Retour à l'école [PV Drago]

Sykes s'était levé de bonne heure ce matin. En effet, il ne voulait pour rien au monde perdre du temps quant à ce dossier et préférait, dans la mesure du possible, le clore dans les délais impartis. Ainsi il ne prendrait aucun retard et Scrimgeour n'irait lui faire aucune leçon quant à son "incroyable incompétence".

Ohh mais, elle était "périodique", avait-il envie de dire. Depuis que Voldemort était monté au pouvoir, qu'ils avaient la certitude que Quint était un Mangemort et que son sang bouillait de ne pas en coffrer quelques uns de "trop" suspects, Apophis avait une petite baisse de moral ainsi que d'efficacité. Il était tombé malade l'année dernière du fait de toutes ces affaires harrasantes et Lola n'avait rien trouvé de mieux que de lui coller un moutard sur le dos... Bref, ces maudits 365 jours prendraient bientôt fins et il ne serait pas mécontent de recommencer une nouvelle année. Peut-être prendrait-il de meilleures résolutions ?

"Non !", se dit-il et sa bouche articula la première ce que sa pensée tâchait d'émettre. Il éclata d'un rire grave, gargantuesque, faisant passer l'auguste et respecté Auror qu'il était pour un ogre monstrueux. Des enfants se retournèrent sur lui tandis qu'il marchait aussi le long du chemin sinueux, droit vers Poudlard. La plupart d'entre eux l'avaient déjà vu et semblaient assez soucieux de le revoir ici... Ils pouvaient se consoler ces cancres ! il ne resterait guère plus de deux minutes. Le bureau de Dumbledore suait la bravoure et la vaillance même à travers ses murs épais et Sykes ne voulait guère rester dans la demeure d'un Gryffondor plus longtemps.

Il passa l'allée, arrivant dans le parc. Il faisait certes froid mais la neige avait arrêté de tomber depuis déjà plus d'une semaine et dégageait lentement des morceaux de pelouses couvertes de gel ainsi que des plaques de boues figées dans du verglas. A plusieurs reprises il manqua se briser quelque chose, maudissant le personnel du château qui ne faisait pas "ce qu'il faut". Sang-Pur un jour, Sang-Pur toujours malheureusement...

Arrivant aux abords des murs de l'école, Apophis releva brusquement la tête de ses pensées, tournant les yeux vers ce qui semblaient être des cris plaintifs d'enfant. Il pressa le pas dans cette direction, fronçant des sourcils intrigués, et arriva bientôt à hauteur des murets. L'Auror se stopa aussi net. Deux garçons de grandes et fortes tailles s'en prenaient à un plus petit qui tâchait de défendre son sac, maintenu contre sa poitrine. Le garçon gémissait face à ses grosses brutes qui ne cessaient de ricaner grassement, jouant des poings pour lui faire peur, le chahutant doucement pour voir, avec délice, sa réaction terrifiée.

"Héhéhé, il est pas si costaud le p'tit Poufsouffle !".

L'autre imbécile à côté de lui répliqua aussitôt... de sa voix nouvellement muée :

"Ouais ! Il est même carrément naze ! Comment il va sauver son goûter, hein ?".

Et ils éclatèrent de rire. Même Sykes, d'aussi loin qu'il se souvenait, n'avait jamais eu un comportement ausi stupide ! Et même, s'il portait à l'époque la même robe qu'eux, il se sentait pourtant incroyalement différent.
L'un de deux gorilles bouscula l'enfant d'un peu trop près et le fit tomber à la renverse. Des moqueris fusèrent et furent assez pour décider l'Auror blond à intervenir...
Sa grosse main s'enfonça brusquement dans l'épaule d'un des Serpentards lui faisant dos tandis que l'autre empoignait le second par le collet. Il les tourna tous les deux vers lui, prenant un air suffisamment mauvais et convainquant pour leur faire passer l'envie de riposter. Comme il s'y attendait, les deux attardés mentaux ne pipèrent mots, affichant des mines surprises face à cette masse gigantesque. Apophis resserra sa poigne :

"Deux Serpentards qui quémandent le goûter d'un plus jeune qu'eux, commença sa voix rapeuse et sinistre, si c'est pas malheureux...".

Il les relacha sans ménagement et se pencha vers le petit garçon, encore tout chamboulé, ses vêtements couverts de terre et de givre. Il lui offrit sa main.

"Il n'est pas plus épais qu'un lutin de Cornouailles et vous venez lui chercher des noises !".

L'Auror leva les yeux au ciel et aida le jeune élève à se débarbouiller un peu. Une fois ceci fait il se tourna à demi vers les deux autres, restés prudemment en retrait.

"Ban... Qu'est-ce qu'il vous a fait ?".

Et il n'obtint aucune réponse. Les deux Serpentards étaient bien trop occupés à regarder la pointe de leurs chaussures boueuses. Sykes se dit qu'il obtiendrait sans doute une meilleure réponse de la part du jaune et noir.

"Tu leurs as fait quoi ?".

"Rien, m'sieur...", d'une voix fluette et crispante à vous faire taper la tête contre les murs. Maudits Poufsouffles !

"C'est pas "m'sieur" mais "Auror Sykes" pour moi. Que leur as-tu fait ? Rien ?".

"Rien, m... Auror Sykes".

"Rien qui ne motive leur soudaine envie de te piquer ton goûter, hein ?".

Le petit garçon baissa les yeux et souffla un léger "non". Son regard était comme celui des autres : rivé à ses chaussures. Sykes observa les deux autres d'un air sidéré tout en hochant la tête. Il reprit à l'attention du Poufssouffle :

"Bien. Donne-moi ton sac !".

Il y eu un instant de silence, durant lequel les deux gorilles et l'enfant avaient brusquement relevés la tête, frappés d'un étonnement non feint. L'un de deux -le plus gros- se rapprocha de son compagnon, ne cessant de fixer l'Auror. Ce dernier tendit sa main gigantesque vers le petit jaune et noir.

"Donne-moi ton sac !".

L'enfant s'exécuta non sans apréhension. Sykes fouilla brièvement à l'intérieur et rajouta :

"Y a tout ton goûter là-dedans, non ?".

"Oui".

"Bien".

Et il hocha la tête d'un air entendu. Son bras dessina un large arc de cercle... qui vint terminer sa course à hauteur des deux Serpentards, lâchant le sac entre les mains du plus gros.
Apophis laissa planer l'ombre d'un sourire.

"Je te remercie, jeune homme. C'est aimable à toi de sacrifier ton goûter pour que d'autres puissent en profiter...".

"Mais, je...".

"Inutile de justifier un acte aussi courageux ! Ta bonté fait de toi un digne élève de Poufssouffle !".

Le "digne élève" en question arrondit des yeux aussi ronds que des soucoupes. Son souffle était coupé et il restait bouche bée face à ce que l'Auror aux cheveux hérissés venait de faire. Il observait tantôt Sykes, tantôt les deux autres -ne parvenant apparemment pas à déterminer lequel était le plus crapuleux parmis ce sinistre échantillon. Il recula, proie des proies sous les serres d'Apophis, et manqua à nouveau de s'écrouler sur le sol.

"Haha ! T'as l'air moins fin, hein ?" Eclata le moins "épais" des deux.

"Ferme-là, Goyle !", intima le second, lançant un regard vers l'adulte.

Le sourire de l'Auror décadant s'élargit, aussi rassurant et chaleureux que celui d'un prédateur assoiffé de chair humaine. Ses iris limpides et piquetées de crystal étaient rivées sur lui.

"Et surtout n'oublie pas, reprit-il avant qu'il ne s'éloigne trop, pas un mot à quiconque sinon...".

Il haussa les sourcils d'un air significatif. L'enfant hocha brièvement la tête et détala comme un lapin, fuyant ce monde de fous dans lequel il venait d'atterrir ou les représentants de la loi venaient sauver les voyous. Jamais il n'avait vu enfant courir plus vite, comme s'il avait la mort aux trousses. Dans un sens, c'était un peu vrai... Mais Sykes n'était pas du genre à ne pas tenir parole ! Il ne s'en prendrait à lui que s'il venait raconter toute l'histoire à quelqu'un d'autre...

Il passa la main dans ses cheveux péroxydés et hérissés, redressa le col de son manteau noir et fit volte-face vers le dénommé "Goyle" et son ami le "Gros Patapouf" -à défaut de nom-.
Ses mains se joignirent et il commença à les frotter doucement pour se... réchauffer. Enfin cela pouvait prêter à confusion vu le regard sombre et attentif qu'il leur portait. Il reprit :

"Je suis heureux de voir que Serpentard n'a rien perdu de son panache. Misérables gamins... piquer la nourriture d'un autre ! et un qui ne venait même pas vous payer ! -il les observa de long en large- Vous me débectez !".

Les autres n'ajoutèrent rien. Mis à part le gros qui commençait à s'agiter...

"C'est pas ce qu'on voulait faire, m'sieur... On voulait lui demander et...".

Et Sykes de se pencher à leur hauteur :

"Lui demander ? -et son visage crayeux se tourna vers Goyle- Lui demander ?

Vous n'avez rien à demander à quiconque ! Personne ne doit vous donner son accord, c'est à vous de décider si vous voulez quelque chose ou non !

Mais je vois que des principes se perdent dans cette maison...".

Et il se redressa, affichant une mine mi-amusée, mi-dégoûtée, un peu comme s'il était redevenu un élève de dernière année dispensant ses conseils aux plus jaunes d'entre eux. Les lèvres de Sykes s'élargirent, laissant découvrir ses crocs, taillant dans le gras de ses joues de poupon sur un éclat incroyablement juvénile. Il reprit :

"En tout cas, vous faites une belle bande d'empaffés. C'est quoi vos noms ?".

"Goyle...".

Et l'autre de lui donner un coup de coude, ses yeux porcins se levant vers Sykes.

"Et toi ?".

"Crabbe...".

Ses prunelles se fixèrent un instant sur celles de Sykes, certain ainsi de l'effet qu'il produirait. L'adulte ne se laissa pas intimider pour autant et posa ses mains sur les hanches dans une pose dominatrice et autoritaire de grand garçon de... 34 ans.

"Je me disais bien que ce regard endormi me disait quelque chose...". Et, à cet instant, il releva les yeux.

Quelque chose venait d'attirer son attention et il comprit alors qu'ils ne seraient plus seuls pendant très longtemps... Quelqu'un semblait vouloir venir chercher ces deux gugus...

Sykes leur lança un dernier clin d'oeil espiègle et croisa les bras sur sa poitrine, attendant l'arrivée du troisième.
Celui-là non plus il ne pensait pas qu'il ressemblait autant à son père...

Drago Malefoy s’était également levé tôt ce matin là et pour une raison bien particulière : une convocation dans le bureau de la Grande Inquisitrice. Après s’être préparé avec soin et rasé de près (même si il n’en avait pas encore réellement besoin), il se présenta à son rendez-vous avec quelques minutes d’avance.

La grosse Ombrage l’accueillit de façon fort polie et l’invita dans son horrible bureau rose pour lui offrir le thé. Drago pénétra dans l’antre de la bête et s’efforça de faire bonne figure face à cette bonne femme. Bien que depuis son arrivée elle avait rendu de grands services à Poudlard et au Ministère, elle n'en restait pas moins une femme étrange et qui n'avait aucun goût.

Le blondinet se présenta donc au bureau d’Ombrage et s’installa confortablement dans un fauteuil en attendant de voir ce qu’elle pouvait bien lui vouloir. Quelques secondes après qu'il se soit installé, la Grande Inquisitrice lui présenta une tasse remplie de thé à la rose. Drago jeta un coup d'œil suspicieux à la tasse avant d'être pris d'un haut le cœur. C'est à cet instant qu'Ombrage prit la parole.

DOLORES – J’ai pris la peine de vous faire venir personnellement car vous n’êtes pas sans savoir que j’ai de grands projets pour cette école. Malheureusement, ces temps-ci, j’ai la désagréable impression que tout le monde ne va pas dans mon sens et qu’un petit groupe d’élèves rebelles sème le trouble dans mes couloirs et insuffle de stupides idées de rébellions dans la tête de mes plus jeunes élèves…
DRAGO – Il ne peut s’agir que de Potter et sa bande…
DOLORES – Exact ! Et je dois dire qu’ils me donnent du fil à retordre… Je les punis tant que je peux mais je ne suis pas parvenue à démanteler leur association de pacotille.
DRAGO – Et en quoi puis-je vous aider ? Potter est loin de me confier tous ses petits secrets
DOLORES – Justement j’y viens. Personne n’est à l’abri d’une erreur et je compte bien à une petite erreur de leur part qui me permettra de mettre un terme à leur rébellion. Et c’est là que vous intervenez Drago Malefoy. Il m’est difficile aujourd’hui de savoir à qui faire confiance ou non et je suis quasiment certaine de pouvoir vous faire confiance.
DRAGO – Et je vous assure que vous faites bien.
DOLORES – Mon idée est donc de créer un groupe afin de lutter contre les agissements de ces inconscients, et je ne vois personne d’aussi charismatique et populaire que vous pour rassembler des élèves de confiance dans ce groupe. J’y ai déjà bien réfléchi et j’ai presque tout organisé. Le groupe sera nommé « Brigade Inquisitionale » et j’ai déjà préparé un décret leur donnant les pleins pouvoirs pour stopper les rebelles. Retrait de points, punitions, vous aurez les pleins pouvoirs et je compte bien à ce que vous les utilisiez pour mener la vie dure à ces sauvages.
DRAGO – Je suis flatté de votre confiance et je vous assure de faire de mon mieux pour contrer Potter.
DOLORES – Mais je n’en doute pas ! Et bien buvons donc à la réussite de ce projet ! Je vous laisse 3 jours pour me rassembler quelques élèves que j’inspecterai moi même passé ce délai.

Ombrage leva sa tasse de thé et l’approcha de celle de Drago qui fut forcé de trinquer avec elle et d’avaler une gorgée de cette substance répugnante. Un nouveau haut le cœur le prit et il s’efforça de le masquer aux yeux d’Ombrage.

La conversation continua quelques instants ; Ombrage donnait des directives et Drago faisait son maximum pour éviter d’avoir à reboire de ce thé infect qui lui donnait envie de vomir. Ça n’était pas chose facile car la Grande Inquisitrice semblait tenir particulièrement à ce qu’il finisse cette fichu tasse, ce qu’il finit par faire avant qu’elle ne l’autorise à prendre congé.

DOLORES – Je compte sur vous Drago ! Ne me décevez pas !

Le Serpentard acquiesça respectueusement et quitta la pièce avant de se diriger à pas rapides vers la salle commune. Cet entretien avec Ombrage l’avait ravi au plus haut point et il lui tardait de commencer à mettre sur pied la Brigade Inquisitionale.

Durant son trajet jusqu’à la salle commune, il réfléchit aux membres qu’il pourrait recruter et songea en premier lieu à ses fidèles acolytes Crabbe et Goyle. ¤ Y a pas mieux comme gardes du corps et puis ils feront tout ce que je leur dirai de faire… Je les trouve, je leur en parle vite fait et ensuite on ira recruter les autres… Pansy et Blaise ne devraient pas poser de problèmes. Il me faudrait les perfects de mon côté aussi, Irving, Gibson et Kostovak ça serait bien… Pas mal de Serpentard en gros… ¤

Drago pénétra dans la salle commune en se frottant les mains, un air triomphant accroché au visage.

DRAGO – CRABBE ! GOYLE ! Venez par là un peu !
UN 4EME ANNÉE – Ils sont sortis dans le parc Malefoy
DRAGO – Evidemment, jamais là quand on a besoin d’eux… Merci pour l’info.

Le blondinet tourna les talons dans un grand mouvement de cape avant de se diriger à grands pas vers la sortie. Il traversa les couloirs, un étrange sourire flottant sur son visage et ne tarda pas à se retrouver dans le parc.

A peine avait-il franchit les portes du château qu’il croisa un Poufsouffle qui courait, tête baissée vers le château. ¤ Attends un peu toi ¤ Drago continua d’avancer mais fit légèrement dévier sa trajectoire de sorte à ce que le Poufsouffle le percute dans sa course. Cela ne rata pas et leurs épaules se rencontrèrent avec violence. Prompt à réagir, Drago lui décolla une taloche derrière la tête tout en le morigénant :

DRAGO – Fais un peu attention espèce de tâche !

Le garçon ne répondit rien, il continua de galoper tout en se frottant l’arrière de la tête, là où Drago l’avait frappé. Satisfait, le Serpentard reprit son chemin, se félicitant d’avoir corrigé le petit ¤ Je ne risque rien en plus, je suis de la Brigade Inquisitionale ¤

Il continua de s’avancer dans le parc et ne tarda pas à apercevoir 3 silhouettes : de toute évidence celles épaisses de Crabbe et Goyle, et celle d’un adulte.

¤ Qu’est ce qu’ils peuvent bien ficher encore ? ¤

S’avançant vers eux la tête haute, Drago ne tarda pas à se retrouver assez proche pour distinguer le visage de l’adulte. Il n’était pas professeur et le Serpentard ne se souvenait pas l’avoir déjà vu.

¤ Quelqu’un du ministère ? Qu’est ce qu’il peut bien trouver d’intéressant à Crabbe et Goyle ? ¤

Le blondinet continua de s’approcher ce qui fit tourner la tête à l’adulte. Le Serpentard lui adressa à peine un bref regard et reporta toute son attention sur Crabbe et Goyle à qui il intima l’ordre de les rejoindre.

DRAGO – Crabbe ! Goyle ! Venez par là un peu, j’ai besoin de vous…

Il sembla à Drago que les deux adolescents furent un peu plus lents à réagir que d’habitude mais ils firent tout de même mine d’avancer. Pendant ce temps, Drago jeta un nouveau coup d’œil rapide à l’homme. ¤ Mais qui est-il ? ¤

Crabbe et Goyle auraient pu gentiment se ranger derrière Drago et tous auraient pu tourner les talons, mais les deux stupides acolytes du jeune Malefoy semblaient fortement impressionnés par l’adulte. Ceci eut pour conséquence de les rendre encore plus lents que d’habitude (si c’était possible) ce qui donna le temps à l'inconnu de lancer des présentations, puis une conversation.

L’homme tendit la main, et Drago la lui serra mais il ne put s’empêcher de tiquer lorsque l’homme se présenta comme un auror. Cette façon qu’il avait de se présenter, de lui présenter ses respects, d’approuver sa conduite alors qu’il ne le connaissait pas… Tout ceci était très étrange, et même si Drago était quelqu’un qui adorait la flatterie, il ne pouvait s’empêcher de trouver l’homme un peu louche.

¤ Connaît-il mon père si bien que ça ? Il ne me semble pas que mon père soit dans les petits papiers d’un auror… ¤

« Je suis Drago Malefoy, il est vrai que mon père a une forte influence sur le Ministère. Pour ma part je suis à Serpentard et en 5ème année. »

¤ Et chef de la Brigade Inquisitionale ¤

Malgré le fait que l’auror ait éveillé en lui une certaine méfiance, Drago aimait décidément trop la flatterie pour rester de marbre et ne put s'empêcher d’afficher un visage fier. Sykes avait dit quelques mots qui avaient suffisamment conquis le Serpentard pour que celui-ci lui présente un sourire non feint.

“Crabbe et Goyle ne sont pas des exemples en même temps… La plupart des Serpentard ont une attitude beaucoup plus respectable que ces deux-là.”

Parler en insultant à moitié Crabbe et Goyle ne posait pas de problème à Drago. Il avait l’habitude de le faire et à en croire le manque de réaction des deux garçons, ça ne leur posait pas de problème. C’était à se demander si ils avaient compris qu’on parlait d’eux.

La conversation prit alors un tour un peu étrange. Après les présentations de base, l’auror se rapprocha et lui dit sur un ton de confidence de se méfier de Potter.

¤ ??? ¤

Si Drago ne répondit rien, il ne put s’empêcher d’écarquiller les yeux. Déjà il n’avait pas besoin qu’on lui demande de prendre garde à Potter, il l’exécrait et il faisait tout son possible pour lui mettre des bâtons dans les roues. Se méfier de Potter était déjà dans sa nature.

¤ Qu’est ce qu’il cherche à faire là ? Il est auror ou il est pas auror ? Il m’a l’air d’un fidèle du Ministère mais pourquoi me dire ça ? ¤

L’auror gloussa d’une façon à faire frémir n’importe quel adolescent et il se rapprocha davantage d’eux ce qui fit reculer Drago presque par réflexe. L’auror continua de déblatérer sur Potter et sur le « soit disant retour du Seigneur des Ténèbres » et Drago lui, commençait à se sentir un peu mal à l’aise. Il fut forcé de l’écouter jusqu’au bout, mais il se serait bien passé de cette rencontre pour le moins troublante : de quel côté était cet homme, et surtout que voulait-il ? Mettre en garde Drago ? Le jeune Malefoy aurait mis la main de Goyle à couper que ça n’était pas ça.

¤ Et puis d’ailleurs, qu’est ce qu’il vient faire ici ? ¤

Reculant encore un peu plus de façon à retrouver le plein usage de son espace vital, Drago s’éclaircit la voix, comme il le faisait toujours lorsqu’il voulait donner de l’assurance à son ton.

“Hypothèses intéressantes… Je ne suis pas très bien renseigné et j’ai tendance à croire ce que me dit la Gazette et le Ministère. Pour le reste, j’espère que si un quelconque danger nous menace nous pouvons faire confiance à nos aurors pour l’écarter”

Drago parlait avec aplomb, bien que l’auror l’ait beaucoup impressionné rien que par son ton et sa façon de s’approcher de lui. Sa réponse avait été formulée telle que son père l’aurait faite (du moins le pensait-il) : discours adapté à l’interlocuteur, aucune info dévoilée sur ses connaissances réelles. Oui car Drago en savait évidemment plus que ce que pouvait dire la Gazette, et ceci depuis que son Père s’était enfin décidé à le considérer comme un homme et l’avait mis au courant de certaines petites choses essentielles (vraie fidélité de Sirius Black, sa forme d’animagus et bien sûr le retour du Seigneur des Ténèbres, Seigneur que la famille Malefoy se devait d’honorer par dessus tout).

Fier de sa réponse, Drago se risqua à poser une petite question afin de reprendre le dessus sur son interlocuteur.

“Je vous prie d’excuser ma curiosité, mais que fait un auror à Poudlard… Vous n’êtes pas venu interner Potter, si ?”

¤ Ca serait bien remarque ¤

Drago ne pouvait être autrement ! Il était vraiment le digne fils de son père... un fouineur sans trop l'être, un rampant, un nuisible qui ne sortait la tête de sa fange que pour voir quelques catastrophes ravageaient le monde en ce moment. Il n'y prenait pas part, il était seulement invité.
La remarque qu'il fit en émettant que son hypothèse pouvait être intéressante fit sourire l'Auror blond jusqu'aux oreilles. Et une fois encore il se remémora de comment pouvait agir son père... Décidemment, il avait bien appris ses leçons.

Apophis Sykes, d'un air déguingandé, fourra ses mains dans ses poches à la question de l'adolescent. Il s'amusait à croire que, malgré une indifférence totale, il demeurait néanmoins curieux... Et il fallait savoir que, non seulement c'était maladif chez eux, mais qu'en plus elle devenait une arme redoutable.

"Vous ne lisez guère les journaux comme vous le prétendiez, jeune Malefoy ? Il y a eu une évasion récemment, des Mangemorts. Azkaban a été, pour ainsi dire, désertée !

Je suis là afin de m'assurer qu'aucun de vous ne courre de danger potentiel...
Quant à l'internement de Potter, il me semble que ce n'est pas à moi de m'en charger. Pas que je le ferai sans joie, bien au contraire -il avait l'un de ces regards incisifs qui le faisait ressembler à un loup-, mais je n'ai aucune preuve, pour l'instant, qu'il est une éventuelle menace !".

Ses yeux de givre coulèrent quelques instant sur Malefoy puis vinrent à accrocher l'horizon. Une brise glacée vint à soulever ses vêtements, frôlant doucement ses cheveux tandis que l'atmosphère se refroidissait déjà. Crabbe et Goyle dans leur coin n'osaient d'ailleurs pas se frotter les mains de peur de ne recevoir quelque remarque cinglante.

"Je suppose que Dolorès Ombrage fait admirablement bien son travail !".

Et son visage de damné revint subitement à Drago.

"En effet, qui de mieux pour vous enseigner l'art des Défenses contre les Forces du Mal ? A part une connaisseuse en la matière...
M'est avis qu'elle fait beaucoup plus... Elle doit se sentir concernée par la sécurité des élèves et doit tout tenter afin que ces derniers ne cèdent pas à la folie ou aux désordres, comme cet agitateur de Potter aimerait bien le faire.

Je n'étais pas là lors de son procès, cependant l'on m'a raconté qu'il était très agité et qu'il a fallu que Dolorès Ombrage hausse le ton et que son cher directeur intervienne pour qu'il ne se calme !".

Sykes fit claquer sa langue, une lueur dévorante brillant dans ses orbites.

"Quel petit plaisantin... sous ces airs de sauveur du monde... Tsst, il me dégoûte vraiment !
Vous voulez mon avis, jeune Malefoy ? Trop de libertés sont accordées à ce forcené qui essaye d'attirer tous les regards sur lui ! Et c'est un Gryffondor qui plus est ! La maison certes la plus déraisonnable que je connaisse...".

Il lui accorda un léger sourire, glissant sur ses lèvres pleines et charnues. Il poursuivit :

"Il faudrait quelqu'un comme vous, un Serpentard digne de ce nom, pour y remettre de l'ordre, n'ai-je pas raison ? Si vous avez réellement hérité de votre père et si l'on vous en donnait l'occasion, cette école n'inspirerait bientôt plus que crainte et discipline !

Crainte et discipline... Moi qui connait l'histoire de ces lieux, cela me fend le coeur !".

Et il fit quelques pas vers les lourdes portes de l'entrée, l'air ailleurs.

"Salazar Serpentard doit se retourner dans sa tombe en voyant ce que certains adorateurs de Godric en font, lâcha-t-il en se retournant d'une traite, ce Dumbledore et maintenant ce Potter...

De mon temps il y avait bien un groupe que l'on nommait les "Maraudeurs" ! De stupides esclaves de leur propre bêtise qui ne passaient leur temps qu'à jouer et faire des farces à la heuteur de leur idiotie... Le père de ce Potter en faisait partie ainsi que son meurtrier de parrain : Sirius Black, l'infâme traître à son sang !".

"Vous vous demandez pourquoi je parle d'eux en ces termes, jeune Malefoy ? Parce qu'étant un ancien élève de Serpentard ces choses-là me révoltent.
N'ai-je pas raison d'être révolté ? -il frissonna brièvement, enfonçant davantage les mains dans les poches de son manteau noir- Sans ces personnes, les véritables sorciers pourraient vivre en paix ! Et d'autres de mes amis n'auraient pas eu à subir leurs moqueries incessantes tandis que bon nombre des vôtres auraient pu vivre en paix sans les prétendues affirmations du jeune Potter. Un élément des plus... perturbateurs, pour rester poli !".

L'Auror resta silencieux quelques instants, observant Drago Malefoy de ses prunelles d'acier -un bleu trop clair, trop froid pour être aimable et chaleureux. Son teint de neige ne se laissait illuminer que par un éternel sourire, creusant un peu plus ses joues d'enfant espiègle tandis que son allure, guindée et maintenue, le rendait plus grand encore. Sykes prit cet air pincé qu'affectionnait la plupart de ses congénères qui étaient, malheureusement, du mauvais côté. Et il rétorqua :

"Et les moldus, jeune Malefoy ? Ces filles et fils Sang-de-Bourbe... Ne trouvez-vous pas qu'il faudrait faire en sorte d'interdire leur venue à l'école ?

Ou non, sans pour autant être aussi strict, faire en sorte qu'ils soient reconnaissable parmi les autres ?".

Il laissa échapper un léger rire triomphant et amusé, clair comme le son d'un tocsin.

"Une pancarte avait marqué "ne m'approchez pas, je suis fils de moldus !".

Ou encore des grelots à leurs chevilles pour signifier qu'ils arrivent... un peu comme pour les lépreux !".

Il ravala sa salive et poussa un large soupir. Son débit de parole s'était accéléré et il avait bien senti que son coeur avait commencé à cogner fort dans sa poitrine. Certaines pulsions, certes pas désagréables, ne revenaient que trop vite pour l'instant... Il se râcla la gorge.

"Tout ce qui arrive, cette déchéance, est la faute de leur professeur d'Etude des Moldus !".

"Je l'ai vu, rajouta-t-il d'une voix sinistre et tandis qu'il s'approchait de Malefoy, je l'ai vu donner son cours... habiller de ces pantalons bleu clairs et affreux, de ces pulls et de ces "sweats" comme ils disent trahissant trop grandement ses appartenances...

C'est lui qui doit leur mettre toutes ces idées malsaines dans la tête ! Il est vrai qu'il risque gros si Voldemort revient... Il doit en donner du crédit à l'histoire de Potter, vous ne trouvez pas ?".

Il n'était plus à présent qu'à quelques centimètres de lui. Son souffle, saccadé, était devenu brisé, empli d'une telle passion qu'il avait grand mal à la contenir. Ses paroles ne gardaient la couleur que de l'excitation, du plaisir d'imaginer Potter et ses semblables évincés et, une fois encore, cela se lisait sur ses traits.

Il mit un genoux à terre.

"On ne peut réellement faire confiance qu'à ceux qui sont bien nés et dignes de Serpentard, Malefoy. Gardez bien cela en tête... Les autres, les Sang-de-Bourbe, les Sang-mêlés, ne sont que de la bouilli à donner pour les chiens !

Je suppose que vous êtes d'accord avec moi ?

Alors...

Que songez-vous faire face à cette réalité ?".

Il éfleura ses bras délicatement, imprimant pour un bref moment l'empreinte glaciale de ses mains, ses grands yeux toujorus rivés à ceux de Drago.

Cet homme, il était décidément bien étrange… Suffisamment étrange pour que Drago ne sache plus sur quel pied danser avec lui. L’homme était un adulte et un auror, ce qui poussa le blondinet à faire preuve de la plus parfaite des politesses à son égard. Mais au delà de son statut, il était très déstabilisant : tantôt flatteur, tantôt agressif… Oui. Déstabilisant. Un peu trop même pour un adolescent.


L’auror Sykes répondit à la question de Drago par une réponse toute bête à laquelle le Serpentard n’avait tout simplement pas pensé : l’évasion des mangemorts de la prison d’Azkaban. « Si bien sûr, j’étais au courant ! » répondit Drago, piqué et coupant à moitié la parole à son interlocuteur. Sa réponse avait été impulsive car il n’aimait pas qu’on mette en doute ses connaissances, mais il conserva un ton poli, bien que légèrement sec.
Cette réponse de Sykes était logique, mais seulement à moitié satisfaisante. Après tout : que feraient des mangemorts sortis d’Azkaban à Poudlard ?

¤ C’est stupide, ils iraient tout de suite voir le Seigneur des Ténèbres. Ils n’iraient pas se jeter dans les bras de Dumbledore… ¤

Bien que cette pensée lui parut pleine de bon sens, Drago n’osa la formuler à voix haute. D’une part il n’était pas prudent de parler des projets éventuels de mangemorts devant un auror, et d’autre part, il était bien trop impressionné par cet homme pour prononcer une phrase qui risquait de créer un conflit ouvert ou une dispute. Le blondinet lui laissa donc la parole tout comme il le fit lorsque l’homme répondit à sa remarque sur Potter.

¤ Ces yeux… ¤

Un premier frisson parcourut Drago lorsque les yeux de Sykes vinrent se planter dans les siens. Ils avaient quelque chose de malsain lorsqu’il évoquait Potter et ça n’était pas pour rassurer Drago, bien au contraire.

¤ Il a l’air d’un fou… Si ça se trouve c’est lui l’évadé d’Azkaban, les détraqueurs l’ont rendu fou… ¤

Alors qu’il commençait sérieusement à envisager de laisser l’homme là et de reprendre sa route avec Crabbe et Goyle, l’homme sembla se calmer un poil et parla d’un sujet qui capta de nouveau l'intérêt de Drago : Ombrage et ses méthodes. Là il avait de quoi parler sur le sujet, puisqu’il accordait presque une entière confiance à cette femme et en ses méthodes, et qu’elle semblait lui rendre cet honneur puisqu’elle lui avait confié la Brigade Inquisitionale.

“Les élèves sont entre de bonnes mains. Elle est très soutenue par les Serpentard et m’a personnellement élevé à un poste à responsabilités. Un poste où je pourrai remettre de l’ordre dans l’école et écraser la rébellion de Harry Potter !”

Parler de ce sujet lui redonnait confiance face à cet homme perturbant. Il avait exposé les grandes lignes de sa mission avec fierté et s’apprêtait maintenant à prendre congé, mais c’était sans compter sur Sykes qui en remit une couche sur Potter. Il en parlait avec tellement de haine que cela surprit Drago. Lui qui avant s’imaginait tous les aurors du côté du bien avec Harry (car Harry, en tant qu’ennemi du Lord était logiquement du côté du bien)… Ces temps-ci, les notions de bien et de mal étaient un peu confuses et le blondinet avait parfois du mal à s’y retrouver.

¤ Bah, si il est anti-Potter ça m’arrange d’un côté… ¤

Cependant, écouter Sykes cracher sa haine sur Potter ne remplissait pas Drago de joie car l'adulte revenait constamment sur le sujet. C’était à se demander si l’auror n’était pas en réalité complètement obsédé par le Rouge-et-Or…
Sykes lui sourit et Drago essaya de le lui rendre mais cela ressemblait plus à une grimace qu’à autre chose. Puis il profita du fait que l’auror s’éloigna de quelques pas vers le château pour lui se rapprocher de Crabbe et Goyle.

L’auror poursuivit son discours tout en flattant davantage Drago, en exprimant ses souhaits de le voir discipliner davantage cette école. « De l’ordre sera remis. Avec la Brigade Inquisitionale les rebelles et sang-de-bourbe n’auront qu’à bien se tenir… » l'interrompit Drago mais sa phrase mourut peu de temps après dans sa bouche puisque l’auror était reparti de plus belle dans ses discours : les maraudeurs, le père de Potter (Potter, Potter, toujours Potter), Sirius Black, les rebelles de Gryffondor… Il parlait de plus en plus ne laissant à Drago ni le temps ni l’envie de l’interrompre, puis marqua une pause et planta de nouveau son regard dans celui de Drago.

Gêné, celui-ci ne le soutint pas longtemps et se contenta de bredouiller un vague « Certes ».

Sykes souriait à présent tel un démon et bien que Drago s'efforçait de regarder ailleurs, il ne pouvait oublier l’expression du visage de l’auror ; auror qui reprit aussitôt la parole, s’enflammant de plus en plus allant même jusqu’à éclater de rire à ses propres blagues. Si Drago avait pu éventuellement adhérer à ses idées, là il ne fut vraiment pas enchanté par la tournure que prenait la conversation. Il ne savait trop comment réagir et se contenta de reculer lorsque l’homme se rapprochait de lui. Ses yeux étaient rivés sur la bouche de l’homme et Drago ne masquait désormais plus son malaise.

¤ Qu’il me laisse… Qu’il me laisse tranquille… ¤

Les mots ne franchirent pas ses lèvres qui s’entrouvrirent sous le coup de l’angoisse. Sykes s’approchait plus vite qu’il ne reculait et le regard de l’homme devenait de plus en plus dur à éviter.

¤ Le prof d’Etude des moldus ? Mais j’en sais rien moi ! Je ne suis même pas cette matière ! ¤

Sa gorge se faisait sèche et il regardait désormais avec horreur cet homme qui s’agenouillait devant lui. Il fit un bond en arrière lorsque les mains de l’homme se posèrent sur ses bras et ne put retenir cette exclamation mi-paniquée mi-menaçante : « Ne me touchez pas ! »

C’était alors que le silence se fit de nouveau retentir. Il mit un moment à comprendre que c’était à son tour de parler et cela ne fit qu’augmenter son malaise.

« Je ferai ce qu’on me dira de faire… » bredouilla-t-il d’un ton peu convaincu « J’apporterai tout mon soutien au ministère et traquerai les rebelles jusqu’au bout…» ajouta-t-il tout en ravalant sa salive « Mais ça ne sont pas vos affaires, alors laissez-moi tranquille maintenant ! »

Drago s’écarta encore davantage de l’homme pour aller se placer auprès de Crabbe et Goyle. Gregory couina à l’approche du blondinet ce qui voulait probablement dire qu’il n’avait aucune envie de se confronter à l’auror mais Drago n’en avait que faire. Tous les deux étaient sûrement bien plus musclés que le psychopathe et si lui l’héritier Malefoy sollicitait leur aide, ils se devaient d’y aller point barre.

¤ Au moins, Myrielle n’aurait pas eu peur… ¤

Cet homme avait décidément quelque chose en lui, une attitude, une façon d’être qui mettait Drago mal à l’aise. Il avait une façon de s’exprimer qui était flatteuse mais qui en même temps laissait présager de mauvaises choses. L’homme avait des idées assez arrêtées sur la pureté du sang (ce qui est plutôt étrange de la part d’un auror), mais également sur Potter, sur le ministère et visiblement aussi : sur la famille Malefoy et si Drago n’avait pas ressentit autant d’effroi lorsque l’inconnu s’était mis à rire, il aurait probablement moins hésité à défendre ses convictions avec ferveur.
L’auror cependant avait mal joué son coup si il comptait soutirer des informations à Drago : la flatterie était une bonne tactique, mais le comportement semi-hystérique que Sykes avait affiché avait achevé de paralyser de frayeur Drago. Ainsi, non seulement le blondinet n’accordait plus aucune confiance à Sykes, mais de plus il commençait à craindre que celui-ci le violente !

¤ Si il me touche ne serait-ce qu’un cheveux, je ferai en sorte qu’on le castre ce barge ! ¤

Terrorisé, le Vert-et-Argent resta un instant planqué bien lâchement derrière ses compères Crabbe et Goyle, mais voyant que l’auror restait à bonne distance, il commença à se calmer pour écouter plus attentivement le discours de l’homme.

Il était difficile de ne pas réagir à certaines de ses paroles déplacées, mais Drago craignait de répondre en en disant trop et qu’ainsi ses paroles soient par la suite réutilisées contre lui. Ainsi, il laissa l’homme déblatérer sur la Brigade Inquisitionale sans déserrer les dents, mais il n’en pensait pas moins.

¤ Cet homme débarque comme un cheveu sur la soupe, comme un indésirable, et il ose me parler sur ce ton. La flatterie ne te suffira pas avec moi, je ne suis pas un vulgaire élève, je suis Drago Malefoy ! Héritier de ma famille et peut-être un des élèves les plus influents de Serpentard ! ¤

Bien qu’il se força au silence, il demeurait vexé et commençait même à s'énerver à cause des affirmations de Sykes : Ombrage allait faire sa loi dans l’école et passer au crible tous les élèves en usant de méthodes radicales ? Cela restait peu probable qu'Ombrage s'intéresse aux mangemorts puisque le ministère niait le retour du Seigneur des Ténèbres. Or, parler de "chasse aux mangemorts" reviendrait à reconnaître que le Seigneur des Ténèbres était de retour, ce qui n'était pas dans la politique de com du ministère.

Dans tous les cas, même si "chasse aux mangemorts" il y avait, l'héritier Malefoy ne craignait rien personnellement : il n’était pas mangemort et les soupçons ne se tourneraient même pas vers lui puisque son père avait été innocenté.

« Que les aurors fassent leur boulot et qu’ils laissent la Grande Inquisitrice faire le sien »

C’était la peur de se faire reprendre (voir agresser) par l’auror qui l’avait poussé à être discret et à limiter désormais les échanges. Cette phrase fut donc à peine articulée et d'ailleurs Sykes ne sembla pas tellement se formaliser de ce que pouvait dire Drago. C’était à peine si il semblait l’écouter ! L'auror continuait dans sa lancée sans marquer de pause et attaqua un sujet « sensible » lorsqu’il évoqua le nom de Lucius Malefoy.
Ce sujet "sensible" eut pour effet de faire réagir Drago au quart de tour.

« Mon père et ma famille ont fait plus de choses pour le monde de la sorcellerie que vous n’en ferez jamais ! Ne vous avisez pas de l’insulter Monsieur Sykes. » rétorqua Drago presque en colère désormais.

Le blondinet avait beau être plutôt peureux de nature, il y avait des sujets qu’il valait mieux ne pas aborder devant lui. Critiquer Lucius ou Narcissa devant Drago faisait partie des erreurs à ne pas commettre par exemple. Drago Malefoy avait beau être une poule mouillée, son ton s’était rapidement durci à l’évocation de son père et il avait retrouvé suffisament de confiance en lui pour que Sykes comprenne qu’il ne plaisantait pas. Il était clair que lorsqu’il s’agissait de défendre son honneur, Drago savait faire preuve d'une certaine forme de courage.

Attendant la réaction de l'homme, Drago fut surpris de le voir de nouveau aiguiller la conversation vers un sujet autre : la confiance qu'il avait placé dans l'auror et ex-Serpentard.

¤ ??? ¤

Surpris par cette réflexion, Drago fut également vexé du jugement hâtif de cet homme auquel il n’aurait jamais fait confiance au premier abord. Il resta à bonne distance de l’homme et cette fois-ci lui cracha sèchement sa rage au visage.

« Pour qui vous prenez-vous ! Croyez-vous que je sois stupide peut-être ? Vous n’avez en aucun cas à vous mêler de mes affaires ni de ce que je sais de celles du château ! D’ailleurs ça m’étonnerait qu’on vous laisse faire quoi que se soit, vous ressemblez à un fou échappé de l’asile… »

Rendu hardi par les insultes envers son père, Drago avait repris une contenance et s’était attaqué à l’homme en face de lui non sans une certaine fierté. Une fois son petit discours achevé, il tourna cependant les talons et commença à s’éloigner… Juste au cas où l’homme envisagerait des représailles…

¤ A priori je risque peu. J’ai Crabbe et Goyle, et au pire je peux courir ou hurler… Il ne peut pas me faire de mal. ¤

Pas à 100% rassuré, Drago partit tout de même d’un bon pas afin de mettre au plus vite le plus de distance entre Sykes et lui-même.

__________
[HJ : Bon c'est pas top mais j'ai eu du mal à trouver du temps pour l'écrire... J'l'ai fait en 3 fois XD. Désolé mais j'ai plus l'habitude de répondre à des sujets plus courts ^^ (enfin ou mon interlocuteur est moins bavard du moins lol)
J'espère que ma réponse est quand même potable ]

[Hp : Loooooooolllll !! Tu es tout pardonné, mon cher Drago, ça n'est rien ! Je sais que Sykes a une fâcheuse tendance à être TRES bavard ! Et moi aussi d'ailleurs...].

« Pour qui vous prenez-vous ! Croyez-vous que je sois stupide peut-être ? Vous n’avez en aucun cas à vous mêler de mes affaires ni de ce que je sais de celles du château ! D’ailleurs ça m’étonnerait qu’on vous laisse faire quoi que se soit, vous ressemblez à un fou échappé de l’asile… »

L'Auror Sykes gloussa à ces mots d'un rire assez proche de celui du galinacé. Il observa Drago, toujours campé derrière ses camarades, ces deux imprenables murailles qui pour lui étaient des quilles. S'il l'avait vraiment voulu, il les aurait balayé aussi facilement que le mystral...

"Echappé d"asile", qu'est-ce que les enfants n'allaient pas inventer maintenant ? Un taré, un barge, un dingue, un psychopathe, un fou, un...
Mais peut-être était-ce cela la vérité, après tout ? Peut-être était-il aussi sain d'esprit que la moitié des Mangemorts qu'il avait coffré ? Peut-être que Rabastan avait raison d'aisi se moquer de lui, de lui dire qu'à part son insigne et son beau diplôme il ne valait pas mieux qu'eux. Qu'il était comme eux...

Ohh non ça, jamais ! Jamais ! Sykes était Sykes. Prêt à tuer s'il le fallait et à manger les petits garçons trop peureux s'il le voulait. Prêt à tout pour parvenir à ses fins... ça, c'est l'appétit. Peut-être même la gourmandise, qui sait ?

Il ne rattrapa pas Drago quand celui-ci manifesta le désir expresse de prendre congé. Ses deux abrutis en furent même assez étonnés, quoique sûrement plus soulagés qu'autre chose. L'Auror les laissa partir... il n'aimait guère faire trop de vagues et les répercutions risquaient d'être terribles là haut.

O Tout Puissant Scrimgeour, toi qui me regarde, sache que je ne fais pas cela dans mon pur intérêt... sinon il y a longtemps qu'il serait passé à la moulinette !
Fou ? Lui ? QUE DALLE !

"Vous partez bien vite, Monsieur Malefoy ! Le cinglé que je suis vous ferait-il trop peur ? Ou savez-vous trop de choses sur votre précieuse école ?

Rien n'est moins sûr et gardez cela en tête : l'on apprend beaucoup plus par un muet que par un bavard. Petites subtilités du métier !".

Et ses épaules se mirent à frémir. Et ses lèvres s'étirèrent en un sourire curieux et indomptables, laissant luire au soleil ce qui apparaissait beaucoup plus comme des crocs qu'une rangé de dents humaines.

"Hihi... Hihihi... hi...".

La poitrine soulevée de hoquet, le corps voûté par le rire, Apophis semblait davantage lutter contre un monstre qui le possédait que contre une véritable euphorie, plaçant la main sur sa bouche par pudeur et afin d'étouffer ce ricanement sinistre et grinçant. Hihihihi...

Finalement il éclata de rire ; un rire démentiel et puissant proche du rugissement d'un fauve, partant en salves irrégulières et parfois suraigües.

La simple idée que cette petite vipère ait pu être autant piquée au vif le réjouissait plus que de raison, et pour rien au monde (cela dépendait du contexte...) il ne se serait désister face à cette partie de plaisir. Oui, c'était bas, oui c'était lâche ! Oui c'était un adulte de vingt ans son aîné et oui, en plus, il représentait une certaine forme d'ordre et de discipline... Mais l'heure, à présent, n'était plus à la douceur et à la compréhension et Sykes, comme tout bon chasseur, avait l'habitude de traquer ses proies plus que de les cajoler.

Cette dernière -ainsi que ses deux sbires- avait même été plus qu'intéressante, il fallait l'avouer. Puis un sacré challenge ! En y repensant il ne pouvait que rire.

Rire, rire, rire, encore et encore et encore... comme un dépravé, un fou dangereux, vision immédiate de ce que Drago avait pu avoir de lui.
A croire qu'il n'aurait bientôt plus de corde vocale pour pousser son affreux cri décharné enveloppant de salves insupportables tout le périmètre du parc dans lequel ils se trouvaient. Les oiseaux avait fait comme les rats : ils avaient quitté le navire.

Oui, si Drago était parti c’était principalement car ce fou lui fichait une peur bleue. Cependant il était trop fier pour l’avouer et se contenta de s’éloigner d’un pas rapide tout en baissant la tête pour masquer la pâleur de ses joues à Crabbe et Goyle. Il y avait fort à parier que ceux-ci n'y prêteraient aucune attention, mais c'était une question de principe.

Tout en s’éloignant avec ses gorilles à ses côtés - gorilles qui le suivaient sans difficulté compte tenu de la taille de leurs jambes - il songea aux dernières phrase de Sykes et en particulier au : « on apprend plus par un muet que par un bavard ». Peut-être avait-il raison, mais c’était sans compter sur la faculté qu’avait Drago de dissimuler les informations qu’il détenait. Bien évidemment il en savait plus que le pekin moyen, mais il savait également en partie comment les protéger. En effet son père avait commencé à lui inculquer les base de l’occlumencie, et à force d’entrainement, Drago s’était révélé plutôt doué pour dissimuler son esprit et ses pensées aux autres.

¤ Là j’ai pas dressé mes barrières tout de suite, mais j’ai pensé à rien de compromettant… Un peu à la brigade… mais bon, tout le monde va finir par le savoir d’une façon ou d’une autre alors ça n'a pas d'importance ¤

Presque essoufflé par ce départ en trombe, Drago ralentit légèrement l’allure. Il entendait Sykes rire au loin et sut ainsi qu’il n’était pas suivi. Il s’empêcha toutefois de se retourner complètement et ne tourna que très légèrement la tête pour lancer un regard chargé de colère à Crabbe qui se trouvait sur sa gauche puis à Goyle.

« J’pourrais savoir ce que vous faisiez avec lui ? De quoi il vous a fait parler ? Cet espèce de type malsain et dangereux ? »

Pinçant les lèvres d’un air contrarié, Drago regarda ses deux gorilles échanger un regard avant de hausser les épaules d’un air stupide.

« Evidemment ! Heureusement que vous êtes aussi stupides que vous en avez l’air, il n’a pas pu aller bien loin comme ça… Bon on rentre à la salle commune, il y a quelque chose dont je voudrais vous parler… »

Estimant être désormais assez loin de Sykes pour ne pas craindre d’être rejoint, le blondinet se risqua à se retourner une dernière fois. N’apercevant personne, il poussa un léger soupir de soulagement et attrapa le bras de Goyle avant de lui intimer un dernier ordre d’un ton menaçant.

« Et si vous revoyez ce type dans les parages, vous ne l’approchez pas ! Ce type a l’air fou et à mon avis tout ce qu’on peut récolter à ses côtés ce sont des ennuis ! »

Sur ce, la petite troupe rentra dans la salle commune et Drago commença à parler de la brigade inquisitionnale à Crabbe et Goyle, oubliant par la même occasion les tracas et inquiétudes que lui avaient causées la visite de Sykes.


[TOPIC TERMINE (enfin pour moi, après je sais pas si tu veux y répondre encore ^^)]