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| Pause déjeuner [PV Aaron] | |
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Invité
Ξ Sujet: Pause déjeuner [PV Aaron] Dim 13 Avr - 18:52 | |
| Que lui restait-il à trier ? Rien à part de la paperasse administrative et fastidieuse qui traînait là sur son bureau dans l'attente d'être classée. Rien d'autre à part ces morceaux de dossiers qu'il avait compulsé depuis ce matin, huit heures... rien de bien passionnant, il était vrai, et rien qui ne vaille la peine qu'il s'y penche davantage.
Il avait besoin de s'arrêter, il avait besoin de reprendre des forces ! Inutile de vérifier la réserve du local, Lola n'y planquait plus ses chaussons aux pommes et autres viennoiseries depuis longtemps. En fait depuis qu'elle savait qu'il en bénéficiait à chaque fois, et ce même si elle faisait attention de bien les lui cacher... Le blond avait un sixième sens pour cela.
Il lui faudrait aller à la cafétéria, prendre un plateau comme tout le monde et attendre bêtement son tour... c'était la seule chance qu'il avait de pouvoir manger tranquillement ! Enfin tranquillement..; il devait être près d'une heure de l'après-midi et il faisait froid au dehors ! de plus, certains Aurors rentraient de missions à cette même heure pour une petite collation avant de reprendre le travail. Il y aurait foule...
Qu'importe ! Il avait trop faim ! Et c'était dingue d'avoir autant d'appétit ! A croire que c'était compulsif chez lui... La nourriture, bonne ou mauvaise, n'importe quoi mais de quoi contenter son ventre ! OUI ! De quoi le calmer, l'apaiser, enrailler cette soif gloutonnesque pour pouvoir enfin se dire qu'il pouvait continuer la journée sans être sur les rotules ! Apophis passa la porte de son bureau et longea le couloir d'un pas ferme et décidé. Ses talons martelaient le sol à un rythme de parade, et les chaines et boucles qui pendaient le long de son pantalon noir rendaient un bruit de ferrailles très particulier.
Encore en tenue d'entraînement, Sykes n'avait guère eu le temps de se changer entre les différentes lettres et papiers à remplir ainsi que les rapports à rendre d'urgence. Il arrivait suffisamment tôt pour s'exercer en salle puis, l'exercice terminé, se changeait pour des tenues plus légères, plus décontractées et habituelles. Seulement aujourd'hui il portait toujours son plastron fait de sangles et de cuir, découvrant ses épaules et resserrant aussi bien son torse que ses bras à mi-hauteur. Seule retombait, comme un champion à la fin d'un match, une longue cape grise comme de la fumée et flottant légèrement à chacune de ses enjambées de géant. Elle était lourde sur son dos, retenue par une cordelette et le col était relevé, formant ainsi une protection sommaire mais efficace.
Lorsque Sykes fit irruption dans la cafétéria peu de personnes se retournèrent sur son passage, à croire qu'à présent ils étaient habitués aux entrées fracassantes du grand blond qui, au lieu de se servir de ses mains comme tout être normalement constitué, avait donné un grand coup de botte clouettée dans le panneau qui vascilla sous le choc. Le grand blond tendit un sourire décadant et mauvais à ceux que cela gênait et passa ostenciblement sa langue sur ses lèvres lorsque des demoiselles -sûrement des stagiaires- se retournèrent courroucées.
*Va falloir t'y faire, gro***asse ! Fichue blonde pulpeuse de mes...*.
Il s'arrêta et poussa un léger soupir suffisant, comme pour signifier qu'il était au-dessus de cela... où était-ce parce qu'il percevait quelque chose de pas si désagréable en l'observant ? Mieux valait taire la chose ! Il lui lança un clin d'oeil, passa sa main dans ses cheveux en piques d'un air crane et princier puis s'avança vers la file. Elle n'était encore pas très longue, il n'aurait que peu de temps à attendre.
Il passa devant les buffets déjà chargé de nourriture, abondance de volailles, de viandes, de légumes, de poissons. Apophis Sykes n'était pas du genre à s'attarder sur les douceurs saines, sans graisse et sans ajout conséquent de beurre ou de sucre. Ainsi choisit-il une grande assiette de pois cassés avec, par-dessus, suffisamment de sauce au poivre pour couler à nouveau le Titanic, suivi d'une belle tranche de rosbif bien fumante, accompagnée d'une épaisse aile de poulet. Il se servit allégrement de la louche qui était plongée dans le plat de purée de pomme te terre et en prit de quoi nourrir quasiment toute sa famille...
Il ne lui restait plus qu'à s'attarder sur les déserts ; ce qu'il fit expressément en se chargeant de prendre un énorme baba au rhum aussi qu'une coupe de pêche Melba. Absolument contenté, prêt à se vautrer dans la nourriture et la gourmandise la plus crasse, il prit un siège non loin du buffet des sauces et des condiments où il s'installa confortablement, poussant ceux qui se trouvaient sur son passage sans trop de ménagement ni même de courtoisie. Il fallait faire place quand Sykes arrivait et il était amusant de voir comment les plus petits et les plus frêles se courbaient dès qu'ils entrevoyaient l'ombre de ce géant qui s'apprêtait à avaler l'équivalent d'un repas de réveillon.
Il se munit de sa fourchette et de son couteau -vision d'être paranoïaque et sénile, prêt à s'attaquer férocement à sa nourriture-. Sykes avait des faux airs de ressemblance avec l'ogre des contes de fées, lorsque celui-ci s'apprête à manger tout cru les pauvres petits enfants... C'était à frémir. Certains, en le voyant manger à toute vitesse, à grand renfort de coups de dents et le menton baignant dans la graisse ne purent s'empêcher de penser qu'une gamelle aurait très bien convenu pour cet homme plus animal qu'Auror... Les bruits de mastication du jeune homme couvraient à présent le silence que son impressionnante ventrée avait fait naître... Un malaise soudain était clairement palpable... |
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Ξ Sujet: Re: Pause déjeuner [PV Aaron] Dim 13 Avr - 19:49 | |
| La terrible nécessité de ce qu'il s'apprêtait à faire lui était apparu la veille, au soir, en même temps que la honte qui l'attendait au tournant. Mais il n'avait aucun autre choix, autre autre d'aide qu'il aurait pu quémander à quelque d'autre. Rien. Comme se rendre compte de son isolement et de sa solitude... Apophis Sykes, malheureusement, était la dernière béquille qu'il lui restait pour ce genre de service, et c'était dire la qualité des relations qui pouvait lui rester... Elle était bien partie. Lorsqu'Aaron était finalement revenu chez lui après une absence d'une semaine ou deux, il n'y avait pas retrouvé sa femme, ni sa fille, d'ailleurs. Loin d'être étonné, il en était resté étrangement inquiet, passablement frustré, vide. Ce qu'il ne s'avouait pas, surtout, c'est qu'il était à la limite de la névrose, totalement abattu, fracassé par le départ d'Amanda qu'il n'avait su retenir, frigorié d'un chagrin qu'il niait jusqu'au bout. Elle était partie loin de lui, emportant les derniers remparts de sa raison et le laissant sombrer en solitaire - ou presque - dans le marécage de ses soucis. Aaron avait pourtant du mettre de côté son appitoiement sur soi, bien malgré lui, lorsque des traites de saisie iminentes de sa maison, des notes impayées et des menaces de renvoi lui tombèrent dessus, presque simultanément. A croire qu'Amanda avait tout su payer quand elle était là, avec lui... ou alors tout su cacher. La paye d'Aaron ne suivait plus et il en arrivait à boire plus encore, si c'était possible, jetant l'argent par les fenêtres, un argent qui lui manquait aujourd'hui plus cruellement que jamais. Il avait du se ressaisir, mais comment... Impossible de s'en souvenir, Aaron mettait ça sur le compte de l'énième facture qu'il avait reçu la veille, englobant les dépenses astronomiques des notes qu'il avait dans à peu près tous les pubs d'Angleterre. Et une seule solution, une seule terrible solution, lui était venu en tête... - " Hmmm, Sykes? Ouais, je l'ai vu, il est entré dans la cafétéria." Aaron la regrettait déjà, mais il ne pouvait décemment pas accepter l'inévitable dénouement qui consisterait à se retrouver à la rue, et surtout, au chômage. Quand on avait su se construire son petit confort au bout d'années de travail acharné, on avait du mal à voir son petit monde s'écrouler inexorablement, tout fataliste qu'on puisse être. L'abandon d'Amanda représentait cependant la première pierre bancale qui s'affaissait, et Aaron en était réduit à tout faire pour que l'édifice de sa vie tienne encore un peu la route. Encore un peu... - " M'rci..." Comme s'il le voulait vraiment... Comme s'il avait vraiment l'envie et l'ardeur de se battre pour conserver cette maison qui le répugnait, comme s'il avait vraiment envie de mourir en pleine mission en tant qu'Auror bien dévoué... Aaron passa la porte de la cafétéria avec beaucoup plus de discrétion que son collègue, quelques minutes après lui. Silencieux, tout autant que la vaste pièce qui semblait s'être entièrement tournée vers Apophis, l'Auror s'avança vers les établis de nourriture en le cherchant du regard. Evidemment, il n'eut pas d'effort à prodiguer et devina au bout de quelques secondes quelle était la raison de cette tension et des regards outragés et effrayés qu'on jetait à Sykes. Faisant glisser son plateau le long des établis, dans une file qui s'amenuisait de plus en plus, Aaron s'autorisa un sourire de connivence discret. Il avait dû encore faire des siennes, y'avait donc pas à s'étonner qu'il se retrouve tout seul comme un glandu à sa table. Mouais, enfin plus pour longtemps. Son plateau ne comportait qu'une miche de pain fraîche et une gourde de whisky pur feu lorsqu'il arriva à la fin des présentoirs à nourriture. Il crispa les mâchoires devant la grosse dame chargée d'encaisser l'argent pour les collations - héééé merde, plus de tickets-repas - et du débourser quelques Gallions pour qu'elle cesse de le fusiller du regard. Tenant son plateau d'une main, Aaron se dirigea donc d'un pas assez lourd vers la table d'Apophis, observant avec un intérêt relatif les personnes toujours tournées vers lui. Détestant être au centre de l'attention, il eut un instant le désir de choisir une autre table avant d'être rattrapé par la gravité de sa situation. Non-non, allez... Il fallait aller jusqu'au bout de ce qu'il avait décidé, aussi dur que cela serait. - " Salut..." maugréa-t-il en se laissant tomber d'un air gauche sur la chaise en face d'Apophis. A quoi bon attendre plus longtemps pour lui demander "s'il pouvait s'asseoir ici"? Aaron allait avoir tout le loisir de le supplier après, il ne servait donc à rien de commencer si vite. Prenant ses aises, l'Auror brun détourna un instant ses yeux malades vers les siens, et son sourcil s'arqua presque de lui-même lorsqu'il détailla sa tenue. - " C'est quoi, ces fringues...? Nouveau délire sado-masochiste avec LadyLys?" Argh, non, ne pas parler d'elle... Pas devant lui, c'était trop risqué au vu de ce qu'il voulait lui demander... Mais on a son égo, n'est-ce pas, et Aaron n'avait pas su résister. L'Auror balaya de ses yeux glacés la cafétérie avant de déchirer son pain en soupirant. Portant un morceau de mie à sa bouche, il désigna de la tête les quelques membres de l'assemblée qui trouvaient encore normal de le regarder fixement. - " Tu leur a fait quoi, aujourd'hui?" Et, la bouche pleine mais écoeuré déjà par la nourriture qu'il devait se forcer à avaler, Aaron fixa Apophis, passant déjà en boucle tout ce qu'il devrait lui dire, tout ce qu'il devrait quémander. Tout ça... C'était de la faute d'Amanda. Ah, les femmes... |
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Ξ Sujet: Re: Pause déjeuner [PV Aaron] Ven 18 Avr - 10:47 | |
| "C'est quoi, ces fringues...? Nouveau délire sado-masochiste avec LadyLys?".
A ces mots, Sykes leva un regard des plus noirs à son coéquipier. Il fourra ensuite sa fourchette dans un gros morceau de viande qu'il n'hésita pas à engouffrer dans sa bouche.
A la seconde question que son camarade lui posa, Apophis répondit donc la bouche pleine :
"Et de un : je ne leur ai rien fait ! Ils me regardent comme ils m'ont toujours regardé, c'est-à-dire, comme des moutons qu'on emmène à l'abattoire !
Et de deux : j'étais -il ravala son épais morceau préalablement mâché- en entraînement et n'ai pas pu me changer vu la masse de truc qu'il me reste à faire !".
Puis il posa ses couverts et plia ses bras convenablement sur la table tout en repoussant doucement son assiette. Sa tête était penchée de côté et il fixait Aaron sur un sourire des plus angélique, pour être poli et ne pas dire "dépravé". Un nouveau gloussement s'éleva de sa gorge, sa pomme d'adam jouant à l'ascenseur, et il s'accorda quelques instants afin de dévisager son pauvre petit Gryffondor...
*"Tu as une sale tête, Millers !".
Le jeune homme brun lançait ses pieds dans le sable, la pointe de ses chaussures cherchant à cogner le premier caillou qui passait sous ses pas, soulevant des nuages de poussières qui vinrent à nimber et salir les vêtements fraîchement repassés du Serpentard qui lui avait posé cette question. Courroucé, Aaron Millers, enfant revêche au tempérament de flamme, s'était tourné vers lui les poings bien serrés, lançant d'une voix sourde :
"Redis-le encore, sale crotale, et je t'assure que...".
"Du calme, j'ai pas dit ça pour être vexant... pour une fois !".
"Ouais, maugréa l'autre, pour une fois...".
Et il haussa les épaules, rivant ses yeux sur le sable, n'adressant plus aucune parole...*.
Tandis que son double vieilli de plusieurs années, assis à la cafétéria à mâchonner son pain, restait prostré devant lui -ses yeux jaunis sur une mine blaffarde de cierge ne lui accordant aucun regard. Apophis s'étira sur sa chaise à la manière d'un petit chat, presque en ronronnant, puis décoinça un petit peu plus ses épaules. Un sourire mutin se glissa sur ses lèvres charnues.
"T'as une sale tête, Aaron...".
Et son rictus s'élargit sur ses crocs luisants. Il reprit :
"Et je disais pas ça pour être vexant... Quelque chose s'est passé... Et tu sais pourquoi je le sais ?".
Il se pencha sur lui, son nez à quelque centimètres de son visage burriné par la fatigue.
*"Ca se voit comme le nez au milieu de la figure que tu vas pas bien, Millers ! Qu'est-ce que tu as pour me bouder comme ça ? On est pas bien là -et il désigna le paysage du parc de Poudlard d'un signe de menton- à marcher pendant que les autres bûchent en Soin de Créatures Magiques ?".
Son camarade était demeuré silencieux... et Apophis n'avait pas insisté, se contentant de faire ce qu'il faisait toujours : se moquer des uns comme des autres, raconter ses exploits avec telle ou telle fille ou encore se venter de son appartenance Sang-Pur et du furut manoir qu'il aurait à la mort de son père... A un moment il croisèrent même le chemin d'un autre élève remontant vers le château. Ses pieds maladroits et sa démarche déguingandée sur un uniforme aussi sali et débraillé que celui d'Aaron Millers ne pouvant que retenir l'attention d'un Sykes... particulièrement en forme aujourd'hui.
Il lui lança : "Hey, Sidney !! Vieille sal***pe !". Ce à quoi l'autre répondit par quelques insultes bien senties en lui lançant un caillou qui vint atterrir sur son épaule.
"Heyy !! Espèce de crevard, sale tante !! Je vais t'apprendre, moi !". Et l'autre d'avoir pris la poudre d'escampette...
"Tu as vu ça ? Cette limace ? Me jeter un caillou dans la tronche pour se barrer en courant ! Non mais, il se prend pour qui ?".
Et, une fois encore, Aaron était resté scellé dans son mutisme, les lèvres plissées et sans doute incapable de parler tandis qu'Apophis l'abreuvait de paroles...*.
"Je le sais car, que tu le veuilles ou non, Millers, j'ai passé plus de temps avec toi que tu n'en auras passé avec n'importe qui d'autre... Mais je suis certain que c'est un détail que tu aimerais effacer de ta mémoire, non ?", ajouta le Sykes d'aujourd'hui toujours en souriant. Et il se renfonça un peu plus dans son siège comme un pacha, les mains sur son ventre légèrement rebondi de nourriture, ses prunelles trop claires toujours fichées dans celle d'Aaron.
"Qu'est-ce que tu me veux, Aaron ?".
Et ses paupières frémirent, sûr d'avoir touché un point sensible... |
| | | | Invité
Ξ Sujet: Re: Pause déjeuner [PV Aaron] Dim 20 Avr - 17:04 | |
| Déjà écoeuré par ce qu'il venait de manger, Aaron reposa son pain déchiré sans un mot, avalant péniblement la mie qu'il avait dans la bouche. Tâchant de s'enlever le goût charbonneux qu'il avait jusqu'au fond de la gorge, il claqua plusieurs fois sa langue contre son palais, comme un enfant qui peine à manger ses brocolis. Tournant vers Apophis un regard malade, Aaron s'autorisa un demi-sourire, fin et cynique. - " Pauvre mal-aimé..." nargua-t-il sans plus faire attention aux regards de merlans frits qu'on adressait encore à son collègue, de ça, de là. "Ils ont peut-être peur que tu leurs voles leurs desserts..." Sur ces mots, son rictus s'agrandit légèrement et il arqua un sourcil devant la rapidité de Sykes à manger tout ce que contenait son plateau surpeuplé. Il n'avait finalement pas changé... Et puis c'était aussi un petit rappel à Poudlard, n'est-ce pas? Aaron n'en était pas certain, mais il se doutait bien que même pendant les repas où Gryffondor et Serpentards étaient séparée par deux grosses tables, Apophis avais déjà du trouver le moyen de lui piquer sa tarte à la mélasse. Slurp. - " T'es au courant que t'es le seul glandu du Ministère à mettre sa tenue d'entraînement pour... s'entraîner?" fit remarquer Aaron en débouchant sa flasque de Whisky (bien écossais). "Et puis la masse de choses à faire... Gna, gna, gna... Arrête de te la jouer..." Son regard métallique devint un peu plus net avant qu'il ne porte la petite bouteille à ses lèvres pour en boire avidement le contenu, goutte par goutte. Aaron ne remarquait pas que l'attention d'Apophis se détournait lentement, plongeant dans quelques effluves du passé; il avait déjà fort à faire de mettre en ordre ses propres idées. Il fallait qu'il lui demande. Maintenant. Sinon, il n'y arriverait pas... Lorsqu'il reposa sa flasque sur son plateau, près du pain en morceaux, Aaron capta enfin le regard trop bleu de son ennemi adoré et il ne put ouvrir la bouche. Peu importait son hésitation, au final; Apophis se chargeait toujours de parler pour deux lorsqu'il n'avait pas le courage de dire ce qu'il pensait. - " Une sale tête..." répéta-t-il en détournant le regard. "C'est l'âge, gamin..." Hé ben ouais, quoi... Il n'allait pas lui avouer de but en blanc dans quelle mouscaille il était, même si Apophis venait de le lui demander clairement. Gryffondor, peut-être, mais pas téméraire. Se faire rire au nez pendant un quart d'heure n'étant pas dans ses projets immédiats, Aaron se mit à réfléchir à un nouveau plan pour soutirer ce qu'il voulait d'Apophis, buvant une autre gorgée de sa précieuse boisson. Apophis mit à profit cette pause pour lui parler, mais le brun préféra ne pas le regarder. Hum, il ne savait pas qu'Apophis était aussi perspicace. Quoi, ça se voyait tant que ça qu'il s'était fait quitter par sa femme? C'était affiché sur sa tronche, c'est ça? Pourtant, Aaron n'avait pas poussé plus loin que d'habitude ses excès nocturnes, et il n'avait même pas de cernes, aujourd'hui. Alors, quoi? Son attitude, peut-être? Il avait essayé de se comporter comme tous les jours, à savoir le mec froid et pataud qui n'ouvre la bouche que pour répondre à une connerie ou pour boire; alors qu'est-ce qui clochait? Aaron tendit un bref regard à Apophis, comme pour essayer de constater par lui-même ce qui avait pu mettre son camarade sur la voie, mais rien dans l'examen du visage juvénile ne put lui répondre. A croire que cet homme était vraiment omniscient... Tant pis alors, il allait falloir vraiment tout lui dire...? Ou peut-être... Ou peut-être qu'Apophis avait raison et qu'il le connaissait bien, tout simplement; mieux que personne. Omniscient, certes, et surtout pour lui. Le vieux camarade de Poudlard, le lion fougueux endormi sous la masse de l'alcool et qui redressait paresseusement la tête, parfois, pour rugir devant la vilaine tête de vipère... Dans un de ses tics habituels, Aaron se frotta pesamment les paupières, las d'il ne savait quoi. Il n'avait pas vraiment envie de le faire, il en avait juste besoin. S'il répondait oui, il aurait honte mais il garderait cette foutue baraque, s'il répondait non, il aurait honte et il se ferait expulser de chez lui. Misère de misère... Comme il était tombé bien bas... Aaron redressa légèrement la tête, collant enfin son regard vitreux dans celui d'Apophis qu'il jaugea un instant. Il fit la moue, sa moue habituelle d'homme blasé, dénaturé, avant de pousser un large soupir. Autant gagner un peu de temps... - " Effacer ça de ma mémoire? Voyons, Apophis... On n'oublie pas les vieilles amitiés... Aussi détestables soient-elles." soupira-t-il. Il se tâta légèrement le visage à la recherche d'une plaie, d'une griffure ou de n'importe quoi d'autre qui aurait pu faire dire qu'il avait en effet une sale tête. - " Je me suis rasé, pourtant. J'ai vraiment une sale gu... ? ..." commença Aaron avant qu'Apophis ne l'interrompe et ne lui demande plus clairement que jamais ce qui l'amenait là. Bien. Il ne pouvait plus ni tourner autour du pot, ni reculer, et tous les plans ingénieux dans sa petite tête embrumée se dissipèrent aussitôt. Il durcit le visage, le regard, baissa les mains en se mâchant la langue. Les mots restaient bloqués dans sa gorge irritée, près de sa pomme d'Adam affreusement à l'étroit. Finalement, Aaron toussota et campa fermement ses deux prunelles vitreuses dans celles d'Apophis. - " J'ai... Pas mal d'emmerdes, en ce moment. Hum. Je suis... heum. Tout seul chez moi. J'ai besoin d'argent. De beucoup d'argent." Shtiiing, le grand mot était tombé. Retrouvant un silence sépulcral, Aaron fronça légèrement les sourcils, agacé à l'avance de la réaction qu'aurait Apophis. Il n'avait pas pu se résoudre à dire clairement qu'Amanda l'avait quitté tant il désespérait de l'hilarité qu'il déclencherait chez son ami. Et puis, est-ce que ça importait vraiment dans la situation présente de savoir que le salaire d'Amanda, aussi maigre fut-il, avait réussi à les préserver des grosses factures impayées? Allez... Un effort. Il embarquait l'argent, et il se tirait pour ne plus réapparaître devant lui avant l'an 2000. Faisable. |
| | | | Invité
Ξ Sujet: Re: Pause déjeuner [PV Aaron] Sam 26 Avr - 19:59 | |
| Alors c'était ça ? Ce pourquoi Aaron Millers était venu le voir ? C'était un... "problème d'argent" ? Non, non ! Comment avait-il dit déjà ? C'était autre chose, bien pire : "je suis tout seul". A cette simple indication, Apophis sentit son échine frémir puis ses yeux de serpents prirent un éclat métallique. Il fit claquer sa langue contre son palais et hocha doucement la tête d'un air distrait...
"Hhiiinnn... besoin de fric ? Je voiis...".
Il resta un instant silencieux, fixant son assiette, sur cette même expression frappée de surprise. Lorsqu'il releva le nez ce fut pour mieux plisser les lèvres, ses traits empruntant une moue soucieuse.
"Et qu'est-ce qui ne va pas pour que tu n'aies plus d'argent, Aaronounet, et que tu viennes me voir ? Hein ? Y a de l'eau dans le gaz, on dirait...".
Et, le visage toujours empreint de cette indécrottable malice, il se renfonça dans sa chaise tout en passant une jambe par-dessus l'autre. Un sourire qui lui était propre naquit ainsi sur ses lèvres rosées. Il rembraya :
"C'est un souci familial, ma poule ? Si tu veux, j'peux t'arranger ça, nan ? Hinhin...".
Il se saisit de sa fourchette et commença à l'observer, à jouer avec, toujours avec cette patience de chat, félin plus qu'il ne l'aurait voulu, véritable tigre prenant un réel plaisir à torturer sa proie mourrante sous ses yeux.
"Il a besoin de fric, alors y vient voir son bon ami de toujours, murmura l'Auror blond, c'est certain, plus que certain !
Va moi, j't'oublie pas, ma chérie !".
Et, à ces mots, il arrondit ses lèvres en forme de coeur en deux horribles bruit de sussion. Un employé du ministère passant par là lui jeta un regard intrigué à la limite de l'écoeurement. Sykes éclata de rire et ses yeux incroyablement vifs et bleus en revinrent à son interlocuteur. Il rejeta sa fourchette sur la table :
"Soit. Combien tu veux ?
J'suis prêt à te filer le montant de ton choix, tu me dis un chiffre et tu l'as !
Seulement, ma poule, tous ces petits arrangements coûtent trèèès chers...".
Sans pour autant lui faire décemment comprendre qu'il pactisait avec le diable, Apophis s'était penchée d'une manière tellement proche et exagérée que cela en devenait déroutant. Son sourire s'arqua lentement sur des dents jaunies par le tabac tandis que Miller pouvait sentir à cette distance le parfum suave et boisé d'une eau de cologne masculine.
"Va falloir que tu casques aussi si tu veux me rendre la pareille... Et je te parle pas d'un remboursement à l'amiable, soeurette, mais d'un vrai échange de bons procédés !".
Il hocha lentement la tête, la bouche entrouverte, le regard perdu comme il savait si bien le faire, lui donnant un air ahuri et parfaitement stupide...
"Va falloir que tu fasses de sacrés efforts et ça, crois-moi, je lâcherai pas l'affaire, Aaron.
Je suis très sérieux. Et j'aime autant te prévenir ! Après c'est à toi de voir si, malgré cela, tu veux quand même passer cet accord avec moi".
Il se rejeta contre le dossier, sa grande masse percutant la chaise qui craqua sous l'effet. Il replia sa jambe, croisant ses mains dessus en parfait banquier recevant un client... sauf que ce dernier n'aurait pu se venter de ne pas porter de cornes... Son sourire s'agrandissait au fur et à mesure qu'il le détaillait. Quelle était donc la valeur de cette âme ? Hhhmm ? Il eut un léger rire glabre.
"Ohh j'suis sûr que tu dois être dans tes petits souliers à l'heure qu'il est. Faut avaler le fait de venir me parler au milieu de tout ce peuple, de me quémander de l'argent et, ensuite, de considérer ma proposition !
Mais va, je te laisse le temps ! Je suis pas pressé !".
Et il fit une pause, juste avant de réattaquer tout en l'invitant d'un geste :
"Tiens ! en attendant d'ingurgiter tout ça, si tu me disais pourquoi tu es ruiné ? Ca ferait un bon sujet de discussion, non ?
Ou alors tu es -et il prit une voix geignarde- "encore trop sensible et trop touché émotionellement parlant pour aborder ce sujet", bouhouhouuhh... ?".
Il sourit à nouveau.
"Les... les méchants ganguestaires sont après moi, Apophis ! Sau... sauve-moi ! Pitié, pitié, pitié j'ai PEUR !
HAHAHAHAHAHAAAA !!!". |
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Ξ Sujet: Re: Pause déjeuner [PV Aaron] | |
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