[THEME] WWED (What Would Ethel Do ?) [ Alexandre ]

♛ WWED (What Would Ethel Do ?)

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Un trac certain s'était emparé de Stef à l'approche du bal de Noël. Traditionnellement, elle était stressée à cette période de l'année. Elle n'aimait pas le niveau d'exposition qu'impliquait le bal : les regards, la danse très publique, les jugements potentiels ("Elle danse ou elle fait une syncope là tu crois ?") Au moins s'en était-elle toujours sortie pour avoir un cavalier - Ash, et Alexandre, à deux reprises avant même qu'ils ne s'en sortent ensemble - et pouvoir passer du temps avec sa bande d'amis. Seulement, cette année, une raison de stress supplémentaire s'ajoutait à un tas déjà bien compact : son cadeau pour Alexandre. Du moins, ses cadeaux. Il y avait le plus classique, plus facile, l'album photo qu'elle lui avait préparé alors qu'ils approchaient bientôt les douze mois de relation. Mais il y avait surtout celui qui l'angoissait vraiment : le tango, auquel elle s'était évertuée à s'entraîner depuis le début d'année, sur les exhortations de Lu', puis d'Eurydice. Voilà qu'arrivait l'heure de vérité : il allait falloir faire ses preuves. Ou du moins, faire quelque chose, et quelque chose de pas trop humiliant, de préférence. Et Stef n'oubliait pas un élément fondamental : elle sortait avec (l'illustre !) Mister Poudlard jusqu'à ce soir au moins si tu n'es pas réélu je te largue, je ne te l'avais pas dit ?, et le résultat des votes de cette année. Ce qui signifiait que des regards de convoitise (Perrine ! Cette petite Serdaigle à l'air perfide ! Ethel ?) le suivraient, et par conséquent, se poseraient aussi sur elle. Et sa performance.

Assise sur son lit, Stef paniquait légèrement. Comme elle aurait aimé que Lu' soit à proximité ! Ou Eury', ou Tina, ou Kate, ou qui que ce soit capable de la faire descendre d'un cran. Ses camarades de dortoir - après lui avoir jeté un œil curieux - commencèrent à faire le chemin vers la salle commune, et Stef réalisa que la personne capable de la calmer se trouvait juste à côté. Elle se redressa, observant son reflet dans le miroir : elle portait déjà sa robe d'un rose fuchsia pâle, référence discrète à sa maison. Plus longue que les années précédentes, elle lui donnait l'impression - et l'air - plus âgée, et certainement plus mûre qu'elle ne se sentait en cet instant. Elle passa inutilement la main dans ses cheveux bruns détachés. Elle hésitait encore sur ce qu'elle allait en faire : tant pis pour l'instant. Attrapant son sac, contenant le cadeau d'Alexandre, elle tourna sur elle-même pour vérifier qu'elle n'avait rien oublié d'autre. Elle prit ses chaussures - à talons modérés - dans la main, et se pressa dans les escaliers menant à la salle commune.

Quelques secondes plus tard, elle traversait la pièce pour se rendre à l'escalier opposé, sans manquer de s'attirer quelques regards circonspects voire d'autres plus incrédules. En faisant fi, elle arriva finalement devant la porte du dortoir des garçons de quatrième année. Celle-ci était ouverte : elle glissa la tête dans l'entrebâillement et fut soulagée de n'apercevoir que la silhouette familière de son petit-ami. « Je peux rentrer ? » demanda-t-elle pour la forme, car en vérité, elle était déjà là. C'était la première fois qu'elle se rendait dans un dortoir de garçons et se fit la réflexion que ça ne sentait pas tout à fait comme chez elle - et plutôt comme les chambres de Quino et de Gabriel, à Londres. Une odeur de renfermé mec. Mue par la curiosité, elle laissa brièvement son regard passer sur les différentes décorations caleçons sales, vieilles godasses affichées par les camarades d'Alexandre, avant de reposer les yeux sur son petit-ami. Elle s'approcha de lui, un sourire plus timide qu'à l'accoutumée aux lèvres - la danse à venir lui trottait encore grandement dans la tête. « On peut finir de se préparer ensemble ? Les autres filles sont déjà descendues. » Elle avait toujours ses affaires en main mais ne savait pas tout à fait quoi en faire pour l'instant. Le début d'année avait été particulier, entre sa jalousie irrépressible envers EthelEthelEthel (qui ne serait sûrement pas stressée, elle !), puis tout ce qui avait entouré Viska, et Nathan Symphonie. Alexandre s'en retrouvait légèrement changé, et elle désespérait de pouvoir être d'une meilleure aide - et dire qu'il ne lui restait plus que le tango ! Les temps se faisaient décidément bien sombres.

WWED (What Would Ethel Do ?)

Alexandre était plutôt content de voir le bal arriver il en faut bien. Non seulement il adorait les ambiances de soirée, avec la musique, la danse, les filles en jolies robes ne dit pas ça trop haut mon gars, mais en plus cette année il sortait avec Stef, ce qui était un sacré progrès par rapport au bal de l’année précédente où elle voyait tous les garçons sauf lui. Par rapport aux semaines passées, il était donc d’humeur plutôt légère. Certes, il s’inquiétait toujours pour Viska – et sans vouloir trop s’avancer, il pensait qu’il ne cesserait jamais de s’en faire pour elle après tout ce qui s’était passé depuis un an -, mais depuis la bataille avec MS au début du mois, elle paraissait aller plutôt bien.

Non pas qu’il relâchât sa vigilance, il la trouvait juste plus détendue. Il en venait même à s’adoucir un peu concernant Flynn : malgré sa loyauté envers Jensen, il fallait reconnaître à son camarade de maison qu’il savait mieux s’y prendre avec Viska que la plupart d’entre eux à commencer par Alex lui-même. Mue par son inquiétude, le quatrième année avait tendance à s’emporter quand sa cousine refusait de manger. Sans surprise, il n’obtenait en réponse que bouderies et coups d’œil courroucés. Alex ne doutait pas que Jensen pourrait obtenir des résultats lui aussi, sauf que les deux Serpentard n’étaient pas totalement réconciliés – pas romantiquement réconciliés en tout cas – donc il fallait se contenter de Flynn. En plus, parmi les Gryffondor entourant Viska, il semblait qu’il soit le seul à émettre des réserves : Victoire et surtout Vanellope paraissaient au contraire encourager la romance (ou peu importe le nom que leur relation avait) entre Viska et Flynn. Ce dernier étant le cavalier de la jeune fille, Alex avait décidé de lui faire confiance, il ne laisserait pas Viska faire n’importe quoi même s’il avait une tolérance plus grande que lui sur certains sujets (alcool, herbe…).

« Oui, bien sûr. » dit-il en voyant et en attendant Stef arriver dans son dortoir. Il ne se souvenait pas l’avoir déjà vue ici, mais ça ne le dérangeait pas. Alex n’était pas très secret, il n’avait rien à cacher. Son coin était d’ailleurs plutôt sobre : un fanion de l’équipe de Quidditch et quelques photos sur son chevet dont plusieurs de Stef et lui. « Tu es déjà superbe. » Il l’embrassa avec douceur en admirant la silhouette de sa petite amie dans sa jolie robe rose. « Qu’est-ce qu’il te reste à faire, quelque chose pour lequel je puisse t’aider ? Moi je suis quasiment prêt, j’étais seulement en train… je ne sais pas… de rêvasser. Je me disais que tout devrait bien se passer ce soir. » Un regain d’optimisme qui faisait du bien. Il regarda du côté de son lit, l’écrin avec le cadeau de Stef était posé dessus. Il savait qu’un bijou n’était pas très original puisqu’il en avait déjà offert un l’année dernière à la lionne, mais c’était différent cette fois-ci car ce serait un cadeau de couple. Il n’avait pas la même valeur.

« Est-ce que tu veux ton cadeau tout de suite ? » Il pourrait potentiellement aller avec la robe de Stef mais il ne voulait pas la forcer non plus. Il s’approcha du lit et lui tendit l’écrin, carré et de belle taille car il contenait un collier formé d’une chaîne fine au bout duquel se trouvait un pendentif avec deux cœurs entrelacés. L’ensemble était en or rose car il s’était dit que ce métal irait bien à sa petite amie. Il savait que c’était un peu niais comme cadeau, mais il avait un faible pour ce genre d’attention – l’influence de son père, grand romantique depuis toujours probablement -.

♛ WWED (What Would Ethel Do ?)

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Stef sourit en croisant le regard d'Alexandre, rassérénée tout en sentant son cœur battre un peu plus vite, comme souvent depuis qu'ils avaient commencé à sortir ensemble. Elle l'avait dit à Tina à la fin de l'année précédente : elle était amoureuse, et elle le savait. Ce qui était comique, c'était qu'elle ait pu si souvent croire qu'elle l'était avant d'être avec Alexandre. Parce que de toute évidence, ses coups de foudre passés n'avaient rien eu du grand amour - elle le percevait bien maintenant.

« Merci ! » glissa-t-elle après qu'il l'ait embrassée, visiblement satisfaite de cette appréciation - c'était après tout l'effet recherché, surtout auprès de son petit-ami. Se détachant doucement de lui, elle en profita pour poser ses affaires, et jeter un œil à sa table de nuit décoration : 17/20, ménage : 10/20, tu me feras le plaisir de passer un petit coup de plumeau Alexandre ! « J'ai une tête bizarre sur cette photo. » remarqua-t-elle en fronçant légèrement les sourcils, avant de ramener les yeux vers Alexandre, les mains posées sur les bras du brun. « Il faut que je m'occupe de ma coiffure et que je mette mes chaussures, mais ça c'est rapide. Je ne sais pas si je me motive à faire quelque chose d'un peu élaboré, ou si je les laisse juste détachés. » précisa-t-elle en sondant le regard de son petit-ami. Elle n'attendait définitivement pas de lui qu'il la coiffe comment ça tu ne sais pas faire les tresses Alexandre ? mais son avis lui importait, de toute évidence.

« De rêvasser ? Tu pensais à quoi en particulier ? » Elle approuva ses paroles d'un petit signe de tête. « Oui, tout va bien se passer. Il n'y a pas de raison. Même si Viska se coltine Mulligan comme cavalier. » ne put-elle s'empêcher d'ajouter pour la forme - question de principes. Elle pensait sincèrement que son grand ennemi était de bonne compagnie pour Viska - même lorsqu'elle le détestait, elle ne le prenait jamais pour Satan. Elle le savait être un bon ami - sauf quand il se retrouvait face à elle, et qu'il se sentait obligé d'ajouter constamment son grain de sel. Forcément, avec pareil comportement, elle se devait de lui rendre la pareille !

Le regard de la brune s'illumina à la mention de son cadeau. Elle prit cependant le temps de réfléchir, avant de conclure que l'échange anticipé aurait le mérite d'être plus pratique. En outre, elle n'aimait pas spécialement ouvrir son présent sous des regards indiscrets - elle trouvait ça particulièrement gênant. « Oh pourquoi pas oui, j'ai pris le tien avec moi. » précisa-t-elle tout en saisissant son sac, qu'elle avait précédemment posé sur le lit d'Alexandre, pour en sortir l'album emballé. Elle se tourna et tomba nez à nez avec l'écrin, ne pouvant s'empêcher de demander par réflexe : « Ne me dis pas que tu m'as acheté un poney ? » Stef aimait les cadeaux, mais Stef était mal à l'aise quand elle en recevait. Résultat : les bonnes blagues dignes des parents Kostas. « Je peux l'ouvrir ? » demanda-t-elle de manière rhétorique, attrapant l'écrin tout en tendant le cadeau d'Alexandre en échange. Elle avait choisi des photos pour illustrer l'année passée, quand bien même tout n'avait pas toujours été tout rose : il avait le mérite de comprendre des clichés où elle ne faisait pas de tête bizarre (elle avait vérifié !) ainsi qu'un bon nombre avec leurs amis, le tout agrémenté de petits commentaires pour les accompagner.

Ouvrant délicatement l'écrin, elle découvrit le bijou offert par Alexandre : « Il est magnifique. Et il s'accorde très bien avec ma robe en plus ! Tu me l'attaches ? » demanda-t-elle aussitôt en se mettant dos au brun, soulevant ses cheveux bruns d'une main et tenant le collier autour de son cou de l'autre. Elle portait incidemment le bracelet qu'il lui avait donné au bal de l'année précédente, avant même qu'ils ne commencent à sortir ensemble. Si elle l'avait déjà beaucoup aimé à ce moment-là, elle lui vouait depuis une affection toute particulière - de fait, elle ne le retirait pratiquement jamais.

« Mon adorable copine n’a jamais une tête bizarre voyons, moi j’aime beaucoup cette photo. » Alexandre décocha son meilleur sourire innocent à Stef : il était vrai qu’elle ne posait pas sur ce cliché, mais c’était justement pour ça qu’Alex le trouvait réussi. Elle y était naturelle et c’était ainsi qu’il la préférait. Ne vous y trompez pas, comme beaucoup de garçons, il n’était pas insensible aux efforts de toilettes de la dame de son cœur, et Alex’ ayant grandi entre un père amoureux de ballet, une mère styliste, une sœur et une cousine avait plus que la moyenne de la gente masculine l’oeil pour les belles tenues… mais ce qui l’avait fait tomber amoureux de la lionne, c’était sa fraîcheur et sa spontanéité, sa capacité à babiller sur tout et rien pendant des heures, à s’imposer dans une conversation, à rayonner d’énergie avant un match de Quidditch. Alors, quand elle était naturelle sur une photo, il l’y reconnaissait bien plus que quand elle prenait un air faussement calme le temps que l’appareil s’enclenche.

« Tu pourrais faire une tresse avec tes cheveux de devant et la ramener sur le côté comme un bandeau, Viska fait souvent ça alors Ayélet m’oblige à la coiffer pareil. Ma sœur est un tyran de huit ans. » Le pire était quand elle lui demandait des coiffures issus de ses dessins animés préférés : la lourde chevelure rousse de sa cadette ne tenait clairement pas aussi bien que celle de ses personnages favoris, et Ayélet lui piquait un formidable caprice quand il échouait. Pourquoi ne demandait-elle pas plutôt à Viska ? Parce que c’était bien plus amusant de le torturer lui, il en était intimement persuadé.

« Je pensais que les choses avaient l’air de s’améliorer ces dernières semaines, même si j’ai bien appris ma leçon : ça ne veut pas dire pour autant que je dois relâcher ma vigilance. » Il n’avait pas vu venir les scarifications et la tentative de suicide de sa cousine. Il n’était pas totalement aveugle, il savait qu’elle n’allait pas bien depuis sa rupture avec Jensen, que cet événement l’avait en quelque sorte enfoncée dans sa dépression… mais il avait naïvement cru que puisqu’elle avait de bonnes notes, qu’elle avait repris toutes ses activités et qu’elle passait rarement du temps seule, cela voulait dire qu’elle essayait de lutter contre son chagrin, même si y arriver serait long. Il n’avait pas vu, pas compris, que Viska se comportait ainsi justement pour endormir leur méfiance… Il espérait que cette fois ses sourires étaient sincères, mais il ne se laisserait plus endormir par eux. Alex avait déjà pris un sacré coup au moral quand Viska avait été enlevée, il s’était sentie responsable de faire peser la malédiction Symphonie sur elle, mais il avait conscience que son oncle était un danger que personne ne pouvait contrôler et qu’il n’était pas directement responsable de ce drame. C’était différent quand il avait appris que sa cousine se taillait les veines : cette fois c’était sa faute, il avait préféré faire du Quidditch, passer du temps avec ses potes et avec Stef, il avait laissé Viska s’enfoncer de plus en plus jusqu’à vouloir mourir. Lui qui était déjà trop mature pour son âge avait eu l’impression de vieillir de dix ans d’un coup. Il ne laisserait plus une telle chose arriver, et cela ne valait pas que pour Viska, il se montrait attentif à tous ses proches, trop même. Il ne voyait d’ailleurs pas d’un très bon œil qu’Eurydice passe autant de temps avec son fiancé potentiel. Heureusement, sur ce point, sa petite amie était tout à fait d’accord avec lui. « D’ailleurs, tu seras d’accord avec moi je pense, il faut qu’on surveille que Koning n’abuse pas d’Eurydice ce soir. Je n’ai pas du tout confiance en ce type, et elle, elle est beaucoup trop naïve. » La preuve, elle allait au bal avec un mec qu’elle fuyait quatre mois avant. Alex aurait bien été dire ses quatre vérités à Niels mais Eurydice avait paru tellement paniquée à cette idée qu’il avait renoncé… Le but n’était pas de traumatisé la Serdaigle en voulant la protéger.

Quant à Viska… « Ouais, j’aurais préféré qu’elle y aille avec Jensen, mais je comprends qu’elle ait préféré Mulligan pour ce soir. La seule fois où elle devait aller à une soirée avec Jens’, il l’a larguée juste avant, ça ne met pas en confiance. Et même si Mulligan est chiant, il a l’air utile pour Viska, non ? » Flynn, André le chien, même combat pour Alex. Alex était persuadé que Viska était faite pour Jensen, son côté romantique probablement – et aussi parce qu’il les aimait beaucoup tous les deux donc ça l’arrangerait, on ne va pas se mentir -, mais son cousin (du côté de son père) avait bien merdé avec sa cousine (du côté de sa mère) et ce n’était pas vraiment le genre du Gryffondor d’aller dire à Viska qui elle devait fréquenter ou pas. Surtout que s’il l’avait fait, elle ne l’aurait pas écouté. Il aurait bien été dire à Jensen de se bouger un peu pour récupérer Viska avant qu’elle ne tombe amoureuse de l’autre rockeur à deux balles, mais il avait peur qu’une telle conversation se passe mal. Alex savait être devenu un peu susceptible sur la question de Viska depuis quelques mois… et Jensen était plus vieux que lui, il devait quand même être capable de gérer ses histoires de cœur ! Alors, en fait, non, mais cet avis n’engage que moi.

« Non, mais je pourrais t’acheter un poney si je voulais, alors ne me tente pas mademoiselle Kostas. » répondit sur le même ton de plaisanterie Alex en la laissant prendre l’écrin tandis que lui ouvrait son propre cadeau, un album photo déjà rempli avec tous leurs amis et eux-même dedans. « Je vois que tu as fait très attention aux photos de toi. » s’amusa-t-il, celles de lui étaient plutôt réussies aussi mais sans vouloir se vanter, Alex se trouvait plutôt photogénique les chevilles sinon ça va comment? Il lut quelques commentaires sous les photos le temps qu’elle finisse d’ouvrir son cadeau puis il releva la tête pour lui sourire. Il posa l’album et s’approcha pour attacher le collier non sans déposer au passage un baiser sur l’épaule de sa petite amie. Alex était toujours plutôt sage, comme il n’avait que quatorze ans et une éducation plutôt traditionnelle, il n’avait rien d’un libertin… mais parfois, des gestes un peu plus osés étaient trop tentants. Parce que, justement, maintenant il avait quatorze ans, plus treize, et il s’approchait même de plus en plus des quinze. Ainsi, sa main s’attarda-t-elle peut-être aussi sur la taille de Stef…

Mais il finit par s’en détacher avant de se donner inutilement trop chaud. « Il te va très bien, je suis content qu’il te plaise, j’avais peur que tu trouves ça un peu répétitif de t’offrir un deuxième bijou mais comme nous n’étions pas encore ensemble l’an dernier... » expliqua-t-il, un peu embarrassé, plus par son comportement récent que par le cadeau. Il faisait admirablement semblant de rien toutefois, en tout cas si quelqu’un était entré en cet instant, il n’aurait pas reconnu les symptômes d’un trouble chez Alex, Stef en revanche s’en douterait… mais qu’elle ne s’inquiète pas : Alex était un gentlemen qui savait se tenir, même si elle était très près de son lit.

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« Si tu le dis. » répondit Stef en fronçant le nez, visiblement peu convaincue par la réponse d'Alexandre concernant la photo - quand bien même elle était élogieuse à son égard. Elle pouvait être vaniteuse, mais elle n'était pas aussi facile à amadouer pour autant. Elle demeurait convaincue de son avis : c'était ça d'être butée.

Pour l'aider à finaliser sa préparation pour le bal, Alexandre se convertit alors temporairement en Ernie MacMillan spécialiste capillaire, sa proposition suscitant à la fois l'amusement et l'intérêt de Stef. « Bonne idée, ça changera un peu, en plus. » approuva-t-elle en se détournant brièvement d'Alexandre pour entamer l'opération "tresse", face au miroir le plus proche. Au moins aurait-elle l'air un peu plus sophistiquée qu'avec ses cheveux simplement détachés. Elle se tourna brièvement vers Alexandre, un sourire malicieux aux lèvres. « Quand je pense que tu te fais tyranniser par ta petite-soeur de sept ans. » se moqua-t-elle allègrement, avant de se concentrer à nouveau sur sa tâche. L'idée n'était pas de débarquer complètement hirsute coucou Prue au bal.

La remarque d'Alexandre était initialement bien partie : Stef était contente de le voir faire preuve d'optimisme, cependant elle déchanta quelque peu en l'entendant décréter qu'il devrait maintenir une vigilance constante Maugrey vous ici ? Les commentaires d'Eurydice sur le caractère devenu sur-protecteur d'Alexandre firent écho dans son esprit. « Tout le monde est plus vigilant désormais, ça ne repose pas que sur toi. » tempéra-t-elle en songeant aussi et surtout qu'à vouloir se montrer trop attentif, Alexandre prenait le risque de l'étouffer. Cela dit, la gravité de la situation avait été telle qu'elle comprenait. Il aurait pu perdre Viska, et il se blâmait, chose qu'elle aurait sans doute fait à sa place, elle aussi. Elle s'immobilisa aux paroles suivantes du brun, l'observant depuis le miroir. « Abuse ? Abuse comment ? » Elle pensa à son échange avec Eurydice, à l'insistance de la Serdaigle pour que ni elle, ni Alexandre n'envoient bouler Koning - quand bien même elle admettait elle-même qu'elle était mal à l'aise en sa présence, et qu'il la collait contre son gré. Quelle mouche l'avait piquée pour qu'elle accepte de se rendre au bal avec lui ? Etiat-ce une question de pression parentale ? Ou s'agissait-il réellement d'une conséquence de la solitude ressentie par la Serdaigle, maintenant qu'Ash et elle étaient tous les deux en couple ? « Elle n'est pas si naïve que ça. Plutôt... résignée, quand il est concerné ? Je ne comprends pas. » admit-elle en se mordillant la lèvre inférieure, pensive. « Elle ne veut pas qu'on intervienne. Mais on peut quand même être vigilant. » convînt-elle en reprenant le terme d'Alexandre. « Elle m'a dit qu'elle viendrait passer du temps avec nous dans tous les cas. » conclut-elle d'un air résolu, car il n'était pas question qu'Eurydice passe la soirée entièrement seule avec Koning.

D'un nuisible à un autre : ils en vinrent forcément à aborder le cas "Mulligan" (et plus largement, la vie amoureuse de Viska). « Oui ça aurait été étonnant qu'elle y aille avec Jensen. » Elle se garda de rire que ça n'était pas une énorme perte, parce que le capitaine de Serpentard était aussi le cousin d'Alexandre, et qu'elle savait qu'ils s'entendaient plutôt bien (du moins, en temps normal et hors situation de rupture récente). Il faut dire que Stef, elle, était proche de Victoire, et que ça n'était vraiment pas l'amour fou entre les deux capitaines. « Utile ? Je ne sais pas si j'aurais dit ça comme ça. » remarqua-t-elle en revenant vers son petit-ami, sourcil arqué. « Alors ? » demanda-t-elle en désignant sa coiffure, avant de revenir au sujet précédent : « Il a l'air... de ne pas être horrible avec elle. De la distraire ? » proposa-t-elle en jugeant que c'était vraiment le plus positif qu'elle puisse fournir. Il ne fallait pas trop lui en demander non plus !  

« Je ne saurais pas où le mettre. » répondit-elle avec légèreté au sujet du poney, se préparant surtout à déballer son cadeau. Elle leva brièvement la tête pour décocher un sourire suffisant à son petit-ami. « Merci de le remarquer. Elles sont toutes approuvées de manière officielle. » Par elle-même, cela s'entend. Qu'Alexandre n'hésite donc pas à effectuer quelques remplacements : ils seraient tout à fait encouragés !

Elle frissonna quand Alexandre déposa un baiser sur son épaule, attendant qu'il ait attaché le collier pour se tourner à nouveau vers lui, les yeux brillants. Sa petite tirade suivante ne la trompait pas : elle n'était dupe ni de son trouble, ni de ce qui l'avait causé. Alors qu'à côté, Lucrecia et Thiago avaient sauté le pas avant même d'être officiellement en couple, leur relation à Alexandre et elle avait toujours été plus chaste, son petit-ami n'ayant jamais cherché à pousser très loin, et Stef n'ayant pas voulu plus jusque là. Et en même temps, ils avaient rarement été aussi seuls qu'en cet instant. « C'était différent. » convînt-elle avant de combler la - très faible - distance pour l'embrasser à nouveau, et nettement plus longuement, l'objectif de se distraire au lieu de penser obsessivement à la danse prochaine étant soudain largement accompli.

Alexandre n’était pas entièrement convaincu que cela le changerait beaucoup lui dans la mesure où c’était une coiffure commune chez les filles de sa famille, mais en même temps il trouvait un peu amusant que sa petite amie l’adopte aussi. Il n’avait ni la prétention, ni l’âge, pour prétendre inclure Stef au sein de sa famille – en plus, elle ne faisait pas vraiment envie vu les derniers événements –, c’était seulement son côté sentimental qui s’exprimait une fois de plus à cette pensée. « Huit ans maintenant, et je peux t’assurer qu’à côté d’Ayélet les autres filles de ma famille ont l’air calmes. » Il ne savait pas trop si cette échelle de valeur parlerait beaucoup à Stef vu qu’elle ne connaissait plus ou moins que Viska, et vaguement Candys et Psychée, mais pour quelqu’un ayant grandi en faisant des repas de famille avec Opaline ça paraissait être un argument très probant. Cette remarque était toutefois faire avec le sourire car malgré tout Alex aimait beaucoup sa petite sœur.

Il devint autrement plus sérieux quand il fut question de ses pensées qui, comme souvent, le ramenaient sur ces derniers mois. Il n’était plus aussi déprimé qu’au début, mais il était clair qu’il portait les stigmates de ces événements, culpabilisant de ne pas avoir su voir que Viska ne pouvait pas encaisser plus. On remarquera qu’il ne savait pas vraiment ce qu’il aurait pu faire s’il s’en était rendu compte avant que Nathan lui soit offert comme un cadeau défectueux de mauvais goût, il avait eu plusieurs idées : traîner Jensen par la peau du cou pour qu’au moins il donne à son ex des explications viables – on notera à cet égard que depuis il l’avait fait et que ça avait effectivement un tout petit peu aidé -, mettre en place une surveillance accrue, confisquer les poignards de sa cousine, lui alléger son emploi du temps qu’aucun Ministre n’aurait désavoué, autoriser bien avant la présence d’un chien d’assistance… C’était si facile, après coup, de réécrire l’histoire. Le fait étant qu’il n’avait rien fait de tout ça, la plupart des solutions ayant été instaurées une fois que les scarifications de sa cousine avaient été découvertes. « Sauf que je n’ai plus confiance en ce tout le monde. » admit-il sans agressivité aucune dans la voix mais avec une résignation amère. Il avait d’abord fait confiance à Jensen or son cousin n’avait pas du tout été à la hauteur, ensuite il avait cru que les filles de sixième année (ce qui englobait aussi bien Victoire que Peony ou Vanellope) sauraient l’alerter s’il se passait quoi que ce soit de louche… Et personne n’avait rien vu. Ou n’avait voulu voir. Alex débattait encore sur ce sujet précis.

Parce qu’il avait loupé des indices concernant Viska, il se montrait beaucoup plus protecteur avec le reste de ses amis, et cela incluait Eurydice – qui avait en plus le profil de la proie parfaite pour n’importe quelle personne un peu malintentionnée -. S’il n’avait en septembre porté que peu d’intérêt au fait qu’elle fuit Niels (on ne pouvait pas dire que l’aiglonne ait des rapports privilégiés avec les Serpentard malgré leurs prédominances dans son cercle familial), depuis fin octobre, il se montrait beaucoup plus suspicieux… surtout parce qu’Eurydice était l’image même de la constance, et qu’elle paraissait avoir d’un seul coup changé d’avis au sujet de Koning. « Et bien, je ne sais pas précisément… mais on pourrait imaginer qu’il ait des… intentions ? J’veux dire… Koning est un garçon, et Eurydice est une fille naïve, il pourrait vouloir en profiter. Même dans mon monde, ça existe les mecs comme ça. » Son monde étant celui des sang pur, en apparence toujours très bien élevés, mais pas forcément d’une grande fiabilité par ailleurs. Savoir se tenir en public et être un gentlemen n’allait pas forcément de pair, or Alex craignait plus pour Eurydice que pour la plupart de ses autres amies qu’elle ne fasse abuser par un sale type… car elle ne verrait jamais les signes. Bien qu’à priori pleinement entrée dans l’adolescence, Eurydice avait toujours l’air d’une oie blanche tout juste sortie du nid… Et Alex n’était pas totalement persuadé qu’Erwin tienne assez son rôle de grand frère pour la protéger de la gente masculine de l’école. « Peut-être que je m’inquiète pour rien cela dit, mais ça ne coûte rien de surveiller qu’il n’essaie pas de l’emmener dans un recoin sombre dans notre dos. » Ce n’était pas le genre d’Alex de faire un procès d’intention aux gens, et peut-être que Niels était quelqu’un de bien, mais vérifier qu’ils étaient toujours dans la Grande Salle de temps en temps ne pourrait pas faire de mal, juste au cas où il va nous faire un ulcère ce garçon.

Comme Stef abordait le sujet plus général du comportement de la Serdaigle, Alex fronça les sourcils. « Résignée ? Comment ça ? Par rapport à cette histoire de mariage arrangé tu veux dire ? Je croyais que Koning avait dit qu’il s’en fichait de ça. » Il ne voyait pas bien ce que Stef voulait dire par là (mais elle allait sûrement vite développer son propos). « Je t’assure que si j’ai le moindre doute, qu’elle le veuille ou non, j’interviendrai. » Et il pensait bien que Stef aussi, ils avaient tous les deux ce côté fonceur même s’il ne se traduisait pas exactement de la même manière. « Et j’espère bien qu’ils viendront nous voir, c’est toujours plus sympa quand on peut passer du temps tous ensemble au bal. » Certes, chacun y allait avec certaines personnes précises, mais cela ne voulait pas dire qu’ils ne pouvaient pas aussi transformer cette soirée en moment entre amis puisque c’était aussi l’occasion de fêter Noël.

« Pourtant il l’a embrassée quand elle était à l’infirmerie… je ne sais vraiment pas ce qu’il trafique. » Personne ne sait, même pas Jensen! « Si ça continue comme ça, il va se faire souffler ‘Ska par Mulligan, et même si ce n’est pas une idée qui me réjouit particulièrement, il l’aura un peu cherché. » Mulligan ne cochait presque aucune des cases qu’Alex considérait qu’il fallait pour être un copain acceptable, encore plus pour sa cousine fragilisée par l’année écoulée. Il était inconstant, peu sérieux (qui ne sortait pas avec une fille qu’il fréquentait depuis cinq mois à part un sauvage? Alex découvrant que les relations peuvent être plus complexes que ce qu’il imagine prise 1), immature (en même temps il avait presque deux ans de moins que Viska!!!), il l’encourageait à boire et à fumer… mais il était là, aussi bien avant l’enlèvement, qu’après celui-ci, sans parler des suites de la rupture sur laquelle il avait eu une influence autrement plus importante. D’un ami parmi d’autres de sa cousine qu’il supportait de loin (sauf à Sterne, où ils avaient tous les trois toujours été), Alex s’était mis à avoir du mal à voir Viska sans lui dans les parages. « Tu es superbe. » dit-il avec sincérité à sa petite amie qui avait terminé sa coiffure avant de l’embrasser sur la tempe et de poursuivre. « Oui, il la distrait, et il arrive à obtenir d’elle plus que nous autres… » Il voyait bien comment son camarade de maison s’y prenait, mais il ne parvenait jamais au même résultat, moitié parce qu’il était le cousin de Viska et qu’il avait donc moins à disposition pour l’amadouer, moitié parce qu’il s’énervait très vite quand l’assiette de la sixième année restait pleine… alors même qu’il avait conscience que lui faire la morale était contre productif.

Passant sur le sujet du poney – qui n’en était pas vraiment un -, les deux lions s’échangèrent leurs cadeaux. À la remarque sur les photos, Alex sourit, s’amusant du fait que Stef fasse à ce point attention au choix de ses portraits (alors qu’il lui disait assez qu’il la trouvait toujours belle!). « Je m’en doutais bien, mais je trouve que cet album manque de cliché de toi en train de t’entraîner à Sterne, il faudrait que j’en ajoute. » dit-il d’un air faussement sérieux pour la taquiner.

La plaisanterie cessa à peu près en même temps que la tension monta dans la pièce. Bien que dans la même maison, les deux jeunes gens se voyaient généralement dans des lieux ouverts et publics, il n’était même jamais passé par l’esprit d’Alex qu’il en soit autrement ce qui prouvait qu’en dépit des apparences, il est encore jeune… le contact physique avec Estefania combiné à la présence toute proche de son propre lit vinrent cependant troubler l’esprit plutôt chaste du jeune garçon. Il tenta de reprendre contenance, ses tendances moralisatrices agissant aussi sur son propre comportement, mais sa petite amie parut en décider autrement car elle s’approcha pour l’embrasser. Ce n’était pas exactement le meilleur moyen pour refroidir l’ambiance, et Alex n’était pas totalement obtus au point de ne pas comprendre que ce n’était pas l’intention de Stef… Il resta pourtant quelques courtes secondes interdit à ne pas trop savoir s’il pouvait se laisser aller ou s’il valait mieux rompre le baiser et reculer un peu. La première option l’emporta parce qu’il se connaissait assez pour savoir qu’il pourrait se stopper au moindre signe de réticence de Stef… et l’imminence du bal ainsi que le lieu modérément privé dans lequel ils se trouvaient seraient aussi de bonnes portes de sortie au cas où les hormones lui monteraient à la tête. Non pas qu’il ne veuille pas du tout faire plus, mais Alex était trop romantique pour quelque chose à la va vite, et il était certain que ce n’était pas ce que Stef voulait non plus.

Aussi il passa un bras autour de la taille de sa petite amie et la pressa contre lui en continuant de l’embrasser, avec cette fois plus d’ardeur. Son autre main passa de la gorge de la jeune fille à son épaule pour glisser lentement sur la peau nue de son bras. Entre deux baisers sur les lèvres, il glissa ses lèvres le long de la mâchoire de sa petite amie pour remonter ensuite vers son oreille et lui souffler : « C’est grave si je te décoiffe un tout petit peu ? » L’allonger sur le lit était très tentant mais la coiffure tout juste faite de Stef risquait de ne pas y résister !

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Stef était plutôt amusée par la réaction d'Alexandre à l'évocation de sa petite-soeur, même si elle avait du mal à visualiser l'ampleur du phénomène. « Je te rappelle que j'ai grandi dans la même maison que Quino. Pendant une bonne partie de l'année de mes quatre ans, je pensais que son deuxième prénom c'était "Attention". » informa-t-elle son petit-ami avec emphase, s'étant à nouveau tournée vers le miroir pour se coiffer. Elle savait ce que c'était que d'avoir une famille agitée, même si elle était consciente qu'Ayelet n'adoptait pas les mêmes stratégies que Quino - elle l'avait croisée au bal du Ministère, après tout. Seulement, si Stef ne visualisait pas toutes les cousines d'Alexandre, lui n'avait jamais été exposé à l'ensemble de sa famille dans une même pièce. Elle savait que ça pouvait faire beaucoup : beaucoup de bruit, beaucoup d'agitation, beaucoup de questions indiscrètes. Même elle se surprenait à en devenir fatiguée, parfois - voire appréhensive.

Elle ne savait pas comment répondre à l'aveu suivant d'Alexandre concernant Viska. Qu'il se sente responsable de sa cousine ne paraissait pas être un comportement sain - et elle avait bien vu les effets que ça avait eus sur lui au cours des dernières semaines - mais en même temps, qui était-elle pour lui dire de lâcher du lest ? Le Détective Kostas en chair et en os. Car finalement, si quelque chose d'autre advenait à Viska, et qu'elle avait été celle qui avait dit à Alexandre de se détendre (même si elle doutait qu'il le fasse effectivement si elle l'en intimait), il ne le lui pardonnerait jamais. La preuve, il ne pardonnait pas les amies de Viska de ne pas avoir remarqué les signes plus tôt. Et il ne se pardonnait pas lui-même non plus. « Tu ne pourras pas non plus passer le reste de ta vie à la surveiller, le vrai truc ça finira par être de lui faire confiance à elle à nouveau. » objecta-t-elle avec précaution, quand bien même elle n'avait pas perçu d'hostilité dans les paroles d'Alexandre - pour l'instant. Elle aurait aimé avoir une meilleure solution à lui proposer, mais elle n'en voyait pas. Tout le monde semblait garder Viska à l’œil désormais, et quoi qu'en dise Alexandre, ça différait d'avant. Pas sûr que ça soit plus agréable pour la blonde pour autant, mais ça, c'était encore une autre affaire.

Stef n'était pas naïve, elle comprenait bien là où Alexandre voulait en venir avec ses intentions, mais l'idée ne lui avait pas traversé l'esprit avant qu'il ne l'aborde. En outre, elle lui était - forcément - très désagréable. Elle fronça le nez. « Je sais que ça existe, mais tu crois vraiment qu'il est comme ça ? T'as entendu des trucs le concernant ? » demanda-t-elle en tournant un regard inquiet vers le Gryffondor. Jusque là, elle s'était surtout inquiétée - et agacée - du fait que Niels imposait sa présence dans toutes les facettes de la vie d'Eurydice, mais elle supposait qu'Alexandre pouvait avoir raison. Ses desseins pouvaient-ils être aussi sombres ? Eurydice n'avait pas semblé inquiète lorsqu'elles en avaient parlé, mais peut-être était-elle effectivement trop innocente pour s'en rendre compte ?

« J'espère que tu t'inquiètes pour rien. » dit-elle sans pour autant contredire la suggestion de son petit-ami. Elle ne comptait pas perdre Eurydice de vue désormais, et ce sachant que de base, elle était déjà partie pour se montrer attentive stalker alert. « Non, résignée par rapport à la présence de Koning dans sa vie. Elle a juste décidé de prendre son mal en patience en attendant qu'il finisse par la laisser tranquille de lui-même. » Elle secoua la tête en soupirant. « Je lui ai bien proposé d'aller l'envoyer bouler, moi, mais elle ne veut pas. » ajouta-t-elle, visiblement déçue par cet état de fait. Rien ne lui aurait fait plus plaisir que d'aller calmer Niels Koning - un peu de confrontation était bon pour la santé ne surtout pas dire ça à Tempérance ! Ça gardait les sens en éveil. « Oui oui, moi aussi. Mais elle m'a promis qu'elle me le dirait si ça n'allait pas. » Et elle avait confiance en Eurydice - contrairement à Alexandre qui paraissait prêt à l'ingérence spontanée, à tout instant. Elle fronça les sourcils. Il avait toujours été protecteur, mais plus il parlait de Koning, et plus elle voyait se dessiner les extrêmes du portrait brossé dernièrement par Eurydice. « On dirait presque que tu as envie d'intervenir. » Elle aussi, dans une certaine mesure, supposait-elle, mais elle avait également accepté de se plier aux volontés de son amie et de faire confiance à ses instincts. Elle n'avait pas l'impression qu'il en soit de même pour Alexandre.

Le comportement de Jensen McGowan était un sujet qui échappait nettement à l'expertise de Stef. Elle haussa les épaules. « Victoire te dirait que c'est une question d'ego, ou d'égoïsme, je ne sais plus comment elle l'avait formulé. Genre pour l'embrouiller, mais en même temps Victoire le déteste. » admit-elle sans conviction, parce qu'elle ne tenait vraiment pas à prendre parti dans cette affaire. Cracher sur McGowan en dehors du terrain de Quidditch était très différent de haïr Karen par loyauté vis-à-vis de Kate. Elle trouvait Karen nettement plus désagréable, pour commencer, et en plus, Jensen était de la famille d'Alexandre. Et lui prêter pareilles intentions paraissait vraiment alarmant. « Il est réputé pour ne pas chercher de relation sérieuse lui, non ? Si ça se trouve McGowan ne risque rien. » nuança-t-elle en regrettant d'avoir autant parlé de Flynn - elle avait l'horrible impression qu'il trouverait ça très amusant, et ça lui déplaisait fortement.

Satisfaite du - nouveau - compliment adressé par le brun, elle rebondit pourtant sur sa remarque concernant Flynn (encore !) : « C'est déjà ça, en vrai. » Elle persistait à penser que Viska pouvait faire mieux que ce sinistre individu c'est cadeau mais après tout, ils semblaient réellement bien s'entendre et elle savait que tout au fond, Flynn pouvait être une personne décente - parfois.

La mention de Sterne ramena Stef à sa prestation future, et elle grimaça malgré elle, répondant pourtant avec bonne volonté : « Tu pourras demander à Lu', elle en a peut-être. » Et comme il s'agissait de sa cousine adorée, elle osait espérer que ça ne serait rien de trop compromettant ou humiliant pour elle, mais plutôt des clichés où elle ferait preuve d'une grâce infinie avec Photoshop tout est possible.

Les choses dérapèrent quelque peu à partir de là. Alexandre laissant ses mains traîner un peu plus longtemps que nécessaire sur sa taille, Stef sentit les battements de son cœur s'accélérer alors qu'elle comblait le peu de distance entre eux pour l'embrasser à nouveau, grisée par la notion qu'ils n'étaient que tous les deux pour de vrai et pour la première fois depuis qu'ils sortaient ensemble - et ce pour une durée encore déterminée. Elle supposait qu'un camarade d'Alexandre pourrait revenir à tout instant - ce qui serait assez gênant - et savait aussi que leurs amis les attendaient probablement au bal. Elle sentit l'hésitation de son petit-ami et leva les yeux vers lui avec curiosité. Elle ne savait pas précisément ce qu'elle voulait en cet instant, elle le réalisait soudain. Un flash des discussions qu'elle avait eues avec Lu' sur sa première fois avec Thiago lui passa par l'esprit et elle se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux, tout à coup bien consciente de la présence du lit juste à côté d'eux. Son alarme inopinée fondit sous les baisers d'Alexandre, l'une de ses mains quittant sa joue pour passer dans les cheveux du brun. En une seconde cependant, elle se figea visualiser une biche face à des phares de voiture, incapable de prendre une décision et - elle le réalisait à présent - légèrement essouflée. « Je... » Elle porta machinalement la main à ses propres cheveux. « Il faut qu'on descende, non ? Quelle heure est-il ? » Elle paniquait, elle le savait. Une part d'elle rageait de son indécision, prête à reprendre là où ils venaient tout juste de s'arrêter - et après tout, ça n'engageait à rien du tout. L'autre était prête à se carapater sans demander son reste pour aller quémander les lumières de sa cousine.  

Il y avait un débat récurent entre les deux amoureux qui était : qui a la pire fratrie. Si celle de Stef gagnait forcément par le nombre, Alex n’était pas persuadé de perdre côté nuisance, Ayélet étant une pure Symphonie dans tout ce que cela sous entendait de mauvais caractère et de violence excessive, mais il était vrai que dans un autre genre Quino pouvait être assez redoutable aussi. « Disons que quand ton frère te crie attention, cela ne revêt pas nécessairement les mêmes conséquences que lorsqu’il s’agit de ma sœur. Ayélet fait plutôt dans la destruction massive d’objets, en revanche je reconnais qu’elle est assez peu blagueuse. » Il n’y avait pas de risque particulier de ce côté là, elle ne faisait jamais ses coups en douce. Quand elle décidait de lancer des représailles, elles étaient franches et ouvertes. Les livres d’Alexandre s’en rappelaient encore, Ayélet en ayant minutieusement déchirées chaque page pour les transformer en confettis. Remarquez que ça prouvait qu’en dépit de ses activités extra-scolaires, elle avait encore trop de temps à perdre.

Pour ce qui était de Viska, Alex se montrait nettement moins détendu, bien qu’il soit moins fermé à la discussion que les premières semaines après la tentative de suicide de sa cousine. Il n’avait plus l’air d’avoir envie de commettre un meurtre, en revanche la sérénité n’était clairement pas encore le sentiment qui dominait. « Je sais bien, mais… je ne sais pas trop comment t’expliquer ça… » Son regard se perdit un instant sur un point imaginaire quelque part en face de lui. « Je n’arrive pas à me détendre parce que je n’ai toujours pas l’impression qu’elle aille mieux, pas vraiment mieux. Et je comprends que ce ne soit pas le cas, rien n’a changé par rapport à octobre. Et il n’y a rien que je puisse faire pour l’aider parce que… que ce soit pour Nathan ou pour Jensen, ce ne sont pas des choses qui dépendent de moi. Ça me frustre beaucoup. » admit-il avec sincérité. Alex était assez mature pour comprendre intellectuellement son impuissance face au mal-être de Viska, elle se transformait cependant en une sorte de bile amère qu’il tentait par tous les moyens d’évacuer. Il avait même pensé à tuer Nathan pour venger sa cousine une bonne fois pour toute et éviter qu’il n’échappe à la justice, il avait fini par renoncer à ce projet simplement parce qu’il n’avait pas trouvé de plan viable pour le réaliser dans un premier temps, et parce que cela aurait probablement rendu sa mère très triste dans un second temps – Nathan restant par ailleurs hors de sa portée, Alex lui conseillait quand même que cet état de fait perdure le plus longtemps possible -. Quant au problème avec Jensen, de ce que Viska lui en avait raconté, une partie était arrangée dans le sens où elle avait obtenu quelques éléments de réponse… seulement elle souffrait toujours. Alex aurait préféré que ce soit un autre mec qui brise le cœur de sa cousine, au moins il aurait toujours pu lui casser la figure : ça ne servait à rien, il le savait bien, mais ça lui aurait permis de faire quelque chose contre cette impression d’être inutile.

« Non, rien. Objectivement, je ne pense pas qu’il ait ce genre d’attention. Il passe assez de temps en tête à tête avec elle dans des salles vides pour l’avoir déjà tenté si c’était ce qu’il avait à l’esprit… je trouve juste toujours un peu bizarre qu’il l’ait invitée. » Non pas qu’Eurydice ne soit pas d’agréable compagnie et, en outre, tout à fait charmante, mais quand vous ne vouliez pas suivre les ordres de vos parents concernant vos futurs fiançailles, était-ce bien cohérent d’inviter celle avec qui ils voulaient vous caser ? Cela donnait plutôt l’impression à Alex que Niels disait à Eurydice qu’il ne voulait pas se marier, mais qu’en fait il la gardait sous le coude au cas où il ne trouverait pas une autre pouliche plus docile… « Eurydice a toujours tendance à chercher le bon côté chez les gens, seulement si Koning a une idée derrière la tête, je doute que simplement attendre qu’il se lasse soit une stratégie payante. » à la décharge de la Serdaigle, Stef et Alex n’étant pas du tout comme ça, on pouvait concevoir qu’ils ne parviennent pas à se projeter dans son comportement. Tous les deux étaient plutôt du genre fonceurs… de vrais Gryffondor ! Là où leur amie était plutôt tout en mesure et en sagesse. À la remarque de sa petite amie sur le fait qu’il avait envie d’intervenir, il haussa les épaules. « Un petit peu sûrement, mais je ne ferai rien qui mettrait Eurydice en difficulté, ne t’en fais pas. » la rassura-t-il, qu’elle ne s’imagine pas qu’il allait bêtement chercher les ennuis pour le seul plaisir de se bagarrer. Ce n’était pas du tout son style, et même si son taux d’agressivité était monté en flèche avec le stress, il savait encore se tenir, que chacun se rassure !

Revenant à Viska, et plus précisément à sa vie amoureuse, Alex grimaça à la mention des théories de Victoire. Leur capitaine lui avait bien fait part de ses pensées sur le sujet, mais il ne les avait pas encouragées. Il n’approuvait pas le comportement de Jensen, cela dit il ne voyait pas non plus le Serpentard manipuler son ex petite amie simplement pour la garder accro comme le supposait la semi-vélane. « J’pense pas qu’on soit sur quelque chose d’aussi réfléchi. Jensen a l’air vraiment affecté par ce que s’est fait Viska… » Bien qu’en faveur d’un retour de Jensen dans la vie sentimentale de sa cousine, il ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’en même temps c’était un peu la faute du jeune homme si tout était parti en cacahuète. Ce n’était pas comme s’il pouvait dire qu’il ne savait pas que Viska était fragile depuis son enlèvement, il paraissait assez évident qu’elle ne vivrait pas bien une rupture… Qu’il se soit imaginé que ça pourrait apporter quelque chose de positif à la blonde dépassait toujours Alex, cela étant il n’avait que la version de Viska qui elle-même avait du mal à adhérer aux explications de son ancien petit ami. Le lion était un peu binaire, soit on aimait quelqu’un et dans ce cas on était en couple avec (ou on essayait de l’être, parfois ce n’était simplement pas réciproque), soit on ne l’aimait pas/plus et donc on passait son chemin. Là, ce n’était ni l’un, ni l’autre. Alex ne comprenait rien il est pas le seul.

Dans la même catégorie (il fallait croire que Viska les attirait), il y avait aussi Flynn Mulligan. Il ne partageait cependant pas l’analyse de sa petite amie sur la question : « Je ne le connais pas très bien alors je me trompe peut-être, mais je les vois quand même souvent tous les deux ensemble, et il me donne plutôt l’impression d’être attaché à ‘Ska… voire un peu amoureux. C’est subtil, mais ils ne se comportent plus tout à fait comme cet été quand il venait chez nous. S’il finit vraiment par y avoir une rivalité entre Jens’ et lui pour le cœur de Viska, je ne miserais probablement pas toutes mes billes sur mon cousin : Mulligan est à ses côtés depuis des mois, plus le temps va passer, plus il va être difficile à dégager. » Surtout que Jensen ne faisait absolument rien pour que ça change. Il était vrai que Viska l’aimait toujours lui… mais la rupture commençait à dater, il était possible qu’un jour ça change. Pas ce soir en tout cas, il avait parlé à Viska le matin même, et il avait bien compris qu’abandonner tout espoir d’aller au bal avec son ex n’avait pas été simple. Tant qu’elle passait une bonne soirée quand même, c’était tout ce qui comptait pour Alex, même si c’était avec Mulligan !

« Viska doit en avoir aussi, elle en fait pour les archives du club. » dit-il ensuite concernant l’absence flagrante de photos où sa petite amie dansait. Il savait qu’elle ne partageait pas du tout sa passion, mais il aimait bien la taquiner à ce sujet (surtout qu’à côté de ça, elle était relativement jalouse d’Ethel alias la fille dont il ne faut surtout pas prononcer le prénom).

Une fois que la conversation prit une direction plus silencieuse et sensiblement plus active, Alex’ laissa le choix à Stef de poursuivre ou non. Il sentait son hésitation, dans le fond il avait eu la même quelques instants auparavant, et comme elle montrait des réticences, il relâcha légèrement son étreinte en lui souriant. Son souffle était encore un peu court du fait de l’emportement des derniers baisers échangés, mais ils n’avaient rien fait que la bonne morale réprouverait de trop, aussi put-il garder toute sa contenance pour dire : « Tu as raison, nous ferions mieux d’y aller. Ce serait dommage de louper la valse des préfets. » Selon Alex, batifoler avec sa petite amie n’avait rien de particulièrement grave, mais il ne fallait surtout pas le faire si le moindre doute existait. Il savait qu’ils n’auraient pas été bien loin alors qu’ils étaient dans un dortoir dans lequel n’importe qui pouvait entrer or Stef ne paraissait pas prête pour ça non plus. Vu que l’idée n’avait même pas effleurer Alex seulement une heure auparavant, on ne pouvait pas dire qu’il en conçut un énorme regret. Il se sentait encore un peu bizarre, rien toutefois qu’un peu d’eau froide sur le visage et les festivités du bal ne puissent gommer. « Je vais me rafraîchir un peu dans la salle de bain, je reviens. » lui souffla-t-il en déposant un baiser léger sur les lèvres, se rendant ensuite dans la pièce adjacente plus pour se remettre les idées en place qu’autre chose. Il revint rapidement dans sa chambre, tendant son bras à Stef : « On y va ? » C’était parti pour le bal !

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En général, c'était plutôt les parents Kostas qui criaient "attention" que Quino : son frère avait un sens de la mise en garde très particulier - comprendre qu'il prévenait souvent quand il était trop tard. Cela dit, et même si Stef savait se montrer très compétitive, il ne s'agissait pas vraiment d'un concours qu'elle voulait absolument gagner face à Alexandre. Encore aurait-il fallu un système objectif et juste pour comparer Ayelet à Quino, et cela lui paraissait représenter nettement trop d'effort. « La seule solution ce sera d'échanger nos familles, un de ces quatre. » conclut-elle avec sagesse, et adressant un regard appuyé à son petit-ami dans le miroir. Pour autant, elle espérait qu'un tel procédé n'impliquerait pas qu'on lui demande de pratiquer des arts martiaux, parce que dans ce cas-là elle allait se faire rétamer par toute la famille Symphonie !

Stef était en peine de conseiller Alexandre correctement au sujet de sa cousine. La situation, dans toute sa gravité et ses extrêmes, dépassait tout ce qu'elle avait pu vivre jusqu'à maintenant. Le comportement récent d'Alexandre ne lui paraissait pas totalement sain, et en même temps, elle comprenait - ou au moins, elle essayait de comprendre, dans la mesure du possible. « Je sais que c'est nul comme réponse on pourra donc se demander pourquoi je le dis et que c'est plus frustrant qu'autre chose, mais à part lui laisser du temps là, je ne vois pas trop... » répondit-elle avec prudence Faraday oui elle est ici, ne craignant pas particulièrement l'ire de son petit-ami - qui semblait relativement calme -, mais ne voulant pas le froisser pour autant. Viska avait dû faire beaucoup et très vite après l'enlèvement, et elle n'avait finalement jamais eu le temps de souffler - peut-être que cette fois, les choses pourraient se passer autrement ?

Quant à Niels Koning, si Stef était d'accord avec Alexandre sur le principe, elle n'avait en revanche pas envisagé qu'il puisse vouloir autre chose d'Eurydice que de simplement lui imposer sa compagnie regrettable bisous Niels. « J'sais pas, en même temps Eurydice dit qu'il n'a pas beaucoup d'amis et il passe une grande partie de son temps avec elle, non ? Du coup ça peut faire sens... » émit-elle avec perplexité et un soupçon de frustration, parce que si Nate s'était bougé un peu, ils n'en seraient pas là aujourd'hui. Après la façon dont il s'était comporté avec Alexandre, voilà maintenant qu'il laissait tomber Eurydice ! Elle était consciente que le niveau de responsabilité du préfet dans ces deux situations n'était pas tout à fait le même, mais il n'empêche qu'elle finirait peut-être par aller lui dire ses quatre vérités prochainement bonne chance à Nate. Stef adressa un regard victorieux à son petit-ami. « C'est exactement ce que je lui ai dit littéralement les mêmes mots oui oui mais elle a l'air de penser que c'est la seule option. Elle peut être un peu butée parfois. » Une synthèse qui ne manquait pas d'un brin d'ironie, car qui était-elle pour reprocher aux gens leur obstination ? Mais dans le fond, est-ce que ça ne faisait pas d'elle la personne la mieux placée pour s'en rendre compte ? Toujours renverser les situations en sa faveur. Alexandre lui promettant ensuite qu'il n'interviendrait pas juste pour intervenir, Stef acquiesça doucement, légèrement dubitative. Elle demandait encore à voir pour le croire mais pour  le bien d'Eurydice, elle espérait que son petit-ami ne se mentait pas à lui-même sur la question.

Il était de notoriété publique que Victoire détestait à nouveau Jensen McGowan, aussi Stef prenait-elle ses réflexions avec une pincée de sel. Et en plus, même si Victoire était son amie, elle n'avait pas de parti spécifique à prendre dans les affaires de Viska, aussi se contenta-t-elle d'opiner du chef à la réponse d'Alexandre, sans chercher à la contester. Il connaissait mieux qu'elle l'ensemble des protagonistes après tout.

L'idée que Mulligan puisse être amoureux laissait Stef quelque peu décontenancée. Elle avait passé tant de temps à fuir les remarques de son camarade de classe qu'elle ne s'était jamais trop penché sur les aspects plus personnels de sa vie. Il avait pour réputation d'être porté sur le flirt, mais elle supposait que ça n'empêchait pas qu'il tombe amoureux de Viska. « J'ai l'impression que tu as passé beaucoup de temps à observer Mulligan... je devrais m'inquiéter ? » plaisanta-t-elle, bien consciente que s'il avait été particulièrement attentif aux faits et gestes de quelqu'un, c'était plutôt Viska. « Qui l'eût cru, Mulligan aurait un cœur ? » ajouta-t-elle pour faire bonne mesure, et parce que ça lui paraissait plus simple que d'analyser la psychologie alambiquée du brun.

L'échange de cadeaux se déroula sans accroches, et Stef espéra que tout comme Lucrecia, Viska avait su conserver des photos acceptables (et même mieux qu'acceptables !) de sa personne. Cependant, elle n'eut pas l'occasion de s'attarder sur le sujet, car elle se retrouva très vite dans les bras de son petit-ami, laissant toute pensée parasite sur le bal, les danses à venir, les problèmes récents de côté. Seulement, si elle avait initialement été grisée par la sensation d'être enfin seule avec Alexandre, et de sentir son corps contre le sien tandis qu'elle l'embrassait avec nettement plus d'intensité que précédemment, elle perdit entièrement ses moyens lorsqu'il s'interrompit pour l'interroger bravo Alexandre. Balbutiant les premiers mots qui lui vinrent à l'esprit, elle croisa finalement le regard du brun alors qu'il lui confirmait qu'il était l'heure de descendre dans la grande salle. Elle hocha lentement la tête, se sentant dans une sorte d'entre deux bizarre entre le moment qui avait précédé et ce retour soudain à la réalité.

« D'accord. » Alexandre disparut dans sa salle de bain, et Stef se posa machinalement sur son lit cercle vicieux, son esprit ayant décidé de faire jaillir dix questions à la minute dans une tête qui ne semblait pas vouloir les traiter. Elle sursauta en entendant Alexandre revenir, bondissant presque de son siège. « Oui oui on y va. » confirma-t-elle en chaussant rapidement ses chaussures, pour suivre son petit-ami. Quant à faire abstraction de l'instant écoulé : ça n'était pas encore gagné.