La monotonie de la vie de Cora ressortait particulièrement ce jour là, et s’il n’y avait eu que ça, ça aurait encore été passable. Non, ce n’était pas le pire de voir que chaque jour qui passait se ressemblait au plus haut point, de se rendre compte que les cours avançaient toujours au même rythme, que le château de changeait pas, que les élèves vivaient leur vie sans se poser de question. La jeune serpentarde, elle, elle s’en posait des questions. Oui, elle avait le temps, elle était seule. Pas d’amis, pas de famille. Ou plutôt si, mais à sa vue, on ne pouvait l’appeler décemment comme cela. De toute façon, rien n’allait, en ce moment. Esfir, sa très cher Fira, presque seule amie, était malade et malgré tous ses efforts pour le cacher, c’en était frappant pour elle qui la connaissait si bien. Esfir, qui devrait combattre sa mort dans peu de temps, Esfir, la dernière personne qu'elle considérait comme une véritable amie qui risquait de l’abandonner. La Russe était pour l’instant partie de Poudlard, et qui sait si Cora la reverrait un jour ? Cette dernière était sure et certaine de ne jamais plus pouvoir la regarder en face.
Quand à son père, la vert et argent n’en entendait même plus parler. Ce dernier, réussissait-il à vivre seul dans leur nouvel appartement minable ? Continuait-il à essayer de remonter la pente de son compte en banque vidé ? Peut-être, pensait Cora, quelle importance ? Il vaut sans doute mieux pour moi qu’il reste loin, c’est déjà assez difficile pendant les vacances.
La solitude, ce sentiment connaissait bien la jeune fille, qui avait été si souvent isolée, cette année ! Elle n’essayait jamais de nouer des liens, ou de faire des conversations, elle n’avait pas été élevée ainsi. Cora n’était pas du genre à rire, ou même parler librement ou à converser sans réfléchir, et inventer des blagues idiotes pour faire rire ses camarades. Renfermée ? Non, jamais de la vie ! Ou plus que jamais, si vous ne l’écoutez pas.
C’était sûrement à cause de ce sentiment de solitude que Cora s’était inscrite au club de duel, même si jamais elle ne se l’avouerait. Elle se disait simplement qu’elle voulait de l’entraînement, être la plus forte, ou montrer sa supériorité face aux autres, ce qu’elle ne faisait plus, ce qu’elle ne savait plus faire depuis au moins trois ans.
Or, Cora y pensait justement à ce club de duel. C’était l’heure, et elle n’avait plus la moindre envie de s’y rendre. Voir les élèves d’autres maisons en dehors des heures de cours, très peu pour elle ! Et puis, s’y rendre seule, encore pire, mais qu’y pouvait-elle, mh ? Elle aurait voulu prendre un bon livre, ou un mauvais, un de ces sales romans moldus populaires du 18ème siècle qui faisaient rêver les imbéciles à des vies meilleur, aux princes charmants, aux méchantes belles-mères, des rêves qui défilent et qui prolifèrent, c’est toujours mieux qu’aller s’exhiber dans un club de duel navrant.
On ne peut pas dire que le trajet jusqu’à la salle du club se fit à contre cœur, mais plutôt à reculons. Alors que la fin se fit en courant pour ne pas être en retard, la petite brune pestait contre elle-même. Elle n’avait pas la moindre envie d’attirer l’attention sur elle, et elle commençait mal. Non, elle était à l’heure, tout allait encore bien, ou tout n’allait pas trop mal, choisissez la meilleure formule, c’est cadeau !
Nous y étions, ce fameux nouveau club, ou des gamins sang de bourbes et d’autres qui ne l’étaient pas, allaient s’affronter. Si le but de Dumby était de réduire les écarts entre les maisons, ce n’était pas vraiment ainsi qu’il fallait s’y prendre.
Exaspérée par ses propres pensés ( Depuis quand est-ce que je pense qu'un rapprochement des maisons serait intéressant? ) , Cora salua respectueusement les professeurs présents, que ce soit Flitwick, Rogue ou Slughorn. Quand aux élèves, même si elle n’en voyait pas l’intérêt, elle leurs adressa signe de tête poli et lointain. Il ne faudrait pas qu’ils commencent à se faire des idées sur son compte, elle n’était là ni pour se défouler sur les poufs et les bouffondors, ni pour faire copain-copain avec eux. Les serpentards ? Idem, qu’avaient-ils de mieux que les autres ?
Et c’est toujours aussi profondément insociable que Cora fit son grand retour dans la vie collective du château.