Amy trouvait que Poudlard, ces derniers temps, était
un peu trop beaucoup calme et elle aimait mieux quand c’était
un peu plus moins calme pour paraphraser un film célèbre. En effet, il lui semblait évident que l’ambiance actuelle ne pouvait être qu’annonciatrice d’événements fâcheux à venir. Malgré son jeune âge, elle le savait bien : les choses tournaient rapidement au vinaigre quand on ne faisait pas attention, endormis par une fausse impression de félicité.
Elle aurait aimé s’ouvrir à ses amis de ces pensées mais plusieurs choses l’en empêchaient dont le fait que plusieurs d’entre eux étaient très occupés par les clubs, les amitiés avec d’autres personnes qu’elle-même, voire parfois les histoires de cœur. Tant et si bien que la brunette fut même un moment tentée d’aller s’ouvrir de ses craintes auprès de Chiara qui, à défaut d’être agréable, ne manquait jamais d’un point de vue pragmatique. Si elle y renonça, c’était surtout parce que la préfète des aigles restait d’une humeur de chien – moins qu’à la rentrée, plus que sa moyenne depuis qu’Amy la connaissait. La sang pur éprouvait le besoin de parler, certes, mais pas à n’importe quel prix non plus.
Songeant qu’après tout, elle finirait bien par réussir à en glisser un mot au moins à Caitlyn puisqu’elles dormaient dans la même chambre, elle laissa de côté ses inquiétudes pour s’intéresser avec plus d’assiduité que de coutume au dernier devoir de défense contre les forces du mal qu’elle se devait de rendre prochainement. Il avait pour thème les épouvantards et, sans surprise, celui d’Amy prenait la forme de son père lui hurlant qu’elle était la honte de la famille Flint si ce n’était de la sorcellerie toute entière. Finir ce devoir lui permettrait, espérait-elle, de reléguer définitivement le souvenir de la séance de travaux pratiques dans les tréfonds de sa mémoire.
*Tu ne seras jamais une bonne sorcière Amy* lui susurrait la voix de son père, trop récemment entendu de la bouche – mais les épouvantards en avaient-ils vraiment une ? - de la créature magique. À l’approche de ses 14 ans, l’adolescente se permit la remarque (entre deux paragraphes de sa dissertation) qu’elle était beaucoup trop souvent stressée. Logique, en même temps, vu les trois années qu’ils avaient eu. Entre attaques et enlèvement, menaces et promesses, examens et cours communs, Amy se faisait l’impression de vivre sa scolarité en apnée. Ça aussi, à l’occasion, il faudrait qu’elle en parle à Caitlyn, histoire de savoir si elle était la seule ou si sa camarade de même année et de même maison ressentait des impressions identiques.
Amy se massa les tempes. Elle n’avait jamais été une bonne élève et ne commencerait probablement pas avec ce devoir sur les épouvantards, alors elle souffrait d’un excès de concentration – ou d’angoisse. Elle relut ce qu’elle avait écrit. Ce n’était pas si mal, à son niveau. Son écriture était toujours aussi laide, mais bon, ce n’était que son brouillon : elle s’appliquerait un peu plus pour la copie qu’elle rendrait réellement à son professeur. Tout en cherchant les fautes ou oublis éventuels, elle se refit la remarque suivante : les épouvantards étaient affreux !
Et juste au moment où elle se disait ceci, elle bougea un peu trop vivement le bras, et une pile de livres tomba de la table vers le sol. Aïe… est-ce que les personnes autour allaient lui en vouloir ? Elle coula un regard inquiet de chaque côté et déglutit. Décidément, quoi qu’elle fasse, la peur de voir les choses mal tourner la rattrapait toujours.
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