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 Prélude à la fantaisie des fous. [PV G. Pray]

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Ξ Sujet: Prélude à la fantaisie des fous. [PV G. Pray]   Prélude à la fantaisie des fous. [PV G. Pray] EmptyMer 27 Mai - 2:04

Les rues londonniennes n'étaient que peu attrayantes à ce moment de la matinée. Les commerçants ouvraient leurs boutiques avec l'idée qu'une nouvelle journée pluvieuse et d'une tristesse accablante se profilait. Les quelques vocalises célestes de la veille avaient empêché bon nombre d'enfants de trouver le sommeil, et de ce fait, bon nombre de parents également, c'était irréfutable. Les nuits d'orage et leur vice inconditionnel, plaisant malgré tout à cette marionnette déambulant, cette longue silhouette, réhaussée par des escarpins noirs, dont les pavés de la ville n'eurent jamais raison des talons aiguille. Ses jambes, un peu trop fines, étaient dissimulées sous des colants noirs feignant une pudeur inexistante, et au dessus de ses genoux commençait une robe noir légèrement fendue, ceintrée à la taille et accentuant la maigreure du personnage. Un manteau de cuir féminin, plus ou moins long et aussi fin que la matière le permettait, était arboré malgré l'étroit tour d'épaules de la passante chétive. Un cou, dont la blancheur constrastait avec la couleur des vêtements, dévoilait une chaîne argentée portant un minuscule diamant pour pendentif, solitaire et achevant cette folle élégance qu'était celle de Nikita. Les traits anguleux de son visage creux trouvaient une pointe de douceur sur des lèvres bien dessinées, claires et relativement fines malgré la largeur d'un sourire rare. Son nez d'une discrétion certaine attirait moins l'intention que les cernes prononcés entourant un regard d'une expressivité pharaonique. Ses yeux, d'un noir fabuleux, très maquillés, semblaient laisser libre cours à une rêverie sans pareil, lui donnant un air mélancolique, qu'entourait une chevelure noire, mi-longue, naturellement ondulée. Les bras croisés et le nez en l'air, la jeune femme marchait d'un pas des moins hésitants, sans pour autant savoir où elle allait. Une fois de plus elle avait constaté que l'humanité et sa bêtise abyssale trouvait bien fidèle illustration en ces âmes insignifiantes, ces vieilles veuves moldues, aussi riches que moustachues, exaspérantes et décadentes. Ce jour là ce fut Mrs Ziwow, pachyderme du troisième âge à la fortune indiscutable de son état, qui jugea courtois de venir ennuyer Laura, la jeune vendeuse d'une petite boutique assez renomée de prêt-à-porter.
Nikita avait, plusieurs fois déjà, constaté la patience extrême de cette jeune fille, sortant tout droit de l'école de sorcellerie anglaise et préférant travailler ici-même, dans un magasin moldu, plutôt que de continuer ses études dans la branche de la magie, chose dont les deux jeunes femmes n'avaient jamais discuté, leurs relations se limitant à celles d'une vendeuse et d'une responsable temporaire.
Mrs Ziwow attendait devant la porte de la boutique avant même l'ouverture de celle-ci, et dispensa Laura d'une remontrance certaine dûe à son attente. Nikita n'arriva que quelques minutes plus tard, alors que la vendeuse déjà désespérée répondait tant bien que mal à une cliente d'une exigence exagérée témoignant de l'ennui dont étaient victimes les octagénaires au vingtième siècle. Alors que la petite blonde pétillante se hâtait dans toute la boutique, la jeune femme d'à peine vingt deux ans surveillait de loin le manège de Mrs Ziwow. C'était le genre de personnage qui l'agaçait au plus haut point. Il était neuf heures et cinq minutes, c'était vraiment le moment idéal pour venir faire des achats vestimentaires, surtout pour une vieille veuve à la retraite depuis des années.
La brune à l'aura ténébreuse inspira longuement et porta son attention dehors, tournant la tête du coté de la vitrine du magasin. Derrière les mannequins d'exposition, les londonniens marchaient au pas de course de manière à éviter les gouttes d'une pluie battante mais relativement fine, celle qui ne prouva jusqu'à maintenant aucune vertu. Des passants allant à leur bureau, leur atelier, leur boutique. Des commerçants, tout comme elle, ou artisants peut être. Des moldus pour la plus part. Et parfois des sorciers, se fondant dans cette masse infernale. Assise sur le haut tabouret derrière la caisse, l'une de ses longues jambes fuselées prenant appui sur la barre en fer noir de l'armature, Nikita se demandait combien d'êtres dans sa situation passaient devant cette boutique dans la journée, combien cherchaient l'anonymat, comme elle, combien se reconstruisaient. Des dizaines, certainement. C'était si fascinant, tous ces gens avec une histoire, des idées, des envies, des projets, d'inconcevables fantasmes, des rêves secrets... une vie dont elle ne serait jamais actrice, étant tragédienne de sa propre existence chaotique.
La voix crispante de Mrs Ziwow lui parvint de nouveau. Elle s'aperçut qu'elle n'y avait plus prêté attention quelques secondes durant, quelques minutes peut être. Le temps de rêver. De rêver seulement. Nikita regarda dans la direction des paroles cinglantes proférées à l'égard de Laura. Comment faisait-elle pour résister à l'envie de jeter un sort de Bloclang à cette vieille moldue, et pourquoi pas une stupéfixion, soyons fous. Un crache-limace... que la situation serait cocasse... Mais il faudrait ensuite se justifier auprès du ministère et tout un tas de choses administratives, sans parler du nettoyage qui devrait s'effectuer dans la boutique et la tête de cette créature vile et pénible.
Neuf heures quinze minutes. La jeune femme commençait vraiment à dévelloper une admiration immense pour la vendeuse, qui faisait preuve d'une patience dont elle n'aurait soupeçonné l'existence chez quiconque. Par chance, ce n'était pas Nikita qui s'occupait de Mrs Ziwow, néanmoins elle aurait apprécié de la surprendre, ne serait-ce que par un petit sort, bénin et innocent, un sort de première année, qui ne fait pas mal mais qui embête. Ses yeux brillaient d'une étrange lueure, une étincelle de sadisme et d'envie l'animant. Elle se resaisit. L'androgyne obscure se rendit seulement compte qu'elle avait sortit sa baguette, la tenant dans sa main droite, presque brandie. Elle la cacha, regardant autour d'elle. Cela devenait dangereux, elle ne se rendait même plus compte de ses gestes. Il fallait qu'elle sorte, de toute urgence, qu'elle prenne l'air, qu'elle se change les idées et retrouve complètement sa raison. Le temps était maussade, il était tôt, et Mrs Ziwow serait certainement la seule cliente avant trois bonnes heures. Nikita jeta un regard furtif à Laura, qui gardait toujours un calme olympien. La jeune femme remit son manteau, pris son sac à main et sortit du magasin, cette démarche d'une élégance et d'une allure exquise.

Ce fut ainsi qu'elle se retrouva à arpenter les rues de Londres, renfermant un charme et un mystère dans chaque pavé, un incompréhensible prélude à la sorcellerie dans cette ville moldue. Inconsciemment, Nikita se retrouva à l'angle de cette rue si commune à ceux de son monde, ici, en Angleterre. Elle entra au Chaudron Baveur. L'atmosphère du lieu différait tellement de ce qu'elle avait l'habitude de ressentir. L'odeur des boissons communes aux sorciers, les gens présents, plus étranges les uns que les autres, plus puissants, plus déconfis...
Elle passa inaperçu. Bientôt elle pénètrait sur le Chemin de Traverse.

La jeune femme avançait, sur ce chemin occupé presque intégralement par des sorciers confirmés à cette époque de l'année. Les étudiants étaient à Poudlard, ce qui dévorait une bonne partie des têtes qu'elle avait l'habitude de croiser quand elle venait ici. Elle devrait investir dans un hibou, ce serait une bonne chose, ou une chouette, peut être. Quelle différence après tout. Cet air sempiternellement mélancolique ne quittait son visage, sans même qu'elle ne s'en aperçoive. Nikita était blasée de tout. Elle n'avait envie de rien.
Elle s'arrêta devant une insigne dont elle n'avait jamais prêté attention auparavant. Depuis l'extérieur, les carreaux délavés de la boutique donnaient à voir des objets ayant fait leur temps, à moitié cassés parfois, dont elle ignorait l'utilité pour d'autres. Elle entra. Le bruit de ses talons hauts raisonna quelque peu sur le sol légèrement poussiéreux, et un courant d'air accompagna son arrivée. Elle referma la porte avec un bruit sec. A sa droite se trouvait un vieux comptoir inoccupé, derrière lequel une porte entrouverte donnait sur ce qui devait être une réserve, où se trouvait forcément quelqu'un, le propriétaire des lieux certainement, à en croire les sons qui en émanaient. La femme en noir porta donc son attention sur ce qu'il se passait à sa gauche. Des tables pour commencer, sur lesquelles des objets incongrus étaient exposés. Plus loin, des sortes d'étagères en vieux bois constituaient les rayons d'une boutique de vieilleries. Passionnant.
Elle s'y promena. La majorité des objets étaient en piteux état, des montres qui avançaient à l'envers et des pots dont le contenu semblait lancé dans des conversations endiablées, incompréhensibles et basses. Un ours en peluche rongé aux mites attira son regard. Etrangement, il constituait l'une des seules expositions qui ne gesticulait pas, et Nikita se montra tout d'abord méfiante. Elle s'en approcha lentement. Le toisa un instant. Rien de compromettant pour sa survie semblait-il. Elle s'en saisit. Il était banal, tout ce qu'il y avait de plus normal. Un pelage grisâtre, des yeux faits de billes noires dont l'une semblait vouloir s'échapper, des trous un peu partout laissant apparaître un contenu fort peu attrayant. Elle le reposa sur son étagère. Inintéressant. Elle continua son exploration.
Ses pas raisonnaient dans la boutique sans qu'elle n'y fasse attention, elle était habituée à cela, et sa concentration était ailleurs. Un récipient contenant une bonne quinzaine de petits objets différents s'offrait à elle. S'en approchant, elle y dénicha une boule de verre remplie de fumée blanche, de la taille d'une grosse bille. Un Rapeltout, certainement. Elle n'en avait auparavant jamais tenu dans ses mains. Le principe, elle en avait entendu parlé, était aussi enfantin que dérisoire... enfin, elle le tenait dans sa main gauche tandis que son autre main fouinait dans le récipient. Soudain, elle sentit la boule de verre chauffer. Elle commença à doubler de volume à une vitesse hallucinante. Nikita regarda l'objet dont la fumée vira subitement du blanc nacré au vert. Elle cru distinguer à l'intérieur une patte qu'elle identifia comme n'appartenant à aucune bête connue au bataillon, ce qui, la surprenant, lui fit lacher l'objet, qui se brisa au contact du sol. Des morceaux de verre éparpillés alentours étaient masqués par la fumée d'une couleur détestable, quittant presque cet état pour devenir liquide. La jeune femme entendit des petits pas, un bruit de fuite. Il y avait certainement un habitant dans cette boule, qui à présent, gambadait entre les étagères. Elle sortit sa baguette. Avec un peu de chance, le propriétaire des lieux n'aurait rien entendu.


Dernière édition par Nikita Lanternier le Dim 5 Juil - 21:18, édité 2 fois
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Ξ Sujet: Re: Prélude à la fantaisie des fous. [PV G. Pray]   Prélude à la fantaisie des fous. [PV G. Pray] EmptyMer 27 Mai - 21:05

L’air était saccadé de bruits de train passant, la terre bougeait légèrement, et cet éternel ‘Chum-chum, chum-hum’ engourdissait les oreilles de Geoffrey. Il rêvait, le sourire aux lèvres, et cette atmosphère passa du réel à l’imaginaire. Il rêvait d’un petit terrain de basket, en dessous d’un pont où passaient souvent des wagons de train solitaires, dirigé par la seule volonté de ses occupants. Ces trains, tantôt noirs, tantôt rouges, semblaient n’aller nulle part et venir de partout à la fois, comme si le monde devenait un gouffre béant quelque mètres plus loin de l’endroit où il se trouvait. Le jeune schizophrène voyait quelque voiture passer à gauche du terrain de basket, c’était de ces anciennes voitures qu’on pouvait trouver en Amérique dans les années soixante, il n’y en avait pas beaucoup. A droite, il y avait une petit épicerie où une vieille femme grosse, au visage trempé de sueur, qui essayait de marchander un chou qui lui semblait de mauvaise qualité à moitié de son prix. Geoffrey remarqua d’ailleurs qu’il ne faisait absolument pas chaud, voire même qu’il faisait froid, mais pourtant, tout lui disait le contraire, il était sous un soleil couchant de début d’été, dans une région plutôt chaude d’Amérique, et un petit parc derrière lui avait finit de redevenir vert. Des petites bestioles volaient un peu partout sur la petite colline fleurie dominant le cadre, comme un cliché idyllique de rêve de bonheur intense. Le jeune homme suivait le chemin d’un papillon rouge et doré qui monta tout en haut et y vu un visage familier, son jeune frère qui le regardait d’un visage auguste mais repoussant, qui semblait lui crier l’horreur que le monde éprouver pour lui, et qui lui prouva une bonne fois pour toute que tout le monde sur terre le haïssait, que même sa famille ne voulait plus entendre parler de lui. Comme dans n’importe quel stéréotype de rêve devenant cauchemar, la colline verdoyante disparue, se changeant en terrain vague alors que notre héros voulait courir retrouver son frère. D’un soupir, il se retourna et sursauta à sa propre-vue. Ce jumeau qui habitait son cœur et son esprit se trouvait devant lui, le narguant d’un sourire rauque. Et là, un sentiment de stupeur et de haine, mêlée d’une tristesse incontrôlable le prit, et, pour la première fois depuis le début de sa triste vie, Geoffrey ressentait ce sentiment de haine, de colère et d’amertume qui l’avait mené par le bout du nez depuis si longtemps. Il sentait un tel poids sur sa conscience que tous ses muscles s’engourdirent avant de chauffer et son teint passa au rouge écarlate. Il se haïssait, il voulait mourir maintenant, et même s’il devait le faire à mains nues. Il bougea, marmonna ce qui devait sûrement être un cri, et, sortant de sa torpeur passagère, se lança sur son double machiavélique, qui l’esquiva sans peine, en se déplaçant légèrement à gauche, ou à droite, ça n’avait pas d’importance, et Geoffrey tomba par terre, écrasé par tout le malheur qui l’accablait, et su alors qu’il ne pourrait jamais mourir, qu’il était destiné à être haït jusqu’à la fin des temps.
Il se réveilla à ce moment là. Il était emmitouflé dans une sorte de couverture-sac de couchage comme celle dans lesquelles les clochards de la métropole dorment, et sentait le gin et le whisky à plein nez, à tel point que sa propre odeur le répugnait, ainsi, lorsqu’il essaya de bouger, sa tête le fit horriblement souffrir et après un deuxième assez accablant, il se résigna à sa place puante et sale. Le pauvre homme ne se demandait plus ce qu’il pouvait faire là, il connaissait déjà la musique, trop de whisky, le gin qui arrive, une bagarre, quelques morts, un feu, dans le meilleur des cas, une tragédie, le plus souvent Il n’y avait personne dans le wagon, qui était en piteuse état, les sièges troués, les murs jaunis et gribouillés, la plus part des lumières cassées, ce qui rendait le wagon bien sombre. Après quelques temps, alors que notre ami s’était replongé dans un sommeil sans rêves, le train passa sur un pont à l’extérieur, et le soleil de la mi-journée frappa de plein fouet le comateux, qui se réveilla en sursaut et s’empressa de mettre sa main droite en visière pour ne pas être éblouit. Il se sentait mieux, même si une torpeur atroce s’élançait encore dans ses jambes. Il regarda autours de lui et vu une personne, assise dans le fond du wagon, le plus loin de lui, qui écoutait de la musique en essayant de ne pas faire attention à ce qu’elle pensait être un clochard. Geoffrey lança un petit sort de torpeur sur cette personne et prit rapidement sa montre et ses ustensiles magiquement magiques pour reprendre sa vraie apparence, la seule qu’il désirait vraiment avoir. Il était vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon noir qui ‘moulait’ bien ses formes, si on peut dire ça pour un homme. Il sortit à la prochaine station, et reconnu l’écriture qui affichait le nom de la gare : Gare d’Austerlitz. Il se trouvait à Paris, en France. Voilà un des nombreux mystères que sa mémoire brumeuse ne saurait jamais résoudre. En tous cas, sans prêter attention aux quelques passant sur le quai, il transplana sur le chemin de traverse Et marcha un peu. Il fouilla ses poches, trouva des clefs, qu’il jeta dans le caniveau, des notes de bar, qu’il jeta à la poubelle, de l’argent moldu péruvien et une pipe, qu’il alluma avec une allumette qui se trouvait dans son autre poche. Même si Geoffrey n’aimait pas vraiment la fumette sous cet aspect de sa personnalité, il n’était jamais contre une petite pipe, d’où qu’elle vienne, quelle qu’elle soit. Il la fuma en descendant l’allée préférée des sorciers, vide de toutes ses habituelles activités à cause de la pluie, et quand cette dernière devint vraiment insupportable, il alla se poster dans un vieil antiquaire délabré, où la marchandise ne l’était pas moins. Le dirigeant était dans une pièce adjacente et ne devait sûrement pas être habitué à recevoir des visiteurs, vu l’état de la poussière qui encadrait le décor. Geoffrey fut fou de joie en voyant qu’il possédait un exemplaire de ‘Joie et dérision’, le livre qui l’avait marqué tout au long de sa vie.
Alors qu’il s’attaquait au chapitre quinze, une explosion dans l’enceinte du magasin attira son attention, et il n’eut pas le temps de se retourner que ce dernier était déjà complètement enfumé. Geoffrey se leva brusquement, fut prit de vertige quelques secondes, avant de se ressaisir et de lancer un grand « Lumos ! » à travers le magasin. C’était une jeune femme, du type brune aux grands talon, qui avait fait tomber une petite orbe en verre, et qui se tenait dos à lui, la baguette pointée vers la sortie. Geoffrey décida de lui faire une petite blague, il avait bien besoin de rigoler. Il s’approcha doucement d’elle, en faisant craquer le plancher, comme s’il était une petite bête, un rat ou un particulièrement petit elfe de maison, et casa sa baguette derrière l’oreille de la jeune femme.


« On joue aux récidivistes madame… Et alors, vous comptez payer ça ? Vous savez, je suis prêt à accepter les payements en nature… Pour tout. »
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Ξ Sujet: Re: Prélude à la fantaisie des fous. [PV G. Pray]   Prélude à la fantaisie des fous. [PV G. Pray] EmptyMer 27 Mai - 23:18

Quand une Ode au danger apparaissait, que faire de plus que de la chanter? Jamais philosophie ne lui parut plus juste, plus belle, plus subtile, plus indiscutable, irréfutable, plus risquée dans sa véracité. Elle y obéissait, y avait toujours obéis, se donnant à elle corps et âme. Vivre pour les émotions, les sensations. Non pas pour les sentiments. Dérangée et faible, ses plus belles peurs lui revenaient en mémoire à cet instant, où elle sentit tout d'abord un objet pointu appuyé contre elle, objet qu'elle identifia très rapidement, avec naturel, détachement. Avec angoisse et plaisir à la fois. Elle était folle, c'était là la seule explication plausible à ses idées.

Les nuits de pleine lune passées dans le manoir familial. Cette envie de garder les volets ouverts dans sa chambre. De laisser les fenêtres béantes également, en ce même lieu censé illustrer ce qu'elle était. Depuis toutes ces années, le doute s'était volatilisé. La peur, non. Elle savait que s'il la sentait, s'il grimpait au mur de pierre taillé, elle n'aurait aucune chance. La maison était barricadée, des sortilèges du bouclier étaient lancés. Sauf à l'endroit où se trouvait la chambre de Nikita. Elle le refusait. Elle se sentait coupable de l'état de son frère, de ce qui se passait chaque nuit où l'astre de l'obscurité était à son apogée, brillant d'une splendeur fourbe. Parfois, elle souhaitait que Charles monte, qu'il s'attaque à elle. Qu'il la dévore, ou pire, qu'il la morde. Elle voulait en finir, elle n'en pouvait plus. La négligence dont elle avait fait preuve ce jour là, à Beauxbâtons, quand il lui avait fait part de son projet de sortie. Elle aurait dû s'y opposer, comme une grande soeur bienveillante. Mais non. Cette perspective ne l'avait même pas effleurée. A l'époque, Charles était si beau. Des cheveux blonds indisciplinés lui donnant une allure unique, en ce lieux où la bienséance était obligatoire. Ces yeux céruléen et ce sourire, accompagné d'un mouvement de sourcils irresistible. Nikita était fière de son frère, elle souriait en le regardant se donner en spéctacle devant les filles de l'école, plus belles et sottes les unes que les autres. Elle admirait sa prestence et sa classe, sa façon de se tenir et de bouger, son charisme, son assurance. Il était grand, il était beau, il était irresistible. C'était son petit frère et toutes en étaient folles, hormis elle, simplement parce qu'ils partageaient leur patrimoine génétique. L'étonnement suivait la révélation de Charles quand il présentait cette jeune androgyne aux yeux aussi noirs que la cheveulure, comme étant sa soeur, sa grande soeur. Comment cela se pouvait-il? Il était si beau, si extraverti, et elle, si étrange, si mystérieuse, si taciturne... Et pourtant leur sang était le même. Nikita aurait haït son frère si elle ne devait pas l'adorer pour l'attention qu'il lui portait. C'était cette unique clause, ce détail insignifiant qui pourtant mettait du baume au coeur de cette jeune fille timide et haineuse: Charles aimait sa soeur comme il se devait, elle était sa confidente, sa conseillère parfois, elle avait toujours assumé, avait toujours fait au mieux qu'elle pouvait pour le guider malgré son manque d'expérience. Elle ne fit qu'une erreur. Une seule.
Elle n'avait que seize ans. Il en avait treize. Il était si jeune. Cette nuit là, où il partit avec ses amis pour une petite escapade prohibée, cette nuit où elle n'avait pas dormit sans savoir pourquoi, cette nuit qui fut la dernière de Charles en tant qu'homme. Au lendemain, l'un de ses amis était mort, tué par un loup garou, et lui, avait été mordu.
Nikita avait un petit frère loup garou, et ceci depuis bientôt sept ans. Il était devenu sombre, silencieux. Son regard était indescriptible, illustrant à la fois la crainte et la révolte, mais inconditionnellement, la lassitude. Ses cheveux d'un blonde autrefois lumineux étaient devenus ternes, toujours aussi indomptable, mais cela n'avait plus rien à voir avec le style qu'il se donnait, et ses yeux d'un bleu maintenant délavé fuyaient ceux de Nikita, quand le courage de le regarder en face la prenait. C'était rare, mais cela arrivait. Leurs rapports avaient changé. Ils ne se parlaient plus comme avant, se limitant à des formules de politesses, des compliments, parfois. Jamais de reproches, jamais de grandes conversations, jamais de questions, uniquement des choses futiles, échangées entre inconnus, avec pudeur et gêne. Elle regrettait autant que lui cette époque bénie où ils étaient si proches. Mais aucun des deux n'oserait briser le mur de glace s'étant dressé entre eux. Jamais.
Quand le loup garou arpentait les hectars de la propriété et que Nikita était chez ses parents, elle espérait qu'enfin, il mette fin à ses jours, voir, une dernière fois, la franchise et l'impulsivité dans le regard de son frère, qui, elle en était certaine, ne changeait pas quand il se transformait.

La voix raisonnant alentours fit rejaillir un souvenir enfouit dans sa mémoire depuis bien longtemps. Ce timbre familier, qu'elle avait si souvent entendu dans sa folle jeunesse étudiante, murmurant ou criant, s'essouflant parfois, si près d'elle. Elle en eut des frisson. Ce n'était pas possible. Il était mort. Mort. Elle s'était faite à cette vérité. Elle aurait dû trésaillir, peut être même se retourner et se mettre en garde, en attitude défensive, surtout qu'elle avait déjà sa baguette en main. Mais elle n'en fit rien. Au lieu de ça, un sourire presque pervers s'étira sur ses lèvres fines. Elle baissa les yeux, regardant les débris de verre. La baguette de la personne derrière elle n'avait pas bougé.

" Reparo! "

Les morceaux se ressoudèrent entre eux, reconstituant le globe de verre qu'elle avait tenu dans ses mains, la fumée en moins. D'un léger mouvement de baguette, elle fit léviter celui ci, qui vint se poser dans sa paume gauche ouverte.

" Recurvite! "

Quand les dernières traces de dommages furent définitivement effacée du sol légèrement moins poussiereux, Nikita se retourna, très lentement, pivotant sur la gauche et rendant la position de son assaillant inutile. Elle se retrouva face à un homme, légèrement plus grand qu'elle, vêtu d'une chemise blanche, aux cheveux plutôt clairs, bien que bruns. Des yeux d'un bleu indiscutable la scrutaient, et elle sentit une vague d'angoisse la submerger quand son regard les croisa. Elle adorait cette sensation. Elle leva légèrement la main gauche, mettant en évidence la boule qui plus tôt se trouvait être un Rapeltout et déclara sur le ton de l'ironie.

" Bien peu de domages, Monsieur. Un paiement en nature serait disproportionné, ne pensez vous pas? Hmm... pardon, je manque à tous mes devoirs bienséants... C'est à vous? "

Un léger sourire apparut sur ses lèvres. Elle tendit le globe à l'homme. Le propriétaire de la boutique arrivait déjà, un vieux sorcier barbu aux cheveux blancs hirsutes, de grosses lunettes posées sur un nez en bec d'aigle. Nikita ne quittait pas l'homme des yeux.

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