Et après une rencontre, une lettre… [ PV : Nath' ]

Cela faisait déjà quelques minutes qu'Abbygael se trouvait face à Nathanael et, en réalité, ils n'avaient pas encore échangés beaucoup de paroles tous les deux, et notre petite Poufsouffle n'aurait pas su dire si c'était du à de l'hésitation ou à une certaine déstabilisation. Un mêlange des deux, peut-être ? En effet, il fallait dire que par moment, Abbygael hésitait quelque peu, beaucoup même, sans pour autant que cela soit réellement voulu. Oui, au fond, c'était fait de façon tout à fait inconsciente, machinale. Elle hésitait car au final, elle ne savait absolument pas comment Nathanael pourrait réagir, et c'était bien ça, le problème. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'au fond, même si elle l'aimait déjà beaucoup, elle ne le connaissait pas, et ça, on devait réellement le reconnaître. Elle ne savait pas si elle pouvait se permettre d'être plus expensive qu'elle ne pouvait l'être à cet instant. C'est vrai, son frère, bien qu'elle ne le connaissait que depuis peut-être une semaine, et que leur lien de parenté était nouveau, très neuf, elle l'aimait, c'était vrai, mais elle ne le connaissait pas.

Tout de même, chacun sera d'accord pour dire que ce qui arrivait à Nathanael ( tout autant qu'à Abbygael, certes, mais d'une autre façon) n'était évidement pas une chose facile, non, pas facile du tout. Bien sûr, pas dans le sens dure, c'était certain, mais plutôt dans le sens compliqué. Il venait de retrouver sa mère, en quelques sortes, tout du moins la rencontrerait d'ici quelques semaines, et en même, il avait découvert l'existence d'une petite soeur de trois ans sa cadette, qui, en plus, se trouvait être à Poufsouffle, une maison si différente et éloignée de la sienne. C'était incroyable, tout de même, oui, mais peut-être aussi inespéré, qui sait...

Notre petite Poufsouffle vivait exactement la même chose que Nathanael, quand bien même ne pouvait-on pas le voir au premier abord. En réalité, c'était exactement la même chose, mais dans le sens opposé. Elle venait tout juste d'apprendre qu'elle avait un grand frère, élève de Serpentard, et que sa mère avait été mariée une première fois, union de laquelle naquit Nathanael. S'il y avait bien une chose qu'elle ne parvenait pas à comprendre, c'était pourquoi n'avait-elle jamais connu son frère, ce frère qui, même si elle ne le connaissait pas encore vraiment, était pourtant si cher à son coeur.

Ainsi, c'est la tête pleine d'interrogations vis-à-vis de ce que Nathanael pouvait bien ressentir à cet instant, qu'Abbygael préféra rester la plus neutre possible, pour le moment tout du moins. Plus tard, elle pourrait bien voir tout ça en fonction de l'évolution des choses, alors pourquoi essayer d'envisager l'avenir, de l'anticiper, ou plutôt de l'appréhender? Elle en aurait bien assez le temps si la réaction de Nathanael n'est pas telle qu'elle aurait pu l'espérer. C'est pourquoi elle avait tout de même un peu hésité à terminer sa phrase. Oui, elle avait hésité à dire, pour la toute première fois de sa vie, que Nathanael était son frère, son grand-frère plus précisément. C'était un lien très fort, en réalité, et ni l'un ni l'autre n'en avait eu la moindre idée jusqu'à cette lettre, non, ni l'un ni l'autre. De toute sa vie, il n'y eut pas un seul instant où elle avait pu penser qu'elle avait un frère, et encore moins plus âgé qu'elle. En réalité, sa maison ne la surprenait pas plus que ça. Après tout, toute sa famille ou presque avait été envoyée à Serpentard, alors c'était peut-être comme qui dirait « dans la logique des choses ». Mais d'un autre côté, Abbygael était bel et bien une exception, alors bon...

Et dire que lorsqu'elle s'était réveillée ce matin-là, bien tranquillement dans son dortoir, jamais elle n'aurait pu penser qu'une journée si bien commencée aurait pu être si bouleversante au final. Elle n'aurait jamais pu s'attendre à la venue de cette petite chouette blanche tachetée, qui arriva alors qu'elle prenait son petit déjeuner dans la grande salle à la table des Poufsouffles, pour déposer devant elle une lettre sur laquelle son prénom était inscrit. Elle l'avait rapidement décachetée, impatiente de savoir ce que sa mère pouvait lui écrire. Elle la déplia et commença ainsi à lire chacune des lignes écrites avec la fine écriture qui était celle de sa mère. Lorsqu'elle lui parla de Nathanael, et qu'elle comprit qu'il y avait de fortes chances pour que celui-ci soit son frère, enfin, son demi frère, le souffle d'Abbygael se coupa quelques peu, ou plutôt elle le retint involontairement. Et cet homme qu'elle avait vu un jour de Novembre, cet homme qui était venu chez elle et qui s'était disputé avec sa mère, c'était donc son père à lui ? Non, c'était impossible. Cependant, cela faisait bel et bien plusieurs années, mais pourtant elle se souvenait de ce qui s'était passé, presque comme si c'était hier. Le moindre détail lui revenait en mémoire. Tout... sauf ce qu'ils se disaient l'un à l'autre. C'était donc là qu'elle avait entendu le nom « McGowan ». Oui, c'était certain, cela ne pouvait être nulle part ailleurs.

Encore une fois, c'était un jour comme un autre, où Abbygael jouait tranquillement dans sa chambre. Elle avait oublié quelque chose dans le salon et avait voulu aller le chercher. A ce jour où elle venait de découvrir qu'elle avait un frère, elle ne parvenait plus à se souvenir si cet objet était une poupée ou tout autre chose. Quoi qu'il en était, ce n'était très certainement pas important. Ainsi, elle sortit de sa chambre et marcha dans le couloir, en direction des escaliers qui la mèneraient dans l'entrée. C'est là, arrivée en haut des marches, quelle entendit des voix qui s'échappaient du salon, pièce directement reliée à l'entrée. A la fois curieuse et intriguée, surtout par le fait qu'elle entendait une voix d'homme différente de celle de son père ou d'un quelconque autre membre de sa famille, elle s'approcha un peu plus et s'assit sur la toute première marche de l'escalier. Elle ne savait pas si elle fallait qu'elle descende ou non, alors elle préféra rester là et attendre. C'est alors qu'elle pu voir sa mère discuter avec cet homme qu'elle ne connaissait en aucune façon. Que pouvaient-ils donc se dire ? Abbygael ne le savait pas vraiment, elle n'avais pas tout à fait compris. Elle était petite, encore. Trois ans peut-être ? Oui, pas vraiment plus, en tout cas. A cet âge, on ne fait pas attention, et on ne voit pas les choses de la même façon qu'en grandissant, et puis les souvenirs s'estompent, peu à peu. Tout ce dont elle se souvenait, c'était d'avoir vu sa mère et cette homme. Ils étaient debout, tous les deux, premièrement l'un face à l'autre, puis sa maman fit les cents pas dans toute la pièce, les bras croisés, et un air plus que préoccupé sur le visage, voire extrêmement triste. Jamais elle n'avait vu sa mère de cette façon, d'ailleurs. Contrairement à elle, cet homme, en revanche, semblait embêté et presque en colère. Très rapidement, la conversation s'envenima, et c'est là que notre petite Poufsouffle pu perçevoir le nom de McGowan, au milieu des répliques de l'un comme de l'autre. McGowan... Ce n'était qu'un nom, mais celui-ci avait une importance énorme, c'était indéniable. D'ailleurs, il avait un peu fait comme un « tilt » dans sa petite tête brune lorsque Nathanael lui avait dit comment il s'appelait.

Ce qu'elle voulait, maintenant, ou plutôt ce qu'elle cherchait à faire ( sans pour autant y arriver ), c'était se souvenir de ce dont sa mère, enfin leur mère, et le père de Nathanael avaient bien pu parler. De Nathanael très certainement, c'était même plus qu'évident, au fond. En réalité, même si elle se doutait du sujet, ce qu'elle voulait s'était se souvenir des paroles de chacun. Quelques paroles de la part de sa mère, et quelques paroles de la part du père de Nathanael. Oui, ne serait-ce que cela. Il en fallait peu pour la ravir, c'est vrai qu'Abbygael n'était vraiment pas quelqu'un de très exigent, non, vraiment pas. En réalité, ce qui la tracassait, c'est que ce moment de sa vie, cette conversation, était très important, et elle aurait aimé se souvenirs de plus de détails. Quoi qu'il en était, elle savait très bien que ce n'était pas en essayant de se remémorer chacun des mots prononcés en ce jour de Novembre qu'elle parviendrait réellement à s'en souvenir.

C'est alors que notre jeune Abbygael releva sa petite tête brune vers Nathanael. Elle lui expliqua rapidement que s'il ne voulait pas que ses amis sachent qu'il avait une petite soeur de sang-mêlé à Poufsouffle, elle le comprendrait très bien et ne s'imposerait bien évidement pas. L'espace d'un instant, elle avait émis la possibilité que sa présence puisse être une sorte de contrainte pour Nathanael, alors qu'au fond, peut-être que c'était tout autre. Elle était comme ça. Elle avait préféré le lui dire, et peut-être qu'au fond elle avait eu raison. Si elle ne le lui avait pas dit, jamais elle n'aurait pu entendre ce qu'il lui aurait répondu : ces quelques mots qui, ne paraissant être rien, était pourtant beaucoup. Elle n'avait pas honte de sa maison, bien au contraire, elle était très fière d'être à Poufsouffle, mais lui il était Serpentard et de ce fait elle avait envisagé que cela puisse l'embêter, en quelques sortes. Au final, c'était tout le contraire. Il lui assura qu'il l'appréciait énormément, ce qui ne manqua pas de la faire grandement sourire, et ne manqua pas d'ajouter qu'il était très fière d'être son grand frère. Au fond, Abbygael le savait, même s'il ne voulait pas le montrer, il était gentil, ce Nathanael... avec certaines personnes, tout du moins. Il se fichait des autres, ce qui lui faisait bien un point commun avec Abbygael.

Il y a des paroles qui, plus que d'autres, vous vont droit au coeur. Certaines mots, aussi simples soient-ils, ont parfois une portée bien plus douce et chaleureuse que l'on ne pourrait le penser. Ces quelques phrases que venaient de prononcer Nathanael faisaient partie de cela, et Abbygael en avait été très touchée. Elle qui avait préféré attendre sa réaction et qui, en un sens, craignait qu'il ne réagisse plus ou moins mal, on pouvait tout à fait dire que la surprise était de taille ! Elle était heureuse et ça se voyait sur son visage. Ses yeux pétillaient.

- Oui, je me doute bien que tu ne supporteras jamais mes amis de Poufsouffle... et je suis certaine qu'il vaut mieux que j'évite de te parler de ceux que j'ai à Gryffondor...

A cette phrase, notre jeune Abbygael ne pu s'empêcher de rire doucement. Elle voulait plaisanter un peu. En fait, malgré la plaisanterie, elle était tout de même sérieuse. Elle savait qu'il ne les aimeraient pas, hors-mi peut-être de rares exceptions, mais mieux valait ne pas se faire de faux espoirs. Quand elle parlait de ses « amis de Gryffondor», elle voulait bien sûr parler de Matt, Laura, Hayden ou encore Helena. Elle les appréciaient énormément, mais elle comprenait Nathanael. Et puis, peut-être qu'elle n'aimerait pas les amis de Nathanael, alors peut-être était-ce dans la logique des choses.
Elle ne savait pas vraiment ce qu'elle pouvait répondre d'autre à Nathanael. Peut-être devrai-elle laisser parler sa franchise ?

- Quant à moi, je suis très heureuse d'être ta petite soeur, tu sais, même si au fond on ne se connait pas vraiment... Mes amis ne me croiront jamais quand je leur dirai que je suis la soeur d'un élève de Serpentard, ça c'est sûr. Mais d'un autre côté, c'est leur problème, et ça ne change absolument rien. Je ne vais pas le dire partout non plus. Au fond, cela ne regarde que moi et en aucune façon les autres.

Non, elle ne le dirait pas partout, c'était certain, mais elle ne le cacherait pas non plus. Elle restait toujours Abbygael, aussi naturelle que spontanée. Peut-être que lorsqu'elle rentrerait dans son dortoir, tout cela lui paraitrait plus simple et elle ne penserait peut-être même plus à ce changement, associant son frère à un élément intégrant de sa vie. Non, elle en parlerait, très certainement, mais calmement, tout du moins si elle n'oubliait pas de le faire.

- Ca fait bizarre. Moi qui ai toujours pensé être fille unique, je me trompais...

Oui, c'était étrange, tout de même, il fallait bien l'avouer. Mais la vie est étrange, et ce qui leur arrivait à cet instant n'était autre qu'une preuve de plus.

Une petite étincelle dans les yeux, Abbygael parla ensuite très rapidement. Cependant, malgré son important débit de parole, tout ce que disait notre petite Poufsouffle était tout à fait compréhensible. Aucun doute, elle avait bien décidé d'inviter Nathanael chez elle pendant les vacances, enfin, chez eux, plutôt. Elle voulait vraiment qu'il accepte. Ainsi, assise devant lui, elle attendait sa réponse avec un petit sourire.
C'est alors qu'il répondit. Il acceptait, si, si, il acceptait ! Il ajouta qu'il n'avait rien à faire et que quoi qu'il en était, ça ne pouvait qu'être mieux, plutôt que de rester une nouvelle à fois à Poudlard.
A ces mots, Abbygael sourit. Elle était contente qu'il accepte de venir chez elle pensant les vacances de Février, si bien qu'elle commença immédiatement à imaginer tout un tas de choses. Tout d'abord, elle réfléchis où est-ce qu'il dormirait. Il y avait bien sûr la chambre d'amis, mais ce n'était pas un ami, non, il faisait partie de la famille ! Ensuite, elle pensa à ce qu'il pourrait faire. Il faudrait qu'Abbygael lui fasse visiter sa maison, tout d'abord... heu... non... tout d'abord, il rencontrerait maman...

- C'est vrai ? Tu acceptes vraiment ? Ah ! Je suis contente !

Oui, Abbygael était vraiment très heureuse de cette nouvelle, c'était indéniable, et sa joie était bien visible.

- Oui ! Maman sera très heureuse de te voir, j'en suis plus que certaine ! Il faudra que je te présente mon chat, aussi. C'est la Mascotte de Poufsouffle, en plus !

A cet instant, Abbygael s'arrêta quelque peu, et elle repensa à la phrase que Nathanael, son grand frère comme il était encore un peu difficile pour elle de réaliser, venait de lui dire. Il restait donc toujours à Poudlard, pendant les vacances ? Ca ne devait pas être très drôle pour lui...

- Tu es toujours resté à Poudlard pendant les vacances ? Tu ne t'ennuies pas ?

Oui, cette question lui trottait un peu dans la tête. Elle n'était jamais restée à Poudlard pendant les vacances, encore, alors d'un autre côté, elle ne pouvait pas savoir comment c'était. Au fond, c'était peut-être amusant ? Et Nathanael avait sûrement plusieurs de ses amis qui restait à Poudlard, alors après tout, c'était peut-être très sympa...

Tout en prononçant cette phrase, Nathanael s'allongea dans l'herbe, avant de demander à sa jeune soeur de lui parler de leur mère, tel qu'elle le lui avait proposé quelques instants auparavant. Abbygael hésita de nouveau, puis souris et s'allongea à son tour sur l'herbe verte du parc de Poudlard. Elle réfléchis alors à ce qu'elle pourrait lui dire, ou plutôt par où elle pourrait commencer. C'était ça le problème, en réalité.

- Je sais bien que je devrais avoir des tas de choses à dire, et quand tu la verras tu sauras à quel point elle est géniale. D'ailleurs, c'est la meilleurs maman au monde, mais je ne sais pas vraiment par quoi commencer, en fait...

Abbygael réfléchis de nouveau, puis pensa que le mieux qu'il lui restait à faire était de commencer par une description physique, générale.

- On m'a toujours dis que j'avais les yeux de ma mère, alors dit-toi qu'elle a les mêmes yeux que moi, enfin que nous, plutôt... Elle a de très beaux cheveux brun, aussi, oui, elle a de longs et beaux cheveux bruns, assez sombres, d'ailleurs, et sa peau est claire. En taille, elle n'est pas très grande, mais elle n'est pas petite non plus. Elle est vraiment très gentille !

Maitenant que c'était fait, il fallait qu'elle lui parle de sa famille en générale, de sa famille à elle, ou plutôt de la famille qu'elle avait du côté de sa mère, sa famille de Serpentards. Oui, il fallait bel et bien qu'elle lui en parle. Et que cela se fasse maintenant, alors qu'il était allongés tous les deux dans l'herbe, ou dans n'importe quel autre endroit au monde, elle le devait. Car si c'était la famille d'Abbygael, c'était la famille de Nathanael aussi.

- Pour que tu comprennes vraiment, ou plutôt pour que tu connaisses mieux maman, je vais te parler de ses origines... des miennes aussi, donc. Maman est issue d'une trèsgrande famille de sorciers, comme je te l'ai déjà dis, et dont je suis la seule Sang-mêlée, d'ailleurs... Nous sommes issus du clan Atkins, ajouta-t-elle. Tu en a peut-être déjà entendu parlé, c'est même certain, je pense... enfin bon. Comme tu as du le comprendre, toute ma famille est passée par Serpentard, avec juste quelques rares exceptions pour Serdaigle de temps à autres. En fait, il n'y a que maman et moi qui faisons vraiment exception. Elle pour Gryffondor, et moi pour Poufsouffle.

Voilà, c'était dit, elle lui avait rapidement parlé de sa famille, cette famille qui, en fait, n'aimait pas réellement Abbygael, ou plutôt en voulait à Lynn. Mais ça, Nathanael ne le savait pas, et Abbygael ne voulait pas qu'il le sache, pas maintenant en tout cas.
Alors qu'elle attendait la réponse de Nathanael, Abbygael regardait les nuages au dessus d'elle. La vie paraissait tout à coup si calme, si tranquille... Mais cependant, un détail concernant sa mère lui revint soudainement à l'esprit. Au final, non, ce n'était pas vraiment un détail tout simple, mais plutôt un détail mêlé à une interrogation personnelle. Peut-être que ce n'était pas vraiment utile d'en parler à Nathanael, et peut-être même qu'il ne comprendrait pas, déjà qu'Abbygael ne le comprenait pas elle-même, mais elle le lui dit quand même.

- Par contre, je n'ai jamais compris pourquoi je la trouvais toujours triste en Novembre...