Oh non ! [PV]

Non, non, NON ! Fred’ courait depuis plus d’une heure dans le parc. Un sillon de larmes coulait sur ses joues. Elle aurait continué pendant longtemps si elle n’était pas soudain tombé… sur un garçon. Elle le connaissait, elle l’avait déjà bousculé une fois. Sauf que cette fois ci le choc fut bien plus violent. Fred’ en tomba par terre. Galant, le jeune garçon lui tendit la main pour l’aider à se relever mais elle éclata en sanglot.

« Eh ! Eh ! Qu’est ce que tu as ? » Et il la força à se mettre debout. Il observa longuement son visage. Elle devait probablement être mignonne en temps normal, mais pour le moment, elle semblait surtout bouleversée. Sentant les mains du garçons, Tobias de son prénom, sur ses bras, elle frémit et le repoussa violemment. En réaction, il la serra plus fort. Elle hurla : « NEIN ! Lâche moi ! Lâche moi ! Ne me touche pas ! ». Son père, son frère… les hommes n’étaient que des pourritures, ils ne devaient pas la toucher, aucun d’eux.

« Du calme ma belle, du calme, tout va bien ! » Fredericke se débattait encore mais cela faisait une heure qu’elle courait, elle était fatiguée, ses coups ne portaient pas et sa vue commençait à être troublée par autre chose que les larmes. Tobias remarqua qu’elle ne portait pas sa cape, elle avait simplement sa chemise d’uniforme alors qu’il faisait encore très froid à cette période de l’année.

« Laisse moi ! Laisse moi ! Ne me touche pas ! Tu me dégoûtes ! Je ne veux pas qu’on me touche ! » Tobias ne connaissait pas très bien la jeune fille mais pour quelqu’un de plus au courant, ce genre de phrase était choquante. Elle était d’habitude très tactile, voir même plutôt du genre pot de colle. « Personne ne doit me toucher ! »

Et elle balança un coup de pied à Tobias qui la lâcha, effectivement, mais qui se mit à son tour à hurler « Non mais ça va pas ? J’essaie de t’aider ! » Fred’ étouffa un nouveau sanglot. « J’ai pas besoin qu’on m’aide, fout moi la paix ! » Et elle se laissa tomber par terre, par manque de force. Il n’y avait rien à casser à Poudlard, rien que de vieilles armures et des arbres trop grands pour elle. Que pouvait-elle faire alors pour montrer sa colère et sa frustration ?

« Laisse moi seule… Laisse moi… » Chuchota-t-elle sans voir que quelqu’un était arrivé… quelqu’un qu’elle connaissait bien.

Bon ok, c’était vraiment pas sa journée. D’abord il y avait Fred’ qui refusait de lui dire ce qui n’allait pas alors qu’elle était visiblement en pleine crise de nerf, ensuite il y avait Vincent qui se la ramenait pour se la jouer chevalier au grand cœur. Oh, mon gars, ça c’est le boulot de Tobias, toi tu es le méchant garçon qui fusille tout le monde du regard. Chacun son style… Même s’il semblait qu’avec Fredericke les choses soient sensiblement différentes. Le meilleur du pire, c’est qu’en plus on l’accusait d’être le méchant alors que la gryffondor pleurait bien avant qu’elle ne lui tombe dessus !

« Essaie donc de m’envoyer à l’infirmerie Fayr, ça pourrait être drôle. » Répondit Toby du tact au tac à la provocation de son camarade. Non mais c’est vrai quoi, en quoi lui casser la gueule à lui aiderait Fred’ ? Il y avait visiblement quelqu’un d’autre sur qui taper… Tobias acceptait même de l’aider à le faire. Il détestait voir les jolies filles pleurer. Et oui Tobias aime les filles comme Fred’, du moins l’image qu’elle lui avait renvoyé les deux fois où ils s’étaient croisés : fragile, un peu maladroite, énergique… On oubliait le côté colérique et envahissant mais Toby n’était pas encore très au fait du caractère réel de l’allemande.

Faisant fi de la présence du meilleur ami, au contraire c’était stimulant, il se pencha sur Fredericke qu’il obligea à se relever. Elle avait visiblement cessé de se débattre et elle semblait s’être à peine aperçu que Vincent était là. Elle murmura en allemand quelques mots que Tobias ne comprit pas.

« Fredericke, regarde moi, regarde moi je te dis ! Qu’est ce que tu as ? » Il l’obligea à lever le visage vers lui mais c’est alors qu’elle comprit que Vincent était présent. Elle recommença alors à se débattre. Par chance, elle n’avait plus assez de force et Tobias, en bon paresseux, en avait plus qu’elle.

« Arrête de bouger, arrête je te dis ! » Fredericke se remit à répéter qu’elle ne voulait pas qu’il la touche sauf qu’elle parlait en allemand. Il comprit quand même le sens global au ton qu’elle employait.

« Ok, ok, je te lâche. Mais ce pourrait être bien qu’on aille discuter ailleurs, loin du parasite. » Et il désigna Vincent de l’index… Il fallait qu’il revoit ses classiques, la seule personne en dehors de ses cousines que Fred aimait sincèrement était celui qu’il appelait un parasite.

Fredericke regarda Vincent alors que Tobias la tenait toujours à la fois pour l’aider à tenir debout et pour qu’elle ne tente pas de s’enfuir. Aucun risque de ce côté là, si elle fuyait Tobias, elle fuirait Vincent par la même occasion, et elle n’avait aucune raison de faire ça. Oui, elle est au courant que lui aussi c’est un garçon mais c’est son ami, alors il n’en est un que dans les faits (ou comment se chercher des excuses pourries, et oui…).

« C’est bon, lâ… lâche moi. » Dit-elle en regardant Tobias dans les yeux. Il siffla entre ses dents sa désapprobation mais, comme il n’avait plus de raisons de la tenir de force, il la lâcha. Elle manqua tomber parce qu’elle n’avait plus d’appui mais Vincent n’était qu’à quelques mètres (voir moins), alors elle fit deux pas vers lui. Elle pleurait toujours. « Vincent… » Mais elle n’arriva pas à dire quoi que ce soit. Elle mit la main sur l’épaule de son ami, pour ne pas tomber, mais elle resta à quelques centimètres de séparation. En temps normal, elle n’hésitait jamais à lui sauter au cou, à lui faire des câlins et des bisous (on se demande même comment il peut le supporter) mais aujourd’hui, quelque chose l’en empêchait.

Tobias intervint. « Alors Fayr, toi qui est si fort, si grand, que vas tu faire pour sauver ta demoiselle en détresse ? » On sentait le sarcasme. « La ferme. » C’était Fred’ qui avait parlé. Elle ne trouvait pas Tobias méchant, il était sûrement très gentil, mais il commençait à lui courir sur le haricot. Il avait de la chance qu’elle… Oh non…

« Vincent je… ich… » Elle lâcha son épaule et tourna de l’œil. Elle l’avait sentit venir, mais elle n’avait pas eu le temps de prévenir. Résultat, elle était par terre, sur l’herbe humide…. Des larmes coulait encore sur ses joues alors qu’elle avait perdu conscience et que l’obscurité l’entourait. Elle ne pensait plus à son père, plus à Durmstrang. Elle ne pensait plus à rien du tout, elle était trop fatigué pour ça… Et au moins les deux garçons pourraient continuer à se disputer tranquillement. Enfin ça, ce fut sa dernière pensée. Pourquoi ils s’aimaient pas au fait ? Problème à résoudre à son réveil… ou pas.

Il allait le tuer, le frapper, bien le secouer au point qu'il tomberait sur le sol et après, il partirait avec Fredericke et l'emmenerait à l'infirmerie parce qu'elle n'avait vraiment pas l'air d'aller bien. D'ailleurs, au moment où elle avait posé une main sur son épaule, il avait senti que là, ça n'allait pas du tout. Et l'autre là, ce crétin qui continuait à parler pour ne rien dire ! Non mais sérieux quoi, à quoi est-ce qu'il servait lui ? Il n'avait pas quelqu'un d'autre à embêter ? Il ne voulait pas aller voir quelqu'un d'autre ? Sérieux, là, il lui tapait vraiment sur les nerfs et si Vincent le chopait, là, ça irait mal pour lui ! Et franchement, il savait très bien que ce n'était pas forcément le moment. Pas du tout même. Mais là, il se passa un truc qui le lui fit encore mieux comprendre...

Fredericke avait tourné de l'oeil ! Elle s'était évanouie et lui, il n'avait pas été capable un seul instant de voir qu'elle n'allait vraiment pas, mais alors pas bien du tout ! Non mais quel crétin ! Et maintenant, il faisait quoi ? Il était censé faire quoi ? La soulevant dans ses bras, il fusilla Tobias du regard.

- Comme tu peux le voir, Fredericke ne va pas bien. Alors t'es gentil, va embêter quelqu'un d'autre. Je ne pense pas que ta présence ici soit réellement nécessaire. D'ailleurs, je n'ai pas besoi de toi. Sérieux, casses-toi Sandeau, ça me fera un peu d'air ! Tu m'emmerdes là ! Tu sers à rien ! Je sais pas ce qu'il se passe. Mais si j'apprends qu'elle est comme ça à cause de toi, je te jure que je te tue !

Il se mit alors à se diriger vers le château, Fredericke dans ses bras. Bien sûr, il n'était pas super fort et bon, la Gryffondor avait beau être super légère, il ne fallait pas négliger le fait qu'à onze ans, on n'est pas super fort. Enfin bref, tout ça pour dire, qu'il devait se bouger. Et plus vite que ça.

- T'inquiètes pas Fred', je suis là, je t'emmène à l'infirmerie, ça va aller...

Non mais c’était quoi ces façons de l’évincer ? Il ne fallut pas bien longtemps à Tobias pour rattraper ce prétentieux de Vincent. Ok, le blondinet savait que son camarade de classe était ami avec l’allemande mais ça ne lui donnait pas de droits sur elle, encore moins celui de l’embarquer comme ça. C’était lui qu’elle avait bousculé en premier ! Et sans l’intervention de Vincent, il lui aurait sûrement fait dire ce qui n’allait pas [Enfin ça c’est ce qu’il se plaît à croire hein XD]

« Eh ! Minute ! » Il essaya de faire tourner Vincent mais avec Fred’ c’était pas évident, Toby ne tenait pas à ce qu’il la lâche ou un truc du genre. « Je sais qu’elle va mal mais pourquoi toi tu l’emmènes à l’infirmerie plutôt que moi ? Ou plutôt pourquoi tu m’exclus ? »

Tobias détestait qu’on tente de le surpasser… ou qu’on essaie de lui piquer son jouet. Cela lui donnait toujours une folle envie de le récupérer et de se l’approprier. Heureusement, Fredericke dormait à point fermé, sûrement la fatigue d’avoir trop pleuré et couru, elle n’était pas prête de se réveiller…

« J’aime bien Fredericke, je vois pas pourquoi tu serais le seul à pouvoir l’aider. »

Bon, ce n’était pas faux, mais ce n’était pas vrai non plus. Fredericke était mignonne, tout à fait son genre, mais ce qui l’intéressait chez elle c’était surtout le fait que Vincent se préoccupe tant d’elle. Hormis Marie, qui avait naturellement un charisme important, Vincent ne s’entendait pas avec grand monde dans leur classe, encore moins avec les filles, alors pourquoi Fredericke ? En tout cas, puisque Tobias n’aimait pas Vincent, il avait très envie de l’embêter un peu… Ou du moins de se venger. Dommage, il ne pourrait pas charmer Fred’ pour le moment, mais il pouvait remettre ça à plus tard. D’autant qu’il n’était pas sûr du tout au fond qu’elle accepte de lui parler après la petite scène de Vincent… Mieux vaudrait attendre que les choses se calment… et faire chier Vincent pour patienter. Serpentard un jour, serpentard toujours…

« Donne la moi, en plus d’être possessif, t’es pas capable d’assumer… gringalet. »

Tobias fit un sourire pincé à Vincent. Il faudrait bien qu’ils finissent par s’occuper de Fredericke mais au moins du côté du blond, il y avait quelques comptes à régler avant… et quelques guerres à entamer.

Pourquoi est-ce que lui, il l'emménait à l'infirmerie plutôt que Tobias ? Dans la tête de Vincent, c'était pourtant clair, c'était lui l'ami de Fredericke ! Pas l'autre ! Si elle avait eu un autre ami à Serpentard, il aurait probablement été le premier au courant et pas ce débile profond parce que sérieux, c'était tout ce qu'il était ! Il n'avait qu'une seule envie pour le moment, déposer Fredericke et se jetait sur l'autre Serpentard pour le rouer de coup. Et il l'aurait probablement fait s'il ne s'agissait pas de Fredericke et si elle n'était pas actuellement inconsciente. Donc pour le moment, il devait tout faire pour gardes son sang froid. S'il venait à le perdre à coup sûr, c'était Fredericke qui prendrait et il en était parfaitement hors de question ! Non mais eh ! Il ne fallait pas non plus le prendre pour un crétin le petit ! Il savait être raisonnable quand il le fallait et c'était maintenant plus qu'à n'importe quel moment !

- Ecoutes Sandeau, si tu veux qu'on se batte, très bien, c'est quand tu veux, je te juure, je dépose Fredericke à l'infirmerie, et je te la pète ta gueule, si c'est vraiment tout ce que tu veux. Mais je ne te demande qu'une seule chose, laisses moi l'amener à l'infirmerie. Si tu veux, tu viens avec moi, aucun problème mais il faut l'emmener, elle ne va vraiment pas bien. Tu comprends ça ? Ou t'es vraiment trop un crétin pour capter ?

Il l'écouta lui dire qu'il aimait bien Fredericke et que donc, il pouvait très bien aider lui aussi. Mais la question c'était avant tout de savoir s'il aimait Fredericke pour elle-même ou bien c'était autre chose. Vincent avait bien souvent pu voir que le jeune Sandeau semblait porter un intérêt assez particulier pour les filles. Toutes les filles alors il savait que maintenant, il était question de faire attention à Fredericke. Coûte que coûte...

- Ben viens avec moi alors ! Arrêtes de pleurnicher !

Vincent écouta ce crétin lui dit qu'il était un gringalet, qu'il n'arriverait pas à la porter. Le plus drôle de la situation était tout de même de voir que Vincent était légèrement plus grand que Tobias. Des deux, Sandeau était le plus gringalet. Mais Vincent ne dit rien. Et pour la première fois de sa vie, il laissa tomber. La vie de Fredericke était bien trop importante à ses yeux.

- Et bien très bien, prends-la. Mais je t'accompagne jusqu'à l'infirmerie. Et si tu la fais tomber, tu n'auras pas le temps de la voir toucher le soleil que tu ne verra déjà plus rien.

Foi de Fayr, c'était une promesse qu'il tiendrait.

Dixit l'infirmerie.

Tobias Sandeau a écrit:

Tobias prit Fredericke dans ses bras – grâce au ciel ! Elle était aussi légère qu’elle semblait l’être – puis, il regarda Vincent avec un sourire énigmatique. Qu’il le frappe donc, ça voudrait dire qu’il jouait son jeu. Enfin, passons, il ne comptait pas faire tomber Fred’ de toute façon. Il la serra volontairement dans ses bras plus que nécessaire et planta son regard bleu marine dans les yeux clairs de son camarade de classe.

« Allons Fayr, calme toi un peu. Elle est juste évanouie à cause de la fatigue. Elle a beaucoup courut, crier et pleurer, elle ira mieux après sa petite sieste. »

Cela se disait son meilleur ami et ça paniquait pour un rien. Enfin passons, il avait beau pratiquer la natation, il avait été obligé de stopper les cours depuis son entrée à Poudlard alors sa musculature ne supporterait une prise prolongée. Il ne voulait pas faire mal à Fredericke, il se mit donc à avancer en direction de l’infirmerie. Le meilleur était à venir… Enfin, sauf bien sûr si Fred’ se réveillait trop tôt et gâchait tout. C’était plus amusant quand elle dormait, il pouvait en faire ce qu’il voulait et Vincent devenait mollasson à la voir ainsi. Comme quoi, les filles sont vraiment les plus fortes, elles mènent les hommes par le bout du nez… mais pas lui, lui, il les dompterait toutes.

Bref, il fallait quand même qu’ils aillent à l’infirmerie, et ils y arrivèrent assez rapidement. Tobias posa délicatement Fredericke sur un lit vide… le tout sous le regard inquisiteur de ce cher Fayr. Il attrapa une couverture et la mit sur l’allemande, la bordant avec beaucoup de soin et surtout de lenteur.

« Bien, et maintenant, que faisons nous ? Tu veux peut-être que je l’embrasse pour que telle la belle au bois dormant elle se réveille. »

Le ton de sa voix et sa mimique étaient des plus narquois. Il se moquait de Vincent, c’était évident… mais maintenant, Fred’ était en sécurité, ils pouvaient se disputer autant qu’ils le voulaient… du moins jusqu’à ce qu’elle émerge parce que Tobias restait curieux de savoir ce qui avait pu la mettre dans un état pareil. Il ne se faisait pas de soucies pour sa santé, il était plus raisonnable que Vincent, mais il était préoccupé pour son moral. Il ne connaissait pas beaucoup la jeune fille, mais ça ne semblait pas être dans ses habitudes de tomber dans les pommes en pleurant. Ou alors elle était beaucoup moins intéressante qu’il se l’était imaginé et il ne comprenait vraiment plus Vincent… C’était possible aussi. En attendant, ils pouvaient toujours se chamailler dans la joie et dans la bonne humeur !