De la vie sociale que je n'ai pas [PV]

Bérénice était en plein collage dans son dortoir. Elle avait prise des photos d’Ernie pour sa campagne toute la journée et elle y mettait de l’ordre dans un album qu’elle avait achetée juste pour cet usage. L’achat de l’album + l’appareil photo avait grillé tout son budget d’anniversaire (et oui, Bérénice avait 13 ans depuis quelques jours) mais elle s’en sortait plutôt bien quand même car rien ne pouvait la mettre plus en joie que d’aduler à son aise Ernie.

Sur l’une des photos, il y avait Juliette mais Bérénice chassa la pensée désagréable que ce serait souvent le cas et colla quand même la photo avec pour légende « Ernie et le Diable en Personne » parce que, sans blague, la Horuni était vraiment le diable. Elle avait réussi à briser le cœur de jeune fille pure de Bérénice en seulement quatre mois de temps. Bien sûr, elle était trop bien élevée (et trop timide) pour seulement oser le dire tout haut ou en parler à sa meilleure amie Ophélia mais il était évident qu’elle était malheureuse quand elle croisait l’homme le plus parfait de Poudlard avec sa teigne de petite amie.

Bérénice espérait qu’elle était au moins aussi intelligente qu’on pouvait le supposer de la part d’une Serdaigle, parce que sinon, elle n’avait rien pour elle. Déjà, elle était aussi brune qu’elle… Il semblait pourtant à notre petite Béré que ce n’était pas de tradition chez les MacMillan que de fricoter avec ce genre là. Elle n’avait pas son mot à dire, elle le savait, de fait, elle se taisait. Elle se contentait de jubilait sur les photos de son idole (« Aaaaaaah mais qu’il est beau ! » « Il est si photogéniqueheeeeeeu ! » « Il faut que je montre celle-ci à Ophyyyyyy » « Tiens, on dirait presque Roman sur celle-ci » etc, le tout en silence).

Elle fut cependant interrompue dans cette occupation des plus passionantes par l’arrivée dans le dortoir d’une de ses camarades. Sarah de son prénom… sauf que Bérénice, enfermée dans sa bulle de timidité, ne lui adressait jamais la parole… pire, elle la fuyait presque. Mais ce n’était pas contre Sarah, elle fuyait tout le monde sans aucune distinction excepté Ophélia qui – on ne sait trop pourquoi – était tellement auréolé de gloire aux yeux de Bérénice qu’elle restait scotchée sur place quand elle lui parlait… ce qui avait fait qu’à la longue, la jeune Poufsouffle s’était habituée à la présence d’Ophélia mais non aux autres.

Dès que Sarah fut dans la place, Bérénice plongea le nez dans son album, rouge et tremblotante. Elle se cachait à la fois avec ses photos et ses cheveux, tentant de ne pas paniquer. La présence d’autrui la mettait fortement mal à l’aise… d’autant que là, ce n’était pas comme si elle était en plein devoir, elle était en train de faire l’album photo d’un septième année… la galère absolue et totale. Sarah la trouvait sans doute déjà bizarre et moche, maintenant, elle allait la classer dans la catégorie psychotique.

Argh, c’était la fin ! Elle allait mourir de honte ! Pourquoi le sol ne pouvait-il pas s’ouvrir sous elle pour l’absorber ? Mon dieu, mon dieu…

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Comme il était agréable d'avoir terminé les cours ! La petite Sarah avait trouvé la journée très longue, ce jour là : peut être était-ce dû à l'heure d'étude des Moldus qu'elle avait passée à dénigrer ses pairs, ou peut être était-ce dû au cours uniquement théorique de McGonagall. D'habitude la Poufsouffle adorait lire, que ce soit des grimoires antiques, des classiques de la littérature anglaise ou des romans à l'eau de rose - bien qu'elle ait une préférence pour ces derniers -, mais son manuel de Métamorphose semblait être l'exception qui confirmait la règle. Les caractères se mélangeaient devant ses yeux et l'endormaient. En y repensant bien, c'était possible qu'un sort ait été jeté sur son livre...
Avant de filer à la bibliothèque pour terminer un devoir sur la Potion d'Amnésie et chacun de ses composants, la blondinette décida de passer par son dortoir. Quoi de plus normal, après tout ? C'était ce qu'elle faisait tous les soirs depuis qu'elle était arrivée à Poudlard. Elle en profitait pour se reposer une dizaine de minutes et pouvoir ainsi repartir de bonne humeur - capital pour son intégration sociale -. C'était sa pause et personne ne devait la déranger dans ses moments là, sauf si c'était vraiment très important. Ou si c'était elle qui engageait la conversation, ce qu'elle faisait très souvent. Il fallait admettre que Sarah avait quelques difficultés à rester silencieuse plus de soixante minutes... Et qu'après plusieurs heures de cours où elle avait dû réprimer son monologue, se libérer de tout ce flot de paroles était un vrai soulagement.
Lorsqu'elle franchit la porte de sa salle commune, Sarah remarqua immédiatement un groupe d'amies qui caquetaient, ignorant les regards courroucés des plus grands. Elle leur adressa un petit signe de la tête, mais n'eut pas la force d'entendre les ragots qu'on véhiculait sur tel ou tel élève. Ce n'était pas sa tasse de thé, et elle préférait se faire un avis sur la situation elle-même que de croire les rumeurs - généralement fausses et blessantes -. En ce moment, les gens visiblement n'ayant pas d'autres sources d'amusement, les commérages étaient encore plus virulents que d'accoutumé. Une raison de plus pour foncer à son dortoir.
La pièce était déjà occupée par une autre fillette de son année, Bérénice. Pas méchante ni étrange, mais extrêmement timide, le genre de personne qui fuit le contact des autres et reste dans l'ombre toute sa vie. Elle était en train de coller des photos, et plongea sa tête dans son album dès que Sarah entra. Cette dernière eut juste le temps de voir les joues de la brune devenir écarlates... En passant à côté d'elle pour poser son sac sur son lit, elle vit qu'elle possédait une collection de photos d'Ernie MacMillan impressionnantes. Elle se remémora avec un sourire la période où elle même aimait un septième année du nom de Stan, superbement magnifique et gentil. Elle avait réussi à passer ce cap, mais elle se sentait particulièrement proche de celles qui avaient le même problème qu'elle. Solidarité féminine améliorée, en quelque sorte.

« Salut Bérénice ! S'exclama la sorcière. Comment ça va ? »

Puis, Sarah se souvint que Stanislas était l’un des amis du Poufsouffle auquel Bérénice vouait un culte. Elle avait une photo animée où ils étaient côte à côté, au bord du lac, et où ils lui faisaient de grands sourires accompagnés de signe de la main. Elle courut presque jusqu’à sa table de nuit, en sortit son album de photos et le ramena vers sa colocataire de chambre. C'était son grand secret au château, mais elle savait que Bérénice ne dirait rien et ne se moquerait pas de son ancienne attirance pour Stan. Elle ouvrit le carnet avec un petit rire fébrile et finit par tomber sur LA photo. Elle la décolla avec empressement et s’écria, fière de sa trouvaille :

« Regarde, regarde ! J’ai vu que tu faisais un album sur Ernie… Je te la donne ! »




[ 642 Mots ]

Bérénice ne savait quoi faire. Elle se perdait en conjoncture… En effet, que devait-elle répondre au salut de Sarah ? Une personne normale ne se serait même pas posée la question mais Bérénice n’était pas exactement ce qu’on pouvait qualifier de « normale ». Au contraire, elle était excentrique dans un genre bien à elle, le genre Bones côté « Pardonnez-moi d’exister ». Un jour, peut-être, elle prendrait son courage à deux mains et elle irait voir sa cousine Susan pour lui demander comment elle faisait pour être si « cool and class » alors que petite elle n’était pas si différente que ça d’elle. Non que Bérénice garde un souvenir impérissable de sa cousine Susan plus jeune mais tout de même, on lui en avait beaucoup parlé. La seule grosse différence c’est que Susan courait beaucoup moins vite. Chacune son truc, n’est-ce pas ?

Pour en revenir à nos réflexions sur Sarah, Béré’ cherchait comment s’en sortir avec beaucoup d’intensité. Si elle ne répondait pas, elle détruirait un peu plus sa vie sociale – parce qu’elle en a une ? – mais si elle répondait ça signifiait qu’elle acceptait d’entretenir un minimum de rapport avec quelqu’un qu’elle ne connaissait pour ainsi dire pas et qui lui était tellement supérieur que s’en était complexant. De toute façon, qui dans cette école n’était pas supérieur à Bérénice ? C’était bien là la grande question que tout le monde se posait. Prenant son courage inexistant à bras le corps, elle commença à bégayer d’une voix tellement basse que ça ressemblait à un murmure : « B… B… Bon… Bonj… Bonjour S… » Et elle ne put terminer parce que Sarah semblait tout excitée de lui montrer une photo. Et là, Bérénice leva la tête, le regard brillant et les joues roses de plaisir. « Ernie ! » Elle attrapa la photo et l’exmina un moment en silence avant de se tourner vers sa camarade et de lui faire un grand sourire épanouie que Sarah ne lui avait sans doute jamais vu.

« Oh ! Merci ! Il est vraiment trop beau là-dessus ! C’est trop gentil à toi ! » Le seul mot magique qui pouvait faire oublier à Bérénice sa timidité était bien le prénom de son idole. Il était si parfait, si… tout ! Et Sarah semblait la comprendre ce qui donnait à Bérénice un sentiment de joie intense et d’allégresse. Elle se dépêcha de rouvrir son album et de poser la photo d’un air sérieux, comme si elle faisait quelque chose d’excessivement important (ce qui pour elle était le cas d’ailleurs). Elle regarda ensuite le rendu. Son sourire avait disparu mais elle semblait plus à même d’avoir une conversation avec Sarah maintenant que le choc et la joie momentanée avait brisé (temporairement cela dit) ses barrières. Elle ne fuirait pas avant un moment, du moins pas tant que Sarah ne la brusquerait pas, c’était un gros progrès. Bérénice mit même une mèche de cheveux bruns derrière son oreille ce qui laissa voir son visage qu’elle cachait presque toujours le reste du temps. Oui, Ernie était un mot miraculeux… plus que quiconque puisse l’imaginer.

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