous décerner une médaille si tout brille. Mais j’aime assez l’idée de tout rendre dégueu… La jeune fille releva la tête, et promena un œil rêveur sur les coupes et les médailles qui les entouraient. - On pourrait aussi essayer de les faire disparaître… ça le rendrait fou de rage, vu comme il y tient, à ces machins. Ou alors on les réduit à un format microscopique, genre dinette de fillette ? Une idée encore meilleure lui traversa soudain l’esprit. Sinon on fait tout à la fois. Des visqueux, des luisants, des manquants et des riquiquis… De quoi lui faire perdre les pédales ! Avec un peu de chance, l'attaque nerveuse qui suivrait les débarrasserait de l'affreux bonhomme jusqu'aux vacances !
Ξ Sujet: Re: Opération Sabotage [PV] Jeu 11 Mar - 23:16
Si le golden trio de Poufsouffle était certes, uni, on ne pouvait pas dire que leurs centres d'intérêt convergeaient toujours. Il fut un temps où Prudence et Quino faisaient les quatre-cents coups ensemble sans arrêt dans le château pendant que leur capitaine trainait des pieds derrière eux, radotant sur le fait que les études, c'était important, et bla bla bla (Quino décrochait en général à partir du mot "études"). Hélas, il semblait que, dernièrement, la blonde avait plutôt tendance à approuver les discours moralisateurs d'Alan plutôt que la bêtise de son ami gréco-argentin. Toutefois, quand il la vit arriver à leur lieu de rendez-vous ce jour-là, ce dernier en oublia toutes ses inquiétudes « T'as vu l'effet que tu me fais Prue ?! ». Un grand sourire s'étala sur ses lèvres : il était ravi de voir qu'Alan n'avait pas réussi à faire basculer Prudence du côté obscur. En plus de ça, elle ne s'était pas départie de son humour avec le temps, et ça, ça faisait plaisir. Le cinquième année accueillit la plaisanterie avec un rire sincère, puis ses yeux s'emplirent d'étoiles quand la jeune fille lui offrit le meilleur compliment qui soit sortez les bougies ou les violons, je sais plus trop ce qu'on utilise dans ce cas-là. « Alors toi, t'es bien la best, y'a pas photo ! » Puis, histoire de rentrer dans son jeu, il ajouta « Ouais, tu m'as démasqué. En fait, j'en peux plus de l'odeur de pieds de mes camarades de dortoir alors je fais le tour des pièces du château pour voir où je pourrais monter un campement. » Après tout, qui perdait son temps dans la salle des trophées ? ben Rusard, justement, et c'est ça le problème.
Puis, Joaquín exposa ses idées à sa fidèle acolyte après avoir sorti un vieux grimoire, qu'il désigna alors du doigt. « Oh, ça ? Je l'ai volé à une vieille dame qui courait pas vite. » Prue devait certainement être au courant après autant de temps à ses côtés : avec Quino, c'était blague sur blague sur blague. Une fois lancé, difficile de l'arrêter. En réalité, la simple hypothèse que le jaune et noir ait pu franchir les portes de la bibliothèque pour dénicher ce fossile avait de quoi en étonner plus d'un. Inutile de s'attarder sur les horribles minutes qu'il avait dû passer dans cet endroit si… silencieux.
Quino acquiesça ensuite énergiquement face aux déclarations de sa coéquipière, puis son imitation du concierge eut le don de le faire rire à nouveau. « Dios mio ! Si je ferme les yeux, j'ai vraiment l'impression que c'est ce vieux schnoc qui parle ! » assura-t-il, histoire de bien faire comprendre à son amie le talent qu'elle gardait enfoui au fond d'elle. « T'as oublié toutes les "supposées" Il imita le signe des guillemets avec ses doigts. menaces que les élèves profèrent à l'encontre de sa chatte ! » Puis, « Merde, dis comme ça, c'est dégueu ! » pouffa-t-il alors, car même s'il était loin d'être un chaud lapin, il restait un adolescent de seize ans un poil immature.
Finalement, les deux étudiants commencèrent à cogiter sur les meilleures méthodes pour mener la vie dure à Rusard. Agenouillé par terre, le jeune sorcier posa un doigt sur son menton, dans la posture universelle qu'ont les gens pour réfléchir c'est faux. « Mmh, t'as ptet' raison… Il serait capable de nous faire astiquer les trophées même s'ils sont res-plen-di-ssants… » Il écouta attentivement les solutions proposées par sa meilleure amie, émerveillé par tant d'imagination. « Mais oui ! P'tain t'es trop forte. J'pense qu'une flopée de trophées différents lui fera perdre la boule ! » s'enthousiasma-t-il, à la limite de serrer Prue dans ses bras. Déterminé, il se releva et sortit sa baguette « Avada Kedavra ! » Bam, fin du rp, direction Azkaban pour mineurs. « On se divise la tâche ? Le sortilège de réduction, ça va, je maîtrise, et je peux aussi tenter le nouveau sort du grimoire… Tu t'occupes d'en dégueulasser certains et d'en faire disparaître d'autres ? » demanda-t-il avec un grand sourire, les poings serrés posés sur les hanches. Avec l'aide de Prudence, son opération avait de fortes de chances d'être rapidement pliée !