Petit divorce [Aaron]

Une soirée tardive, bien trop tardive ! Thomas avait eu l’initiative de convier une bonne centaine de personne pour fêter la naissance de son dernier fils…Une excellente initiative bien évidemment…Mais une initiative qui avait fait se coucher Amanda aux environs de trois heures du matin ! Tellement fatiguée qu’elle n’avait pas pris la peine de se changer et s’était couchée encore vêtue de sa robe de soirée, une somptueuse robe d’un bleu nuit. Radieuse, encore un soir où elle l’avait été ! Et mieux fallait il car ce soir là lui avait été des plus bénéfique ! En effet, à cette soirée était convié, tout naturellement, le patriarche Collin. Et, émerveillé, subjugué par sa fille unique…Il n’avait pu résister à la laisser revenir dans ses bonnes grâces…Un jeu d’enfant pour Amanda, elle avait su parfaitement mettre en pratique ce que lui avait enseigné lorsqu’elle était enfant…soit savoir manipuler son monde sans être manipulé soit même…On ne peut plus simple. La jolie était ainsi revenue dans les bonnes grâces de son père qui tentait déjà de lui trouver un nouvel époux, à croire qu’il était pressé de la voir retourner dans le droit chemin…Pressé de la voir épouser un riche sang pur. Amanda avait simplement demandé un peu de patience de sa part, qu’elle préférait encore y réfléchir, dissimulant ainsi la vérité qui l’accablait, à savoir que son époux/ex-époux lui manquait tout de même. Ne pouvant lui refuser cela, son paternel avait même fait encore mieux…il avait rendu à sa fille « tant aimée » ce qui lui revenait de droit…soit sa part d’héritage. Une jolie petite fortune qui la mettrait à l’abris jusqu’à bien longtemps ! Par là, le patriarche ne souhaitait qu’une chose la voir cesser de travailler…Mais autant dire que le refus d’Amanda d’accéder à cette requête avait été radicale ! Elle souhaitait poursuivre son travail. Mais ce matin le problème n’était plus aux mondanités et aux bonnes grâces de son père…non mais à la signature imminente de son divorce !

Voilà une semaine…une semaine qu’elle se rentrait dans l’esprit qu’elle n’avait plus le choix, qu’elle devait partir, pour Elle…pour Mélissa. Aaron était allé trop loin, il ne voulait pas changer…soit, dans c’est cas là Amanda se refusait à demeurer à ses côtés, un choix difficile à prendre mais un choix qui était devenu de plus en plus inévitable. A vrai dire, il ne lui avait pas laissé le choix et dans sa grande naïveté, ou peut être par amour, Amanda avait cru qu’en le laissant dormir sur le canapé, Aaron réagirait, qu’il comprendrait qu’il n’était autre qu’entrain de la perdre, définitivement. Malheureusement, il n’avait rien remarqué, trop occupé à boire, il n’avait pas vu la souffrance de son épouse ni même leur couple battre de l’aille… Elle, pourtant l’avait remarqué et elle s’était fait à la raison, elle devait partir, le divorce devait être prononcé. Amanda avait même fini par se fermer dans l’opinion de sa famille, et à sa dire qu’elle n’aurait jamais du l’épouser…Il avait était son erreur, sa faiblesse…peut être l’était il encore, mais la jolie brune préférait fermer les yeux… Pourtant au fond d’elle-même, elle savait ce qu’elle était entrain de faire, elle savait qu’elle privait sa fille d’un père qui l’aimait et qu’elle enfermait Mélissa dans une jolie prison dorée…cette même prison qu’elle-même avait tant fuis. Cependant Amanda s’était bornée, elle s’était bornée à croire que cela était la meilleure des choses, à quoi bon sombrer après tout.

Ainsi, il était déjà 7h30…et dans une demi heure, elle devait être assise devant le bureau du juge pour signer définitivement son divorce ! Elle allait être en retard…la poisse. Voilà deux semaines qu’elle appréhendait ce jour, deux semaine qu’elle n’avait pas croisé le regard de son époux, deux semaines qu’elle n’avait eu de cesse de tenter de remettre de l’ordre dans sa vie. Elle avait repris sa place dans sa famille, tentée d’expliquer à sa fille la situation présente, participer à nombre de soirée en compagnie de son frère et bien évidemment cherché une nouvelle demeure ! Bien des choses lui encombraient l’esprit et Amanda en était ravie car cela lui permettait d’occulter la dure réalité, cela lui permettait d’oublier Aaron…Elle pouvait ainsi oublier sa décision et oublier la pression que sa famille lui imposait une nouvelle fois. La vie était bien étrange. Enfin…quoi qu’il put en être, elle avait tout intérêt à se dépêcher et lorsqu’elle perçut un souffle chaud parcourir sa nuque avant de murmurer doucement à son oreille, Amanda ouvrit délicatement les yeux. Thomas.

_Amanda, on va être en retard…Va donc t’habiller.

La jolie brune soupira avant de sourire doucement sous le baiser que lui accorda son frère. Comme depuis qu’ils étaient enfant, Monsieur était prêt, comme toujours il devait être levé depuis l’aube et comme toujours il venait l’éveiller. Amanda avait la sensation d’être retombée en enfance, son jumeau si attentif lui rappelant bien des souvenirs. Alors qu’il quittait la chambre, la jeune femme se leva lentement. Elle se rendit compte qu’elle était toujours vêtue de sa tenue de soirée et cela la fit sourire. Otant sa robe et observant son reflet, une pensée lui traversa l’esprit…Elle semblait plus jeune, plus belle encore depuis qu’elle avait quitté le Kent… A croire que sa rupture avait des bons côtés, les soucis ne l’accaparant plus, elle semblait bien plus pétillante et rayonnante…Enfin en façade car pour Amanda tout n’avait toujours été que façade. Son cœur était tiraillé…Cependant bien inutile de songer à cela, elle devait se dépêcher et non faire des sentiments ! Elle n’avait plus le droit, ni le temps de faire des sentiments ! Plus pour Aaron, il faisait parti de son passé…cela n’en changerait plus.

Après avoir enfilé un tailleur noir, tout à fait séduisant, et coiffé ses cheveux dans un joli chignon faussement négligé, Amanda descendit rapidement au salon. Elle embrassa sa fille, avala en vitesse un café et comme Thomas la pressait déjà dans le hall, elle attrapa les papiers du divorce et transplana en enfilant sa cape…Huit heures moins cinq…elle serait à l’heure, mieux valait il qu’elle ne soit pas en retard, elle devait à tout pris paraitre à son avantage devant Aaron, ce qui serait chose aisée, elle le savait. Qui plus est, Thomas serait à ses côtés, il veillerait à ce qu’elle ne défaille pas. Le droit à l’erreur, elle ne l’avait plus.

Le hall du Ministère était empli de monde, des sorciers de tous côtés ! Mais Amanda savait où elle devait se rendre et suivit de très près par son frère, qui prenait tout de même la peine de saluer grand nombre de sorcier sur son passage, elle traversa le hall avant de s’engouffrer dans un ascenseur. Direction le 2eme étage…Un divorce sorcier, se déroulait au service de la justice magique. Amanda quitta l’ascenseur bien vite, pressée par le temps qui semblait vouloir qu’elle arrive en retard ! Thomas lui aussi avait accéléré le pas et lorsqu’ils arrivèrent devant le bureau du juge Amanda respira un bon coup avant de pénétrer dans la salle…où son époux , futur ex époux, l’y attendaient déjà ! Amanda sourit brièvement un juge qui devait valider leur divorce puis son regard se posa sur Thomas qui fixait déjà Aaron d’un regard des plus meurtrier…

_Bonjour, Mlle Collin, Mr. Collin… Nous vous attendions Miss, mais je vous demanderais de rester à porte Thomas…ne vous en faites pas nous n’en aurons pas pour très longtemps.

Cette voix, ferme mais aimable et si familière fit revenir Amanda à la réalité. Le vieux juge, ami de son père, qu’elle connaissait depuis bien des années maintenant venait de demander à son jumeau de demeurer à la porte…Elle ne vacilla pas et ne montra pas son inquiétude se contentant de sourire à Thomas qui eut bien du mal à la laisser là. Après un dernier regard assassin en direction d’Aaron, Thomas embrassa sa jumelle sur le front et quitta la pièce, la laissant seule face aux regards des deux hommes. Amanda prit alors place, prenant soin de ne pas regarder Aaron, puis ses iris azurée posées sur le juge, la jolie brune prit la parole, sur un voix calme et assurée, pressée que tout cela se termine

_Bien…je vous écoute, où dois je signer ?

La silhouette se déplaçait lourdement dans le salon, zigzaguant entre des affaires entassées à même le sol, des bouteilles vides, des cadavres de bières. Il était à peine six heures du matin et il n'était pas tout à fait à jeun. A vrai dire, il n'avait pas beaucoup dormi de la nuit. Il dormait un peu moins chaque nuit, un peu moins chez lui, jamais à l'aise entre les murs suintants de souvenirs. Encore plus qu'auparavant, il se complaisait à découcher régulièrement, se baladant de bar en bar comme un ivrogne en goguette, inconscient de la façon dont il poussait son excès à l'extrême limite. Il refusait encore et toujours de réfléchir à ce qui lui arrivait, de se poser dans un coin pour y penser, d'analyser l'étendu ridicule de ses sentiments. Alors, pour oublier Amanda et pour oublier son absence, il mêlait l'alcool à l'insomnie et l'insomnie à des médicaments même pas sorciers.

La silhouette contourna finalement le dernier mur du salon, où l'empreinte d'anciennes photos de famille dessinait d'étranges cercles de poussière sur la façade désormais nue, et pénétra dans la cuisine. Au rez-de-chaussée, tout était plongé dans la pénombre, de la salle à manger au salon, car il ne pouvait plus supporter la douleur procurée par une trop vive lumière. Tel un automat un peu lourdaud, il se mouvait sans un bruit jusqu'à atteindre le comptoir, le plan de travail, sur lequel il s'accouda.

Aaron déposa sur la surface en bois verni la bouteille qu'il tenait à la main, pleine d'un whisky d'une couleur douteuse. Il s'assura que le mixer était bien branché, et versa sa bouteille dedans, sans songer à nettoyer les parois visqueuses. Il rajouta à la boisson une petite quantité de glaçons, le contenu de diverses autres flasques et saupoudra le tout d'un peu de café. Avant de mettre le couvercle sur l'appareil typiquement Moldu, Aaron jeta dans le mélange plusieurs pillules blanchâtres. Des anti-dépresseurs.

Le bruit orageux du mixer acheva de le réveiller. Il était déjà habillé, un peu mieux que d'habitude, ses vêtements étaient juste un peu froissés. Après une très longue hésitation, il avait décidé de mettre une chemise, blanche qui plus est, sans trop savoir pourquoi. Son pantalon noir à pinces était très simple, certes, mais bien coupé et même s'il n'avait pas maîtrisé le sortilège de repassage aussi bien que sa femme, le résultat n'était pas désagréable. Aaron avait même pris le soin de se raser, et son menton habituellement piquant comme un cactus était aujourd'hui nu, quoiqu'un peu bleui.

Il débrancha sèchement l'appareil lorsque le mélange fut bien liquide, et jeta le couvercle dans l'évier débordant. Portant à ses lèvres le grand verre doseur dans lequel reposait sa boisson tonique du matin, Aaron retourna dans le salon.

Deux semaines... La fameuse soirée de la rupture tragique datait de déjà deux semaines. Deux semaines sans voir sa femme, deux semaines qu'Aaron poussait ses excès dans un extrême inconsidéré, deux semaines à se renfermer chaque jour un peu plus et à s'appitoyer sur son sort. Il connaissait Amanda depuis plus de 20 ans, et à son souvenir, ils n'étaient jamais resté éloigné si longtemps. Il y avait bien eu sa grande période d'absentéisme, mais il s'était arrangé pour la revoir de temps en temps. Et puis même s'ils ne se parlaient plus, même s'ils s'ignoraient avec tant de volonté, Aaron était tellement habitué à la voir tous les jours qu'il ne pensait pas aussi difficile de se réveiller à présent aussi seul qu'il s'était couché.

Sa mixture ne lui arracha pas une seule grimace, et il la but très vite. Dans le salon, un morceau de parchemin avait été punaisé au-dessus de la cheminée, et Aaron s'y dirigea comme un robot. Le message était court, clair, poignant: Rendez vous au Ministère de la Magie, blablabla, niveau 2, 8 heures précises, blablabla, divorce à prononcer. Voici ce qui expliquait à peu près les efforts mous d'Aaron pour paraître à peu près présentable.

Le bruit du verre du mixer qui rebondissait inlassablement sur le sol encombré résonnait encore quand la porte se fut refermée derrière lui.
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Evidemment, lui n'était pas en retard. Etant donné qu'il travaillait au niveau 2 et qu'être Auror était une mission de tous les instants, il s'était trouvé au Ministère dès 7 heures du matin pendant que d'autres se levaient à peine. Après un rapide entretien avec Scrimgeour, Aaron avait du temps à tuer, chose qui le terrorisait réellement, en ce moment. N'avoir rien à faire se traduisait inévitablement en une réflexion plus cruelle que jamais sur ce qu'il était en train de devenir et sur ce qu'il adviendrait, et il finissait toujours ivre mort dans ces instants de creux. Impossible à réaliser en plein Ministère, Aaron en était donc réduit à penser.

Penser à Amanda, évidemment. Deux semaines, ce n'était rien, mais qu'était-elle devenue? Avait-elle réellement passé tout ce temps chez son horrible jumeau? Il se prit à se demander si elle aussi pensait à lui, et comment. Elle lui manquait. Terriblement, à chaque seconde, et le vide en lui n'était plus comblé, plus comme avant. Il lui manquait, à elle? Ou peut-être qu'elle n'y avait même pas réfléchi. Peut-être qu'elle était très heureuse, soulagée, qu'elle faisait d'autres rencontres...

Penser au divorce, aussi. Un divorce... Il ne savait pas ce que ça représentait exactement, il ne savait pas quel compromis il devrait faire, quel sacrifice - s'il y en avait vraiment. Aaron se sentait nauséeux rien qu'à l'idée qu'il était en train de se construire la même vie que ses parents, avec une exactitude terriblement troublante. Eux aussi avaient perdu un enfant, et eux aussi avaient divorcé peu de temps après. Sauf que pour Aaron et Amanda, ils avaient tenu plus de cinq longues années. Mais c'était inexorable, apparemment.

Aaron ne fut qu'à moitié étonné d'arriver seul au bureau mentionné dans sa lettre. Il avait quelques minutes d"avance et Amanda, absente du Ministère en ce moment - d'après ce qu'il en savait - n'avait aucune raison d'être déjà là. Les salutations avec le juge furent glaciales, et Aaron, après avoir déposa sa veste sur le dos de sa chaise, s'installa sans un mot et se mura dans un mutisme borné.

Il se mettait à appréhender la venue d'Amanda. Comment réagir face à elle? Devait-il... Lui serrer la main, lui faire la bise...? Devait-il simplement lui dire bonjour, ou aller jusqu'à s'empêcher de la regarder? Pourtant, il en mourait d'envie... Oui, mais non. Définitivement, non. Ils allaient s'ignorer aujourd'hui comme ils l'avaient toujours fait.

Aaron tripotait un bibelot sur le bureau du juge quand la porte s'ouvrit dans son dos. Il se figea, crispa les doigts, et entendant sa femme arriver derrière lui, il se leva. Politesse et galanterie obligent, n'est-ce pas...

Lentement, Aaron se tourna vers les nouveaux arrivants, forçant ses yeux morts à se focaliser sur la présence masculine. Le visage d'Aaron se durcit alors qu'il fixait Thomas Collin, une lueur de dégoût, de menace, clairement affichée sur ses traits burinés. Faisant toujours en sorte de ne pas se mettre à contempler celle qui deviendrait bientôt son ex-femme, Aaron s'efforça de bien faire comprendre à son jumeau qu'il n'en resterait pas là. Le juge prit alors la parole, et Aaron grimaça ostensiblement lorsque Thomas embrassa le front de sa soeur. Sa grimace était toujours présente lorsqu'il se rassit après Amanda et se mit à rejouer avec le bibelot du vieux juge.

L'impatience d'Amanda crispa un peu plus son visage, mais Aaron ne dit rien, observant résolument l'objet magique qui ressemblait à s'y méprendre à un boulier, changer de couleur à chaque tape qu'il lui donnait, du bout du doigt. Le juge eut un petit rire dénué de joie avant de répondre à Amanda:

- " Ne mettons pas la charrue avant les Hyppogriffes, Miss! Il y a d'abord quelques détails à régler. Tout d'abord, pour délier le Serment Inviolable que vous avez prononcé à votre mariage, je vais vous demander de me remettre vos alliances."

Le regard du juge se fit plus chaleureux quand il se pencha tout particulièrement vers Amanda pour rajouter:

- " Evidemment, je vous les rendrais juste après."

Aaron faisait la moue, relevant ses prunelles sur le vieil homme. Le geste en soi ne le dérangeait pas, surtout si on lui rendait après, mais il était légèrement mal à l'aise en songeant qu'il n'avait jamais retiré cette bague de son doigt. L'enlever, c'était comme clore définitivement cette histoire et tourner la page pour peut-être passer à autre chose, car la remettre après la signature du divorce ne rimait à rimer. Il tendit légèrement la main, regarda son alliance dorée avec une indifférence froide, captant mentalement cette image pour la garder conservée dans le coin nostalgique de son esprit. A croire que ses doigts étaient plus fins lorsqu'il s'était marié, Aaron dut tirer avec force sur son alliance pour finalement la faire glisser de son anulaire. Il fut malgré ça le premier à la déposer sur le bureau, l'anneau d'or tournant un moment sur lui-même dans un chuintement de métal, comme une pièce de monnaie qui refuse de se stabiliser. Il serra et desserra le poing plusieurs fois, une marque rouge enserrant son doigt comme un fantôme de son alliance.

- " Un petit point que nous devons voir aussi pour vous, Miss..." reprit le juge en se concentrant sur Amanda.

Aaron s'efforça de trouver une position plus confortable sur l'affreux siège du juge, visiblement incapable de tenir en place. Un peu avachi, il pianotait du doigt sur le bras de sa place, gardant toujours le silence.

- " Avant de signer, il va falloir me dire si vous souhaitez recouvrir votre nom de jeune fille, Collin, ou si vous préférez conserver votre nom de femme mariée, Millers. Bien entendu, ça ne changera pas grand chose, c'est un point strictement administratif."

Le regard d'Aaron se voila très nettement et il se figea. Il n'avait pas pensé à ça. Dans un coin de sa tête, il savait très bien ce qu'il voulait entendre sans trop l'espérer. Si Amanda avait décidé de le rayer de sa vie, elle n'hésiterait pas à délaisser ce nom, et obligerait peut-être Melissa à l'oublier aussi.

Lentement, il se tourna vers elle, son visage n'exprimant rien et ses deux yeux délavés non plus. C'était la première fois qu'il la regardait depuis ses deux semaines, mais il ne se sentit pas aussi bien qu'il l'avait cru alors. Il ne pensait pas à l'observer tout entière, à détaille ses traits et ses courbes. Il attendait juste sa réponse, un peu douloureusement, il attendait juste de savoir si elle redeviendrait pour lui une illustre inconnue, ou un joli souvenir de son passé.

A peine avait elle fait un pas dans ce bureau qu’elle avait eu la sensation d’étouffer…Elle appréhendait tellement cette journée qu’elle avait l’horrible sensation que toutes ces appréhensions de ces dernières semaines lui étaient lourdement retombées sur les épaules…Elle les avait tellement fuis et pourtant, c’était inévitable, elle ne pouvait pas fuir Aaron, il fallait sa signature pour divorcer ! Malgré qu’elle s’en serait bien passée ! Oh oui elle se serait passée de cette signature, comme elle se serait passée de ce divorce ! Mais IL l’avait choisi ! Il l’avait poussé jusque là et si aujourd’hui ils se retrouvaient tous deux assis dans le bureau de ce juge ce n’était nul autre que par sa faute à lui et à lui seule ! Malgré tout, Amanda ne parvenait pas à poser son regard sur l’homme, qui serait dans quelques instants seulement son ex-mari. Elle le connaissait depuis si longtemps maintenant…malgré qu’ils n’eurent plus le moindre point commun ces derniers années, il avait pourtant fait partie intégrante de sa vie. Aaron avait influencé ses choix, il l’avait fait changé…Depuis Poudlard…Et maintenant tout prenait fin. Mais, peut être était il tant que tout se termine, peut être devaient ils enfin passer à autre chose…peut être auraient ils du passer à autre chose depuis déjà 5 ans.

Amanda put sentir derrière elle, le regard de Thomas qui foudroyait Aaron, tout comme elle pouvait deviner le regard haineux de son ex-époux…Oh oui, il était furieux ! Furieux de voir cet homme ici, là à attendre que sa jumelle quitte enfin ce sang mêlé, qu'ill était ! Impatient de retrouver sa sœur, de la garder « du bon côté ». Mais, Amanda savait qu’Aaron bouillonnait, il ragé et s’il n’y avait pas eu la présence du juge peut être aurait il été moins métrisable. Mais, que pouvait il y faire ? Désormais, le seul qui avait le droit de l’approcher c’était son jumeau, Thomas était le seul à avoir le moindre droit sur elle. Comme autrefois. Amanda n’en était pas mal à l’aise ou tout au moins elle faisait en sorte de ne pas le paraitre face à Aaron. Bien au contraire son regard était impénétrable et elle sourit à son jumeau lorsqu’il l’embrassa avant de quitter la pièce et de la laisser à cette atmosphère pesante. Ca y est…il était temps que tout change, enfin. Mélancolie, nostalgie, amertume, regret, haine…tout se mélangeaient en Amanda et elle se buttait à ne pas poser son regard sur Aaron, un seul regard et elle pourrait faillir…mais elle n’en avait pas le droit.

Assise face au juge, elle voulait que tout se termine au plus vite, qu’enfin, elle puisse clôturer cette histoire désastreuse qu’avait été son mariage…Un beau fiasco ! un fiasco qui l’avait fait souffrir tant et si bien qu’elle avait la sensation de ne plus pouvoir ressentir un jour la moindre peine. Ainsi lorsqu’elle demanda où elle devait signer, elle priait intérieurement que le juge lui indique l’emplacement où apposer sa signature et qu’il lui permette de rejoindre son jumeau à l’extérieure…bien évidemment, Amanda n’était pas stupide et elle savait cet espoir parfaitement utopique et que son divorce durait bien plus que cinq petites secondes…il y avait encore de nombreuses modalités à régler, des modalités non des plus plaisantes. Ainsi ce fut sans aucune surprise que le juge lui déclara qu’il avait encore besoin d’elle et qu’Amanda demeura assise se bornant à ne pas tourner la tête vers son futur ex époux malgré qu’elle en mourut d’envie.

Il voulait son alliance ?! son alliance à elle ?! Pour Amanda se petit anneau faisait partie d’elle-même, tant et si bien qu’elle en était venue à en oublier l’existence, elle la portait depuis si longtemps que l’enlever ne lui était pas même venue à l’esprit lorsqu’elle avait quitté à Aaron. Cette petite bague, pourtant si simple, représentait pour elle à la fois tout et rien. Son existence et son echec. Elle tenait à cet anneau autant qu’elle tenait à son époux, mais il allait de soi que tout comme à Aaron, elle ne devait plus tenir à ce petit bout de métal inutile qui la retenait dans un passé dérisoire ! Alors, doucement Amanda ôta son alliance et la déposa sur le bureau à côté de celle d’Aaron, étrangement, elle eut la sensation qu’il lui manquait quelque chose, un vide se forma au plus profond d’elle-même. En ôtant cette alliance elle avait la sensation de laisser un petit bout d’elle-même, de sa vie, de son passé…Etrange sensation qu’elle éprouvait à cette instant mais qui ne paraissait pas sur son visage de porcelaine. Amanda semblait aux yeux de tous insensible.

_ Voilà, et ne vous en faites pas il est bien inutile de me la rendre. A vrai dire…je n’y tiens pas.

Pure et simple absurdité…Mais Amanda savait mentir à la perfection, elle avait toujours su mentir, elle avait tout simplement appris à mentir, être élevée dans le mensonge a toujours ses avantages…Et aujourd’hui elle mettait à profit l’enseignement de toute une vie. Elle ne devait pas perdre la face et surtout pas laissait voir à Aaron qu’elle ressentait encore quoi que ce soit. Rien de bien difficile car son ex-époux avait depuis bien longtemps oublié comment elle fonctionnait, il ne savait plus décrypter celle qui avait été son épouse, l’alcool ayant probablement obscurcit ses facultés mentales. Ainsi, elle mentirait durant tout cet entretien et semblerait plus insensible qu’un bloc de marbre. Elle serait la parfaite petite aristocrate distinguée et perfide qu’elle avait été dans des temps bien lointain. La jeune femme qu’il avait fait changé il y avait de cela bien longtemps, lorsqu’il savait encore la comprendre.

Cependant le juge n’en avait pas terminé et la question qui suivit ne fit en rien sourire Amanda…gardait elle son nom de femme mariée ou bien reprenait elle celui de sa famille…Question à laquelle elle aurait aimé ne jamais avoir à répondre. Millers, Collin…Collin, Millers…pouvait elle seulement faire un choix ! Autrefois elle en avait renié un pour prendre l’autre et aujourd’hui elle devait à nouveau faire ce choix, enfin bien qu’il n’eut s’agit ici, pas d’un choix mais d’une obligation. Elle n’était plus la femme d’Aaron Miller et sa famille comptait bien sur le fait qu’elle retrouve son nom de jeune fille, un nom que tous estimaient digne ! Ainsi, elle serait Amanda Lucinda Collin, tout comme sa fille retrouverait ce nom…Aaron ne serait qu’un lointain souvenir, souvenir d’un passé terminé et dépassé…d’une histoire lointaine.

Amanda sentit alors le regard d’Aaron se posait sur elle, elle savait parfaitement ce qu’il se passait dans sa petite tête, il allait de soi qu’il aurait désiré qu’elle garde son nom…Et sans même le voir elle se doutait que son visage dessinait son appréhension. Pourtant, il aurait du savoir, il aurait du comprendre que si elle partait, il ne la reverrait plus, plus rien ne les lierait…plus même Mélissa car s’il la perdait, il perdait leur fille. Malheureusement il aurait du y réfléchir plutôt car aujourd’hui il était trop tard. De ce fait, après de longues minutes de silence, Amanda retrouva l’usage de la parole et calmement, presque indifférente, elle prononça les derniers mots qui clôturaient leur divorce.

_Il va de soi que je souhaite reprendre mon nom de jeune fille et je renonce de ce fait au nom de Millers. Tout comme ma fille, dont je demande la garde exclusive.

Elle avait mal rien qu’à prononcer ces mots…Elle se détestait elle-même de priver Aaron de sa fille. Mais, Mélissa devait apprendre à vivre différemment aujourd’hui et son père, ne devait plus faire partie de cette nouvelle vie.

Le juge observa quelques instants la jeune femme et la connaissant depuis qu’elle était haute comme trois pommes, Amanda savait qu’il approuverait tout bonnement cette demande, soupçonnant son père d’être déjà intervenu dans son divorce. Ainsi, lorsque le vieux juge tourna son regard sur Aaron et qu’il reprit la parole, Amanda en profita pour détourner le regard et posé son regard azuré sur la fenêtre, se dégoutant elle-même de ce qu’elle faisait subir à Aaron car malgré qu’il n’eut jamais été là pour elle, elle avait bien du mal à le faire souffrir autant qu’il l’avait fait souffrir.

_Bien, Miss Collin. Mr. Millers avez vous quelque chose à ajouter, si ce n’est pas le cas je vous demanderais de signer là, ce qui vous déchargera de vos droits de père

Avec un regard noir, morose, Aaron observa l'alliance d'Amanda vibrer quelques instants sur le bureau avant de s'arrêter tout près de la sienne. De là où il était, il pouvait lire les inscriptions finement gravées dans l'or de l'anneau, sur l'intérieur. Le jour, le mois, l'année de leur mariage, une date qui ne voulait plus rien dire, et le message qu'il avait fait inscrire quand il lui avait enfin demandé de l'épouser. "Eternal Brilliance of our Love"... Pfff, quelle conneries! Autant dire qu'à l'époque, Aaron était beaucoup plus romantique... autrement dit, qu'il était encore plus stupide...

Maintenant que le couple d'alliances reposait paisiblement sur le bureau du juge, Aaron se remémorait avec une exactitude troublante le jour où ils s'étaient unis, jour poussiéreux dans sa mémoire trop sélective. Le verre brisé devant l'arche pour la tradition juive, la joie et l'excitation... Il se souvenait des visages radieux de leurs amis, de sa famille à lui, il se souvenait du décor extérieur en plein soleil, il se souvenait de la musique jouée, du buffet et des tables dressées face à un petit orchestre magique... Il se souvenait du long tapis rouge, sur lequel il avait marché en feintant un sourire, complètement nerveux, il se souvenait de la tension palpable malgré l'air joyeusement niais de tous les invités, et il se souvenait de la beauté d'Amanda, lorsqu'au son de la célébrissime musique, elle s'était avancée vers lui dans sa splendide robe blanche... Et plus encore, il se souvenait de ce moment intense, ensorcelant, où il lui avait doucement passé la bague au doigt, les yeux dans les yeux, et où en retour, elle lui avait enfilé la sienne... A ce moment-là, ces alliances voulaient tout dire, elles étaient porteuses d'un message d'amour-pour-toujours, solennelles, éternelles, et ils étaient heureux tous les deux de les porter jusqu'à la fin des temps...

De nouveau dans l'instant présent, Aaron se murait à ne plus poser ses yeux sur son ancienne alliance, ni sur Amanda. Elle venait de dire qu'elle n'en voulait pas. Qu'elle n'en voulait plus. Que cette grande part de leur histoire commune ne signifiait plus rien pour elle. Et pire, pire encore, elle n'y avait jamais tenu. Jusque là, elle lui avait menti, tout simplement menti. Etonnamment, c'est ce qui lui fit le plus mal. De se rendre compte qu'il s'était marié pour rien à une femme qui ne l'avait certainement jamais vraiment respecté, d'avoir passé 20 ans en compagnie d'une personne qui le méprisait pour son sang et son origine. Il ne mettait pas en doute son amour, pas encore, mais il comprenait à présent qu'Amanda n'avait jamais changé et que la carcasse au sang pur dormait toujours sous les illusions de ses dernières années communes. Elle resterait la même et se marier n'avait strictement rien changé dans son attitude ou ses pensées; sa façon de réagir avec Thomas en était une vision accablante. Elle lui prouvait enfin, elle lui montrait finalement sa véritable facette, la poupée automatique réglée sur la volonté de son père et de son frère. Celle qu'il avait cru connaître n'avait jamais existé, il avait été parfaitement utopique de penser qu'il avait masqué le côté d'Amanda qui ne méritait pas de voir le jour. Cette femme là, à qui il aurait confié sa vie et ses principes, à qui il aurait tout promis, tout donné, le faisait souffrir comme un poison. Mais bon dieu, qu'il aimait ce poison! Comme il était indispensable à sa survie! Oh oui, comme il l'aimait, cette perfide Sang Pur qui le malmenait avec délectation, il l'aimait encore et il l'aimerait toujours malgré chacun de ses coups bas! Douloureuse ironie, mais pourtant tellement commune, de mêler avec passion la haine à l'adoration, et s'en faire mal, s'en faire mal... Aimer l'être cher, l'être détesté, jusqu'à se faire mourir de douleur... Etait-ce là son destin...? De terminer comme un de ces pauvres loosers de poètes, dévasté d'amour et de chagrin?

Certainement pas. Aaron n'était pas comme ça. Lui, il préférait se voiler la face et mystifier ses sentiments. Et Amanda, si elle ne l'avait toujours pas assimilé, découvrirait bien assez tôt qu'au jeu de dire des choses blessantes, de faire mal gratuitement pour cacher ses vraies pensées, Aaron était beaucoup plus fort qu'elle. Et surtout beaucoup plus crédible.

- " Gardez la mienne aussi. Impossible à revendre." marmonna-t-il en levant les yeux au ciel.

Adieu, l'alliance, et adieu les souvenirs... Aaron suvivrait bien à tout ça, et les inscriptions serties dans l'or s'éroderaient comme son passé. "C'est la vie"... il finirait par comprendre cet adage.

Il jeta un dernier regard à son anneau matrimonial avant que le juge ne referme ses grosses mains dessus. A présent, au lieu d'attendre la sentence caractéristique de sa femme, il se demandait bien comment Amanda pourrait bien réagir. Orgueuilleuse comme elle l'était, elle ne répondrait certainement rien, mimant l'indifférence, ou renchérirait sur une note plus glaciale encore. Ils escaladeraient ainsi les marches d'une dispute qui pointait à peine son nez à l'horizon.

Aaron détourna la tête et le regard bien vite quand Amanda prit la parole. Le juge tenait encore les alliances, sans rien faire d'autre que les observer, et Aaron crut comprendre qu'il attendait simplement une dernière validation de la part de "Miss Collin". Et lui, il avait son mot à dire...?

Visiblement, non. Encore une fois, l'Auror prit soin de laisser couler sur sa carapace les mots d'Amanda, et à part un tressaillement de la mâchoire, il n'eut aucune réaction visible. Pourtant, à l'intérieur, son cerveau s'activait furieusement, chassant les pensées parasites et les songes inutiles. Plus les secondes défilaient, et plus il y voyait clair dans le petit jeu de sa chère future ex-femme, et il considérait avec une forte lassitude ses tentatives pour lui enlever tout ce qui lui était cher, tout ce qui pouvait encore le rendre digne. Aaron eut un très léger soupir, baissa un instant les yeux. Il se mit à frotter son visage pesamment, comme s'il réfléchissait vraiment, comme s'il cherchait une alternative à ce qu'elle exigeait si cavalièrement. Mais il n'oubliait pas... Il n'oubliait pas qu'il était juste lui, qu'il était juste Aaron, et que son manque de volonté était égal à son irresponsabilité légendaire.

Découvrant son visage morne, Aaron rapprocha dans un petit raclement sa chaise du bureau du juge. Il ignorait totalement Amanda, à présent, allant jusqu'à nier sa présence. Cela serait plus facile, plus rapide... Il commençait à avoir tellement soif... Tellement peur... Alors plus vite cette histoire serait loin derrière lui, plus vite Aaron pourrait se rassurer dans un torrent d'alcool...

Le juge lui proposait ses choix, mais Aaron n'en voyait qu'un seul qui pourrait contenter tout le monde. Tant pis pour lui, il n'avait guère le temps d'y songer pour le moment. Laissant errer son regard terne sur la baguette magique que le juge levait devant les alliances pour faire disparaître les traces de Serment Inviolable qui les empêcherait de refaire leur vie, Aaron se saisit de la plume épaisse posée sur le bureau et mise spécialement à sa disposition pour qu'il signe de foutu contrat.

Lourdement, il se pencha vers le document officiel dont les mots compliqués ne voulaient rien dire, leva la plume. Les clauses s'étaient notées magiquement au rythme des mots d'Amanda, et la dernière case, rouge vif, stipulait clairement que sa signature lui enlèverait ses droits de père. Que sa fille ne porterait plus son nom. Qu'il n'aurait pas le droit de demander de visite. Qu'il ne pourrait pas aller la voir à ses spectacles d'école. Qu'il ne saurait jamais quelle magnifique Gryffondor elle ferait...

La pointe griffue de la plume rencontra le papier blanc et une goutte d'encre s'y déposa. Aaron fixait sans la voir cette tâche bleuâtre, son esprit s'emballant dans un tumulte de pensées incoordonées. Toutes ces choses qu'il manquerait... Tous ces évènements dont il ne serait jamais témoin... Il poussa la main, et le "M" soigné de "Millers" commençait à s'articuler sur la feuille, mais son esprit ne le laissa pas en repos.

C'était Thomas qui allait voir toutes les premières fois de sa fille. C'était lui qui ouvrirait avec elle, fébrilement, sa lettre d'admission à Poudlard. C'était lui qui lui achèterait sa première baguette magique. C'était lui qui lui ferait les sacro-saintes préventions contre les garçons.

La plume venait de remonter faire le "i", quand il se figea.

C'était lui qui veillerait sur elle. C'était lui qui l'éduquerait et en ferait une parfaite pourrie-gâtée, sans sentiment, une sang-pur qu'elle n'était pas.

Aaron redressa légèrement la tête. Soudainement, comme un coup de tonerre, beaucoup de souvenirs lui revenaient. Des instants de la vie captés inopinément, sans qu'il ne puisse dire pourquoi, comment...

Il se revoyait, penché sur le gros, gros ventre d'Amanda, lorsqu'elle dormait. Il se revoyait coller doucement l'oreille contre la peau arrondie, tentant d'écouter le boucan que pouvait bien faire sa fille à l'intérieur sans réveiller sa femme, surtout. Il se revoyait poser doucement ses deux mains autour du nombril et murmurer à sa chère Melissa qu'elle aurait la plus belle vie du monde.

Il se revoyait aussi portant un bébé très brun dans ses bras, qui hurlait à la mort. Il se revoyait paniquer, sans savoir quoi faire pour calmer sa fille alors qu'Amanda était sortie. Il se revoyait avoir, par dépit, fait apparaître un papillon de lumière* de sa baguette, qui avait égayé sa fille de longues nuits durant.

Il se revoyait au-dessus de son lit, très tard, l'observer dans son sommeil car il n'y avait que là qu'elle ne pouvait pas voir sa laideur et son manque de discernement. Ce souvenir-là était plus récent, un mois ou deux à peine dans sa mémoire. Il se revoyait passer derrière l'oreille de sa fille une mèche ondulée de ses cheveux noirs, puis remonter doucement la couverture sur ses frêles épaules de fillette en prenant bien garde qu'elle ne s'éveille pas.

Des souvenirs comme ça, il en avait très peu. Il avait gâché à petit feu la relation unique qui peut exister entre un père et sa fille, par son absence, son comportement et ses excès. Ce n'était que maintenant qu'il se rendait compte que ses souvenirs là lui étaient agréables, tant il était habitué à détester et redouter toute chose qui provenait de son passé. Des moments comme ça, c'était niais à dire, mais il en voulait d'autres. Beaucoup d'autres. Si c'était la seule chose de positive qu'il pouvait tirer de son mariage raté, si Melissa était la dernière bribe de bonheur, de beauté, qui existait chez lui, alors il la conserverait soigneusement. Elle était un morceau de lui, plus encore qu'Amanda, plus encore que cette stupide alliance, et d'elle, il ne pouvait pas se séparer. Bientôt, il ne serait plus rien pour Amanda qu'un inconnu; mais il resterait pour toujours le père de Melissa Millers.

Aaron se redressa complètement. Il était resté quelques secondes inactif, immobile, mais à présent que tout était clair dans sa tête, il fronçait les sourcils, serrait trop fort la plume qui tremblait dans ses doigts. Après une nouvelle moue, il raya son début de signature en appuyant le plus possible sur la pointe fragile de l'instrument qui finit par se fissurer.

En silence, lentement, il repoussa la feuille et la plume tordue en affichant sur ses traits une mine ni trop indifférente, ni trop explicite. Croisant les mains sur son ventre, encore à demi-avachi sur la chaise, il haussa les épaules.

- " Je refuse."

Sans regarder Amanda, il recula légèrement sa chaise du bureau, agacé à présent par la proximité du juge corrompu. L'instant de silence ne se prolongea pas beaucoup.

- " Je refuse de me séparer de mes droits paternels et je refuse que ma fille prenne un autre nom." déclara Aaron très froidement, de sa voix si grave au timbre purement écossais. "Elle s'appelle Millers depuis qu'elle est née, et je ne vois pas pourquoi ce divorce changerait ça. Ce n'est pas elle qui se sépare de moi, à ce que je sache? Alors ce sera Melissa Millers jusqu'à ce qu'elle se marie elle-même..."

A cet instant, ignorant la réaction du juge, Aaron laissa son regard se poser sur Amanda et une très petite lippe se posa sur ses lèvres. Mais ça ne dura qu'une seconde, car juste après, Aaron se retournait vers le juge.

- " Je suis prêt à prendre des mesures, à engager n'importe quelle poursuite ou je ne sais quoi... Ce sera une garde partagée ou rien. Sans ma signature, ça va être dur de conclure, pas vrai? Hein?"

Plus rien d'innocent ou de sympathique ne trouvait sa place sur son visage, désormais. Ce n'était pas clairement une menace qui dominait son expression, mais quelque chose de profondément mauvais, revanchard... Jamais il ne laisserait sa femme lui voler sa fille. Surtout pour la confier à un monstre comme son jumeau. Il pouvait très bien changer, il pouvait passer tous les examens du monde, mais il AURAIT cette garde partagée. Si Amanda désirait voir sa fille 24h/24 et 7j/7, elle n'avait qu'à retourner habiter avec lui. Point.

- " Ahh, et au fait... Je vais conserver mon alliance, finalement. Je voulais la lui donner plus tard comme un rappel de ce que coûte le mariage... Peut-être qu'elle saura ne pas faire la même erreur."

Et une nouvelle fois, il se tourna vers Amanda.

[* : Cindy Sanders for EVERRRRRR! Laughing

]

Sous le tintement de son alliance elle avait l’impression de voir sa vie défiler devant son regard. Son alliance ôtée, ces paroles prononcées…Elle perdait peu à peu une partie d’elle-même, elle laissait cette femme pourtant dévouée et aimante qu’elle avait été pour recouvrir le masque d’Amanda Collin, détestable jeune femme qu’elle eut été dans des temps qu’elle croyait révolus…

Devant son regard bleuté, elle revoyait toutes ces années passées avec Aaron, elle revoyait tous ces moments de bonheur, mais aussi de déchirements qu’ils avaient vécus. A vrai dire, sa vie s’était toujours résumée à Aaron, elle l’avait connu à Poudlard et depuis ne l’avait plus quitté. Elle était à lui, il était à elle…et ce pour l’éternité. Ils l’avaient pensé, ils avaient cru qu’il en serait toujours ainsi, que rien ne pourrait les séparer. Ils étaient deux adolescents immatures qui ne connaissaient rien de la vie et pourtant ils avaient été plongés dans cette réalité étouffante bien trop brusquement. Elle se souvenait du jour de leur mariage, de cette angoisse qu’elle avait ressenti avant de marcher vers lui…Elle était seule ce jour là, personne pour lui tenir le bras et la rassurer jusqu’à l’autel. Sa famille n’avait pas été convié, Amanda avait choisi, et c’était Aaron qu’elle avait choisi. Puis lorsqu’elle avait vu son sourire nerveux, elle s’était sentie rassurée, apaisée. Elle l’aimait elle le savait.

Puis les choses avaient changé, James était né rendant son père raide dingue de lui, alors qu’il avait mis tellement de temps à se faire à l’idée qu’il allait être père…Les temps sombres n’avaient plus tardé et c’était alors Melissa qui en avait pâti…Un père absent, Aaron l’avait déçu. Elle n’avait aucun souvenir de lui durant sa grossesse ni même durant ces cinq dernières années. Il avait disparu, il avait oublié qu’il avait une famille et que surtout sa famille avait besoin de lui. Elle avait beau chercher dans ses souvenirs, elle ne parvenait pas à voir Aaron avec sa fille, oh si parfois lorsqu’elle le forçait à la garder mais sinon…l’avait il seulement pris de lui-même dans ses bras ? Lui avait il simplement accordé un sourire, à elle ou à Melissa ? Non pas qu’elle s’en souvienne. Un désastre, le bonheur n’avait été qu’éphémère…passager. Ils avaient cru en une utopie pure et simple. Et aujourd’hui ils étaient là, assis devant un juge à signer les papiers d’un divorce qu’elle avant pourtant tout fait pour éviter ! Mais Thomas avait fini par avoir gain de cause…Cela ne pouvait pas continuer ainsi, l’indifférence d’Aaron n’était plus supportable, alors à quoi bon ? à quoi bon attendre qu’il se décide à revenir vers elle ? Amanda n’avait pas pu attendre, elle en était incapable, elle avait déjà trop donné. Ils n’avaient jamais fait partie du même monde…tant et si bien qu’elle avait compensé le manque d’affection de son époux par l’affection si superficiel que lui apportait la haute société britannique. Paraitre…elle en était revenue à cette notion, par dépit elle en était revenue à tout ce qu’elle détestait. Elle était une sang pur et le resterait, son frère n’avait de cesse que de lui répéter. Le Divorce était la seule issue, Thomas l’avait dis. Si elle voulait retrouver les siens…son rang…elle devait quitter ce sang mêlé telles étaient les choses. Plusieurs mois que son jumeau le lui répétait, et Amanda n’avait plus la force de lui tenir tête. Pourtant…Il aurait fallu à Aaron, un geste, un mot pour la retenir…une seule petite marque d’attachement, d’affection…Et elle serait restée, pour lui, comme elle avait changé, pour lui. Mais rien. Mais il était parti et encore il l’avait fuis.

Amanda quitta ses pensées, son regard azuré se posant à nouveau sur les deux alliances délaissées, petit fragment de son passé…Fuyant ses souvenirs et ses sombres pensées, Aaron la ramena bien vite à la réalité, par sa méchanceté et sa fourberie. Il trouvait nécessaire de sur enchérir…il trouvait nécessaire d’en rajouter au sujet de leurs alliances, ça n’aurait pas été lui s’il ne l’avait pas fait. Il se croyait plus malin ? il pensait pouvoir l’atteindre par de telles bassesses ? La connaissait il si mal ? Peut être…en tous les cas il ne connaissait pas la Amanda qu’elle avait été avant de le rencontrer. Elle était douée pour de telles bassesses, elle aussi savait frapper là où ça fait mal et de ce fait elle ne manqua pas une seule seconde de répondre à cela, son regard dur ne se posant pas même sur Aaron, non elle se contenta de se tenir droite sur son siège et de rétorquer sur un ton neutre et ferme.

_Oui car comprenez que Mr Millers, a besoin d’argent.

C’était très bas, elle le savait pertinemment mais s’il voulait jouer à ce petit jeu, il allait perdre, oh oui il allait perdre très gros ! Amanda n’était pas facile à abattre, elle savait jouer sur les mots et en tant qu’ancienne Serdaigle, elle avait toujours été dotée d’une intelligence remarquable…qui plus est, ses capacités n’étaient en rien altérées par l’alcool. En comme il avait perdu d’avance face à sa perfidie et sa froideur remarquable. Une vraie poupée de glace, il n’en parviendrait pas à bout. Thomas lui avait rendu sa carapace de glace, il lui avait rappelé, et à merveille, qu’une Sang pur ne dévoile pas ses sentiments, et qu’une sang pur doit être irréprochable en toute circonstance…L’enseignement d’une vie, l’éducation de son enfance. Tant de principe qu’Aaron ne pouvait comprendre mais qui pourtant composés celle qui serait dans quelques instants son ex-femme. Elle avait changé…ou non…elle était redevenue elle-même. Celle de « avant » Aaron, elle était celle que son frère voulait voir.

Son regard, son visage étaient complètement indifférents. Elle regardait par la fenêtre, belle et silencieuse, elle attendait qu’Aaron signe, qu’elle puisse définitivement tracer un trait sur son passé, sur lui. Qu’en adviendrait il après cela ? Elle ne le savait que trop bien… Thomas veillerait personnellement à l’éducation de Melissa, celle-ci serait éduquée dans les régles de la bienséance et du protocole, comme elle-même autrefois. Thomas prendrait grand soin à ce que Melissa devienne irréprochable et il ferait en sorte que sa jumelle ne s’éloigne plus du cercle familiale…Une petite vie bien rangée et surtout toute tracée attendait Amanda avec un potentiel nouveau mariage à la clef…Rien qui ne l’enchantait, elle se sentait déjà oppressée par cette vie qui l’attendait et elle en voulait à Aaron de l’avoir poussé à nouveau dans tout ce qu’elle avait hais et fuis par le passé. Alors qu’il signe et qu’elle oublis son regard, qu’il signe et qu’elle puisse cessée de regretter, de le regretter ! Elle préférait qu’il la déteste car plus il la détesterait et plus il serait facile pour elle de l’ignorer…

Ainsi perdue, elle ne réalisa qu’après ce que venait de dire Aaron…Il refusait. Refusait ?! Il ne voulait pas signer ?! A quoi jouait il ? Il ne s’était jamais préoccupé de Melissa et aujourd’hui il refusait de renoncer à quelque chose dont il ne s’était jamais préoccupé ?! Soit, ses devoirs de père ? Cherchait il vraiment à lui faire du mal ? Lui en voulait il tant ! Soudainement avait il pris conscience qu’il avait une fille ? Amanda considérait qu’il était un peu tard. Elle avait une envi folle de le gifler, de lui faire regretter sa présence en ces lieux ! Ainsi son regard azuré finit par se poser, pour la première fois depuis son arrivée dans ce bureau, sur Aaron. Son regard était glacial, impénétrable. Il voulait une garde partagé ?! Il voulait voir sa fille ?! mais n’avait il pas eu le temps de la voir durant 5ans. Il voulait qu’elle continue à porter son nom…il ne méritait pas cela, il ne méritait pas sa fille et cela Amanda comptait bien le lui faire entendre.

Ses iris se posèrent sur le juge qui regardait interloqué Millers, Amanda reprit la parole avec beaucoup de froideur, sa voix fut irrévocable.

_Laissez nous !

Le juge fronça les sourcils se demandant probablement pourquoi voulait elle qu’il quitte les lieux quelques instants…

_Mais…Miss Collin !

Amanda regardait Aaron, elle était furieuse et elle savait qu’il la connaissait suffisamment pour le savoir, Oh oui il en était parfaitement conscient !

_J’ai dis Dehors !

Le juge rechigna mais voyant qu’Amanda était déterminée il préféra quitter la pièce rapidement. La jolie brune se leva alors, elle ferma la porte à clef puis en revint à Aaron. Il croyait qu’il pouvait jouer avec ses nerfs de la sorte, qu’il pouvait la défier comme bon lui semblait tout simplement parce qu’il était un égoïste né !? Non cela elle ne lui permettait pas, elle ne lui permettait pas de réclamer une fille dont il n’avait jamais voulu avant aujourd’hui ! Alors ce fut inévitable et elle le gifla violemment.

_Tu crois que tu as le droit de faire ça ?! Tu crois que tu as le droit demander la garde de Melissa ! Depuis quand ta fille t’intéresse t’elle, Aaron ?!

Amanda l’interrogea du regard, il avait tout intérêt à être convainquant s’il ne souhaitait pas se prendre une deuxième gifle. Elle était folle de rage, tout était confus en elle, ses sentiments oscillant entre haine et amour. Ce n’était qu’un imbécile ! un imbécile finit et s’ils en étaient c’était sa faute ! Sa faute à lui !

_Je refuse, tu attends ?! je refuse que tu puisse voir Melissa ! Pourquoi ? parce que jusqu’à aujourd’hui tu te foutais bien de ce qu’elle devenait ! Je n’accepte pas que tu puisses vouloir me priver de ma fille juste pour ton bon plaisir ! C’est de ta faute Aaron si tu en es là, si nous en sommes là !

La jolie brune attrapa la plume sur le bureau et la jeta à Aaron avec négligence, il allait signé, elle ne lui laisserait pas le choix.

_Signes moi ces papiers…qu’on en finisse une bonne fois pour tout… tu me fatigues Aaron.

Amanda sentait les larmes venir perler son visage de porcelaine, elle n’arrivait plus à contenir ses sentiments. Elle était lasse et fatiguée, elle en avait assez et faire trainer ce divorce était un vraie torture. Rageusement elle essuya les larmes qui souillaient son visage, se disant que si son frère la voyait dans cet état là…enfin elle ne préféra ne pas penser à son frère et reporta ses prunelles sur l’auror, son regard était pénétrant et attentif au moindre de ses mouvements. Il fallait qu’il se décide…il le devait, elle venait de craquer.

La petite pique tellement perfide de son ex-femme le fit sourire involontairement, et il accorda au juge un regard amusé, indulgent. Triste à dire, n'est-ce pas, mais il l'aimait encore plus lorsqu'elle était comme ça, à le détester, à presque l'insulter; car dans ces moments là, il n'avait plus à se forcer d'être mauvais et aigre, il le faisait naturellement... Et puis elle était drôle... et ce qu'elle disait n'était pas faux.

L'échange d'amabilités s'arrêta là, cependant. Le rictus d'Aaron ne l'avait pas totalement quitté quand le juge reprit la parole, satisfait de ne pas entendre de redondance de sa part. Il n'y avait pas grand chose à ajouter. Amanda l'avait proprement remis à sa place, et même si son égo typiquement masculin venait d'en prendre un sacré coup, il n'avait rien à répondre à ça et devait s'avouer qu'elle lui avait... "cloué le bec". Chose très difficile dans son cas.

Mais ce qui fut le plus amusant, c'était de scruter le visage d'Amanda après son refus clair, net et concis, dans l'attente de sa réaction. Il le voyait d'ici! Mais oui: le rouge qui lui montait aux joues, la stupeur, l'effarement, laissant place à une consternation et une colère véritables.

Il n'en fut rien. Amanda le regarda, calme et posée, et son regard d'obsidienne ne lâche pas le sien, tellement plus terne. La peau de nacre de son visage fin ne vira pas au rose, et aucun signe extérieur ne pouvait prouver ce qu'elle ressentait. Interloqué tout d'abord par ce manque de vigueur, l'Auror se rappela soudain qu'il avait en face de lui un automat froid, une poupée de porcelaine qui avait trop changé. Approuvait-elle sa demande? Acceptait-elle donc la garde partagée? Humm, voilà qui restait bien douteux, une victoire aussi simple sur son ex-femme n'était qu'une illusion dangereuse sur ce qu'elle lui préparait. La paranoïa d'un homme brisé a toujours de quoi effrayer... tout comme la froideur implacable d'une femme bafouée.

Aaron haussa lentement les sourcils, comme demandant poliment à Amanda ce qu'il lui prenait, les mains croisés, très décontracté sur sa chaise. Hé bien, quoi? Qu'elle réagisse, à la fin! C'était oui ou c'était non? Il la voulait, cette garde partagée, peut-être pas pour les raisons si pieuses et si dévouées qu'il s'était inventé, certes, et peut-être que sa volonté de faire tourner en bourrique sa chère Amanda n'était pas totalement innocente, mais... Raah, ELLE l'avait cherché! ELLE voulait lui voler sa fille, SA fille, sa petite Melissa, sa petite fille chérie, qui lui ressemblait tellement avec ses grands yeux verts émeraude... Hum. Brusquement, Aaron prit conscience que le silence d'Amanda n'était que le très célèbre calme avant la tempête... Et dans le cas d'Amanda, il s'agissait le plus souvent de vrai cataclisme...

Evidemment, elle se laissa emporter par son exaspération de femme, et Aaron n'eut même pas besoin de la questionner à voix haute qu'elle congédiait fermement le juge. La dureté de ses propres traits étaient toujours bien présente, agrémentée de son indifférence blessante, de sa rudesse qui lui donnait un air tellement inhumain. Hé oui, Amanda... Aaron était un rustre... Et bien qu'il se donnait l'air de sourire au juge pour se moquer de son air affligé, les rouages rouillés de son cerveau s'activait furieusement.

- " La dame vous demande de partir, monsieur le juge..." s'amusa Aaron sans déporter son sourire sur le magistrat, et le gardant profondément vissé dans celui d'Amanda.

Oui, voila... Enfin, enfin il voyait pointer cette rage, cette indignation, toute cette frustration furieuse qui s'épanouissait en Amanda comme un tournesol s'ouvrirait au soleil. Il la considéra un instant en plissant les yeux, sur une moue de gamin cruellement satisfait, ses joues bleuies légèrement gonflées par son sourire. Alors, finalement, mademoiselle la sang pur n'était pas si insensible que ça... Déposant nonchalamment son menton dans la paume de sa main, tapotant du doigt sa tempe douloureuse, Aaron jeta un très bref regard au juge berné, qui apeuré par le ton impérieux d'Amanda, quitta rapidement la pièce. Il se complaisait presque à la regarder, mais se redressa quelque peu lorsqu'elle se dépêcha d'aller verrouiller la porte. Le cliquetis du verrou sembla résonner en lui, comme un signal d'alarme.

- " Mais enfin Amanda, si tu voulais qu'on soit tout seul tous les deux, il fallait le..." commença Aaron d'une voix narquoise.

Le cynisme d'Aaron quitta sa voix et son visage avec une telle rapidité que c'en fut destabilisant. Il l'avait très bien vu se rapprocher de lui d'un pas sec et décidé, mais n'en avait pas eu peur, même lorsque de sa position, elle l'avait dominé. Il n'avait jamais craint Amanda au point de reculer devant elle ou d'en avoir peur... Il aurait peut-être du.

Il avait presque oublié la puissance de ses gifles. La claque repoussa brusquement sa tête sur le côté, son résonnement souffreteux se répercutant dans ses oreilles malmenées par la migraine. Il s'était évidemment interrompu, un peu sous le choc, et son premier réflexe fut de pincer les lèvres en baissant très légèrement les yeux. Sa réaction primaire, habituelle lorsqu'Amanda le giflait, avant... Mais maintenant, il fallait se souvenir qu'il n'était plus le mari d'Amanda Collin et qu'elle n'était plus son épouse... aussi ses droits de le gifler n'étaient plus valides...

Aaron retourna la tête vers elle, sa joue prenant rapidement une délicate teinte rouge. Il voulait se la masser pour apaiser les élancements qui partaient de cette trace imprimée sur sa peau, mais par pure fierté, il fit mine de ne rien ressentir. Ca lui aurait fait trop plaisir... Non, à la place, il soupira à peine, les jambes étendues devant lui, prostré sur son siège. Son sourire, cependant, s'était totalement évaporé et son visage était peu avenant, mauvais, morne. De son regard flamboyant de colère, il fustigeait Amanda qui ne se démontait pas et montait sur ses grands chevaux, haussant le ton, le réprimandant comme un enfant.

- " Evidemment, que j'ai le droit." répondit-il tout d'abord d'une voix qu'il peinait à maîtriser. "Evidemment! C'est ma fille tout autant que la tienne! J'en demande une garde partagée, c'est mon droit de père!"

Voir sa femme aussi bouleversée de rage lui mettait dans la tête une sorte de satisfaction sauvage, animale. Elle comprenait, à présent, ce qu'il pouvait ressentir? Ce qu'il ressentait quotidiennement à ses côtés? Cette frustration, cette hargne ininterrompue? Tant mieux! Elle le jugerait beaucoup moins par la suite si elle savait tout ça.

- " Tu refuses, hein? Tu refuses! Tu penses qu'il n'y a que ton avis qui compte, c'est ça? Manque de bol, chérie! On n'est plus à la maison!" lança Aaron en écartant vivement les bras.

Il détourna légèrement la tête lorsqu'elle lui jeta la plume, et l'expression de son visage s'afaissa encore un peu. Mais maintenant que sa langue si vengeresse s'était déliée, il ne tenait pas à s'arrêter en si bon chemin. Comme il était plaisant, comme il était soulageant d'enfin reprocher à quelque d'autre que lui-même des choses aussi... banales!

- " Je ne veux pas te priver de ta fille! C'est ton rôle, ça, ma jolie! C'est fifty-fifty! Je ne vois pas pourquoi on me priverait de mon sang!"

Le jet de la plume ne lui avait pas vraiment plu, mais la voix d'Amanda, par la suite, lui exigeant de signer ce foutu contrat... Les muscles de ses mâchoires se contractèrent très nettement sous sa peau encore rougie, et il eut un temps de silence... Puis son poing se serra sur la plume qu'il brisa en deux, avant qu'Aaron ne se lève brusquement.

Dépassant Amanda d'une ou deux têtes, l'expression sombre de son visage durcissant ses traits, Aaron avait quelque chose d'impression dans sa stature. Il la scruta un peu, avant de laisser tomber au sol la plume inutile, toute tordue.

- " Tu ne m'ordonnes pas de signer! Je fais ce que je veux, et je t'ai dit que je refusais! Je te l'ai dit... Roh, et puis arrête un peu de chialer, à la fin, merde!" s'exaspéra Aaron en voyant les larmes poindre sur le joli visage blessé.

Ses pleurs étaient d'autant plus blessant qu'il les avait lui-même infligé. Oui, il le savait pertinnemment, c'était de sa faute et il était en train de tourmenter sa femme...

- " Arrête... Arrête, s'il te plaît, pardon... Je..."

Non, son EX-femme, celle qui le harcelait pour un divorce dont il ne voulait pas et qui voulait lui subtiliser son enfant, celle qui lui reprochait tous les malheurs du monde et le prenait pour un sous homme à cause de son sang... Celle qui lui refusait jusqu'à un droit de visite à sa fille... Pourquoi, d'ailleurs? Pourquoi avec tant de force...? Avait-elle... Une raison valable?

Un doute subitement glissé sur son visage, Aaron se rapprocha de quelques pas d'Amanda. Il avait l'air un peu confus, comme s'il s'excusait de sa conduite, observant les larmes avec une certaine gêne. Il garda le silence un instant, leva la main, s'interrompit... Et rebaissa le bras. Il ne servait à rien de vouloir lui tapoter l'épaule. Elle l'aurait repoussé. Et puis, ce qu'il avait à dire n'avait rien de très rassurant, de très réjouissant.

- " C'est... C'est pas ma fille, c'est ça? Elle est pas de moi? C'est pour ça que tu veux pas?"

Aaron avait les sourcils légèrement froncés, penchant lentement la tête de côté. L'alcool lui soufflait que cette situation lui pendait au nez depuis longtemps et qu'il ne l'avait jamais remarqué, et soudain, une toute autre colère vint se figer sur ses traits de marbre. Oui, il aurait du s'en douter... Bien sûr, qu'il n'était pas le père de Melissa, bien sûr!! En son absence, Amanda n'avait pas pu rester tranquille...

- " 'M'étonne pas..." grogna-t-il, se haïssant de ce qu'il s'obligeait à dire. "Mais ça ne change rien. Qui est le père, alors?"

Tout d’abord, elle n’avait pas réagi, persistant à demeurer de marbre face au refus de son ex-époux. Elle le connaissait, elle ne le connaissait que trop bien à vrai dire…et son manque de réaction avait toujours été ce qui l’exaspérait le plus ! Aaron ne supportait pas qu’elle demeure de marbre et qu’elle ne démontrer aucun sentiment, alors que lui ne savait pas se contenir ! Encore une fois tout n’était qu’une question d’éducation. Elle, jolie statue de marbre, lui impulsif et inconstant ! Elle était insondable mais lui…elle savait qu’il bouillonnait intérieurement de la voir ainsi ! Amanda voulait l’agacer, elle voulait le mettre hors de lui…Elle voulait qu’il réagissait. Cependant garder au plus profond d’elle-même toute la haine qu’elle éprouvait pour lui à cet instant n’était pas une prouesse des plus simples…bien au contraire, Amanda prenait énormément sur elle et surtout, elle attendait que le juge quitte la pièce. Face à une ami de son père, elle n’avait pas le droit de craquer…face à Aaron, elle avait tous les droits. Elle avait le droit de hurler, de le frapper, de pleurer, de lui dire qu’elle l’aimait ou bien qu’elle le haïssait…Face à Aaron, elle n’avait aucune limite, car jamais il ne lui avait imposé la moindre limite. Mais…les règles du jeu changeaient elles parce qu’ils n’étaient plus mariés ?! Amanda ne le croyait pas…Même à Poudlard, elle avait toujours fait ce qu’elle désirait avec Aaron Millers !

Le juge finit par les laisser seuls, un regard frustré et à la fois interrogatif se posa sur elle, mais les prunelles de marbre d’Amanda firent rapidement comprendre au vieux juge qu’il avait tout intérêt à quitter les lieux…pour sa sécurité personnelle ! Une fois dehors et la porte fermée…l’attitude si narquoise et cynique de son ex époux eut raison des nerfs de la jolie brune et ce fut son self control qui la quitta enfin…Une gifle, violente, ferme et haineuse, démontrant à Aaron à quel point elle le méprisait. Tant et si bien, qu’il préféra laisser ses sarcasme de côté…Mieux valait il pour lui s’il ne désirait pas animer davantage la colère de la Sang Pur. Que croyait il ? qu’elle serait complaisante ?! Amanda ne l’était pas, elle ne l’avait jamais été ! Des gifles, il s’en était prit de nombreuses durant ses dernières années, et le divorce de le mettait en rien, à l’écart de la colère d’Amanda ! Il la cherchait, il la trouvait, telles étaient les choses…Telles allaient les choses ! Le jeu du plus fort, celui à la joute verbale la plus acérée…celui qui ferait céder l’autre le premier…un jeu vieux comme leur relation et qui ne cesserait probablement jamais.
Une gifle violente, et une réaction habituelle qu’il chercha pourtant à dissimuler…Il baissa les yeux un court instant et frôla sa joue écarlate. Une réaction qui le postait en position d’infériorité…Une position qu’il avait souvent rejoins ces dernières années…Un homme faible et inférieur. Le considérait elle véritablement ainsi ? le pensait elle si faible ? A vrai dire, elle ne savait plus, elle ne le reconnaissait plus. L’homme qu’elle avait épousé été un homme censé et fort, l’homme de qui elle divorcé était un être faible et abattu. De quoi se dire qu’elle ne perdait en rien au change. Malgré cela, Amanda n’était pas inhumaine et elle savait éprouver des sentiments…pour ce son cœur était meurtris, tirailler entre des sentiments si distinct, si confondus…Perdue, elle l’était, mais il ne le saurait jamais. Se montrer faible, revenait à lui donnait raison…Mais, Amanda ne sut pas contrôler bien longtemps ses sentiments et sa voix finit par la trahir, exprimant sa colère à son égard, la haine qui prenait peu à peu pied sur la raison…

Il n’était qu’un enfant égoïste ! Il avait toujours été un enfant égoïste ! Il ne pensait qu’à lui, qu’à ses petits problèmes personnel et son égocentrisme avait ruiné leur mariage ! Il fallait qu’il en prenne conscience, qu’il réalise qu’il était le seul en tord ! Mais non…lui préférait la voir elle en faute, comme celle qui désirait le priver de sa vie ! Alors il lui rendait bien et décidait de lui pourrir un peu plus la vie, en demandant cette satanée garde partagée ! Pourtant, tout aurait été si simple ! Il délaissé ce dont il n’avait jamais voulu, à savoir la paternité et il disparaissait de sa vie ! Quoi de plus simple ?! qui plus est, il aurait pu vivre seul avec son égoïsme sans supporter ses remontrances ! Alors qu’avait il à redire ?! Rien..il cherchait juste à lui faire un peu plus de mal !
Le visage d’Aaron reflétait sa colère, mais Amanda ne le lâchait pas pour autant du regard. Elle n’avait pas peur de lui, oh non…il ne lui ferait rien, elle le savait pertinemment ! Jamais il ne lèverait la main sur elle, jamais il ne la brusquerait…Mais, elle, elle en avait le droit…Alors lorsqu’il lui rétorqua, elle eut bien du mal à ne pas le gifler à nouveau. Son visage autrefois impénétrable fut troublé par un bref froncement de sourcils…Il n’obtiendrait pas Melissa…Jamais !

_Ton droit de père ?!

Reprit elle incrédule, il se foutait d’elle !

Depuis quand tes droits de père te préoccupent ils Aaron ?! Depuis quand ta petite personne n’est elle plus la seule qui t’intéresse ?!!

Elle savait ses dires en partie vrais… Aaron n’avait pas toujours été ainsi, mais à la disparition de James, la seule chose qui comptait pour lui, et bien ce n’était que lui-même ! Depuis rien n’avait changé et Melissa ne lui avait jamais importé ! Pourquoi en serait il différent, assis aujourd’hui dans ce bureau ?! Avait il un remord soudain de cette vie qu’il avait gâché ?!

_Biensur qu’il n’y a que mon avis qui compte Aaron ! J’ai toujours été seule à prendre des décisions ! Où étais tu ces 5 dernières années ?! tu étais là lorsque j’étais enceinte de ta fille ?! Tu étais là lorsqu’elle a prononcé ton nom ?! Et où étais tu lorsqu’elle te réclamait !! Alors ne viens pas me dire que tu as un quelque conque droit sur cette enfant qui ne te connais même pas ! Nous ne sommes plus à la maison, mais rien n’a changé ! Tu es le même Aaron !

Il devait se complaire à pouvoir lui faire tout un tas de reproches, à elle qu’il pensait si parfaite ! Il devait jouir intérieurement de cette situation où elle pouvait pas détruire si bon lui semblait…Mais il n’y parviendrait pas si facilement ! Amanda se refusait à ce qu’il obtienne gain de cause ! Son visage de porcelaine trahissait de plus en plus sa colère et elle crispa légèrement ses mains avant de lui rétorquer sur un ton assassin.

_Tu ne vois pas pourquoi ?! Parce que tu es un père indigne ! je te demande de déléguer !! Oublier Melissa sera une chose facile puisque tu n’as jamais rien partagé avec elle ! Thomas s’en sortira mieux que toi et moi je ne veux plus avoir à te faire la morale comme à un enfant de 5ans !! Délègue Aaron !

S’il ne signait pas ces papiers aujourd’hui, il pouvait être certain qu’il ne verrait tout de même plus sa fille…Thomas ferait en sorte qu’il en soit ainsi et il était évident qu’Amanda gagnerait la procédure de garde partagée ! Il ne pouvait que perdre, alors mieux valait il que cela soit dés maintenant. Il fallait qu’il accepte que Thomas ferait un bien meilleur précepteur et père que lui. Pour autant, malgré les faits, Amanda préférait ne rien penser par elle-même de tout cela…Elle avait tellement refusé ce divorce…Elle savait trop ce qu’il lui en coûterait, un retour à la case départ. Melissa paierait le prix des erreurs de son père et elle suivrait les traces d’une famille décadente, les traces d’une aristocratie excessive…autant de chose qu’Amanda avait fuis.

Il se leva brusquement, la dépassant de nombreux centimètres…mais elle ne recula pas. Confiante, elle l’était. Il cherchait à l’impressionner mais pas même sa colère ne l’impressionnait. Soutenant son regard avec détermination, elle laissa couler ses paroles sur elle…tant qu’elle le put. Ses traits étaient durs, il était fou de rage. Amanda le trouva bien trop près d’elle et elle le repoussa vivement tout en lui répondant violemment.

_Tu refuses de signer ?! tu perds ton temps…Et ton argent car mon cher quoi qu’il advienne tu vas perdre cette garde !

Essuyant à nouveau ses larmes avec rage, la jolie brune détourna quelques secondes son regard du sien. Elle avait besoin de reprendre contenance, de se calmer…mais Aaron ne facilitait pas les choses ! Voilà qu’il était confus de la mettre dans un tel état ! Cet homme était réellement un paradoxe ! Si elle pleurait c’était encore et toujours pour lui, par sa faute à lui ! Par ses bêtises à lui, par son entêtement perpétuel à vouloir la faire regretter ce qu’elle faisait !

Alors qu’Amanda tentait de reprendre contenance, ressemblant ses pensées, se calmant peu à peu pour quitter la pièce et affronter son frère…elle fut bien vite ramenée à la réalité par son ex époux…Que venait il de dire ? Son regard azuré se reposa lentement sur Aaron, son visage à lui semblait refléter une certaine gène…peut être même des excuses. Mais Amanda ne s’en formalisa pas et elle essaya de bien comprendre ce qu’elle venait d’entendre…Avait il bien prononcé ces mots ?! Venait il réellement de lui demander si elle l’avait trompé ?! Elle n’en croyait pas ses oreilles…Il la pensait donc infidèle !!!! La touche finale pour animer la rage d’Amanda ! Malgré tout, elle demeura, en apparence très calme…Trop calme.

_Pas ta fille ? pas de toi ?

reprit elle lentement

Tu insinues que j’aurais pu te tromper ? Finir dans le lit d’un autre homme ?!

Amanda haussa les sourcils en guise d’interrogation. Aaron venait de s’enfoncer pour l’ultime fois. Il lui reprochait l’adultère…il n’aurait pas pu faire pire. Douter ainsi d’elle…conforter Amanda dans l’idée qu’ils n’avaient plus rien à voir ensemble…Le tromper…comme si elle avait pu faire une telle chose, elle l’avait aimé…trop aimé pour cela et apparemment il aurait pu en être différemment qu’Aaron aurait réagi de même.

La jolie brune franchit les derniers pas qui la séparait de son ex époux et avec tout le mépris dont elle était capable, elle lui envoya à la figure ces quelques mots, ses prunelles azurées fixées inéluctablement dans celle de l’auror !

_Même si tu es devenu un incapable Aaron Millers, jamais, tu m’entends jamais je ne me serais abaissée à de telles choses !

Elle s’approcha de son oreille et murmura quelques mots

Alors je te l’assure c’est bien ta fille ce qui remonte à la dernière fois où tu as daigné rentré et de ce fait à la dernière fois où tu as eu le droit de me toucher.

Amanda se détourna alors, elle s’approcha du bureau du juge, elle saisit une autre plume et apposa sa signature au bas du parchemin, avant de signer l’engagement de procédure de garde partagée.

Oh oui, il l'aimait lorsqu'elle réussissait à le faire taire en lui envoyant des petites piques spirituelles, cela prouvait qu'elle ressentait encore quelque chose pour lui, même si ce n'était que de la haine... Elle était capable de dire des choses qui portaient, car elle le connaissait, et dans un sens, c'était presque rassurant. Mais rrhaaa, il ne l'avait jamais autant détesté que lorsqu'elle se mettait à crier comme un putois pour l'accabler de reproches comme une mère enguirlanderait son gamin! Mais par Merlin, il n'avait plus 5 ans! Il n'était pas son fils!

Aaron leva ostensiblement les yeux au ciel quand Amanda débuta sa longue suite de réprimandes. Seigneur, est-ce qu'un jour quelqu'un le délivrerait de cette constante sensation d'être un fardeau, un boulet tout juste bon à enquiquiner son ex-femme? Est-ce qu'un jour, quelqu'un trouverait qu'il n'était pas si stupide, pas si méprisable, pas si influençable, quelqu'un qui le considérerait un peu mieux et qui se rendrait compte que même si tout était de sa faute, il ne l'avait pas voulu...? Malgré tout ce qu'il avait pensé, malgré tout ce que les alliances qui reposaient sagement sur le bureau pouvaient bien signifier, ce "quelqu'un" n'était pas Amanda. Tout était si paradoxal, finalement... Aaron n'avait jamais cru aux âmes soeurs et aux coups de foudre, même au temps où il avait encore un soupçon d'espoir en lui et en l'espère humaine en général, mais si ces foutaises avaient eu un sens pour son esprit suprêmement obtus, il aurait pensé que son âme soeur était Amanda. Mais si elle n'était pas capable de le comprendre, hein? Si elle le trouvait stupide, encombrant, si elle ne l'aimait plus? L'amour entre des âmes soeurs, entre deux coups de foudres était censé être éternel... Pffff... Peut-être qu'il s'était trompé. Peut-être qu'Amanda avait raison et que ce mariage se résumait à une grosse, grosse erreur de jugement enfin réparée.

- " Depuis quand tes droits de père te préoccupent-ils, Aaron?" singea-t-il en imitant le timbre de voix précieux d'Amanda. "Qu'est-ce que ça change?! Si j'ai décidé de m'en préoccuper aujourd'hui, je fais ce que je veux! T'as pas à me commander!"

Enervé par les pensées sans suite qui se bousculaient dans sa tête, l'Auror blablatait sans vraiment se rendre compte de la puérilité de ses paroles ou de son ton si agressif. Il avait toujours été comme ça, du moins depuis quelques années, et le Aaron-pessimiste-froid-et-brutal existait depuis tellement longtemps et avec tellement de force qu'il finissait par coire lui-même qu'il n'avait jamais été autrement. Pourquoi changer à présent qu'il approchait de la quarantaine, qu'il était devenu vieux et laid, fatigué et malade, qu'il ne plaisait plus, qu'il ne s'attachait plus et qu'il n'était plus qu'un poids qu'on traînait par charité?

Ses yeux fuligineux soulignaient ceux d'Amanda avec intensité pendant que son esprit encombré tentait désespérément de faire le point. Il se rendait bien compte, et avec un grand mal de coeur, qu'il aurait très bien pu se passer de Melissa, en fin de compte. Oh, ça aurait été difficile, très difficile au début, et la blessure si purulente de la mort de James se serait accouplée à cette deuxième perte d'enfant, mais tout se serait calmé au fil du temps... Son état se serait empiré et il aurait encore rapproché sa cyrrhose de quelques années supplémentaines, mais il s'en serait sorti... Encore plus défoncé qu'avant, encore plus laid, plus vieux, plus malade et plus fatigué, mais il s'en serait sorti... Le pauvre petit Aaron avait trop peur de la mort pour mettre fin à ses jours de manière volontaire et directe... Le pauvre petit Aaron était trop lâche...

Il secoua très discrètement la tête, affligé par les pensées sordides qui lui trottaient dans le crâne. Comme si c'était le moment, alors qu'il avait en face de lui une Amande furieuse qui ne digérait que moyennement les malheureuses paroles qu'il avait prononcé. Où en était-il, déjà? Ah, oui! La garde exclusive de Melissa pour Amanda ne l'aurait pas tué. A vrai dire, au contraire, ça l'aurait peut-être soulagé. Il était incapable de s'occuper correctement de cette gosse et ça lui collerait sur les épaules des responsabilités en plus. Mais c'était aussi un moyen de garder contact avec son ancienne vie, son passé, si noir eût-il été. Il savait que seul, abandonné, il finirait par tomber fou et oublier tout ça, oublier son mariage et ses enfants, ou peut-être croire qu'il avait rêvé de cette vie de moribond. Melisa serait le lien bien réel, bien concret, qui l'unissait encore et l'unirait à jamais à Amanda Collin. Et il ne voulait pas le perdre, quel qu'en soit le prix. Si au passage, il pouvait faire en sorte que la jolie poupée de cire le haïsse un peu plus, c'était bon à prendre. Tout comme elle, il était enfoncé dans une idée aboutie et sincère: plus elle le détestait, moins ce serait difficile et moins elle aurait mal.

- " Oui, j'étais là!" explosa soudainement Aaron, sa voix s'élevant très haut, sourde comme le tonnerre. "J'étais toujours là quand t'étais en cloque mais tu ne m'as pas vu et c'est de ta faute! J'étais là, Amanda! Je... Je venais te voir! Tu peux juste pas COMPRENDRE ce que je pouvais ressentir?? Bah non, évidemment! Le sale Sang-Mêlé, l'alcoolique, c'est juste pas possible qu'il puisse ressentir quoi que ce soit!"

Aaron se détourna, mâchant et remâchant les mots d'Amanda avec frustration. Des veines de colère sillonnaient sans se voir les mâchoires d'Aaron qui crissaient bruyamment, tandis que son regard délavé parcourait le bureau du juge en quête d'un réconfort, d'un apaisement. Il ne fallait plus qu'il la regarde. Surtout pas. Il ne le voulait plus.

Oui, oui il était là, indirectement il était là, il ne l'avait jamais quitté! Amanda ne savait pas que parfois, à l'improviste, il se glissait jusqu'à chez lui pour prendre de ses nouvelles et de son ventre gonflé sructer les moindres courbes. Il ne lui avait jamais dit tellement la honte de ces visites importunes le hantait encore avec force, tellement il craignait le regard qu'elle porterait sur ses actions. Non... Finalement, il valait mieux qu'elle continue de croire qu'il ne l'avait jamais vu enceinte de Melissa et qu'il avait fui, fui sans jamais revenir jusqu'à la naissance de sa fille - et encore. Il valait mieux...

Mais comment se taire face à cette femme?! Aaron se sentit répondre avant même d'avoir pu se contrôler:

- " Mais toi aussi, tu es la même! La même Sang Pur pourrie-gâtée, l'aristocrate de base née avec une cuillère en or massif dans l'cul et qui serait prête à tout me reprendre!" grogna-t-il en se retournant vers elle, paraissant toujours plus gros, toujours plus enragé à mesure qu'il parlait. "Tu me haïssais à l'époque et tu me hais toujours aujourd'hui, t'as pas changé non plus, tu vois! Alors donne moi cette garde partagée!"

Comme il était stérile, comme il était pitoyable de s'engueuler avec Amanda à ce sujet, tels les horribles et sordides petits Moldus de base qui grouillaient de mariage raté en mariage raté et de divorce onéreux en divorce onéreux. Voila qu'il se mettait à penser comme un Sang Pur... Mais c'était tellement désespérant... Sa situation était désespérante: devoir se battre avec son ex-femme pour sa fille, sa fille qui, si elle était présente, aurait déjà fondu en larmes devant un tel étalage de haine et de colère. A nouveau, une brusque lassitude l'envahit, et cette impression que rien, de toute façon, ne pourrait jamais l'aider et que le malaise qui l'envahissait, là, maintenant, perdurerait jusqu'au jour où il ne rouvrirait pas les yeux.

Un nouveau coup porté par Amanda avec une nouvelle sauvagerie le fit sortir de sa soudaine panne de hargne. Il cligna quelques fois des paupières, prorement stupéfait par ce qu'il entendait, comme s'il ne s'était jamais dit ça lui-même, et ne trouva rien cette fois à répondre du tac au tac. Son regard hésita, ne se porta pas vraiment sur elle, tourna autour du pot sans vraiment se déposer quelque part.

Un père indigne... Il était un père indigne... Evidemment. La question ne se posait pas. Mais il ne l'avait pas toujours été... Pas toujours...

-
- " Hep-hep-hep, pas la baguette!"

Aaron attrapa de justesse la minuscule main de son fils qui se tendait avec envie vers le bout de sa baguette magique, dépassant de la poche de son manteau. Le garçonnet, très chétif, leva vers lui un regard embué et boudeur, avant de rire aux éclats quand son père le souleva pour le faire bondir dans les airs. James ne devait pas avoir plus de deux ans, mais sa maladie ne s'était pas encore déclarée dans son entiéreté, et Aaron mettait toujours sa maigreur et sa faible consistance sur le compte de l'hérédité. Lui aussi avait été malingre à cet âge là, et voyez la solide masse qu'il était devenu?
Dans un rire partagé, il fit tournoyer l'enfant autour de lui...
-

Que c'était douloureux... Merlin, Merlin, que c'était douloureux! Pourquoi est-ce qu'il s'infligeait toujours ce genre de choses... Se souvenir des brefs moments partagés avec James dans les instants les moins propices? Merlin, qu'il avait mal... Merlin, comme le feu dans ses tripes lui rongeait l'estomac, les intestins et tout l'abdmoen... Comme il avait mal de se souvenir de ça, et Amanda ne le saurait jamais...

- " Je ne délèguerai jamais mes droits de père à ce malade! Jamais!" s'indigna-t-il d'une voix dont il chassa toute la peur. "Qu'il s'occupe de ses propres marmots, mais il ne touchera pas à Melissa! Et, je..."

Les lèvres serrées dans une de ses moues habituelles, un peu dégoûtées, il leva le doigt vers Amanda, comme une mise en garde, l'index dressé. L'effet aurait pu être intéressant si Aaron ne paraissait pas aussi menaçant et sombre, les sourcils froncés sur une mine crispée, tendue.

- " Je... Je suis pas... Un père indigne!"

Ourgh, ça avait eu du mal à sortir... Compréhensible quand on songeait qu'il ne pensait pas du tout ce qu'il venait de dire. Mais c'était une question de principe, n'est-ce pas? Et puis il avait déjà dit que jamais, au grand jamais, cet empaffé de Collin n'aurait son autorité parentale. Jamais.

Dans un profond soupir, Aaron rebaissa le bras, nouant ses mains derrière sa tête comme il le faisait souvent. Maintenant que cette sympathique discussion était bien entamée et son divorce en cours de finition, il se sentait à l'étroit, en nage dans cette chemise idiote et froissée, et totalement ridicule dans ce pantalon à pince. Jetant un regard critique sur ses vêtements, il le releva en plissant les yeux vers Amanda quand il crut qu'elle s'étouffait de colère.

Il avait presque cru se recevoir une seconde gifle. Elle disait qu'il perdait son temps, son argent... Tsss, quel argent, s'il-vous-plaît? Non, il ne perdrait rien dans cette histoire, c'était impossible. Aaron avait déjà tout perdu depuis longtemps. De sa dignité à sa femme (ce qui revenait presque au même). Il en était bien conscient; conscient de n'avoir plus rien à sacrifier sur l'autel de la bêtise humaine.

Il ne répondit rien à cela, préférant laisser Amanda patauger dans ses accusations adultérines. Alors, alors? Quelle était la réponse du jour? Qui était le père de Melissa?

Chting chting chting! C'était bien lui! A la façon dont Amanda rompait les quelques mètres qui les séparaient, à la façon dont elle le regardait, il n'y avait aucun doute là-dessus. "Finir dans le lit d'un autre homme"... La formulation était élégante... mais qu'il était gratifiant de se dire que la pauvre chère Amanda n'avait aucune autre intimité masculine que la sienne... Rumpf, même si c'était réciproque... Bref.

Un incapable... Pendant une seconde, Aarin cru qu'elle allait l'accuser d'être impuissant, ce à quoi il n'aurait rien eu à répondre. Il manquait de preuve, tout d'abord, mais craignait trop que ce soit vrai pour s'engager dans une telle discussion. Après tout, on disait de l'alcool qu'elle réduisait... Certaines facultés motrices...

Bon, bon. Il était bien le père de sa fille. Plus jamais il n'en douterait, Amanda était catégorique et elle mentait rarement. Ca ne changeait pas grand chose au final, mais Merlin, comme c'était soulageant... Au moins une hantise de calmée, d'éloignée, et ce bonheur instable d'avoir quelqu'un qui porterait encore son nom, une héritière, une enfant qu'il laisserait au monde.

Mais Amanda n'avait pas terminé. Tout d'un coup, elle se pencha jusqu'à son oreille et Aaron fut un instant tenté de s'abaisser légèrement tant il la dépassait, mais il préféra la laisser se hausser. Les yeux dans le vague, il l'écouta mais ce ne fut qu'un coup de poignard supplémentaire auquel il ne sut que rétorquer. Quand elle recula, il avait détourné le regard et faisait la grimace, sa préférée, celle de gamin vexé et rebuté, qui rechigne à relever la tête.

De cette scène aussi, il s'en souvenait un peu... Il était rentré, enfin rentré. Il avait poussé la porte, penaud d'être parti, penaud de revenir, et elle était là. Elle était triste. Effondrée. Comme lui. Il s'était juste approché d'elle, il l'avait regardé. Il l'avait embrassé et porté jusqu'à leur chambre, sans rencontrer de résistance, de refus. Savait-il alors, et savait-elle aussi, au coeur de cette ultime étreinte, de cet union sensuel de deux étrangers qui recherchaient leurs anciens repères, que ce serait la dernière fois, que leurs deux corps ne se connaissaient déjà plus, qu'il ne servait plus à rien de s'obstiner dans cette voie? Il ne savait pas... Il ne savait plus. Il peinait à entr'apercevoir les miettes de souvenirs que cet enlacement avait distillé, il niait le déchirement autant qu'il niait l'extase.

Aaron l'observa s'avancer vers le bureau en grimaçant toujours. Quand il la vit signer, il se sentit étrangement vide, mais s'avança vers elle au bout de quelques secondes. Penché à côté d'elle, mais sans la toucher, il regarda l'acte de garde partagée sans sourire. Il ne comprenait pas pourquoi elle faisait ça, mais il savait que c'était à contre-coeur. Et bizarrement, ça ne lui fit pas plaisir.

Il attendit qu'elle ait reposé la plume pour signer à son tour, rapidement, chaque clause qui nécessitait son verdict. Au dernier contrat, celui du divorce à proprement parlé, il eut un léger blocage. Doucement, il reposa la plume en soupirant et laissa filtrer un léger:

- " Merci..."

Le divorce pouvait bien patienter encore quelques instants... Quand il signerait, tout serait bien fini... Lentement, Aaron leva les mains qu'il referma autour des deux alliances. La sienne, un peu plus écaillée par le temps et le manque de soin, il la mit dans sa poche de pantalon sans plus de cérémonie. Celle d'Amanda, qu'il contempla quelques secondes, il la lui tendit, prit sa main dans la sienne et la déposa sur sa paume. Son regard était difficilement ancré dans le sien, vide, si vide, mais son visage n'exprimait plus de frustration, de colère... Juste... Une demande. Qu'elle était en droit, évidemment, de refuser. Qu'elle allait refuser. Avec délicatesse, il ferma son poing sur le sien pour que les doigts d'Amanda emprisonnent l'alliance défunte, et que ses propres mains enserrent celle de son ex-femme.

- " Garde-la, s'il-te-plaît. Garde-la."

Il n'était plus si étonnant qu'entre eux deux règnent de telles étincelles. Ils étaient les mêmes... Capables de passer du démon à l'ange (déchu), du blanc au noir, de la cruauté à la faiblesse (même si les deux se conciliaient souvent).

Aaron soupira, craignant de se prendre la bague au visage d'ici quelques secondes mais il prit le temps de compléter:

- " Essaye de pas m'oublier trop vite. Essaye de pas oublier que j'ai essayé de te parler de... de ce que tu voulais, mais que j'ai pas eu le temps." - il eut un pauvre sourire, avant d'ironiser - "Essaye de pas m'en trop m'en vouloir quand j'egorgerai le prochain péquenaud à qui tu voudras l'offrir."

Enfin, Aaron se repencha vers la feuille du divorce, laissant tout le loirsir à Amanda de se débarasser aussi violemment qu'elle le voulait de l'étreinte de ses mains, et reprit la plume. Sans se hâter, il entama sa signature.

- " Et si un jour tu veux tromper ton futur mari, pense à moi... T'as mon adresse, hein..." traduction: je t'en supplie, arrête moi, ne me laisse pas signer, demande moi de te parler de tout ce que tu veux.

[Désolé, ça rentrait pas en un seul post xD]

Il n’était qu’un enfant…Une enfant hypocrite s’amusait avec ses sentiments… Il se montrait égoïste comme si leur fille n’était qu’une jolie récompense que l’un d’eux devaient à tout prix remporter. Il réduisait leur fille à son propre profit personnel et s’il faisait ça Amanda savait pertinemment que ce n’était en rien pour Melissa, tout simplement pour lui. Il voulait un petit bout de ce qu’il perdait, peut être pour ne jamais oublier…Mais Melissa ne raviverait jamais ce passé qu’il perdait lentement ! Amanda ne reviendrait pas, et il pouvait être certain que ce ne serait jamais elle qui lui emmènerait Melissa ! La douleur était trop et Aaron en était conscient. Dans son entêtement à vouloir absolument une enfant dont il n’avait rien à faire, Amanda ne voyait là que de la cruauté ou le suicide d’un dernière espoir…un espoir perdu d’avance ! Il pourrait se passer de Melissa, il ne s’était jamais passé de James…Mais Melissa ne représentait rien pour lui, alors quoi bon….Il se complaisait à la torturer de la sorte, à lui démontrer par A+B qu’ils seraient toujours maintenus par un petit lien, petit lien insignifiant qu’était leur fille. Oh oui il ne voulait qu’elle oublie…Mais Amanda y travaillait déjà ! Elle oublierait, parce qu’il serait plus facile d’oublier que de vivre dans le regret le restant de ces jours ! Elle était assez forte, elle se reconstruirait…mieux valait il pour lui qu’il en face de même ! Les choses changeaient, il fallait l’accepter !
Mais, Aaron se voulait puéril aujourd’hui et encore une fois il lui prouvait qu’il n’était qu’un enfant immature ! Elle n’avait pas à le commander c’était cela qu’il était entrain de lui dire ?! Mais elle l’avait toujours fait ! Amanda avait toujours eu le dessus sur lui ! Elle avait toujours pris tous les choix possibles et inimaginables pour eux…C’était elle qui préservait leur mariage depuis plus de cinq ans, elle encore qui avait refusé le divorce jusqu’à aujourd’hui…Et toujours elle, qui avait su relever la tête et laisser James au passé ! Alors il ne voulait plus qu’elle décide ? Il signait ainsi sa décadence ! car sans elle, il n’était plus qu’un enfant perdu, laissait seul, livrait à lui-même dans un monde trop hostile ! Il sombrerait…oui il sombrerait. Amanda le savait, il le savait, en signant se divorce il signait tout simplement sa fin à lui. Car non, elle ne serait plus là pour lui faire la morale, plus là pour lui rappeler qui il avait été ! Il perdait, et il perdrait inévitablement sa fille, car il ne serait pas capable de s’en occuper !

Pathétique…il tenait des propos stupides qui n’avaient aucun sens et Amanda se doutait qu’au plus profond de lui-même il devait être tiraillé…tiraillé par ce qu’il savait vrai, soit qu’il ne parviendrait pas à s’occuper d’une enfant et que cette dernière ne lui manquerait pas même, et ce qu’il cherchait à lui faire croire par un mensonge aussi absurde que celui de dire qu’aujourd’hui il se préoccupait du sort de leur fille. Accablant petit menteur. Elle ne le connaissait que trop bien et savait bien ce qui se passait dans les méandres de son petite esprit tourmenté par l’alcool et la perte d’un fils ! Oh oui, elle savait qu’il tentait qu’elle demeure attachée à lui…Mais peut être aurait il du y songer plutôt ! Chaque jour elle s’éloignait davantage ! Peut être devrait il enfin ouvrir les yeux, il avait porté leur mariage à la ruine, il les avait porté, eux à la ruine…Il avait fait en sorte qu’ils en arrivent au point de non retour…il l’avait poussé, elle, trop loin.

Amanda en était furieuse, elle était furieuse contre lui et sa foutu détermination ! Elle était furieuse contre son obstination à lui reporter des fautes dessus alors qu’il savait ses accusations fausses ! Elle lui avait demandé de lui parler ! elle lui avait dit qu’il pouvait se reposer sur elle, combien de fois lui avait elle rappelé qu’elle l’aimait sans qu’il ne daigne lui répondre ?! Alors elle était en faute ?!! Furieuse elle tentait de se calmer son visage devenant de plus en plus neutre. Elle avait la sensation qu’elle ne pouvait plus rien ressentir, elle se sentait vide, lasse, fatiguée par des accusations infondées et dérisoires.

_Je ne peux pas comprendre ?! Mais as-tu seulement tenté de m’expliquer Aaron ?!! Et puis ne tiens pas des propos que je n’ai jamais prononcé ! Ai-je déjà pris en compte ton sang !! Oh oui pardon lorsque nous avions 16ans !! me serais je mis ma famille à dos si j’avais pris en compte ton sang !!

A vrai dire se calmer devenait de plus en plus difficile alors qu’Aaron hurler et qu’il fulminait ne parvenant pas une seconde à contenir sa propos colère, colère de trop d’année…colère trop longtemps contenue. Il était furieux…non hystérique ! Il avait tellement de chose à lui reprocher à elle la si parfaite sang pur comme il se plaisait tant à lui rappeler aujourd’hui ! N’aurait il pas pu parler plutôt ! n’aurait il pas pu crier sur elle deux ans plutôt ! Il avait tellement de chose sur le cœur ?! alors pourquoi avoir attendu un divorce pour les lui dire ! Amanda ne comprenait pas, elle ne saisissait pas l’acharnement qu’il avait aujourd’hui à lui reprocher des fautes qu’il savait complètement inexacte ! Croyait il que plus elle le hairait et moins elle l’oublierait ?! Il se trompait lourdement car à présent c’était le dégoût qui s’emparait peu à peu de la jolie brune. Un dégoût profond pour cette homme qu’elle avait cru connaitre mais qu’elle ne connaissait pas et qu’elle n’avait peut être jamais connu !

Il affirmait avoir été là…Amanda n’en avait aucun souvenir et elle le pensait menteur, encore et toujours, un beau mensonge pour la faire regretter…Elle le voyait perfide et fourbe, incapable de lui parler avec sincérité. La déception ne pouvait en être que plus grande !

_Tu as raison sur un point Aaron…je te hais autant que je te haïssais à 15 ans…Mais mes raisons ont changé. Tu es borné ! Tu veux me voir ainsi parce que tu as tord et tu le sais ! Continue dont à m’insulter si cela te fais tant plaisir ! Toujours aussi puéril !

Amanda en avait assez de devoir débattre au sujet de ses origines avec lui ! Surtout avec lui ! Il n’était qu’un imbécile et il avait toujours hais les sang pur ! Pourquoi ?! Parce qu’il n’en était pas un ! Il voulait lui reprocher ses origines ? Son sang ? sa fortune ? Amanda n’entendait même plus ces propos…ils étaient tellement habituels dans sa bouche ! Cela faisait 20 ans qu’il lui remettait sur le dos la faute de sa naissance ! 20 ans qu’il s’acharnait à vouloir la faire renier ce sang qu’il lui semblait si immonde ! Alors à quoi bon ?! Il était borné ! Il était fermé ! Il continuerait ainsi jusqu’à ce qu’elle cède, qu’elle avoue des tords qu’elle n’avait pas…Pourquoi ?! Parce qu’il avait besoin de savoir qu’elle avait autant de chose à se reprocher que lui…mais il voulait alors vivre dans une pure illusion car non, elle n’avait pas autant de chose à se reprocher, certainement pas autant que lui ! Elle, elle avait tout donné pour eux, lui il n’avait rien fait. Telles étaient les choses !

Aaron sembla alors absent et lorsqu’il était ainsi, cela avait le don de faire Amanda se remettre en question…Elle était encore allée trop loin dans la méchanceté et elle savait, pour une fois, ses propos inexacte. Un père indigne…Il l’était aujourd’hui mais il allait de soit qu’il ne l’avait pas toujours été. Lorsque James était encore là, Aaron passait bien plus de temps avec son fils qu’avec elle…Il était autrefois un père présent et un père aimant…Mais les temps changeaient, James n’était plus et Aaron lui n’était plus ce père là avec sa fille…Il le savait et il venait à nouveau de se réfugier dans ses souvenirs…pour se conforter dans l’idée qu’il n’avait pas toujours été ainsi ! Elle devinait sur son visage que ces souvenirs lui étaient encore plus douloureux que la réalité ! Alors pourquoi s’enfermer dans cette douleur ?! Amanda ne comprendrait décidément jamais !

_Tu ne délégueras pas ? Soit… alors « ce malade » comme tu le dis, te fera déléguer…

Sa voix était pleine de menace mais Amanda se détestait pour ces propos qu’elle savait exacte… Une fois le divorce prononcé, Thomas estimerait qu’Aaron n’avait plus aucun droit sur Melissa…Et il le ferait déléguer lui-même… Mais Aaron ne s’arrêta pas là et lorsqu’il semblait vouloir la mettre en garde le visage d’Amanda s’assombrit légèrement. Elle fronça brièvement les sourcils, ainsi donc, elle avait vu juste…tourner la page, oublier le passé…il ne le pourrait jamais…

_Non Aaron… tu n’étais pas un père indigne…Mais Melissa n’est pas James !

Encore des propos qui ferait mal…mais Aaron devait comprendre, il devait revenir au présent, il devait voir les choses en face ! Amanda en avait plus qu’assez et elle aurait aimé qu’il comprenne et accepte….Malheureusement Aaron était un cas désespéré, il fallait le croire !

Alors elle s’était hissée sur la point des pieds pour murmure quelques mots à son oreille , des paroles blessantes mais pourtant si vraies…Melissa était sa fille, oh mieux valait il qu’il n’en doute pas…Et comme cela ne suffisait pas, Amanda trouva indispensable de lui rappeler à quand remonter sa conception, au où il ait eu un trou de mémoire passager…Car elle n’en avait pas le moindre, sa mémoire était bien loin d’être sélective ! Elle se rappelait parfaitement de cette nuit là ! Une parmi tant d’autre, dévasté par la tristesse et la solitude d’une nuit supplémentaire. Aaron n’était pas là, probablement plusieurs jours qu’il n’était pas rentré et elle ne l’attendait pas le moins du monde. A vrai dire, elle ne voulait pas qu’il rentre, car voir son regard accablé…elle s’y refusait. Puis, il avait poussé la porte de la demeure, incertain il s’était avancé vers elle et là, contre toute attente, il l’avait embrassé. Un baiser passionné mais qui ne relevait en rien de l’amour, non c’était plutôt comme s’il se cherchait mutuellement…Comme si chacun tentait de retrouver vainement son partenaire disparu, sa moitié… Mais ce fut une nuit de « recherches » plutôt vaine qui avait réellement signé la fin de leur couple…elle avait d’ailleurs été la dernière qu’ils avaient passé ensemble…

Autant de souvenir dont Amanda voulait sortir et de ce fait, préférant cesser toute discussion avec Aaron ou peut être en hommage au passé, elle signa…Elle signa ses papiers qui octroyaient encore à Aaron le droit de voir sa famille, un droit qu’il ne méritait pas mais qu’Amanda lui cédait…parce qu’il demeurait le seul qu’elle n’eut jamais aimé…et parce qu’elle se refusait à se comporter de manière inhumaine…Elle n’en avait le droit. Cependant lorsqu’elle signe le papier du divorce, qui la séparait ainsi définitivement d’Aaron, elle sentit son cœur se serrait, elle réalisait enfin que tout était terminé…Ce qu’elle avait tenté d’éviter durant si longtemps avait été inévitable. Quelque peu perdu, elle ne répondit rien, Aaron la remerciait… qu’il la remercie il était là la dernière chose qu’elle faisait pour lui. Elle lui laissait cette enfant qu’il n’avait jamais désiré et lui rendait une liberté qu’il avait déjà prise.

Ses prunelles azures se détachèrent de son ex époux et se posèrent irrémédiablement sur la fenêtre, que tout se termine, elle voulait rentrer. Malheureusement, Aaron prenait plaisir à la torturer…il voulait qu’elle cède et il ne trouva rien de mieux que de déposer son alliance entre ses doigts fins et d’emprisonner sa main dans la sienne…Il voulait qu’elle la garde, il voulait qu’elle garde un souvenir de ce qu’ils avaient été. Il lui demandait un effort dont elle n’était plus capable… Obstinément, Amanda refusa de le regarder et de lui adresser la moindre parole. Il était tard, bien tard pour réagir. Il finit alors la lâcher, laissant Amanda dans un désarrois des plus profonds, son esprit lui disait de partir de quitter la pièce, son cœur lui criait de rester. Aaron méritait il encore qu’elle se sacrifie pour lui ? Méritait il qu’elle accepte de faire encore la moindre concession sachant qu’elle n’aurait jamais rien en retour…Bien des questions auxquelles, elle n’aurait jamais la réponse et peut être ne désirait elle pas la réponse.

Il ne désirait pas qu’elle l’oublie, il s’amusait à jouer sur l’ironie…Amanda ferma un court instant les yeux. Elle se savait incapable de l’oublier et il était tellement stupide qu’il doutait de cela…il doutait simplement des sentiments qu’elle avait et qu’elle aurait toujours pour lui. Un imbécile finit voilà tout ce qu’il était. Un homme stupide qui ne comprendrait jamais le genre humain ! et surtout pas les femmes ! Alors, pour la dernière fois il s’abaissa pour signer ce qui les séparait à jamais…il prononça encore quelques mots qui eurent pour effet de la faire sourire. Amusée ? légèrement…il venait de la faire sourire ?! cela n’était pas arrivé depuis bien longtemps, Aaron amusant Amanda, voilà bien une chose des plus rares ! Alors le doute s’empara une nouvelle fois de la jolie brune, envahit pour le doute, elle reposa sur regard azuré sur Aaron. Elle ne savait plus ! Faisait elle une erreur ?! L’erreur de sa vie ?! Elle ne pouvait pas se permettre de faire une erreur ! Alors elle s’avança vers l’auror, se penchant lentement vers lui, elle déposa un baiser dans son cou, doucement comme une caresse volage…afin qu’il cesse d’écrire.

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