Haut de Gamme [PV Daniel]

Début de l’été. Chemin de Traverse, boutique de Mme Guipure, 16H00.

Précieuse se rapprocha de la fenêtre qui donnait sur la rue commerçante et inspecta d’un œil malveillant les passants qui circulaient. Elle aperçu de nombreux écoliers vêtus d’un simple tee-shirt à manche courte et d’une casquette au nom de leur équipe de Quidditch favorite, en train de sirtoter un jus de citrouille ou de manger une glace. L’un deux cracha dans une poubelle suite à une possible indigestion. Cette vision l’écœura profondément. Elle tourna alors son regard de biche vers son père bienfaiteur afin de lui poser la question qu’elle avait sur le cœur.

« Père, croiserais-je des enfants comme « eux » à Poudlard ? »

La jeune fille était encore assez jeune pour émettre des jugements contre les enfants de sang impur ou de parents modestes. La pureté du sang ne l’intéressait pas vraiment à vrai dire. Mais ce qu’elle savait en revanche, c’est qu’elle ne voulait pas avoir affaire à des enfants aussi mal habillé et mal élevé. Elle qui avait toujours été élevée dans la grâce et l’élégance, l’attitude de ces autres jeunes la choquaient profondément. Leurs parents devaient être de sombres crétins, il n’y avait pas d’autres solutions.

Son père n’eut pas le temps de lui répondre car Mme Guipure venait de réapparaitre de derrière une porte du fond du magasin. La couturière avait plusieurs uniformes et tuniques entre ses bras qu’elle s’empressa de poser devant la jeune blonde. Un seul regard suffit à Précieuse pour se faire un avis sur ces tuniques de piètre qualité.

« Je ne porterais jamais de telles horreurs. » dit elle de sa petite voix aigue tout en pointant le tas d’uniformes devant elle.

Son père ne leva même pas la voix en entendant sa fille critiquer ouvertement les vêtements de Mme Guipure. Il était habitué aux caprices de la demoiselle et avait tellement d’amour pour elle qu’il ne lui serait pas venu à l’idée de lui infliger une fessée. La couturière en revanche ne semblait pas du tout avoir apprécié la remarque d’une petite faisant deux têtes de moins qu’elle. Gardant tout de même son calme puisqu’elle avait face à elle une des plus influentes et richissimes familles de l’Angleterre, elle ramassa la pile de vêtements et repartit au fond du magasin pour proposer d’autres uniformes qui conviendraient mieux à l’exigence de la gamine.

Se rappelant soudain qu’il avait un rendez-vous urgent, le père McLane déposa un baiser sur le front de sa famille et lui chuchota quelques mots avant de transplaner.

« Je reviens dans quelques minutes ma douce. Et ne t’énerves pas si tu ne trouves pas la tenue qu’il te faut, papa t’en achèteras pleins d’autres. A tout à l’heure ma princesse. »

Pour passer le temps, Précieuse circula dans les rayons, inspectant d’un œil dubitatif les vêtements pendus à des cintres volants. Pendant sa petite visite, elle remarqua une adolescente d’environ 14 ans, aux formes arrondies, loucher discrètement sur les vêtements magiques amaigrissant.

« Et bien qu’attends tu ? Tu as bien besoin pourtant ! » ne put-elle s’empêcher de déclarer à voix haute avant d’éclater de rire et d’aller se cacher dans le rayon voisin.

Précieuse se rappela qu’il valait mieux qu’elle évite de s’attirer trop d’ennuis car son père n’était pas là pour la protéger. De plus elle ne savait pas bien se servir de sa baguette…

« Et bien qu’attends-tu ? Tu as bien besoin pourtant ! »

Daniel qui était en train de circuler dans une des allées du magasin de vêtement avec sa mère lorsque cette phrase vint le tirer de ses pensées. Lui qui était vaguement en train de regarder les différentes tenues d’un air indifférent – ce qui était plutôt rare car Daniel attachait tout de même pas mal d’importance à ses habits – releva la tête pour découvrir quelle était la personne qui venait de lancer cette remarque. Ses yeux rencontrèrent ceux d’une petite blonde d’à peu près son âge, mais qui semblait avoir déjà un caractère bien trempé.

¤ Elle m’a l’air bien fatigante celle-là encore… ¤

Le rouquin poussa un soupir et reporta son attention sur les portants, puis sur sa mère pour mieux constater que celle-ci avait profité des quelques instants où Daniel avait relevé la tête pour disparaître .

¤ Mais crotte ! On va pas passer 3 heures ici ! Je dois acheter le cadeau d’Eli moi après ! ¤

Grognant à moitié, Daniel retourna dans l’allée centrale du magasin pour se rendre compte que sa mère était partie voir Madame Guipure et pour marchander encore le-lord-savait-quoi. Sa mère avait la manie du bargaining ; elle ne négociait pas les prix mais des conditions exceptionnelles de vente de par son statut et sa richesse. Elle s’estimait une cliente importante et donc en droit d’avoir droit aux meilleures étoffes et dans un délai de temps très réduit ce que Daniel trouvait un peu ridicule.

¤ Super, on va encore en avoir pour des heures… ¤

Changeant d’allée, Daniel afficha une moue désapprobatrice tout en faisant mine de regarder les vêtements répartis sur des cintres même si son esprit était déjà reparti ailleurs.

En changeant d’allée, le Serpentard s’était retrouvé dans la même allée que la petite râleuse de tout à l’heure : celle qui avait fait une remarque sur un ton plutôt désagréable.
L’allée étant courte, il se retrouva assez vite face à elle et ne se gêna pas pour la dévisager sans la moindre gêne. Il attendait ainsi de voir la réaction de la jeune demoiselle et ne cilla pas alors que ses yeux pâles et froids sondaient le visage de la blondinette.

¤ Alors ? Quelque chose à dire ? ¤

Il n'était pas vraiment bavard dans l'âme et donc il lui en aurait fallut beaucoup plus que ça pour qu'il décide de lui-même d'engager une conversation.
Ses sentiments il les exprimait sans parler, par des grimaces ou par ses yeux. Là dans l'instant présent, il n'avait pas spécialement envie de rentrer dans une conversation avec la blonde ou même de se disputer avec elle, mais elle l'avait intriguée à parler fort tout à l'heure. De plus il était vrai qu'il n'avait pas grand chose de mieux à faire pour le moment que de l'observer donc il le fit pensant que ça pourrait s'avérer intéressant

Précieuse sursauta légèrement en voyant qu’une silhouette avait tourné dans le même rayon qu’elle juste après qu’elle ait insulté une gamine à forte corpulence. La blonde lança un bref regard dans la direction de l’individu et croisa le regard froid d’un jeune garçon qui semblait avoir presque le même âge. Ouf. C’était une fausse alerte. Ce n’était pas un mec qui ne faisait que quelques centimètres de plus qui allait l’effrayer. Alors que le garçon disparaissait aussi vite qu’il était venu, Précieuse en profita pour observer les vêtements qui se trouvaient dans ce rayon. Il n’y avait presque que des uniformes destinés à des élèves de Poudlard. En voyant les robes vertes et argent son cœur se mit à battre. Il fallait absolument qu’elle soit envoyée là-bas. La jeune fille se risqua à toucher la tunique du bout des doigts. Que ce vert était soyeux.

Puis soudain le garçon qui l’avait surprise précédemment apparut de nouveau. A croire qu’il jouait à cache-cache. Précieuse fit mine de l’ignorer et continua de regarder les uniformes. Cependant, comme elle se doutait qu’elle était observée, elle ne montra pas son élan d’amour envers les uniformes de Serpentard. Elle préféra jouer la fille indifférente et regarda les tenues comme s’il s’était agi des pires atrocités qu’elle n’avait jamais vues. La blonde risqua cependant un regard vers le garçon bizarre et fut agacée de voir qu’il continuait de la fixer.

*J’ai un gros bouton au milieu de la figure ou quoi ??*

Par chance, un petit miroir se trouvait suspendu dans les airs à quelques centimètres au dessus de sa tête. Un peu ennuyée par sa petite taille, Précieuse se mit sur la pointe des pieds et s’observa discrètement dans la glace. Une peau lisse et délicate, des sourcils parfaitement épilés, une touche de gloss sur les lèvres qu’elle avait piqué à sa mère avant de partir et des dents blanches comme la neige. Et bien quel était le problème ? Elle était parfaite.

Enervée par cette provocation, Précieuse se passa face à lui tout en respectant la distance minimale obligatoire entre un garçon et une fille. Puis tout en le fixant d’un air agacé, elle croisa les bras et resta plantée là. Comme si elle allait lui adresser la parole la première. En règle générale, si Précieuse entamait une conversation, c’était soit critiquer, soit pour donner des ordres ou soit pour réclamer. Comme la présente situation ne correspondait à aucune des possibilités, elle ne voyait pas l’utilité de gâcher sa salive pour ce garçon mal éduqué.

« Que la demoiselle qui a osé insulter ma fille se montre immédiatement ou je lui botte les fesses !! » cria une voix masculine qui devait être celle du père de la gamine enrobée.

Précieuse ouvrit de grands yeux et se précipita au milieu des uniformes pour se planquer en attendant que la tempête se calme. Ce gros pervers et sa truie de fille n’avait pas intérêt à la toucher. Vivement que son père vienne la secourir ! La grosse voix du monsieur lui faisait peur et elle se sentit mise à nue sans son père bienfaiteur.

*Merde ! On voit mes pieds d’ici ! Qu’est ce que je peux faire ? Je suis foutue ! A moins que…*

« Psssssssssst ! » siffla discrètement Précieuse à l’attention du jeune garçon intriguant.

D’un mouvement de la main, elle lui fit signe d’approcher et ajouta en chuchotant :

« Toi, là ! Mets-toi devant moi et cache-moi sinon je vais me faire punir ! »

La jeune demoiselle ne tarda pas à rentrer dans le petit jeu de Daniel ce qui le ravit presque. En effet il s’ennuierait profondément tant que sa mère ne serait pas tombée d’accord avec le vendeur, et il n’avait rien de mieux à faire que d’observer les autres et – pourquoi pas – les mettre mal à l’aise avec quelques regards bien appuyés.

Toutefois, ce "jeu" ne se passa pas exactement comme le rouquin l'avait prévu puisque lorsque ses yeux plongèrent dans ceux de la jeune fille, elle ne se montra pas déstabilisée mais plutôt profondément agacée. Cela eut pour effet de conforter l’idée première de Daniel :

¤ Elle doit faire une sacré peste ! ¤

Ils restèrent un instant à s’observer le fond des yeux lorsque tout à coup une voix se fit retentir dans l’allée, et une voix forte qui fit frémir la petite et qui la fit se jeter au milieu des uniformes afin de passer inaperçue.

¤ And the winner is… me ! As usual ! ¤

Satisfait par cette victoire sur la miss (oui car Daniel s’était juré qu’il ne perdrait pas ce duel de regard), il afficha un air presque satisfait et continua de suivre la petite des yeux jusqu’à ce qu’elle s'adresse à lui pour lui demander une sorte de service sur un ton fort peu aimable.

Surpris par cette requête soudaine, et il fallait le dire assez ridicule ¤ Quelle idée de se planquer au milieu de fringues ? ¤, il s’approcha toutefois et se plaça non loin de la blondinette, sans toutefois se placer exactement devant elle.

« On t’a déjà dit qu’ils n’acceptaient pas les gens ayant des troubles comportementaux à Poudlard ? » énonça-t-il à son attention mais sans vraiment la regarder.

Le Daniel qui parle de troubles comportementaux, c’est un peu l’hôpital qui se fiche de la charité… Enfin dans cette situation, il ne risquait pas tellement de se voir renvoyer le compliment puisqu’à priori cette jeune fille ne le connaissait pas.

Concernant cette dernière remarque , elle était sarcastique (évidemment) et également réfléchie. En effet en observant la fille ne serait-ce que quelques secondes, il avait deviné qu’il y avait de grandes chances pour que celle-ci entre à Poudlard l’an prochain (ça se voyait à la façon dont elle regardait les uniformes).

¤ Si je me trompe c’est pas bien grave… En même temps qui viendrait ici sans avoir à aller à Poudlard ? ¤

Faisant mine de regarder les vêtements, Daniel passa lentement devant la petite miss, tout en lui jetant de nouveau un coup d’œil bien appuyé.
L’homme qui avait parlé et qui avait fait fuir la blondinette était désormais au bout de l’allée, mais le rouquin fit tout simplement comme si il ne le voyait pas.

¤ Sale situation si elle se cache de lui… Je peux la balancer quand je veux ! ¤

* Troubles comportementaux ?*

Précieuse était surprise de cette remarque inhabituelle à son égard. D’ordinaire, personne n’osait lui tenir de propos désobligeant, sans doute à cause de la réputation de sa famille. Ce garçon n’était qu’un grossier personnage. Si elle ne s’était pas trouvée en mauvaise posture, elle lui aurait enfoncé ses ongles dans son bras pour le faire blêmir. Malheureusement, elle n’était pas en mesure de discuter. En guise de réponse, la blonde se contenta de lui envoyer un regard mauvais. Cependant, le garçon ne l’avait sans doute pas vue étant donné qu’il ne regardait pas dans sa direction.

*Et en plus il est mal placé !*

« A droite ! A droite ! » murmura-t-elle assez fort pour se faire entendre du garçon.

Précieuse constata que le garçon ne semblait pas très coopératif. C’était assez embêtant surtout que le Monsieur s’approchait de plus en plus. Que faire ? La blonde avait de plus l’intuition que le garçon n’était pas digne de confiance. Il n’hésiterait pas à la balancer sans le moindre remord. Si elle avait été à sa place, c’est certainement ce qu’elle aurait fait.

*Père, revenez vite*

Précieuse regarda autour d’elle et souleva les quelques vêtements pendus qui se trouvaient derrière elle. Elle réalisa alors qu’elle pouvait enjamber cette file de vêtements et se retrouver dans une autre allée. Le plus amusant serait que le garçon ne se rende pas compte qu’elle avait changé d’allée. Il aurait l’air bien bête quand il la dénoncerait et qu’elle ne serait plus là ! Oui c’était la meilleure des choses à faire.

Profitant d’un moment d’inattention du garçon, elle fit de son mieux pour être la plus discrète possible. Elle souleva les vêtements qui bloquaient son passage et passa délicatement ses petites jambes de l’autre côté de l’allée. Il était temps, le méchant Monsieur venait d’arriver dans l’allée où elle était quelques instants plus tôt ! Quand ses pieds touchèrent terre, elle se baissa et fila dans l’autre allée heureusement déserte.

Le rouquin avait désormais le regard fixé sur l’homme au bout de l’allée. Celui-ci semblait passablement énervé et Daniel soupçonnait de plus en plus la blondinette d’y être pour quelque chose. L’homme s’avança dans l’allée et croisa le regard du jeune Serpentard avant de hausser les épaules et de soupirer d'un air lassé.

¤ Dommage, tu étais près du but si c'était elle que tu cherchais. ¤

A l'instant où l'homme sembla abandonner sa recherche, un frou frou de vêtements se fit entendre à l’endroit où la jeune fille s’était planquée. Daniel s'imagina ce qui pouvait arriver : que la fillette fasse tomber le portant et se retrouve par terre emmêlée dans tous les vêtements et rouge de honte.

¤ Je pourrais l’aider un peu ¤

Alors que l’homme faisait demi-tour avec sa pleurnicheuse de fille à sa suite, Daniel - qui n'attendait plus qu'une chose : que la fillette se casse la figure avec le portant - posa la main sur celui-ci dans l’intention de le renverser. Il commença à tirer dessus à une main avant de se rendre compte que celui-ci était trop lourd et qu’il aurait du mal à le faire basculer. Il allait l’attraper à deux mains quand il vit une tête blonde, très échevelée, sortir de l’autre côté de l’allée.

¤ Trop tard… ¤

Il lâcha alors le portant exactement au moment où sa mère l’appela pour qu’il vienne la rejoindre « Daniel, qu’est ce que tu fais ? Viens voir par ici s’il te plait ! ». Croisant les doigts de toutes ses forces pour que sa mère ne l’appelle pas pour une séance d’essayage, le rouquin consentit de mauvaise grâce à quitter son poste d’observation pour retourner aux côtés de sa mère.

Celle-ci lui accorda un sourire radieux qui fit penser à Daniel qu’elle avait obtenu ce qu’elle souhaitait et qu’ils allaient bientôt partir de la boutique mais que nenni ! Comme il l’avait craint, sa mère venait de lui planifier une séance d’essayage. « Mme Guipure vient de recevoir une toute nouvelle étoffe et me fait savoir qu’elle peut te confectionner une robe de sorcier en moins d’une semaine. » La gérante de la boutique lui présenta par la suite – tout en le gratifiant d’un sourire over-crispé – une robe de sorcier qui il fallait le reconnaître était vraiment classe.

« Qu’en penses-tu mon chéri ? Pour ton bal de Noël ? »

N’osant avouer que la robe lui plaisait effectivement, il se contenta de hausser les épaules d’un air indifférent, ce que sa mère avait l’habitude de prendre pour un oui (elle le connaissait trop bien).

En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, le jeune rouquin se fit alors embarquer par sa mère et se trouva ballotté entre Mme Guipure et son assistante qui le placèrent sur une sorte de podium avant de s’agiter autour de lui avec épingles et mètres rubans.

« Pas plus de 5 minutes, il faut qu’on aille acheter le cadeau après oublie pas ! » fit remarquer Daniel à sa mère d’un air impatient.

Alors que Mme Guipure lui demanda de lever les bras, le regard de Daniel se remit à vagabonder et s’arrêta sur l’homme de tout à l’heure qui venait de quitter la boutique, puis sur la blondinette dont il venait de nouveau de croiser le regard.


[Alors soit on peut terminer le toto de suite, soit on écrit encore une réponse chacune. On se tient au courant par MP ? En tous cas ce fut un plaisir, j’espère que nos persos se retrouveront en potions ]