Escaliers et danger, ça rime...

Déjà le mois de juin. Rien à faire, le temps passait vraiment beaucoup trop vite quand on était occupé par les cours, surtout dans une école de magie. Une année que Suzan ne voyait pas passer, trop occupée par ses études, apprenant sans cesse tout ce qu’on lui avait appris et anticipant sur ce qui ne lui avait pas encore été enseigné. La bibliothèque était certainement le lieu où elle passait le plus de temps, et nul doute que si on la cherchait, il suffisait d’aller voir là bas pour avoir un maximum de chance de ne pas la rater.
Elle y était d’ailleurs une fois de plus, même si cette fois elle ne travaillait pas vraiment. Elle ruminait l’échec des Serdaigles face aux Gryffondors. Elle avait été si proche de ce maudit vif d’or, et elle l’avait raté. Depuis ce nouveau désastre pour l’équipe des aigles, Suzan s’était sentie tellement mal qu’elle n’osait plus rester auprès de ses camarades de maison, bien consciente de la déception qu’elle avait due provoquer. Elle ne supportait pas les regards qu’on lui jetait, qu’il s’agisse de compassion ou de rancœur, et elle préférait donc aller dans des lieux où elle ne risquait pas de croiser d’autres élèves de sa maison.

Bon, vous me direz, la bibliothèque n’est pas forcément le mieux pour éviter les élèves qui sont réputés pour être les plus travailleurs mais bon, au moins elle pouvait rester planquée derrière une immense pile de livre, et elle était généralement tellement absorbée par sa lecture qu’elle n’avait pas de mal à ignorer le monde autour d’elle. Pourtant ce matin-ci, elle n’y arrivait pas. On était un samedi, et si la fin d’année annonçait une baisse de la quantité de travail pour les plus jeunes, elle annonçait aussi l’arrivée des BUSEs et les ASPICs pour les 5ème et 7ème années. Et ceux-ci, ils étaient nettement plus présents dans la bibliothèque ces derniers temps ce qui impliquait une forte concentration de population dans ce lieu alors que la petite Krigg cherchait surtout à éviter le plus de monde possible.
Ce fut donc après près d’une heure à tenter de se concentrer sur un livre sur les épouvantards qu’elle décida de quitter les lieux après avoir emprunté l’ouvrage auprès de Mme Pince avec la ferme intention de continuer son étude dans le parc. Là, elle devrait bien trouver une petite place au calme où elle pourrait se mettre à l’abri de tous les regards qui risqueraient de se poser sur elle.

Elle se glissa donc dans les couloirs, évitant tous les lieux fréquentés, sans se rendre compte qu’elle était certainement plus obsédée par l’échec de son équipe que ce que l’étaient les élèves, et qu’elle n’attirait pas plus l’attention qu’un autre. Serrant son livre contre elle, elle traversa le château, jetant quelques coups d’œil curieux vers les salles entrouvertes ou vers les groupes d’élèves dont elle distinguait quelques bribes de conversation. Elle ne s’arrêta pas devant les quelques autres 1ère années qu’elle croisa, se contentant de saluer d’un vague signe de tête ceux qu’elle connaissait, préférant descendre les quatre étages qui la séparait du hall.

Mais avez-vous déjà tenté de descendre des escaliers en ne regardant presque pas où vous allez, et avec un lacet qui s’était malencontreusement défait ? Je pense que si c’est le cas, vous compatirez à ce qui va advenir de notre pauvre petite bleu et bronze. Elle ne remarqua pas qu’elle mettait le pied sur le dit lacet, et elle fut grandement surprise quand elle se retrouva en train de se casser la figure sur les dernières marches de l’escalier menant au Hall d’entrée. Quoi de mieux pour se taper la honte que de le faire au milieu de l’endroit le plus fréquenté de l’école ? Elle n’avait heureusement plus que deux ou trois marches à passer, et la chute n’eut donc pas de graves conséquences, mais elle sentit qu’elle percutait les jambes de quelqu’un. Livide à cause de la peur qu’elle avait eu, elle ne parvint pas à reprendre ses esprits tout de suite et resta un instant à terre.