Chouette histoire

Aura avait décidé, après le cours de potion, de se rendre à la volière pour aller y déposer sa chouette, s’occuper d’elle et pour visiter un peu le parc du château. Elle sortit ainsi par la grande porte, et se dirigea vers la haute tour qui servait d’abri aux nombreux hiboux et chouettes de Poudlard. Un petit vent frais annonçant la fin de l’été soufflait, balayant le sol et faisant tournoyer les premières feuilles dont les arbres s’étaient dévêtus. Le ciel gris, quand à lui, donnait une impression de froideur aux alentours, surtout au lac dont la couleur tournait au gris-vert. Aura marchait lentement, serrant son manteau sur ses épaules. Elle espérait que le chemin n’était pas trop long, car le déjeuner frugal de ce matin lui avait laissé l’estomac à moitié vide, et il commençait à se faire entendre. Aura réprima son envie de reporter cela au lendemain. Elle qui n’aimait pas être enfermée trop longtemps venait de passer plus d’une journée complète à travailler sans voir la couleur du ciel. Il était temps pour elle de se dégourdir les jambes.

Le sol était glissant à cause de la rosée matinale, et Aura dut reprendre son équilibre à plusieurs reprises. Quelle idée de faire une tour aussi loin ! De plus, la lourde cage, souvenir de cette chouette qu’elle avait laissé s’échapper, la déséquilibrait. Elle ne fut pas mécontente d’arriver à destination sans même être tombée une fois. Elle grimpa ainsi les nombreuses volées de marches jusqu’à l’entrée de la volière. Ce lieu n’était pas vraiment comme elle l’avait imaginé. Elle croyait tomber sur un lieu plein de vie, ou de nombreuses personnes s’affairaient, s’occupant des hiboux, leur donnant à mange, nettoyant leurs logis. Ce n’était vraiment pas le cas. La haute tour était sombre et sale. Partout des fientes d’oiseaux se mêlaient aux os et cadavres de petits rongeurs. L’odeur était pourtant presque vivable grâce aux très nombreuses fenêtres ouvertes qui découpaient la tour. A l’intérieur, le vent résonnait comme le cris grave d’un immense monstre à la mort. Aura accrocha la cage à un morceau de métal, et ouvrit la porte de celle-ci. Sa chouette s’envola alors, tournoyant autour de la pièce avant de venir se poser devant Aura. La fillette lui tendit alors un peu ne nourriture, et pendant que la chouette mangeait, elle entreprit de lui lisser les plumes. L’entreprise fut assez périlleuse, car Aura n’avait jamais eu l’occasion de le faire, et lorsqu’elle tirait trop sur les plumes de la chouette, elle recevait en échange un coup de bec, de griffes ou une pincette. Il lui fallut vingt bonnes minutes avant de pouvoir voir le résultat. Sa chouette était enfin propre. Mais elle aurait tant aimé que ce soit la chouette qui lui avait sauvé la vie durant les vacances. Mais bon, elle lui avait rendu la pareille dans l’allée des Embrumes, c’était tout ce qui comptait. Ayant terminé de s’occuper de sa chouette, elle la porta dans une niche encore vide, et lui donna assez de nourriture pour quelques jours. Elle reviendrait la voir lorsqu’elle aurait le temps. Sur ce, Aura lui fit un petit signe et repartit pour le château.

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En sortant de la volière, Aura entra en collision avec quelqu’un. Elle n’avait pas vraiment fait attention lorsqu’elle était sortie, ne s’attendant pas à rencontrer qui que ce soit à la volière. Le choc la précipita sur le sol, lui tirant un léger gémissement de douleur lorsque sa main avait touché le sol. Sa main n’était peut-être pas encore complètement guérie suite à l’attaque du saule cogneur la semaine précédente. Cela lui apprendra à faire plus attention à ce qu’elle fait la prochaine fois. Au moins, Juliet était en sécurité, et c’est ce qui l’avait motivée à prendre des risques. Lorsqu’elle leva la tête, elle aperçut une main tendue. Elle reconnut celui qu’elle avait percuté ! C’était le garçon à coté de qui Olivia était assise lors du déjeuner qu’elle avait passé ce week-end, à la table des Serdaigles. Il s’appelait Julien, et Aura l’appréciait car il avait été vraiment sympa avec elle. Elle saisit la main que Julien lui tendait pour pouvoir se relever, et se confondit en excuses :

« Excuse moi Julien, je ne t’avais pas vu, j’aurais du faire plus attention, j’espère que tu ne t’es pas fait mal… Je suis étourdie, je te promets que je ferai attention la prochaine fois… »

Comme Julien lui souriait, Aura se dit qu’il ne devait pas avoir de problème, et donc, elle l’accompagna dans la volière, espérant se faire pardonner en lui tenant compagnie. Lorsqu’il lui demanda comment s’était passé son week-end, elle répondit que pour une première semaine, elle avait eu pas mal de boulot, mais qu’elle avait quand même pris le temps de faire le tour de Poudlard, et qu’elle ne risquait plus de se perdre, ou du moins qu’elle l’espérait, ce qui fit rire Julien. Et puis, lorsqu’il eut finit d’accrocher une lettre à la patte d’un hiboux, il lui demanda comment elle trouvait Poudlard. A vrai dire, elle n’y avait pas vraiment réfléchi jusqu’ici. Toute une série de termes tous plus contradictoires les uns par rapport aux autres se bousculaient dans sa tête. Cette première semaine avait été plus que chargée, riche en émotions, et aussi en découvertes, certaines bonnes, mais d’autres moins. Mais dans l’ensemble, elle se sentait de plus en plus à son aise, et elle se sentait presque déjà chez elle.
Après mûre réflexion, elle lui répondit :

« Je trouve que Poudlard est très… impressionnant. Oui, impressionnant, c’est le mot, mais aussi passionnant, et parfois un peu… dangereux. Mais je commence à m’y faire. Bientôt, voir un dragon venir se désaltérer dans le lac me semblera parfaitement normal ! Et toi, cette semaine n’a pas été trop chargée ? ».

En lui posant cette question, elle lui sourit. C’est alors qu’une idée lui vint à la tête. Elle n’avait pas fait le rapprochement jusqu’ici, mais il lui semblait que si elle voulait se faire pardonner, c’était une bonne idée. Elle ajouta alors :

« Au fait, la prochaine fois que tu souhaite envoyer une lettre, n’hésite pas à utiliser ma chouette. Je n’ai pas grand-chose à envoyer, et ça lui ferra sûrement plaisir d’aller se dégourdir les ailes de temps en temps plutôt que de rester ici. Bien sûr, si tu ne veux pas je comprendrais. »

A ces mots, elle baissa les yeux. Elle ne voulait surtout pas que Julien se sente mal à l’aise en utilisant la chouette d’une fille de première année. Elle aurait peut-être mieux fait d’y réfléchir à deux fois avant de lui proposer.

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