Fugitif... [PV Penelope]

Il marchait voûté, le souffle court, les bras touchant presque terre tant il était abattu. Ses larges épaules affaissées que recouvrait une vieille couverture miteuse et trouée se balançaient au rythme de sa progression à travers les rues sombres et sinueuses du vieux Londres. Il déglutit avec peine, resserra sa pelure contre lui puis continua -fiévreux d'arriver à bon port.

Les lumières des lampadaires dansaient devant ses yeux comme des lucioles folles, l'harcelant pour qu'il se souvienne de la couleur du soleil. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas revu la lumière...
Il trébucha, se rattrapa à un rebord de trottoir qu'il monta pour continuer plus facilement sa route. Il renifla, un frisson le prit et il serra les dents.

Continuer coûte que coûte afin de s'en sortir, ne pas se laisser abattre pour ne pas être retrouvé, poursuivre encore et toujours dans l'intérêt de cette fuite, voici ce qui motivait Sykes. Il tremblait, claquait des dents malgré la douce fraîcheur de cette nuit d'été, revenu d'entre les morts, s'accrochant à la réalité de son existence pour mieux échapper aux ténèbres du bagne. Rongé par un mal aux tripes qui lui donnait envie de vomir il s'arrêtait parfois pour reprendre son souffle, une main crispée sur son coeur tandis qu'il tremblait. Animé par une fièvre malsaine, il souriait parfois, riait même, délirait... jusqu'à aller baragouiner dans un langage compréhensible de lui seul, pénétré de souvenirs, possédé de douleur.

...11 Août 1997...
...date de son exécution...

Il déglutit et un pâle sourire se dessina sur les traits fatigués de son visage cireux.
Il s'était échappé ! Il avait déjoué la vigilance des gardiens !
Et maintenant il était face à un immeuble abritant un appartement dont il connaissait très bien la propriétaire...
Apophis Sykes abaissa sa grosse paluche griffée de sang sur la poignée de la porte d'entrée puis la tourna. Cette dernière résista, manifestement fermée à clé. Essayant à nouveau il poussa un profond soupir de dépit et resta ainsi, planté là, sans savoir quoi faire. Il prit le temps dé réfléchir...

Une minute plus tard et il était dans la cage d'escalier à s'évertuer de fermer cette damnée porte dont le pène, explosé, ne voulait plus s'enclencher dans son orifice. Désespéré il la laissa entrebaillée puis monta les étages -s'assurant avant toute chose de vérifier les noms des occupants sur les différentes boîtes aux lettres. Il constata ainsi avec dépit que la personne qu'il recherchait n'était pas seule... Fronçant les sourcils il passa son chemin et gravit les escaliers lentement, pesamment, laissant derrière lui des empreintes de sang sur les marches et la rambarde.

Il arriva devant leur porte et s'avança à pas de loup jusqu'à la poignée dont il se saisit. La tournant il comprit qu'elle aussi opposait une certaine résistance. Il se pencha un peu pour distinguer un rai de lumière sous la porte mais n'observa rien. Un léger sourire ourlant ses lèvres il en déduit avec satisfaction que la jeune femme et ses autres compagnons étaient sortis... Qu'à cela ne tienne, il attendrait. Il avait tout le temps possible pour ce faire.

Regrettant amèrement de ne pas disposer d'une bouteille à oxygène pour faire éclater la serrure il décida de ne pas employer les grands moyens cette fois de peur de réveiller les voisins environnants. Leurs seuls étaient trop proches pour qu'il risque quoique ce soit...
Il patienterait. S'il se mettait dans la cage d'escalier, bien planqué, il pourrait la ou les surprendre.
Et ce fut chose faite...
Apophis n'était pas là depuis quinze minutes que, déjà, il entendait des pas menus et décidés rejoindre son étage. Il se tassa un peu plus dans l'ombre et attendit que la personne fasse irruption -tout en priant pour que cela ne soit pas un voisin d'un des appartements du dessus... Il aurait l'air malin !
Elle se détacha finalement des ténèbres pour apparaître au bord de l'escalier. S'il se penchait davantage il pourrait l'apercevoir et...

Oui ! C'était elle ! Il reconnaissait sa chevelure blonde et fuyante !
C'était Penelope Deauclaire !

Elle s'apprêtait à ouvrir la porte lorsqu'il sortit de sa cachette, descendant les quelques marches de son repaire sur un pas boiteux et lourd. Son ombre imposante se profila doucement sur le mur juste en face d'eux avant qu'il ne se saisisse d'elle par les épaules et ne dise d'un ton glacial à son oreille :

"Ne bougez pas, Auror Deauclaire".

Et d'appliquer son index juste dans le creux de son dos.

"Je suis armé...".

Loin de se douter de ce qui allait lui arrive ultérieurement, Pénélope était assise dans sa chambre, Ralia qui allongée dans une panière non loin de la jeune femme observait sa maîtresse, l’œil inquiet. Habituellement, le berger allemand restait dehors, puisqu’elle avait une niche, une petite pièce couverte et qu’en plus, le temps était plus qu’ensoleillé depuis quelques temps. Chose assez naturelle par ailleurs, puisque nous étions en été. Et oui, le soleil, l’air pur (mais brûlant), les rires des enfants rentrés de l’école pour deux mois. La mer, pour ceux qui s’en allaient… Pénélope n’était évidemment pas partie, puisqu’elle était en ce moment même installée dans sa chambre. Un dossier sur les genoux, elle tournait les pages avec un intérêt horrifié. La personne sur le dossier n’était autre que son ancien maître auror. Un homme qu’elle avait cru respectable et sûr… Bon d’accord, il était sacrément dérangé mais là… Pénélope avait peine à croire tout ce qui était rédigé dans le dossier.

Apophis Sykes aurait été un assassin et un kidnapeur… Pénélope étant auror depuis qu’elle avait quitté Poudlard était plutôt au courrant des faits et gestes des personnes recherchées mais là… Sa stupeur était sans pareil. Apophis avait certes toujours été déjanté mais elle ne pensait pas un jour avoir à s’occuper personnellement de son cas… Les écrits annonçaient sa future mise à mort, de quoi donner la nausée à plus d’une personne ! Pénélope devrait s’assurer que personne ne gênerait l’exécution. Rien de bien joyeux, en somme. Une chance pour elle qu’elle ne soit pas bourreau !

La jeune femme observait avec attention les photos et écrits contenus dans son dossier… Elle ne s’était vraiment pas attendue à ça. Fermant les yeux, elle inspira profondément plusieurs fois de suite, puis une fois les idées en ordre, elle referma le dossier et le rangea dans son tiroir. Un tiroir que peu de personnes pouvaient fouillé dans le but de trouver le dossier puisqu’il était sous la garde de Ralia. La chienne étant allongée devant, observa sa maîtresse faire et s’étira doucement sous le regard attendri de la jeune femme qui vint lui caresser la tête avec douceur :

« Oui ma belle… ça va s’arranger… »

La jeune femme se redressa puis après un dernier regard sur son animal, elle quitta la pièce et referma la porte derrière elle. Elle se rendit dans le salon, désert… Jessie était de sortie (allez savoir où ! Et Maximilien…). La jeune femme ne savait même pas s’il était dans les parages. Peut-être était-il dans la maison… ou alors il se trouvait quelque part (oui forcément qu’il est quelque part ça coule de sens -_-) dehors…

La sorcière prit donc son sac puis après un dernier regard à Ralia décida de quitter la maison avec elle, être avec l’animal pour en profiter pour lui faire prendre l’air à elle aussi. Pénélope se rendit un instant dans le jardin et poursuivit sa route jusqu’à un parc, s’aérant l’esprit pour mieux réfléchir à son dossier… Apophis… Elle ne s’y était pas attendue ! Vraiment !

La blonde une fois son tour achevé retourna vers la maison, une fois dans le jardin, elle détacha la laisse de la chienne qui vagabonda un instant dans la vaste étendue d’herbe tandis que Pénélope rejoignait la porte d’entrée, loin de se douter de ce qui l’attendait elle déverrouilla la porte quand…

Ca alors ! Cette voix ! Stupéfaite, Pénélope se pétrifia. Le doigt d’Apophis planté dans son dos, elle restait immobile. En tant qu’auror elle devait s’attendre à être ainsi abordée mais chez elle… personne ne savait où elle vivait mis à part… ses collègues ! Retenant son souffle elle resta silencieuse. Elle avait bien sa baguette sur elle mais elle ne devait pas agir sans réfléchir. Les poings serrés, elle murmura :

« Je ne m’attendais pas à recevoir votre visite… »

Le dos tourné, elle ne voyait le visage du condamné mais savait qu’il avait forcément des tonnes d’idées et que trouver une astuce contre lui allait être extrêmement complexe. Il avait un esprit de torturé mais était aussi incroyablement fourbe ! Pas de veine…

Apophis demeura silencieux l'espace d'un instant. Seul son souffle profond venait briser le silence ; respiration dérangeante en ce sens qu'elle était régulière et parfaitement sereine. Il laissa ses deux mains parcourir doucement les bras de la jeune femme pour s'attarder ensuite sur ses épaules... Et de répondre à voix basse :

"Je sais. C'est pour cela qu'existent les surprises".

Et de la retourner vivement -mais pas violemment- vers lui, lui décochant un sourire bref et narquois. Il l'observa de la tête au pied et la laissa faire de même pour son visage amaigri et son corps rendu mince. Au fin fond de ce visage boursoufflé de coups, violacé et entaillé, sous une couche de crasse brune brillaient deux iris d'un bleu électrique, tellement sagaces qu'ils en devenaient malsains. Et même si cet homme ressemblait davantage à son ombre qu'à lui-même il n'en demeurait pas moins changé. Il garda son emprise sur la jeune femme et murmura à nouveau tout en approchant son visage du sien :

"Vous êtes seule, Auror Deauclaire ?".

Son sourire s'élargit sous le sens tordu de sa demande. Il reprit :

"Je veux dire, à part vous, personne ne se trouve dans votre appartement ?".

Presque au même instant il perçut des sons venant de l'intérieur de l'appartement. Il lui sembla qu'on grattait à la porte et même que l'on couinait. Songeant qu'il ne pouvait s'agir d'un éventuel petit copain (quoique, pour certains, Penelope pouvait faire ce genre d'effet) il se remit vite en mémoire un événement fâcheux et qui avait failli lui coûter une main... Ce maudit clébard. Dès qu'il avait voulu l'approcher la première fois, c'est à peine s'il ne lui avait pas sauté à la gorge. Les animaux perçoivent les présences dérangeantes, et le chien n'est-il pas le meilleur ennemi du loup ?

"Oh mais si ! Lança-t-il sur un large sourire, il y a le chien !".

Et l'animal de continuer à gratter à la porte avec frénésie et de pleurer à présent. Sykes pencha sa tête de côté et observa le bas du panneau frémissant sous ses coups répétés. Un nouveau sourire se traça sur ses lèvres et il laissa échapper un hoquet de rire tout en hochant la tête.

"Demandez-lui d'arrêter".

Et toute expression joviale avait fui son visage à présent.

"Demandez-lui d'arrêter maintenant, Auror Deauclaire".

Il resserra son emprise et le pli des ses lèvres se fit plus mauvais encore. Il rapprocha son nez du sien, l'effleurant presque.

"Je ne suis pas là pour vous faire du mal, Penelope... Vous devez savoir tout ce qu'il y a à connaître sur mon sujet, puisque c'est relaté dans les journaux, et ainsi comprendre pourquoi je suis ici.
Tout ce que je vous demande c'est d'ouvrir votre porte et de me laisser entrer chez vous. Je n'ai pas besoin d'argent, pas besoin de cachette, pas besoin d'aide. Je cherche juste un endroit pour m'abriter ne serait-ce qu'une nuit pour reprendre mes esprits et me soigner...".

Il hocha doucement la tête, passa une langue rapeuse sur ses lèvres gercées, mal à l'aise et tanguant d'un pied sur l'autre.

"J'ai des blessures qui se sont infectées, poursuivit-il sur un filet de voix, trop profondes pour se refermer d'elles-mêmes. Je suis malade. Je demande charité juste pour ce soir.
Je ne vous ferai rien et il ne vous arrivera rien... Je vous le promets.
Personne ne saura jamais que je me suis arrêté chez vous...".

Il poussa un soupir, comme s'il laissait échapper dans ce souffle tout ce qui lui restait de force.

"S'il vous plaît...
Je suis votre mentor. Vous me devez bien ça, après tout".

Haussant brièvement les épaules il se prit à lui tendre un dernier sourire, détachant son attention de la jeune femme jusqu'à ce que quelque chose ne vienne à attirer son regard : une méfiance bien trop grande tapie dans le creux de ses yeux. Il marqua sa réaction d'une surprise ébahie.

"Ca alors, Auror Deauclaire...
Vous ne me faites plus confiance".

Et de frapper sur le panneau de porte à quelques centimètres de sa tête. Et de plaquer son autre main à l'opposé avec la même violence. La chienne gratta de plus belle. Il planta dans ses iris claires un regard plein de fureur.

"Vous n'aimeriez pas m'obliger à devenir monstrueux, n'est-ce pas, Auror ? Vous ne souhaiteriez pas que tout ce qu'a raconté la Gazette soit vrai, je me trompe ?

Alors ouvrez-moi cette porte, rajouta-t-il dans un grondement sombre et glauque, avant que la réalité ne dépasse la fiction...".

La vision était effrayante. Une chance que Pénélope se soit fort endurcie avec le temps. L’homme devant elle était maigre, sale, plutôt bien abîmé… bref pas vraiment le genre de personne que vous abordez dans la rue pour lui demander l’heure, plutôt le genre que vous évitez en changeant de trottoir, si vous voyez ce que je veux dire… La jeune femme ne partageait guère le sens de l’humour qu’avait son ancien maître. Restant de marbre devant sa question, elle ne répondit pas. Ralia était là. Derrière lui… Avec un peu de chance la chienne pourrait intervenir à temps sauf qu’elle n’agit pas de la meilleure manière qui soit. Plutôt que lui sauter dessus (ce que Pénélope ne pouvait lui ordonner étant aux prises de l’évadé), la chienne se mit à grogner, en position d’attaque attendant l’ordre de Pénélope pour sauter sur l’homme. Grosse erreur.

Apophis ordonna à son ancienne élève de calmer la chienne. Prise au piège, pénélope n’était pas de taille dans une lutte contre Apophis, elle le savait. Du haut de son maître cinquante cinq, avec ses petits kilos de rien du tout elle avait perdu le combat avant même que ce dernier ne débute. Ralia avait été sa seule chance, mais l’animal avait gaffé. Réticente, la jeune femme sentit l’emprise de l’évadé se faire plus puissante, et grimaçant, elle murmura :

« Coucher Ralia. »

La chienne couina, réticente mais obéit, s’éloignant de l’homme et de sa maîtresse pour s’allonger dans l’herbe. Un rictus de mépris passa sur le visage de la jeune femme suite aux propos prononcés par son ancien maître. Elle lâcha avec ironie et ce même mépris :

« Vous étiez mon mentor. Les choses ont changé, vous devez être au courrant, non ? »

Puis, toujours aussi froide, elle reprit :

« Depuis quand peut-on accorder notre confiance aux évadés ? Vous étiez le premier à leur cracher dessus il n’y a aps si longtemps que ça… Amusant, comme un changement de statut vous change la vision du monde… »

Puis un coup fut donné sur la porte, non loin du visage de la jeune femme qui retint son souffle. Serrant la mâchoire, elle observait l’homme qui avait été son maître… Qu’était-il à présent ? Un vulgaire prisonnier évadé d’Azkaban qui était censé être condamné à mort… Au lieu de quoi, voilà qu’il venait dans le coin… chez un auror qui plus est. Les bruits sur sa possible folie n’étaient donc pas de simples rumeurs. L’autre poing vint s’appuyer contre la porte. Pénélope était coincée… Le regard dur, elle ne baissa pas les yeux cependant.

« Allons… Si vous me faîtes quoi que ce soit, ça n’arrangera pas votre situation, vous devez le savoir, non ? »

Elle laissa un léger sourire amusé se peindre sur ses lèvres, fixant toujours l’homme devant elle, ou plutôt les résidus d’homme :

« Et puis où pensez-vous pouvoir aller après ? Vous êtes perdus. Votre visage est connu de tous, votre identité et vos méfaits aussi. Soyez réaliste, Sykes. C’est fini. »

Ces paroles étaient sans appel. Elle avait raison, et elle le savait, ou en tout cas en était intimement persuadée. Il ne pourrait plus rien faire sans qu’on ne le reconnaisse.

D'instinct, Apophis rapprocha son nez de celui de Pénélope.

"Je pense sincèrement que s'il y a une menace plus pressante et sérieuse que la mienne, c'est bien celle générée par les Mangemorts. Regardez autour de vous, Deauclaire ! Le Lord a pris le contrôle aussi bien de Poudlard que du Ministère.

Ce dont Londres a besoin désormais c'est de poignées de gens comme vous... et moi".

Il lui décocha un sourire crane et entendu.

"Alors ne venez pas me dire qu'ils vont lancer toute une chasse à l'homme ne serait-ce que pour me retrouver. Ils ont déjà beaucoup à faire. De plus, contrairement à la moitié des fugitifs, je n'ai tué qu'une personne et tenté d'en liquider une autre !".

Il lâcha un dernier soupir suffisant et se redressa, quittant ainsi la proximité qu'il avait installée entre elle et lui. Il se tenait toujorus debout devant elle cependant mais à distance suffisamment respectable pour qu'elle n'ait plus rien à craindre de lui. Son regard avait quitté toute expression narquoise et prétentieuse et était devenu plus dur, plus froid, presque solennel. Il reprit sur un souffle :

"Oserais-je dire que vous-même n'êtes plus en sécurité dans cette maison ? Que n'importe quel envoyé du Lord pourrait aisément vous trouver et, dans le meilleur des cas, vous corrompre ?
Soyons sérieux un instant, Auror Deauclaire. Tout ce qui vous rattachait à votre vie d'avant n'est plus sûr ! à commencer par le Ministère... Pendant combien de temps allez-vous vous voiler la face ?".

Et d'avancer d'un pas pour appuyer ses propos, vissant ses yeux d'azur dans les siens :

"Si vous ne faites rien ils viendront vous chercher... comme ils sont venus déjà trouver la plupart de vos petits camarades. Soyez-en sûre !".

"Alors je répète ma demande pour la seconde fois, reprit-il d'un ton excédé, me laisserez-vous entrer une bonne fois pour toutes, où allez-vous lancer sur mes traces des hommes qui finiront par se retourner contre vous ?".

Et d'ouvrir les bras plus largement, signe que, pour une fois, Sykes s'abandonnait à autre chose qu'à ses caprices, ses folies et ses coups de colère.

"A vous de décider, Pénélope. Mais voila ce que j'en pense : plus tôt vous ouvrirez cette porte, plus tôt je serai rentré et plus tôt je pourrai commencer à vous exposer ce que j'ai en tête...
Ici -il jeta un coup d'oeil incertain et alentours- c'est pas ce qu'il y a de plus sécurisant...".

Dans un sens, sa survie et son devenir était entre ses mains, c'est vrai. Par Merlin ! Il fallait se l'avouer : Sykes dépendait d'une femme désormais. Ravissante, délicieuse, certes... mais une femme quoi ! Une de ses anciens élèves qui plus est et qui semblait sérieusement douter de sa crédibilité ainsi que de ses bonnes intentions. Sans oublier qu'elle paraissait prête à se défendre au moindre geste de trop... Il souhaitait juste ne pas en arriver à cela car, toute délicate et fraîche qu'elle soit, il n'en demeurait pas moins qu'il serait plus fort qu'elle à ce petit jeu...

Il eut un sourire indulgent.

"Vous m'avez fait confiance par le passé au point que je suis devenu votre professeur. En l'espace d'un an et des poussières, je n'ai pas beaucoup changé...
L'homme que vous avez découvert à travers un procès et certains articles de journaux n'est pas si différent de celui qui vous donnait cours".

Tout s’agiotait dans sa tête. Elle savait que rien n’allait, elle n’était pas stupide ! Mais comment faire confiance à quelqu’un ? Elle en était incapable. Elle ne faisait confiance qu’à sa propre personne, accordant aussi un minimum de confiance à son amie et colocataire Jessie… mais après ? Qui trouvait-elle digne de sa confiance ? Personne ne pouvait comprendre, personne ne pouvait… se voir accorder sa confiance. C’était ainsi. Pas même son ancien maître… ceci étant, ce qu’il disait été censé. Elle ne dévia pas le regard quand celui d’Apophis vint se visser dans le sien. Non, elle garda le visage droit, et le regard sûr.

« Je sais tout ce que vous venait de dire… je sais que le ministère a été corrompu qu’il se dévore de l’intérieur et que plus que jamais il faut être sur ses gardes. C’est pourquoi je ne peux vous faire confiance. »

Puis, finalement, elle murmura :

« Je vous laisse entrer. Mais à une condition. Ralia restera à côté de vous et au moindre problème je n’hésiterais pas à lui ordonner de vous attaquer. C’est clair ? »

La blonde siffla et la chienne se releva pour la rejoindre, remuant la queue mais observant d’un air méfiant l’homme qui avait monopoliser sa maîtresse. Pénélope posa sa main sur la tête du berger allemand puis déverrouilla la porte. D’un coup de baguette, elle désamorça le système de sécurité précédemment installé puis laissa entrer Apophis. La porte se referma sur les deux aurors.

La petite demoiselle fit marcher Apophis devant elle et le laissa s’asseoir sur un fauteuil. Tandis que d’un coup de baguette elle mettait la bouillotte en marche.

« Du thé peut-être ? Faisons comme si je vous avait gentiment invité à entrer le temps que vous m’exposiez vos… idées. »

Assise face à lui, sa baguette à la main, elle ordonna à Ralia de s’asseoir au sol à côté du fauteuil occupé par son ancien maître auror. Pénélopê observait en silence et avec une méfiance qu’elle ne cachait pas, l’homme qui lui faisait face. Amusant, qu’on lui ait confié son dossier la veille de son ‘retour’ dans la vie de l’auror. On pourrait presque penser à un… coup monté. Et il était inutile de préciser que c’était justement ce à quoi songer la jeune femme en ce moment.

« Il est plutôt étonnant que vous ayez pu fuir Azkaban et qu’en plus, vous ayez pu vous déplacer librement dans les rues de Londres alors que nous sommes plutôt proche du ministère… Pourquoi êtes-vous revenus ici alors qu’il était certainement plus sûr pour vois de fuir dans un pays étranger ? Vous vous sentez une âme aventurière ? »

Elle l’observait avec attention. Pourquoi était-il encore dans les parages alors que son visage était connu par bien des aurors mais aussi mangemorts… C’était trop… étrange, anormal. Que cachait-il ? Elle s’avança légèrement, l’observant avec plus d’attention encore quand la bouilloire se mit à siffler. Elle arrêta le feu d’un nouveau coup de baguette.

« Et dîtes moi ce que vous pensez pouvoir faire, seul, face au ministère… »

"Je vous laisse entrer. Mais à une condition. Ralia restera à côté de vous et au moindre problème je n’hésiterais pas à lui ordonner de vous attaquer. C’est clair ?".

"On ne peut plus clair," paracheva Sykes sur un sourire.

Il ne jeta aucun regard à l'animal. Il savait que s'il le faisait la chienne découvrirait ainsi la peur nichée dans son regard et qu'elle s'en servirait. Au mieux, Penelope le chasserait d'ici, faisant davantage confiance à son fidèle berger-allemand qu'à lui-même. S'il n'était pas chanceux il pouvait se retrouver dévoré par ce... ce monstre ! Il n'y avait pas d'autres mots.

La porte se dévérouilla et la jeune femme le laissa entrer. Sykes pénétra ainsi dans la pièce, se laissant docilement conduire vers le fauteuil qui lui faisait face. Il ne tenta rien. Aucune esbrouffe. Aucun coup en traitre. Il se contenta de s'asseoir et de rétorquer à la déclaration de l'Auror :

« Du thé peut-être ? Faisons comme si je vous avait gentiment invité à entrer le temps que vous m’exposiez vos… idées. »

Il posa le coude sur l'un des bras du fauteuil, calant son visage dans sa main d'un air las et défait, puis s'adressa à elle d'une voix morne :

"Du thé. Avec plaisir. Oui, faisons donc comme si vous m'étiez en tout point civile !".

Même pas la force d'esquisser un sourire. Apophis se laissa abattre -comme si ce siège moelleux avait été son point de chute, sanctuaire de repos qui pourrait enfin l'aider à supporter son fardeau. Il entendit le bruit de la bouilloire et remarqua le geste de la jeune femme, guidant le chien pour qu'il s'asseye à ses pieds. Sykes se redressa, réprima un douloureux frisson et croisa les mains sur ses cuisses. son regard d'opaline se fixa sur elle.

« Il est plutôt étonnant que vous ayez pu fuir Azkaban et qu’en plus, vous ayez pu vous déplacer librement dans les rues de Londres alors que nous sommes plutôt proche du ministère… Pourquoi êtes-vous revenus ici alors qu’il était certainement plus sûr pour vois de fuir dans un pays étranger ? Vous vous sentez une âme aventurière ? »

Il poussa un bref soupir, légèrement tendu par la présence de Ralia. Il embraya d'une voix égale :

"Vous préféreriez me voir tomber entre les mains de représentants de l'ordre plutôt que de me laisser aller à ma guise... Votre sens de la justice est plus aigu que celui qui vous a décidé à me faire entrer ici, Auror Deauclaire.
Je ne vous dirai rien".

Et l'intensité de ses yeux se fit plus sombre encore, marqué par un visage crispé de tension comme de colère. Il ajouta, cinglant :

"Non. Je me sens l'âme d'un héros. Le plus... "Grand Héros" que la Terre n'ait jamais connue !".

Et de sourire narquoisement, quittant soudain son regard pour se rapporter immédiatement à l'niaml qui, pour le coup, venait de s'étirer. La bouilloire sifflait toujours -hurlament à ses oreilles... Il ferma les paupières doucement.

« Et dîtes moi ce que vous pensez pouvoir faire, seul, face au ministère… »

Il rouvrit des yeux injectés de sang, troublés par la fatigue. A nouveau il la contempla -ses lèvres plissées d'amertume.

"Je n'ai pas la prétention de me liguer contre le Ministère, Auror Deauclaire. En revanche, j'ai celle-ci : reprendre l'Ordre du Pheonix et joindre le plus de monde possible à cette cause afin de faire face à cette menace constante... D'ailleurs le Ministère n'est plus qu'un bastion à leur solde, rien d'autre".

Il baissa le nez, contempla ses genoux. Redressa le museau, les yeux plus furibonds et les poings désormais serrés sur les accoudoirs.
Il reprit dans un souffle :

"Ce que je comprends de votre part, c'est que vous me preniez pour un repris de justice. C'est ce que je suis, un fugitif. Je fais le long des palissades et des boutiques en compagnie des Lestranges et autres dégénérés. Je ne vais pas vous contredire...

Seulement, vous vous adressez à moi d'un ton des plus suspicieux et des plus désagréables, comme si j'étais l'un des leurs. Et je déplore le fait que le monde sorcier ait aussi rapidement oublié mes exploits contre les Mangemorts !

J'ai emprisonné et mis à mort la moitié d'entre eux et vous osez me contempler comme si j'en faisais partie !!".

Il tut sa hargne -rage qui montait, qui montait, qui montait...- en appliquant le plat de sa main sur sa bouche et sans quitter du regard la demoiselle qui lui faisait face. Il ne s'intéressait plus au chien désormais, se contentant de fusiller sa maîtresse de ses yeux bleu électrique ; trahi, blessé, abandonné.

"Maintenant dites-moi un peu, Deauclaire, reprit-il d'un ton maîtrisé, accepteriez-vous de me rejoindre et de servir un Ordre fondé par Albus Dumbledore lui-même ?

Où faut-il qu'afin que je vous fasse confiance je vous dévoile tout ce qui me concerne de A jusqu'à Z ?".

Ses poings tremblèrent. Sa voix fut glacée, aussi légère qu'un souffle. Il ne quittait pas son regard, plus maintenant...