[Chambre modèste - Aaron]

« On fait ça chez moi ou chez toi? »

Dans la tête de la Brune, la question ne se posait même pas, c'était chez elle. En fait Leandrà se voyait plutôt mal débarquer dans la maison Millers pour se faire arracher le doigt. Pour n'importe quelle raison qu'il soit, elle ne voulait pas recroiser la femme d'Aaron, ni sa fille. Non par peur, ou par crainte, mais par respect. Elle n'était pas le genre de femme à porter fièrement le rôle de maîtresse et de se pavaner devant la porteuse de cornes. Donc, se rendre au dessus du Pink Delirium était sa réponse, mais elle n'eut le temps de la formuler, car Aaron avait attrapé son coude pour les rapprocher l'un l'autre.

« Uhmm.. Chez moi, plutôt. »

L'information n'eut pas le temps d'arriver à son cerveau, qu'ils avaient déjà transplané. L'angoisse n'avait pas eu le temps de naître, et ses pieds touchèrent à nouveau le sol, celui d'une chambre à l'apparence très modeste, pour ne pas dire douteuse. Mais franchement la, elle s'en foutait. Leandrà allait se faire arracher un doigt, le lieu lui importait peu en fin de compte, même si elle aurait franchement préféré se reposer dans son lit en attendant que son extrémité repousse. Bon bha, celui-ci ferait l'affaire.

Son regard se porta de parts et d'autres de la pièce. Ouais, ça fait devait bien faire quelques jours qu'Aaron vivait la dedans. Sa femme et lui se seraient-ils finalement séparés? La question lui brûlait les lèvres, elle ne savait pas vraiment ce qui la retenait de lui poser, peut être le fait que ça ne la regarde pas, plus. Hé voilà, LadyLys était bien devenu la briseuse de couple, mais ça, elle s'en était malheureusement douté. S'en voulait elle? Non, mais elle ne s'en réjouissait pas vraiment non plus. Ouais, la jeune femme n'était pas du genre à se réjouir du malheur des autres, et encore moins à être fière d'en être la source.

La Brune soupira, puis s'écarta enfin de Millers. Allaient-ils le faire maintenant? Comme ça, à chaud, ou allaient-ils prendre le temps de bien réfléchir? Quoi que réfléchir ne serait pas une très bonne idée en sois, peut être qu'Aaron n'aurait plus le courage de le faire, ou alors Leandrà n'aurait plus les tripes de se faire arracher un membre sans anesthésie.

Soit, ça allait être maintenant, ou jamais. Alors qu'elle s'était rhabillé quelques minutes avant, cette fois ci, la jeune femme fit le chemin inverse. Elle enleva ses gants, et cette fois, elle enleva entièrement son long manteau noir, découvrant alors ses épaules blanches, dont une avec sa fidèle cicatrice. Un des signes du passage d'Apophis dans sa vie, dommage, celui la, elle ne pouvait pas l'enlever.

Elle garda ses affaires à la main, et continua la contemplation de la pièce. Cela lui faisait quelques choses quand même de savoir qu'il était ici à présent. Quand ça n'allait pas, c'était chez Leandrà qu'il allait, avant. Même si ils sont séparés à présent, elle pouvait tout de même lui offrir un meilleur endroit que cette chambre miteuse pour se loger. Il y avait une pièce inhabitée dans l'appartement, il aurait pu y passer quelques jours. Mais le lui proposer aurait été déplacé, et Aaron y aurait vu certainement un espoir chez la Belle, alors qu'elle n'en avait aucun.

Mais non, elle n'était pas miteuse, cette chambre. Aaron la trouvait très agréable, mais disons que ses critères n'étaient pas forcément les meilleurs.

Le motel était de toute façon plutôt "modeste". Aaron occupait une "suite" du dernier étage, mais puisqu'ils avaient transplané, Leandrà ne pouvait pas se rendre compte qu'ils étaient actuellement à des mètres et des mètres d'altitude. La chambre ne comportait que deux pièces, si on pouvait appeler ça ainsi. A côté de l'espace sombre où un lit bas reposait et dans laquelle ils se trouvaient, il y avait une toute petite ouverture qui menait à une salle de bain minuscule, où l'on pouvait voir une douche murale et un lavabo, jalonné de rasoirs bon marché. Le tout était plongé dans une obscurité quasi totale car les stores étaient tirés jusqu'au bas des fenêtres à guillotine, et une odeur étrange persistait; une odeur de "mâle" qui dort dans les mêmes draps depuis déjà plusieurs jours. Saupoudrez cette vision un peu chagrine par des vêtements entassés aux quatre coins de la plus grande pièce, et des bouteilles, énormément de bouteilles éparpillées partout: par terre, sur une toute petite table et même dans le lit...

Comme s'il se rendait brusquement compte de la mauvaise idée qu'il avait eu de conduire Leandrà dans ce genre d'endroit, Aaron s'avança à grand pas vers les fenêtres qu'il ouvrit d'un coup sec en rabattant les stores qui protestèrent en grinçant. La lumière filtra beaucoup mieux, mais puisque même dehors il ne faisait pas bien beau, la chambre restait plutôt sombre: Aaron alluma donc la lumière. Ici, tout était moldu.

Voyant que la jeune femme enlevait déjà son manteau et ses gants, Aaron ne traîna pas non plus à expliquer la présence de tant d'alcool et de bordel: Leandrà avait déjà du comprendre avec un seul regard. Il jeta son manteau et son écharpe sur le lit défait et fit tournoyer sa baguette magique entre ses doigts en libérant de l'espace sur la table de l'entrée, ornée de quelques chaises. Il en saisit une sur laquelle qu'il cala à l'envers devant lui, pour s'appuyer au dossier, puis il fit venir à l'aide d'un Accio informulé un ouvrage épais qui semblait lui servir de livre de chevet.

- " Assieds-toi." marmonna-t-il en feuilletant le bouquin. "Ouais, voila c'est là... "Formation complémentaire d'Auror de plus de 7 ans et 28,5 jours d'expérience" ... C'est pour ça que tu connaissais pas..." expliqua-t-il vaguement en lui risquant un regard. "Trop jeune. 'Fin bref. Repousse rapide et indolore des doigts..."

Il fronça légèrement les sourcils en se frottant le menton, ses yeux fades glissant sur les pages intéressantes du livre. Après quelques secondes, il hocha la tête, ferma brusquement le livre qui soupira d'agacement, et braqua son regard sur Leandrà.

- " Donne moi ta main." fit-il à voix basse, quelque peu impérieusement.

Extirpée de sa rêverie par tout le vacarme que venait de faire Aaron, Leandrà cligna des yeux quelques fois avant de poser manteau et gants sur le dossier de la chaise, face au sorcier. Elle l'observa quelques secondes, elle ne l'avait jamais vu dans son " habitat naturel", et cette vision était assez étrange en somme.

Trop flemmard pour parcourir la petite distance qui le séparait du livre désiré, Monsieur usa d'un accio, alors que la Brune s'assit, lentement, observant toujours avec insistance cet homme qu'elle ne semblait plus vraiment connaître. Et pourtant, rien n'avait changé, seulement leur relation, qui n'en avait pas été vraiment une.

« Ouais, voila c'est là... "Formation complémentaire d'Auror de plus de 7 ans et 28,5 jours d'expérience" ... C'est pour ça que tu connaissais pas... »

Évidemment, ceux de sept ans et vingt sept jours d'expérience n'y avait pas le droit, il manquait les douze petites heures si cruciales. Qui sais, une faute professionnelle, en une demi journée, et hop, on a pas la chance d'apprendre à faire repousser un doigt de façon rapide et indolore. Elle leva les yeux au ciel, dans un sourire. Leandrà reposa son regard sur Aaron, encore plus charmant, concentré de cette manière. Elle ne sursauta pas lorsqu'il ferma brutalement le bouquin, l'observant toujours avec bienveillance.

« Donne moi ta main. »

Avant, elle n'avait pas eu peur, pas même une once d'appréhension. Mais la, cette phrase venait de réveiller une ribambelle de sentiments. Quelques mots avaient réussi à chasser son Gryffondorisme à grands coups de pied. Oui, en gros, elle se faisait caca dessus. Le " tu vas te faire couper un doigts par un alcoolo" revenait à la charge, clignotant dans sa tête. Ce n'était pas un manque de confiance mais plutôt un manque de courage fulgurant, fait assez rare chez la Brune, d'ailleurs.

Elle était paralysé, à l'idée de se voir arracher un doigt, là, sous ses yeux! Comme ça, à la barbare! Mais elle n'allait pas se dégonfler, si près du but. LadyLys n'en voulait plus d'cette bague, et elle voulait faire souffrir l'autre espèce de cinglé, alors pourquoi hésiter? Non mais sérieux, fallait se jeter à l'eau, et puis ne pas reflechir! Bhââ oui, au pire Aaron n'arriverait pas à faire repousser son doigt, alors elle se viderait de son sang, et crèverait sur le plancher de la chambre miteuse, parmi les bouteilles vides. Ouais, non, franchement y avait pas de quoi s'inquiéter, pas du tout.

Réalisant qu'elle avait l'air bien conne, à laisser attendre Millers ainsi, elle remua la tête, essayant de se sortir de sa paralysie comme elle le pouvait. Ce qu'elle réussi. Ses prunelles hésitantes se baladèrent partout dans la pièce, avant qu'elle ne trouve ce en quoi elle était parti en quête. La jeune femme sorti sa baguette et d'un accio informulé, fit venir à elle une bouteille de Whisky à moitié fini, qui se trouvait non loin de l'oreiller de son ancien amant.

Sans attendre une seule seconde, et se demander si c'était bon ou pas -certainement pas - pour sa grossesse, Leandrà devissa la bouteille et bu d'un trait une grosse, très grosse gorgée, qu'elle senti descendre, et lui chauffer les entrailles. Elle venait de retrouver, en moins de dix secondes, son Gryffondorisme.

« Il faut vraiment que je te fasse confiance, Aaron. »

Elle lui tendit la main, d'un geste délicat, et dans un sourire tout à fait charmant, malgré les traits durs que son visage avait décidé d'afficher.

ou La nécessité du superflu

Aaron envoya valser le livre sur son lit défait. Il connaissait déjà ce sort depuis quelques années, il avait juste eu besoin de le réviser, et de se rappeler dans quel sens on tournait sa baguette. Incision directe pour couper, petite vaguelette à gauche pour faire repousser. Pas à droite, ou sinon Leandrà risquait d'avoir du mal à lui pardonner. Il évita de lui dire que sans la lecture de se livre, il lui aurait fait pousser au bout de la main non pas un doigt mais un rat musqué martien.

Se raclant la gorge, mal à l'aise, il attendit que Leandrà lui donne sa main sans comprendre pourquoi elle mettait tant de temps. Il regardait partout, sauf dans sa direction, avec son air constipé et grincheux, ses cheveux ébouriffés. Il pouvait presque sentir la peur de Leandrà car son manque d'applomb, de cran, était pratiquement palpable. Elle croyait quoi? Qu'il allait lui sectionner entièrement la main? Qu'il ne ferait rien repousser, sinon un rat musqué martien? Grumpf.

Et du coin de l'oeil, il vit soudain que Leandrà agitait sa baguette, et devant lui passa magiquement une bouteille de whisky. Silencieux, immobile, il se tourna complètement vers la jeune femme qu'il observa sans un bruit, sans un commentaire, sans un geste indiquant qu'il approuvait ou contestait ce geste. Finalement, la seule manière de savoir ce qu'il en pensait était d'analyser très précisément son visage, et ses traits farouchement tirés.

Les sourcils relevés bien haut, plissés, comme une vaguelette d'automne, il avait légèrement ouvert la bouche et ses yeux écarquillés fixaient les gorgées de son Whisky qui disparaissaient très vite à travers la jolie bouche de Leandrà. Il y avait bien une légère touche de reproches dans son regard, mais sinon, Aaron avait simplement l'air surpris, peut-être pas dans le bon sens, et bien qu'un certain amusement se cache dans son rictus crispé, il ne pouvait pas se permettre de sourire. De 1, elle était enceinte. De 2, c'était SON alcool à LUI. De 3, elle n'en avait apparemment rien à foutre de savoir avec un peu plus de force qu'il n'était qu'un alcoolo. De 4, en fait, si, puisqu'elle avait peur de lui et de ce qu'il ferait de son doigt. NON MAIS MERDE A LA FIN HEIN!!! Elle pouvait très bien lui dire non, si elle n'était pas contente! Il voulait juste lui rendre un service!

Un ange, et quelques, passèrent. Leandrà avait tendu la main, s'était assise élégamment. Après un blocage d'environ deux minutes et demi, Aaron fit pareil, avec ce même air étonné sur le visage. Il lui prit doucement la main, fit rouler sa baguette magique qu'il pointa sur le doigt coupable, et lui lança un dernier regard.

- " Pasvraimentraisonnabledanstonétatlewhisky..." marmonna-t-il d'une voix désagréable.

Mais allez, il fallait penser à autre chose. En tant qu'Auror de plus de 7 années et 28,5 jours d'expérience, il se devait de rendre ce petite service à son ancienne amante. Il se racla la gorge une nouvelle fois, et les rouages grinçants de son cerveau se mirent paresseusement en marche. Un, deux...

- " Deffendeo, sinistra dito..."prononça-t-il, incroyablement concentré.

Et trois. Ssssshlack. Un éclair argenté, le mouvement droit de sa baguette, et le doigt était tombé sur la table dans un "plop" tout-à-fait écoeurant. Du sang écarlate gouttait à présent de sa main à quatre doigts, comme une mini-cascade, et la bague était elle aussi aspergée, sans vergogne. Aaron serra très légèrement la phalange sectionnée de Leandrà en la regardant droit dans les yeux, comme pour la soutenir, pour l'aider, pour qu'elle ne flanchisse pas maintenant. Il sentait les battements de son coeur à travers cette nouvelle blessure, mais il sentait aussi autre chose...

- " Je peux presque le voir se tordre de douleur..." ricana Aaron.

Mais bientôt, ce serait Leandrà qui se tordrait de douleur, s'il ne faisait rien. Il releva de nouveau sa baguette. Heu...à gauche ou à droite, la vaguelette? Rah merde, il avait oublié.

Pendant quelques secondes de flottement, un air très très effrayant apparu sur le visage d'Aaron, effrayant dans le sens où il avait l'air parfaitement paumé. Allez, il avait une chance sur deux de lui faire pousser un rat musqué martien. Disons... à droite.

Aaron leva sa baguette, amorça son mouvement... et puis au dernier moment, fit sa vaguelette sur la gauche. Aussitôt, une douce lumière, chaude et bienveillante, se répandit sur toute la main de Leandrà qui fut parcourue d'un fourmillement agréable. La douleur disparut, et très vite, le sang aussi. La blessure se referma, et lentement, un moignon s'élevait, poussait, grandissait, et malgré les doutes craintifs d'Aaron qui observait d'un air apeuré s'il ne s'agissait pas là d'une tête de rat musqué martien, c'était bien un tout nouvel annulaire qui était en train de pousser. Avec un soupir, Aaron s'intéressa plutôt à la bague, après avoir déposé sa baguette sur la table.

Le bijou entre les doigts, qu'il plaça devant ses yeux, Aaron fronça les sourcils. Une vague idée, exposée par son surplus d'alcool, naissait doucement en lui, le submergeait d'une crainte extérieure qu'il parvenait parfaitement à maîtriser. Oh, oui, il allait se servir de cette chose... Il savait déjà comment, pourquoi...

- " Je vais la garder." dit-il simplement en laissant tomber la bague dans sa poche, se réintéressant à Leandrà pour la première fois depuis qu'il s'était pris d'attention pour le bijou ensorcelé. "Alors? C'est pas un rat musqué martien, au moins? Enfin, j'veux dire... Ca va?"

Et le regard un peu soucieux, il reprit sa main entre la sienne. Le nouveau doigt avait presque atteint sa taille normale, qu'il garderait jusqu'à la mort de Leandrà, ou jusqu'à ce qu'elle se le fasse couper une nouvelle fois, ou alors jusqu'à ce qu'un rat musqué martien naisse en dessous.

Avec un petit tressaillement, Aaron porta le doigt à ses lèvres, pour l'embrasser, embrasser ses voisins, sa main son poignet son cou ses lèvres ses seins... Il secoua la tête. Argh, il avait toujours envie d'elle. C'était plutôt dangereux. Comme s'il avait peur qu'il ne puisse vraiment pas se contrôler et que sa bouche atteigne d'office la main de Leandrà, il la lâcha brusquement, sonné par la brûlure que la douceur de sa peau lui avait fait.[/right]

« Pasvraimentraisonnabledanstonétatlewhisky... »

Ses yeux bleus se plantèrent dans les siens et fit la moue, dans le genre " t'es mal placé pour me faire la morale", mais elle ne parla pas. Laissant Aaron à sa concentration. Elle le contempler, toujours ce petit sourire accroché au bord des lèvres, mais le regard dur, appréhendant le moment ou elle se ferait trancher un doigt, sans anesthesie, juste histoire que l'autre empaffé souffre un maximum. Leandrà haussa un peu ses épaules blanches puis demeura statique lorsque le sorcier prononça la formule approprié. Sbaf. Une chose qu'elle n'aurait jamais aimé voir, son doigt, SON doigt, venait de sauter de la table, s'écrasant par terre dans un bruit franchement répugnant. Et ce fut un flot de sang qui remplaça ce membre manquant. Et la douleur se faisait ressentir. Elle planta avec force ses ongles dans la table en bois, observant toujours, le visage crispé par la douleur, l'homme qui semblait perdu.

Grande envie de hurler qu'il fallait se bouger le cul si il ne voulait pas la voir se vider de son sang. Son coeur se mis à battre considerablement plus fort, comme s'il avait décidé d'aller faire un tour en dehors de sa poitrine. Pourquoi hesitait-il bordel de merde? Un de ses ongles se brisa dans le bois, tant elle forçait, pour ne pas crier. Des larmes commençaient à naître au fond de ses yeux, quand une douce chaleur se propagea le long de sa main. Ses muscles se detendirent instantanement, et LadyLys poussa un soupir de soulagement. La sueur lui avait perlé dans la nuque, car oui, elle avait eu peur. Qui pouvait être serein quand on lui coupe un doigt, hein hein hein?

« Y a intérêt que l'autre con souffre le martyr, regardant avec incompréhension son doigt au sol. »

Elle aurait voulu être une petite bestiole pour voir la tronche de Sykes, quand son doigt s'est tranché tout seul. Évidemment, il n'était pas bête, Apophis avait certainement compris que la jeune femme avait choisi de se trancher le doigt que d'être encore lié à lui. Non, plus jamais elle ne voulait avoir à faire à lui, plus jamais. Elle n'aurait jamais du s'approcher de lui d'ailleurs. Ce grand malade psychopathe. Ou sociopathe. Ouais, il avait sûrement conscience de la différence entre le bien et le mal, mais il s'en foutait, voilà tout.

Aaron avait décidé de garder la bague, pour des raisons qu'elles ne connaissaient pas encore. Elle fronça légèrement les sourcils, passant du visage du sorcier à son doigt qui reprenait peu à peu sa taille normal, comme si jamais il n'avait disparu. Elle hocha légèrement la tête, le regard définitivement posé sur son extrémité. Ce fut à cet instant précis qu'elle prenait conscience de tout le merdier de la journée. Et surtout le fait qu'elle se trouvait dans la chambre de son ancien amant, qu'elle n'arrivait pas à oublier. Leandrà fut soudain frappé d'un malaise par rapport à lui. Pendant les longues journées ou elle s'était trouvé seule chez elle, elle avait souhaité ne plus jamais le revoir de toute sa vie, et maintenant, la Brune se retrouvait en face de lui, à discuter tranquillement après qu'il lui ai rendu un sacré service. Hier soir encore, elle n'aurait pas pensé ça une seule seconde le revoir au boulot...
Au moment même ou Millers lâcha brusquement sa main, Leandrà se leva subitement, faisant tomber la chaise dans un fracas assourdissant.

« Je heu... Je te remercie infiniment Aaron pour... enfin, pour ça quoi. »Dit elle en montrant sa main à présent entière, et son doigt tout neuf. « Sans toi, je n'aurais pas pu me débarrasser d'Apophis. »

Elle se baissa pour attraper ses effets personnels, sans faire gaffe au monde au balcon, c'est con les corsets, quand on se baisse. Une fois le détail remarqué, elle remonta le vêtement emmerdant d'un geste sec, et enfila son manteau avec autant de fébrilité. Pareil pour les gants dont les coutures protestèrent dans un bruit étrange.

« Je... On se reverra pour le rapport de mission, de toute manière. Hein... »

Oui, elle voulait fuir. Le fuir lui, fuir l'homme qui hantait ses pensées, celui à qui elle pensait jour et nuit, celui qui l'avait quitté, celui qui était le père de l'enfant qu'elle portait. Leandrà étouffait dans cette chambre, il fallait partir maintenant, ou elle allait craquer. Oui, elle allait craquer, et lui dire tout ce qu'elle avait sur le coeur. Mais ça serait tellement inutile, et puéril, que LadyLys se contrôlait un maximum, mais bientôt, elle ne pourrait plus contenir ce flot de mots. Elle le regarda encore quelques secondes, toujours debout, près de la porte d'entrée, l'air plutôt gourde.

« Je suis désolé. »

Lacha t-elle avant d'ouvrir la porte et de la passer sans se retourner. Elle avait besoin d'air, elle avait besoin de retrouver sa chambre pour s'y cacher, pour réfléchir. Pour boire aussi, peut être. Fumer. Pleurer aussi même. Mais surtout faire le point. Elle était désolé de quoi d'ailleurs? D'être entré dans sa vie, d'avoir foutu un bordel considérable et d'avoir engendré la fin de son mariage, l'obligeant alors à se retrouver dans une chambre si... minable.

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