Fredericke se coucha sur le lit, les genoux repliés sur son ventre et elle fixait Vincent tout en l’écoutant parler. Cette histoire avec Tobias l’avait un peu distraite de ses préoccupations d’origines mais il n’en restait pas moins qu’elle ne voulait pas aller à Durmstrang avec Franz. Ses parents avaient le chic pour la mettre hors d’elle mais elle ne méritait pas tant de problèmes, elle, elle était gentille… et docile aussi. Seulement là, juste une fois, elle n’obéirait pas. Pour ne pas être non plus une fille horrible, elle préviendrait Roze de sa fugue. Si sa cousine savait où la joindre en cas de problème, ce serait bon. Le tout serait de se faire le plus discrète possible car au moindre petit sort, elle serait repérée. « Tobias t’aime pas ? Et tu l’aimes pas ? Mais pourquoi ? Il t’as fait quelque chose ? » Si oui, elle lui ficherait probablement elle aussi son poing dans la figure la prochaine fois qu’elle le verrait. Elle aurait dû le faire tout à l’heure quand il l’avait embrassé près des lèvres. Non mais franchement… quel garçon se comportait ainsi de nos jours ? Pas ses amis en tout cas ! Jamais Vincent, Adrien ou Roman n’oserait faire ça, du moins pas sans sa permission express.
« En tout cas, j’ai vraiment cru qu’il allait m’embrasser. Pwah… Je crois que j’aurais été traumatisé à vie de donner mon premier baiser à quelqu’un que je connais pas. » Et si tu le connais ça va ? Non parce que la phrase est ambigu. Elle n’arrivait pas toujours à mettre les bonnes phrases sur son idée même avec tous les progrès qu’elle avait fait. Elle voulait dire évidemment qu’elle préférait donner son premier baiser à un garçon dont elle serait proche (pas à son petit ami puisqu’elle ne peut pas en avoir) mais c’était bien plus clair dans sa tête que dans sa phrase… qui était syntaxiquement correct mais sémantiquement étrange.
« J’pense que t’as raison, il a l’air un peu manipulateur. Il nous regardait tout le temps comme s’il cherchait des failles ou quelque chose comme ça… Tu l’as frappé pendant que je dormais ? Il avait fait quelque chose de déplacé ? » Bonne question mademoiselle Maiden, bonne question… Vincent jugera-t-il préférable de dire la vérité ? « Ah sinon, pour ma fugue, je peux commencer par aller chez toi ? »
Mais après il faudrait qu’elle aille ailleurs pour ne pas se faire attraper… car ça y est, dans son esprit c’était décider.