Reste avec moi [PV]

Après l’épisode du saule cogneur, Fredericke navigua le plus discrètement dans le château, emmenant Vincent avec elle par magie. Une fois devant la salle, elle passa trois fois devant en pensant exactement à tout ce dont elle avait vraiment besoin pour aider Vincent. Il avait de la fièvre ce crétin à rester sous la flotte avec une blessure sanguinolente. Elle rentra ensuite par la porte qui apparut devant ses yeux. Un grand feu brûlait dans la cheminée et elle se sentait fatiguée à force d’utiliser la magie. Mais elle était arrivée au bout du périple. Elle posa Vincent sur le lit et rangea sa baguette avec soulagement.

Elle commença par enlever sa veste et sa chemise à Vincent avec l’aide d’un ciseau. Honnêtement, ça ne la gênait pas du tout de déshabiller son meilleur ami. Déjà, elle ne craignait pas les garçons (le seul qu’elle connaissait avant Poudlard c’était son frère alors…) et ensuite c’était Vincent, son meilleur ami, donc il ne se ferait pas des idées louche. C’était un garçon bien et il avait onze ans ! Ok, presque douze, mais un garçon à douze ans, c’est encore presque un bébé. Elle a peut-être effectivement trop traînée avec son frère quand elle était jeune… La seule chose qui la gênait c’était d’abîmer un uniforme, mais elle ne pouvait pas faire autrement.

Une fois sa tâche accomplie, elle désinfecta et lava soigneusement la plaie. Cela aussi ça prit du temps, beaucoup de temps même car elle y allait doucement pour ne pas réveiller son meilleur ami, puisqu’il souffrait, il valait mieux qu’il soit inconscient. Une fois la plaie bien propre, elle posa une nouvelle bande bien propre dessus et surveilla que ça ne saignait plus. S’il restait immobile, ça irait… s’il s’amusait à faire le fou, c’était moins sûr, mais dans son état… y’avait peu de chance qu’il fasse une course.

Avant de continuer son affaire, elle mit une couverture sur Vincent et alla se déshabiller devant le feu. Vincent aurait très bien pu se réveiller mais elle était gelée, elle ne comptait pas rester une minute de plus dans ses fringues mouillés. Elle avait enlevé la cape dès son arrivée mais même sa chemise et sa jupe ne valait plus rien. Elle enleva le tout, collant y compris, et ne garda que ses sous vêtements. Elle passa un des vêtements qui se trouvait dans la chambre qu’elle avait demandé mais la salle sur demande avait seulement fourni des peignoirs. Cela ferait l’affaire. Elle attacha ses cheveux en chignon et revint vers Vincent. Son front était encore brûlant, normal avec toute cette pluie. Elle n’en menait pas large non plus mais elle avait pas saigné donc forcément… Et puis, s’occuper de Vincent l’obligeait à tenir debout. Elle prit une compresse froide et la posa sur le front de son ami, cela devrait faire baisser un peu la fièvre. Ensuite, elle prit un cachet et elle passa de l’autre côté du lit. Elle se coucha près de lui et ferma les yeux. Quelques instants plus tard, elle dormait profondément, une main posé sur le cœur de Vincent (qu’elle avait remis sur le dos, c’est très mauvais de dormir sur le ventre) et sa tête légèrement penché sur l’épaule de son ami. Elle ne s’était pas mise sous les couvertures (un brin de pudeur persistant), elle se colla donc de plus en plus à Vincent…

Pour le moment, les deux enfants dormaient.

Mal de tête, manque de force, mal au dos... Lorsque Vincent se réveilla, ouvrant quelque peu les yeux mais les refermant à cause de la lumière, il sut qu'il n'était pas mort. Bon, ben voilà, ça semblait raté... Mais bon, d'un côté, il devait tout de même s'estimer content non ? Comment apprécier de mourir à onze ans après tout ? Qu'avait-on réellement vécu lorsqu'on mourrait aussi jeune ? Et bien oui, voilà, ça ne servait à rien. A absolument rien... Mais bon, en même temps, s'il venait à mourir maintenant, dans un sens, il serait bien tranquille. Plus de problème avec le passé, plus de problème avec les douleurs qui le prenaient de temps à autre. Oui, ça serait si vite réglé...

Lorsqu'il prit son courage à deux mains et qu'il ouvrit la pièce, il fut assez surpris parce que ça ne lui disait absolument rien. Il était où exactement ? A Poudlard, ça il n'en doutait pas mais mis à part ça, il n'avait strictement aucune idée de où est-ce qu'il pouvait bien être... Mais quelle surprise, au moment où il voulait un peu bouger, il se rendit compte que Fredericke se trouvait allongée à son côté, drôlement près de lui. Donc, c'était elle qui l'avait mené jusqu'ici. Il se serait demandé comment s'il n'avait pas été un sorcier. Ben oui, un simple coup de baguette et on pouvait transporter des montagnes maintenant. L'écartant un peu de manière délicate, il sortit du lit et s'approcha d'un miroir un peu plus loin. Inspectant avant tout son visage. Il se trouva encore un peu trop pâle. Bon... Donc, il n'avait pas totalement récupéré. En même temps, il avait du perdre une bonne quantité de sang alors pour récupérer le mieux serait peut être de rester tranquille, en tout cas, jusqu'à ce qu'il ait mangé un petit truc. Mais n'ayant rien sous la main et ne sachant pas où est-ce qu'il était... Passant une main dans ses cheveux, il tenta de faire en sorte que ça ressemble à quelque chose (et oui, Vincent reste Vincent hein xD). Il remarqua qu'il était torse nu alors (encore un peu endormi dis donc !) mais il n'y prêta guère attention et porta son regard vers son dos, du moieux qu'il put. Il put d'alleurs voir que Fredericke avait refait son bandage. Maintenant... Il avait un peu peur. Peur qu'elle lui pose des questions. Peur qu'elle tente d'en savoir plus à son sujet. Peur... Vraiment trop peur de tout et de n'importe quoi à vrai dire. Il avait conscience que là, il ne pouvait plus rien dissimuler. Il avait conscience qu'il allait devoir parler et sérieusement, il n'en était pas mais alors pas du tout près.

Fredericke était là, allongée tranquillement sur le lit en train de dormir. Elle portait un peignoir mais Vincent n'y fit pas spécialement attention. De toute façon, il n'y avait qu'eux deux alors pourquoi s'inquièter ou quelque chose comme ça hein ? Il fut alors tenté de fuir. De partir sans demander son reste. De fuir plutôt que de devoir faire façe à Fredericke. Il savait que s'il lui prenait l'envie de savoir, elle ferait tout pour savoir justement. Et il ne pouvait pas. Il ne voulait pas. Il n'en avait pas la force... Au lieu de ça, il s'approcha d'un mur, sur le côté un peu en retrait, et se laissa glisser, prenant néanmoins bien soin de ne pas appuyer son dos. Plaçant sa tête entre ses jambes, les bras encerclant ses jambes, il resta là, sans bouger. Et aussi incroyable que cela puisse être, il finit par s'endormir, quelques larmes coulant sur ses joues sans qu'il ne puisse y faire quoi que se soit...

Dans un premier temps, quand Vincent quitta le lit, elle murmura d’une voix faible « Lass mich in Ruhe » encore totalement endormie, seulement consciente que quelque chose se passait. Mais vingt minutes plus tard environ, son bras autrefois posé sur Vincent se rendit compte que maintenant elle avait seulement la couverture sous elle et elle se leva en un bond « VINCENT ! » Mais il était là, elle le trouva rapidement, ses yeux faisant rapidement le tour de la pièce. Son cœur se calma alors… Elle avait bien cru qu’il était partit ce qui dans son état aurait été profondément stupide. En même temps, Vincent était stupide. Il était celui qui lui avait dit à elle, sa meilleure amie, qu’il préférait mourir.

Elle se leva et attrapa la couverture. Finalement, elle la reposa presque aussitôt et serra la ceinture de son peignoir. Ce n’était même pas de la pudeur, c’était qu’elle détestait son soutien gorge… et oui, Fred’ est toujours aussi pragmatique. Bref, une fois sa mise arrangée, elle reprit la couverture et la mit sur les épaules de Vincent.

« Réveille toi bel endormi » lui dit-elle ensuite s’accroupissant devant lui. Ce que les mecs peuvent être con franchement… Elle lui toucha l’épaule et le regarda se réveiller (de toute façon, il avait pas le choix) avec un petit sourire attendrie aux lèvres. Certes, elle l’insultait depuis un moment, mais c’était surtout parce qu’elle était inquiète. Cependant, elle garderait ses questions pour elle dans l’immédiat… déjà parce qu’en temps normal ce n’était pas son genre d’en poser (la preuve, elle ne savait presque rien de Vincent) et aussi parce qu’elle ne voulait pas qu’il détale comme un lapin alors qu’il n’en était pas capable du tout.

« Salut toi… » Lui dit-elle doucement, comme si parler trop fort risquait de le brusquer. « Tu devrais retourner dans le lit, tu vas attraper froid sinon. » Et machinalement, elle remit les bords de la couverture en place, les lissant avec douceur. La bonne nouvelle c’est qu’il était vivant… A partir de là, tout était encore possible.

Lorsqu'il entendit la voix de Fredericke, alors qu'il s'était rendormi en boule contre un mur, il ouvrit doucement les yeux, papillonnant un instant avant de réellement lever la tête, essuyant ses joues qu'il sentait humide au passage. "Arf, sale enfant stupide, pourquoi est-ce que tu pleures ?" Son esprit était embrouillé. Il avait mal mais il détestait se sentir comme ça. Mas malheureusement, ben il n'avait jamais trouvé le moyen d'oublier les souffrances qu'il avait toujours connu. Il n'y parvenait pas, c'était ainsi et qu'aurait-il pu faire contre ça ? Sérieux, ça devenait lourd. Et si en grandissant, ça ne changeait pas, iil ferait un meurtre quoi ! Il savait qu'il avait une apparence assez dur. Du moins, il avait l'apparence d'un Serpentard, enfin, c'était l'impression qu'il se donnait. Mais ses yeux criaient à l'aide... Et il détestait ça, Il n'aimait pas parce qu'il se sentait ridicule. Totalement débile.

- J'ai l'air con hein... ?

Se redressant tout en tenant la couverture afin de faire en sorte qu'elle ne tombe pas, il se mit debout et soupira.

- Même très con. T'aurais pu me laissser, je serais mort et ça aurait réglé tous les problèmes. Non mais c'est vrai, au moins comme ça, j'aurais été tranquille, tu aurais été tranquille et tout le monde aurait été tranquille...

Et quand il pensait comme ça, c'était encore pls débile. Ridicule. Mais il ne parvenait pas à s'en empêcher... Il était comme ça, voilà tout. Que faire contre ça hein ? Il ne pouvait pas changer son mental. Du moins, pas pour le moment alors...

Il l'écouta lui dire de retourner sur le lit mais il n'en fit rien, il n'en fit qu'à sa tête. Et son regard croisa alors le haut de son uniforme. Euh... Il s'habillait comment maintenant pour sortir ? Non, c'était quoi le sort pour réparer les habits ?

- C'est quoi le sort pour sauver mes habits ?

Il se tourna alors vers Fredericke, lui souriant légèrement.

- Merci Fredericke...

Il devait le dire, même s'il aurait probablement préféré mourir. Elle lui avait sauvé la vie...

Fredericke n’écouta pas les remerciements de Vincent, elle entendait seulement les mots qu’il avait prononcé juste avant. Elle croisa les bras comme pour se protéger alors que ses grands yeux bleus se remplissaient de larmes. Elle ne pouvait pas croire qu’il dise vraiment ce genre de choses… Et elle alors ? Elle comptait donc si peu ? Bien sûr, elle n’était que son amie, mais elle était là pour lui… la preuve ! Et il voulait mourir, la laisser seule dans la tourmente ! C’était une attitude de lâche.

« Tu n’as pas le droit de dire que tu veux mourir… » Elle le fixait. Son regard avait beau être embué, elle ne cillait pas. Elle pouvait être discrète, elle pouvait même s’effacer avec tact devant la concurrence comme lors du bal, mais s’il y avait bien une chose qu’elle ne supporterait pas une minute de plus c’était de l’entendre dire des choses pareils !

« Encore moins d’oser dire que ce serait mieux pour moi ! Si tu meurs qu’est ce que je deviens moi ? Espece de crétin égoïste ! Tu peux dire ce que tu veux mais certainement pas que je serais tranquille sans toi parce que c’est faux ! »

Cette fois, elle pleurait pour de bon et elle serrait tellement les mains sur ses bras fins que ses phalanges étaient blanches. Elle même était d’ailleurs assez pâle à cause de la fièvre. Mais elle tenait debout et si elle laissait les larmes couler sur son visage, elle n’en restait pas moins droite et fière.

« J’ai eu la peur de ma vie quand je t’ai vu tomber ! J’ai vraiment cru que tu allais mourir, que tu allais me laisser seule ! Et toi tu continues à me dire des trucs comme ça ! »

Elle essuya rageusement son visage mais finalement, elle n’arrivait pas à être assez en colère pour lui crier dessus. Elle en avait envie, mais elle sentait bien que ça ressemblait plus à une plainte qu’autre chose. Elle s’approcha alors de lui et prit sa main droite entre les siennes. Elle la pressa et s’approcha un peu de lui.

« S’il te plaît… sois gentil… reste avec moi… ne m’abandonne pas… »

Elle failli ajouter qu’elle avait peur sans lui, ce qui était vrai mais qu’elle ne pouvait pas dire. Elle n’avait pour elle que sa fierté et son courage, même à Vincent, elle ne pouvait pas avouer qu’elle avait peur… Pourtant, c’était vrai. Toute seule dans Poudlard, elle avait peur. Pas qu’on lui fasse du mal, mais que sa vie ne ressemble toujours qu’à ça, une suite de journée ennuyeuse qu’elle devrait lutter pour rendre plus intéressante. Depuis qu’elle connaissait Vincent, tout était plus amusant parce que ses facéties, elle ne les faisait pas que pour elle, elle les faisait aussi pour lui. Elle était comme une petite étincelle qui devenait feu de joie à son contact. Elle arrivait à avancer et à avoir des projets parce qu’il était là… S’il disparaissait, en plus de briser son cœur de petite fille, elle retomberait dans cette affreuse solitude.

Il n'avait pas le droit de dire ça ? Oh ça, il n'en doutait pas mais alors pas du tout. Mais en même temps... C'était peut être débile de dire que l'on voulait mourir. Bête et à la fois si inutile. Et pourtant, il ne parvenait pas à s'en empêcher. Et oui, il était comme ça le garçon, c'était ainsi et on ne pouvait pas faire autrement. Le jour où son "meilleur ami" l'avait trahi, il l'avait voulu, le jour où il avait été poignardé aussi... Mais non, il était encore là... Et il savait que mourir n'était pas la meilleure solution puisque de toute manière, nous n'avions qu'une vie hein. Mais voilà, il s'était toujours dit que vu qu'il s'en prenait tout le temps plein la tête, disparaître une bonne fois pour toute serait clairement mieux. Mais non... Il était encore là.

Egoïste ? Lui ? Oui, peut être. non, il était sûr de l'être. Avec le temps, oui, il avait appris à ne penser qu'à lui. Mais il était vrai qu'en affirmant vouloir mourir, il ne pensait pas à Fredericke. Il était, enfin... Il lui semblait bien sûr, son meilleur ami. Comment prendrait-elle le fait qu'il disparaisse un jour ? Mais il n'avait aucun doute sur le sujet, elle se referait bien vite de nouveaux amis. Chez les Pouffsouffles, ça semblait bien marcher en plus. Chez Sterne ils se faisaient des amis aussi... Enfin, elle se faisait des amis. Lui, on ne pouvait pas réellement dre ça mais c'était avant tout parce qu'il n'y mettait franchement pas beaucoup de bonne volonté... Mais il était comm ça. Dur ? Oui, ça l'était. Mais dans le fond... Pas tant que ça. Enfin... Bah... Il se moquait bien de se faire des amis. Il avait Fredericke et la solitude lui importait peu. Il se moquait bien de se retrouver seul. De passer plus de temps tout seul qu'entouré...

- Oui, je ne suis qu'un égoïste qui ne pense qu'à moi. Tu ne me connais pas Fredericke... Tu pense me connaître, ce n'est pas la même chose...

Pourquoi est-ce qu'il disait ça ? Il ne le savait pas lui-même. Mais le pire, c'était que c'était vrai tout ça. Il était si différent avec elle, c'était à se demander qui était le garçon qui prenait sa place avec elle ? Il n'avait plus l'habitude d'être gentil comme ça... Ce n'était pas lui... Et pourtant, pourtant avec elle, il ne parvenait pas à être différent. Il ne savait pas pourquoi mais elle avait comme un pouvoir sur lui...

Il continua de l'écouter parler, sans broncher. Quoi qu'elle puisse dire ça ne changeai rien... Non il ne voulait pas la laisser, mais il avait si mal ici qu'il ne pouvait pas faire comme si ne rien n'était... Oh et puis allez quoi, ça ce n'était qu'une petite phase de rien du tout, il allait vivre, de toute façon, il se voyait mal mettre fin à ses jours. M'enfin bon, il avait eu une chance là...

- Je resterais avec toi Fredericke. Je resterais. Tu peux compter sur moi... Je ne te laisserai pas parce que je suis trop con pour avoir le courage de mourir. Parce que j'ai peur de mourir tout comme j'ai peur de vivre. La vie que j'ai ne me convient pas mais je sais que la mort ne m'ira pas non plus. J'ai peur. Et oui, Vincent Fayr a peur de beaucoup de chose. Je ne suis pas un Gryffondor après tout... Je... J'ai besoin d'air.

Lançant un rapide sort sur ses habits (merci la mémoire qui revient quand il faut) il remit le tout et fila. Il n'en pouvait plus, il avait vraiment besoin de rester seul un moment. Et ce n'était pas les larmes de Fredericke qui l'empêcheraient de partir...