L’infraction (libre)

Ann se tenait devant la Forêt Interdite, en compagnie de sa cousine Kelly-Jane. Elle était très curieuse de savoir à quoi ressemblait cette forêt vue de l’intérieur, bien qu’il lui était interdit d’y entrer. Mais pour Ann, les règlements n’avaient jamais été quelque chose qui lui tenait à cœur. À vrai dire, il lui était arrivé, à plusieurs reprises, de commettre des geste enfreignant les règlements de Poudlard. Si elle pouvait se promener dans les couloirs la nuit sans trop de conséquences (dépendant des fois !), pourquoi ne pourrait-elle pas entrer dans la Forêt Interdite ? Selon elle, rien ne devrait pouvoir l’en empêcher. Certains racontaient des choses à propos d’une forêt sinistre et épeurante mais cela ne faisait pas peur à Ann.
*Ce ne sont que des lâches*, se dit la jeune Serpentard, en repensant aux élèves qui ne voulaient pas entrer dans la forêt, sous prétexte qu’il s’y trouvait de dangereuses créatures.
Après tout, la jeune fille ne voyait pas ce qu’il pouvait y avoir de si dangereux dans une simple forêt. S c’était si risqué de s’y aventurer, n’y aurait-il pas eu des clôtures ou quelque chose du genre pour empêcher les élèves de passer ?
*C’est peut-être une façon de se débarrasser de leurs élèves, * pensa-t-elle, avec une pointe d’ironie.
En songeant à quelques professeurs très peu sympathiques, Ann trouvait que son « hypothèse » n’était peut-être pas si ridicule de ça.
Ann regarda autour d’elle. Jusqu’à maintenant, il n’y avait aucun professeur ou préfet en vue. C’était peut-être sa seule chance de pouvoir entrer dans la forêt. Mais elle changea d’idée lorsqu’elle aperçut au loin un professeur. Certes, elle était très curieuse, mais pas idiote. Elle ne tenait pas absolument à faire perdre des points à sa Maison. Surtout que dans le Poudlard Express, la jeune fille s’était promis d’essayer de ne pas faire perdre de points à sa Maison cette année, et de plutôt essayer de lui en faire gagner autant qu’elle le pourrait. Elle regarda le professeur, espérant que celui-ci s’en irait bientôt. Il s’arrêta alors pour parler avec un autre professeur.
*Ça va être long !* pensa Ann.
Si les professeurs étaient comme les parents, ils passeraient probablement un siècle à discuter. Chaque fois que le père d’Ann parlait avec quelqu’un, c’était toujours très long. (Peut-être aussi parce qu’il passait son temps à se plaindre d’avoir une fille indigne et complètement cinglée …) Et de son vivant, ç’avait été la même chose pour la mère d’Ann.

La jeune Serpentard éprouvait une certaine nostalgie chaque fois qu’elle pensait à sa mère. Voilà maintenant une année qu'elle était décédée à cause d’un cancer. Parfois, Ann avait l’impression qu’elle ne s’en remettrait jamais tout à fait. Sa mère était presque la seule personne qui la comprenait et maintenant, elle n’aurait plus jamais la chance de lui parler.

Finalement, le professeur s’en alla. Ann se retourna vers sa forêt. Elle jeta un regard en coin à Kelly-Jane et lui demanda :
« Est-ce qu’on va dans la forêt ? »
En vérité, la Serpentard avait déjà une bonne idée de la réponse de sa cousine, qui n’était pas, elle non plus, très peureuse.

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BILL

Kelly-Jane regarda Ann en souriant.
« Bien sur que si ! » répondit-elle.
Voilà pourquoi l’adolescente s’était toujours si bien entendu avec sa cousine. Elles avaient toujours les mêmes idées et possédaient toutes deux un caractère similaire sur quelques points, ce qui faisait en sorte qu’elles s’entendaient très bien.

Kelly-Jane regarda derrière elle, pour vérifier à son tour (comme l’avait fait Ann à peine une minute plus tôt) si le professeur était bel et bien partit. Elle fut très contente de constater que celui-ci était réellement partit.
"On est chanceuse, ajouta-t-elle. Le professeur de tout à l’heure est partit."

La jeune fille se surprit à se demander ce qui pouvait bien se trouver dans cette forêt. Elle avait entendu beaucoup de commérages sur des créatures monstrueuses et dangereuses, sans toutefois que personne ne puisse le confirmer avec certitude. Et si elles entraient dans la Forêt Interdite et que ces rumeurs s’avéraient vraies ? Kelly-Jane secoua la tête. Ce n’était tout de même pas elle qui aurait peur d’une simple forêt ! Ça non ! Il n’en était pas question ! Jamais elle ne pourrait admettre avoir un petit doute face à cette forêt. Après tout, elle avait un peu plus d’honneur que ça !

À vrai dire, l’orgueil prenait toujours le dessus chez la jeune Serpentard. Jamais elle ne voulait admettre ses fautes, ses erreurs, ses tords, et encore moins ses peurs. Tout le monde avait toujours vu Kelly-Jane comme une fille qui n’avait jamais peur de rien et elle ne souhaitait pas que cela change. Perdre sa dignité, son honneur, son image. Que pourrait-il arriver de pire à une fille comme elle ? Rien, selon elle. Rien ne pourrait égaler le fait de perdre son honneur dans le top dix des pires catastrophe qui pourraient arriver dans sa vie.

Malgré ses craintes, elle devait se ressaisir et ne surtout pas démontrer qu’elle avait ne serait-ce qu’un peu peur. Conserver sa dignité. Voilà le but que visait la jeune fille. Elle devait utiliser son talent de menteuse pour qu’Ann ne s’aperçoive de rien. Mais elle devait faire très attention car sa cousine semblait avoir toujours eu un certain don pour savoir lorsque les autres lui mentaient, simplement en regardant l’expression qu’affichait leur visage. Une fois, Elly, une autre de ses cousines, avait essayé de mentir à Ann, mensonge qui avait d’ailleurs été voué à l’échec. À peine une seconde après qu’Elly avait eu finit de parler, Ann avait prit la parole pour lui renvoyer son mensonge en plein visage, ce qu’Elly n’avait pas du tout apprécié. Bien sûr, cette fois, Ann avait été très fière de son coup. Mais Elly, elle, avait beaucoup moins rit. Elle avait plutôt tourné le dos à Ann pour s’en aller et ne pas lui reparler durant quelques jours.

Kelly-Jane se tourna vers Ann.« Est-ce qu’on y va ? » lui demanda-t-elle, sans laisser croire qu’elle avait un peu peur de ce qui pourrait arriver.

Honnêtement, la Serpentard espérait que sa cousine se découragerait et ne voudrait plus aller dans la forêt. Mais elle en doutait fort : Ann était encore plus orgueilleuse qu’elle.

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