Visite touristique du bureau de notre concierge bien-aîmé

La porte d'une pièce était entrouverte, Luna prise de curiosité entra et trouva devant elle un vieil homme à l'air revêche qu'elle ne connaissait pas.

"Bonjour, je n'avais encore jamais eu l'occasion de visiter cet endroit. Ohhhhh, c'est curieux tout ces... machins."

Sa baguette sur l'oreille, les mains dans les poches de sa robe de sorcière, Luna fit tranquillement le tour de la pièce comme on visite un musée; admirant les meubles vieillots, les murs lézardés, les tableaux du moyen-âge représentant des scènes de torture (elle crut que ça représentait des chanteurs s'époumonant) et tous les recoins de la pièce comme si c'était très beau car ça avait le mérite à ses yeux ne pas ressembler à ces salles de classe qui finissaient par être toutes semblables. C'était beaucoup plus... heu... (Luna huma l'odeur de moisi)... inhabituel comme lieu.

Ravie, Luna affina son exploration en tripotant des bidules qui trainaient ici et là et sur le bureau. Remarquant un boomerang à mouvement perpétuel fluorescent, elle ouvrit de grands yeux étonnés et l'essaya en disant: "mais je crois que c'est interdit, ça; vous savez?" Elle ajouta sur un ton de confidence en mettant sa main près de sa bouche: "en plus, il paraît que le concierge est un vieux maniaque sadique, alors à votre place; je cacherais ça!"

Le boomerang fit quelques tours dans la pièce, et revint cogner le côté du crâne de Rusard en faisant un petit BING.

"Hi, hi; c'est rigolo; ça a sonné creu", dit Luna prise de fou rire. Essuyant une larme de rire; elle regarda Rusard plus attentivement."Vous avez des vêtements de pauvre... vous êtes un clochard?", fit Luna avec intérêt, se demandant s'il s'était réfugié ici pour manger, et imaginant déjà des plans pour le ravitailler.

Non mais alors ça, c'était un monde ! Rusard était tranquillement occupé à concocter un plan subtil pour piéger Potter, ce petit chenapan qui, savait-il de source sûre (qu'il croit !), passait régulièrement commande pour des bombabouses ou, à défaut Potter, les jumeaux Weasley, qui semaient la pagaille et le désordre dans ses chers couloirs, lorsqu'une tête blonde entra dans son bureau.
La mâchoire du vieil homme faillit en tomber de stupéfaction : les élèves n'entraient jamais dans son bureau de plein gré. En général, ils étaient plutôt tenus au collet par un préfet fulminant (et encore, Rusard les soupçonnait d'essayer, la plupart du temps, de ne pas lui amener les "criminels", juste pour le faire enrager. Les préfets étaient tous des vendus à la cause de la délinquance !).

Il se reprit toutefois bien vite et écarta les ailes du nez d'un air franchement menaçant. Que Lovegood, après quatre années passées à Poudlard, ne le connaisse pas était tout à la fois étonnant - lui qui passait tant de temps dans les corridors ! - et un peu vexant... Oubliant subitement Potter et les Weasley, Rusard émit un claquement de dents rageur et s'approcha, l'air mauvais de la jeune fille.

*Ah ! Tu ne me connais pas encore, hein ? Hé bien ma mignonne, tu vas rapidement apprendre !*

Bon sang ! Quand il pensait qu'il avait laissé cette criminelle agir impunément pendant quatre ans. Une honte ! Mais il y avait tout de même un côté positif : il allait pouvoir charger les frêles épaules de la Serdaigle de tous les actes répréhensibles qu'il n'était pas parvenu à résoudre depuis quatre ans. Et tant pis pour la mauvaise foi ! La blondinette était un bouc émissaire tout trouvé.

Avec un sourire de mauvaise augure et fleurant bon l'ail le concierge se pencha en avant... Pour mieux se prendre le boomerang dans le front. Oh ! Oh ! Comment osait-elle ? Lui ? La terreur des élèves ? Le pourfendeur de la délinquance juvénile ? Le serviteur du châtiment corporel ? Attaqué par une vulgaire quatrième année ?
Bien, bien, bien, encore une chose à rajouter à la longue liste des méfaits de la gamine.

Rusard pinça les lèvres de colère tandis que dans son panier à fanfreluches couleur rose (Ombrage faisait des dégâts !), Miss Teigne laissait échapper un miaulement hautement désapprobateur. Nul doute qu'elle collerait aux basques de la Serdaigle dans les mois à venir, fidèle gardienne de l'intégrté physique de son concierge favori (car main nourricière).

- Dites-donc jeune... commença Rusard d'un ton scandalisé.

Mais il n'eut pas le temps d'aller plus loin. Aha ! Parce qu'en plus des agressions, mademoiselle aimait l'insulte ? Clochard ? Lui ? Si le "vieux maniaque sadique" lui avait semblé (presque) flatteur, Rusard ne put supporter la suite. Abattant une main implacable sur le bras de Luna, il la gratifia d'une moue méprisante et d'un regard où brillait une joie malsaine avant de lâcher d'un ton cassant :

- Clochard, non, concierge, oui ! Je serai ravie que vous alliez discuter de ma rémunération avec le professeur Dumbledore, mais pour l'heure, votre maison risque de sérieusement pâtir de votre impertinence !

Et paf ! Non mais des fois, hein !
Rusard esquissa un pâle sourire victorieux en secouant un peu Luna... Nul échappatoire possible pour elle.

Et oui! Luna était tellement toujours dans ses rêves qu'elle avait manqué beaucoup d'évênements et d'informations au cours de ces quatre dernières années. Dès qu'elle quittait les cours où une certaine attention était exigée, elle replongeait dans ses pensées, ses livres ou ses expériences étranges. En ce qui concernait l'équipe éducative de Poudlard ou la géographie des couloirs et des escaliers, elle était souvent presque aussi perdue qu'une première année, ce qui faisait qu'elle s'égarait souvent et avait annoncé la semaine dernière à Madame Pince qu'elle était enchantée de faire sa connaissance. Enchantement qui ô surprise n'avait pas eu l'air partagé .

Ne sachant pas, en tout cas, qu'elle était en présence de quelqu'un qui avait quelque droit de malmener les élèves ou tout au moins de les surveiller, Luna fut si terrorisée quand Rusard l'attrapa qu'elle n'entendit pas grand'chose des quelques mots qu'il mâchonna dans sa bouche à l'haleine putride. Elle ne voyait qu'une chose: un vieillard malodorant avait posé la main sur elle et ne voulait pas la lâcher. Son père lui avait dit quand elle était petite de se méfier des inconnus, et plus tard il lui avait expliqué qu'il existait ce qu'on appelait chez les moldus "la traite des blanches" et chez les sorciers "le dessert des ogres"...

_ "Au secours !!!!!!!!! Au satyyyyre !!!!!!!!!!!", cria Luna éperdue.

Mais soudain elle se ravisa : le vieux monsieur la regardait du coin de l'oeil d'un air de dément. *C'est un fou échappé de Sainte-Mangouste ! * Elle savait, pour aller rendre visite régulièrement à son guérisseur d'esprit, qu'il ne discutait pas seulement gentiment avec elle qui n'avait rien , il soignait aussi des gens gravement atteints :maboul: . Bon, dans ce cas il vallait mieux rester calme; il paraît qu'il ne faut pas les contrarier .

Luna changea donc d'attitude et esquissa un sourire poli, puis franchement chaleureux pour rassurer le monsieur. Elle lui parla précautionneusement, comme on parle à un blessé ou à un petit enfant:

"Ne vous inquiétez pas. Ca va aller. Est-ce que je peux faire quelque chose pour vous?"