Du shopping en famille {{ (pv)

L'été commençait doucement. Aaron avait beaucoup de mal à le digérer, mais cette année, Melissa allait rentrer à Poudlard... Oh, il n'avait pas encore reçu la lettre officielle, il était peut-être un peu trop tôt, mais les pouvoirs magiques de la petite était une certitude. L'Auror se souvenait encore de la couleur violette qu'avait arboré son chien après une de ses colères... Et puis il n'y avait aucune raison qu'elle ne soit pas sorcière elle aussi. Son père l'était, sa mère l'était, et les Cracmols étaient bien trop rares pour que cela tombe justement sur cette pauvre Melissa.

Bref, l'été commençait à peine, mais Aaron avait pensé qu'il était déjà temps d'acheter les fournitures scolaires de sa fille. Plus tôt c'était fait et mieux cela valait... Il n'était en effet pas bon de traînailler trop longtemps sur le Chemin de Traverse, avec tout ce qu'il se passait en ce moment...

Le rendez-vous avait été pris devant chez Ollivander. Aaron avait d'abord pensé au Chaudron Baveur, mais il savait qu'il aurait été trop tenté par une bonne rasade de Whisky... D'ailleurs, il ne s'était pas privé d'aller se payer un verre, mais léger, et à présent, il attendait devant le magasin de baguettes magiques d'un air coincé.

Parmi le peu de gens qui étaient alors présents sur l'allée commerçante, Aaron était le seul à se promener en solitaire. Les autres étaient en groupe, l'air angoissé, serrés les uns contre les autres comme pour former une barrière contre les forces occultes. Comme si ça allait les protéger... Aaron, bien qu'il soit mal à l'aise, n'avait pas peur. Il savait très bien qu'il avait les capacités de se défendre, et les Mangemorts n'allaient pas se balader au Chemin de Traverse dans un coup de folie incroyable... Voldemort et ses larbins devaient avoir bien d'autres choses à faire que des emplettes.

Avec un soupir, Aaron jeta un coup d'oeil à sa montre. Cela faisait 5 minutes de trop qu'il attendait. Il se demanda, dans une poussée de curiosité, si c'était Amanda qui allait l'accompagner jusqu'ici... Après tout, il était tout prêt du début du Chemin de Traverse et Melissa n'aurait pas beaucoup de chemin à faire toute seule, mais il était conscient que sa mère ne la laisserait pas faire ces quelques mètres toute seule. D'un autre côté, elle ne voudrait pas non plus le revoir, après leur dernière discussion... Peut-être que ce serait leur nounou. Ou un elfe de maison. Peu importait.

C'était l'après-midi, peu après 13 heures. Le soleil était haut dans le ciel, mais tamisé par un étrange brouillard sombre. L'effet des Détraqueurs libres, sans aucun doute... Il n'empêche que c'était une belle journée, dans l'ensemble, et Aaron était certain que Melissa allait très vite se prendre au jeu et adorer être une sorcière.

Si seulement Aaron avait su ce que deviendrait Poudlard au cours de l'année, il n'aurait certainement pas fait tous ces efforts.

L’été avait débuté depuis déjà quelques semaines et dans le sud ouest de la France la chaleur en était étouffante ! La jeune demoiselle se réjouissait à l’idée de rentrer en Angleterre passer quelques jours chez son oncle, il ferait bien moins chaud par là bas et puis revoir ses cousins la ravissait. Plus encore, sa lettre pour Poudlard était arrivée la veille dans la soirée…et Melissa pouvait encore revoir le regard réjouis de sa mère à cet instant précis lorsqu’elle avait ouvert la lettre tant attendue ! Certes, il ne faisait aucun doute qu’elle recevrait sa lettre, car elle était une sorcière, ce elle l’avait toujours su, mais tout de même, son cœur s’était serré, serré d’appréhension et de joie ! Elle allait aller à Poudlard ! Elle allait étudier la magie, pouvoir avoir à son tour une baguette…rien ne pouvait davantage faire plaisir à la jeune fille….Absolument rien. Et puis, sa mère lui avait tant parlé de Poudlard, elle lui avait raconté tant de chose que cet endroit semblait absolument merveilleux, et Melissa avait hâte d’y faire son entrée. La brunette savait que sa mère avait été à Serdaigle et que son paternel à Gryffondor…laquelle de ces maisons seraient la mieux pour elle ? La jeune fille n’avait pas vraiment de préférence et en fin de compte peu lui importait, à partir de l’instant où elle apprenait la magie. C’était une nouvelle vie qui allait débuter pour elle, et son excitation était presque palpable ! Encore un peu moins de deux mois… Melissa ne tenait absolument pas en place…et partir pour Londres ne ferrait que la rapprocher davantage de Poudlard !

C’était aujourd’hui, la brunette boucla sa valise et lorsqu’on sonna chez elle, la jeune fille se précipita dans les escaliers, persuadée que c’était son oncle qui venait la chercher…Tant et si bien qu’elle fut presque déçue en s’apercevant qu’il s’agissait simplement de Charles Hartford le fiancé de sa mère. Une petite mine renfrognée apparut sur son visage de poupée alors que son beau père l’interrogeait du regard, se demandant bien ce qui lui arrivait…Melissa sourit légèrement à l’homme blond puis elle remonta immédiatement dans sa chambre pour terminer de rassembler ses affaires….puis enfin, on sonna une nouvelle fois à la porte ! Persuadée qu’il s’agissait bien de son oncle, la brunette en fut bien vite convaincue lorsqu’elle perçut sa voix dans le hall d’entrée alors qu’il s’adressait à Charles ! Melissa dévala les escaliers en quatrième vitesse et vint saluer son oncle dans un radieux sourire.

_Bonjour oncle Thomas ! Je suis prête, on peut y aller ! Charles s’occupera de maman !! Et puis où est Jullian ?!

Melissa ne tenait absolument pas en place et lorsque sa mère arriva, la jeune demoiselle lui lança un regard d’excuse, elle était pressée de la quitter, mais elle savait parfaitement que sa mère était tout aussi pressée de la voir partir faire ses courses pour la rentrée.

_Bonjour Melissa ! Jullian va te retrouver sur le chemin de Traverse, il est parti avec ta tante ce matin, allez dit au revoir à tes parents, sinon c’est Aaron qui va finir par t’attendre !

Melissa sourit grandement puis elle alla embrassa sa mère ainsi que Charles, ce fut sur les dernière recommandation de sa mère que la jeune demoiselle quitta la France pour regagner l’Angleterre qu’elle n’avait plus revue depuis près de six mois. La journée ne faisait que commencer pour elle ! Elle devait tout d’abord rejoindre son cousin, Jullian, qui faisait également sa rentrée à Poudlard cette année puis enfin retrouver son paternelle sur le chemin de traverse, parce que, pour elle ne savait quelle raison, il avait été convenu depuis déjà quelques temps, avant que sa mère et elle ne quitte l’Irlande, qu’elle irait faire ses achats pour Poudlard en compagnie de son père. Curieuse idée, qu’elle n’avait pas même envisagé, puisqu’elle ne faisait que très peu de choses avec son père…Enfin, c’était l’occasion de papoter un peu avec lui et de lui demander de lui parler un peu de Poudlard…enfin toutes ces banalités quoi.

Lorsque son oncle la laissa sur le chemin de traverse, la jeune fille n’eut aucun mal à retrouver son cousin qui l’attendait au tout début du chemin. Ils échangèrent quelques mots puis il l’accompagna au point de rendez vous où était censé l’attendre son père…presque déçu de ne pas pouvoir passer plus de temps avec son cousin, la jeune fille mit un certain temps à sourire à son père lorsqu’elle arriva devant celui-ci avec une bonne dizaine de minutes de retard. Jullian la laissa bien rapidement seule, saluant très brièvement l’homme qui avait été son oncle dans un temps bien lointain, puis elle se retrouva face à face, en tête à tête avec Aaron Millers, son père. La jeune fille mit quelques secondes encore à se refaire à sa présence, elle n’avait plus cinq ans et elle n’avait plus l’âge de lui sauter au cou niaisement…Et puis elle ne l’avait pas vu depuis bien longtemps et elle était bien plus habituée à voir son oncle ou bien tout simplement son beau père. Mais, enfin, la brunette, dont les traits étaient tout bonne ceux d’Amanda et les prunelles celles d’Aaron, esquissa un léger sourire à l’attention de son père.

_’lut, papa… désolée pour le retard, oncle Thomas est arrivé un peu en retard à la maison, et puis tu connais man’, il a fallu qu’ell…enfin rien d’important…par quoi on commence ?

Dans sa petite tête raisonnait alors la voix de sa mère…lui rappelant qu’elle ne voulait pas faire l’objet de quelque conques conversation autant chez son oncle que lorsqu’elle serait avec son père. Ainsi, donc la fillette avait bien dans l’intention de parler de toutes les banalités possibles et inimaginables qui ne la ramèneraient pas à sa vie en France et à ses parents ! Dure journée qui l’attendait !

Aaron commençait réellement à s'impatienter. Pas à s'inquiéter, non, à s'impatienter. Aussi loin qu'il pouvait remonter dans ses souvenirs, l'Auror n'avait jamais été quelqu'un de très patient, et ses caprices de jeunesse accentuaient encore un peu cette facette de sa personnalité. Il ne s'inquiétait pas, tout d'abord parce que jamais, au grand jamais, Amanda n'aurait permis à Melissa de se rendre sur le Chemin de Traverser si elle n'avait pas été certaine que tout se passerait bien. Et puis ensuite, sa colère quand à ce retard obscurcissait ses pensées, et l'impression qu'il avait été pris pour un bel abruti s'amplifiait de seconde en seconde. Il aurait été prêt à parier que son ex-femme avait changé d'avis au dernier moment sans le prévenir... Personne ne se souciait du fait, évidemment, qu'Aaron était en train de sécher tout un après-midi de travail au Ministère pour accompagner sa fille dans sa quête de fournitures scolaires. Il poussa un long et profond soupir en se frottant l'arête nasale d'un air agacé.

Quelques minutes plus tard, alors qu'il s'apprêtait à vider des lieux, sentant ses jambes s'engourdir, il vit sautiller au loin quelques bouclettes brunes et se permit un grognement soulagé. Rapidement, la jeune fille s'approcha de lui et il fut stupéfait de voir à quel point elle avait grandi depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Il n'avait pas vu le temps passer avec elle, et désormais, il ne la rencontrerait même plus... Peuf.

Estomaqué par la vision éclatante d'Amanda version miniature, avec ses yeux à lui, Aaron ne répondit pas au salut du petit bourgeois dont il ne se souvenait même plus du nom mais qui l'avait déjà appelé tonton, une fois, et se perdit dans la contemplation de sa fille. Son visage buriné exprimait la plus froide indifférence et ses traits secs étaient toujours aussi mornes, aussi tristes. Pourtant, sous sa caboche, les rouages tournaient sévère et Aaron se demandait bien où étaient passées toutes ces années où Melissa était enfant. Le temps avait passé beaucoup trop vite, il s'en rendait compte à présent.

Il finit par reprendre ses esprits et secoua légèrement la tête en papillonnant, détournant les yeux. Se râclant la gorge d'un air crispé, il marmonna en guise de réponse:

- " C'est pas grave, c'est pas grave, mais merde, pensez un peu à moi, ça fait un quart d'heure que je poireaute ici... - Il mentait juste un peu... - "Donc tu diras à Oncle Thomas de se magner le cul, des fois."

Hé non, Aaron n'arrangeait pas son langage châtié simplement parce qu'il se trouvait avec une petite fille - qui était la sienne, de plus. La bouche légèrement entrouverte, il regardait ailleurs sur le chemin de Traverse, avant de rebaisser les yeux sur Melissa. Il fit la moue, qui élargit encore un peu ses mâchoires, et continua:

- " Enfin tu pourras aussi dire à ta mère que je.... que..."

Il ne savait pas ce qui l'avait interrompu, mais il était incapable de terminer sa phrase. Il soupira de nouveau, levant les yeux au ciel. D'un petit geste, il induit Melissa à le suivre dans la boutique d'Ollivander, totalement déserte.

- " Tu lui diras que je la remercie de t'avoir permis de venir. Allez, viens, on va commencer par la baguette."

Aaron lui tint la porte et la fit passer avant lui, jetant un coup d'oeil à la grande rue commerciale. Le vieux vendeur arriva rapidement derrière son comptoir, et l'Auror lui marmonna simplement qu'elle avait besoin de sa toute première baguette. D'un air indifférent, Aaron s'installa sur un siège, près de la vitrine, et attrapa un vieux numéro de la Gazette qui traînait sur une table basse près de lui. Ollivander, son regard pâle braqué sur Melissa, prenait des mesures étranges, comme la longueur de ses bras ou l'écartement de ses deux yeux, et soudain, il s'adressa au père de sa cliente de sa voix douce et veloutée:

- " Bois d'Acacia d'Ecosse, ventricule de coeur de dragon, très maniable, bien qu'un peu souple, parfaite pour une poigne solide... 31 centimètres virgule 4 très exactement, douée pour les sortilèges... C'était votre première baguette, Mr Millers, je me trompe? Celle que vous avez acheté à l'âge de cette jeune fille!"

Aaron releva paresseusement les yeux vers Ollivander et lui accorda un regard vide. Sans savoir s'il devait répondre ou non, il se décida à hausser les épaules sans prendre la peine de baragouiner une réponse. Il se contenta de hocher légèrement la tête.
Le vendeur était parti à l'arrière de la bouquette et Aaron reprit son feuilletage intense de son canard, mais quand le vieil homme revint près de Melissa, avec quatre boîtes à baguettes dans ses bras, il reprit la parole de nouveau.

- " Et ensuite, uhmm... Ebène, plume de Phénix, 30 centimètres, très rigide, à contrôler par une main tout aussi entraînée... Drôle de petite baguette, pas facile à vendre... Vous aviez cassé la vôtre, c'est cela? Et vous m'avez fait graver des initiales sur le côté de votre instrument, attendez que je m'en souvienne..."

Il présentait les quatres baguettes sélectionnées à Melissa tout en prenant l'air songeur. Aaron releva la tête de la Gazette et lui jeta un regard noir.

- " A-M et A-C, c'est cela? Oui, c'est cela! Vous ne m'avez pas dit ce que cela signifiait..." fit-il d'un ton badin, un peu mystérieux. "Vous l'avez toujours, ou bien l'avez vous détruite elle aussi?"

Aaron garda le silence un moment, le regard dur, puis il soupira. Sa voix était franchement énervée quand il prit la parole:

- " On s'en fout, on est pas là pour moi, là! Occupez-vous plutôt de ma fille!"

Le vendeur obéit pendant qu'Aaron redressait les pages jaunis du journal devant son visage. En vérité, il voulait cacher son sourire. Parce que du pouce, il frottait la fameuse baguette, dont l'écriture d'or filigranné ne cessait de briller.

« _Tu as la même inscription que sur l’ancienne baguette de Maman… »

« Miss Collins ! C’est à elle que j’ai gravé la même chose ! Ah oui…cela me revient ! Peu avant vous d’ailleurs ! C’était sa première baguette à votre mère Miss…Rosier, cheveux de vélane, 27 virgule trois centimètre…un objet fragile pour une main délicate…mais qui pourtant n’a jamais été brisé ! »

« Jamais brisée ? Comment pouvez vous en être certain ? Ma mère m’a dit qu’elle n’avait plus sa baguette… »

" Ne plus l’avoir ne signifie pas que la baguette a été brisée, Mademoiselle Millers… "