Vent d'avril, souffle de victoire ★ James

Vent d'avril, souffle de victoire

La queue de cheval blonde secouée dans tous les sens par le vent d’avril, le vent d’avril qui cinglait aussi tout son corps, même si elle portait encore son pull bien chaud de Quidditch, Victoire, Souaffle sous le bras, fonçait vers les anneaux gardés par Jamie, qui remplaçait Bly au poste de gardien cette année après son départ de l’école je viens de checker les PVs et j’ai constaté sa disparition. Vic avait une confiance totale en Jamie, malgré sa carrure, le jeune garçon se débrouillait très bien pour garder les anneaux. La preuve : il n’avait rien laissé passer lors du match contre Serdaigle. En même temps, Victoire avait fait en sorte de bien le préparer. Elle l’avait d’abord recruté dès sa nomination en tant que capitaine, intégré à son équipe de remplaçants qu’elle coachait elle-même. Les remplaçants s’entraînaient avec les titulaires, même si parfois les entraînements étaient séparés, chacun sous la supervision de l’exigeante Victoire. Passant le Souaffle à Leighton, qui le passa à Stef, Victoire esquiva un Cognard envoyé avec dextérité par Tony. La lionne était fière de son équipe, tous donnaient le meilleur d’eux-même pour rafler les points et gagner leurs matchs. C’était sûr, cette année, la Coupe de Quidditch ne leur échapperait pas !

L’entraînement touchait à sa fin, le vif d’or avait été capturé, et Victoire pointa sa baguette sur sa gorge pour signifier, sa voix amplifiée par Sonorus, aux joueurs qu’ils pouvaient se rendre au vestiaire. Elle-même descendit en piqué vers la pelouse du stade, atterrissant avec douceur sur l’herbe dure, qui gelait encore le matin. « Vous avez tous été très bons, je n’ai rien à redire, et vous savez que c’est rare ! », s’exclama-t-elle à ses joueurs, qui rirent de cette déclaration, en effet habitués aux monologues interminables de leur capitaine, à ses plans de bataille millimétrés, et à ses crises de colère lorsqu’elle n’arrivait pas à viser correctement (Jamie avait les nerfs solides, d’où son choix, car il ne bronchait même pas lorsqu’elle se mettait à le menacer de le frapper à coups de batte, lui répliquant simplement qu’elle l’avait mis à ce poste justement parce qu’il était capable d’arrêter de très bons tirs). Peu habitués à ce que la blonde volcanique se montre aussi magnanime et laconique, les lions se rabattirent en troupeaux vers les vestiaires, impatients de se doucher puis de se rendre à la Grande Salle pour un déjeuner bien mérité.

Victoire attendit qu’il ne reste que James et elle pour stopper son pas. « Attends James, j’ai deux mots à te dire. » Vic avait pris un ton sérieux, et arborait un air grave, signe que James allait passer un mauvais quart d’heure on est avec toi James. « Je t’ai senti un peu absent à un moment donné. Tu aurais pu attraper le vif d’or au moins dix bonnes minutes avant ta prise. Quelque chose ne va pas ? », demanda-t-elle d’un ton préoccupé. Elle aurait pu avoir cette discussion avec n’importe qui, mais c’était sa voix de cousine qui était ressortie, et non celle de capitaine tyrannique. « Tu es le seul vrai attrapeur de toutes les équipes de Quidditch de Poudlard, je détesterai devoir te faire remplacer au match prochain car je sens que tu ne te donne pas au maximum de tes capacités. Je ne voudrais pas que notre débâcle face à Poufsouffle se reproduise. » Elle lui adressa un regard sévère, reprenant sa position de leadeuse de l’équipe. Il avait perdu face à un joueur moins expérimenté que lui, et même s’il s’agissait de sa première année en tant que membre dans une équipe, elle savait qu’il aurait pu faire mieux. En débutant la nouvelle année scolaire, Victoire avait mis ce match derrière elle, mais le gardait tout de même à l’esprit. Il était hors de question de se louper encore une fois.

James n’était pas de bonne humeur et cela se voyait. En treize années à côtoyer son cousin préféré, Victoire connaissait tout le panel de ses expressions : de celle, victorieuse, de quand son équipe de Quidditch avait battu la sienne (très probablement en trichant), à celle déterminée de gagner face à tonton Ron aux échecs sorciers, et bien sûr sa moue boudeuse et colérique dès qu’on mentionnait Albus, les Serpentards, ou le fait que Lily Luna lui avait ruiné ses gants préférés. Et là, elle percevait son mécontentement. Ce qui ne voulait pas dire, pour autant, qu’elle allait le laisser s’en tirer comme ça. Non, Victoire, comme tout le monde, et particulièrement sa famille, le savait, ne reculait jamais, surtout même alors que se profilait une discussion qui promettait d’être houleuse. « Comment ça tu ne sais pas ? Ce n’est pas une réponse très James Potter, ça, observa-t-elle en fronçant les sourcils, ses yeux clairs plantés dans ceux similaires de son cousin. Qu’est-ce qui ne va pas ? Et ne pense même pas à ne pas me répondre, je suis beaucoup plus têtue que toi, et tu le sais. » Ils se ressemblaient tout de même énormément, c’était d’ailleurs pour cela qu’ils s’entendaient si bien -et si mal, parfois.

Il n’était pas toujours facile de camper à la fois le rôle de capitaine et de cousine, particulièrement dans la même conversation. Aussi, lorsqu’elle signifia à James qu’elle songeait à le remplacer, une remarque principalement destinée à le provoquer super stratégie, bravo Vicky, ce dernier prit la mouche sans toutefois réagir à ses paroles comme elle l’avait imaginé. « Non, ce n’est pas ce que je veux. Mais c’est ce que je ferai, si tu ne me laisse pas d’autre choix », rectifia-t-elle plutôt que d’essayer d’arranger les choses, comme toute personne mature le ferait. « Mais non je fais pas ce que je veux James !! Enfin tu devrais m’engueuler là, pas accepter ton sort aussi facilement ! Merde à la fin, il t’arrive quoi ? C’est quoi qui t’as perturbé autant ? On dirait que t’as vu un sinistros...mais bon, tu sais, je crois que toutes les histoires qu’on raconte sur l’oncle Bilius sont totalement fausses. M’est avis qu’il est surtout mort car il était vieux et ne supportait plus tout le Whisky Pur-Feu qu’il s’enfilait... » Leur famille était si grande, chacun avait son lot d’anecdotes. Mais il ne fallait pas toujours les croire. Celles de Ron, par exemple, étaient très divertissantes, mais Vic savait désormais qu’il en rajoutait un petit peu pour les rendre plus amusantes ou effrayantes, selon l’effet recherché Ron, conteur pour enfants à ses heures perdues.

Victoire n’abandonnerait jamais avant d’avoir obtenu des réponses à ses questions. James le savait très bien, pourtant il persistait à jouer au gros dur en rébellion face à sa capitaine et cousine. Vic leva les yeux au ciel. S’il voulait jouer à ce jeu là...il serait perdant, car elle n’était pas du genre à perdre ! « Non, tu ne peux pas aller te changer maintenant, Potter, et si tu continue avec cette attitude, je remets en jeu le Vif d’Or et t’as intérêt à l’attraper avant que je marque. » Elle haussa un sourcil, et rejeta ses cheveux en arrière, dans cette attitude de défi si caractéristique de sa personne. Peut-être qu’un peu de compétition ferait du bien au moral de son cousin ?

Victoire était perturbée par l’attitude de James. Elle avait toujours vu son cousin comme quelqu’un fait du même bois de baguette qu’elle : un garçon sûr de lui, envers et contre tout, et qui avait toujours réponse à tout. Et le voilà en train de douter de lui-même ? Son comportement agressif et renfermé sur lui-même cachait véritablement un mal être dont Vic n’avait aucune idée d’où il venait. « T’as avalé un philtre de confusion ou quoi ? Pourquoi tu doutes de toi à ce point là ? » Elle fronça les sourcils, suspicieuse. Si un quelconque farceur s’en était pris à son cousin préféré et attrapeur de son équipe de Quidditch, il allait voir de quel bois de baguette elle se chauffait, foi de Weasley !

Constater la colère qui animait James à ses mimiques et à ses poings serrés, une attitude qu’elle connaissait bien pour l’avoir elle-même expérimenter plus d’une fois, la rassura. Au moins elle reconnaissait ce James là ! « Je me fous de ce que tu préfère ou non. Tu vas me parler, que tu le veuilles ou non », réitéra-t-elle de sa voix autoritaire, celle qu’elle devait tenir de sa grand-mère Molly probablement et qui ne laissait en théorie aucune alternative possible à son interlocuteur -mais elle savait James particulièrement têtu, lorsqu’il était décidé à faire sa mauvaise tête. « J’adore Rose, mais je suis plus bornée qu’elle, et moi je te vois tous les jours, ne l’oublie pas. » Si elle devait le tanner quotidiennement pour savoir ce qu’il se passait, l’interpeller devant ses copains, elle le ferait. Elle était capable de tout une fois qu’elle avait une idée en tête, et il la connaissait assez bien pour le savoir.

Avant d’en arriver à cette extrémité là, et elle reconnaissait au moins que cette méthode était extrême, elle tenta de faire parler son cousin en mettant son poste d’attrapeur en jeu, qui était ce à quoi il tenait le plus. Mais visiblement, ce n’était pas la bonne tactique à adopter, puisque ça ne fonctionne pas du tout, James lui disant même qu’elle pouvait faire ce qu’elle voulait. Elle soupira bruyamment, contrariée et croisa les bras en rejetant sa queue de cheval en arrière pour bien montrer qu’elle restait déterminée et qu’elle ne comptait pas abandonner, même si sa menace n’avait pas fonctionné.

Ou peut-être que si, au final, vu que James finit par laisser éclater sa colère. Difficile de retenir un sourire satisfait, même si ce n’était pas du meilleur effet alors que James beuglait -mais rien qui pouvait réellement impressionner Victoire. « J’suis ta cousine, j’te foutrai jamais la paix, James, c’est un peu le deal », releva-t-elle, très calme en comparaison de l’énervement du brun. « Mais je suis ta capitaine et ta cousine. Tu verras quand ça sera ton cas et que tu auras Rose à gérer, c’est difficile de gérer les deux. Et que ce soit en tant que capitaine qu’en tant que cousine, je m’inquiète sincèrement de ton bien être. Et me parle pas de vie privée, tu sais bien que c’est pas un mot qu’on comprend dans la famille », répliqua-t-il, tâchant de ne pas trop monter dans les tours, même si, et surtout avec James, elle avait tendance à jouer à qui gueulait le plus fort. « Et bien, c’est particulièrement stupide de continuer de t’entêter à me cacher ce qui t’arrive. Tu sais très bien que j’vais pas lâcher le morceau, alors confie-toi. On peut même aller boire un chocolat chaud, si tu préfères. » Ok, faire appel à la gourmandise légendaire des Weasley était un peu bas, mais comme soulevé précédemment, elle était prête à tout pour obtenir ce qu’elle voulait.

L’entendre se plier ainsi à ses ordres, alors qu’elle l’avait connu plus revendicatif et plus rebelle, surtout lorsqu’ils jouaient dans le terrain du Terrier, la surprit. Il était définitivement bizarre. Repensant à sa remarque précédente, elle soupira de nouveau. « Non, c’est bon. En plus, Serpentard a réservé le stade, et il est hors de question qu’on leur montre nos supers techniques. » Pour autant, elle ne comptait pas lâcher son cher cousin. Loin de là.

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