[PV] Un couloir au 7ème étage. [PV Aelita et Michael]

Michael venait de finir de jouer, il avait une fine pellicule de sueur sur son front et quelques goûtes perlèrent. J'avais envie de lui essuyer mais je n'avais pas de mouchoirs sur moi. Je regardais donc toujours Michael quant il tourna la tête, vers moi. Il ne sursauta pas en me voyant, mais je lu de la stupéfaction dans son regard, qu'il avait de très beau d'ailleurs.

Michael me sourit, j'en fut ravie et lui souris à mon tour, je voulais poser ma tête sur son épaule, mais me retint de justesse. La musique m'avait un peu apaisée, du moins se fut ma première pensée, mais en y réfléchissant bien c'était peut-être la présence de Michael, qui me donnait cette impression.

Alors que j'avais baissé mon regard, il me parla de la partition qu'il venait de jouer, c'était Roméo et Juliette. Je savais que Berlioz avait composé pour cette pièce, mais je n'avais jamais entendue l'oeuvre. J'avais trouvé le morceau qu'il avait interprété vraiment magnifique.

Michael ne cessa de me regarder, comme si il s'attendait à ce que je lui dise quelque chose, mais rien ne me vint l'esprit, jusqu'à ce qu'il me dise que je ressemblais à Juliette. Je fus étonnée et flattée, Shakespeare relatait dans son oeuvre la beauté de Juliette, tout comme celle de Roméo d'ailleurs. Qui..., si je m'en souviens bien..., est dépeint comme un jeune homme au trait fin..., ce qui me fit penser de nouveau à Drago.

Merci, tu me flatte énormément en me comparent, à la douce et belle Juliette, lui dis-je en rougissant légèrement, mais elle a eut plus de chance avec Roméo que moi, dis-je en baissant de nouveau les yeux.

Je ne voulais pas embêter Michael avec mes histoires de cœur de tout façon pour une jeune fille de onze ans ce n’était pas convenant de tomber amoureuse et surtout de vouloir l’impossible. Michael se leva alors et alla chercher une autre partition et commença à la lire devant moi, je vis qu’il s’agissait encore d’une partition de Roméo et Juliette.

J’espère avoir une fin moins tragique que Juliette…, du moins j’ose l’espérer, dis-je sur un ton mélancolique.

Michael fut surpris par les paroles de Mlle Stones sur Juliette.

« Mais elle a eut plus de chance avec Roméo que moi »

Il se demanda à cet instant si elle connaissait l’histoire et s’ils parlaient bien des mêmes Roméo et Juliette. Certes leur passion était légendaire, mais ils avaient tellement souffert tous les deux… Leur situation n’était pas vraiment enviable.

Mais oui, elle connaissait l’œuvre sinon elle n’en parlerait pas comme ça. Elle avait vécu la même histoire alors ? Reniée par sa famille ? Roméo pareil ? Qui était Roméo d’ailleurs ? Michael se promis à lui-même de chercher Roméo dans l’école pour voir s’il y était.

Mlle Stones avait eu encore moins de chance que Juliette ? Cela le peina profondément mais il ne connaissait pas de paroles réconfortantes.

*Je ne veux pas qu’elle meurt comme Juliette !*

C’était ce qu’il aurait voulu dire, mais elle dit à peu près la même chose que ce à quoi il pensait, au même moment.

J’espère avoir une fin moins tragique que Juliette…, du moins j’ose l’espérer

« Moi aussi… Je ne veux pas que tu meurs…»

Cette histoire rendait Michael infiniment triste, mais il l’aimait beaucoup. Le fait d’identifier Mlle Stones à Juliette le rendait également très triste. Elle était si gentille avec lui qu’elle méritait d’être heureuse avec Roméo !

« Parle moi de Roméo ! »

Il lui demanda d’une petite voix, presque suppliante. Comme il lui aurait réclamé une histoire. Il ne connaissait pas l’amour mais aimait qu’on lui raconte des histoires… Il ne pensait pas encore une fois que sa requête puisse être gênante… Dans la tête de Michael, Juliette aimait Roméo et Roméo aimait Juliette, c’était une évidence…

Je trouvais Michael particulièrement adorable, je lui souris légèrement, en entendant sa demande.

D’accord, je veux bien te parler de Roméo, lui dis-en le regardant, je commença donc à lui raconter, mais comme si il s’agissait d’un résumé de roman.

Roméo est à peut près comment dans l’histoire que Shakespeare dépeint, il est beau, intelligent et issus d’une bonne famille. Nous nous sommes connu à l’âge de quatre, je n’étais pas une enfant très facile à vivre, il faut avouer. Alors que mes parents étaient conviés à une fête en compagnie d’autres parents appartenant au même rang social qu’eux. Je vis la rencontre de Roméo, et ce jour là, je ne sais pour quelle raison, j’ai décidé de l’ennuyer, grand mal m’en pris, car il m’a détesté d’emblée, nous nous sommes chamaillé et je l’ai embrassé, il m’a repoussé, je l’ai giflé et nous nous sommes séparé. Hors, mes sentiments ont changé plus les années ont passé plus je suis tombée amoureuse de lui. J’allais quelques fois à son manoir, pendant qu’il n’y était pas bien sûr, sa mère me parlait longuement de lui. Je ne pensais jamais le revoir, car mon père ne voulait pas que je vienne dans cette école, je n’étais même pas sûr qu’il vienne ici, lui dis-je en le regardant.

Quand je suis arrivée dans le train, j’ai reconnu un autre ami d’enfance qui jouai souvent ou discuté la plus part du temps avec Roméo. Puis la terrible nouvelle arriva lors de ma répartition, j’étais envoyée à Serdaigle…, alors que Roméo s’en est allé à Serpentard…, ensuite, les mois on passé, je l’ai revu mais…pendant des cours. Il était plus beau que dans mes souvenirs, ses cheveux blonds ressemblaient à la couleur des blés, ses yeux gris à un ciel qui présageait un terrible orage. J’aimais son regard froid…, tout en imaginant qu’un jour il serait doux pour moi. Puis le 14 février, jour fatigue du bal, je lui ai tout avoué et je l’ai embrassé…, c’est alors qu’il m’a rejeté. Nous nous sommes alors croisé sans cesse, le destin me le mettait sur ma route. Il c’est alors mis avec quelqu’un de sa maison pour m’oublier, mais rien y à fait, dis-je en souriant.

Il n’arrivait pas à m’oublier. Nous sommes dont sortis ensemble en cachette car son père ne devait pas l’apprendre, une Serdaigle et un Serpentard, ne font guère bon ménage, dis-je en baissant les yeux.

Mais voilà, le père de Roméo a su ce que nous faisions et mon monde c’est écroulé, mon sourire a été remplacé par de la tristesse et de la mélancolie. Car Roméo a oublié qu’il avait une Juliette qui l’aimait plus que sa vie. Roméo pense que Juliette lui a menti, qu’elle a triché avec lui, mais Juliette n’a rien fait de cela, elle l’a seulement aimé de tout son cœur, lui dis-je en laissant couler une larme le long de ma joue.

Donc, Juliette se retrouve seule aimant Roméo de tout son cœur et attendant avec espoir qu’un jour peut-être, il lui reviendra, dis-je en regardant Michael droit dans les yeux.

Michael ne disait mot pendant le récit de Juliette qui parlait de Roméo. Il s’imprégnait de l’histoire… Une histoire d’amour, de famille, de maison, de succession, d’interdiction et même de vengeance. Une histoire bien triste et Michael laissa échapper une larme… On ne lisait aucune tristesse sur son visage toujours souriant et attentif, mais l’histoire le faisait vibrer et comme elle était triste, une petite larme coula sur son visage d’ange à l’éternel sourire.

Mlle Stones ne pleurait pas en revanche en racontant son histoire. Elle débordait encore d’amour pour un Roméo qui l’avait oublié… Elle ne méritait pas ça, mais elle semblait plutôt résignée. Toujours pleine d’espoir cependant.

Alors Roméo était à Serpentard… Michael ne connaissait pas les élèves de cette maison. Il n’en avait retenu que deux visages : une fille très gracieuse aux cheveux rouges et un garçon blond qui lui avait ébouriffé les cheveux.

Michael détacha enfin son regard de celui d’Aelita quand la larme tomba de sa joue pour mourir quelque part sur sa chemise…

« Je te jouerai la suite du morceau, mais je dois m’entraîner avant… Je vais te jouer autre chose.»

Plus rien sur son visage n’indiquait qu’il avait laissé échappé une larme mis à part la trace humide sur sa joue. Michael se leva avec lenteur et alla chercher une nouvelle partition. Mozart.

Il l’installa sur le piano et reprit place sur la banquette. Il ouvrit la partition et en lu les premières notes. Il connaissait ce morceau par cœur, il n’en avait pas besoin mais il aimait lire les notes, presque plus que lire les livres !

Le regard perdu dans la partition Michael parla à Aelita d’une voix rêveuse.

« Mlle Juliette, je ne veux pas que tu meurs… » répéta-t-il.

Puis il sourit jusqu’aux oreilles et posa les mains sur le piano comme si leur conversation n’avait jamais eu lieu.

« Je te joue autre chose ! » dit-il avec enthousiasme.

Les doigts de Michael s’enfoncèrent sur les touches et il se lança dans l’interprétation d’un morceau particulièrement joyeux et léger.

Je regarda Michael, il était tout sourire devant moi, il ne me disait pas ma pauvre comme tu dois souffrir, ou ne te laisse pas abattre. Non, Michael était quelqu’un d’à part, il ne réagissait pas comme la plus part des personnes que je connaissais et ça me faisait du bien. Il me dit alors qu’il ne voulait pas que Juliette autrement dit moi, meurt, mais toutes personnes normales meurent un jour.

Je mourais un jour, mais pas tout de suite, lui dis-je en souriant…, à moins que…, à moins que mon Roméo ne veuille plus de moi définitivement, alors je métrais moi-même fin à mes jours.

Il alla chercher une autre partition et se remis à jouer, j’étais heureuse de le voir si joyeux sur son piano. Je me rapprocha alors un peu de lui et déposa délicatement ma tête sur son épaule.

Michael s’était remis à jouer et laissait s’enfoncer ses doigts sur les touches à une vitesse folle. Non, il ne laisserait pas Juliette mourir de chagrin. Michael savait bien que l’amour qui liait Juliette à Roméo était trop fort et ne pouvait être brisé. Donc Roméo voudrait toujours de Juliette et elle ne mourait pas. Enfin… l’histoire se finissait mal dans tous les cas, même si l’amour était présent.

Avec le premier accord, toutes les pensées tristes de Michael s’étaient évaporées. Le morceau était joyeux et plein d’entrain : « l’arnaque ». Un morceau plein de vie et au rythme rapide… Les notes s’enchainaient et Michael souriait remuant légèrement les lèvres comme s’il chantait les notes en même temps qu’il les jouait. Comme s’était agréable de se réfugier dans la musique.

Mlle Stones se rapprocha de Michael, si près que sa tête lui toucha l’épaule. Michael rata un accord et arrêta le morceau en plein milieu…

“…”

Il resta interdit un moment. Mlle Stones avait relevé la tête aussitôt. C’était impossible de jouer un morceau aussi plein d’entrain avec quelqu’un qui reposait sa tête sur son épaule. Il avait besoin d’accéder aux touches les plus hautes du piano comme à celles les plus basses… Le contact physique le gênait donc énormément. Pour jouer tout du moins, sans compter qu’il n’en avait pas l’habitude.

Michael aurait pu s’excuser pour son mouvement de recul qu’elle n’avait sûrement pas compris. Mais malgré qu’il connaissait un peu mieux Juliette maintenant, il avait toujours ce petit problème de parole et il n’arrivait pas à exprimer quoi que se soit.

Il regarda Mlle Stones dans les yeux, la bouche fermée, le visage neutre… Impossible de dire ce qu’il ressentait en ce moment. Mais pour une fois, ce silence le gênait. Il aurait voulu s’excuser mais n’y arrivait tout simplement pas.

Je…, je suis désolée…, je…, je n’aurais pas dû, dis-je en baissant la tête, c’était…, stupide de ma part, lui dis-je sans oser le regarder.

Je n’osais plus regarder Michael, je l’avais perturbé alors qu’il jouait, je me trouvais vraiment stupide d’avoir se genre de comportement. En plus il c’était éloigné de moi, décidément je me trouvais bien loin d’être Juliette en se moment.

Juliette avait de la grâce et une réelle beauté, moi je n’avais rien de tout cela, du moins je le pensais. Mon père a tout fait pour que je sois une dame du monde, quant à mes frères eux ont tout fait pour que je dise tout haut ce que les autres pensent tout bas. Ils m’ont toujours mise hors de moi, pour ne pas que je cache ce que je ressentais. Ce n’était pas une si mauvaise thérapie que ça, vu qu’on aimait ça chez moi.

Mlle Stones avait ôté sa tête et s’excusa, disant que son geste était stupide…

« … »

Pauvre Juliette, elle semblait manquer cruellement d’affection… Elle semblait en avoir tellement à donner, et souhaitait tellement en recevoir. Peut-être était-ce le trop plein de cette affection qu’elle ne pouvait plus donner à Roméo ?

Michael la regarda, elle avait le regard fuyant et avait l’air mal à l’aise. Maintenant qu’elle était à une distance raisonnable, Michael pourrait rejouer au piano et c’est ce qu’il ferait.

« Reste à côté de moi Juliette…»

Michael avait dit ces mots d’une voix douce. Ca n’était pas un ordre mais plutôt une requête. Si elle s’en allait maintenant, alors qu’elle semblait avoir tant de peine, il ne savait pas ce qu’elle allait faire. Il recommença le morceau depuis le début. S’il pouvait la soigner de cette façon, ou même la faire s’évader un bref instant par la musique il le ferait, même s’il devait s’en user les doigts.

Il était comme ça. Il avait peu à donner mais quand il se prenait d’affection pour quelqu’un, il était capable de donner tout ce qu’il avait, jusqu’à l’épuisement. Michael était plutôt heureux, vivant dans son monde loin de ses soucis, mais il préférait 1000 fois voir les autres heureux autour de lui car cela s’approchait de son idée du monde parfait… Il voulait rendre Mlles Stones et Toppinen heureuses. Ses deux princesses, les deux seules à Poudlard qui avaient écouté sa musique, les deux seules qui venaient le voir d’elles même…

Le morceau était léger, entraînant et rapide. Michael souriait, comme s’il racontait une histoire joyeuse avec la musique et il balançait sa tête au rythme de la musique, faisant bouger légèrement ses mèches blondes autour de sa tête…

Juliette n’était finalement pas partie… Elle devait sûrement aimer la musique ou alors elle avait écouté Michael et avait accepté sa demande. Dans les deux cas, cela lui fit très plaisir… Il joua ne marquant que de très courtes pauses… Il joua jusqu’à en avoir mal aux mains et jusqu’à en être fatigué, repus de musique.

Il avait alterné morceaux guillerets et tristes, d’une tristesse infinie qui firent pleurer Michael… Enfin pleurer, son visage avait toujours la même expression, mes les larmes coulaient comme s’il ne pouvait les empêcher, comme lorsqu’il avait écouté l’histoire de Roméo et Juliette version Mlle Stones, un peu de la façon d’une fontaine automatique…

Mlle Stones n’était pas partie quand il referma le couvercle. Pourtant il avait pu jouer pendant des heures, le temps passait plus vite et il n’aurait trop su dire… Il n’essuya pas les traces de larmes de ses joues, mais les faisait disparaître dans les fossettes qui ornaient ses joues lorsqu’il souriait.

« Merci de m’avoir écouté »

Il aimait beaucoup Mlle Stones/Juliette. Elle avait beaucoup de malheur en elle mais pourtant elle lui avait consacré du temps. Pour ce petit garçon étrange qu’était Michael, c’était une chose très précieuse que ces minutes, heures passées à faire écouter sa musique à quelqu’un qu’il aimait bien.

Michael aurait pu dire des milliers de paroles réconfortantes à cet instant, mais préféra garder le silence, dévorant les yeux turquoise de Juliette et se disant que de nombreux marins aimeraient mourir noyés dans une mer d’une aussi jolie couleur… Tous les sentiments de Mlle Stones passaient dans ses yeux ce qui les rendaient d’une beauté et d’une profondeur qui envoûtait Michael et qui avait quelque chose d’intimidant.

Pour rien au monde il n’aurait rompu le silence ou brisé ce moment, il n’osait même pas cligner des paupières de peur de rater une miette du spectacle.