∟Lately, I've been, I've been losing sleep ∟PV

I've been losing sleep

Mais que faisait Victoire réveillée à cinq heures du matin tentant de s’extirper de sa chambre sans réveiller aucune de ses camarades de dortoir –et vu sa discrétion légendaire, la mission était quasiment impossible ? Chez les Weasley, le sommeil était (presque) aussi précieux que le moment du repas et Victoire, contrairement à certains élèves de Poudlard, n’avait jamais eu d’insomnies. Elle avait toujours très bien dormi, et réussi à dormir dès le premier coup, sans se retourner pendant des minutes avant de pouvoir trouver le sommeil. Pourtant, depuis la rentrée, le moment du coucher était devenu beaucoup plus difficile qu’avant. Déjà car il s’agissait d’un de ses rares moments d’inactivité de la journée, un moment où elle se retrouvait seule avec ses pensées, sans rien pour la distraire si ce n’est la musique qu’écoutait Vanellope sur sa tablette magique et le ronflement léger de Psychée. C’était le moment de la journée où Teddy lui manquait le plus, et ce n’est pas peu dire sachant qu’il lui manquait à chaque seconde de chaque minute de chaque heure. Elle avait pris l’habitude de dormir avec lui durant l’été, son corps mince mais étonnamment très confortable tout contre elle, sa chaleur corporelle la contaminant toute entière. Parfois, elle s’enveloppait de ses deux bras et serrait fort en imaginant qu’il s’agissait de ceux de Teddy. Parfois, ça marchait mais souvent, ça la rendait plus triste que jamais.

Cette nuit-là, elle avait senti l’absence de son petit ami plus cruelle encore que les autres nuits. C’était si insupportable ce vide béant en elle qu’elle ne pouvait pas rester dans son lit une minute de plus. Alors elle avait tiré les rideaux en tentant de faire le moins de bruit possible, avait revêtu sa tenue de sport et un gilet à capuche rouge, ses baskets, avant de sortir de son dortoir. Elle avait des étages à la descendre mais ça ne l’avait jamais dérangée. Et même plutôt dévaler les marches en trottinant, ça lui servait d’échauffement et ce n’était pas plus mal vu que ses jambes seraient collées à un balai pour le reste de son entraînement. Car elle se rendait évidemment vers le stade de Quidditch, son balai à la main. Le stade avait toujours été son repère. Son repère à elle mais aussi à Teddy et elle. Ils avaient vécu un tas de moments incroyables sur ce terrain et Victoire pensa avec un petit pincement au cœur qu’ils s’y étaient même engueulés lorsqu’ils avaient tous deux dépassé les limites et joué de leur don l’un contre l’autre.

En arrivant, elle repéra une silhouette qui volait en solitaire et son cœur battit de manière ridicule en s’imaginant qu’il pouvait s’agir de son meilleur ami. Mais évidemment, c’était impossible. Il n’était pas là, il ne pouvait pas être là et elle ne le reverrait pas avant des jours et des jours qui paraissaient une éternité. Soupirant, elle enfourcha son balai, et d’un coup de pied puissant au sol se retrouva dans les airs. Elle souffla, admirant la vue sur le château et sur la Forêt Interdite. C’était le meilleur moyen pour se changer les idées, surtout si elle avait de la compagnie. « Salut ! Matinal comme entraînement. Timothée c’est ça Dahlia, Victoire, même combat ? Tu traînes un peu avec V non ? On partage la même chambre. Je m’appelle Victoire. » Elle se présentait par politesse car à dire vrai, elle pensait que tout le monde savait qui elle était. Elle avait un patronyme célèbre, gérait une équipe de Quidditch qui avait gagné la coupe sous sa houlette, faisait partie d’un tas de clubs et avait été élue deux années consécutives miss Poudlard. Ce n’était pas se la jouer arrogante que d’affirmer que tout le monde à Poudlard connaissait Victoire Weasley.

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A une heure aussi matinale, ou tardive selon le point de vue que l’on adoptait, Victoire ne s’était pas attendu à apercevoir quelqu’un au stade de Quidditch. Il aurait très bien pu s’agir de Jensen car peu importe à quel point elle haïssait de toutes les fibres de son corps le capitaine de Serpentard, elle savait très bien qu’il s’entraînait comme un dingue, lui aussi, pour pouvoir prétendre à un poste dans une équipe de Quidditch en sortie de Poudlard. Heureusement pour Victoire comme pour le Serpent, il ne s’agissait pas de lui qui volait dans le ciel sombre mais dégagé que l’on voyait les étoiles briller. C’était Timothée, également de la maison des verts et argent, un garçon transfuge de Durmstrang selon les souvenirs de Victoire mais elle pouvait se tromper, car comme il était plus jeune et qu’il n’appartenait pas à sa maison, on ne pouvait pas dire qu’elle avait beaucoup prêté attention à lui. Il lui semblait juste l’avoir aperçu en compagnie de Vanellope et Vic se demanda si le brun était l’une des conquêtes de sa camarade de dortoir, libertine revendiquée. Au moins ne s’était-elle pas gourée dans son prénom ou presque puisqu’il ne la reprit pas. Le contraire aurait pu être possible, elle connaissait beaucoup de monde à Poudlard mais pas tous quand même.

Un sourire amusé agita le visage gracieux de Victoire alors que Timothée, tête en bas et bras vers le sol, lui demandait ce qu’elle faisait ici. « Je n’arrivais plus à dormir et comme les activités ne sont pas variées à cette heure-ci…voler m’est apparu comme la meilleure solution pour m’occuper. » Victoire possédait un nombre incroyable de défauts mais l’oisiveté ne faisait certainement pas partie de son comportement. Il fallait toujours qu’elle trouve un moyen de dépenser son énergie qui, à l’instar de son charme de Vélane, semblait inépuisable. « Et toi ? Tu es venu t’entraîner à faire des figures sur ton balai pour impressionner V ? », lui demanda-t-elle à son tour. Beaucoup jugeaient Victoire comme étant quelqu’un d’assez égocentrique et bien sûr, elle pouvait parler des heures de Quidditch, de sa famille sans oublier son sujet favori de conversation : Teddy. Mais elle était très sociable et elle s’intéressait naturellement à son interlocuteur. En plus, en l’occurrence, elle ne connaissait rien de Timothée et c’était l’occasion d’apprendre des trucs sur lui –et en tant que grande commère dans l’âme, Victoire adorait savoir des anecdotes sur ses camarades.

« Je comptais pas venir ici pour discutailler de toute façon ! Une bonne course et des passes après ? » Timothée semblait être là depuis un petit moment mais cela ne faisait pas peur à la très compétitive Victoire. Peut-être que le cinquième année était plus échauffé qu’elle, ou peut-être était-il plus fatigué dans tous les cas, elle possédait un bon balai et une certaine habileté pour la course en balais et bien évidemment, elle ne le laisserait pas gagner. Elle était venue ici pour chercher sa dose d’action et elle l’aurait et ce serait même plus intéressant qu’elle ne l’avait de base prévu puisqu’elle n’était pas seule. Alors Timothée n’était certainement pas Teddy mais il ne lui faisait pas l’effet d’être de mauvaise compagnie, en tout cas pour le moment.

Victoire n’était clairement pas la plus douée niveau prénoms elle prend modèle sur l’amour de sa vie, Dahlia Lloyd, en tout cas pas de tous les prénoms. Elle connaissait la très grande majorité des Gryffondors, hormis peut-être quelques discrets premières années, avec lesquels elle s’efforçait de parler très régulièrement, les sorciers de sa promotion, quelques personnes de la promotion de Mini, et de James, ceux liés à ses amis, et c’était déjà pas mal. Bien évidemment, elle connaissait les joueurs de son équipe de Quidditch et encore heureux vu qu’elle en était la capitaine ! A Magic Mix, il y avait peu de filles à retenir et certaines étaient ses amies comme Peony et V. En revanche, dans le club de duels et Sterne, elle n’avait jamais su les prénoms de tout le monde. Ce n’était pas pour rien qu’elle avait carrément oublié qu’Erin en avait fait partie –il fallait dire que l’ex de Teddy était totalement transparente et oubliable, mais passons. L’ancienne Serpentard réussissait désormais à se faire un nom et Vic devait bien avouer qu’elle avait une jolie voix –et elle acceptait désormais sa présence dans la vie de Teddy, via Tempérance notamment, car elle savait que son petit ami n’éprouvait rien pour elle, et n’avait d’ailleurs jamais éprouvé plus que de l’amitié pour elle. Aussi, rien d’étonnant à ce qu’elle ne se rappelle pas bien du prénom du garçon en face d’elle, même s’il était un des rares danseurs garçons de Sterne.

« Je vois. Je ne pensais pas que le lac était aussi bruyant que ça mais en même temps, je n’ai jamais été dans votre salle commune. Je devrais demander à Peony, elle aussi a du mal à dormir en ce moment. » Rapport à Viska et la perspective effrayante de (re)découvrir leur amie en train de s’ouvrir les veines dans leur salle de bains commune. « Tu as raison de te préparer pour les matchs. C’est la seule manière d’être sûr d’être prêt, crois-en mon expérience. » Et outre plus de cinq ans perchée sur son très cher Brossdur dans le stade de son école, Victoire avait derrière elle des dizaines et des dizaines de matchs organisés dans le jardin de mamie Molly et papy Arthur. Elle en demandait beaucoup à ses joueurs, mais elle était avant tout exigeante envers elle-même et ne comptait pas que sur son talent brut pour se faire repérer des recruteurs et gagner la Coupe de Quidditch. Elle s’entraînait plus dur que n’importe qui. « Mais ne t’en fais pas trop pour la Coupe, on va vous écraser. » Elle lui adressa un regard où brillait la flamme de la détermination, mêlée à celle, jamais très loin lorsqu’il s’agissait de Victoire et de Quidditch, de la compétitivité. Vic était remontée après la dernière place obtenue l’an dernier. Il était hors de question de reproduire une telle déconvenue, foi de Weasley.

Victoire pouvait en tout cas totalement comprendre Timothée lorsqu’il affirmait que le balai le détendait. La blonde s’était toujours sentie à l’aise sur un balai, contrairement à sa propre mère ou à sa tante Hermione, et c’était aussi pour se détendre qu’elle s’était rendue au stade. « Un tour de terrain à pleine vitesse, un lancer dans l’anneau central, on passe sur les gradins sans que les pieds touchent les bancs, un lancer dans l’anneau de gauche, on passe à ras de l’herbe, toujours sans toucher, un lancer dans l’anneau de droite et un dernier tour de terrain. C'est un petit parcours, je ne voudrais pas t’essouffler ! » Elle lui adressa un clin d’œil. Elle aimait se donner des challenges, dépasser sans cesse ses limites –c’était la beauté du sport.

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Victoire leva un sourcil, dans une expression à la fois outrée et quelque peu méprisante. Il était vrai que niveau résultats scolaires, on pouvait dire qu’elle était une élève modèle. Son bulletin était le plus parfait possible, et si elle avait des facilités indéniables, elle avait aussi travaillé dur pour ramener de bonnes notes à ses parents, plus dans un souci d’être l’une des meilleures de sa promotion plutôt qu’autre chose. Elle participait aux cours afin de rapporter des points à sa maison, et multipliait les clubs autant pour varier les activités que pour prendre part à la vie de l’école. Elle avait en revanche rien contre les retenues, et en avait d’ailleurs récolté quelques-unes au fur et à mesure de ses années de scolarité. Victoire était aventureuse, c’était ce qui l’avait conduite à Gryffondor avec sa détermination et son courage, et elle avait toujours voulu vivre des tas de choses à Poudlard comme ses oncles et tantes, peu importe les conséquences. Aussi, elle aurait tout à fait été capable de s’infiltrer dans la salle commune de Serpentard, comme Ron et Harry l’avaient fait quand ils étaient jeunes, mais l’occasion ne s’était pas présentée, tout simplement. « Tu ne me connais pas vraiment. Je ne compte plus mes balades dans la Forêt Interdite », lui rétorqua-t-elle donc. Et comme le prouvait son nom, les élèves n’étaient pas censés pénétrer dans les bois qui bordaient le parc de Poudlard.

« Moi j’aime bien jouer devant le public. Ça te donne la pression, oui, mais la bonne pression, c’est grisant », affirma-t-elle de son habituel ton péremptoire, qui n’admettait aucune réponse. Vic admettait toujours les spectateurs lors des entraînements de Quidditch de son équipe, enfin les spectateurs rouges et or, car il ne fallait certainement pas que les techniques et tactiques mises au point soient dévoilées aux autres capitaines. Lorsque son camarade affirma qu’il ne laisserait pas Gryffondor gagner, Vic partit dans un éclat de rire tonitruant. « Tes menaces sont mignonnes, Timothée, mais tu me fais vraiment pas peur », lui répondit-elle, les yeux bleus brillant de sa détermination caractéristique. En même temps, Vic n’avait peur de personne, ce n’était pas un gringalet qu’elle n’avait jamais vraiment vu jouer qui allait l’effrayer !

A défaut de l’apeurer, Timothée possédait le sens de la répartie, Victoire pouvait tout à fait le reconnaître. Comme sa remarque l’amusa plutôt qu’autre chose, elle lui évita le sort qu’elle réservait généralement aux personnes qui osaient dire qu’elle se ménageait, particulièrement au Quidditch, soit un bon vieux Chauve-Furie en pleine face, et lui sourit plutôt. « J’essaye juste de te proposer un parcours à ton niveau, que tu te sentes pas trop nul. Je détesterais te voir quitter l’équipe de McGowan car tu te sens pas la hauteur », répondit-elle, peu désireuse de lui laisser le dernier mot. En vérité, si elle pouvait appauvrir l’équipe des verts et argent et faire en sorte qu’ils perdent leur match, elle n’hésiterait pas une seule seconde…Pour autant, elle ne partit pas avant le top départ lors de leur course, car elle n’était pas non plus du genre à tricher, pas de manière éhontée en tout cas, et elle n’avait certainement pas besoin de ça pour arriver première. La preuve : même si Timothée allait vite, il ne faisait pas assez attention à ses virages et se foira complètement, ce qui permit à Victoire de repasser devant sans problèmes et sans accélérer comme une malade, et après un dernier tour de terrain effectué à toute vitesse, ce fut bien elle, évidemment qui arriva la première. Avec un tel enthousiasme qu’elle enclencha inconsciemment son charme de Vélane, elle se retourna vers le garçon pour le chambrer : « Ne pleure pas trop, tu as gagné le droit de m’observer pendant mon entraînement, même si tu fais partie d’une équipe adverse ! Je t’ai pourtant laissé ta chance, mais tu as préféré foncer plutôt que de voler correctement ! » Et sur ses mots, elle exécuta une pirouette, se retrouva la tête en bas, tenue uniquement par ses jambes sur son balai. Car il n’y avait pas que lui qui savait faire ça !

Terminé pour Victoire