Tony se laissa balancer sur son postérieur, sourire aux lèvres, et son épaule vint doucement s’appuyer sur celle de Fiona, avant qu’il ne reprenne sa position normale : parallèle à son amie et perpendiculaire au sol. Évidemment que la bleue ne se permettrait pas de dire qu’il était inintéressant. Personne ne se le permettrait, par ailleurs. On ne voulait pas tomber du mauvais côté de O’Donnell. Quant à la question des vacances en Suède, ils semblaient tous deux d’accord que c’était aussi près d’arrivée que de voir Hudson et Bishop se tisser des bracelets d’amitié et se les échanger pour sceller une amitié fictive.
« Non, mais… D’toute façon, mes vacances d’rêve impliquent pas Graham et Zack, surtout pas ensemble. » Bon. À dire vrai, elles pourraient être avec Isaac, à la condition que celui-ci lui promette de ne pas l’embêter avec des trucs scolaires. Et qu’il tienne sa promesse, évidemment! De toute manière, on était bien loin de la relation évoquée par la serdaigle entre Tony et ses geôliers métaphoriques, et encore bien plus loin de trouver une solution à leur agaçant problème. La patience était certainement leur meilleure alliée pour venir à bout des dissensions entre les deux rouges, mais le problème résidait là : ça avait été une qualité qu’on lui avait distribuée avec retenue, et il était justement descendu au parc parce qu’elle était entièrement brûlée.
Tony lança un regard de merlan frit à Fiona. S’attendait-elle à ce qu’il justifie pourquoi le corps professoral trouverait son idée amorale? Déjà, de base il fallait assumé que ses idées enfreignaient les règles. En ce qui concernait la moralité, il devait bien avouer qu’il avait lancé cela un peu au hasard, comme ça. Ça n’était définitivement pas son domaine d’expertise. Enfin, Tony n’était pas sociopathe non plus. Il avait effectivement une limite, et elle ne flirtait pas avec le meurtre, l’enlèvement d’enfants ou d’autres atrocités de la tempe de Magicis Sacra. Juste, il n’était pas très doué dans les nuances de gris. Ni en moralité ni en autre chose, d’ailleurs. Heureusement que Poudlard ne dispensait pas de cours de philosophie dont la réussite était obligatoire pour obtenir son diplôme!
Le batteur hocha de la tête doucement. Fiona n’avait pas tort. Ils planifiaient leur offrir un nouveau point de vue, sans utiliser la force. C’était pourtant un argument qui fonctionnait généralement bien, mais avait tendance à ne pas persister dans le temps.
L’air mutin, le joueur de quidditch haussa les épaules d’un mouvement nonchalant. C’était presque à se demandé si il ne jouait pas même le jeu de se ficher de savoir pourquoi. Presque. Il était évident qu’il connaissait très bien la raison de la méfiance de certains profs à son égard, et qu’il s’en battait plus que les cognards.
« Les trolls des tourelles ont envahi jusqu’à votre salle co ? » hoqueta Tony entre deux éclats de rire. L’image d’un troll à bretelles, lunettes sur le groin et cravate bleue au cou, était tout simplement trop hilarante. Évidemment, cette image du serdaigle type dépeint comme le nerd de base était presque aussi cliché qu’insultante, et ne correspondait pas à la réalité. Tony le savait, bien évidemment, mais son imagination avait choisi ce moment précis pour lui imposer sournoisement cette rigolote image.
Les tentatives humoristiques de Tony ne semblaient toutefois pas suffire à rassurer, ou apaiser, la blonde, et l’irlandais retrouva sa version d’une contenance sérieuse, un sourire en coin aux lèvres alors qu’il l’écoutait, et étirait sa main pour la poser sur le genou de l’étudiante, le temps d’une phrase.
« T’inquiète, j’ai mille autres projets avant la prom’nade de santé. Y compris la salle de bains des préfets, et surpasser Zack dans un cours. »
Tony n’était pas certain si son geste avait troublé Fiona, alors qu’elle attrapait sa tablette. Il se voulait amical, mais aurait pu sembler intrusif. L’annonce de la blonde fit tressauter la mâchoire de Tony, mais il parvint à garder le sourire. Vanellope était coole, ce n’était pas là le problème, mais plutôt un réflexe au mot devoir. Il devait tout de même bien avouer que l’idée était bonne. Il serait en bonne compagnie, et pourrait honnêtement répondre pour un fois à son cochambreur qu’il avait bien avancé dans ses études.
Et même si il gardait un sourire apparent, il ne fallait ni être legilimens, ni même croiser le regard de Tony pour deviner si cela lui disait, ou non. Sauf qu’on ne devenait pas une star de quidditch sans un peu de résilience et de sacrifices. Maintenant était un aussi bon moment qu’un autre pour en faire preuve.
« C’est pas une mauvaise idée. Et pis comme ça, V m’aura à l’oeil, ça lui f’ra ça d’moins pour s’inquiéter. »
C’était une blague, réellement. Les bêtises de Tony et de Lola étaient généralement de la responsabilité de P’tit Biscuit, ce qui n’aidait pas forcément à leur relation.