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 From Suffering to Salvation - [Sidounnet]

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Ξ Sujet: Re: From Suffering to Salvation - [Sidounnet]   From Suffering to Salvation - [Sidounnet] - Page 2 EmptyMar 28 Oct - 1:41

Il était en train de perdre pied. Devenir fou à cet instant, ne serait-ce pas ridicule? A quelques secondes de sa fin, son dernier souffle se pressant déjà au seuil de ses poumons, comme pour dire "coucou dugland, ta fin est arrivée!", se laisser sombrer dans la démence aurait été si doux... C'est ce qu'Aaron pensait, c'est ce qu'il tentait désespérément de faire rentrer dans sa tête martelée, et il se poussait, s'encourageait à se laisser glisser, à accepter les pensées idiotes et sans queue ni tête qui s'activaient en lui.

Oh, oui, il aurait été agréable de devenir fou, n'est-ce pas? Un peu comme l'immonde gamin au bas de sa croix, le spectateur invisible du supplice de Jésus, le traître... Pouvoir faire tout ce qu'il faisait sans jamais être arrêté par sa conscience, par son intelligence ou son intégrité... L'école d'Apophis, en somme. Pourquoi n'en était-il pas capable...? Pourquoi était-il toujours rattrapé par ce qui lui faisait le plus mal? A ce moment précis, alors que son sang devenait violacé sur ses paumes écartelés, alors que ses nerfs se brisaient, que ses tendons se broyaient de plus belle, que ses os craquaient, et qu'il pleurait - oui, pleurait! - Aaron suppliait sa conscience de l'abandonner. Si on lui refusait simplement le sommeil salvateur, au moins ne pouvait-on pas le rendre fou...?

Un visage dans la masse des cadavres vivants attiraient son regard. Un ancien collègue. Un ancien vivant. Dont les traits pourris suintaient une substance noirâtre, écoeurante, comme ce qu'il avait dans les cheveux, ce qui avait coulé sur ses bras et ses jambes, par-dessous le sang collant et malade, qui puait l'alcool et, ah... Il avait tellement mal. Tellement, tellement mal...

Oui, Aaron pleurait. Des sanglots de gamin inexorable, impossibles à contrôler et à arrêter. Des pleurs de douleur et de détresse, de gosse abandonné à la marmaille d'un fou, de celui qui n'a plus personne et qui ne veut pas perdre ce jeu. La compréhension, aussi, de n'être qu'un tas de merde, une petite figure de plomb rouillé, une poussière parmi les poussière, d'être si vil et si lâche, d'être faible, dompté, maudit, d'être... crucifié. A présent, Aaron, Inri... Le roi des... perdants.

Il avait énervé Sid. Il ne se souvenait même plus de ce qu'il lui avait dit. Ses yeux gonflés par les larmes, bouffis par la douleur voyaient à peine en bas autre chose que les corps grouillants comme des vers répugnants. Les cris du Mangemort lui faisaient mal à la tête, car - ah oui - il était saoul. Oui, dans une situation pareille, Aaron trouvait le moyen d'être bourré et de n'en ressentir aucune complaisance, puisque, n'est-ce pas, il y a ceux qui boivent et qui courent dans les rues pour chanter leur bonheur, et il y a ceux qui s'enivrent pour oublier et qu'on plante à une croix. Oh, merde... Si mal...

Ses sanglots muèrent en un long cri déchirant, un peu bestial. Il comprit automatiquement. Sid avait commandé aux cordes de se retirer, parce qu'il était trop grande gueule, parce qu'Aaron, cette fois, s'était bien fait baiser. Le commandeur des damnés n'était pas si bête que cela, dans sa cervelle cabossée se tramait tellement d'idées loufoques que l'Auror le prenait pour un génie. Oh tiens, sa conscience l'abandonnait-elle enfin?

Mais non! Absolument pas! Car il comprit très bien, oh oui, il avait très bien en vue les cordes disparaissant, les noeuds se défaisant, et son corps alourdi par les âges et les excès, et les mensuration, et tout cela, s'afaisser lamentablement, perdre de la hauteur et encore plus de grâce, et ses mains pisser le sang sur ses bras tout blanchis, ses membres dans leur position si grotesque. Un ver de terre qui se tortillait pour échapper à la torture du gamin morbide. Un hurlement dont la rage s'était éteinte. Et sa façon d'essayer, pitoyable marionnette, de se redresser, ses bras formant un axe impossible, son visage grimaçant et terne, plein de rides et de sueur, et ses bras, oui ses bras, qui se tordaient, sa volonté palpable d'arracher ses clous qui lui faisaient si mal, si mal, mais cette impossibilité de faire tout aussi douloureuse... Il se tordait, oui, comme un asticot souffreteux, ses jambes aussi s'étiraient, un peu comme celles d'un bébé qui caprice, et le sang perlait, perlait, jusqu'aux bouches acérées levées dans sa direction et qui goûtait, savourait cette ambroisie, ce nectar divin, le sang du roi des Juifs promis à une mort de martyr! Mais merde, il voulait juste MOURIR!

Peut-être de la salive aussi, sur son visage. Peut-être de la morve - bwark -, il pleurait tellement. Les larmes si honteuses creusaient des sillons dans sa peau crasseuse. Un goût de sang piqua sa langue. Il crachotta l'hémoglobine comme s'il la vomissait. Inconsciemment. Malade.

Toujours faiblement agité, attendant cette dernière micro-seconde avec impatience, résolu à combattre la force de ce corps et de cet esprit, cet force soit dit en passant, insoupçonnée, Aaron jeta un regard insignifiant aux morts. Il ne savait plus trop s'il avait peur. Il était dans un état second. Très loin de tout, oui, mais pas encore fou... Pas encore mort... Suprême et ultime torture... Comme si une force lui commandait de souffrir le plus possible mais de ne pas, oh non, de ne jamais mourir.
Et là il comprit qu'il ne deviendrait pas fou.
Et là, Aaron comprit qu'il ne mourrait pas. Pas aujourd'hui. Pas de la main de Sidney Avery Junior.

Les morts étaient tombés. La croix descendait, et à son contact avec le sol, Aaron ferma les yeux, gémit, car la douleur de ses mains et de ses pieds cloués avait été ravivée. Quand ses paupière se décollèrent difficilement, Sid était juste en face de lui, à sa hauteur, et il entendit alors sa voix comme si brusquement, on venait tout éclairer, tout le monde se taisait, silence, on tourne, et les lumières étaient braqués sur eux comme sur des superstars.

Un geste face à lui, très flou, et son bras tombait. Un autre, et le deuxième suivait. Sans force et sans vie, Aaron sentit avec un soulagement factice son corps ployer en avant, avec la peur indicible que ses pieds soient arrachés par sa chute. Tout tournait, mais il entendait, oh oui, il entendait bien, mais il voyait mal. Sidney en face de lui. Le roulement métallique des clous disparus. Les trous glauques dans ses mains, où la chair abîmée pendait en lambeaux comme les loques de Sidney. Ses chaussures défoncés, où - tiens donc - il n'y avait plus de clous. Il s'écroula dans les bras de Sid qui le retint, il ne savait pas pourquoi, sans même chercher à faire quoi que ce soit pour s'en empêcher. Plus de volonté ni de raison, juste la conscience, cette chienne de conscience. Il avait mal.

- " Je... Je..."

"Chevalier à la rutilante armure..."

Sa gorge le piquait, avaleur de poussière. Ses doigts grattaient le corps de Sid pour se redresser un peu.

"Tu devrais pourtant savoir qu'il y a pire que la mort..."

- " Je me... Je suis..."

"J'te l'avais dit, Auror. J'suis pas un assassin...

Ce fim passait au ralenti mais frappait sa conscience comme un gourdin. Le lendemain, il aurait oublié tout ça, mais pas ces paroles. Elles le cognaient, le troublaient, s'imprimaient en lui.

Moi je laisse vivre, ce qui est d'autant plus...... douloureux ?"

- " A... A..."

"Les chevaliers croient qu'il y a pire que de mourir : c'est de vivre dans la honte et le déshonneur.

Pourquoi parler? Aucune raison logique, pourtant... Et son visage qui s'efforçait de se calquer sur le sien, plus calme. Mais ses paupières tombantes et sa vue qui se brouille, sa voix qui devient faible, si faible... Comme son corps... Comme ses pieds qui raclent le sol, désormais incapables de le soutenir.

Une version plus... moderne de ce concept pourrait se traduire comme ça : l'on préférerait mourir plutôt que d'endurer les souffrances quotidiennes de la vie

- " Aa... Aar..."

et être le seul sur Terre tandis que les autres sont partis pour un repos éternel..."

Personne mieux que lui pouvait savoir qu'il y avait pire que la mort. Sa vie, son existence, son passé avaient été pire que la mort. Mais cela, il était le seul à le comprendre.

Il bégayait. Il sombrait. Il souffrait.

"Tu as été un courageux chevalier, Auror. Et un brillant adversaire...

Dis-moi, quel est ton nom ?"



- " M'appelle... Aaron Millers..."

Clac. Fin de la scène. Le corps vivant de cet Auror, de ce chevalier brillant devint flasque dans les bras de Sid. Il s'évanouit, tout simplement, il s'évanouit enfin et la douleur ne fut plus que souvenir. Peut-être ce même mal allait-il le réveiller bientôt, mais là, de grâce, il fuyait, il tombait, son poids impitoyablement attiré par le sol qui l'attirait, ses bras mous pendus vers le bas, ses doigts frôlant le sol mouillé, son corps... son corps fatigué et malade qui profitait enfin du sommeil, collé tout contre Sid, l'attirait à tomber.
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Ξ Sujet: Re: From Suffering to Salvation - [Sidounnet]   From Suffering to Salvation - [Sidounnet] - Page 2 EmptyMar 28 Oct - 2:26

Les bras de l'Auror se resserraient contre lui, s'agrippant à ses loques aussi bien qu'à ses membres, cherchant à prendre appui le long de son corps frêle et tellement plus petit que le sien. Dans un geste secourable le Mangemort s'efforça de le redresser un peu tout en fixant l'homme dont l'expression stupéfaite déformait monstrueusement son visage. Douleur, affliction profonde, lutte certaine contre la Mort... tout se mêlait dans son regard à présent brillant de vie -comme si cette dernière étincelle au fond de ces paupilles glauques s'efforçaient encore de survivre.

Et il prononça ces derniers mots ; son nom pour être plus exact : Aaron Millers. Les yeux de Sid se plissèrent, troublés, et le corps du malheureux retomba dans ses bras comme un poids mort...
D'ordinaire le petit garçon aurait été pris de panique et se serait mis à gémir, pleurer de se retrouver à présent en face d'un macchabée qu'il avait décidé de ne pas tuer... En effet, il n'aimait guère aller à l'encontre de ses décisions, cela le perturbait un peu.

Cependant et à cet instant précis ce ne fut pas le trouillard, le cloporte, l'inénarable taré qui s'était délibérément imposé ce jour ; mais bien le visage déterminé et ferme d'un exécuteur de la Mort pour qui le corps d'un homme n'est qu'un cadavre de plus.

Il se releva doucement et rassembla ses dernières forces pour mieux hisser Aaron Millers et le transporter loin d'ici. Résignation du bourreau qui porte son fardeau... Il peinait à le trainer mais ne rechignait point à la tâche. Une pensée traversa son esprit aussi vive que l'éclair, lui demandant ainsi pourquoi il ne le laissait pas en compagnie des autres se faire dévorer pour ensuite devenir l'une de ces créatures.

Le gosse répondit par un hochement d'épaule sur un "j'en sais rien" particulièrement vaseux... Il n'était plus l'heure des questions existencielles et Sidney était fatigué d'avoir toujours à se creuser la tête pour trouver une raison valable à ses actes ! Cette mascarade à la longue...

L'un de ses genoux ploya et, sous le poids, il s'écroula sur le sol, incapable de se rattraper. Le corps de l'Auror un peu plus pressé contre lui, pesant sur son dos qu'il sentait douloureux, le Mangemort mit un genoux en terre et poussa sur ses jambes pour se hisser à nouveau vers les nues. P

eu lui importait et il ne savait d'ailleurs ce qu'il allait en faire ! Peut-être lui épingler une jolie étiquette avec "Sid was here" sur le torse et tout ceci expédia au Ministère ! Il s'en fichait d'être repéré ! Au pire il mourrait. Au mieux il se retrouvait en cabane chez les fous ! alors...

La bouche de Millers était à présent collée à sa nuque et c'était désagréable cette sensation de chaud à chaque fois qu'il expirait le moindre...
Attendez ! il respirait là ?
Sidney le considéra un instant et le laissa à nouveau choir sur le sol de bitume. Ses petites mains d'enfant parcourent son visage comme s'il avait été aveugle et cherchait à le reconnaître.

Il voulait palper ce souffle ! Se rendre compte par la présente qu'il était bien réel ! Aucun doute n'était permis connaissant l'enjeu de la situation... Ses pouces frolèrent ses lèvres. Manifestement oui, il vivait !


"Aaron Millers, murmura-t-il hagard, Aaron Millers vit. Je ne l'ai pas tué !".

Il laissa échapper un soupir d'aise, les larmes pointant à ses paupières.

"J'ai fait ce que je voulais comme je voulais finalement. Je suis pas une catastrophe ambulante !".

Nouvelle expiration soulagée et grand sourire vers le ciel tout en fermant les yeux de délectation. Il était fatigué et sa tête pesait lourd sur sa nuque endolorie. Il chercha à redoubler d'effort et le prit par les aisselles, serrant son corps encore chaud contre le sien tandis qu'il cogitait, fouillait en sa mémoire à la recherche d'un endroit approprié où déposer son auguste dépouille... qui n'en était plus une maintenant ! Grâce à lui ! Décidemment un mort de plus sur la conscience aurait été de trop aujourd'hui... Il plaqua ses mains sur ses joues et approcha doucement.

"Aaron Millers, sache-le : tu as frôlé la mort mais tu es toujours vivant, ok ? Les limbes ne veulent pas de toi et tu ne mourras pas, pas maintenant".

Son visage demeura un instant à quelques centimètres du sien, suspendu dans le temps et l'espace, contemplant ainsi cet étrange personnage si prompt à en finir mais qui, malgré cela, tentait désespérément de se raccrocher à la vie.

Pour quelle raison ? Dans quel but ? Souffrir et souffrir encore ? Etre éternellement torturé ?
Junior porta une main à sa veste et sortit de sa poche une baguette fine et longue qu'il leva à hauteur de leurs deux visages. Il se concentra et disparut rapidement dans un "pop" sonore...

... pour réapparaître quelques secondes plus tard aux abords d'une ruelle sombre et parfaitement glauque comme il les chérissait ! Il ne devait pas être loin du Chemin de Traverse ni même de la bouche d'égoût menant à son repaire. Très bien ! C'était tout ce qu'il avait cherché à faire à présent.

Il déposa délicatement le corps de l'Auror contre un mur ne parvenant à se décrocher de cette contemplation d'homme martyr voué à être déchiré entre son absolu désir de s'endormir à jamais et celui de rester en vie pour se sentir exister. Tout ceci demeurait bien trop philosophique pour lui et il n'avait pas la réponse à ces interrogations métaphysiques. Cela n'était pas son ressort et il s'en moquait assez, c'était vrai...

Mais cette expression tourmentée sur son visage ?... Cette impression d'écorché vif se détachant de son âme ?...

Sidney, au visage impénétrable, se releva et resta immobile un instant comme quelqu'un qui se recueille afin que l'on trouve le Repos, le vrai.
Dans un geste qu'il ne s'explique toujours pas il se défit de sa veste d'apparat partiellement déchirée et la déposa délicatement sur l'Auror comme pour une couverture. Une petite voix dans son esprit lui murmura qu'ainsi il ne prendrait pas froid. Et il sourit...

Tournant les talons il se demandait encore si, après son propre passage, Aaron Millers aurait encore à souffrir d'autres énergumènes dans son genre...
Quelque part il était persuadé que oui.
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