Un serpent rampait le long d'un couloir sombre. Très sombre. Nulle lumière en cet endroit peut accueillant, nulle source rassurante qui aurait pu apaiser l'esprit éventuel qui hanterait les lieux: rien. Le serpent se laissa glisser, long, mince, d'apparence fragile mais cependant presque insurmontable sous les pieds d'une grande statue. Il s'enroula autour de la cheville, et grimpa jusqu'à la tête. Là, il s'enroula vivement autour du cou, puis força, serrant très très fort jusqu'à faire craquer l'os hoyde, et provoquer l'asphyxie de sa victime. Le pauvre serpent ne pouvait imaginer que sa victime était de marbre, et il serrait tellement fort qu'il finit par en éclater.
Dennis se réveilla en sursaut, en sueur. Il était dans un état transitif proche de la sous conscience. A côté de lui, aucun bruit. Rien. Comme dans le mauvais cauchemar qu'il venait d'endurer. Il cligna des yeux. Ses yeux verts luisaient dans le noir du dortoir. Aucun bruit à côté de lui, rien. Pas même un ronflement. Il se leva, mit sa cape, et sortit du dortoir. Il lança avec appréhention un regard sur le cadran de la pendule du dortoir: huit heures et vingt quatre minutes.
S'il sortait, il devrait être très discret. Non pas que ce soit illégal: le règlement autorisait à sortir de son lit dès huit heures du matin. Mais c'était samedi, et tout le monde faisait la grasse matinée. Il jeta un journal qu'il avait trouvé par terre dans la cheminée, pour alimenter le feu, et sortit de la salle commune. Il traversa le large couloir, monta dans les escaliers pour arriver au Hall. De là, il sentit la charmante odeur du chocolat chaud venant de la salle commune, ainsi que quelques bribes de Bacon et d'oeuf au lard. Il était plutôt frenchy en petit dejeuner, sûrement son côté paternel qui ressortait. Mais il n'alla pas à la salle commune. Il sortit du château, et se dirigea vers le Lac.
Ce rêve lui avait paru étrange, fantastique, inquiétant... Que représentait ce serpent? Il y avait il quelque métaphore derrière ce cauchemar très déroutant? Il envoya un caillou dans le lac, qui coula. Deux minutes plus tard, le caillou fut projeté vivement en sa direction: le calmar géant.
On lui avait parlé de ce poulpe, mais il ne l'avait jamais vu. Aussi, il ne put s'empêcher d'être surpris lorsqu'il vit le tentacule sortir de l'eau pour lui balancer le caillou. Dennis le reçu en pleine tête. Il s'évanouit, inconscient. Il resta là, couché, pendant un moment, plongé dans les lymbes éternelles et immuables du sommeil. Puis, un rire cristallin, complètement méprisant et un peu diabolique le réveilla.