Peony & Erwin.

Peony avait mis toute sa vie entre parenthèse le temps que Viska aille mieux. Le temps qu’elle avait passé à l’infirmerie, après sa tentative de suicide, lui donnait désormais des nausées rien que lorsqu’elle pensait à cette partie du château ou qu’elle sentait une odeur un peu trop de formole ou de potion. Elle s’était rendue compte que la présence du soleil dans le tirage qu’avait fait Sithmaith était, au final, assez logique du coup. Elle avait mis toute sa vie entre parenthèses pour Viska, pour que son amie se porte mieux. Quand la blonde avait été à Glasgow la semaine suivant celle a l’infirmerie, Peony avait eut l’air d’un poussin perdu, ne sachant pas trop quoi faire. Elle était beaucoup restée avec Dahlia, ce qui, en soit, ne changeait pas énormément de d’habitude certes, mais était devenue bien moins expressive, un peu comme lorsqu’elle s’était disputée avec Leopold quand elle était en quatrième année, même si, pour le coup, les raisons avaient été toutes autres. Même si elle aimait beaucoup Viska, elle n’en n’était pas amoureuse. Elle se faisait simplement du souci pour son amie. Même si, dans l’absolu, être amoureuse de Viska aurait été moins problématique que de son propre frère, elle en convenait volontiers. Heureusement que cela lui était passé.

Lorsque Magicis Sacra avait annoncé la naissance de l’enfant de Freja, Peony était restée de marbre. Elle se demandait comment on pouvait être assez fou pour vouloir faire un enfant à cette folle, mais bon, elle n’était pas non plus très convaincue que tous ceux qui étaient des alliés à Magicis Sacra soient très nets, donc forcément… Maintenant, le mois de décembre se profilait doucement, et le froid de l’hiver se faisait également plus présent. Alors qu’elle finissait sa journée, plutôt légère car on était déjà en fin de semaine, elle se rendit sur le terrain de Quidditch, où elle pensait trouver son meilleur ami. Resserrant sa cape autour de ses épaules, elle fronça les sourcils en s’apercevant que le terrain était vide. Pourtant, elle était persuadée de pouvoir trouver le capitaine des verts et argents ici, puisqu’il passait pratiquement tout son temps dans les airs, d’autant plus depuis la rentrée. Pour le coup, c’était loupé, il n’y avait personne, et même pas l’ombre d’un vif d’or. Poussant un soupir, la rousse reprit le chemin du château, ses cheveux lâchés volant derrière elle alors que le vent froid arrivait face à elle. Elle sortit sa tablette d’une poche de sa cape, envoyant un message à Jensen. Elle avait une chance sur deux pour qu’il lui réponde, mais il fallait bien qu’elle tente. Jensen n’étant pas très technologie moldue, même s’il savait se servir de la tablette, il ne le faisait généralement que lorsqu’il en avait vraiment besoin. Les yeux bruns de la rouquine se posèrent sur les anciens messages qu’elle lui avait envoyé, une boule d’angoisse lui serrant la gorge. Il s’agissait de ceux qu’elle lui avait envoyé en octobre, lorsqu’elle avait trouvé Viska, en sang, dans la salle de bain. Elle secoua la tête, éteignit l’écran et fourra la tablette dans sa poche, attendant que le petit bruit signalant un nouveau message se fasse entendre.

Une fois arrivée au château, elle prit, par défaut, le chemin de la salle commune des serpents. Si Jensen n’était pas sur le terrain, il devait sûrement être là… Et elle venait déjà de marcher dans l’herbe avec des talons vertigineux, elle n’avait pas spécialement envie de tenter sa chance jusqu’à la bibliothèque pour rien, merci bien. Le mot de passe donné, la porte s’ouvrit et son regard balaya la pièce. Kate était là, en train de boire un thé, en compagnie de Lucrecia et de Thiago. Rien de bien étonnant. Pas de trace de son meilleur ami par contre, mais l’un de ses amis trainaient par là, et même si elle sentit une bouffée d’appréhension lui monter à la gorge, elle se dirigea vers ce dernier sans trop y réfléchir à deux fois. « Foster ! Est-ce que tu as vu Jensen ? Il n’était pas au terrain de Quidditch, je n’arrive pas à lui mettre la main dessus. » Se plantant devant le septième année, ses yeux bruns fixant ce dernier sans ciller, Peony attendait une réponse, et de préférence, une réponse qui lui plaisait. Elle devait bien avouer qu’elle avait sentit son coeur s’accélérer en voyant qu’Erwin était tout seul sur son canapé, sans sa sangsue de Faure que Peony avait bien du mal à supporter. Dans un coin de sa tête, et malgré le fait que Dahlia lui assurait, dès qu’elle en parlait, que tout cela lui était monté à la tête, la prédiction de Trelawney passait et repassait dans son esprit. Elle avait bien discuté avec Leandró, le frère de Lucrecia pendant les vacances -il était brun et plutôt mignon, elle avait rapidement été charmée- le fait qu’il habite de l’autre côté de l’océan n’aidait pas vraiment. Elle avait ensuite passé tous les garçons en revue à Poudlard, mais sa liste s’amenuisait et elle commençait à se demander si elle n’était pas juste toute simplement folle.

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Peony était assez directe comme personne. Peut-être que le fait d’avoir deux frères et une jumelle y était pour quelque chose, il fallait qu’on l’entende, il fallait qu’on la voit, il fallait que sa présence soit remarquée. Quand elle avait été nommée préfète, ça avait été la cerise sur le gâteau. On écoutait -généralement- les préfets. Et le fait de l’être avec sa sœur l’avait ravie, car sans Dahlia à Serpentard, ses soirées étaient bien moins intéressantes. Maintenant qu’elles avaient toutes les deux une tablette, et qu’elles étaient souvent ensemble lors des rondes, ça allait beaucoup mieux. L’absence de Leopold se faisait toujours sentir, mais au moins Peony ne focalisait plus là-dessus. Et vu ce qui était arrivé à Viska et les problèmes de sommeil qui en découlait, peut-être valait-il mieux qu’elle pense à autre chose. Ce qui semblait être également le cas d’Erwin Foster, puisqu’il lui repondit complètement à côté de la plaque, ce qui fit lever les yeux au ciel à la préfète de Serpentard. « Quoi ? Non je ne veux pas de place. T’écoutes les gens quand ils te parlent des fois ou pas ? » En soit, elle n’avait rien contre Erwin, elle ne le connaissait pas tant que ça mais on ne pouvait pas dire qu’il brillait par sa réputation.

Malheureusement pour la jeune femme, Erwin ne semblait pas avoir vu Jensen. Dommage, elle allait sûrement devoir patienter et elle n’était pas très douée pour cela. Ce fut cependant les paroles suivantes de son camarade qui l’interpellèrent. « Hein ? » Elle avait mal entendu ? Inconsciemment, son coeur s’accéléra, ce qui était idiot. Mais elle restait impassible et le fixait sans ciller. « Qu’est-ce que tu veux, Foster ? Je ne te ferais aucune fleur juste parce que je suis préfète, si tu veux augmenter tes notes, tu n’as qu’à travailler. » Bien entendu, Peony ne voyait absolument pas de quoi Erwin voulait réellement parler. Comment l’aurait-elle pu de toute manière ? Ce n’était pas comme si Erwin et elle étaient proches, loin de là. Il n’était même pas dans leurs habitudes de trainer ensemble et elle ne supportait pas son lèche-bottes de meilleur ami. Croisant les bras sous sa poitrine, la rousse posa ses prunelles brunes sur le septième année, cherchant à comprendre ce qu’il avait en tête. Manque de bol pour elle, elle ne lisait pas dans les esprits et n’était pas legilimens pour deux sous. Sauf qu’il était assez facile de l’intéresser quand on en venait à piquer sa curiosité. « Bon, qu’est-ce que tu veux ? Je m’assoies, mais tu parles. » Et s’il venait vraiment à lui demander de lui éviter une heure de colle pour un zéro pointé, il pouvait être sûr qu’elle le planterait là sans demander son reste. La sixième année pris donc place, à bonne distance, d’Erwin, sur le canapé qu’il occupait, attendant de savoir ce qu’il lui voulait.

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Qu’Erwin divague et rêvasse était le cadet de ses soucis. Elle avait bien trop à penser avec tout ce qu’il se passait autour d’elle pour se le permettre, et sentit comme une pointe de jalousie percer, qu’elle chassa en secouant la tête pour penser à autre chose.  « Les hortensias ? » Plus le temps passait, plus la rousse se demandait pourquoi elle restait là. Clairement, Erwin était dans un monde totalement différent du sien, c’était clair et net. D’où lui venait-il à l’esprit de parler d’hortensias quand la personne en face de lui portait justement le nom d’une fleur ? Surtout que Peony adorait les pivoines en plus d’en porter le prénom, ce n’était pas un secret. Que les hortensias… Ce n’était pas vraiment son truc. De plus, qu’il insinue qu’elle puisse en venir aux mains était vraiment mal la connaître. Même quand elle s’était méchamment disputée avec son frère aîné ou avec Victoire, elle n’avait pas usé de la force. De toute façon, elle n’avait aucune force. Elle savait se débrouiller suite aux stages et aux cours d’arts martiaux, certes, mais elle y participait plus pour veiller sur Viska qu’autre chose, il fallait bien l’avouer. « Je n’ai pas le droit de l’enlever. » Ce qui était entièrement faux, bien entendu, quoi que Dahlia avait du, à un moment donné, penser que c’était la réalité puisqu’elle n’avait plus quitté le badge de préfète-en-cheffe de toutes les vacances. Mais c’était encore autre chose. Elle était folle, voyez-vous.

Assise sur le canapé, la rousse croisa les jambes et posa son regard sur le septième année à ses côtés. Elle ne savait pas vraiment à quoi s’attendre, vu qu’ils n’avaient jamais vraiment discuté. Il était ami avec Jensen, certes, ils étaient ensemble dans certains cours, d’accord, mais à part ça… Elle ne savait rien de lui. Si ce n’est qu’il avait une réputation de flemmard et que c’était bien l’une des seules ombres au tableau dans son profil. Et Dahlia ne manquait jamais de le lui rappeler, dès que sa jumelle avait l’audace de mentionner Erwin Foster dans la conversation. Quand il lui demanda de ne pas rire et qu’il s’agissait du bal, elle se demanda, tout d’abord, s’il allait lui demander s’il pouvait inviter Dahlia. La chose aurait eu d’abord l’effet d’une douche froide - tout le monde ne voyait que les autres filles ou quoi? - puis elle aurait ri à gorge déployée. Foster n’avait aucune chance avec sa jumelle. Mais quand il lui demanda à elle, d’être sa cavalière, elle le regarda, surprise. Elle ne comprit pas vraiment le rapport avec Faure et Hudson, mais passa au-dessus. « Tu veux y aller avec moi ? Tu te rends comptes que si je dis oui, tu vas devoir ouvrir le bal, avec tous les autres préfets ? » Parce que c’était la tradition, les préfets devaient ouvrir le bal et donc devaient obligatoirement et présents. Accompagnés… Pas forcément, tant qu’ils avaient quelqu’un pour danser la première valse. « Tu sais danser la valse ? » Il était de Sang-Pur et avait eu une éducation similaire à celle Jensen pour ce qu’elle en savait, mais sait-on jamais… serait-il capable de la porter ? En plus, même si elle était très fine et un poids plume, elle était grande… et elle mettrait des talons…

« Tu me fais du chantage maintenant ?! Qu’est-ce qui est si secret pour que je sois obligée d’être ta cavalière pour que tu acceptes de me le dire ? » Son esprit allait à mille à l’heure. Il y avait des centaines de possibilités, des milliers de secrets. Sauf qu’une part d’elle-même avait envie qu’il lui dise qu’il ne voulait qu’elle, parce que cette fichue prédiction lui montait à la tête. Dahlia lui aurait sans doute fait les gros yeux si elle était capable de lire dans ses pensées. « Et pourquoi je devrais accepter ? » Parce que même si le « oui » lui brûlait la langue et les lèvres, elle n’avait pas envie de se précipiter, de montrer qu’elle n’attendait que cela. Car ce n’était pas tout à fait vrai. Mais en même pas, pas tout à fait faux non plus… C’était tellement compliqué d’être une adolescente ! A qui le dis-tu ma pauvre Peo' !

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Peony avait un sacré caractère, ce n’était pas nouveau. Elle était peut-être très sociable, mais elle était aussi très exclusive et avait beaucoup de mal à accepter que des gens entrent dans son cercle d’amis proches. Vanellope par exemple, n’en faisait pas partie, quand bien même elle passait souvent du temps avec elle avec tout l’histoire autour de Viska -et ne parlons même pas de Flynn, qu’elle ne considérait même pas comme un ami et encore moins comme un pote, mais soit. Refusant de retirer son badge -est-ce qu’elle lui demandait l’impossible elle, non, elle ne croyait pas !- elle fut cependant contente de voir qu’il n’insistait pas. De toute façon, même s’il l’avait fait, elle aurait continué à refuser. Les préfets n’enlevaient que très rarement leurs badges, et certains se laissaient même tellement embriguader qu’ils dormaient avec, ou le portait en dehors des mois à Poudlard. Bon, d’accord, Dahlia avait peut-être été un peu emportée par la joie d’avoir été nommée préfète en cheffe, mais quand même ! « Merci. » répondit-elle dans un sourire, se détendant tout de même un peu, et se laissant aller vers le dossier du canapé.

La vipère haussa un sourcil lorsqu’Erwin lui dit qu’il savait tout à fait ce qui l’attendait à y aller en sa compagnie, puis fronça ces derniers lorsqu’il parla de sa réputation et de ses sentiments. Son propre coeur loupa un battement à ce dernier mot. Est-ce qu’elle lisait correctement entre les lignes, ou est-ce qu’elle se faisait des films de bout en bout ? Etait-il possible que, sous sa carapace de flemmard professionnel, Erwin Foster ait des sentiments pour une fille ? Plus encore, pour elle ? Elle se gifla mentalement pour se sortir ces idées de la tête, préférant éviter de s’imaginer tout et n’importe quoi, alors qu’elle n’avait aucune preuve de ce qu’elle avançait. Autant embrayer sur la valse d’ouverture, un sujet bien moins risqué. Elle laissa un rire s’échapper d’entre ses lèvres à la réponse du septième année, avant de secouer la tête de droite à gauche. « Non ça ira, je vais te faire confiance sur ce point. Mais si tu me ridiculises, tu me le paieras. » L’air innocente, ses prunelles noisettes fixèrent Erwin, dans un mélange de menace et de malice. Baissant ensuite les yeux vers les pieds du Serpentard, vu qu’il en parlait, elle acquiesça d’un signe de tête. « En effet, on peut mieux faire. » C’était plus fort qu’elle, elle aimait la mode, ce n’était un secret pour personne…

Alors qu’il se lançait dans une longue tirade, la jeune femme l’écouta avec attention, haussant un sourcil perplexe au fur et à mesure qu’il avançait dans ses explications. Elle avait bien trouvé étrange qu’il soit en cours de potions après les BUSEs alors qu’il fallait minimum un « Effort Exceptionnel » là où la plupart des matières demandait simplement un « Acceptable » « Et bien. Je me suis posée la question, mais je me suis dit que peut-être tu aimais les potions… Ou que tu avais des prédispositions, je ne sais pas. » Bref, elle lui avait trouvé une excuse pour sa présence en cours, alors qu’elle ne s’y attendait pas. Quant à la seconde partie, toujours sur les potions où il soumit l’idée qu’elle le croyait endormi, elle haussa les épaules, l’air de rien. « Disons que ça ne t’as pas vraiment réussit, tu as loupé ta potion… » Alors certes, elle remuait le couteau dans la plaie, mais en même temps, c’était la vérité. Peony avait fait l’une des meilleures potions de la classe, alors qu’Erwin s’était planté en beauté.

« C’est bon Foster, détends-toi. J’accepte d’être ta cavalière. » Elle-même avait du mal à croire qu’elle venait de prononcer ces mots. Il aurait peut-être été plus sûr qu’elle s’y rende avec Jensen, ou peut-être même avec Quino, puisque ce dernier ne semblait toujours pas prêt à faire sa déclaration à sa soeur… Mais comme ils avaient tous été pris de court par Erwin, et que Peony avait cette idée stupide derrière la tête que, peut-être, Erwin n’était pas un garçon lambda… « Tu es sûr que je n’ai pas le droit d’avoir un petit indice ? En tant que cavalière ? » Elle se doutait que tenter de lui faire du charme ne servirait à rien -encore que, elle n’en savait rien, mais elle en doutait quand même. Si ça pouvait fonctionner avec Alfie, il n’était plus au château et Erwin était bien différent de ce dernier.

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