Amoureux... et malheureux [PV Laura]

Colin errait comme une âme en peine dans la salle commune des Gryffondors, déserte parce que les autres profitaient des derniers beaux jours de l'année en jouant dehors au quidditch ou à d'autres jeux. Il n'avait pas envie de jouer. Il n'avait envie de rien, en fait.

Il prit machinalement un presse-livre dans sa main, le reposa. Il alla s'assoir sur un fauteuil, se releva. Il marcha ensuite dans la pièce, désorienté. Trop de choses avaient changé. Colin détestait ces Carrow, et puis Rogue, sale bonhomme. Harry n'était pas venu à Poudlard cette année et Colin s'inquiétait pour lui, même si bon, il savait qu'il était super fort. Mais ça n'était pas drôle de ne plus le croiser, Colin avait toujours adoré ça.

Et puis... il y avait cette histoire... cette fille qui avait dit en riant à Colin que Laura était amoureuse de quelqu'un d'autre, un Serpentard, est-ce que c'était vrai? Est-ce qu'elle sortait avec lui? Qui ça pouvait bien être? Colin passa en revue quelques têtes de Serpentards qu'il connaissait, mais chaque fois l'idée lui paraissait incroyable que Laura puisse vouloir sortir avec celui-là. Qui alors? Et pourquoi?

Mais Colin repoussait ces questions chaque fois qu'elles venaient, refusant de chercher à savoir, essayant de ne plus penser à Laura, y pensant quand même. Il avait réussi à éviter de se retrouver en sa présence, non il ne voulait plus jamais la voir, plus jamais; c'était trop douloureux...

Il appuya son front contre la vitre. Ce soleil l'agaçait. Il avait envie de voir des éclairs, de l'orage. Comment les gens pouvaient-ils juste s'amuser, indifférents à sa douleur d'aimer sans être aimé en retour, douleur qui enflait, explosait dans sa poitrine en vagues successives qui le déchiraient? Il n'aurait pas cru qu'on puisse souffrir autant. C'était ça, grandir, devenir adulte? Il était bien plus heureux quand il était petit.

Il entendit la porte s'ouvrir derrière lui, quelqu'un venait d'entrer. Colin ne se retourna même pas pour voir qui c'était, il s'en fichait. Qu'ils aillent tous au diable!

S’il devait y avoir une personne dans Poudlard qui était au moins aussi démoralisée que Colin, c’était bien Laura. Cette école qu’elle aimait tant, même après n’y avoir passé qu’une année, était devenue un piège. Elle sentait tout au fond d’elle qu’elle n’atteindrait pas l’été. Quelqu’un, que ce soient Rogue, les Carrow ou un Serpentard, quelqu’un finirait bien par découvrir son terrible secret : elle était une née moldue, et non une sang-mêlée comme l’attestaient ses papiers. Tout avait basculé depuis le banquet du début d’année, qui n’était d’ailleurs pas très loin dans le temps. Combien de jours exactement ? La petite sorcière ne saurait le dire. Elle était assommée, vivait dans un autre monde.

Après avoir donné le mot de passe à la Grosse Dame, Laura entra dans la salle commune de Gryffondor. Et dire qu’elle n’avait même pas pu revoir Colin depuis l’année dernière. Lui aussi était enfant de moldu, et donc dans la même situation qu’elle. Etait-il seulement revenu à Poudlard ? La petite l’espérait de tout cœur. Le jeune homme était la seule personne vraiment capable de la comprendre : il faisait partie de sa maison et en plus était dans son cas. Il y avait cependant peu de chances qu’elle arrive à le trouver : le blondinet aurait du entrer en sixième année et était donc tout à fait capable de survivre au dehors, surtout s’il avait bien suivit les cours dispensés par les professeurs de Poudlard qui étaient, quoi qu’on puisse en dire, excellents.

Laura n’aurait pas relevé la tête si elle n’avait craint de se prendre les pieds dans un fauteuil, ou pire de rentrer dans un autre élève, comme ça arrivait souvent à Poudlard. Grand bien lui en prit, car elle vit la silhouette de la personne qu’elle désirait justement voir. Le seul être vivant présent dans la salle commune, d’ailleurs. Un petit sourire apparut sur ses lèvres. Discret tout de même, car la petite sorcière craignait toujours de montrer son appareil, preuve de son origine et s’approcha de la fenêtre d’un pas ferme. Tout n’allait peut être pas si mal, enfin de compte.

Laura fut bien vite, un peu trop peut être, derrière Colin. Elle lui posa doucement la main sur l’épaule, afin de ne pas lui faire peur. Elle dut d’ailleurs lever le bras assez haut, car si son ami était petit, il était tout de même plus grand qu’elle. La jeune sorcière murmura.

- Salut Colin, ça va ?

Question bête. Evidemment que ça ne pouvait pas aller. La personne que Colin préférait à Poudlard, à savoir Harry Potter, n’était plus là et, comme je l’ai déjà dit, lui aussi était né moldu. Si son ami avait été aussi content que d’habitude, nul doute qu’elle n’aurait pas eu la chance de le trouver dans la salle commune : il serait dehors, comme tant d’autres élèves à s’amuser, même si cela semblait difficile à Laura dans une période si sombre pour le collège. Rogue directeur, elle n’en revenait toujours pas. Lui qui avait tué Dumbledore (car évidemment, la petite Gryffondor croyait Potter, entre lions…) se trouvait maintenant à sa place. L’ancien professeur de Défense Contre les Forces du Mal aurait très bien pu jouer dans un film sur Iznogood. Calife à la place du Calife ou Directeur à la place du Directeur, la différence n’était pas si grande.

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Colin se raidit au son de la voix de l'être aimé. De l'être aimé qui ne l'aimait pas. L'amour mais l'humiliation, la frustration, la colère, le désespoir l'emplit. Trop de choses à la fois. D'une voix rauque, dure, qu'il ne reconnaissait pas il répondit:

_ "Ca va."

Ca va, point final. Ca va, indifférent. Ca va, autrement dit, je survis même si tu ne m'aimes pas, ne viens pas remuer le couteau dans la plaie alors que j'essaie si douloureusement de t'oublier et que je n'y arrive pas. Mais il ne dirait certainement pas tout ça, il n'allait pas s'abaisser à ce point; et puis quoi? Devenir une loque? Se trainer à ses pieds? *C'est une question de survie, mon Colin, fais comme si tout allait bien*.

Elle avait posé sa main sur son épaule et l'y avait laissée. C'était remuant. Il ne fallait surtout pas qu'il se retourne, sinon il allait pleurer.
Quand même, il ne put s'empêcher de demander tout bas, d'une voix un peu radoucie... "tu n'as pas de problèmes? ... avec tout ça." Il savait qu'elle comprendrait de quoi il voulait parler; elle était née moldue, comme lui. Pas de problèmes signifiait: "on n'a pas découvert ce que tu es?" Mais à l'heure actuelle, mieux valait ne pas parler à voix haute de certains sujets; on ne savait pas après tout si quelqu'un derrière la porte n'écoutait pas tout ce qu'on disait.

Il attendit la réponse, regardant toujours droit par la fenêtre, refusant obstinément de se retourner. Il ne pouvait pas s'empêcher cependant d'espérer qu'elle laisserait sa main sur son épaule encore un moment et continuerait de lui parler de sa voix douce. Zut, il n'aurait pas du penser ça, voilà que les sanglots montaient dans sa gorge. Il les réprima en fermant très fort les poings. Pas question de pleurer.

La réponse de Colin surprit Laura. Cette voix n’était pas celle qu’elle connaissait. Peut être était-ce parce qu’elle ne lui venait que répercutée par la fenêtre, mais la petite lionne n’y croyait pas. D’ailleurs, pourquoi le jeune homme ne s’était-il pas retourné ? A ce qu’elle savait, c’était elle qui était défigurée par un appareil dentaire, et non l’inverse. A moins…a moins que ce soit justement pour ça. Peut être était-elle devenue horrible au point que son ami ne puisse plus la regarder. Quoi que puisqu’ils ne s’étaient pas vus depuis deux mois c’était peu probable. Pourquoi alors ?

Laura ne comprenait pas encore les sentiments qu’elle ressentait pour Colin, cette sensation de manque qui l’avait habitée tout l’été, et jusqu’à maintenant. Cette envie d’être avec celui qui n’était pour le moment que son ami. Bien entendu, comme beaucoup le savaient à Poudlard du fait du fiasco qu’avait été la déclaration, la jeune sorcière avait déjà été amoureuse, mais ça n’avait pas été pareil, puisque la désillusion avait été plus que rapide. La petite n’était donc pas en mesure de savoir de quoi il en retournait en ce jour de début d’année.

Colin reparla, mais à voix très basse. Il valait mieux. Si quelqu’un d’indiscret les entendait, les deux jeunes nés moldus ne finiraient pas la nuit au château. Tous deux étaient conscients du danger qu’ils courraient à Poudlard. Ils étaient en sursis dans cette école. Néanmoins, Laura refusait de vivre dans la peur. Si elle devait mourir durant cette année, et bien qu’au moins elle se soit amusée. Qu’elle n’aie rien à regretter s’il y avait une vie après la mort. Toute la petite lionne était présente de la promesse qu’elle avait faîte quelques années plutôt à une amie qui avait eu un terrible accident. Heureuse. Toujours heureuse.

- Ca ira, je crois.

Laura n’y tenait plus. Elle remonta sa main sur l’épaule de Colin, afin de pouvoir faire pression dessus. Elle voulait que son ami se retourne, qu’il la regarde. Elle ne supportait pas de parler à quelqu’un qui lui tournait le dos, comme s’il l’évitait. Elle n’avait pourtant rien fait pour, au contraire. Tout ce que souhaitait la jeune sorcière était de pouvoir parler au blondinet, et bien plus encore, mais de ça elle n’était pas vraiment consciente. Pas encore.

La période qui était devant eux était sombre. Le moment était donc plus à l’entraide qu’à la séparation, surtout entre membres d’une même maison. Surtout entre amis. Laura savait bien qu’elle ne pourrait jamais tenter le rapprochement avec les Serpentard, la haine était encrée bien trop profondément, mais les verts et argents représentaient de toute façon pour elle les serviteurs du Seigneur des Ténèbres, tous autant qu’ils étaient. La petite ne pouvait même soupçonner qu’au moins l’une d’entre eux était opposée au régime de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.

- J’ai fait quelque chose de mal ?

Laura n’avait pu retenir la question. Elle avait vraiment peur d’avoir commis une erreur avec Colin, quelque chose qui aurait poussé le jeune homme à refuser de la regarder. Etrangement, et bien malgré elle, la petite lionne était naïve et ne savait pas grand chose, quoi qu’elle puisse en penser.

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Tous comptés

BILL

Colin voulait rester digne. Il voulait faire comme si de rien n'était, comme s'il ne souffrait pas. Les mots, pourtant, sortirent tout seuls; comme s'ils n'attendaient que ça depuis qu'il avait appris la rumeur.

-"Qui c'est, ce Serpentard?!", s'écria-t'il douloureusement avec reproche, le coeur lourd. Il ne pouvait jouer les indifférents plus longtemps. *Bas les masques, cartes sur table, et moque-toi de moi; rit avec tes copines de ce Colin comique qui s'y croit.*

Un immense soulagement le prit, cette question le taraudait et il avait enfin réussit à la poser, il allait savoir, quelques en soient les conséquences. En même temps, il se sentait malheureux, il tremblait presque d'entendre sa réponse, et à nouveau les Serpentards défilèrent dans sa tête.

Aucun Serpentard qu'il connaissait ne lui paraissait susceptible de plaire à une fille aussi sublime que Laura, qui pouvait se permettre d'être difficile, mais les filles ont peut-être des critères qu'il ne comprenait pas? Il fallait qu'elle lui dise, il fallait qu'elle soit franche avec lui et qu'elle lui explique; sinon comment pourrait-ils continuer à être amis?

*D'ailleurs, je ne veux pas être ton ami, je veux que tu m'aimes!!!*, cria-t'il de toutes ses forces en pensée, mais pas un son ne sortit. Il se contenta d'attendre sa réponse. Le fait même qu'il lui demande avec souffrance qui était ce type devait aiguiller Laura. Est-ce qu'un "ami" se soucie des aventures sentimentales de l'autre au point d'en être aussi bouleversé?

- Ce…ce Serpentard ?

La surprise avait remplacé l’inquiétude sur le visage de Laura. De quoi donc parlait Colin ? La petite Gryffondor n’avait plus eu de rapport avec un seul membre de la maison des verts et argents depuis…non, ce ne pouvait pas être ça. Cette vieille histoire ne pouvait pas être ce qui rendait son ami si furieux, parce que c’était bien ce qu’il lui semblait déceler dans la voix et le regard du jeune sorcier. Cependant…la née moldue avait beau chercher, c’était la seule explication possible. Les seuls rapports qu’elle avait ordinairement avec les Serpentard étaient les échanges d’insultes, et ce n’était sûrement pas ça qui énervait Colin.

- Tu ne parles quand même pas de ce qui s’est passé l’an dernier ?

Question rhétorique, bien sûr. Laura était désormais certaine que c’est cet événement plutôt douloureux qui rendait Colin furieux, voire même qui lui avait fait l’attrister. Pourtant…pourtant la petite Gryffondor avait cru que tout le monde se moquerait d’elle, y compris dans sa propre maison. La solidarité était bien entendu de mise, surtout en ces temps troublés, mais rire un peu ne faisait jamais de mal, même si ce devait être au dépends d’un camarade. La sang et or n’en aurait d’ailleurs pas prit ombrage et convenait facilement que ce n’était qu’une bêtise de jeunesse, même si elle n’était pas beaucoup plus vieille aujourd’hui.

- Ce n’était rien. Juste une erreur, et encore. Vraiment rien du tout.

Bien entendu, Laura était encore étonnée de la réaction de son amie. Quelle mouche l’avait donc piqué ? Même si ça n’avait pas été une erreur, même si quelque chose s’était en effet passé il aurait du comprendre, car les couples entre Serpentard et Gryffondor, s’ils n’étaient pas courants existaient quand même. Personne n’allait leur cracher à la figure sous peine qu’ils trahissaient leurs maisons, bien que l’envie devait être forte ces derniers temps. La jeune sorcière avait quant à elle parfois dû se contrôler, mais il faut dire que la crainte des Carrow avait largement refroidi son enthousiasme.

Laura ferma les yeux quelques secondes, le temps d’essayer de réfléchir. La discussion, qui n’en était d’ailleurs pas vraiment une, la rencontre plutôt, avait prit un tour étrange. Les deux mois de séparation des vacances semblait avoir éloigné les deux jeunes lions, sans qu’elle sache vraiment pourquoi, même si elle commençait lentement à comprendre. Enfin, la petite sorcière rouvrit les yeux et planta son regard dans celui de Colin.

- La rivalité des maisons ne justifie pas une telle réaction, n’est-ce pas ?

Laura ne quitta pas les yeux de son ami. Elle était désormais décidée à savoir tout ce qu’il avait à lui dire, et s’il ne voulait plus parler, elle le forcerait. La jeune sorcière ne supportait pas voir Colin triste, plus sûrement encore si c’était de sa faute. Oh oui, il dirait tout, cela ne faisait aucun doute à la petite Gryffondor.

"Si !! C'est scandaleux, que toi, toi mon amie, une Gryffondor, tu... tu...". La voix de Colin, d'abord révoltée et impétueuse se brisa. Il ne trouvait plus les mots pour exprimer son émotion, tant elle était forte. Il tapa du poing sur le mur. "QUI EST-CE ?!!!", cria-t'il, malheureux au dernier degré.

Colin prit un grande respiration, et enfonça très fort ses ongles dans sa main. *Il ne faut pas que je pleure, il ne faut pas que je pleure, il ne...*
Dehors, il s'était mit à pleuvoir, et les grosses gouttes tapaient sur le carreau; toute la pièce s'était assombrie.

Colin ne savait pas si leur amitié allait survivre à cette grande discussion, il ne savait pas si c'était tant mieux, ou grave, ou pire ou... Il essaya d'y voir clair dans ses propres pensées, dans ses propres sentiments. Qu'est-ce qui était préférable: sauvegarder au moins leur amitié à défaut d'avoir son amour? Pour la voir au moins. Pour l'entendre! Partager des moments avec elle même si... oh non, non, ce serait trop difficile; il ne pouvait plus.

Alors ne plus la voir: une souffrance terrible, mais qui finirait bien par cesser? Au lieu d'être ravivée sans cesse par le sourire de Laura, les yeux de Laura, et cette voix qu'elle prenait quand... bref. Mais aussi, comment réussirait-il à l'éviter toute l'année? Ils étaient dans la même Maison! A la même table! Et puis l'année scolaire prochaine? Il avait encore toute sa sixième année et sa septième année à tirer à Poudlard.

Le cri de Colin fit reculer Laura d’un pas et, un instant, elle eut peur. Qu’avait donc son ami pour se comporter ainsi ? Il ne s’était rien passé, après tout, elle avait juste eut plus honte que jamais elle ne pourrait avoir dans toute sa vie, rien qui ne méritât une telle colère. La jeune sorcière n’avait jamais vu le Gryffondor ainsi, bien qu’elle le connaissait depuis presque une année. L’aîné des Crivey ne s’énervait pas souvent, et jamais avec une telle intensité, plus encore devant une fille, ou même pour une fille. Qu’avait-il donc ? Etait-ce la seule fatigue des cours qui lui avait fait pêter les plombs ?

- Hé Colin ! Calme-toi ! Il ne s’est rien passé je te dis, rien de rien. C’était juste…oh je sais même pas ce que c’était !

Laura tenta de sourire pour calmer son ami, mais elle se dit que ça ne suffirait certainement pas à éteindre le feu de colère qui l’habitait. Elle se rendit cependant compte qu’il lui faudrait dévoiler l’identité du Serpentard qui avait reçu, en plus d’une grande partie des élèves, sa déclaration d’amour. Avant tout, elle devait quand même tenter de calmer le petit lion, car qui sait ce qu’il pourrait faire une fois au courant ? N’irait-ils pas trouver le grand frère d’Abbygael pour le provoquer en duel ? Malgré son amitié pour le jeune sorcier elle était consciente qu’il se ferait réduire en bouillie. La plupart des Serpentard étaient, quoi qu’on puisse en dire, de bons sorciers. Le souvenir d’Amber James la fit frémir.

- Ca t’apprendra quoi que je te dise son nom ? De toute façon tu ne le connais sûrement pas. Et puis, qu’est ce que ça change ? Il ne s’est rien passé tu sais ? Rien de rien !

Bien entendu, Laura savait désormais que ces paroles ne suffiraient pas à calmer Colin, sinon le jeune homme ne se serait pas tant énervé. La pauvre deuxième année était toute perdue face à la réaction de son ami et ne savait pas si, malgré tout ce qu’elle pouvait dire, elle était en mesure de faire entendre raison au Gryffondor. Ce dont elle était sûre, cependant, c’est qu’elle ne voulait pas perdre l’aîné des Crivey à cause d’un coup de foudre finalement infondé et complètement stupide. Le lui faire comprendre ne serait cependant pas facile, même si la petite lionne savait parfaitement exprimer ses sentiments.

- Bon. Son nom, c’est Nathanael McGowan. Mais il ne s’est rien passé, hein, rien du tout. A part que j’ai eu honte comme jamais. Je…j’me demande même si ce n’était pas un sort de confusion

Laura avait parlé à toute vitesse, se répétant comme elle le faisait depuis déjà quelques minutes, afin que Colin comprenne bien le message. Elle était presque tout à fait franche. Elle savait en effet que personne ne lui avait lancé de sortilège de confusion et que c’était bel et bien un coup de foudre qu’elle avait subit. Pour rien au monde elle ne l’aurait avoué à son ami qui était déjà suffisamment énervé pour qu’elle ne le perturbe plus encore. Elle espérait toutefois qu’il se calmerait, maintenant qu’il savait tout.

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Nathanael McGowan? Même pas beau! Même pas intelligent! Même pas... heu, rien, en fait. Pfffffffff. Colin ne savait pas s'il était écoeuré, soulagé, ou quoi. Mais il sortait avec une autre fille de Gryffondor, ce gars-là, Colin les avait aperçus ensemble.

Les épaules de Colin s'affaissèrent un peu. Sa colère était en partie retombée. "Je ne supporte pas que tu regardes n'importe qui", dit-il. "Une fille comme toi... ". Il ne savait pas comment terminer sa phrase; mais il eut un soupir éloquent.

"Tu comptes beaucoup pour moi. Ça me rend malade quand tu regarde un type; ça me donne envie de lui casser la figure. J'ai envie de te protéger. Je voudrais partager avec toi des moments importants, qu'on puisse parler de tout. Et puis qu'on fasse mille choses ensemble. Et qu'il ne t'arrive jamais rien de mal. Je voudrais que tu te sentes heureuse quand tu es avec moi. Je voudrais que tu sois impatiente de me retrouver quand on est séparés. Je voudrais que tu débordes de joie quand on peut se retrouver. Je voudrais... je voudrais qu'on soit plus proches que ça"

Il avait dit tout ça d'un trait et son coeur battait à grands bonds, comme s'il allait éclater ou sortir de sa poitrine; son coeur battait si fort que ça résonnait, elle devait l'entendre, ça n'était pas possible! Boum. Boum. Boum.

Vite, qu'elle mette fin à son calvaire, qu'elle réponde quelque chose, n'importe quoi! Après il irait s'enfermer quelque part pour pleurer tout son saoul.

Il fallut quelques secondes, presque une minute, pour que Laura prenne entièrement conscience de tout ce qu’avait dit Colin. Sa longue tirade n’avait été qu’une interminable suite de mots sans sens avant que la petite sorcière puisse finalement comprendre de quoi il en retournait. A peu près, en tout cas, car elle n’était pas encore capable de déterminer tout ce qu’avait voulu dire son ami. Comme je l’ai déjà précisé, la jeune lionne n’avait jamais été aimée par qui que ce soit, ce qui est normal, étant donné qu’elle n’avait que douze ans. Du moins, elle ne l’avait jamais su. Difficile dans ces conditions de savoir ce que le jeune lion en face d’elle pensait.

Un silence c’était installé entre les deux Gryffondor, le temps que Laura saisisse la portée des paroles, non, de la déclaration de Colin. Elle se doutait bien que son ami attendait un réponse, mais que dire ? Non pas que la petite sorcière ne savait pas ce qu’elle ressentait vraiment à propos de son aîné, mais…quoique, tout bien réfléchit, ce devait être ça. Les paroles du blondinet avaient réveillée en elle des sentiments qu’elle avait refoulé, puisqu’elle ne parvenait à les exprimer, à savoir ce qu’ils étaient réellement. Une fois encore, la petite sorcière baissa les yeux pour ne pas affronter le regard du jeune homme.

Le silence commençait à devenir pesant, et Laura finit par craindre Colin ne soit parti. Moins de deux minutes s’étaient pourtant déroulées lorsqu’elle releva finalement la tête, osant enfin assumer ces sentiments qu’elle commençait plus ou moins à comprendre. En tout cas elle était certaine que tout ce que Colin avait dit, c’était déjà le cas, ou presque. Hésitante, cherchant ses mots comme un bébé apprend à marché, la jeune sorcière fit de nouveau résonner une voix dans cette salle commune désespérément vide. Au moment où elle ouvrit la bouche, un souvenir lui revint. Un an plus tôt, peut être moins, Colin lui avait offert des fleurs dans un couloir, juste avant un cours de Défense Contre les Forces du Mal.

- Colin je…tu….tu ne sais pas. Tu ne peux pas savoir combien de temps j’ai pensé à toi pendant toutes ces vacances, espérant te voir, pour avoir un contact, ne serait-ce qu’infime avec le monde de la magie, avec Poudlard, avec…avec toi tout simplement. Tu…tu es sans aucun doute la seule personne au monde à m’avoir jamais fait espérer la rentrée. J’ai attendu, tu sais, oui, j’ai voulu te voir ce premier septembre. Le deux, aussi, et le trois. J’ai eu peur, tu sais, que comme Harry Potter tu ne sois pas revenu, que les Mangemorts t’aient faits du mal

Laura se tut un instant. Contrairement à ce qu’on aurait pu croire, elle ne rougit pas. Ca ne lui était pas arrivé depuis si longtemps que son corps avait dû oublier ce que c’était que la rougeur. Il n’empêche que la petite sorcière était très gênée. Assumer ses paroles et ses sentiments, c’était finalement plus facile à dire qu’à faire. Comme beaucoup de choses d’ailleurs.

- Ne me fais plus jamais une telle peur, s’il te plait.

C’était plus une supplique qu’une demande. Décidément, le jeune Crivey produisait bien plus de changements sur Laura qu’on aurait pu le penser. Qu’elle-même aurait pu le penser, pour être exact.

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553 Souaffle tous comptés