Un soir de pluie [PV]

Dehors, il pleuvait. La toute jeune collégienne venait de terminer ses achats pour la rentrée, ainsi que deux trois courses personnelles (nourriture, vêtements et autre) et dans les rues du Chemin de traverse étaient de plus en plus sombre à la nuit tombante.
Dans la rue, quelques retardataires comme elle, finissaient leurs achats et plusieurs magasins étaient déjà fermés. Les seuls endroits encore très fréquentés étaient les tavernes, d'où sortait de temps à autre avec fracas, un sorciers ayant bu un verre de trop.

Verone marchait, sûre d'elle, ses paquets en main, vers l'endroit où elle résidait avant la rentrée. La journée avait été éprouvante : Verone avait décidé de faire les achats de rentrée en fin d'après-midi, pensant qu'il n'y aurait plus grand monde, et elle s'était bien trompée !
Au loin, une cloche sonnait 8 coups. 20h, déjà, lorsqu'une ombre passa, furtive, près de Verone, renversant tous ses paquets.

Méfiante, elle ne se baissa pas, ses paquets attendront, et sorti sa baguette. Elle n'avait peut-être pas le droit d'utiliser la magie, mais elle connaissait les dangers qui menaçaient le monde en ce moment et ne comptait absolument pas se laisser attaquer sans rien dire si quelqu'un venait lui faire du mal !

Elle attendit quelque seconde, mais rien ne se passa. Pas un chat. Elle n'avait pourtant pas rêvé, puisque ces affaires jonchaient le sol... Autour d'elle, il n'y avait aucun bruit, mais elle sentait une sorte de présence...

-Je sais qu'il y a quelqu'un, montrez-vous !

Ce mit-elle à hurler. Sa voix était claire, agressive et ne laisser rien paraitre à la peur qu'elle ressentait. Elle avait appris à ne jamais montrer lorsqu'elle avait peur et par conséquent, elle ne tremblait pas plus que sa voix et son regard était toujours aussi dur.

( Argh! Je dois trouver une bonne raison de t'être rentré dedans, ce qui constitue un affront, et ne pas m'être immédiatement précipité pour ramasser, second affront. A croire que je cherche le bâton pour me faire battre alors que c'est notre première rencontre. ^^;; )
( Finalement… je vais opter pour une autre solution… )

Le jeune sorcier tuait à nouveau le temps comme il pouvait. Il pouvait se permettre de l'occuper en futilité car, après tout, le temps n'était pas ce qui lui manquait. Il aurait même le loisir d'en profiter pendant une éternité.

Le temps était couvert. Un temps qui permettait de sortir en journée.
Il voulait en profiter pour faire le tour des fleuristes et laissait son odorat se faire charmer par leur senteur naturelle. Il commençait sa tâche avec joie, se laissant passer pour un charmant jeune homme en quête de la fleur exquise qui siérait au mieux à la fille de son cœur. Son cœur était libre et pas vraiment à prendre, mais ce genre d'excuses mettait les vendeuses de bonne humeur et elles lui permettaient ainsi de traîner un peu plus longtemps dans leur enseigne.

Ce devait être une journée exquise… Au lieu de ça, un sorcier un peu rustre se permit de faire du ramdam et de malmener verbalement une honnête commerçante juste parce qu'il ne trouvait pas la marchandise assez bien pour lui.
Décidément cet individu ne connaissait pas sa place! Un homme qui se respecte ne devrait jamais hausser la voix sur une femme pour une chose aussi triviale. Son sens de protecteur du beau sexe se réveilla et il se permit de lui rappeler les convenances lorsqu'on s'adressait à une dame. Le drôle n'était visiblement pas très téméraire et préféra partir en exprimant de façon sommaire et glaciale sa façon de penser.

Cet être grossier avait déjà gâcher sa belle journée alors autant éviter qu'il ne moleste plus de femmes. Rayder dut le suivre afin de s'arranger pour offrir une aide secourable aux demoiselles… quant aux hommes, ils savaient très bien se défendre tout seul. Le gusse n'était vraiment pas commode, à peine le vampire eut-il aidé une dame qu'il lui fallait suivre le sorcier à l'odeur pour tomber sur une nouvelle victime qui avait eu le malheur de croiser sa route.

Cette journée allait toucher à sa fin et il était l'heure de dîner pour les vivants. Il avait suffisamment malmené de monde pour aujourd'hui, le lascar allait sûrement se calmer.
Hé bien non! Il bouscula sans la moindre gêne une jeune fille, éparpillant ainsi sur le sol ses effets personnels. Il tourna immédiatement dans une rue sans se soucier d'elle et un bon crochet du droit l'y accueillit. Le vampire s'arrangea pour ne pas frapper le nez et éviter de le faire saigner… au cas où son sang l'émoustillerait.
Il fallait avouer que trop, c'est trop! Il n'était pas garde chiot… et encore moins pour ce genre d'individu!

Le jeune homme sortit de la rue pour tomber sur la jeune fille, brandissant sa baguette. Il la dévia immédiatement avec son index gauche. Il ne tenait pas à se saisir de la baguette de la sorcière, de peur qu'elle ne le prenne comme une agression.

- Je suis désolé, douce fleur. Je ne tenais pas à vous effrayer. J'ai entendu votre voix et je suis venu voir si je pouvais être utile.

Il affichait un sourire doux et confiant. Le regard dur de la demoiselle ne le démonta pas.
Peut-être sa venue inopinée pouvait être source de stress pour elle, surtout avec sa tenue sombre, alors préféra-t-il faire un pas en arrière afin de ne pas empiéter son espace vital et qu'elle ne le perçoive comme une menace. Il était vêtu de noir comme à son habitude et portait son long manteau noir serré… il savait que ce genre de tenue n'était pas du meilleur effet la nuit pour les honnêtes gens, surtout qu'on le distinguait mal si il choisissait de se dissimuler dans les ombres de la nuit.

Il se pencha et entreprit de ramasser les affaires de la jeune fille.

- Vous ne devriez pas vous promener seule le soir. La nuit, il n'y a pas que la nature humaine qui peut se montrer malveillante envers vous.

Il se redressa en lui tendant ses affaires, correctement agencées. Sa voix était douce et pas offensive, il énonçait plutôt un fait comme le ferait un professeur à son élève favori.
Il l'observa et hésita un petit moment avant de lui faire une proposition.

- Excusez-moi, je sais que ceci est tout à fait mal venu de ma part… Mais accepteriez-vous que je vous raccompagne jusqu'à votre demeure? Je sais que c'est plutôt déplacé qu'un inconnu vous fasse cette proposition, mais cela me chagrine de vous savoir seule dans les rues la nuit.

La créature de la nuit attendit patiemment la réponse de la sorcière. Il comprenait tout à fait l'étrangeté de la chose et ne lui en voudrait pas d'une réponse négative. Mais il prévoyait tout de même de l'accompagner jusqu'à chez elle pour qu'il ne lui arrive rien, que ce soit à côté d'elle ou en passant par les toits.

Sa baguette en main, Verone était prête à se défendre. Le problème, c'est qu'elle ne savait ni contre qui ou quoi, ni comment...

Derrière elle, un bruit sourd *Paaaf* ! et comme un cris étouffé. Elle se retourna. La nuit était totalement tombée maintenant et Verone ne voyait pas à plus de trois mètres devant elle. Elle savait d'où venait le bruit : de cette petite ruelle droit devant, mais elle ne savait pas ce que l'ombre de celle-ci pouvait bien cacher.

Elle n'eu pas à attendre bien longtemps, car la "chose" s'approchait d'elle. Un homme, un sorcier ? Ou autre chose ?
Verone resta sur ses gardes, ne bougeant pas d'un pouce, même lorsque cet homme se planta devant elle, et détourna sa baguette de son index.
Quel drôle de personnage, Verone ne s'attendait pas à cette réaction... Il ne lui voulait certainement pas de mal, sinon il ne se serait pas présenté ainsi à une sorcière baguette en main sans être armé lui-même, si ?

Verone baissa sa baguette, mais son regard ne s'adoucit pas.
C'est alors qu'il se mit à parler. Etrangement, sa voix était grave et douce et elle rassura Verone. Quand il ramassa ses affaires, la jeune fille ne bougea pas non plus. Elle était entre méfiance et étonnement. Méfiance, car elle ne connaissait pas du tout cet homme, qu'il paraissait trop gentleman pour un homme qui se promène tout vêtu de noir dans la nuit. Etonnée, car elle ne se fiait pas entièrement sur l'apparence, et elle-même se promenait alors qu'il faisait nuit et pour être honnête, ses vêtements n'étaient pas d'une éclatante couleur. Il restait donc de réels Gentleman ici ? Il tendit ses affaires à Verone, qui les lui reprit sans gestes brusques.

"Je vous remercie"

Sa voix était calme, mais toujours aussi dure : s'il lui voulait du mal, elle ne voulait pas qu'il pense qu'elle était totalement rassurée et se sentait en pleine confiance, car tel n'était pas le cas.
Lorsqu'il lui proposa de la raccompagner, Verone eu un petit sursaut. Rien de bien méchant, elle ne s'y attendait tout simplement pas et trouvait cela quelque peu déplacé de la part d'un inconnu. De plus, elle ne désirait pas vraiment que quelqu'un d'aussi étrange l'escorte jusqu'à son lieu de résidence, ce qui impliquerait qu'il saurait par la suite où elle vivait...

Néanmoins, Verone voulait savoir qui était cet homme, car il dégageait quelque chose que la jeune fille ne connaissait pas.
Après réflexion, elle regarda l'homme en noir.

"J'aimerais savoir qui vous êtes avant d'accepter"

La jeune sorcière le remercie tout de même de son geste courtois. Bien que son ton restait dur, elle lui avait adressé une politesse. Cela rassurait en un sens le vampire qui eut peur que son arrivée brusque et soudaine, n'eut effrayé l'adolescente. Mais il n'en était rien. Sa voix ne s'était pas brisée lorsqu'elle s'adressa à lui.
En un sens, il lui en fut reconnaissant. Il n'aurait pas su quoi faire exactement si il avait choqué de part sa présence l'innocente jeune fille.

Il lui adressa un doux sourire lorsqu'elle voulut savoir qui il était avant d'accepter.
Il se souvenait clairement de la première sorcière qu'il avait réellement approchée à Pré-au-Lard. Une jeune femme à la chevelure flamboyant du nom d'Eliana qui l'avait suivi sans jamais s'inquiéter de ses intentions allant jusqu'à s'isoler avec lui, loin de toute aide possible. Il se souvenait des efforts qu'il avait fourni pour tenter de lui laisser une chance d'échapper à l'attraction de sa nature vampirique, mais avec un succès des plus contestables. Il se rappelait la peur qui était née en lui si il devait lui faire du mal sans le vouloir, si la soif s'était réveillée dans sa gorge et qu'elle semblait si docile à son égard.
Douce Eliana! Si douce et fragile, si naturelle… et si dangereuse en un sens, que ce soit pour elle ou pour lui. Elle demeurait un bon souvenir pour le sorcier, qui attendait toujours de voir arriver sa chouette Ellie par sa fenêtre et porteuse de nouvelles de son amie.

Heureusement pour lui, toutes les sorcières ne venaient pas forcément à ses côtés sans se poser de questions. C'était un point rassurant pour lui de savoir qu'on ne le suivrait pas forcément dans une situation porteuse de danger ou inconvenante juste parce que son regard fut trop fascinant durant un court instant.

- Que voilà une personne bien sensée! reconnut-il sans la moindre malice dans la voix. Il est vrai que le fait que je ne me sois pas présenté relève d'une totale impolitesse de ma part et j'en suis profondément navré. Mais permettez moi de réparer cet affront sur le champs, charmante demoiselle.

Il eut voulu utiliser le nom de Belle Dame, pour souligner la pureté que dégager sa juvénilité… mais eut peur qu'elle ne le prenne mal en supposant qu'il tentait de la vieillir alors qu'il désirait utiliser un nom de fleur pour la nommer.
Il appréciait les parfums floraux et associait souvent les femmes à certaines plantes soit par le parfum qu'elles dégageaient soit par la signification du végétal.

Le jeune homme posa un genou à terre, en veillant à faire voler le pan de son manteau d'un revers de la main afin de ne pas s'agenouiller dessus. Si Vérone y prête un peu attention, elle pourra entrevoir sa baguette, fichée à sa ceinture.

Il avança sa main lentement vers celle de l'adolescente afin de la saisir délicatement.
Il va de soit que ce n'est pas un bourrin et qu'il ne force personne. Vérone est libre de lui refuser sa main et de la retirer, le sorcier ne la tient pas vraiment, il a juste posé sa main sous les doigts fins de la jeune fille afin de la diriger vers lui.

- Je nomme Jones, Rayder Jones. A votre service, douce fleur. Puis-je solliciter, une quelconque attention de votre part, en me permettant de vous escorter jusqu'à chez vous ou un quelconque endroit sûr?

Si Vérone a retiré sa main, il se contentera de lui adresser un sourire avenant.
Si Vérone lui a laissé sa main, il l'effleurera de ses lèvres avec un baisemain dans les règles de l'art une fois qu'il lui eut dit son nom.

Cet homme avait vraiment étrange. Bien sûr, Verone était habituée a tant de courtoisie, mais dans son pays, en Allemagne, et seulement lorsqu'elle était en compagnie de ses parents, ou lorsque les gens connaissaient son riche nom. En Angleterre, personne ne la connaissait vraiment, et Verone était persuadée que plus on a du pouvoir ou de l'importance, plus les gens s'écrasent et deviennent particulièrement agréables.
Mais cet homme ne la connaissait pas et Verone ne semblait rien possédé. De plus, elle était bien trop jeune pour attirer simplement les hommes, alors que voulait-il ? Etait-il réellement aussi courtois ou aimait-il seulement les jeunes filles qu'il croyait sans défense ? Si tel était le cas, il était mal tombé avec Verone : trop sûre d'elle, trop orgueilleuse peut être, mais elle n'accepterait pas une gentillesse aussi gratuite.

Il se mit a genoux. Pour se présenter, un signe de tête aurait suffit. Du coin de l'oeil, Verone aperçut la baguette de l'homme. Il avait volontairement fait voler sa cape, et Verone savait que c'était pour montrer sa baguette. Etait-ce pour la rassurer, lui montrer qu'il n'était qu'un simple sorcier et qu'il pourrait la défendre ? Ou était-ce une douce menace, lui montrant son arme, pour lui faire comprendre qu'il pouvait l'attaquer, elle, une si jeune demoiselle, sans peines.
Verone ne croyait pas vraiment en cette deuxième option, car le regard de cet homme était si étrangement doux... Il y avait quelque chose de particulièrement attirant chez lui. Pas son physique, Verone ni prêtait aucune attention, mais bel et bien l'homme en lui-même, son calme, sa sérénité...

Pour Verone, cet homme ne pouvait que souffrir. S'il dégageait si fort un tel sentiment, c'était certainement pour attirer les gens et ne pas être seul, cacher qui il est réellement.
Non, il ne lui voulait certainement pas du mal et après réflexion, ce n'était certainement pas un sorcier ordinaire...

Verone ne retira pas sa main lorsque celui-ci l'effleura délicatement. C'était un signe de politesse qu'elle connaissait bien, quoiqu'un peu vieux jeu.
Elle baissa la tête et dit simplement :

"Verone Allein. J'accepte votre escorte, mais dîtes moi : vous n'êtes pas qu'un simple sorcier, si ?"

La jeune fille, contrairement à l'homme en face d'elle, manquait cruellement de courtoisie cette fois ci ! Elle se posait des questions, voulait des réponses, mais n'aimait pas parler, aussi, si cet homme pouvait être dangereux, elle voulait le savoir vite.

Le jeune homme semblait apprécier le fait que la demoiselle lui réponde de façon positive à sa requête.
Son sourire s'élargit encore plus à la remarque qu'elle lui adressa, bien que sa formulation tenait plus de la question que de l'affirmation. Il était amusant de se rendre compte combien les jeunes avaient l'esprit vivace.

Il vénérait certes les femmes, quelque soit leur âge, mais il n'avait jamais trop fréquentait les plus jeunes. Il avait tellement évité les femmes de peur de les mettre en danger de part sa nature de créature nocturne, qu'il s'était encore plus reculé des demoiselles, plus jeunes et plus fragiles.
Son retour dans un environnement social avait changé un peu tout ça… Il avait de nouveau fréquenté les vivants depuis quelques années, se rapprochant un peu plus des gens.

Le vampire se rappela de cette jeune première année de Serdaigle qu'il avait croisé dans le parc de Poudlard durant la nuit alors que ce qu'elle nommait la Forêt Interdite était si près et regorgeait de danger. Son petit myosotis, l'innocente Krystina, s'était montré d'un esprit très habile pour son âge, avec un esprit si affûté qu'il ne s'était pas méfiait de ses propos avant de se rendre compte de l'ingéniosité de son interlocutrice.
Peut-être sa jeune Belle Dame était-elle aussi imprévisible et perspicace que cet esprit acéré…

- Les femmes peuvent être bien des choses en même temps, et moi je ne peux en être que la moitié… et pas forcément la meilleure moitié. Pour répondre: je ne suis pas un simple sorcier. Personne n'est jamais un simple sorcier. Je suis sorcier et je suis un homme. Je suis un destructeur de part ma naissance puisque je suis l'opposé de la femme qui a hérité du rôle de créatrice. Je suis un nomade, je viens d'un peu partout sans avoir de point d'attache pour le moment, bien que j'aimerais commencer à m'établir un peu. Je suis un mécanicien aussi, mes mains éprouvent une certaine habileté à réparer les machines moldues. Je suis un être doué de conscience, ce qui fait de moi un esprit torturé. Le protecteur maudit de ces dames, voulant servir et protéger le beau sexe tout en craignant de faire un redoutable impair.
Je peux me définir comme étant plein de choses afin de tenter de gonfler mon ego, mais je m'en soucis assez peu, alors je vais vous avouer que je ne suis que Rayder Jones. Si peu de chose pour moi… et peut-être beaucoup de choses pour d'autres.

Le jeune homme se redressa et tendit vers son interlocutrice une main avenante.

- Puis-je me permettre de vous débarrasser de vos paquets, puisque vous venez de m'accorder le droit de vous accompagner?

Si Verone lui passe ses affaires, il les saisira d'un geste preste et gracieux, sinon il retirera sa main et l'enverra rejoindre l'autre dans son dos. Non pas qu'il y dissimule quelque chose, mais plutôt pour les mettre loin de sa baguette.

- Mais vous, douce amie, qu'êtes-vous en dehors d'être une simple sorcière?

Verone écoutait son interlocuteur avec attention. Il parlait trop. Du moins, trop pour Verone, qui n'était pas bavarde et de ce fait n'appréciait pas beaucoup les bavards. Enfin, qu'importe, elle savait écouter, c'était déjà ça. Le discours de M. Jones n'était pas très convainquant... Certes, il devait être bien des choses, mais cela, Verone s'en doutait, et honnêtement, s'en moquait royalement !
Il avait dans le regard quelque chose de presque inhumain... Cela était certainement ridicule, mais Verone avait généralement une très bonne intuition.

-Vous n'avez pas réellement répondu à ma question. Beaucoup parler ne signifie pas dire quelque chose. Qu'importe, il ne tient qu'a vous de décider que divulguer à autrui.

Verone n'était pas quelque de "lourd" : elle n'insistait pas et ne posait pas deux fois la même question. Sa réponse n'était peut_être pas utile, mais c'était une réponse tout de même, la rouquine devrait s'en accommoder.

Porter ses paquets ? Verone s'y attendait, du moins de la part de cet homme, mais elle ne lui tendit que la moitié de ceux-ci : elle était débrouillarde et n'aimait pas spécialement qu'on fasse les choses à sa place, sur un poli :

-Tenez, merci.

Ils commencèrent à marcher, côte à côte. Ce n'est bien entendu pas Verone qui parla la première, mais cette fois, M. Jones avait réussit à la surprendre. Elle ? Qui était-elle ?

Elle tourna la tête vers lui, plus grand qu'elle, ne sachant trop quoi répondre. Elle n'avait jamais réellement parler d'elle-même à quelqu'un. Elle n'avait jamais eu de vrais amis, ne serait-ce qu'un seul, et dans sa famille personne ne s'intéressait assez à elle pour lui poser des questions autres que "peux-tu me passer le sel je te pris ?".

-Pas beaucoup plus, pour le moment.

Pour le moment. Oui, Verone n'était réellement encore qu'une simple sorcière, dans ses tout débuts qui plus est, mais elle savait qu'elle ferait bien des choses dans sa vie. Elle y comptait beaucoup en tout cas.

Le vampire sembla quelque peu amusé par la réponse. Son sourire le trahissait, mais ce n'était pas quelque chose de méchant. Il ne pensait pas à mal.

- Une sorcière est toujours plus qu'une sorcière. En premier, elle est femme. Elle est la créatrice et la génitrice. Elle donne la vie et la reprend parfois… Le genre féminin a toujours eu cette pointe de divin en elle. Elles sont les seules après Dieu à créer le genre humain.
Tu as le potentiel de montrer un jour que tu es une déesse, lui dit-il avec sérieux et attendrissement. Tu façonneras la vie à partir de toi, une vie qui sera une parcelle de toi… une sorte de premier pas vers la perduration d'une partie de ta personne. Ensuite tu feras grandir cette vie selon tes préceptes. Tu créeras une vie à ton image et censée éviter les pièges que tu auras rencontrés durant ton existence.
Tu es destinée à accomplir au moins une grande chose dans ta vie, petite fleur. Pourquoi dénigrer ton potentiel? A moins que tu ne veuilles pas vraiment me dire ce que tu es en plus d'être sorcière?...

Il lui adressa un clin d'œil entendu.

- Ne t'inquiètes pas. Tu n'es pas obligée de me dire ce qui ne doit pas être dit pour le moment. Toutes choses viennent à point nommé.

Le jeune homme avança à la même allure que Verone. Il n'impose pas son pas, il se cale sur celui de la jeune sorcière. Il marche à un mètre d'elle, afin de lui laisser son minimum d'espace vital. Après tout, il était un inconnu rencontré dans la nuit, se déplaçait trop près d'elle pourrait la mettre mal à l'aise.
Il est à peine en retrait par rapport à elle, l'équivalence d'un demi pas de la demoiselle afin de rester dans son champ de vision.

- Je peux dire que vous semblez économe en paroles. Vous agissez, plus que vous ne parlez et je vous soupçonne de réfléchir sans pour autant livrer le fruit de vos réflexions. J'ai l'impression que vous en dites peu mais en pensez plus. Ca se voit dans votre regard… un petit quelque chose d'indéfinissable, une petite lueur qui demande à s'exprimer mais qui laisse place à une autre.
Les plus jeunes ne prennent pas toujours la parole, mais ils écoutent beaucoup contrairement à ce que pourraient penser certains adultes. L'écoute est un don souvent utile pour une femme… avec l'âge pour apprendrez à savoir utiliser correctement ce que vous avez entendu.
Vous seriez peut-être douée pour la stratégie. A moins que la justice ne vous permette de mieux développer votre potentiel. Vous semblez avoir un goût pour l'équité. La preuve est que j'aurais pu porter toutes vos affaires sans en être gêné le moins du monde… et pourtant vous avez résolu d'en conserver la moitié.

Rayder regarda le ciel avec un air distrait. Mais il n'en était rien, son odorat et son ouie demeuraient en alerte. Après tout, il était là pour veiller au bien-être de la demoiselle jusqu'à chez elle.
Il se sentait bien volubile en cette soirée. Pourtant ça ne le dérangea pas outre mesure puisqu'il était accompagné par le beau sexe et que de toute façon, il ne lui semblait pas toucher de sujet sensible pour le moment.

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