Séquelles de la rencontre Gryff-Poufsouffle [LIBRE]

Le match de quidditch qui avait opposé Gryffondor à Poufsouffle s'était révélé particulièrement riche en émotion et Susan, malgré la défaite de son équipe qui avait laissé gagner Gryffondor était plutôt soulagée d'avoir retrouvé le plancher aux vaches (même si en l'occurrence, l'Ecosse était plus ovine que bovine). Elle n'avait pas chômé, tout au long de la partie, et les cognards lui avaient paru nettement plus agressifs que de coutume. Peut-être était-il tout simplement heureux de se dégourdir un peu après deux longs mois de réclusion, dans le bureau de Madame Bibine ? A moins que Rogue ne leur ait lancé un sort dans l'espoir qu'ils abattent un maximum de joueurs ? Après tout, il avait toujours méprisé cordialement Lions comme Blaireaux et le contexte actuel lui donnait probablement la possibilité d'en éliminer quelques uns en toute impunité.
Quoi qu'il en soit, la jeune fille avait les bras douloureux d'avoir trop frappé et lorsqu'elle s'était réveillée ce matin-là, elle n'avait pu contenir une grimace de douleur en se levant : tout son corps hurlait sous le joug des courbatures. Ce n'était pourtant pas grand chose comparé au traitement qu'Ophélia et elle avaient infligé à certains joueurs de Gryffondors. Si Elizabeth et Ophélia avaient, elles aussi reçu plusieurs cognards au cours de la partie, ce n'était que menue monnaie lorsqu'on pensait aux nombres d'attaques subies par Colin Crivey ou bien encore Zack Andersen. En fait, tous les membres de l'équipe de Gryffondor avaient été heurtés, à un moment ou à un autre, par un cognard, et Susan devait bien reconnaître que c'était en partie de son fait (en général, elle se contentait d'écarter les cognards et c'était surtout Halwen - moins scrupuleuse qu'elle - qui cherchait à blesser leurs adversaires).
Elle n'aurait certainement pas été si mortifiée à l'idée d'avoir conduit certains joueurs à l'infirmerie si le match les avait opposés aux Serpentards. Seulement voilà, leurs adversaires étaient tous de charmants Gryffondors sauf Crivey et Poufsouffle avait toujours entretenu de bonnes relations avec les Lions. Aussi ne pouvait-elle pas revoir sans honte les différents moments du math où elle avait envoyé des cognards, notamment sur Colin Crivey, qui devait sérieusement penser qu'elle avait une dent contre lui, à l'heure actuelle mais il n'avait pas qu'à commencer, aussi !.

Profitant de ce qu'elle avait une heure de libre, ce matin, Susan décida d'aller faire amende honorable en présentant ses plus plates excuses à Colin et en lui apportant un gros paquet de chocogrenouilles ("Des chocogrenouilles ? J'ai horreur des chocogrenouilles ! J'y suis allergique ! Tu cherches à m'empoisonner...Infirmièèèèère !"). Certes, elle doutait que Colin l'accueillerait les bras ouverts, mais sa conscience lui ordonnait le trouver et elle savait par expérience qu'elle ne cesserait de la tarauder tant qu'elle ne l'aurait pas fait.
Elle pénétra donc dans l'infirmerie d'un pas hésitant mais ferme et se présenta auprès de Madame Pomfresh pour lui signaler sa visite à Colin, s'attendant à moitié à ce que l'irrascible vieille femme lui réponde quelque chose comme : "Bones ? Ah non, désolé, Crivey a formellement spécifié qu'il ne souhaitait pas vous voir...". Une déclaration qui, somme toute, aurait bien arrangé ses affaires et lui aurait permis de conserver les chocogrenouilles. Malheureusement pour elle Toutefois, Colin ne semblait pas avoir laissé de telles instructions à l'infirmière (il devait probablement penser qu'elle n'oserait pas se pointer) car celle-ci lui désigna sans broncher (mais non sans avoir lancé un coup d'oeil désapprobateur aux friandises : "Tsss, jeunesse dépravée qui se gâte les dents !") au lit occupé par le Gryffondor.
Susan la remercia d'une voix fébrile et se dirigea lentement vers l'endroit indiqué, s'efforçant visiblement de trouver une entrée en matière adéquate : "Hé salut Colin ! Tu te souviens de moi ? J'ai essayé de te casser le bras hier...", "Tiens, Crivey, comme ça va ? Tu ne m'en veux pas pour les cognards, dis ?", "Aha, dites donc, Colin, t'es un sacré dur à cuire ! On t'a envoyé combien de cognards, déjà ? Et t'es encore en vie ?"
Non. Aucune de ces formulations ne ferait l'affaire.
Arrivée au pied du lit de Colin, elle ne trouva rien de mieux à dire que :

- Euh... Salut Colin euh... Je... Je t'ai apporté des Chocogrenouilles...

Le ton était timide, visiblement gêné, et la rouquine avait sensiblement rosi. Elle tendit ses chocolats d'une geste un peu maladroit (et là, Colin, traumatisé par le match, se jette sous sa couette en hurlant "Nooon, ne me frappe paaas !") et dut faire appel à tout son sang-froid pour ne pas se mettre à sautiller nerveusement d'un pied sur l'autre comme les sumotoris avant le combat.

(775 mots mais je n'en mettrais pas ma main au feu !)

757 PERCY

Bien entendu, Susan ne s'était pas attendue à ce que Colin l'accueille les bras grands ouverts (de toute façon il ne pouvait probablement pas écarter les bras, aha !). D'ailleurs, elle était bel et bien venue pour s'excuser. Ce qui signifiait, par extension, qu'elle avait quelque chose à de faire pardonner. On pouvait donc légitimement penser que Colin ne serait pas ravi ravi de la voir débarquer dans l'infirmerie, la fleur à la batte au fusil et la bouche en coeur.
Toutefois, jamais ô grand jamais son esprit de Poufsouffle aimante n'aurait pu s'imaginer une telle réaction ! Le mufle ! Après tout ce qu'elle avait fait pour lui ! Elle lui avait apporté des friandises non d'une petite girafe à roulettes ! Si ça ce n'était pas une belle preuve de contrition ! Elle n'avait même pas songer à les empoisonner !
La rouquine écarquilla les yeux d'un air horrifié lorsque le Gryffondor tomba lourdement de son lit. Oh Merlin ! Mais ce garçon était suicidaire ! Le coeur au bord des lèvres - c'était quoi ce craquement ? C'était quoi ce craquement ? - la Poufsouffle posa à la hâte ses chocogrenouilles sur la table de nuit avant de se précipiter sur le pauvre Colin. Il avait dû se faire très, très mal ! Mais quelle idée ridicule aussi, de vouloir se retourner ! Fallait-il qu'il soit bête, pour ne pas s'apercevoir que son corps n'était pas en mesure d'effectuer d'autres mouvements qu'un plié d'index (le droit seulement, le gauche était trop amoché pour seulement songer à s'y risquer !) précautionneux ?
("Hé Colin, on a deux nouvelles, pour toi ! Une bonne et une mauvaise ! La mauvaise c'est que tu ressembles plus à une charpie qu'à un Colin Crivey, la seconde c'est que - sacré petit veinard - ton index droit un indemne ! Alors, on dit quoi aux Poufsouffles ?").

- Holàlà ? Tu vas bien ? demanda-t-elle d'un ton inquiet, est-ce que tu veux que j'appelle Mada... Aïe-euh !

Avant même qu'elle n'ait eu le temps d'achever sa phrase, Colin, cette fourbe petite vipère Gryffondor, Susan, Gryffondor, lui avait balancé son pied dans la cheville (correction donc : "Hé Colin ! Ton index droit et ton pied gauche sont en bon état ! Trop sympas, les Poufsouffles !").
Déséquilibrée par cette attaque aussi fulgurante qu'inattendue (au moins tout ça ! "Si on te le demande, ils étaient dix et c'était des serpents à sonnettes !"), la Poufsouffle s'étala de tout son long, non pas à côté mais sur Colin (aha, bien fait !), ce qui n'allait certainement pas arranger l'état de ses os.
Un brin sonnée ("Mais... Mais... Qu'est-ce que je vais au sol, moi ? Comment je suis arrivée là ?"), Susan roula sur le côté pour se dégager et se retrouva allongée sur le dos, à contempler d'un oeil hébété le plafond de l'infirmerie ("C'est joliiiii, toutes ces étoiles ! Où est la drogue ?" Finalement, elle parvint à s'asseoir avec une grimace de douleur et elle gratifia Colin d'un regard torve :

- Non mais préviens quand tu fais ce genre de trucs ! s'exclama-t-elle en se remettant debout.

D'un pas titubant, elle s'éloigna prudemment de Colin (des fois qu'il se jetterait sur elle pour l'étrangler en poussant des cris de sauvage), les cheveux ébouriffés, la cravate de travers et la jupe toute froissée.
Lorsqu'elle se fut assurée qu'elle était hors de portée de jambe, la Poufsouffle se pencha d'un air concerné sur le Gryffondor et demanda d'un ton désolé :

- Tu vas pouvoir te relever tout seul ou il faut que j'aille chercher Madame Pomfresh ?

*Ouais, parce que moi, je ne t'aide pas, hein ! Pas envie de me retrouver encore par terre !*

(626 mots or so)

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Allongé sous Susan Bones , il s'en passe, des cochonneries à l'infirmerie Colin vécut un moment d'horreur pure. Quand un tel contact n'a pas été souhaité, qu'il est imposé au secours, on en veut à la vertu de Colin Crivey!, c'est très traumatisant. *Beurk! Susan Bones étalée sur moi! Il va me falloir dix ans de thérapie pour m'en remettre!* Je ne savais pas que j'étais désirable à ce point! Le sex appeal, sans doute.

*Pourvu que Laura n'entre pas juste maintenant!! Moi qui lui ai fait un flan pour une phrase à un Serpentard, j'aurai du mal à lui expliquer que de mon côté je m'allonge avec une Poufsouffle.* Ecrasé par le poids de la grande fille, le chétif garçon vit se confirmer la pensée qu'il avait eu lors du match: elle devrait faire un régime, cette fille; elle était trop grosse! Et trop lourde, outch. Heureusement, elle finit par se pousser, lui rebroyant sans doute quelques os au passage, à voir comme ça faisait mal. Colin n'était même plus en mesure ni de gémir, ni de plier un seul doigt - et pourtant il savait lequel il aurait bougé en direction de Susan même si c'est pas poli. Quel boulet, cette fille !!

Etalé par terre, il la regarda d'un air méfiant. Elle s'était remise debout, elle restait là les bras ballants à le regarder à ses pieds. Pour l'humilier un peu plus encore, sûrement!! Ca se paierait, se promit Colin. *Attends un peu que je sois guéri, toi, tu vas voir!*, pensa-t'il, fou de douleur. Il n'avait encore jamais rencontré de sa vie une fille aussi méchante. Même si Ophélia arrivait juste derrière. Encore une chance qu'elle ne soit pas venue, elle aussi.

Colin espérait que Madame Pomfresh allait entrer dans la pièce tout bientôt, pour que Susan se prenne une bonne punition pour l'avoir fait tomber. Si c'était un Serpentard qui lui avait rendu visite, bien sûr, l'infirmière aurait déjà jeté un oeil pour vérifier que tout se passait bien - leur réputation les précédait - mais une préfète poufsouffle, elle devait croire que c'était une camarade de Colin. Celui-ci se promit de dessiner un panneau représentant la tête de Susan barrée d'un trait rouge ("interdit aux Susan") dès qu'il retrouverait l'usage de ses mains.

Bon, mais peut-être que Bones était arrivée aux mêmes conclusions que lui et que pour éviter une sanction, elle allait essayer de le remettre sur son lit? Le souffle coupé d'angoisse, Colin espéra que non. Il n'osait imaginer avec quelle brutalité la terrible Poufsouffle était capable d'agir.