Docteur Maboul [ Ringo ]

Docteur Maboul

Emma & Ringo

made by black arrow

Docteur Maboul

Ringo attaquait désormais son second semestre de première année d’études en médicomagie. Elle avait travaillé comme une dingue pour en arriver là, durant toutes ses années à Poudlard. Soigner les autres avait toujours été son rêve, c’était une vocation qui courait dans ses gênes, même si l’idée de l’exercer dans le monde magique ne lui était venue qu’après quelques années à l’école de sorcellerie. Il avait déjà fallu qu’elle agglutine une immense quantité d’informations avant de songer qu’elle avait peut-être effectivement sa place en tant que sorcière. Entre une mère qui la regardait comme une étrangère depuis qu’elle avait appris que sa fille possédait des pouvoirs magiques, et les quelques crétins qui croyaient encore que les nés-moldus ne devraient pas être acceptés, Rin n’avait pas toujours eu l’impression d’être légitime. D’où une envie renforcée de prouver à tout le monde, et se prouver à elle-même au passage, qu’elle pouvait réussir. Aujourd’hui, ses efforts payaient. Elle avait réussi les tests pour entrer à Sainte Mangouste et faisait partie des éléments les plus prometteurs de sa formation. Son père en avait été très fier, et d’après ses lettres, sa mère était, elle aussi ravie, mais Ringo avait du mal à y croire. Depuis que son père avait décidé d’arrêter les mission à l’étranger, il y a un an et demi de cela, il tentait de recoller les pièces de sa famille brisée, il essayait de rattraper ce qu’il avait loupé durant toutes ses années d’absence et peut-être qu’il y avait effectivement un mieux, mais il y avait des liens qu’on ne pouvait pas entièrement réparer, il y avait des relations qui restaient éternellement abîmées, il y avait des cicatrices qui saignaient encore, des décennies plus tard, et Rin savait que les mots de sa mère, ses regards, sa déception, tout ça resterait en elle.

Heureusement, comme ses sept dernières années, Ringo pouvait se réfugier dans le travail pour oublier sa famille dysfonctionnelle. Il y avait un moment d’ailleurs qu’elle n’était pas retournée à Inverness. Elle s’en voulait un peu, pour son père, et l’Ecosse lui manquait, mais avec la période des fêtes qui avait apporté son lot de patients (entre celui qui avait eu la riche idée de mettre de la Glue Perpétuelle sur son papier cadeau à son cousin, celle qui s’était brûlé avec une théière magique de contrefaçon, celui qui s’était fait attaquer par un sapin magique après avoir tenté de le déraciner, et bien sûr, celle qui crachait des flammes, une réaction allergique particulièrement virulente à l’ingrédient secret de la grand-tante Maggy dans la bûche de Noël, oui, ça n’avait définitivement pas été de tout repos, et elle ne parlait même pas de tous les pochetrons qu’ils avaient récupéré après le nouvel an, bien que Ringo avait été de repos, elle en avait entendu parler), et les partiels qui avaient suivi, les dernières semaines étaient passées en un clin d’œil.

Elle sursauta à l’interpellation d’Emma. Le gobelet de son septième café –elle enchaînait deux gardes- à moitié froid et honnêtement de très mauvaise qualité, dans la main, elle suivit d’un pas pressé Madame Carter, médicomage au service des blessures par créatures vivantes et sa tutrice depuis le début de sa formation –qui préférait qu’on l’appelle Emma, ou juste Carter, et présentait une forte propension aux froncements de sourcils bruns dès lors qu’elle avait le malheur de glisser un madame ou un chef de trop. L’ancienne Serdaigle n’avait que dix ans de plus qu’elle, à peine, et elle avait tenu dès le début à ce qu’elles se tutoient, ce dont Ringo avait eu du mal à prendre l’habitude. « On a eu le dernier la semaine dernière. Je crois que j’ai plutôt assuré », confia-t-elle d'un ton assuré. Elle avait beaucoup révisé, notamment avec Bartley, qui suivait la même formation qu’elle et qui avait l’avantage d’être son colocataire ce qui signifiait, au grand damne de Cole, des séances révisions jursqu’à quatre heures du matin, les jours où ils avaient eu un peu de boulot. L’ancienne bleue et bronze avait toujours entretenu avec son ancien préfet en chef des rapports amicaux, même s’il avait tenté, pas plus tard que le mois dernier encore, d’échanger son tuteur avec elle –à priori, le dénommé Philipps s’était retrouvé momentanément coincé dans une armoire à disparaître ce que le très sérieux Bartley trouvait inadmissible pour un homme qui était censé s’occuper du service des accidents matériels.

« Annie Peters, trente-sept ans, mordue par un Malagriff tacheté à Aymer Cove. Admise chez nous hier avec des contusions sur le bas du dos et sur la région glutéale toi aussi apprends des termes qui font scientifiques sur Wikipédia et un tel effet secondaire de malchance qu’elle s’est retrouvé dans le seul lit cassé du service et qu’on a dû la transférer, récita Ringo d’un ton appliqué. La moitié des guérisseurs ne veut pas l’approcher, ils ont peur de chopper sa malchance. » Elle adressa un sourire entendu à Emma. Outre qu’ils étaient censé s’occuper de tout le monde, la malchance n’était pas contagieuse, tous les sorciers étaient censé le savoir, encore plus ceux qui travaillaient à Sainte Mangouste. « Je pensais lui redonner un philtre revitalisant si ses douleurs persistent et pour la malchance, lui administrer une petite dose de Felix Felicis durant deux jours devrait suffire à inverser l’effet de la morsure. » Elle récupéra le dossier que lui tendait sa tutrice, attendant son assentiment avant de rentrer pour consulter leur patiente.

Ringo se considérait vraiment chanceuse d’être tombée sur Emma en tant que tutrice. Alors que certains élèves en médicomagie déchantaient vite en se rendant compte que leur supérieur les reléguaient au simple poste d’assistant fournisseur en cafés (qu’ils devaient aller chercher au salon de thé le plus prêt car tout le monde décriait la qualité du café de Sainte Mangouste mais personne ne semblait vouloir agir, et c’était dans des cas comme ça que Rin ne supportait pas que les sorciers critiquent autant les moldus alors qu’ils se damneraient sûrement devant un bon Nespresso) ou au contraire leur laissaient tout faire et profitaient de disposer d’une pupille pour se reposer (elle n’oserait jamais avouer le nombre d’histoires de fesses qu’elle avait entendue durant sa première semaine de stage), elle avait été très contente de constater qu’Emma lui faisait assez confiance pour s’occuper des patients mais qu’elle serait toujours là pour l’aider Emma sache que tout le monde m’envie pour t’avoir en tant que tutrice.

Ce qu’elle appréciait également chez Emma elle a fondé le fan club d’Emma Carter c’était qu’elle se préoccupait également du déroulé de ses cours, et en l’occurrence de ses examens. « Certains se sont rendus trop sereins aux examens des Gryffondors si tu veux mon avis, quand ils ont vu que c’était difficile et qu’ils devaient repasser certaines épreuves, ça les a calmé. » Devenir médicomage n’était certainement pas donné à tout le monde. Et comme le précisait Emma, briller dans ses résultats permettait de choisir sa spécialité. Pour le moment, Ringo ne s’était pas décidée -elle avait encore le temps devant elle- mais elle n’était pas certaine de se diriger vers le service des blessures par créatures vivantes, en dépit de son amour éternel affection pour sa tutrice c’est une larme que je vois dans tes yeux Emma ?, tout était dangereux lorsque l’on travaillait dans un hôpital magique mais celui-ci particulièrement, d’autant que beaucoup de sorciers semblaient déterminés à leur apporter la quelconque bête qui les avait mordu/empoisonné/griffé (parfois les trois), comme si ce n’était pas assez compliqué de gérer un patient, il fallait s’occuper de l’animal !

Néanmoins, elle devait bien reconnaître que les cas étaient intéressants à étudier comme celui de leur première patiente du jour, Annie Peters. Elle présenta le cas à Emma et comme elle ne vit aucun sourcil froncé, aucune expression de déception "si tu es aussi nulle que ça Ringo, tu peux aller avec Philipps", ni même d’exclamation outragée "McConnell enfin c’est quoi ce boulot ! Non vaut mieux que tu démissionnes tout de suite, tu ne seras jamais médicomage", elle se dit que malgré le manque de sommeil, elle n’avait rien oublié. « Je ne comprends même pas que certains collègues croient ça ! Ils feraient mieux de se replonger dans leurs manuels de cours. » Ringo n’avait jamais été connue pour cacher son opinion. Elle avait appris à modérer ses propos avec l’âge, à acquérir de ce tact qui lui manquait tant étant jeune, mais elle n’était certainement pas du genre à ravaler ce qu’elle pensait. Comme si cette pauvre Annie Peters avait besoin de ça franchement !

Apercevoir la satisfaction dans le regard de sa mentor j’espère que t’apprécie le titre Emma ne put que satisfaire la brune qui manquait toujours de confiance en elle et à qui sentir l’approbation des autres lui faisait toujours du bien. Emma avait beau être sympa, elle n’en était pas moins exigeante, mais c’était typiquement le genre d’attitude que Ringo avait espéré chez sa tutrice elle prépare sa demande en mariage, c'est dit. Elle n’aurait pas aimé avoir un tuteur aussi coulant que Perkins, même si Jules n’avait pas l’air de s’en plaindre, ni Gathinson qui, au contraire, ne laissait jamais rien passer à Augustus. « Ça marche », répondit-elle en souriant, elle aussi, d’un air satisfait après qu’Emma lui ait confirmé que tout était ok. Excitée à l’idée qu’elle la laisse parler à la patiente, elle reprit une expression plus neutre, professionnelle, pour entrer dans la chambre, sachant très bien que l’ancienne Serdaigle l’évaluerait également à ce moment là. Désarçonnée par les Chocogrenouilles qui bondissaient en tout sens aka le pire cauchemar de Cassandra, il fallut que ce soit sa tutrice qui les arrête d’un coup de baguette et Rin se maudit de ne pas avoir eu ce réflexe. Haussant les épaules devant Emma, elle se dirigea vers le lit et s’enquit d’abord de l’état de Peters avant de lui expliquer les traitements qu’elle recevrait. La première dose de Felix Felicis fut administrée et Ringo conseilla à la patiente malchanceuse de bien se reposer en attendant que les effets agissent -normalement c’était immédiat, mais avec une telle malchance, ça pouvait prendre un peu plus de temps.

Une fois sorties, Ringo acquiesça aux paroles de sa collègue. « J’ai hésite à le lui dire directement, mais je me suis dit que cela pourrait plus l’ennuyer qu’autre chose », répondit-elle concernant la mise en garde au neveu et à ses bonbons. « Un vrai café ? Tu rigoles ?! Je ne sais même plus quel goût ça a ! plaisanta-t-elle. Avec plaisir en tout cas. » Elle avait englouti le sien mais il était si pauvre en caféine qu’elle se sentait déjà fatiguée. Or, elle devait encore tenir quelques heures avant de pouvoir rentrer et dormir.

Lorsqu’elle avait discuté avec certaines personnes de sa promotion et qu’elle s’était rendue compte que tous ne prenaient pas avec le sérieux qu’il convenait leurs partiels, Ringo les avait prévenu que ce ne serait pas aussi faciles que les examens de première année à Poudlard. Cet arrogant de Josh s’était fichu d’elle et avait lâché un truc comme "C’est comme les BUSEs, on nous en parle toute l’année pour nous traumatiser, mais ce n’est pas si dur que ça !" Rin devait bien avouer qu’elle avait été ravie lorsqu’elle avait lu que le garçon était renvoyé au rattrapage. Si ça pouvait lui éviter de se la jouer aux prochains, ce ne serait pas du luxe ! En bonne acharnée du travail, une qualité qui l’avait conduite tout droit chez les Serdaigles, Ringo avait travaillé dur mais elle avait eu la satisfaction de réussir haut la main ses partiels. Le fait d’habiter avec un autre apprenti Médicomage, aussi sérieux et studieux qu’elle, ne pouvait que plus la pousser à vouloir donner le meilleur d’elle-même d’autant qu’elle avait le sens de la compétition. Bartley et elle avaient comparé leurs notes et Rin n’avait pas à rougir, loin de là. « Oui. Je pense que certains abandonneront à la fin de l’année. » Mais c’était ainsi : le métier de Médicomage pouvait faire rêver, mais il n’était pas fait pour tout le monde. Tout le monde n’était pas destiné à devenir guérisseur, et plus vite ces personnes partaient de l’hôpital, mieux c’était pour les patients.

Emma était une professionnelle respectée à Sainte Mangouste, Ringo s’en était rapidement aperçu. Elle travaillait depuis des années dans l’hôpital dis tout de suite qu’elle est aussi vieille que McGonagall Rinrin aussi lorsqu’elle affirma qu’elle irait voir les collègues et leur rappeler l’attitude à avoir avec les patients après leur comportement face à la malchanceuse Annie Peters, Ringo plaint l’espace d’un instant les autres guérisseurs. Se faire remonter les bretelles n’avait rien de très agréable et l’ancienne Serdaigle doutait que sa tutrice s’embêterait à mettre les formes avec des imbéciles pareils. Enfin, ce n’était pas son problème. Il était temps que certains se rappellent les devoirs de tout Médicomage et elle avait toute confiance en Emma pour incarner ce Rappeltou pas sure que la comparaison soit bien flatteuse pour Emma mais bon.

La première visite se déroula sans encombre, si ce n’est cette attaque de Chocogrenouilles sauvages. Ringo comprenait à présent que certains collègues avaient lancé une pétition pour interdire les bonbons aux malades ce sont eux qui ont élevé Nathaniel en fait mais en même temps, la pauvre Annie Peters avait bien besoin d’un petit remontant alors qu’elle était coincée dans un lit avec une dose de malchance phénoménale. Rin se promit d’être davantage attentive la prochaine fois avant de sortir de la salle d’auscultation derrière Emma. « D’accord, je n’hésiterai plus ! », approuva-t-elle, prenant bonne note du conseil de sa tutrice. Elle avait encore des progrès à accomplir pour s’affirmer dans sa vie professionnelle, et personnelle,, mais elle y arrivait de plus en plus.

« Ah bonne idée, je vais faire de même ! Il me faudra bien ça pour tenir la journée ! » Après, Ringo aurait enfin le droit à deux bons jours de repos –si on pouvait vraiment appeler ça du repos alors qu’elle devrait probablement jeter un coup d’œil à ses manuels de cours- mais il était hors de question de flancher dans la dernière ligne droite ! De nouveau, elle se demanda pourquoi le salon de thé de l’hôpital était dans l’incapacité visible de leur fournir autre chose que du jus de chaussette comme café et s’il y avait moyen d’en référer à la direction. Du bon café à proximité n’était jamais à mésestimer pour le moral des troupes !

Topic terminé