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| France:" Retrouvailles improbables" | |
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Invité
Ξ Sujet: France:" Retrouvailles improbables" Mer 25 Fév - 20:37 | |
| Cela faisait déjà six mois qu’Amanda avait quitté l’Angleterre pour venir s’installer dans un petit village moldu de la côte Pacifique. Le temps était passé si rapidement que la jolie brune avait l’impression d’être arrivée hier…ou peut être était ce tout simplement parce que sa vie se passait parfaitement bien. « Bien » rien que le sens de ce pauvre petit mot, la belle aristocrate l’avait oublié, elle avait pensé l’avoir à jamais occulté…mais il lui avait fallu tromper son mari, de se faire faire cocu, et puis divorcer, pour s’apercevoir que le monde n’était pas si noir. Bien au contraire. En effet, il y avait de bons côtés, de très bons côtés lorsqu’on savait par où regarder. Il y avait des petits instants simples de la vie, un baiser au levé, un simple mot agréable, un sourire…enfin des petits gestes, des petites attentions qui rendaient la vie plus vivable. Non pas qu’Amanda eut été une éternelle romantique frustrée par un mariage raté…non elle avait simplement besoin de se sentir importante pour quelqu’un, intérêt qu’on ne lui portait plus depuis bien des années. Mais, aujourd’hui, c’était simple, elle redécouvrait, elle réapprenait, surtout à aimer, la vie. Et en fin de compte… elle se rappelait comme elle aimait cela ! Comme elle était curieuse et comme chaque jour était surprenant. Elle vivait un peu à côté de tout, se préservant du monde, faisant en sorte de ne jamais trop s’investir dans quoi que ce soit…mais elle observait, une spectatrice en retrait de l’existence des autres. Et cela lui convenait.
La seule personne avec qui elle s’investissait, avec laquelle elle n’avait pas peur de se montrer elle-même, c’était l’homme avec lequel elle vivait. « Vivait » oui…simplement vivait, car Amanda avait clairement refusé un mariage. Contre ce prêtre moldu qui devait les bénir au nom d’une divinité en laquelle elle ne croyait pas. Contre cette robe blanche et ridicule qu’elle avait porté une fois, et qui ne représentait rien de bon. Contre cette cérémonie trop romantique et solennelle. Et contre cet acte authentique à l’état civil moldu…qui encore une fois ne signifiait rien pour elle. Et puis…il fallait voir ce qu’avait donné son mariage précédent…toute personne normalement constituée, n’aurait absolument jamais voulu remettre cela ! JAMAIS ! et surtout pas Amanda. Alors elle était fiancée, parce que Charles voulait quelque chose d’un minimum officiel, mais rien de plus. La brune en était tout bonnement incapable. Et cela…Charles le comprenait fort bien. Quoi de plus normal après tout…Amanda lui avait rapidement raconté les frasques de son dernier mariage et après ce, Charles n’avait plus insisté. Il fallait dire que le pauvre avait du batailler dur pour n’avoir, ne serait ce qu’une moindre place dans le cœur de la belle irlandaise. Oh oui il avait du éloigner Aaron des pensées d’Amanda, lui faire comprendre qu’aujourd’hui elle devait avancer…et avancer avec lui. Et, Amanda avait cédé parce qu’en fin de compte, il avait entièrement raison.
Et puis, Amanda s’était surtout bien rentrée dans la tête que son ex mari s’était remarié, qu’il avait refait sa vie et que bien sûr désormais leur histoire et leur passé commun n’avaient plus de raison d’être. Ils avaient pris des chemins séparés et Amanda s’était au maximum éloignée de lui afin de ne jamais avoir à recroiser sa route. Toutefois, par cas de conscience, elle laissait librement Melissa voir son père à sa guise et c’était même avec lui que la fillette avait fait ses courses de rentrée…. Melissa était en somme la dernière chose qui les rattachait l’un à l’autre. Mais occulté une vie entière n’était pas chose aisée, alors Amanda l’avait simplement mise de côté, elle n’en parlait plus, jamais. Elle s’était remise à travailler, dans une école maternelle, institutrice, histoire de faire quelque chose qui plaisait, soit s’occuper d’enfants. En parlant d’enfant, Charles ne cessait de lui rabâcher qu’il en voulait un…réticente, Amanda était en..hum…temps de réflexion ! Après James et Melissa…et Louis le fils de Charles un petit bout de chou de six ans…oui cela demandait encore réflexion, mais pourquoi pas après tout. Enfin, la vie changeait et Amanda commençait à se faire réellement bien à sa nouvelle vie, qu’elle aimait tout particulièrement. En plus de cela..elle n’était pas réellement coupée du monde Magique puisqu’elle voyait régulièrement son jumeau, alors que demander de mieux…un parfait équilibre.
Alors, aujourd’hui avait été un jour comme tant d’autres, une journée de boulot tranquille, se terminant par une petite heure de shopping avant de rentrer préparer le diner pour les invités qui devaient arriver aux environs de 20h30. C’était une habitude, un petit rituel, une à deux fois par semaines, un diner était organisé chez les Hartford/Collins, regroupant plusieurs couples, l’histoire de passer une bonne soirée à rire et à boire. Un petit train train mais qu’Amanda appréciait pour l’instant, après la vie qu’elle avait mené par le passé. Une vie simple en bref. La soirée débuta donc pour le mieux entre plaisanteries, discussions de boulot, enfants, familles…Enfin tout ce qu’il y a de plus normal. Amanda passait une parfaite soirée jusqu’à ce qu’on sonne à la porte de la ravissante villa qu’elle habitait avec Charles. Charles voulut se lever pour ouvrir, mais Amanda y alla à sa place, sans vraiment faire attention à qui elle ouvrait toujours entrain de parler, le visage tourné vers le salon, un sourire radieux aux lèvres. Jusqu’à ce qu’elle pose ses prunelles azurées sur la présence indésirable… Elle resta complètement immobile se demandant si elle voyait bien qui elle pensait…et se demandant ce qu’il faisait chez elle à cette heure ci de la nuit ! Elle dans sa robe d’un bleu pâle, courte et cintrée, ses boucles sombres descendants dans son dos…face à lui, qu’elle avait pensé ne plus jamais revoir. Belle erreur là encore. Il fallut ainsi à la jolie brune facilement une bonne dizaine de minutes avant qu’elle ne retrouve l’usage de la parole…parce que oui le voir sur le perron, là maintenant après six mois…et surtout après la manière dont ils s’étaient quittés la dernière fois, les insultes qu’il avait proféré et puis elle…la manière qu’elle avait eu de se comporter afin que justement jamais au grand jamais ils ne soient amenés à se revoir… Oui elle fut profondément choquée de le voir là.
_Je…Aaron ? |
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Ξ Sujet: Re: France:" Retrouvailles improbables" Mer 25 Fév - 23:31 | |
| }} My shadow's the only one that walks beside me My shallow heart's the only thing that's beating Sometimes I wish someone out there will find me 'Til then I walk alone {{ "If i've ever leave this world alive... Oh, thank you..." __ La vie d'Aaron Millers paraissait être tirée d'un mauvais roman de gare, de ceux qu'on lit pour passer le temps dans le train et qui nous arrachent un soupir exaspéré face à l'absurdité des événements vécus par le héros. On finit par ne plus y croire et par parcourir les pages en baillant, sans caresser le papier jauni du livre, en cherchant le chapitre intéressant. S'identifier au protagoniste principal est difficile, parce que ça n'est arrivé à personne, ces choses là, et que ça paraît trop gros. Alors on soupire, de lignes en lignes, et on attend le dénouement avec une impatience malsaine, qui prend au ventre. Mais on ne peut pas se détacher du roman avant la fin, inévitable, impitoyable, parce que finalement, on se complait dans le malheur du héros, on lui souhaite des épisodes plus tristes et plus graves, on adore se repaître de sa souffrance immatérielle, iréelle, pour voir exacerber la douleur humaine, pour voir ce que ça fait, pour voir si on serait capable de supporter. On y croit pas, mais on adore l'espérer. Non? Ces pensées-là ne traversaient pas l'esprit d'Aaron, déjà encombré de toutes sortes de choses. La plupart de ses émotions n'étaient pas claires, pas analysées. Il n'y pensait pas, il survivait comme il pouvait: respirer, boire, dormir, manger, quand il avait le temps. Ce n'était pas une vie, ce n'était pas une existence à part entière, c'était une observation de lui-même, comme s'il avait été une autre personne, une entité inconnue qui le regardait par-dessus son épaule, pour voir. Il avait juste l'impression d'être à l'extérieur de son corps, et de simplement... ressentir. Ce n'était pas plus simple, ce n'était pas plus dur. Il avait mal, mais il repoussait tout cet étalage voyeur de sentiments, il rejetait la douleur, la cruelle habitude de la douleur, il souhaitait de toutes ses forces un ailleurs plus beau, plus doux et apaisant, mais sans focaliser ses pensées sur quelque chose de précis. Il rêvait d'un voyage, mais pas au sens propre du terme. Tout était si compliqué. Et rien n'était plus pareil. L'Auror s'imbibait plus que jamais. Il n'avait jamais bu autant, même au temps du deuil de James, et Amanda pouvait dire à quelque point cette époque puait le whisky bon marché. Aaron se sentait pris entre mille feux, tout nécessitait son attention, mais il ne voulait plus penser à rien, il voulait s'abandonner, simplement, s'abandonner, et rêver d'un ailleurs. Alors même qu'il buvait, alors même qu'il goûtait sa vodka, qu'il sentait l'absinthe dégouliner dans sa gorge, que le liquide bouillonnant, dévastateur, brûlait son oesophage, il avait envie d'un autre verre. L'envie de boire le consommait quand ses lèvres touchaient la boisson. Cercle vicieux, duquel il ne sortirait plus, duquel il ne voulait pas sortir. Alors depuis quelques jours, quelques semaines, quelque chose comme ça, Aaron se baladait dans un état second, continuellement. Ses veines ballotaient dans ses bras agités, ses tempes battaient, battaient, au rythme de son coeur affolé, mourant, au bord de la noyade. Saoul H 24, pantomime abstrait d'être humain, pitoyable pantin, faible particule... et caetera, et caetera. Poussière dans la machine bien huilée du temps, excroissance parasite, fourmi, personnage d'argile, fragile... Ivre. Il ne s'étonnait donc pas - et ne s'en rendait pas compte, en fait - que ses facultés mentales et sa capacité à la réflexion se trouvent quelque peu perturbées. Réduit à une surface molle qui baignait plus dans l'eau-de-vie que le sang, son cerveau marchait au ralenti, tournait au whisky, s'activait laborieusement. Aaron avait du mal à penser, à réfléchir, et en fait, ses pensées se tournaient exclusivement sur deux choses. La douleur, bien sûr, la tristesse, la souffrance, tout cela, on a bien compris. Et puis... sur un autre truc, un peu plus étonnant en surface, mais finalement compréhensible. C'était naturel, c'était... dans ses tripes. Comme un programme d'urgence activé à la minute même où le système nerveux de son fils avait crié grâce. Il ne l'avait pas prévu, ne l'avait pas voulu, mais l'avait compris, assimilé, doucement. Il pensait à elle. Parce qu'il le savait, là, tout au fond, il le savait, elle était la seule à pouvoir le comprendre, elle était la seule à qui ce roman de gare paraissait normal et qui avait déjà frôlé ses pages sans soupirer, le regard fixe. Il pensait à Amanda, de plus en plus souvent, de plus en plus intensément. Elle était la seule à pouvoir l'aider, s'il avait vraiment envie d'être aidé. La seule qui détenait la clé magique du bonheur, qui ne cessait de s'éloigner d'Aaron. Pourquoi, ça il n'en savait rien. Mais Aaron avait besoin d'elle. Chaque jour un peu plus. Chaque seconde plus douloureusement. Il voulait savoir, comprendre. Savoir ce qu'il devait faire, comprendre pourquoi lui, pourquoi maintenant. Elle avait les réponses, et si elle ne les avait pas... hé bien, Aaron voulait au moins voir son premier amour avant de se donner gaiement la mort. Plus personne ne s'en souvenait, même lui avait du mal... mais fut un temps où Amanda et Aaron n'était pas que ce couple agonisant qui ne se connaissaient plus et vivaient comme de parfaits étrangers, à longueur de journée. Avant, bien avant les péripéties tragiques de leur Histoire, Amanda avait été plus qu'une épouse. C'était une amie, une âme soeur, et surtout une confidente. Pourquoi est-ce que ça aurait changé aujourd'hui, hein? Il pouvait tout lui dire. Elle l'aimait, elle l'avait aimé, avant. Ou quelque chose comme ça... Sa venue jusqu'en France était très mystérieuse, même pour lui. Comment avait-il réussi à transplaner sans se désartibuler, c'était une très bonne question, mais pour la destination qu'il avait miraculeusement deviné, la faute en était rejeté à Melissa qui avait vendu la mèche, cette traîtresse. Il y penserait plus tard, pour l'heure, il n'avait pas forcément envie de se chagriner à ce compte là. Son premier souci du moment, son but actuel, inscrit dans sa mémoire vive et pas ailleurs, c'était de frapper à la porte de cette maison, et d'attendre la femme qui en sortirait... et de voir. Toc-toc-toc. Elle ne mit pas longtemps à apparaître à la porte de sa magnifique demeure. Egale à elle-même, mais l'examen visuel serait aussi pour plus tard. Aaron était dans un état lamentable. Il ne faisait aucun doute que son hygiène corporelle personnelle était en ce moment le cadet de ses soucis, et il ne s'était pas rasé depuis plusieurs semaines. La barbe piquante et fournie sur ses mâchoires ne cachait pas, cependant, les traces humides de l'alcool, et sa moue pleine de whisky qui donnait l'impression de contenir une grosse envie de vomir. Ses yeux, réduits à deux petites billes noires, étaient plissés, injecté, jaunis derrière les traînées de sang. Ses cheveux avaient poussé en désordre et grisonnaient plus que jamais aux tempes, ébouriffés sur le dessus, tombant comme un rideau indiscipliné sur son front lisse. Et ses vêtements? Pas d'originalité. Veste en cuir marron, t-shirt sale qui sentait la sueur, le vin et la tristesse, et jean délavé, troué, qui aurait été classe sur les jambes d'un jeune homme. On aurait dit un clochard, qui se pendait au perron avec un désespoir constant, qui s'accrochait aux rembardes pour ne pas tomber car l'alcool avait salement oeuvré sur ses réflexes et sa motricité; il tremblait, tanguait, mal à l'aise. Il paraissait avoir plus de 40 ans, mais à vrai dire, il s'en foutait. Dévasté, il... pleurait. Quand elle apparut, il sut se contrôler 5 secondes, le temps qu'elle exprime sa surprise, puis il se jeta à elle, à ses épaules d'abord, puis il glissa, jusqu'à ses jambes, et resta prostré devant ses pieds, agité de soubresauts. Spectacle dur, et éprouvant, pour son ancienne confidente. Aaron releva ses yeux rougis et posa sa tête contre l'encadrure de la porte. Elle pouvait l'aider. Elle pouvait l'aider. Qui avait écrit ça déjà? Un Moldu... Et l'espoir, malgré moi, s'est glissé dans mon coeur... Un rebondissement étrange. - " Manda..." glapit Aaron, à bout de force, puant l'alcool. " Manda, il est mort. Gabriel est mort. Aussi." Pas d'explications supplémentaires. Elle comprendrait aisément. |
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Ξ Sujet: Re: France:" Retrouvailles improbables" Jeu 26 Fév - 0:36 | |
| A vrai dire, Charles avait fait du beau travail avec Amanda…Il était parvenu à lui faire simplement occulter qu’un jour sa vie s’était résumée à deux personnes : Melissa et Aaron. Et par là il avait donné un sens à son existence. Mais bien évidemment…refouler le passé, regarder dans une autre direction, rester droite et ne jamais retourner la tête, c’était facile, trop facile mais cela ne durait qu’un temps. Alors, qu’oublier définitivement c’était une autre histoire, beaucoup plus complexe et laborieuse. De fait à l’instant même où les prunelles d’Amanda se posèrent sur Aaron…une déferlante de sentiments, de souvenirs, de pensées, divers…un amalgame de dizaine de choses contradictoires, une accumulation de ressentiments indistincts…tout lui tomba sur les épaules, l’écrasant d’un poids insoutenable. Et l’horrible sensation que finalement six mois ne s’étaient pas écoulés, qu’elle n’était jamais partie si loin…que les soucis ne disparaissaient pas du jour au lendemain…l’accabla irrémédiablement. Toutefois, cela ne dura qu’une fraction de seconde, le temps qu’elle réalise l’état dans lequel se retrouvait Aaron, et surtout le temps qu’il termine à genoux devant elle…en pleure. Elle avait beau le nier, désirer lui en vouloir…mais le voir craquer ainsi, le voir s’effondrer sans la volonté même de se relever…Cela Amanda ne pouvait pas le regarder à demeurer de marbre. Elle ne pouvait rester insensible et lui lancer une réplique cinglante...
Une fois, parce qu’un jour, il y a longtemps de cela aujourd’hui…ils avaient été plus que des étrangers et surtout que dans ce temps là, Aaron était toute sa vie. Parce lorsqu’il allait mal son monde s’écroulait et que lorsqu’il souriait elle était heureuse. Une véritable symbiose, sa vie c’était lui, juste lui et simplement lui. Que lorsqu’il craquait il fallait qu’elle soit là pour le soutenir, pour l’écouter et surtout pour l’aimer…Ca avait été sa place, avant. Mais, cette année elle avait pourtant tout fait pour que ce temps là soit révolu. Elle l’avait quitté, abandonné….mais elle avait surtout cru bien faire. La jolie brune avait pensé que finalement il n’avait pas besoin d’elle, de sa compassion, de sa pitié, de son amour…elle avait pensé qu’il avait besoin d’autre chose, de quelqu’un d’autre et de fait elle l’avait laissé partir. Sans rien dire, sans faire en sorte qu’il en soit autrement. Elle l’avait laissé faire ses choix, car peut être les avait elle fait trop souvent pour lui. Elle avait choisi de le laisser mener sa vie. Il avait blessé son orgueil, sa fierté…pour cela elle lui rendait tout bonnement sa liberté. Elle ne lui avait rien demandé, simplement de vivre sa vie et de ne plus jamais chercher à la revoir. Mais ce soir…elle s’en voulait simplement, pourquoi ? A vrai dire elle l’ignorait, peut être justement de ne pas avoir encore une fois fait des choix pour lui, ou peut être de ne pas avoir tenté de le comprendre davantage avant qu’il n’eut été trop tard. Enfin, elle n’en savait rien…tout ce qu’elle savait, était que de le voir ainsi abattu…C’était elle qui en souffrait le plus.
Elle oscillait, néanmoins elle savait que s’il était là, c’est qu’il avait besoin de son aide. De la sienne. Son aide…il l’avait toujours eu, aussi loin qu’elle s’en souvienne, lorsqu’il désirait se confier à elle, elle était là attentive, lorsqu’il voulait simplement du réconfort et non des mots, elle était là…mais cela remontait à si loin. Depuis quand n’était il pas venu demander son aide, depuis quand ne lui avait il simplement pas parler de ce qu’il pouvait ressentir. Pourtant, Amanda ne pouvait pas se voiler la face car s’il y avait bien une seule personne qui pouvait tout bonnement l’écouter et l’apaiser c’était elle. Elle avait eu ce rôle, aussi difficile soit il, il le lui avait toujours octroyé et elle s’en acquittait comme elle l'avait pu et parfois bien laborieusement comme ces dix dernières années. Alors jusqu’à ce qu’il prononce ces mots, elle ne fut pas certaine de pouvoir faire quelque chose pour lui, enfin davantage qu’elle n’avait fait depuis la mort de James…Cependant après ces faibles propos…elle sut pourquoi ce soir il était sur le perron, là chez elle, pourquoi il semblait brisé et anéanti, elle sut pourquoi il réclamait son aide, son assistance, son dévouement.
C’était là un portrait qui aurait pu paraitre pathétique à tout spectateur extérieur…néanmoins aucun spectateur ne pouvait saisir ce qui se passait à cet instant précis, c’était entre eux…c’était leur histoire, leur sempiternelle petite histoire et l’homme à genoux n’était pas comme ces hommes faibles et lâches qui abandonnent à la première épreuve, c’était un homme qui lui subissait son ultime épreuve et fort probablement la plus odieuse et abjecte de toute, la nouvelle perte d’un enfant. Et, malgré qu’il n’eut pas s’agit de son fils cette fois là, comment Amanda n’aurait pas pu comprendre et compatir à la douleur de l’homme qu’elle avait tant aimé…et qu’elle aimait. Elle se remémora alors, ce qu’elle avait dit à Apophis… elle voulait qu’on veille sur Aaron, elle ne voulait plus jamais avoir à le ramasser, plus jamais avoir à le relever ou bien à le voir sombrer, et ce soir elle s’apercevait qu’elle avait parlé dans le vent et qu’elle n’avait d’autre choix que celui d’assumer un rôle qui lui revenait de droit toujours pour le pire et rarement pour le meilleur.
Pire que toutes ces tragédies moldues il était certain qu’Aaron, que son ex époux, avait probablement traversé plus d’épreuve que bien des hommes…Mais Amanda n’était tout de même pas ici pour s’apitoyer lamentablement sur le sort d’Aaron, elle avait parcouru la majorité de ces épreuves avec lui et ce soir tout ce qu’elle désirait c’était l’écouter et non pas lui lancer des mots tendres inutiles qui ne répareraient en rien la perte d’un enfant et ne le conforteraient que davantage dans son chagrin. Mais étrangement, la jolie brune n’était rivée que sur la peine que ressentait l’auror et père déchu qui se trouvait devant elle…sa tenue, l’odeur de l’alcool, sa négligence, rien de tout cela n’interpella réellement Amanda. Question d’habitude ? Pas vraiment… simplement que tout cela passait au second plan au même titre que ses propres ressentiments, que sa propre colère à son égard…tout cela n’était que secondaire, car comme toujours ce qui comptait à cet instant c’était ce qu’elle pouvait faire pour lui et non pour elle. Voilà le plus gros défaut d’Amanda, ce qui avait toujours été son problème…elle donnait trop et ne connaissait pas le sens du mot « égoiste ».
Alors, tirant la porte derrière elle, elle aida Aaron à se relever afin de l’entrainer un peu plus loin sur le perron où se trouvait un salon extérieur. Elle l’aida à s’assoir sur un fauteuil, péniblement et s’agenouilla devant lui afin de pouvoir l’observer de plus près. Son visage était ravagé, mais surtout par les larmes, qu’Amanda essuya délicatement, calmement dans un geste presque tendre et habituel. Elle passa une main dans les cheveux du brun afin de les repousser de devant ses yeux assombris puis après ce long silence, la jolie brune parla avec une douceur qu’elle n’avait plus cru possible pour lui.
« Je suis sincèrement désolée, Aaron….je sais que cela fait mal…mais il va encore falloir relever la tête…toujours, Aaron. » |
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Ξ Sujet: Re: France:" Retrouvailles improbables" Jeu 26 Fév - 1:20 | |
| Contrairement à beaucoup de choses qu'il faisait en état d'ébriété, Aaron était certain qu'il ne regretterait pas sa visite à Amanda, qu'il ne ravalerait pas ses pleurs, ses excuses, sa faiblesse, et qu'il la porterait là, près du coeur, en étentard. La preuve que oui, lui, il avait vécu des choses qui feraient frissonner les gamines prépubères n'était pas une faiblesse en soi, mais une qualité, une force... Qu'importe son égo et qu'importe son orgueil... Ces deux-là, il les avait enfin abandonné, laissé avec Gabriel, quelque part derrière lui. Il était temps de se séparer de certaines choses. Il ne fut même pas étonné qu'elle l'aide à se relever, qu'elle n'ait pas un mouvement de recul ou que sa langue entraînée à cela ne lui jette une remarque cinglante et venimeuse. Elle le comprenait. Elle le connaissait par coeur, de A à Z, elle savait comment il fonctionnait, elle avait appris chaque jour davantage ce qui clochait chez cet homme-là. Aaron ne s'était pas trompé. Son amie, sa confidente... Son âme soeur... Elle avait juste besoin d'un rafraîchissement de mémoire, de quelques données en plus, si elle les acceptait. L'Auror, saoul mais conscient, trébucha plusieurs fois tandis qu'elle le traînait devant la maison, sur un fauteuil, dehors - drôle d'agencement. Il n'avait pas honte que son ex-femme soit obligée de tirer son corps flasque et imbibé par crainte d'un avoeu de faiblesse, mais parce qu'il trouvait cela dégradant et bas... pour elle. Mais il se laissa asseoir, guider, toucher, soulagé, aussi étonnant que cela puisse paraître, que quelqu'un s'occupe de lui. C'était étrange, cette sensation... de ne plus être tout seul. Parce qu'il avait beau dire et faire croire; ou plutôt, essayer de croire avec son amante, sa vie sans Amanda, c'était une survie alcoolisée, tout seul, extrêment seul. Respirer sans elle se résumait à être privé d'un organe vital. Ses pensées allaient plus vite que ses mots. Amanda s'était agenouillée devant lui et il en fut gêné, une nouvelle fois. Il trouvait cela incongru que ce soit elle, Amanda, qui mette le genou à terre devant un homme comme lui, qui quelques secondes auparavant, s'était lamentablement effrondré sur sa porte, sur son corps, sur ses jambes qu'il avait touché du bout du doigt. Voûté en avant, parce qu'il ne supportait même plus le poids de son propre chagrin, il se frottait obstunément, résolument le visage, comme si gratter la moindre parcelle de sa peau fatiguée pouvait aussi chasser tous ses malheurs, tous ses deuils, toute sa vie de misère égrénée selon un encensoir invisible. Il luttait pour garder pied et conscience, et la présence auprès de lui de celle qu'il avait aimé plus fort que la lune aimait le soleil, de celle dont le coeur, insolent, battrait toujours le même rythme que le sien, et de son odeur, oubliée, rabattue par ses souvenirs qui s'estompaient, son odeur de - quoi? - lilas ou de rose, dans sa chambre dissipé, revenait à lui par grandes bouffées de sa respiration saccadée, et il trouvait ça étrangement rassurant. Ses sanglots s'étouffaient un instant, laissaient passer un gémissement rauque et freiné par un reste de virilité, puis reprenaient, plus désespérés et atteints que jamais, et alors Aaron avait l'impression de retoucher le fond, comme un yoyo humain, un simple jouet aux mains d'un monstre. Alors elle essuya ses larmes, comme une mère le ferait à son enfant qui a peur d'entrer à l'école, puis elle écarta ses cheveux de devant ses yeux sans répulsion aucune, sans le regarder avec l'écoeurement qu'il avait lui-même devant son miroir, et alors il sentit quelque chose qui paraissait se briser en lui. Enfin, il axa ses yeux éteints dans les siens, pendant qu'elle oeuvrait, compatissante, pleine et vivante, auréolée d'un bonheur peut-être factice qu'elle ne parvenait pas à dissimuler, et Aaron ne parvint pas à la jalouser. Il ne savait rien de sa vie actuelle, et ne voulait rien savoir pour le moment, alors qu'elle l'aider, le tenait, là, tout près, ses mains touchant son visage qu'elle n'avait que giflé, ces dernières années. Il l'aimait. Bon dieu, il était encore fou amoureux d'elle. Depuis ce jour, ce foutu jour à Poudlard où il l'avait prise pour une intello coincé de chez les aigles, et qu'elle lui avait retourné une belle claque pour lui prouver qui elle était, Aaron ne vivait que pour elle, ne voyait qu'à travers elle et ne respirait que pour elle. Il ne s'étonnait pas que cette prise de conscience - qu'il n'avait jamais nié, juste repoussé - ne l'atteigne à ce moment précis. Après tout, il allait mal, elle était gentille et douce, elle était là... Il avait envie de tout oublier, de s'oublier à elle, comme il l'avait prévu, comme il allait le faire... Il prit doucement sa main dans la sienne et la pressa fort contre son visage, là où les poils de sa barbe piquaient le moins, là où le sel acide de ses larmes n'avaient pas trop mouillé sa peau. Maladroitement, il tint sa main dans la sienne, contre son visage, pour goûter plus longtemps cette chaleur, mais il penchait toujours plus, abattu. Il avait envie de parler... Oui! Aaron Millers avait envie de raconter ce qui lui arrivait, ses petits tracas à cette femme, à Amanda. Mieux vaut tard que jamais, non...? - " J'y arriverai pas... J'y arriverai pas... J'y arriverai pas..." psalmodia-t-il en guise de réponse, plusieurs fois. Sans peur de se faire repousser, il la prit dans ses bras et la serra fort et longtemps, ses mains dans son dos, son visage sur son épaule, et exerçant un petit mouvement de balancier avec elle comme s'il voulait se bercer et s'endormir... - " J'en peux plus, Amanda... Pourquoi moi...? Pourquoi toujours moi...? Pourquoi Apophis, pourquoi Amy, pourquoi James...? Aide moi, j'y arriverai pas, Amanda..." Sa voix était un murmure de velours qui avait peur de déranger, qui soufflait à son oreille, doucement. Sa langue allait plus vite que son cerveau, cette fois, et il s'en foutait. Il était prêt à déballer son sac, à répondre aux questions auxquelles Amanda l'avait supplié de répondre 10 années plutôt, et il tenait le pari: il n'aurait pas honte, ne regretterait pas. Pour une fois dans sa vie, Aaron ne pensait pas aux conséquences que cela aurait sur le regard des autres de parler un peu de ses sentiments, de ses croyances, de ses soucis. Surtout à elle, à Amanda. Son Amanda. - " Qu'est-ce qui ne va pas chez moi? Pourquoi est-ce qu'on me fait ça? Pourquoi est-ce qu'il m'a trahi? J'ai rien fait..." Il continuait de soupirer contre son oreille, ses pleurs de grand garçon s'estompant lentement. Qu'Amanda ne se pose pas la question: oui, il était ivre - ivre de chagrin! - mais pas inconscient de ce qu'il était en train de dire. Il y avait une grande part de lucidité dans son ivrognerie de ce soir, et ce qu'il disait, là, maitenant, cet aveu de "non confiance en soir" absolue qui représentait purement et simplement le piétinage en règle de son égo, était fait après accord avec lui-même. Aaron la garda contre son torse encore quelque seconde avant de se séparer d'elle, mais sans la regarder, le visage tourné vers le bas. Sa voix était encore plus basse lorsqu'il reprit: - " Je me sens si seul... et si con... Pourquoi... pourquoi moi... J'en ai marre, Amanda... J'abandonne..." Drôle de tirade finale. Après lui avoir risqué un regard, Aaron reprit la main fine et opaline dans la sienne, et la serra de nouveau contre sa joue, entre ses propres doigts. Il aimait ce contact. Il aimait juste ce contact. Comme pour lui dire "touche moi, Amanda, c'est moi". |
| | | | Invité
Ξ Sujet: Re: France:" Retrouvailles improbables" Jeu 26 Fév - 2:12 | |
| S’il y avait bien une chose dont Amanda ne se formalisait plus c’était celle-ci : aider Aaron, dans tous les sens du terme. L’aider à se relever lorsqu’il tombait ivre mort, l’aider à surmonter les épreuves, l’aider simplement à sourire, à relever la tête. C’était devenu quelque chose de naturel. C’était ainsi et la jolie brune n’avait jamais remis cela en question. C’était une entente tacite, jamais il ne l’aurait forcé à faire tout cela. Jamais il ne lui avait demandé de le ramasser sur le perron ivre, de passer derrière lui pour ranger parce qu’il n’en était pas capable…elle le faisait et voilà tout. Elle ne demandait rien, parce que cela paraissait tellement normal. Enfin, cela l’était pour Amanda, mais en fin de compte peut être que cela ne l’était pas pour tout monde. Elle l’ignorait, mais elle, elle ne changerait pas. La preuve en était ce soir, malgré tout ce qui s’était passé cette année, malgré qu’elle eut touchée le fond à de nombreuses reprises, malgré qu’il l’ait insulté, descendu plus bas que terre…et bien encore une fois elle l’aidait, incapable de le repousser et d’éprouver de la répugnance pour lui. De la répugnance…quelle drôle d’idée, c’était un terme qu’Amanda n’avait jamais employé pour qualifier Aaron. Jamais. Alors, peut être était ce trop facile, trop facile de revenir ainsi se pointer devant sa porte, de pleurer et de réclamer son aide, trop facile de revenir comme une fleur parce qu’on s’est planté…Néanmoins, là encore, Amanda n’avait pas la même vision des choses que le commun des mortels. C’était autre chose, quelque chose de plus fort qui les liait, qu’une simple question d’assistance…quelque chose de plus intense qui faisait aisément la part des choses avec leurs querelles fastidieuses.
Il avait confiance en elle, rien à voir avec la confiance d’une quelque conque fidélité, ou d’autres stupides notions, mais la confiance à l’état pure, celle de savoir que quoi qu’on fasse le regard de cette personne ne changera absolument jamais. Et cette confiance là, elle savait qu’il la lui accordait, parce que ce soir, aucun dégout aucun recul, ne pouvait se lire dans les prunelles azurées de la belle aristocrate. Il savait que tout ce qu’elle désirait c’était le voir aller mieux, parce que s’il se portait bien, elle se portait bien, parce que s’il était heureux et épanouis, il en étant de même pour elle, peu importe qu’ils soient séparés. Mais séparés…ils n’avaient jamais pu le rester bien longtemps, malgré la détermination qu’avait mis Amanda dans sa manière de le repousser, de le renvoyer à une nouvelle vie, les mois passés. Alors elle s’agenouillait là, tout naturellement, parce qu’elle voulait l’observer, sans gène aucune, tout simplement pour le regarder sans se soucier de savoir si c’était lui ou bien elle qui avait été à se trouver dans cette position. Sans se soucier si c’était elle ou lui qui avait à prononcer des excuses… Tout cela n’avait aucun sens à présent, ce soir elle était seulement là pour lui.
Etait elle plus forte que lui ? Peut être…peut être avait elle toujours été plus forte que lui, elle avait su surmonter les épreuves et pour cela elle avait toujours son meilleur appui, sa cane, celle qui le tenait en tutelle afin qu’il ne parte pas à la dérive, ou tout au moins il en était ainsi à chaque dures épreuves qu’ils avaient du surmonter. Tout avait débuté avec Amy, la jeune sœur d’Aaron…première épreuve difficile pour un jeune homme si jeune et immature…cela avait été la première fois où Amanda avait du se montrer si attentive et compréhensive, la première fois où elle avait du aimer pour deux, tenir le coup pour deux et avancer pour deux. Difficile à l’époque…mais finalement avec le temps…l’aimer plus que de mesure, plus que raisonnablement, le soutenir..c’était devenu une routine, une habitude, son habitude mais aussi son fardeau. Parce que oui…son amour incommensurable pour Aaron Millers, était son fardeau, ce poids qu’elle portait depuis si longtemps maintenant, mais que jamais elle ne s’était résignée à déposer. La facilité ? Très peu pour Amanda…Sens des responsabilités ? sens de l’honneur ? simple fierté mal placée ? Peut être…mais quoi qu’il ait pu en être, elle avait toujours tenu bon pour lui et ce soir elle continuerait ainsi.
Et puis…elle ne le connaissait que trop bien, elle savait comment il fonctionnait, elle savait ce qui l’apaisait, elle savait ce qu’il redoutait…Parce que tout cela… elle en détenait à elle seule la clef. Elle pouvait l’aimer et l’apaiser tout comme le détruire en quelques mots bien choisis…Tout cela c’était elle, elle et elle seule qui en décidait, mais elle faisait toujours les bons choix. Elle trouvait les bons mots, les bons gestes…c’était son art, son métier, probablement dut à sa générosité trop prononcé. Mais aussi, certainement dut au simple fait…qu’Aaron sans Amanda et qu’Amanda sans Aaron…il s’agissait probablement là de la plus absurde des fantaisies, de la plus belle des utopies. Ils avaient beau le renier, le dénigrer…AM+AC, c’était bien plus qu’un simple amour de lycée. Alors, elle avait ses droits sur lui, sur son cœur et lui avait les siens. Une sorte d’alchimie…une alchimie inexplicable entre deux être pourtant si différents, trop différents. Elle avait vécu pour lui et vivrait pour lui…insondable, inintelligible…drôle de chose.
De fait, lorsqu’il prit sa main ivoire et fine entre la sienne, déposée sur sa joue, le sourire d’Amanda fut presque immédiat, un léger sourire, presque furtif et passager, mais un sourire tendre qu’il ne connaissait que trop. Sa chaleur, sa peau, son contact…elle voulait simplement sourire à cela, peut être aussi pour le rassurer et lui rappeler qu’elle était là, simplement là qu’il lui parle ou bien simplement qu’il désire rester ainsi dans un silence presque religieux. Silence qui donnait à cet instant, quelque chose d’étrange, une entente, un non dit, une volonté de préserver cet instant rare. Instant prolongé par une étreinte, une étreinte de laquelle Amanda ne se dégagea pas, le laissant l’étreindre comme il le désirait, simplement parce qu’il en avait besoin, étreinte qu’elle lui rendit partageant avec lui un peu de sa chaleur et du bonheur éphémère qu’elle vivait ces temps ci. Puis, ce silence presque religieux fut rompu…les langues se déliaient la sienne surtout. Il voulait se confier, s’abandonner…Et Amanda en fut heureuse, heureuse qu’il décide de ne rien garder pour lui cette fois, qu’il comprenne que comme dix ans plus tôt, elle pouvait le comprendre et l’aider à sortir de tout cela.
Sa main pâle caressant doucement la joue d’Aaron, elle l’écouta avec attention mais ne put qu’être touchée…l’homme qu’elle avait devant elle était réellement brisé et jamais elle ne l’avait entendu parler ainsi. La culpabilité envahit Amanda, la culpabilité de celle qui sait qu’elle aurait du être là, lui éviter cette souffrance supplémentaire. Il voulait des réponses…des réponses qu’elle ne pouvait pas lui fournir, qu’elle-même n’avait jamais trouvé. Pourquoi lui ? Elle l’ignorait, la vie était ainsi et ils n’y pouvaient rien. Cruelle et dérisoire mais qui pourtant valait tellement le coup d’être vécue.
« Tu n’y peux rien Aaron…C’est ainsi. La vie est ainsi. Amy, James, Gabriel…Ils devaient partir, cela n’a rien à voir avec toi. »
Lorsqu’il baissa le regard, Amanda prit son visage assombri entre ses mains fines et délicates afin qu’il la regarde à nouveau. Il n’avait pas le droit de baisser les bras…pas maintenant pas tout de suite, pas comme cela.
« Tu n’es pas seul, Aaron…il y a Melissa et il y a moi…je te promet que tu n’es pas seul. C’est difficile, c’est encore une épreuve…mais tu ne peux pas abandonner, pas maintenant. Tu m’entends…je t’interdis d’abandonner… »
Amanda avait murmuré ces derniers propos…elle le lui interdisait parce qu’elle avait besoin de lui, besoin qu’il aille bien, de savoir qu’il allait bien, même s'il était loin d'elle. |
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Ξ Sujet: Re: France:" Retrouvailles improbables" Jeu 26 Fév - 20:11 | |
| Aaron ne savait pas que la culpabilité consommait Amanda autant que la douleur ne l'étreignait, lui. Il n'avait jamais été très doué pour deviner les sentiments des autres, surtout lorsque ça le concernait, et il n'était pas instinctif pour deux sous. Jamais il n'aurait pu croire qu'elle, son ex-femme avait qui il avait partagé près de 20 ans de sa vie, pouvait se sentir coupable du malheur qu'il avait lui-même engrangé dans sa vie, par il ne savait quelle réaction chimique. Quand elle releva sa tête et son regard, cependant, et que ses yeux troublés, embrumés par le chagrin et jaunis par les excès, tombèrent sur les siens, qu'il crut pouvoir lire dans les iris azurés aussi facilement que lorsqu'ils avaient 14 ans, qu'il eut l'audace de comprendre que son bonheur à elle n'était qu'un miroir du leur au temps béni de l'amour passionnel, il se posa des questions. Est-ce qu'Amanda allait bien? En bon égoïste qu'il était, éternellement tourné vers son propre nombril martyrisé par le temps, il ne s'était pas interrogé là-dessus et avait foncé chez elle comme une fleur, dans se demander si ses tracas l'atteindraient. Hé bien, elle était partie, non? Elle l'avait quitté, parce qu'elle ne l'aimait plus comme hier... Elle avait trouvé un nouveau mari et tout semblait aller bien pour elle, alors c'est vrai qu'il avait fait tout cela tête baissée. Il ne pensait plus comme le foutu écorché vif qu'il était, à savoir que "bouh bouh, tout le monde le détestait"! A ce jour, près d'Amanda, dévasté par le chagrin et plié en deux par les sanglots, il avait mis tout ça de côté, avec sa fierté, là-bas, très loin. Tout le cocon dans lequel il se protégeait plus ou moins bien d'habitude, tous les aspects extérieurs, les non-dits et les préjugés, tout cela semblait tellement... superficiel! Là, dans ce salon extérieur, en France où il n'avait jamais mis les pieds, tout ce qui comptait, c'était lui, c'était elle, et il n'avait jamais envisagé leur relation passée, leur relation présente et leurs regards silencieux avec autant de lucidité. Calimero était mort et enterré. Il cramponna sa main avec plus de fermeté, les yeux dans les yeux. Seul problème: il commançait à se rendre compte que son odeur, son aspect, pouvaient sans doute déplaire à son ex-femme et que cette proximité avait des côtés gênants. Pas pour lui, ça non-non-non! Embarassé? Il ne serait jamais venu à l'idée d'Aaron de l'être. Non, comme il le pensait: ils n'en étaient plus là, tous les deux. Ils avaient depuis longtemps dépassé ce stade ingrat, et séparés ou pas... Hé bien, c'était eux. Amanda et Aaron. Il était touché. Hé ouais! Lui, Aaron Millers, la "personne la plus renfermée sur elle-même du monde magique" avait senti un fissure grandir en lui sous les mots d'Amanda. Il y avait combien de temps qu'ils avaient tenu une conversation ainsi...? Il ne savait pas, ne s'en souvenait même plus. Il observa son beau visage d'ange, de poupée de porcelaine, sans trouver la moindre trace de vieillissement, pas de rides, pas de pattes d'oie, il la voyait toujours à travers le regard du jeune Gryffondor profondément amoureux qui regardait la plus belle jeune fille de toute l'Angleterre. Rien n'avait jamais changé et rien ne changerait jamais; le temps ne faisait pas office sur elle. C'était étrange. Et peut-être un peu subjectif. - " Pourquoi? Pourquoi j'abandonnerai pas?" Sa question était sérieuse. Il ne comprenait pas le calme doux d'Amanda, sa méthode étrange de lui dire de ne pas abandonner. Tout faisait la preuve que la vie d'Aaron Millers ne méritait pas la peine de supporter sur ses épaules tous les jours... A quelques détails près. Il entrelaça leurs doigts. Très naturellement. Penché comme il était sur son fauteuil, il se trouvait très proche de son ex-femme et gardait sa main contre sa joue piquante. Il avait besoin de son contact chaud et rassurant, besoin de se sentir toujours un homme, toujours quelqu'un qu'une autre pouvait toucher, caresser, tenir près d'elle. - " C'est évident que quelqu'un quelque part ne veut pas que je sois heureux..." murmura-t-il. Oh, il n'y croyait pas lui-même. Qui mieux qu'Amanda pouvait savoir qu'Aaron refuterait jusqu'à la mort la présence de "quelqu'un, quelque part"? Il avait passé son temps après la mort de James à le crier sous tous les toits, alors... Mais il se rendait compte d'une chose... Parfois, quand on va mal, quand on a besoin de n'importe quelle démonstration étrange pour se sentir mieux, apaisé, on croit tout... Tout ce qui pourrait aider, et on devient un peu... naïf. Aaron était-il dans ce cas? Uhm. - " Amanda, est-ce que j'ai mérité tout ça? Est-ce que j'ai mérité tout ce qui m'arrive?" Là encore, il était tout à fait sérieux. Qu'est-ce qu'elle en pensait, Amanda? Un peu à lui de s'intéresser à elle, à son avis. Il était prêt à entendre la vérité, à se la prendre en pleine face de la bouche de la femme de sa vie. Il y avait forcément une raison à son malheur. Forcément. Et Amanda la connaissait, il en était certain... ou alors... alors, elle lui dirait pourquoi il avait tout fait capoter, et quand, à quel instant il avait fait dérailler la locomotive de sa vie. Pour l'heure, il ne savait pas trop ce qu'il ressentait. Il tremblait toujours un peu, des soubresauts des sanglots étouffés, mais il aimait la main d'Amanda sur son visage. Il se sentait mieux. Paradoxalement, parler comme ça à coeur ouvert des deuils de sa vie avec Amanda l'éloigner du trou noir dans lequel il était plongé. Il n'avait plus l'impression d'être exclusivement tourné vers son malheur, en solitaire... - " Je ne suis que le jouet de l'existence..." chuchota-t-il. "C'est même lui qui me l'a dit." Et cette phrase venait d'Apophis. |
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Ξ Sujet: Re: France:" Retrouvailles improbables" Jeu 26 Fév - 20:48 | |
| Etrange instant qu’ils partageaient là…un échange, une discussion…des questions qui demandaient des réponses mais alors qu’il était là une chose, un acte qui aurait paru le plus normal qu’il soit à tout couple ordinaire que portait ce monde…il était pourtant là, pour Aaron et Amanda, un acte extra ordinaire. Un effort exceptionnel…mais pourtant pas si difficile que cela après tout. Pas si difficile de sourire à Aaron, de rester à ses côtés…Et pour lui il semblait presque normal de laisser sa langue se délier de la sorte. Mais alors que toute personne normalement constituée, aurait laissé cet homme à ses malheurs, heureuse de le voir anéanti après tout ce qu’il avait fait…Et Bien, Amanda, elle, se contentait de rester. Comme toujours. Niaise ? stupide ? peut être bien en fin de compte, peut être était elle cette sotte adolescente qui autrefois avait eu des rêves, des rêves d’une vie banale avec l’homme qu’elle aimait…Peut être que ce soir, en fin de compte elle était comme cette adolescente aux étoiles pleins les yeux…enfin non sans les étoiles car depuis bien longtemps Amanda ne se faisait plus d’illusions. Et malgré cela, elle gardait à l’esprit que ce moment, que cet instant, ce court instant, n’était qu’éphémère, ne serait que passager. Demain les choses auraient encore changé, demain, lorsque le soleil pointerait le bout de son nez, peut être se disputeraient ils à nouveau, peut être partiraient ils dans une nouvelle querelle sans sens précis. Mais il n’y avait que des « peut être » justement…Rien n’était sur, rien n’était écrit…Et les années leurs avaient appris à ne pas attendre le lendemain. A vivre l’instant.
Il se cramponnait à elle, comme il l’avait déjà tant de fois fait par le passé. Ils se cramponnaient à sa main, à sa chaleur, à elle tout simplement, comme s’il avait peur d’être seul, de se retrouver une nouvelle dans l’ombre de se voir s’y perdre irrémédiablement. Il s’attachait à elle, comme le naufragé à sa bouée, unique secours au milieu de l’océan. Néanmoins c’était certainement cela…elle était peut être son unique secours, la seule vers qui il avait pu se tourner. La seule à qui il pouvait se confier et exposer ses doutes…sans avoir l’appréhension de recevoir un jugement tranchant, aiguisé et sans appel aucun. Alors, elle ne pouvait lui refuser cela, elle ne pouvait lui refuser ce temps d’espoir, l’espoir d’une oreille attentive, et d’une chaleur humaine. Car malgré le temps, malgré tout ce qu’ils s’étaient dit, Amanda était loin d’être la personne la plus froide en ce monde, la plus glacial et hautaine. Loin de là…là preuve, qui aurait accepté ce qu’elle acceptait à cet instant ? Personne.
Se sentait elle pour autant orgueilleuse qu’il se tourne vers elle, qu’il lui parle à elle, qu’il la regarde ainsi comme s’ils n’existaient qu’eux, comme s’ils étaient toujours près du lac de Poudlard une nuit claire comme ils en avaient tant vécu ? Pas réellement, à vrai dire elle ne ressentait aucune fierté, aucun orgueil, aucune arrogance…elle ne se complaisait pas à cela, elle aurait préféré qu’ils ne se revoient jamais, car ainsi elle aurait su qu’il allait bien et qu’il s’en sortait. Là…tout ce qu’elle constatait c’était qu’elle avait face à elle, un homme perdu qui lui réclamait des réponses, qui voulait qu’elle lui explique pourquoi le sort s’était acharné sur lui. Pourquoi la vie avait été si cruelle et sans cœur avec lui. Pourquoi son monde s’était lentement écroulé autour de lui, comme un vulgaire château de cartes. Mais la jolie brune avait elle seulement les réponses à tout cela. Certainement pas. Elle ne pouvait expliquer ce qui leur était arrivé, qui lui arrivait à lui. C’était ainsi, c’était là vie. Tout comme elle ne pouvait pas expliquer pourquoi elle s’attachait tellement au fait qu’il aille bien….C’était ainsi et voilà tout. C’était physique, indispensable.
Une autorité supérieure lui en aurait elle voulu pour quelque chose ? aurait pris plaisir à le torturer et le voir dépérir ? Amanda ne croyait pas à tout cela…et elle savait qu’Aaron n’y croyait pas non plus. Elle croyait plus en une certaine fatalité. Rien d’écrit, les choses arrivaient, voilà tout.
« _ Tu sais très bien que personne ne t’en veux… il n’y a absolument rien qui dicte ta vie Aaron. Il y a des choses pour lesquelles tu ne peux rien. Tu ne pouvais rien pour Amy, rien pour James ni pour Gabriel. Ce n’est ni ta faute, ni celle de personne d’autres. Es tu condamné à être malheureux pour autant, Aaron ? Je ne le crois pas…je pense que tu es libre de choisir par toi-même ce que tu veux réellement faire de ta vie…et c’est pour cela que tu ne dois pas abandonner… »
Amanda eut un léger sourire alors qu’elle se redressait afin de s’assoir sur l’accoudoir du fauteuil d’Aaron. Un soupire passa la barrière de ses lèvres, alors que ses prunelles claires se posaient sur l’horizon.
« _Tu es encore jeune, tu as encore le temps de tout reprendre… Tu as perdu des êtres chers Aaron…Et ça je le sais. Mais est ce pour autant que tu dois baisser la tête, te laisser tomber lentement ? Tu as une fille, tu as un boulot et tu es loin d’être idiot…il suffit d’un peu de volonté. »
Amanda reposa ses iris azurées sur son ex mari. Elle l’observa un moment, laissant un court silence s’installer entre eux. Elle ne parlait pas d’elle, elle n’avait rien à voir dans tout cela. Aaron devait faire ses choix, reprendre sa vie où il l’avait arrêté et cette fois elle ne pouvait pas faire ces choix là pour lui. Ca faisait mal, elle le savait et elle savait aussi que cela ferrait mal encore longtemps…mais le courage n’était il pas une valeur des Gryffondors ? Reportant sa main ivoire sur la joue de cet homme qu’elle ne connaissait que trop bien, elle reprit sur un ton plus ferme. Parce que malgré tout, elle croyait en lui, elle savait que s’il le voulait vraiment, il pouvait surmonter cela.
« _Apophis… tu devrais pourtant savoir qu’Apophis ne parle que pour blesser Aaron. Et je doute fortement que tu puisses croire à des choses aussi mystiques…Alors que veux tu que je te dise ? Que cela sera facile, que demain tu pourras sourire à la vie comme un gamin de 8 ans ? Tu sais bien que ce n’est pas le cas…que ce sera long et que ça fera toujours mal…mais je suis là, si veux de mon aide et si tu en as besoin. »
Elle ne lui disait pas à cet instant que demain ils reprendraient leur ancienne vie…non, loin de tout cela…elle lui disait simplement que quoi qu’il advienne, elle l’aiderait à sortir du gouffre si cette fois, il la laissait faire. Pourquoi le faisait elle…cela s’était une autre question, mais la réponse…elle avait du mal à l’exprimer, parce que la prononcer… reviendrait à avouer une certaine faiblesse…une faiblesse qui lui bouffait les entrailles jours après jours. |
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Ξ Sujet: Re: France:" Retrouvailles improbables" Mer 4 Mar - 17:43 | |
| Toujours dans cet état second, Aaron secoua lentement la tête. Il entendait bien tout ce que lui disait Amanda, de cette voix douce et sucrée, modelée pour l'apaiser; il comprenait, il assimilait. Mais pouvait-il y croire? Pendant des années et des années, l'Auror s'était conforté dans son malheur, s'était complu dans son chagrin, avait passé sur sa tête la coquille brisée du Calimero en titre. Pendant tout ce temps, il s'était persuadé que la vie n'était qu'une chienne, mais que tout ce qui lui arrivait, par masse d'évènements horribles, était sa faute, sa très grande faute. Qu'il avait merdé quelque part, quoi. L'alcool aidant, il s'était construit une demi-vie, totalement extérieure à la réalité qu'il ne comprenait plus. Solitaire éternel et incompris, il avait laissé passer les choses sans rien faire, sans réaction aucune, pour finalement se dire qu'il l'avait bien mérité. Alors quand Amanda, à voix basse, lui soutenait que ce n'était pas sa faute et qu'il avait encore toutes ses chances à la loterie du bonheur, ça n'ébranlait pas aussi facilement toutes ses solides croyances. Levant vers elle un regard incrédule, il murmura, étonné: - " Jeune? Moi? J'ai vraiment l'air... jeune?" Il se redressa un peu sur son fauteuil, faisant là gémir son dos qui était habitué à sa position voûtée. Les bras écartés, il invitait à sa propre contemplation. Jeune... peut-être que ce n'était pas le mot qui sautait à la langue quand on le regardait, là, maintenant. Les tempes grisonnantes, les rides prématurés et les plis des soucis sur le front avaient tendance à refouler cette idée... Mais dans le fond, peut-être qu'Amanda n'avait pas tort. Oh, il était loin le temps où ses yeux froids et inexpressifs pétillaient d'insouciance et d'espièglerie! Cependant, si on creusait un peu plus derrière ses traits burinés et glacials, Aaron gardait quelque chose de ses années folles, de ses années jeunesses... Farouchement, comme un secret, un trésor défendu, il gardait en lui la fougue du Gryffondor qu'il avait été, ne serait-ce que dans certaines de ses expressions de gamin. Mais ça, il ne le savait pas. Il rabattit ses bras, médusé et désespéré, persuadé que la réponse nette était: non, tu fais même franchement vieux, mon pote! Se sentir vieillir avant l'âge, ça, Aaron savait ce que ça faisait... - " De volonté... Amanda, la volonté ne m'a jamais servi à rien et tu le sais..." marmonna-t-il en s'avachissant de nouveau. " Et où trouver de la volonté, maintenant...? Où...?" Le sentiment d'Aaron à cet instant était proche de celui du gosse trahi. On lui répète de jour comme de nuit que quand on veut, on peut. Qu'il suffit d'être sage et gentil pour que le père Noël remplisse sa hotte pour lui. Qu'un sourire vaut mieux qu'une insulte, et honni soit qui mal y pense, blablabla... En fin de temps on comprend que la volonté ne paie pas le loyer, ne convainc pas son patron de nous embaucher, ne rempli par le porte-monnaie pour les jouets de Noël des enfants. On se sent bête, et supplanté par une force extérieure, pour ne pas dire, clairement baisé. Toute une vie à jouer à fifils bien sage pour se retrouver le bec dans l'eau. La volonté, c'était une soeur un peu traîtresse qui n'aide que les mieux lotis; la volonté, c'était une amante infidèle, une puissance impalpable... La dernière prise de parole d'Amanda était beaucoup moins rassurante que les précédentes. Pourtant, Aaron en fut beaucoup plus soulagé qu'avant, sans vraiment s'expliquer pourquoi. Il savait malgré tout que la vérité, même crue, l'aiderait beaucoup plus que quelques mots d'amour glissés à son oreille. Oh, il ne crachait pas sur la tendresse - devrait-il dire qu'il ne crachait plus sur elle - mais à cet instant, elle n'aurait fait que le replonger dans son attitude d'homme brisée qui se meurt lentement, et dont les langoureux échos de la passion qui lui murmuraient des choses douces guidaient ses pas tremblants. Ce n'était tout de même pas facile à entendre. Le conseil d'Amanda, c'était de sortir la tête du marécage, de relever ses manches et de s'accrocher à ses bretelles. Aussi simple que cela! Il devait juste... continuer. Comme d'aucun, comme tout le monde, tous les jours, autour de lui. C'était la justice après tout, c'était le jeu. Pourquoi ferait-il différence? Se sentait-il supérieur à tous les êtres dans le même bâteau que lui, et qui, au lieu de s'enfoncer dans l'alcool, brassaient la vague pour ne pas finir noyés? Etait-il un homme élu pour ne pas s'abaisser aux mêmes efforts que les autres...? Face à ses questions, Aaron se sentait presque obligé de répondre non, et cette prise de conscience le laissa fragile. Il darda son regard brûlant dans celui d'Amanda, mais son silence perdura longtemps. Et, soudain... - " Je m'excuse... Je m'excuse pour cette vie de merde que je t'ai donné... Je m'excuse d'avoir été infect après la mort d'Amy, d'avoir été jaloux jusqu'à frapper ton meilleur ami... Je m'excuse d'être si con, si borné, si possessif, si capricieux, si égoïste... Je m'excuse d'avoir passé ma vie au boulot au lieu de te combler comme il se devait... Je m'excuse d'avoir mis si longtemps à demander ta main parce que j'avais peur, parce que je pensais qu'on était trop jeunes, parce que je détestais ton père..." Une pause. - " Je te demande pardon pour avoir fait de notre mariage une réunion de vieux camarades, d'avoir disparu un an auparavant... Je te demande pardon pour... pour avoir été si con... si distant pendant ta grossesse... d'avoir accaparé James quand il est né... de l'avoir laissé mourir... Je... Je te demande pardon pour avoir trouvé de l'aide dans l'alcool plutôt que dans tes bras... Je te demande pardon pour avoir ruiné l'enterrement... pour... pour avoir été un fantôme... pour avoir ignoré Melissa... pour... pour tout le reste, pour ne pas avoir relevé la tête, pour avoir rencontré cette fille, pour Apophis, je te demande pardon..." Aïe. Hé oui, ça fait mal de demander pardon et de faire l'étalage de toutes ses erreurs. En restait-il...? - " Pardonne-moi, Amanda... Pardonne-moi d'avoir oublié qui j'étais quand j'avais 20 ans... Pardonne-moi mon chagrin... Pardonne-moi de t'aimer si mal et si fort... et de ne pas réussir à ne plus t'aimer." [Ahahaha!!! J'ai réussi!! J'ai gagné Maintenant, ils vont à Versailles, hein?] |
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Ξ Sujet: Re: France:" Retrouvailles improbables" Mer 4 Mar - 19:21 | |
| Aurait il fallu qu’elle le secoue par les épaules afin qu’il commence un peu se remuer ! Elle avait essayé tant de fois ! Tellement de fois elle lui avait rappelé qu’il avait encore le temps de vivre sa vie, qu’il devait relever la tête, continuer…à chaque épreuve elle devait le lui dire…Et elle avait quelque peu l’impression de se répéter ! Aujourd’hui, il n’avait plus confiance en rien ! Il ne croyait plus en rien et Amanda n’était absolument pas certaine d’être le bon remède pour lui ! Non pas vraiment ! Elle était peut être le pire des virus, tout finissait mal lorsqu’ils étaient trop poches et encore plus lorsqu’elle tentait de l’aider à se relever ! Alors, à cet instant précis, la brune aurait du baisser les bras. Abandonner, déclarer forfait et le laisser faire ce qu’il voulait. Mais là encore, c’était lui demander le bout du monde…et biensûr elle en était parfaitement incapable. Baisser les bras, courber l’échine devant une nouvelle difficulté, cela ne lui ressemblait pas…Toutefois comment lui faire comprendre davantage les choses cette fois ci ?! Etait ce réellement différent ? Peut être…puisqu’elle-même n’avait pas à se relever, elle avait peut être seulement à se concentrer sur son cas, à lui tendre sa main…comme l’avait fait Thomas dix ans plus tôt. Elle devait l’aider lui…C’était forcement plus simple.
Néanmoins…Aaron était un cas complexe. Il n’avait pas confiance en lui, non en fait il n’avait confiance en rien et biensur il contredisait tout ce qu’elle disait parce que oui…trop simple d’ouvrir les yeux et de constater qu’en fin de compte c’était ELLE qui avait toujours eu la science infuse ! Il était jeune cet imbécile et par son comportement de gamin têtu il lui prouvait encore et toujours qu’ELLE avait raison ! Alors certes, il était marqué par l’âge…les soucis ayant pas mal contribués au même titre que la bouteille. Mais elle aussi ! Ils avaient trente six ans, bien évidemment qu’ils avaient changé ! Mais la vie n’était pas terminée à trente six ans ! Fort heureusement d’ailleurs ! Alors quoi ? C’était simple, il n’avait cas changer d’hygiène de vie…mais là encore elle avait l’impression de lui demander l’insurmontable ! Peut être bien qu’il ne voulait pas que sa change…peut être aimait il s’apitoyer sur son sort…qui savait ! Alors non…ne pas parlait d’âge et de volonté…parce que pour Aaron le simple mot volonté signifiait une sorte de grigri inutile pour Mr De la Chance, en bref pour la seule personne sur terre qui n’en aurait pas eu l’utilité mais qui y croit dur comme fer ! Là encore…il aurait été de remettre ses jugements en question !
La brune se releva doucement et fit quelques pas, elle était légèrement agacée par ce même refrain qu’il lui réservait constamment ! Qu’il ouvre les yeux par Merlin !! Il voulait qu’elle demande à sa mère de venir lui remettre les idées en place ! Tiens…bon idée…ça aurait été peut être était bien plus efficace ! Amanda secoua légèrement la tête puis reposa son regard azuré sur son ex mari…l’examinant de la tête au pied, comme si elle examinait une potentielle nouvelle robe, un petit air critique sur le visage.
« C’est sur que si…tu apprenais à te redresser un peu…si tu affichais un léger sourire de temps à autre et qui sait peut être que si tu changeais de vêtements et ralentissait sur la bouteille….hum…peut être bien que tu perdrais 10 ans. Et là tu vois…ça demande de la volonté ! Il te suffit de rentrer chez toi, d’ouvrir ton placard et de te regarder dans un miroir. Et puis de faire le vide, d’enlever tout ce dont tu ne veux plus avoir à te rappeler. Difficile ? Hum…ça le sera…Mais là encore intervient le mot volonté ! »
La brune haussa une nouvelle fois les épaules, esquissant un léger sourire amusé... Et bien quoi ? Oui elle l’aurait bien relooké ! Même s’il était toujours pas mal…un petit relookage…pourquoi pas ! Et puis changer de tête et de vie…Amanda savait comme ça pouvait faire du bien ! Là encore aurait il fallu qu’il y consente le pauvre petit ! Aurait elle la permission de jeter certains de ses jeans ?! Elle croyait peut être au père Noël là. Si bien qu’elle en avait PRESQUE oublié pourquoi il était venu jusqu’à chez elle….mais certes elle revint très vite à l’unique but de sa visite, la perte de son fils…à non et aussi…le besoin de son aide ! Son aide qu’elle venait de lui proposer ouvertement, comme s’ils étaient de bon vieux amis qui avaient vécu pas mal d’aventures ensemble…Enfin ce n’était pas entièrement faux. Ils étaient de bons vieux amis…pour le meilleur et pour le pire. Toutefois, alors que la charmante brune allait lui rétorquer que s’il refusait son aide elle comprendrait aisément…Il se lança dans…elle n’y croyait pas…Des excuses !! Oui oui oui des excuses ! Il s’excusait pour tout…entièrement et là elle crut bien qu’elle venait d’atterrir dans la 4eme dimension ! Mais non….elle le dévisageait en l’écoutant attentivement, sachant bien que c’était là un événement extra ordinaire et que l’alcool avait du aider…oh oui à beaucoup ! Car délier la langue d’Aaron…c’était quelque chose !
Des dizaines de fragments de leur existence passée la submergèrent au fil de ses propos… La mort d’Amy, sa dispute avec Jullian lorsqu’Aaron l’avait trouvé dans son lit…sa vie d’étudiante à Londres…comme elle avait du lui forcer la main afin qu’ils emménagent ensemble ! Cette année de séparation, elle à Paris et lui partit faire le tour du monde avec Apophis, puis cette demande en mariage trop tardive avec la drôle de réaction d’une Amanda jeune et trop épanouie par son année de solitude.. L’égoïsme et la jalousie sans borne d’Aaron mais surtout sa négligence vis-à-vis d’elle…son amour pour James et puis sa déchéance très rapide après son décès et ce simulacre d’enterrement ! Et puis sa haine…Sa haine pour son père, son père qui avait tout mis en œuvre pour qu’Amanda se désiste et qui y était parvenu…il y avait de cela maintenant dix ans. Amusant, troublant, horrible de se remémorer tout cela…. Mais ce qui troubla le plus Amanda ce fut lorsqu’il lui dit qu’il l’aimait. Elle resta sans voix, incapable de lui dire le moindre mot….Se rappelant distinctement ce qu’ il lui avait dit la dernière fois où ils s’étaient vus !
La jolie brune secoua lentement la tête comme si elle n’était absolument pas certaine d’avoir bien entendu…comme si elle n’y croyait pas ! C’était il réellement excusé ?! l’avait il fait ?! La brune s’appuya contre l’un des piliers de bois, refusant de reporter ses prunelles claires sur lui. Parce qu’en fin de compte…Et bien elle ne savait rien…en fin de compte elle était surtout gagnée par l’amertume. Parce que oui pendant l’année qui venait de s’écouler, elle avait tout mis en œuvre pour se créer une rambarde, un rambarde solide autour de son cœur trop fragile et qu’en l’espace d’un instant…de quelques mots…elle venait de s’écrouler.
« Alors pourquoi ? Pourquoi ça finit comme ça Aaron ?! Tu attends quoi ?! Qu’est ce que tu veux ! Moi, moi j’ai voulu que tu me détestes tu comprends ça !! Tu ne devais jamais venir ici ! tu devais vivre ta vie tranquillement, avoir une famille, reprendre une vie ! Ca aurait du être ça ! Non pas des excuses…non pas ces mots, ces « je t’aime » ! Et moi..moi j’aurais du finir par passer à autre chose persuadé que tout allait bien pour toi ! La dernière fois qu’on s’est vu…c’était un adieu…et là, et bien là je me sens piégée… »
La jolie brune baissa la tête, rien n’allait plus soudainement, rien n’était plus clair dans son esprit…elle ne pensait qu’à lui et il encombrait son esprit l’empêchant de penser à quoi que ce soit de rationnel, elle avait un plan de match cette année...et en une soirée il ruinait cela. |
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Ξ Sujet: Re: France:" Retrouvailles improbables" | |
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