Magie des relations de bar mal interprétées, un nouveau verre venait d'apparaître devant lui. Aaron offrit à Rosmerta, dont la main avait été forcée par Seth, un énorme sourire bien mielleux, bien hypocrite. Ses doigts se refermèrent très vite, néanmoins, sur l'anse dudit verre qu'il comptait bien consommer rapidement.
- " Ecossais!" assura Aaron très fièrement, orgueilleux de ses souches. "Autant dire que non, ce n'est pas la même chose que ces British!"
L'attaque était directement portée sur la tenancière du bar, mais Aaron la fit passer avec un nouveau sourire faux. Il but une gorgée alors que Seth lui expliquait quelque chose d'étrange... Le regard de l'Auror se fit un peu curieux, sa bouche s'arrondit légèrement et ses sourcils se froncèrent.
- " Les Corses..." marmonna-t-il.
Il n'avait aucune idée de qui ces braves gens pouvaient bien être. Ses connaissances sur la France était en fait très limitées par l'aversion qu'il portait au pays depuis que sa mère y avait élu domicile. Les Français... Une bande de snobs emplâtrés dans leur fausse dignité! MANGEURS DE GRENOUILLLES!
Aaron finit par secouer la tête. Il ne tenait pas à ce que Seth voit son désarroi et son manque de culture... il fit donc semblant de rien. Umh umh.
L'homme suivit le bref échange entre Rosmerta et Seth quand ce dernier avoua que rien ne le retenait sur cette magnifique terre d'Angleterre. Aaron arqua bien haut un sourcil devant cette petite scènette, et reposant calmement son verre, il s'éclaircit la gorge.
- " Rien ne te retenait ici, hein?" demanda Aaron en continuant de tutoyer cet inconnu. "Pourtant, l'Angleterre est un joli pays... Tout ce vert, cette campagne... et le reste... Rien ne t'a retenu, vraiment...? Pas même ce fléau universel auquel nous sommes tous accros?"
Il passa ses yeux verts de Rosmerta à Seth, un peu mystérieusement. Puis Aaron se pencha légèrement en avant, mit une main à côté de sa bouche, comme s'il avait voulu raconter un secret, mais seulement à Williams. Evidemment, il fit en sorte que Rosmerta entende aussi ce qu'il allait dire, c'était juste histoire de se moquer encore un peu d'elle.
- " Une femme?"
Ah, ouais, il imaginait bien Seth Williams la gorge serrée et le coeur en sang de devoir quitter sa dulcinée pour l'Amérique, le pays de la liberté (violon). Aaron se redressa, affichant une mine poliment intriguée, attendant avec impatience la réponse qu'il lui donnerait peut-être. Il était loin de s'imaginer que les raisons de Seth étaient tout autre...
Son petit exposé sur Malefoy lui fit faire la moue, et Aaron haussa les épaules. Il retrouva à cet instant un air beaucoup plus sérieux, et délaissant son verre, il se tourna enfin vers Seth, complètement. Le sujet méritait d'être creusé...
- " Je ne suis pas certain qu'il retournera dans les jupes de Tu-sais-bien-qui-je-veux-dire... Malefoy a trop peur de perdre son petit confort, tu crois pas? Quelle belle vie gâchée il aurait s'il se faisait pincer une deuxième fois... Il pourra pas nous ressortir encore l'excuse bidon de l'Imperium... Mais, de tout façon..."
Aaron se racla la gorge. Bouh, comme il parlait, aujourd'hui, incroyable! Mais c'est qu'il en avait, des choses à dire, face à un vrai interlocuteur.
- " Tu crois vraiment à son retour, toi? Celui de Vous-... de Tu-Sais-Qui?"
Aaron avait failli le vouvoyer, comme si sa langue avait fourché spécialement pour lui faire cracher ce respect qui commençait à faire surface à propos se Seth Williams. Enfin, ne pas mettre la charrue avant les hyppogriffes, hein...
La réaction de Seth concernant ses magnifiques petits tatouages de rebelle ne fut pas celle qu'il aurait pu espérer. Il laissa les moqueries glisser sur lui mais accrocha tout de même une lippe faussement boudeuse sur ses lèvres, embrassant du regard les inscriptions noires, marquées à vie sur ses phalanges rendues très blanches par contraste. Ben lui, il aimait bien, voila!
- " Un gangster..." ricana Aaron, un peu destabilisé par la façon dont Seth avait de le regarder, sans jamais perdre de son stoïcisme. "Nan, c'est pas pour ça... Disons que... Mon... Hum... mon existence a fait que cette superbe devise est devenue ma philosphie..."
Et après un rire à double sens, un peu sucré, un peu amer, Aaron ramena son verre à sa bouche, par peur d'en dire trop une nouvelle fois.