La tête dans les étoiles [PV]

La tête dans les étoiles

Joséphine & Esther

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Assise comme à son habitude à côté de Tempérance, Joséphine avait la tête dans les étoiles.
Littéralement en fait : le cours d'astronomie était sur le point de se terminer et le professeur Sinistra donnait les devoirs à faire pour le prochain cours. La Française avait décroché : voilà quelques secondes qu'elle s'était laissée perdre dans l'immensité du ciel scintillant de cette belle nuit d'ébène printanière. A s'écouter, elle aurait bien continué l'exercice une bonne heure durant, en fait... Que le ciel était magique, parfois...
Hélas, beaucoup de travail personnel attendait la sorcière après le cours et il n'était pas question de procrastiner. Elle nota les devoirs du professeur d'astronomie et constata avec un plaisir teinté d'appréhension – aurait-elle la force de tenir ? - que celui de la semaine prochaine devrait se faire dans un ciel sans lune.
Ce qui était aussi le cas de ce soir, en fait...
Et si, pour gagner un temps considérable (monter les 3810 marches qui donnaient de la salle commune de Poufsouffle à la plus haute tour de l'école, remettre son cerveau en mode 'étoile' après – par exemple – un devoir astringent de potions, etc...), elle le faisait tout de suite ?
Voilà une idée originale !
Une idée très pratique, certes, mais une idée qui allait la faire coucher à pas d'heure, surtout. Il était déjà très tard – les joies du cours d'astronomie du vendredi soir à minuit – et rester faire le devoir, la ferait coucher plus tard encore. Qu'aurait-elle fait si elle était rentrée dans la salle commune, de toute manière ? Il lui restait une partie du devoir de métamorphoses à terminer, ainsi qu'un exposé de potions et un d'Histoire de la magie. En clair : on l'aurait vue prostrée sur la table d'étude de la salle commune jusqu'à 3h du matin - au bas mot - grattant du papier à n'en plus finir, pestant à chaque tâche d'encre qu'elle devrait magiquement retirer et l'invention de la plume qui ne tâche pas, on en parle ?. Le vendredi soir, Jo' travaillait plus encore que les autres jours de la semaine, gardant sa 'vraie' nuit de sommeil, pour quand elle avait le temps.
Depuis 15 jours, ça n'avait pas encore été le cas, à vrai dire : elle n'arrivait pas encore à visualiser exactement quel jour serait plus propice à une nuit de 8 heures. Pour l'heure, ça lui paraissait carrément utopique, un peu comme une licorne dansant le foxtrot en jupe arc-en-ciel ou un professeur leur dire que les ASPICs se passaient en contrôle continu. « Je dormirai quand je serai morte ! »  répondait-elle aux amis qui s'inquiétaient pour elle, ce qui était, dans le fond, la plus sincère de ses réponses : elle n'avait actuellement pas de temps à perdre avec quelque chose d'aussi futile qu'une nuit remplie.

La sorcière avisa Temp' et Ted' qu'elle restait là pour faire le devoir de la semaine prochaine, tant que c'était frais, pendant que ses amis ainsi que toute la classe de Poufsouffle et de Serpentard quittaient la salle pour rejoindre leur lit. Cours commun oblige, les blaireaux partageaient ce cours là avec les serpents : très certainement une sombre histoire de peine partagée, si vous vouliez son avis. La direction avait dû se dire qu'en réunissant les deux classes les plus éloignées de la tour d'astronomie, une certaine solidarité se créeraient entre eux pendant le trajet du retour. Bien vu McGo, tu sais comment marche le copinage, toi !
Loin de partager autant de choses qu'elle le devrait avec les autres élèves des autres maisons – était-ce sa faute si ses amis étaient les personnes avec qui elle passait le plus de temps et qu'elle n'avait pas 150 amis non plus ? - Joséphine, elle, pouvait se targuer d'avoir au moins une bonne amie dans la maison des vert et argent. Et ce depuis son arrivée à Poudlard, d'ailleurs. Tournant la tête vers la salle de classe de Serpentard qui quittait  la pièce en dernier, elle posa ses yeux clairs sur Esther qui pivota en sa direction quand elle la vit toujours solidement arrimée à son télescope il est à moi, par pitié, ne m'en retirez pas la garde !. Pour toute explication – les deux amies n'avaient pas encore eu le temps de se parler aujourd'hui – la Française lui lança :

- Je reste pour faire le devoir tant que c'est frais. avec un sourire las qui signifiait clairement qu'elle aurait préféré partir sur une île déserte et oublier les ASPICs, ainsi que le monde sorcier au lit. Ce qui pouvait se comprendre, au fond : après une heure et demi de cours passés la tête dans les étoiles, elle ne serait jamais dans de meilleures conditions de travail que celles dans lesquelles elle était durant le cours.

Eriger une statue pour Esther si elle ne finissait pas KO ? A ce stade, plus d'un 7ème année la mériterait, cette statue. ça allait faire beaucoup dans le Grand Hall. - Faisons-ça.» Après moi, pensa t-elle, mais il aurait été incroyablement égoïste et prétentieux de le dire.

Elle ricana subrepticement quand Esther lui demanda s'il ne lui restait qu'Astronomie, comme devoir. La blague : avec toutes ses révisions qui n'en finissaient pas, elle commençait tous ses devoirs sans parvenir à les finir immédiatement. La faute à des programmes scolaires tant chargés qu'il aurait fallu une vie – et pas une année – pour tous les réviser.

- Tu parles... Les exposés de potions et d'Histoire et le devoir de Méta' m'attendent bien gentiment dans la salle commune. Elle haussa les épaules, lasse, éreintée d'avance à l'idée de trouver comment goupiller son emploi du temps du lendemain. Ils étaient samedi, et elle trouvait déjà à peine la place de caser ses révisions de DCFM et de Botanique parmi les devoirs que les professeurs leur avaient donné cette semaine. Et pourtant, il allait bien falloir. « Je fais celui-là, au moins je serai pénarde. » Ses yeux se fermèrent un court instant et sans attendre, elle sortit une Chocogrenouille de son sac : le chocolat était devenu sa nouvelle drogue, un savant mélange de plaisir et d'énergie qui l'aidait à tenir quand elle se sentait faiblir. Ce qui arrivait, elle devait bien le reconnaître, plus souvent qu'elle ne l'aurait souhaité. Il n'était à présent plus rare qu'elle se plaigne de tête qui tourne – sans pour autant s'en plaindre, justement – et de jambes chancelantes. Bien qu'elle fasse ses trois repas par jour - et même un peu plus avec les goûters qu'elle prenait le matin et le soir - Joséphine avait perdu un peu de poids ; Ses joues étaient plus creusées qu'à la rentrée et elle avait surtout le teint blafard qu'elle ne réservait qu'aux périodes de deuil oui j'aui un deuil par an, j'ai une grande famille et alors ?. Par chance, le maquillage cachait un peu tout ça trois tonnes de fond de teint, un peu de blush, d'highlighter et le tour était joué.

- T'as bien raison. Rien de vaut le BIC. Voilà bien longtemps que Joséphine avait opté pour le BIC pour ses notes : elle n'utilisait sa plume que pour les devoirs et les parchemins dont l'écriture devait paraître soignée. Pour le reste, elle privilégiait la praticité à la qualité. Même si pour le coup, elle avait une écriture relativement agréable à lire même avec un stylo moldu.

« Ça va toi ? Tu t'en sors avec les révisions ? » Jo avait tellement la tête dans le guidon qu'elle ne prêtait plus aucune attention à ce qui l'entourait. Ça voulait dire qu'elle ignorait complètement si ses amis – à moins qu'ils le lui disent – s'en sortaient en classe ou pas. Elle était bien incapable de penser à autre chose qu'à ses propres notes quand le professeur s'approchait d'elle avec un devoir. Elles s'était promis de tout faire pour n'avoir que des Optimaux à ses ASPICs : ça paraissait littéralement impossible, mais elle ferait tout pour y arriver ; Et si elle échouait, au moins, elle aurait donné le meilleur d'elle-même.

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- Je suis sûre qu'elle serait très fière de toi ! Et le pire dans l'histoire, c'était que c'était vrai.

Imaginer McGonagall devenir une fourmi avait quelque chose de très divertissant. Sans compter que la professeur de Métamorphoses, assurément, se pavanerait de fierté dans le château tant la perspective d'avoir été transformée en insecte par l'une de ses (brillantes) élèves la rendrait fière. Après, il allait de soit, l'avoir copieusement sanctionnée.

Après que la Poufsouffle eut évoqué ses devoirs restants, Esther lui proposa de lui donner un coup de main en potions ça fait bien deux ans que j'ai besoin d'aide en potions Esther, c'est TROP TARD. Jo se fit la réflexion que ça ne pourrait techniquement pas lui faire gagner du temps à moins que tu te proposes à me faire tous mes devoirs et à passer l'examen à ma place, bien sûr cependant, mieux maîtriser la matière était quelque chose qu'elle recherchait activement depuis la rentrée. Là aussi, elle visait les meilleurs résultats.
Sauf qu'à ce stade, jouer au Bingo avec une licorne était hypothétiquement plus probable et moins risqué.

- Je ne dis pas non. Le niveau de Jo en potions était connu de tous : une armada de renfort ne serait pas du luxe, en particulier une Serpentard, que le professeur – tout le monde le savait – pistonnait sans arrêt non je ne suis pas mauvaise.

La vert et argent tenta de trouver par qui l'addiction au chocolat était venue : comme si elle besoin de quelqu'un pour manger mal, tiens ! Esther avança le nom de Ted, leur ami commun, ainsi que celui de Lola. La Poufsouffle bugua un instant : elle était tant fatiguée qu'elle peinait à voir de qui la vipère parlait ? Elle avait une Lola dans son dortoir depuis 4 ans et elle ne s'en était jamais rendu compte ? C'était possible...

- Lola ? Non, je plaide coupable, je le suis depuis bien longtemps.  Confia t-elle avec un sourire. Jusqu'alors, sa perpétuelle obsession de paraître svelte (à défaut de faire du sport, elle devait bien faire attention à son alimentation, être un nerf ambulant ne résolvait pas tous les problèmes) l'avait obligée à être modérée sur le chocolat. Maintenant qu'elle avait un peu maigri, l'excuse était toute trouvée pour se baffrer sans scrupule. Et c'était bénéfique pour sa santé, de surcroit, que demandait le peuple ?

- J'ai ce qu'il faut. Répondit-elle en souriant à Esther, déclinant poliment sa proposition. Elle aurait été une piètre élève si elle n'avait pas eu de quoi dégainer à écrire en toutes circonstances ! Que ce soit BIC, plume ou stylo plume d'ailleurs : sa trousse de fortune abritait tout un tas d'objets désuets en tout genre Oh mon Dieu, regarde, un Tamagotchi !.

- La méta', je te l'accorde, c'est pas la plus simple. Joséphine avait la chance d'adorer cette matière : tout ce qui touchait de près ou de loin à une baguette la mettait en joie. Elle reconnaissait cependant qu'il ne fallait jamais se laisser distraire dans la classe de McGonagall, sous peine de finir perdu jusqu'à la fin de l'année. Mais rien qui ne vaille la matière de l'enfer, ceci dit. Esther avait très bien compris que la Poufsouffle parlait des potions. A ce jour, d'ailleurs, même la botanique lui paraissait aisée à côté de la manipulation des limaces tueuses et des cloportes carnivores. Rien n'était pire que les potions, et il allait être aisé d'obtenir un Optimal. Même en cravachant.

- Le jour où j'ai promis à mes parents de n'avoir que des Optimals à mes ASPICs, j'aurai mieux fait de me casser une jambe. Et c'était vrai.

La perspective d'imaginer une Minerva McGonagall pleine de contradictions ne surprenait pas tant que ça la Poufsouffle, bien au contraire. La directrice de Poudlard était un modèle d'équilibre et de pondération : elle ne voyait jamais ni blanc ni noir, mais était au contraire extrêmement juste en toutes circonstances , bien que sévère. Elle était ainsi capable de récompenser un élève pour une réussite, tout en le sanctionnant par la suite pour l'avoir exécuté faisant fit du règlement. Ainsi, voir l'exmais toujours un petit peu-directrice des lions sanctionner Esther pour un sort lancé à quelqu'un, tout en ajoutant des points à sa maison pour l'avoir correctement exécuté, était certes risible, mais très possible.

- Oui, c'est trop son genre. Lança la jaune et noir tout en se commençant à griffonner sur son parchemin, un sourire aux lèvres. Papoter oui, mais tout en travaillant, par pitié : elle n'avait pas le loisir de se coucher à toutes les heures ! Esther, le soleil se lève, on est en retard.

La Française releva cependant brusquement la tête quand la vipère lui proposa son aide en potions le lendemain : très sincèrement, rien n'aurait pu la sauver plus. Elle cravachait dans toutes la matières et si son travail portait ses fruits (heureusement d'ailleurs), elle en voyait très nettement deux où il allait être ardu d'arriver à l'Effort Exceptionnel. Et elle ne parlait même pas de l'Optimal, qui était limite une chimère quand on passait sa scolarité à Piètre.

- Oh, oui ! Tu pourrais ? Lança t-elle, les yeux plein de reconnaissance. On l'avait déjà aidée en potions, mais face à ses crises de nerfs et ses sauts de 5m de haut, plus d'un avait renoncé à l'aider. C'était viscéral chez elle : la perspective de toucher ses créatures répugnantes la tétanisait complètement. Seule la perspective d'échouer à ses ASPICs lui avait donné le courage de changer en 7ème année, autrement, depuis, rien n'avait fonctionné.

La Poufsouffle se remit ensuite au travail : les deux sorcières mesuraient l'ampleur de l'enjeu de leur 7ème année et Jo savait qu'Esther – qui ne se destinait pas à une carrière au Ministère, contrairement à elle – ne prenait également pas sa réussite à la légère. Elle avait envie – comme tout 7ème année qui se respecte, imaginait Jo – de donner le meilleur d'elle-même et de réussir.

Quand la Française apprit à la verte et argent qu'elle avait promis à ses parents des Optimaux dans toutes les matières, la vipère sembla surprise.

- Tu crois que je me suis avancée trop vite ? Interrogea la rouquine, inquiète d'avoir fait une promesse qu'elle ne pourrait pas tenir. Il fallait dire que l'adolescente n'était pas à Poufsouffle pour rien : elle était immensément persuadée qu'avec un travail acharné, on arrivait à bout de tout. Et par chance, cette année, elle ne comptait pas s'écouter et donner le meilleur d'elle-même. Hélas, si sa volonté était sans limite, ce n'était pas le cas de son cerveau qui lui, lui faisait bien comprendre les siennes.

- Tu te diriges toujours vers le stylisme toi, pour l'an prochain ? Lança Jo qui s'était déjà remise au travail, voulant optimiser au maximum le temps qu'elle accordait à ses amis, tout en travaillant tu seras gentille de me cuire deux au plat, je n'ai rien mangé à midi et en hochant la tête pour remercier son amie de la plume en sucre, qu'elle posa sur sa robe pour la manger plus tard : elle ne voyait pas souvent Esther à l'interclasse, c'était maintenant ou jamais de discuter de choses importantes avec elle.
Par moment, la Française s'imaginait être la pire amie du monde tant elle avait le nez dans le guidon pour sa 7ème année et ne se préoccupait pas de ses proches, mais il lui fallait voir Temp' pour comprendre qu'a priori, elle n'était pas la seule dans ce bateau là.