Grand-mère t'a fait un cadeau... [PV Alban]

Vendredi soir. La première semaine de cours touchait à sa fin, au plus grand soulagement de la plupart des élèves, qui avaient découvert avec effarement que Poudlard avait bien changé au cours de l'été. Entre la nomination de Rogue à la tête de l'école, le rétablissement des châtiments corporels (pour la plus grande joie de Rusard, que l'on ne voyait désormais plus se promener sans ses chaînes ou son martinet) et les cours des Carrow plus qu'éprouvants, il y avait de quoi être déstabilisé, voire totalement déprimé. Même la bonhomie donc Slughorn faisait preuve semblait plus forcée que de coutume, et Susan l'avait surpris plusieurs fois à lancer des coups d'oeil nerveux autour de lui, comme s'il craignait d'être attaqué à tout moment.
Confortablement installée dans un des fauteuils moelleux de sa salle commune, les jambes étendues devant elle, perdue dans ses pensées, Susan contemplait sans le voir le manteau de la cheminée, goûtant pleinement les premières heures de liberté du week-end. Elle avait un horrible devoir d'études des moldus à rendre pour le mardi suivant mais pour l'heure, elle ne s'en inquiétait pas trop. En réalité, elle ne comptait pas plancher sérieusement dessus. Après tout, ce n'était pas exactement comme si les cours d'Alecto Carrow étaient primordiaux ou même intelligents. Pour la première fois de sa jeune vie, Susan était tentée de rendre copie blanche. Ce qui aurait été une pure provocation. Aussi s'en abstiendrait-elle. Ne serait-ce que par respect pour ses parents qui, travaillant au ministère et déjà surveillés en raison de leurs accointances avec l'Ordre, n'avaient pas besoin qu'une rébellion ouverte de leur fille unique attise la défiance du pouvoir en place à leur égard. Et puis, après avoir longuement mis en garde les Poufsouffles contre les dangers de bravades inconsidérées, il aurait été franchement malvenu de ne pas montrer l'exemple.

La rouquine secoua la tête et fronça les sourcils, pour chasser les Carrow de sa pensée. Ils étaient déjà suffisamment présents dans la vie de l'école, inutile d'en rajouter une couche en les invitant à partager spirituellement son vendredi soir ! D'ailleurs, elle attendait son jeune cousin, Alban, auquel elle avait donné rendez-vous un peu plus tôt dans la journée. Elle avait reçu le matin même un paquet de la part de sa grand-mère paternelle, Augusta Bones, et celle-ci, avec l'esprit pratique qui était le sien, avait jugé bon de faire d'une pierre deux coups en y ajoutant un gros pull de laine qu'elle venait de finir de tricoter pour Alban, en chargeant Susan de le lui remettre "dans les plus brefs délais, les nuits sont fraîches, en Ecosse !".
La Poufsouffle avait posé le pull en question sur ses genoux en tentant de prendre un air dégagé, genre "Je vous jure que ce truc ne m'appartient pas !". Car si Augusta Bones était plutôt douée pour les tartes à la fraise, on ne pouvait pas en dire autant de son tricot. Tous les ans elle s'échinait à confectionner chaussettes et autres bons articles pour sa floppée de petits-enfants, sous prétexte qu'une bonne grand-mère est une grand-mère qui tricote, et tous les ans c'était une catastrophe. Le pull d'Alban ne faisait pas exception à la règle : grossièrement assemblé (à moins d'être bossu, bien entendu), d'une couleur criarde (et même pas jaune, une honte !) et représentant des motifs géométriques qui n'avaient rien à envie aux années soixante, le vêtement avait tout pour déplaire. A côté, les tricots de Madame Weasley relevaient de la haute couture. Sas oublier que la chose devait affreusement gratter... Bref, le pauvre Alban avait gagné le gros lot car, de toute évidence, Augusta Bones s'était surpassée.

*Il pourra toujours l'offrir à Granger pour qu'elle le refile à un elfe...* songea-t-elle avec amusement, juste avant de se souvenir qu'Hermione n'était pas revenue à Poudlard.

(631 mots sauf erreur de Word... Fort probable !).

632 BILL

Le soulagement fut unanime. Tous les élèves, sans aucune exception, avaient attendu la fin de la journée avec impatience, pour mettre un terme à une semaine riche en chamboulements. Poudlard présentait désormais un mode de fonctionnement radical et très strict comparé aux années précédentes, et même si Alban se l'était imaginé à plusieurs reprises durant les vacances d'été, la surprise était de taille. Deux nouveaux professeurs avaient fait leur apparition, des mangemorts qui ne rataient pas une occasion pour critiquer ouvertement tout ce qui touchait de près ou de loin les moldus, et un nouveau directeur remplaçait le malheureux Dumbledore, Rogue, qu'Alban ne portait pas franchement dans son cœur. Autant dire que pour le coup, les élèves évitaient de trop y penser après deux heures durant lesquelles on vous bassine pour démontrer l'inutilité des moldus. Et Alban comptait bien profiter au maximum de la fin de semaine, le seul moment où il n'aurait pas l'impression d'être contrôlé à la méthode Carrow.
Bref, à la sortie de son dernier cours, Alban prit la direction de la salle commune, où sa cousine adorée, Susan la grande, lui avait donné rendez-vous. Il ne s'était pas vraiment interroger sur le motif de ce rendez-vous, mais il en avait une vague idée. De toute manière, si Susan ne lui avait rien dit, c'est qu'il s'agissait de quelque chose d'assez gênant, comme toutes les fois où elle lui sortait « Tiens Alban, ce serait bien qu'on se retrouver à la salle commune ce soir. Je ne peux pas te dire pourquoi tout de suite, … mais tu verras ». Ce n'était pas franchement le genre à vous inciter à y aller, mais Alban n'était pas du genre à poser un lapin, encore moins lorsqu'il s'agit d'un membre de sa chère famille. Sur le chemin vers la salle commune, il fit une rencontre bien désagréable. Rusard arrivait pile en face de lui, instruments de torture en main, avec un air assez effrayant, et Alban resta immobile du genre « non, il ne m'aura pas, je n'ai rien fait, je ne m'enfuis pas ». Rusard passa à côté du jeune homme laissant échapper un gémissement qui traduisait son agacement face à un élève qu'il n'avait aucune raison de punir.

Une fois arrivé à la salle commune, Alban aperçut Susan, assise sur un fauteuil, les jambes allongées, qui lui souriait mais d'une manière étrange. « Tiens, t'as mal à une gencive ? ». C'était le genre de sourire un peu gêné qu'aurait difficilement pu comprendre Alban s'il n'avait pas aperçut le morceau de tissu posé sur les genoux de la jeune fille. Visiblement, grand mère Augusta avait fait des siennes, et c'était encore sur lui que ça retombait. Alban eut cependant un léger espoir d'entendre Susan lui dire « tiens, c'est pour toi, il y en a un pour chaque membre de la famille ». Après tout, plus on est de fous, plus on rit (et puis de toute manière, il se doutait bien que si Susan avait elle aussi eut droit au pull en laine mal tricoté, elle l'aurait rangé illico dans le fin fond de sa garde robe). L'avantage, c'était que ainsi, on pouvait attendre suffisamment longtemps pour qu'une souris vienne faire un trou, empêchant donc le port du vêtement... Malheureusement, Alban était très attaché à sa grand même, et il aimait beaucoup lui faire plaisir. Mais à quel prix ? (sa réputation à Poudlard était en jeu, non ?).
Le jeune garçon lui aussi opta pour le sourire large (en ces temps, ça mettait du baume au cœur). Il s'assit bien en face de sa cousine, s'installa tout aussi confortablement qu'elle, puis lui lança le fatidique et très attendu « Alors, pourquoi tu voulais me voir ? ». Même si le regard de sa chère cousine et la manière dont elle portait péniblement le pull, on se doutait qu'il serait le sujet du dialogue entre le jeune homme et sa cousine. Mais après tout, quand on pensait aux tartines de devoirs pour la semaine suivante, et les évaluations en étude des moldus et en forces du mal, parler des talents de couturière de mamie Augusta n'était pas si effrayant qu'il y paraissait.

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Lorsque Susan avait aperçu Alban du coin de l'oeil, elle s'était efforcée de le gratifier d'un sourire faussement détaché, sans s'apercevoir. Visiblement sans grand succès. Caramba, encore raté ! Une chance que le pull soit en partie dissimulé sans quoi Alban aurait probablement préféré faire demi-tour et prendre immédiatement les jambes à son cou en hurlant : "Non, pas le pull, pas le puuuuull !".
La Poufsouffle esquissa une grimace mi amusé et mi ennuyé quand son cousin s'enquit de sa santé bucco-dentaire (ceci est un important message du ministère de la santé, de la jeunesse et des sports : n'oubliez pas de bien brosser vos petites quenottes trois fois par jour pendant trois minutes. Et trois par trois font neuf). Elle avait encore un bon bout de chemin à faire pour parfaire son sourire détaché s'il faisait ce genre d'effet aux gens !
Renonçant à annoncer la terrible (bien rouler les "r") nouvelle à Alban avec tact et délicatesse ("Ecoute, il faut que tu saches qu'on est tous passé par là un jour ou l'autre... Après tout c'est aussi une preuve d'amour. Très laide, certes, mais un preuve d'amour tout de même..."), la jeune fille adressa un long regard compatissant au jeune garçon ("Il va falloir que tu sois fort...") avant de lui tendre le pull d'un air vraiment navré. Annoncer les mauvaises nouvelles à la famille n'était jamais très réjouissant. Car ce pull, Alban allait être obligé de le porter au moins au prochain repas de Noël s'il ne voulait pas courir le risque de vexer Gran Augusta. C'est qu'elle était susceptible, l'aïeule on se demande ce qui a bien pu pousser le choixpeau à la mettre à Poufsouffle !

- Hé bien, commença-t-elle d'un ton prudent, j'ai reçu un colis de Grand-Mère et euh... Elle t'a tricoté ça...

Elle tendit plus franchement le pull à Alban tant elle était pressée de s'en débarrasser avant de préciser (après tout, ce n'était pas visible au premier coup d'oeil) :

- C'est un pull... Hum.. Les motifs ne sont pas si laids que cela... Une fois qu'on s'y est habitué, je veux dire... Tu aurais pu avoir des petits canards... Et là, ça aurait été vraiment pathétique ! conclut-elle d'une voix qui manquait cruellement de conviction.

Elle laissa à Alban quelques minutes pour évaluer l'ampleur du désastre ("Ma vie sociale est fichue, je n'ai plus qu'à aller me noyer dans la cuvette des toilettes ! Est-ce que tu as dit à quelqu'un que ce truc m'était destiné ?"), quoiqu'un simple coup d'oeil avait probablement largement suffit à le lui faire sentir (il n'y a pas de doute : le mauvais goût se voit à trois kilomètres) et reprit d'un ton plus léger :

- En tout cas, je te déconseille de le porter à Poudlard ! Si tu croises les Carrow avec, ils seraient capables de te punir pour tenue indécente !

Manière presque subtile d'aborder sans en avoir l'air le sujet brûlant du moment : l'instauration d'une administration qui faisait régner la terreur parmi les élèves et qui, de toute évidence, travaillait main dans la main avec Vous-Savez-Qui. D'ailleurs, les Carrow ne s'en cachait pas plus que Rogue. Alecto le leur avait bien fait comprendre lors du tout premier cours d'étude des moldus. Désormais, c'était "Sa" parole qui faisait office de loi.
La rouquine esquissa une grimace. Dans son esprit, ces paroles résonnaient comme une trahison à la mémoire de sa tante Amélia. Elle eut un haussement d'épaule machinal et lança un coup d'oeil perçant à Alban : la salle commune de Poufsouffle était, certes, bien loin d'être vide en ce début de soirée, mais c'était un endroit sûr et propice aux confidences. Plus d'un Poufsouffle s'était déjà laissé aller à exprimer sa haine du nouveau régime, au cours de la semaine et il y avait fort à parier que les petits groupes qui discutaient en cet instant même ne parlaient pas, pour la plupart, d'autre chose que du nouvel ordre poudlardien.


(664 mots et Word toujours fainéant...)

663 BILL

Alban observait sa cousine qui avait visiblement du mal à lui dire ce qu'il se passait. L'idée stupide de fuir en courant comme si rien ne s'était passait lui traversa l'esprit mais il remit vite les pieds sur terre, lorsque enfin Susan prit la parole. Visiblement, il avait vu juste pour le pull. Le ton hésitant qu'il décodait dans les paroles de sa cousine le rendit un poil plus mal-à-l'aise. Décidément, être un Bones était une fierté, mais à quel prix ? *paf* Alban fit un sourire très forcé, le genre à ne pas passer inaperçu mais il ne voulait pas décevoir sa cousine adorée. (* Ah... tiens... heu, quelle surprise ! *). Mais celle-ci semblait vouloir lui apporter son soutient, ou du moins, la façon qu'elle avait d'atténuer la chose rendait la chose (un peu) plus acceptable. C'est vrai qu'après tout, il n'était pas si laid, ce pull...

- heu, et beh, merci de me l'apporter aussi vite...

On sentait dans ces paroles un soupçon d'amertume quant à l'idée de porter le tissu mais Alban se résigna à le prendre (*ne regarde pas... non... ne regarde pas *). Il tendit son bras, difficilement comme si celui-ci était beaucoup trop court pour arriver jusqu'à celui de sa cousine, mais finit par l'attraper. (* heu maintenant je fais quoi, je l'essaye ? *). Susan prit le soin de préciser qu'il ne valait mieux pas qu'Alban traîne avec le pull en question devant les Carrow. Il était dur d'admettre que même eux avaient un minimum de goût vestimentaire et que donc Alban était mal barré. Quoique, il aurait au moins une excuse valable pour ne pas le porter (*  mais grand mère... tu comprends ? C'est une question de vie ou de mort ! *).

- Je vais profiter qu'il n'y ait pas grand monde pour l'essayer. Tu me diras ce que tu en penses. Après tout, peut être qu'il ne m'ira pas si mal que ça...

Avant de faire quoi que se soit, le jeune homme jeta un regard de droite à gauche, comme pour s'assurer que personne ne le regardait à cet instant précis. Il retira le pull sur lequel on pouvait voir l'emblème des blaireaux puis enfila à toute vitesse, avec difficulté, celui que sa cousine venait de lui donner. Il tenta en vain de se recoiffer, pour ne pas avoir l'air négligé des pieds à la tête (le pull en faisait déjà assez). Il s'empressa de demander à Susan ce qu'elle en pensait, espérant dans le meilleur des cas qu'elle lui dise qu'il n'était pas si moche que ça avec.

- Alors, c'est... comment... ?

Une fois qu'il eut retiré son pull, Alban retourna dans son fauteuil, toujours en face de Susan. L'allusion qu'elle avait faite quelques minutes plus tôt à propos des Carrow lui avait donné envie d'en parler avec elle, mais disons que sur le moment, il n'y était pas disposé. Maintenant, il l'était. Ce coin de la salle commune était propice aux confidences, et donc Alban n'hésita pas une seconde pour aborder la question des changements opérés à Poudlard cet été.

- Et à part ça, ta rentrée s'est bien passée ? Parce que je dois dire que ça a beaucoup changé ici, et même s'il fallait s'y attendre, ça fait toujours un choc.

Quand il parlait de choc, Alban pesait ses mots. Il était indigné par tout ce qui touchait de près ou de loin à Vous-Savez-Qui et l'idée de se retrouver encadré pas ses sbires, ici, à Poudlard, l'enchantait guère. Sans parler de la propagande anti-moldue qui se faisait de plus en plus ressentir dans les cours. Enfin, pas tous, dieu merci. Parce que figurez-vous que ce brassage des élèves, bon nombre des amis d'Alban en avaient fait les frais.

Susan avait de nouveau grimacé un sourire contrit à l'adresse de son cousin lorsque celui-ci l'avait remerciée pour la commission. De toute évidence, "l'irony était inside". Mais elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir : certains cadeaux ne pouvaient décemment pas être bien reçus. Sauf, bien entendu, si on s'appelait Dolorès Ombrage et qu'on avait des goûts douteux en matière d'habillement (ceci étant - maigre réconfort mais réconfort tout de même ! - Grand-Mère avait épargné à Alban les motifs de couleur rose. Elle devait probablement réserver sa laine pour une des filles. En espérant qu'il s'agirait de Bérénice !).
Finalement, elle se redressa dans son fauteuil et leva les bras d'un air fataliste avant de dire, en les laissant retomber sur les accoudoirs :

- Hé bien au moins, tu sais que la prochaine fois, ça ne tombera pas sur toi !

Elle observa d'un oeil circonspect Alban enfiler le pull. Tout de même, c'était très courageux de sa part de l'essayer au beau milieu de la salle commune ! Susan, elle, se serait empressée d'aller le cacher au fond de sa malle ! Alban auraut dû aller à Gryffondor.
Si elle avait eu quelque espoir que son cousin mette le chandail en valeur (après tout, il était très, très beau, Alban ! Mais que pouvait-on attendre d'autre d'un Follet ?) il fut rapidement anéanti.
Esquissant une grimace qui en disait long sur ce qu'elle pensait de l'effet obtenu lorsqu'on additionnait Alban et le pull, elle secoua la tête d'un air dépité avant de reprendre d'un ton fataliste :

- C'est comme d'habitude : super moche ! Houlàlà, elle s'est vraiment surpassée, sur ce coup là ! Elle doit vraiment beaucoup t'aimer pour avoir tricoté tous ces motifs... Dommage qu'ils donnent franchement envie de vomir ! rajouta-t-elle avec un sourire en coin.

Après tout, ce n'était pas réellement une surprise : depuis le temps que leur Grand-Mère prenait plaisir à leur tricoter des vêtements qui, non contents de gratouiller, étaient laids, ils auraient dû se faire une raison. Mais il fallait reconnaître que cette fois ci, elle s'était tout particulièrement dépassée ! A croire que ce n'était pas en forgeant que l'on devenait forgeron. Ou, en l'occurrence, en tricotant que l'on devenait Yves Saint Laurent.
La rouquine s'avachit de nouveau dans son fauteuil (ah ben bravo la dignité préfectorale !) pendant qu'Alban retrouvait forme humaine ôtait le pull. Mine de rien, elle se sentait vraiment contente de pouvoir discuter un peu avec Alban. Comme soulagée. Outre le fait qu'elle s'entendait bien avec son cousin, elle savait qu'elle pouvait s'exprimer librement sur les sujets les plus sensibles avec lui : ils avaient été élevés dans la même famille, au sein de valeurs identiques, s'il y avait bien quelqu'un capable de comprendre ce qu'elle ressentait en ce moment, c'était Alban ! Musique mielleuse en fond sonore, please !
Elle hocha la tête en signe d'assentiment et renchérit :

- Tout est tellement étrange ! C'est comme si Poudlard avait changé. Même les profs comme Fliwick et Chourave ont l'air affreusement tendus... Et Rogue directeur... Les Carrow... On est devenu quoi ? Une succursale des mangemorts ?

Elle baissa sensiblement la voix et lança un coup d'oeil anxieux aux alentours avant de demander anxieusement :

- Combien de temps avant qu'ils ne commencent à s'en prendre aux nés moldus qui sont revenus à Poudlard ?

(564 mots moins des bananes)

PERCY

Susan avait beau rassurer Alban en lui disant qu'au moins ça ne tomberait pas sur lui la prochaine fois, celui-ci savait qu'il se sentirait toujours concerné par ce grave problème (« Non, je vous assure que je ne connais pas ce clochard cette personne qui se fait passer pour ma cousine »). Mais en matière de problème, celui-ci n'était pas le pire. Alban aurait volontiers porté toute l'année de vêtements de sa grand-mère si, en échange, tout redevenait comme avant à Poudlard (quoique...). C'était à vrai dire une question à laquelle il ne valait mieux pas répondre, ne sachant pas se Vous-savez-qui était prêt à abandonner sa bataille au prix du ridicule d'un Follet défavorable à ses idées.
En attendant de sauver le monde des sorciers, le jeune homme préférait discuter tranquillement, sans paparazzi donc, avec sa cousine. Il n'avait pas vraiment eu l'occasion de s'entretenir avec elle depuis la rentrée mais c'est la première avec qui il abordait le sujet sans la moindre gêne.

- J'ai aussi cette impression bizarre lorsque je vais en cours. L'atmosphère est tendue, les sourires ont l'air faux et les Carrow en profitent pour imposer leurs idées pro-Tu-sais-qui. Je ne serai pas étonné de voir mes résultats en chute libre cette année...

Il est vrai que ce chamboulement avait fortement déstabilisé le jeune homme et autant il obtenait habituellement des résultats corrects, autant cette année il savait déjà par avance qu'il ne brillerait pas (du moins pas plus que d'habitude). Mais ça n'était pas ça qui l'inquiétait le plus (« Maman, j'ai eu un piètre en Etude des Moldus,... c'est la deuxième meilleure copie après celle d'un serpentard fayot »), non, c'était cette ségrégation qui visait à exterminer se débarrasser de tous les nés-moldus. Fort heureusement, certains adultes y étaient clairement opposés et on parlait même, simple bouche à oreille, de faux papiers pour ces élèves-là. Comme quoi, l'illégalité n'était pas toujours mauvaise. Alban était pressé de savoir ce qu'en pensait Susan :

- dis, je ne sais pas si tu en as entendu parlé, mais certains professeurs auraient apparemment l'intention d'aider les nés-moldus avant qu'on s'en prenne à eux ?

Même si les deux individus n'étaient pas concernés, (attendez, vous imaginez Poudlard sans un Bones et sans un Follet ?) il était légitime pour eux, les classes supérieures, de se poser la question de comment pouvait-on leur venir en aide. Alban, à l'image de sa cousine, avait été éduqué dans le respect des moldus, mélangeant leurs mœurs avec celles des sorciers, et il leur portait une grande admiration de vivre sans l'aide de sortilèges ou celle de potions. Susan pensait la même chose et il n'y avait qu'elle qui était capable de se sentir outrée comme il l'était lui-même. Il jeta à nouveau un coup d'œil aux quatre coins de la pièce avant de poursuivre.

- Mais ce qui m'inquiète encore plus, c'est l'image qu'on nous transmet des moldus. T'imagines un peu ce que vont penser les jeunes premières années face à ça ?

On avait, en effet, l'impression d'assister à un constant lavage de cerveau que seuls les plus forts et les plus beaux plus outrés pouvaient déceler. Heureusement, c'était le cas d'un nombre important de personne. Et le pire, c'est qu'il n'y avait aucun moyen d'y remédier sans craindre de lourdes conséquences. Boycotter les cours d'EDM était beaucoup trop dangereux et Alban préférait encore y aller et se boucher les oreilles pendant tout le cours.