Nouvelle recrue [Pv]

Archibald Waxler descendait calmement le chemin en pente douce qui menait à Pré-au-Lard, enveloppé dans un long manteau de fourrure, une cigarette fumante accrochée à ses lèvres. Le Mangemort était censé rejoindre une personne qui lui était encore inconnue, une personne qu’on lui avait demandé de prendre en charge et d’initier à l’art de la magie noire, près de la cabane hurlante. On ne lui avait pas donné plus de détails que cela. Les autres avaient apparemment mis un point d’honneur à ne pas le mettre au courant de ce que préparait le Seigneur des Ténèbres.

*Journée de m*rde…*

Déjà qu’il ne supportait pas le fait de devoir sortir de sa tanière afin de prendre en charge un minable adepte de magie noire aussi débutant que lui lorsqu’il avait dix ans, voilà que la météo, pourtant si clémente ces jours-ci, s’y mettait aussi. En effet, la température se trouvait être anormalement basse en cette matinée de mai plutôt maussade, le soleil perçait à peine dans le ciel gris. Un orage semblait pouvoir éclater à tout moment, ce qui, vous l’imaginez, n’enchantait guère notre vieil ami.

Qui plus est, celui-ci venait de remarquer que les alentours étaient beaucoup trop calmes à son goût, lui qui s’était habitué à plus de bruit en journée. Non pas que cela le gêne, bien au contraire, il préférait le calme à tout ce raffut mais, quelque chose lui disait que ça ne tournait pas rond quelque part. Soit…

« Tu penses que je deviens paranoïaque, n’est-ce pas ? Murmura soudainement Archibald pour une personne apparemment proche de lui. Aucune réponse ne vint. Oui… Je crois que tu as raison. Je me méfie trop de mes semblables mais, le jeune homme hésita un instant, incertain, puis continua dans un murmure à peine audible après un moment de silence, je sens son retour imminent, ma marque devient de plus en plus… nette, tu sais ? Il tira nerveusement sur sa cigarette puis rejeta la fumée en l’air. Je crois que tu as raison, répéta-t-il, je vais… m’en occuper. »

Quiconque aurait surpris Archibald maintenant l’aurait très certainement pris pour quelqu’un de fou. Le Mangemort ayant appris à dialoguer seul depuis plusieurs années, il ne se rendait pas compte que cela aurait pu paraître déplacé pour quelqu’un de « normal ». Pour Archibald, il n’y avait rien de plus naturel que de monologuer avec son subconscient. C’était une façon comme une autre d’extérioriser ses idées…

Tout en continuant sa route, le Mangemort, aussi frustré soit-il, réfléchissait une nouvelle fois au plan qu’il avait conçu récemment pour libérer ses « camarades ». Archibald imaginait déjà la gloire qu’il pourrait en tirer, le prestige ! Tout le monde lui serait redevable, il n’y avait aucun doute à cela. Il voyait bien les Lestrange le remerciant à genoux, le Seigneur des Ténèbres le félicitant chaudement, Rabastan s’inclinant devant son incroyable génie… Ah quel bonheur, quel bonheur !

Rejetant le mégot de cigarette fumé jusqu’au filtre d’un air indulgent, Waxler éclata d’un grand rire guttural et continua son chemin en pressant un peu plus le pas. Archibald avait une autre personne à voir après son futur apprenti, ça ne devait pas traîner plus que cela. D’ailleurs, quelques minutes plus tard, il atteignit enfin le village logiquement désert à cette heure si matinale.

« C’est à croire qu’on les a tous mis au courant de ma venue, souffla le Mangemort qui avait perdu la notion du temps, c’pas croyable ça, se promener seul dans ce p*tain de trou à rat. Il marqua une courte pause puis reprit. J’me demande si ils ont pas postés des Détraqueurs près de la cabane à la place de ce, se retenant au bon moment, il ajouta dans un murmure à peine audible tandis qu’un garçon passait devant lui tout en le regardant d’un air curieux, type… »

Plus que tout aujourd’hui, c’était l’idée de devoir rencontrer la personne qu’il allait former qui l’agaçait au plus haut point. Ce n’était pas dans ses habitudes de transmettre son immense savoir à des personnes qu’il ne connaissait pas. Non, ce n’était absolument pas dans ses habitudes.

Flânant en direction de la cabane hurlante, il jetait un coup d’œil aux diverses boutiques alentours encore fermées. Il se demandait bien quel genre de sorciers pourrait acheté des plumes en sucre afin de les consommer sans écrire avec lorsqu'il passa devant Honeydukes mais, le Mangemort n’eut pas plus le temps de penser à cela qu’il se retrouvait déjà près de la lugubre demeure. Apparemment, il était en avance puisqu’il n’y avait encore personne…

September Quint marchait d'un pas régulier bien que pressé, désireux d'en finir le plus vite possible et de quitter ces rues encore encombrées de monde... du monde qui ne cessait de le regarder, il en avait la sensation. Pourtant, il n'était pas lui-même la représentation du Lord Noir, si ?

Enfin, si cela leur plaisait... il en avait l'habitude, après tout, que les sorciers le jugent sur sa tenue vestimentaire, et il prenait pour principe de ne jamais déroger à cette règle. Ainsi était-il habillé comme à son habitude : un pull gris sur une simple chemise blanche avec un jean délavé, troué par endroit qu'il avait rentré dans ses Timberland à demi lacées. Le look moldu parfait ! Celui qui le caractérisait tant et celui qui intriguait tant ses jeunes élèves ! Celui dont il était si fier car, bien que passant pour une bête de foire, Sept' commençait à apprécier le fait qu'il imposait sa différence -même si cela pouvait paraître quelque peu impertinent.

Combien de fois Rusard, Rogue ou Sinistra le lui avait fait remarquer ? "Ce n'est pas ainsi que l'on s'habille pour donner classe, Monsieur Quint !". Qu'en savaient-ils ? N'avait-il plus le droit de venir vêtu comme bon lui semblait ? Devait-il se cantonner à leurs propres goûts et appréciations afin d'être davantage respecté ? foutaises que celles-là ! Autant vivre enchaîné !

D'ailleurs, cela l'avait bien fait rire l'autre empaffé de Sykes lorsqu'Aurora lui avait fait une remarque sur son t-shirt de la dernière tournée des Stones... Cette mégère avait osé le sermonner comme un enfant, rajoutant que son accoutrement était totalement ridicule... De quoi le donner littéralement en spectacle et permettre à Apophis, bien planqué derrière elle, de se régaler.

Quint était reparti, honteux comme un renard qu'une poule aurait pris... Il n'avait cependant pas changé de politique pour autant ! et, au diable Poudlard et ses leçons de bienséance ! September continuerait en jean, en t-shirt, en sweat et en blouson de cuir, que cela plaise ou non ! Il était libre et rien ni personne ne le changerait maintenant...

Le jeune écrivain leva les yeux vers le ciel et les collines. Ses sourcils se fronçèrent et assombrirent ses yeux d'habitudes si doux. Il resserra une petite serviette de cuir tout contre lui et pressa le pas. A présent, il balayait la route de pavé qui se dessinait sous ses pieds, ses épaules étroites frissonnant légèrement comme au passage d'une brise glacée.
Il emprunta un chemin qui ne lui était pas inconnu et qu'il avait pu arpenté au moins une fois dans sa vie. Et tandis que les arbres aux ramures noueuses et tordues s'abattaient sur sa tête et que le vent balayait les dernières fleurs de printemps, il progressait d'un pas bref et furtif sans savoir où le destin le conduirait vraiment...

Une grosse pierre roula sous son pied et September manqua tomber, trébuchant quelques peu, mais se rattrapant de justesse. Considérant le caillou d'un oeil morne et désintéressé il ne lui accorda aucune autre attention ni aucun autre sermon et passa son chemin. Son coeur rata un battement et il allait presser davantage l'allure si quelque chose au fond de lui ne l'avait pas retenu, l'empêchant d'esquisser encore le moindre pas. September Quint se retourna, fixant alors la route poudreuse d'un regard tendu, soucieux. Ses lèvres se pinçèrent...

Il avait gardé en lui cette curieuse impression qui rendait floues et lointaines toutes ses résolutions ainsi que les tâches qui lui incombaient. Comme si, ce qu'il avait à faire à présent, ne lui arriverait pas avant plusieurs décennies...
Mais à présent, il s'y trouvait, demeurant au pied du mur et observant d'un oeil inquiet et tendu le chemin, la forêt et le village en contrebas avec la douloureuse certitude que, jamais plus, il ne les reverrait ainsi...

Le coeur gonflé, ses yeux commençant à briller, le jeune homme ne parvenait à détacher ses yeux de ce qu'il quittait en toute conscience. S'arracher au spectacle d'un jour naissant sur un petit monde qui s'apprête à entrer en effervescence était quelque chose de bien trop pénible et difficile à effectuer sans le moindre remord. Et des remords, ça, il en avait. Car il savait que le September qui ressortirait de cette maison derrière lui ne serait plus jamais le même et qui lui faudrait encore pas mal d etemps avant de se pardonner lui-même de ce qu'il allait faire. Quant au pardon de ses amis, de ses connaissances, de ses collègues, il n'y comptait même pas...

Pris soudain d'un nouveau frisson, le jeune homme continua sa route tout en contemplant l'immense bâtisse qui se dressait devant lui. La dernière fois qu'il y avait été c'était pour y avoir entendu un bruit ; bruit qui l'avait conduit à rencontrer quelqu'un qui comptait à présent beaucoup dans sa vie. D'ailleurs, comment cette personne réagirait-elle en sachant ce qu'il s'apprêtait à faire ? Il en était certain, Sirius n'échappait pas à la règle comme tous les autres d'ailleurs... Et ce n'est pas sur sa bonne foi et avec ses milliers de raisons qu'il parviendrait à le comprendre.
Mais, à présent, il était bien trop tard pour faire demi-tour... Il en avait eu l'occasion et...

Il se tint alors devant la porte de la bâtisse, la considérant de bas en haut. Puis, allongeant légèrement le cou vers la porte entrebaillée il souffla un timide :

"Heyho ? Y a quelqu'un ?".

Archibald était allongé de tout son long derrière un buisson près de la vieille demeure délabrée, l’air franchement agacé. Son « disciple » n’était toujours pas arrivé et cela faisait déjà plus d’une dizaine de minutes que le Mangemort attendait. Comme quoi, faut jamais être ponctuel…

En fait, Waxler songeait à partir depuis un moment mais, quelque chose le retenait. Non pas le fait que son absence soit mal vue par la personne en question. Ces choses-ci, le jeune homme n’en avait que faire. Non, c’était plutôt le fait de savoir que si les ordres du Seigneur des Ténèbres n’étaient pas correctement exécutés, c’était lui, et lui seul, qui allait en pâtir.

Néanmoins, si la personne qu’il devait prendre en charge ne montrait pas le bout de son nez dans les cinq prochaines minutes, le Mangemort partirait. Il n’allait tout de même pas passer le reste de la journée caché derrière ce buisson…

Cinq minutes plus tard, toujours personne à l’horizon. Archibald entreprit alors de partir lorsqu’un homme de race blanche, à peu près la trentaine, apparut au loin, dans le chemin qui menait à la cabane hurlante.

*C’est… lui que je vais devoir initier à la magie noire ?*

Le regard d’Archibald était braqué sur l’homme. Il était vêtu d’un accoutrement totalement ridicule (des habits moldus quoi…). Première erreur à ne plus rééditer si jamais ils devaient se rencontrer à nouveau. Oui, vous avez bien lu, si ils se rencontraient à nouveau, ce qui était peu probable. Le Mangemort sentait que cette entrevue n’allait pas être de tout repos. D’autant plus que l’homme avait l’allure d’un illuminé tout droit sortit d’un asile psychiatrique.

« Je suis là, imbécile… Grogna Archibald en s’approchant de lui. C’est toi le gros s*laud qui m’a sortit de ma tanière, c’est ça ? Demanda-t-il d’une voix glaciale. Il ne prenait pas la peine de le vouvoyez, c’était inutile, il était bien loin d’être son égal. Suis-moi à l’intérieur. »

Sans attendre de réponse de la part de l’homme, le Mangemort passa devant l’homme d’un pas vif et poussa la porte afin de laisser passer celui-ci. Il le suivit alors sans plus de cérémonie pour atterrir dans une petite pièce sombre dont les fenêtres étaient condamnées par de grosses planches de bois. A en juger par l’état des lieux, personne n’était venu ici depuis plusieurs années mais, quelque chose disait à Archibald qu’il y avait au moins une personne qui avait passé plus d’une journée ici…

« Il y a quelques petites choses, dit le Mangemort dans un murmure à peine audible, que nous devons mettre au point, ajouta-t-il tout en s’installant sur une chaise proche de la porte, avant de commencer notre petit enseignement. Waxler marqua une pause, fixant l’homme qui était encore debout devant lui, l’air impassible.

Tu dois certainement savoir qu’il y aura certaines contraintes, n’est-ce pas ? Sans attendre de réponse de la part de l’homme, Archibald éclata d’un grand rire tonitruant puis continua d’un ton neutre. Ici, c’est moi le chef ! Dit le jeune homme en baissant le ton. Il marqua une très courte pause. Il y aura donc des règles, reprit le Mangemort après un instant de silence, et ces règles, c’est moi qui vais les fixées.

Règle numéro un, tu ne m’appelles jamais par mon prénom. Jamais, répéta-t-il, son visage figé en un rictus terrifiant. Règle numéro deux, continua le jeune homme, tu me vouvoies uniquement, exclusivement, et ce en toute circonstance. Je ne veux d’aucune familiarité entre nous ! Archibald laissa plâner un silence. Enfin, la dernière et plus importante des trois, dit Waxler en souriant d’un air niais, la prochaine fois que tu reviens fringué comme… ça, je te tuerais de mes propres mains. »

Il se leva alors de son siège, ne laissant aucunement le temps à son « disciple » de dire quoique ce soit. Mettre les choses au clair dès le début était une chose primordiale à faire, une chose qu’il se devait de faire.

« Des questions ? »

« Des questions ? », lâcha l'inconnu à l'air plus que revêche.

Jusqu'ici, September Quint n'avait rien dit, rien soufflé, préférant se tenir silencieux, impassible, calme. Il n'avait même pas répliqué lorsque son "mentor" l'avait traîté de salaud. A force, le jeune homme s'en était fait une raison...

*Salaud toi-même espèce de débri...*.

Et lorsque l'homme se retourna pour commencer à le jauger plus en détail l'écrivain ne put retenir un sourire, relevant le menton à l'air sceptique et dégoûté que lui tendait Archibald Waxler.

"Des questions..., murmura-t-il, des questions... J'en pose jamais des questions, je comprends tout très vite et d'un simple regard !".

Il s'adossa négligemment à un mur, fourrant ses longues mains dans ses poches tout en observant Waxler d'un oeil attentif et amusé. Il reprit :

"Vos règles sont pourraves, Monsieur, permettez-moi de vous le faire remarquer. Tout simplement parce que je compte n'en respecter aucune, et ce jusqu'à ce que vous vous décidiez à me couper la tête !

Je n'ai que faire des menaces... j'en reçois déjà assez comme ça alors... une de plus, une de moins ! -il haussa les épaules- Qu'est-ce que ça peut bien me fiche ?
Vous êtes ici à contre-coeur et pensez perdre votre temps ? Soit, je ne suis pas venu jusqu'à vous par mon simple désir mais puisque mon maître en a voulu ainsi je n'ai pu faire autrement que de lui obéir ! Pas que cela ne profite qu'à lui, c'est aussi nécessaire pour moi, je vous rassure !

Mais qu'un petit soufifre vienne me dire qu'il ne veut pas que je fasse ci ou ça et qu'il refuse catégoriquement que je m'habille comme je le souhaite, soyez-en assuré et tenez-le vous pour dit, cela ne me fera pas changer d'avis outre mesure. C'est compris ?

Quant à mes propres engagements vous concernant, ils restent, eux aussi, inchangés ! Je n'avais pas l'intention de vous parler plus que de raison ni même de devenir votre "grand copain". Tout ce que je suis venu faire est profiter de votre savoir car, paraît-il, ça en vaut la peine !
Tâchez donc de garder dans votre caboche que je déciderai moi-même de comment je dois m'adresser à vous ou pas !

Et ne me prenez pas pour le dernier des bleus ou des imbéciles ! Contrairement à ce que vous pouvez vous imaginer, je sais très bien ce que je fais !".

September s'était relevé et avait marché quelques pas vers lui tandis qu'il lui tenait son discours. Tout ris, tout amusement s'étaient effacés de son visage et avait laissé place à un calme et à une détente surprenante pour un homme de son âge et de son gabari. Quint, moldu par excellence, méprisé des sorciers, avait finalement décidé de lever la tête haute et que cela plaise ou non. C'était une croisade, certes, mais une croisade se fait aussi bien sous le joug d'un supérieur que tout seul et le jeune homme comptait ne plus s'en laisser dire. A présent qu'il commençait son aventure, il était temps qu'il prouve que l'on ne pouvait pas aisément le manipuler et que ses idées et principes demeuraient clairement définis dans son esprit.

"Maintenant, vous décidez ce que vous voulez ! Reprit-il d'une voix plus douce, nous avons été mis en relation par une personne commune mais rien ne nous empêche de refuser... Nous sommes tout aussi libres l'un que l'autre de faire nos choix !".

Et il croisa les bras sur sa poitrine le fixant de ses grands yeux bleus clairs.

"Pour ma part, il est fait. Je continue avec vous.

Et ne venez pas croire un seul instant que vous me flanquez la frousse !".

C'était peut-être vite dit car, sans s'en rendre compte, September commençait déjà à jouer des genoux, luttant afin qu'ils ne le trahissent pas. Une furieuse envie d'uriner, quant à elle, se faisait lourdement sentir. Si Archibald Waxler faisait un pas de plus ou le menaçait de sa baguette, il serait fini et sa vessie se déchargerait aussi simplement et naturellement qu'à son habitude...
Mais mieux valait savoir tenir la distance...

"Je m'appelle September Quint, lança-t-il sans détour, élève de Mordred de Sorel, écrivain et sentinelle à Poudlard durant ces deux dernières années. Mordred m'y avait posté là dans l'espoir que je puisse leur servir d'espion... c'est chose faite ! Je suis un ancien élève de Serdaigle et j'ai obtenu tous mes diplômes. Dernièrement, je me suis penché sur des traîtés de Magie Noire à la bibliothèque de l'école... -et il ajouta sur un sourire- et sans me faire remarquer !".

Plein d'un nouveau regain d'assurance, une étincelle juvénile et espiègle brillant dans son regard, le jeune professeur embraya à nouveau :

"Et vous ? C'est quoi votre nom ?".

Son sourire s'élargit et il laissa retomber ses bras comme pour montrer qu'il ne se protégeait pas des regards courroucés et des attaques de son nouveau professeur. Il était sûr que cette arrogance mal placée ferait bondir hors de ses gonds le curieux Mangemort et qu'il se jeterait sûrement à sa gorge pour l'assassiner. Mais peu importait à ce grand coeur d'adolescent un peu stupide qui ne voyait là qu'une autre façon de s'amuser... ou de tuer le temps.

[Vraiment désolé du retard >< Je suis impardonnable !]

Après avoir fait son petit speech, Archibald s’attendait bien sûr à voir l’homme approuver ses règles silencieusement. Du moins, toute personne censée, connaissant le Mangemort et les atrocités qu’il avait commises aurait fait cela. Malheureusement pour l’homme qui se tenait face à l’un des plus fervents partisan du Seigneur des Ténèbres, ce ne fut pas exactement le cas. Oui, il avait osé répondre… Il avait osé répondre de manière odieuse au grand Waxler. Lui qui était si… insignifiant. Comment pouvait-il se tenir droit devant quelqu’un dont les meurtres et les atrocités étaient connus partout dans le pays ? Comment pouvait-il traiter Archibald de soufifre ? Soit, il allait en pâtir…

« Bien… Dit Archibald, un grand sourire aux lèvres. Très bien. Reprit-il, son sourire se dissipant peu à peu. Je vois que, malgré mes remontrances, tu n’as pas très bien compris ce que j’avais à te dire… Le Mangemort laissa planer un silence. Tu sais quoi ? Demanda-t-il alors au bout d’un moment. Tu sais… quoi ? Répéta-t-il en s’approchant de l’homme calmement, l’observant de haut en bas. Tu vas peut-être crever aujourd’hui parce que… tu as du courage. Oui, tu as eu du p*tain de courage. Tu t’es opposé à moi… Rares sont les personnes qui osent et je t’en… félicite. »

Archibald donna alors une tape amicale sur l’épaule de September puis sortit sa baguette qu’il observa avec attention. Il scruta chaque centimètre carré de son bout de bois avec des gestes lents. On aurait presque dit que le jeune homme en avait oublié la présence de son ‘disciple’. Les minutes passèrent ainsi, des minutes durant lesquelles le Mangemort réfléchit intensément, l’air absent.

Quelques instants plus tard, Archibald finit enfin par lever les yeux vers l’homme qui se tenait face à lui. Il le regarda pendant un moment et pointa sa baguette sur lui avant de murmurer quelque chose d’inaudible pour September. Rien ne se produisit sur le coup mais, soudainement, la baguette de l'écrivain quitta la poche de celui-ci et vint se loger dans la main gauche d’Archibald. Lui souriant alors d’un air niais, Waxler rangea les deux bouts de bois dans la poche intérieure de son manteau et s’approcha de Quint.

« Finalement, j'vais pas te tuer, dit-il, j’ai décidé d'être sympa aujourd'hui vu qu'tu ne me connais apparemment pas. Archibald fit alors mine de retourner vers sa chaise en bois puis, sans crier gare, se retourna rapidement et décocha un coup de poing rageur à September. La violence du choc fut telle que celui-ci tomba à terre tandis que la douleur envahissait la main du Mangemort. TU SAIS CE QUE T’ES ?! Hurla-t-il. UN GROS C*NNARD ! UN P’TIT PRETENTIEUX DE M*RDE ! Tonitrua Archibald. Adresse toi à moi encore une seul, j’ai bien dit une seule, fois comme ceci, murmura Waxler en changeant soudainement de ton et d’attitude, et tu mourras.

Sache que je n’ai et n’aurais jamais aucun regret à tuer quelqu’un d’aussi... Il s’accroupit près de lui et ajouta dans un souffle. Insignifiant que toi.

Je pourrais dire… que tu as essayé de m’attaquer par derrière et que, le Mangemort fit mine de réfléchir, j’ai du malencontreusement… t’ôter la vie. Il éclata d’un grand rire sardonique et reprit. T’en penses quoi, hein ? Tu crois qu’on chercherait à connaître les vraies raisons de ta mort ? Moi, j'pense que non… Conclut-il sombrement avant de se lever. Il sortit alors les deux baguettes de sa poche et jeta la plus grande près de September. Relève toi, on se casse. »

Son visage avait repris une expression neutre mais, son cerveau était toujours en ébullition. Ainsi donc, September avait été élève de Mordred. Si ce qu’il affirmait était vrai, tout espoir de retour en arrière était fini pour lui, totalement éteint. S’il croyait avoir le choix, l’écrivain se trompait lourdement. Il finirait Mangemort et tout manquement de sa part équivaudrait à la mort. Triste sort pour quelqu’un comme lui…

« On dirait que tu sais pas ce qui t’attend, murmura Archibald au bout d’un long moment, après être sortit de la cabane hurlante en compagnie de Quint. C’est comme si t’avais vendu ton âme au diable… Waxler laissa planer un silence durant lequel il sortit une cigarette qu’il cala entre ses lèvres. Tu finiras Mangemort et tu crèveras comme le premier des imbéciles, reprit-il en sortant son briquet, si ce n’est pas les Aurors, ce sera le Seigneur des Ténèbres lui-même qui te buttera mon grand, et ça avant que tu t’en rendes compte. Il alluma sa clope et tira sur celle-ci un grand coup tout en continuant de marcher en direction de sa tanière. Tu t’es pas engagé dans ce truc par plaisir, hein ? Qu’est ce qui t’as poussé à faire ça ? Archibald voulait tester les limites de Quint, histoire de savoir s’il répondrait sincèrement et surtout, s’il ne reculerait pas devant l’effrayante exactitudes des propos que tenait le Mangemort. Ils t’ont promis quoi au juste ? »

Puis tout en marchant, il dit à l'écrivain, sa cigarette fumante toujours coincée entre ses lèvres :

« Au fait, moi c'est Archibald Waxler... »

"TU SAIS CE QUE T’ES ?! UN GROS C*NNARD ! UN P’TIT PRETENTIEUX DE M*RDE !"

A terre, suffoquant, September tâchait de reprendre son souffle la bouche ouverte et les yeux écarquillés. Sa main gauche s'était plaquée contre son abdomen qui, criant sa douleur, ne cessait de se comprimer jusqu'à lui faire exploser la cage thoracique-l'air remontant en des gargouillis immondes. Le coup porté lui avait fait chavirer le coeur aussi bien que la tête... Waxler rembraya, avec plus de calme cette fois :

"Adresse toi à moi encore une seul, j’ai bien dit une seule, fois comme ceci, et tu mourras".

September, sur le coup, était au bord des larmes, se mordant férocement la lèvre inférieure afin de ne laisser aucun sanglot de honte ou de désespoir éclater à la vue du Mangemort. La surprise, l'humiliation subie mais aussi tout ce marasme de tourments et d'imprévus remontant à la surface eurent tôt fait d'achever sa flamboyante bravoure... pour ne pas dire, son audace stupide et déraisonnée.

Mais quelque chose, comme un flash éblouissant, percuta son esprit et se révéla à lui aussi clair et limpide que de l'eau. Cela semblait si improbable et si absurde à la fois que, quelque part, Quint ne parvenait pas à retenir un rire montant progressivement en lui, comme une sorte de jubilation incompréhensible qui arrivait telle une vague déferlante.

Et, le jeune homme n'y pouvant plus, il finit par se laisser aller, s'abandonnant entièrement à son fou rire, laissant cette euphorie gagner progressivement du terrain, agitant ses jambes, son ventre, ses bras jusqu'à ses épaules... S'emparant de lui. Cette démonstration d'allégresse se termina par de petites trilles, secouant son pauvre corps brisé, incapable de bouger. Et Waxler continua en une litanie qui le laissait de marbre... puisqu'il n'entendait plus rien, nimbé dans sa souffrance.

"Je... je vous l'ai dit, hoqueta-t-il après plusieurs secondes, vous... vous ne me faites pas peur...".

Et s'attendant à subir les foudres du Mangemort une nouvelle fois, il prit une grande inspiration et banda ses muscles -ses ongles rentrant dans sa chair. Mais Waxler, toujours aussi calme et sombre, lui ordonna de se lever et de le suivre...
Que pouvait-il faire d'autre ? Le repousser ? Certainement pas. Archibald aurait été trop heureux d'achever un homme à terre et il semblait être un spécialiste à ce petit jeu... L'écrivain s'exécuta ainsi, se relevant avec peine, soulevant sa pauvre carcasse tremblottante et suivant son "ainé" jusqu'à la sortie de la Cabane Hurlante.

Une fois à l'extérieur, le sinistre serviteur de Voldemort s'arrêta et se tourna vers lui. Sept s'attendant une nouvelle fois à être abreuvé d'insultes recula d'un pas instinctif, fixant son interlocuteur avec attention, prêt à parer le coup. Mais l'autre se contenta juste de sortir une cigarette, de l'allumer tandis qu'il lui demandait s'il avait vraiment conscience de ce qu'il faisait et s'il comprenait que, pour lui comme pour le Lord, il n'était que poussière... Mais d'ailleurs, que lui promettait-il au juste ? Voila une question qui semblait attiser la curiosité du Mage Noir. September eut un sourire épais.

"L'histoire se repète, Monsieur Waxler, perpétuellement. Nous serions dans l'erreur si nous disions qu'elle reste inchangée au fil du temps... L'Homme tire d'ailleurs un enseignement des erreurs passées et vous seriez surpris de l'engouement de certaines superpuissances à honorer la mise en place de la Shoah.

Je vous parle gobelin, peut-être ? -et il plissa les yeux- Certains éléments doivent vous échapper mais ils ne m'échappent pas à moi...".

Et ce fut à lui de presser le pas...

"En 1939, les Nazis ont annexé la Pologne et condamné chaque juif de ce pays à progressivement le quitter... Ils furent traîté comme des moins-que-rien puis chassés comme des rats pour être exterminés comme des chiens... Seuls ceux qui rejoignaient la police Allemande mise en place étaient "épargnés". Mais pour combien de temps encore ? Ils savaient pertinemment qu'un jour ils finiraient par être massacrés à leur tour... Ils n'y pouvaient rien et se trouvaient devant un pays, un régime qui les méprisait.

Je ne suis en aucun cas aveugle, Monsieur Waxler, fit-il en secouant lentement la tête, tous comme ces pauvres gens ne l'étaient pas. Je sais que le Lord se moque pas mal de savoir ce qu'il adviendra de moi, je sais qu'il finira par me supprimer à mon tour car je ne suis pas "digne" d'être un sorcier, pas digne de vivre, d'être doté de pouvoirs magiques... Mais de tout ceci je m'en contrefiche car, tout comme ces juifs crevant de faim, luttant pour permettre à leurs familles de survivre, je poursuis un but et peu importe si je meurs pour ça ! Au moins j'aurai vécu d'avoir accompli quelque chose !".

Il eut un ricanement sec et amer et lâcha un geste impuissant par-dessus son épaule.

"Mais vous devez certainement me trouver fou et idiot ! Et c'est vrai, vous avez raison ! C'est exactement ce que je suis...
Fou de me jeter dans la gueule du loup au lieu de préserver ma vie et idiot de m'obstiner ! Mais, que serait la vie sans un peu de risque et où serait l'intérêt si l'on ne faisait que se préoccuper de sa personne et non des autres ? Se battre pour sa peau est, pour moi, quelque chose d'éminamment fastidieux...

Alors, oui, j'ai pris les devants et oui je me suis engagé ! D'abord car je n'avais pas eu le choix et que -il chercha dans sa mémoire- et que je trouvais qu'une personne telle que moi ne méritait rien d'autre que cette considération...

Et puis, mince ! Peut-être est-ce la seule chose vraiment passionnante que j'ai faite en 33 ans d'existence ?".

Quint garda le silence pendant quelques temps, balayant d'un regard calme et terne la poussière et le gravier que ses pas soulevaient. Il ne releva la tête qu'une dernière fois, piquant son regard d'azur dans les yeux sombres du Mangemort.

"Et pour répondre à votre dernière question : rien. Ils ne m'ont rien promis, et c'est assez juste lorsque l'on considère que leur parole ne pourrait être que du vent...".

Il lui décocha un clin d'oeil complice puis détourna le regard, mains dans les poches, continuant sa route.

"Aaahhh, Monsieur Waxler... Vous serez certainement d'accord avec moi !

Il faut se méfier de ceux qui n'ont plus rien à perdre...".

Archibald écoutait attentivement l’écrivain. Il venait de finir sa cigarette qu’il avait jeté un peu plus loin et réfléchissait à ce que venait de lui dire Quint. Ce Quint qui semblait si peu sur de lui au premier abord et dont les paroles prononcées étaient dites avec une telle conviction que l’on se demandait comment une personne comme lui pouvait avoir de tels idéaux. Il les avait prononcées comme si elles étaient irréfutables, indiscutables. Et en certain point –beaucoup même, Quint n’avait pas tout à fait tord. Néanmoins, sa franchise et son semblant de sincérité sonnaient faux aux oreilles de Waxler. Pour résumé, lui c’était –et il avait l’air de mettre un point d’honneur à cela- le héro, Archi le lâche, lui l’intello, Archi l’idiot, lui le type qui ne changera certainement pas la face du monde mais qui fera tout pour, et Archi le type qui suis le mouvement. Parfait, Archibald n’avait pas besoin d’en entendre plus. L’écrivain venait de livrer long sur lui-même. D’ailleurs, la première chose intéressante à savoir était qu’il n’était pas un sang-pur. « Je ne suis pas "digne" d'être un sorcier, pas digne de vivre, d'être doté de pouvoirs magiques... » Cette tournure de phrase résonnait encore dans la tête d’Archibald et ce depuis que September s’était tût. Celui-ci avait donné la définition exacte que se faisait le Seigneur des Ténèbres d’un Sang-de-bourbe… Une seule déduction venait à l’esprit du Mangemort, l’écrivain était comme lui. La seule différence se trouvant dans le fait que lui au moins, il l’assumait pleinement.

*Humph, des paroles en l’air, c’est tout…*

« Du n’importe quoi, dit Waxler dans un murmure, du grand n’importe quoi ! Dit-il en haussant le ton. Tout ce que tu dis, c’est pour te convaincre que t’as fais le bon choix et rien d’autre, mon grand, rien d’autre. Le Mangemort lui adressa un sourire empli de sous-entendus et continua. Tu vas crever et toutes les personnes qui te connaissent n'en auront rien à foutre que ce soit parce que tu essayais d'atteindre un but ou pas. Archibald se tût. D'ailleurs, ils ne le sauront même pas... Mais après tout, reprit-il au bout d’un long moment de silence, j’en ai rien à foutre que tu crèves ou pas… » Il éclata alors d’un grand rire tonitruant et pressa le pas à son tour afin de revenir à hauteur de Quint qui marchait avec une allure rapide et soutenue. En ce moment même, c’était une autre phrase qui tourmentait son cerveau. Ou plutôt un geste… Oui, c’était plus le geste en lui-même qui occupait tant l’esprit du Mangemort. Pourquoi ? Pourquoi Quint lui avait-il fait ce clin d’œil avant de lui dire qu’il fallait se méfier de ceux qui n’avaient plus rien à perdre ? N’avait-il vraiment plus rien à perdre ? Non, c’était impossible… Il ne serait pas là sinon. Il n’aurait pas affirmé avoir été obligé de rejoindre le Seigneur des Ténèbres. Il avait une femme ou alors des enfants, Archibald en était totalement convaincu. Un petit écrivain minable travaillant en tant que professeur d’étude des moldus à Poudlard avait toujours à quelque chose à perdre, c’était l’évidence même.

Le doute venait donc de quitter l’esprit d’Archibald lorsqu’il répondit enfin, d’un ton qui se voulait menaçant et froid.

« En effet, je te l’accorde, il serait idiot de ne pas se méfier de ceux qui n’ont plus rien à perdre… Il marqua une pause et ajouta. Des gens comme moi par exemple… »

Oui, le Mangemort n’avait plus rien à perdre. Il avait éliminé toutes les personnes qui auraient pu paraître importantes pour lui aux yeux des Mangemorts et se foutait bien du sort des autres.

« Tu sais que t’as l’air con, finit par lâcher Waxler après avoir parcouru en compagnie de September une bonne partie du chemin qui les séparait de sa tanière, drôlement con. Je ne pensais pas pouvoir enseigner de la magie noire à un idiot. Il marqua une courte pause et sortit une autre cigarette de la poche de son manteau. D’ailleurs, c’est bien la première fois que je vais enseigner quelque chose à quelqu’un… Le Mangemort fit rouler celle-ci entre ses doigts pendant un moment et la tendit à Quint. T’as de la chance, t’aurais pas pu trouver meilleur enseignant que moi hormis le Seigneur des Ténèbres en personne. »

Et le Mangemort se tût, replongeant dans ses songes. Archibald avançait sans vraiment se rendre compte de ce qu'il faisait. Ils marchèrent donc ainsi pendant plus d’une demi-heure, escaladèrent une pente raide et arrivèrent enfin devant l’entrée d’une grotte sinistre. Personne n’aurait pu se douter de l’existence de cet endroit s’il n’avait pas fait tout ce chemin qui était, avouons le, très éprouvant.

« A présent, dit Waxler qui semblait se réveiller de sa longue létargie, il va falloir que je te bande les yeux. Si t’as pas envie de le faire, tu rebrousses chemin et tu te casses. Le jeune homme regarda longuement Quint. Alors ? »

Le chemin était long, vraiment long et September n'aurait vraiment su dire avec exactitude où il allait. Toujours est-il qu'il continuait sa marche, accélérant l'allure dès qu'un bruit trop suspect où trop particulier se faisait entendre... habitude d'un homme sans cesse pourchassé.
Waxler, qui l'avait à présent rejoint, marchait à ses côtés d'un bon pas. Balayant le sol du regard -comme pour ne pas rencontrer le sien-, gardant la mine morose et sombre, September remarqua néanmoins qu'à travers ses pensées le Mangemort paraissait réfléchir, laissant son esprit vagabonder à travers une intense et silencieuse réflexion. Le jeune homme ne souhaita faire aucune remarque de peur de le froisser à nouveau. Si c'était encore pour se retrouver à quatre pattes à cracher ses boyaux autant éviter, il avait mieux à faire de toute manière.

Finalement ce fut à Archibald de parler. Il réagissait face à ce qu'il venait de dire, ne confirmant que trop les opinions qu'il se faisait déjà de cette fâcheuse entreprise, répétant et répétant sans cesse qu'il n'était qu'un moins-que-rien et qu'un idiot. Quint le laissa faire sans rien dire, tâchant de dissimuler un petit sourire teinté d'ironie. Ce discours, combien de fois l'avait-il entendu ? A croire que tous les Mangemorts s'entraînaient à le tenir : à une époque ces mots avaient été ceux de Sykes comme ceux des Lestrange. Il le laissa ainsi faire... Après tout, si cela l'amusait de le considérer comme une larve, tant mieux ! A ses yeux, il était peut-être un mentor, mais le cap passé il n'en resterait pas moins qu'un compagnon d'armes.

*Et peu importe si je survis à l'arrivée du Lord ou pas, du moment que Susan revient à la vie ! Après, ils pourront me faire ou me dire ce qu'ils veulent, je m'en fous !*.

Ses yeux d'azur brillèrent d'une dernière étincelle et le jeune écrivain sentit les poils de ses bras se redresser sous un frisson. Son échine se froissa tandis qu'une vague délicieuse traversait son corps -étrange réaction à la simple pensée d'être finalement près du but. Il jeta un regard à Waxler à la dérobée, comme pour s'assurer qu'il n'avait rien vu. Ces choses lui appartenaient à lui et à lui seul...

Que disait-il encore ? Ah oui ! C'était un c*n, un idiot ! Dieu du Ciel, n'avait-il pas un autre répertoire ? Tout le temps les mêmes insultes cela devenait lassant...
*Au moins cela vaut toujours mieux que la claque que tu te seras prise*, renchérit à l'instant une voix sournoise dans son esprit. D'instinct, September ferma les yeux. Son coeur fit un bond dans sa poitrine. Pour rien au monde il n'aurait voulu se rappeler ce que lui avait fait Lily sous le coup de la colère ni même son indignation, sa surprise une fois le coup reçu...
Et ce regard, tranchant, aigu, presque amusé... Le même qu'Archibald lui avait porté quelques secondes plus tôt. Un regard perfide, poignant, déformant le visage doux et agréable de sa jeune fiancée. Il comprenait ces traits chez son mentor mais avait du mal à les admettre chez la personne la plus chère à son coeur...

Lorsque Waxler se piqua du faux honneur d'être, après le Lord, le meilleur Mage Noir connu, September Quint haussa indifféremment les épaules. Il se moquait bien d'avoir avec lui le plus fort et le plus aguerri d'entre eux et se moquait même d'apprendre à utiliser la Magie Noire. Pour sa part, il n'était là que pour remplir une place, rien d'autre...
L'amertume d'un coup lui revint en mémoire aussi subitement que celui délivré par Lily, grillant ses pensées, les noyant dans une eau trop trouble pour qu'il puisse y revenir. Le jeune homme leva la tête, ses yeux accrochant l'horizon un bref instant. Un moment il crut que du sang coulait de sa lèvre éclatée...

*"Tu n'as pas encore assez reçu de corrections dans toute ta longue vie, September !".

Calme et froid, massif et puissant, Mordred le fixait de ses yeux glacials, les poings serrés, observant comme un oiseau de proie le corps de son pauvre élève et protégé qu'il avait projeté à terre. September tâcha de pousser sur ses jambes afin de se remettre debout.

"A plat ventre !! S'exclama l'autre, furieux, à plat VENTRE !!".

Et une vague aussi titanesque que magistrale le brisa tout entier comme le souffle d'une violente tempête, le forçant à rester à terre, ployant sous le poids. September gémit et se mordit automatiquement la lèvre. Autant ne rien donner, autant ne RIEN donner...

Le grand blond passa une main dans ses cheveux ondulés, un mince sourire étirant ses lèvres ridées. Tout près de lui, caché par des cartons, un petit être maigrichon à la peau plissée et grossière observait la scène -ses grands yeux clairs et pâles agrandis de surprise. Mordred se pencha sur September :

"Tu me fais honte à ne rien comprendre, September ! Tu me fais honte !! Combien de fois t'ai-je répété de te concentrer lorsque tu lances tes sorts ?".

Quint frissonnait, tremblait de tous ses membres. Il ne sait si ce fut par bon sens ou tout simplement par dégoût mais il n'osa pas relever la tête vers lui, préférant ainsi rester face contre terre. Son souffle éreinté et sifflant soulevait sur le sol des paquets de poussières.

"Voir toutes ces capacités gâchées sous prétexte que tu ne veux pas faire d'efforts et refuses d'apprendre cela me met hors de moi, grogna-t-il comme pour se donner raison, si tu n'avais été qu'un vulgaire soufifre, tu serais mort depuis longtemps !".

Et il plongea sa grosse main sur lui, le saisissant par les cheveux, levant son visage à sa hauteur afin d'y déceler la moindre parcelle de terreur ou de douleur, cherchant bien dans chacun de ses traits ou dans le bleu infiniment pur de ses yeux.

"Si tu ne te montres pas plus coriace tu finiras comme un rat crevé, un misérable sac à viande et l'on aura raison de t'achever !...".

"Je suis juste là afin de tenir un rôle...", coupa September à bout de souffle. Mais Mordred ne répondit pas à son affirmation. Le visage froid et stoïque il inspira un bon coup, juste avant de se lever...
Il tenait toujours September par les cheveux qui, dans un réflexe, avait porté ses mains à son crâne pour tenter de se défaire de lui. Mordred avait alors resserré sa prise et s'était mis à le traîner derrière lui, déambulant dans la pièce comme un homme réfléchissant... sans se préoccuper de sa proie.

"Vois-tu, September, tu n'es pas là que pour faire de la figuration ! Notre communauté ainsi que le Seigneur des Ténèbres misent tous deux beaucoup sur toi et tes capacités...".

"Mon oeil, je suis qu'un apât parmi tant d'autres !".

Mordred, sans se faire plus attendre, abattit furieusement son pied contre sa cuisse. September poussa un hurlement qui fut tout de suite coupé par la main de son maître qui ne cessait de le secouer. L'écrivain crut un instant qu'il allait lui arracher la peau du crâne... L'autre poursuivit :

"Quand on a la chance, comme toi, d'être ainsi désigné par le Seigneur des Ténèbres, September, on ferme son clapet et on écoute savament les ordres sans les discuter !

Pauvre imbécile que tu es et pauvre ignorant ! Quand je pense que je t'ai suivi à la trace pendant toutes ces années, jusqu'à ta progression pour me rendre compte que tu crachais bel et bien sur ta condition de sorcier !".

Quint releva ses yeux vers lui. Ses sourcils se fronçèrent, troublé. Mordred poussa un profond soupir et continua, visiblement impatient et exaspéré :

"Qui t'a fait venir à Poudlard quand tu n'étais encore qu'un gamin ? Et qui t'a fait revenir à Poudlard quand tu es devenu adulte ?".

Non loin d'eux, la petite créature tapie dans son coin releva une oreille puis une autre. Timide et craintive, elle osa quand même se montrer à la lumière, s'extirpant de sa pauvre cachette. Les mains croisées comme pour une prière, elle fixait à présent September.

"Scrounge...", souffla ce dernier en observant l'elfe de maison.

"Oui, September. C'est Scrounge. Et qui est Scrounge pour moi ?".

A ces mots, le jeune écrivain plissa les yeux et se laissa tomber dans un abime de perplexité plus grand encore. Ses yeux s'assombrirent et il baissa pavillon, balayant d'un regard égaré le sol poussiéreux sous ses pieds. Il n'osait pas répondre tant l'évidence le terrifiait... Ce fut à Mordred de le faire :

"Et Scrounge est mon serviteur...".

Les regards des deux hommes se croisèrent une dernière fois puis September baissa à nouveau les yeux, plissant les lèvres de dépit tandis que son esprit acheminait lentement hypothèses sur hypothèses, théories sur théories qui aurait put ici justifier sa présence en ces lieux. Mais, une fois encore, ce fut Mordred qui fut plus rapide :

"Eh oui, September. Ne me demande pas comment ni pourquoi le Lord tenait tant à t'avoir auprès de lui... Je crois qu'il est d'ailleurs le seul à connaître la réponse et j'avoue ne pas très bien le comprendre. Toujours est-il qu'il espérait te voir auprès des Serpents...".

Il laissa retomber son élève, lâchant définitivement prise pour ne plus évoluer que tout seul dans la pièce. September se laissa faire tel une poupée de chiffon, traînant dans la poussière le visage crispé de douleur tandis qu'il tâchait de reprendre son souffle.

"Mais tu es entré à Serdaigle... -il eut un léger ricanement- le Choixpeau a salué ton esprit méticuleux et ton amour du travail. Tu es devenu un vulgaire gratte-papier, comme tu es toujours d'ailleurs !

Puis tu es sorti de Poudlard avec ton diplôme en poche et un bel avenir devant toi : celui d'un moldu ! Tu n'as pas voulu poursuivre, demeurer un sorcier, alors tu es parti et...".

Un léger rire était soudainement monté de la gorge de September, filant en salves grasses et mauvaises tandis qu'il essayait de se remettre debout. Acculé, terrassé, il fixait son maître à genoux, le visage démentiellement hilare. Mordred se figea, surpris.

"Dites... dites-moi donc si je me trompe, vous... vous qui croyez tout savoir de moi ! Ne... ne suis-je pas parti parce que Susan était morte ? Si j'ai poursuivi à Poudlard c'est non seulement car je n'avais pas le choix mais aussi parce que mon amie y était !".

Il essuya quelques larmes, renifla une dernière fois et poussa sur ses jambes. Tanguant légèrement comme une créature venant de naître, September s'efforça de garder l'équilibre, enroulant ses bras contre lui.

"M... maintenant, Maître, dites-moi aussi pour quelle raison Susan est morte...".

Les yeux du Mangemort vascillèrent et le gris acier qui rendait son regard si pénétrant se fit plus clair et lumineux encore. Son visage devint froid et calme tandis que sa langue se déliait et que sa phrase commençait sous un doux accent français :

"Ca, September, tu le découvriras bien assez tôt..."*.

« A présent, il va falloir que je te bande les yeux. Si t’as pas envie de le faire, tu rebrousses chemin et tu te casses ».

September leva les yeux vers lui. Sans s'en rendre comptte il s'était arrêté tandis que l'autre avait commencé à lui parler. Ses bras, comme dans un réflexe, s'étaient enroulés le long de son corps comme s'il avait eu froid. Archibald Waxler le détailla un moment puis reprit d'un ton impatient :

"Alors ?".

Visiblement il l'attendait. C'était à September de prendre sa décision et il devait le faire maintenant. A présent, il n'avait guère plus d'échappatoire et ne pouvait plus faire machine arrière.
Mordred l'avait prévenu. Le point de non-retour arriverait ainsi que de lourdes épreuves... épreuves débouchant sur beaucoup de mystères résolus et de secrets dévoilés.
September obtempéra.
Il ouvrit ses bras présentant lentement ses mains tandis que ses prunelles claires étaient plongées dans celles, infiniment sombres, de Waxler. Son visage, bien trop tendu, portait les traces d'une intense anxiété.

"Bandez-les moi, souffla-t-il, et faites comme bon vous semble !

Je sais à quoi m'attendre !".