Niels n’était pas vraiment sûr de comprendre où voulait en venir avec ses questions. Elle semblait vouloir trouver une réponse à toutes ses questions, et à toutes les lier à quelque chose de précis. Hors, la vie n’était pas précise, c’était bien le souci, on ne pouvait prédire tout ce qui allait se passer, de la naissance à la mort. « Je dirais plutôt qu’il a vu ce qui l’arrangeait le plus. Si les parents de Potter étaient ses ennemis les plus redoutables, c’est logique qu’il se tourne vers leur enfant. » Était-ce par contre une question de foi ? Il n’en savait trop rien. Il n’avait jamais trop prêté attention à la religion de toute manière et ne croyait pas en tout cela. Par contre, peut-être que Potter n’était pas celui dont parlait vraiment la prophétie. Et peut-être que s’il avait choisi l’enfant d’un autre couple, le monde d’aujourd’hui serait complètement différent. Mais avec des « si », on n pouvait refaire le monde et ce n’était pas vraiment une discussion que Niels avait envie d’avoir aujourd’hui, et encore moins avec Louisette. Elle n’avait qu’à ouvrir un livre d’histoire si elle voulait en savoir plus? Comme il l’avait fait lui-même.
Quant aux sentiments et ressentiments qu’il avait envers sa tante et l’enfant que portait sa mère, il devait bien admettre qu’il ne voyait pas un futur proche où les repas de famille seraient les plus joyeux du monde et ou tout le monde rirait les uns avec les autres. A la remarque de sa tante, il haussa un sourcil avant d’acquiescer d’un air faussement innocent. En soit, elle n’avait pas tort. Qu’elle soit absente de sa vie n’aurait pas du tout été une mauvaise chose, il devait bien l’admettre. De là à dire qu’elle pouvait disparaitre sans qu’il ne bronche… Et bien certes, il y avait une certaine part de vérité dans ce qu’elle disait. Après tout, il ne se sentait pas proche d’elle, il ne ressentait pas le besoin de l’avoir dans sa vie. Pensait-il cependant qu’elle méritait de mourir ? Non. Son père, ou du moins, celui qui avait été un père pour elle et l’avait maltraitée, oui. Mais c’était encore autre chose. Il ne prit pas la peine de répondre, n’ayant pas envie d’entendre une nouvelle fois l’espoir de la jeune lionne sur un possible amour entre Niels et l’enfant que sa mère portait.
« Je n’ai pas peur d’un bébé. » rétorqua-t-il du tac-o-tac à la petite rouge et or, ses yeux bleus perçants la trucidant de toute part. Si un regard pouvait tuer, nul doute que Louisette aurait été trucidée sur l’instant. Ses poings se serrant sur la rambarde entourant le système solaire, alors que la première année s’excusait. Si elle pensait que cela allait passer avec des excuses, elle se mettait le doigt dans l’oeil, jusqu’au coude et baguette incluse. « Je m’en vais. Débrouilles-toi pour retrouver ton chemin. » Sur ces dernières paroles, le jeune homme s’avança vers la porte, plantant sa tante dans la tour d’astronomie avec son fichu félin. En soit, il n’avait rien contre l’animal, mais il n’avait pas envie de rester plus longtemps avec elle, quoi que sa mère ait en tête pour eux. Si elle avait envie qu’ils s’entendent, cela partait, définitivement, très mal.
Comprendre le sens d'une prophétie semblait impossible, peut-être parce qu'elle en possédait beaucoup? Des mots vagues qui résonnaient en chacun avec cette étrange vérité qu'ils n'appartenaient à personne. Hors Trelawney avait ciblé le seigneur des ténèbres. Ces mots énigmatiques étaient pour lui le commencement de sa fin. Ironiquement, Louisette avait en mémoire chaque phrase de cette prophétie, comme si elle l'avait aussi énoncée un jour. Ridicule, Trelawney était bien en vie, même si ce n'était probablement pas elle qui avait parlé. Du moins, pas dans le sens que l'entendait la jeune fille, comme si quelque chose de plus grand était derrière les prophètes. Ridicule qu'une enfant de onze ans comprenne certaine chose qui échappe aux adultes. Elle partait donc du principe que c'était tellement évident que personne n'avait besoin de le mentionner. Il en était de même pour cette drôle d'histoire avec Fripouille. Ce chat sortit de nul part, enfin si: il était sur un muret de l'orphelinat. On la sent pointer le bout de son nez l'ironie de la trame non?
Un enfant n'est pas un danger tant qu'il ne devient pas assez âgé.
Evident non, du moins pour l'histoire mise en évidence, cela l'était. Le seigneur des ténèbres n'avait pu agir, ses allier auraient été plus intelligent, les choses auraient été une autre histoire. Était-ce de leurs fautes? De la faute à qui? D'un homme qui rêvait de pouvoir? Ou Merlin seul sait quoi.
Soit, Louisette se faisait un dessin bien claire d'au moins une chose, les ressentiments de Niels envers elle. Si ceux-ci n'était que faible, elle avait tout de même réussi, en l'insultant -bien comme il faut son amour-propre - son neveu. Qui allait lui reprocher de renvoyer la balle où ça fait mal après avoir eu droit à un coup bas? Après tout, la petite n'avait que onze ans, ce qui s'oubliait facilement vu qu'elle avait tendance à se montrer un peu plus mature. Hors, elle s'en voulait bien de lui avoir ainsi donné un croche pied. Son regard sombre le confirmait, elle ne détourna pourtant pas les yeux, le voyant, l'affrontant en partie, mais comprenant surtout mieux. Il était blessé, elle ne pouvait affirmer en quoi avoir peur d'un bébé était aussi insultant (on parle encore du Seigneur des Ténèbres?). Hors, (si face à l'autre elle n'aurait montré aucun remord) elle s'excusa auprès de Niels, certes avec ces mots préparés qu'elle connaissait, mais dont le sens était vrai.
Pourtant, le jeune homme, plus immature que prévu, resta dans son optique de mécontentement et l'envoya promener, ou plutôt, il partit en la laissant là. N'était-ce pas enfantin? Sa tête aux longs cheveux se pencha, Louisette l'avait blessée, mais une part d'elle ne pouvait s'empêcher de sourire. Il était vexé. Elle jeta un regard à son félin qui poussa un miaulement.
Tu as raison Fripouille, ce n'est pas bien de montrer les points faibles. Selon Niels, pas même les siens.
Si la jeune homme ne voyait pas une rivale en cette demoiselle. Si Freja ne la pensait pas capable d'avoir les épaules solides, ils allaient devoir la regarder sous un autre jour. Qui a dit que Louisette était faible et fragile? Son sourire aux lèvres, elle laissa son chat filer en premier avant de regarder un peu plus ses planètes. La Lune ne lui faisait pas peur, pas vraiment en soit, c'était ce qu'elle provoquait qui lui glaçait le sang. Elle le savait, alors pourquoi Niels ne l'avait-il pas compris de la sorte? Elle pouvait y réfléchir autant qu'elle le désirait, le jeune sorcier l'éviterait certainement à nouveau.