Mais, oï¿½ est Mme Pince? (TERMINE)

Comme d'habitude depuis trois rentrï¿½es ï¿½ Poudlard, Laura se rendit ï¿½ la bibliothï¿½que du collï¿½ge. Lors de sa premiï¿½re arrivï¿½e au chï¿½teau, la toute nouvelle Gryffondor avait ï¿½tï¿½ ï¿½merveillï¿½e par la quantitï¿½ d'ouvrages aussi anciens qu'importants qui trainaient dans cette salle qui rassemblait une grande partie de la magie de Poudlard. En effet, qu'est ce qui, du point de vue d'une nï¿½e-moldue, exprimait mieux la sorcellerie qu'une salle immense remplie de gros livres, eux-mï¿½ms pleins de formules, de recettes de potions ou d'images de crï¿½atures ï¿½tranges? Deux ans plus tï¿½t, Laura ï¿½tait tombï¿½e amoureuse de la bibliothï¿½que de Poudlard, et ce malgrï¿½ la prï¿½sence de l'irascible Madame Pince, qui ne l'ï¿½tait cependant pas pour elle.

La soif de connaissance de la curieuse Laura lui avait en effet permis d'attirer l'attention de la bibliothï¿½caire, qui ne haï¿½ssait pas les ï¿½lï¿½ves ï¿½ proprement parler. Elle considï¿½rait simplement la plupart des ï¿½tudiants comme immatures et susceptibles de dï¿½truire ou d'abï¿½mer les prï¿½cieux livres qui lui avaient ï¿½tï¿½ confiï¿½s. C'ï¿½tait une peur somme toute comprï¿½hensible pour quelqu'un qui avait donnï¿½ de nombreuses annï¿½es de sa vie ï¿½ Poudlard et ï¿½ sa bibliothï¿½que, l'une des plus belles et des plus grandes du monde des sorciers. Ce qui est certain, c'est que Laura avait passï¿½ un temps fou dans cette salle, notamment pour s'intï¿½resser ï¿½ la maison Serpentard.

Lors de sa deuxiï¿½me annï¿½e, Laura n'avait pas autant profitï¿½ de la magnifique bibliothï¿½que de Poudlard. La peur, l'amertume, et une foule d'autres sentiments ne lui avaient pas permis d'apprï¿½cier les moments qu'elle y avait passï¿½, jusqu'ï¿½ ce qu'elle y discute pendant quelques minutes avec Rory Monroe, une ï¿½lï¿½ve de Serdaigle qui habitait dans le mï¿½me quartier moldu qu'elle. Les deux jeunes sorciï¿½res s'ï¿½taient rencontrï¿½es pendant l'ï¿½tï¿½ qui avait suivit l'entrï¿½e de Laura ï¿½ l'ï¿½cole de sorcellerie et elles avaient trï¿½s vite sympathisï¿½. Puis Rory avait remontï¿½ le moral de la Gryffondor, plus jeune qu'elle d'un an.

Cependant, alors que tout aurait du revenir ï¿½ son ï¿½tat normal aprï¿½s la dï¿½faite de Voldemort, tout avait au contraire basculï¿½ pour Laura: Colin Crivey, le garï¿½on duquel elle ï¿½tait tombï¿½e amoureuse, ï¿½tait mort dans la bataille finale, tuï¿½ par le sort d'un Mangemort. C'ï¿½tait Harry Potter, dont Colin ï¿½tait fan, celui qu'on nommait le Survivant et qui avait tuï¿½ le mage noir, qui avait trouvï¿½ le petit corps. Quand Laura avait apprit la nouvelle, elle ï¿½tait restï¿½e cloï¿½trï¿½e plusieurs jours dans sa chambre, sans dire un mot, ni verser une larme. Elle restait enchaï¿½nï¿½e ï¿½ une lointaine promesse comme un prisonnier dans sa cellule. Elle l'avait trahi une fois et ne voulait recommencer.

Il ne faut toutefois pas croire que Laura s'en ï¿½tait remise. Aprï¿½s la pression qu'avait reprï¿½sentï¿½ pour une nï¿½e moldue l'annï¿½e 1997-1998, le dï¿½cï¿½s subit du jeune homme, bien plus ï¿½gï¿½ qu'elle d'ailleurs, avait de nouveau tout renversï¿½ et on pouvait de nouveau voir la petite Gryffondor avancer tï¿½te basse dans les couloirs de Poudlard, et ce malgrï¿½ la peur de ses parents qui auraient prï¿½fï¿½rï¿½ la garder chez eux le temps que leur fille se remette de ses ï¿½motions, cette tristesse ne pouvant de toute faï¿½on que perturber ses ï¿½tudes. Elle-mï¿½me en avait dï¿½cidï¿½ autrement, car elle sentait que si son esprit n'ï¿½tait pas occupï¿½ il reviendrait invariablement vers une mï¿½me personne.

Et lï¿½, Laura avait dï¿½jï¿½ des devoirs ï¿½ faire. Elle s'ï¿½tait donc rendue dans l'endroit si familier qu'ï¿½tait la bibliothï¿½que de Poudlard, d'une part pour ne pas avoir ï¿½ supporter le bruit de la salle commune, et d'autre part pour avoir de quoi s'aider si jamais elle sï¿½chait, ce qui pouvait fort bien arriver, ï¿½tant donnï¿½ qu'elle n'avait pas ï¿½tudiï¿½ autant qu'elle l'aurait du pendant les vacances scolaires. La Gryffondor fut toutefois ï¿½tonnï¿½e de ne pas trouver Madame Pince ï¿½ son poste. En soi-mï¿½me, c'ï¿½tait toujours possible, puisque l'irascible bibliothï¿½caire ne restait pas ï¿½ternellement assise ï¿½ sa place. Nï¿½anmoins, Laura le sentait, quelque chose avait changï¿½. Et elle restï¿½e plantï¿½e lï¿½, debout ï¿½ l'entrï¿½e de la bibliothï¿½que, presqu'incrï¿½dule.

Cette journée-là, Ann avait eut beaucoup de devoirs et d'études à faire pour chacun de ses cours. Chaque professeur leur avait donné au moins deux devoirs (en plus des études), si bien que la jeune fille commençait à se demander si les professeurs se consultaient pour bombarder les élèves de devoirs la même journée. Bref, après son dernier cours, la Serpentard n'avait guère eut le temps de s'attarder dans la Salle Commune. Elle n'était que passée pour prendre quelques livres suplémentaires, et était aussitôt repartie vers la bibliothèque, presque en courant, ce qui avait d'ailleurs étonné plusieurs de ses camarades, qui l'avait trouvée plus pressée qu'à son habitude.

En route vers la bibliothèque, Ann se surprit à penser à Jane, qui ne semblait pas aller très bien aujourd'hui. Mais cela n'avait rien d'étonnant, étant donné ce qui s'était passé le matin-même, à la Grande Salle. Encore une fois, Elly, Millyann et Kelly-Jane s'étaient acharnées sur la jeune Poufsouffle, en lui criant leurs insultes habituelles. La jeune fille s'était par la suite réfugiée dans la Salle Commune et, depuis, Ann n'avait plus eut de nouvelles de cette dernière.

Rendue devant la bibliothèque, la Serpentard remarqua une élève de Gryffondor, qu'elle connaissait d'ailleurs déjà. C'était Laura Thinkingen. Elle restait là, plantée devant la bibliothèque, sans bouger. Certes, les deux jeunes filles avaient souvent eut des différents mais, depuis l'année dernière surtout, ces dernières avaient constaté les problèmes que leur ennemie pouvait avoir, ce qui avait eut pour effet de diminuer les tensions entre la Gryffondor et la Serpentard. Inquiète, Ann s'approcha de sa camarade, et lui demanda :
"Est-ce que ça va ?"

Non, décidément quelque chose n’allait pas. La bibliothèque était changée, c’était indéniable, mais Laura ne parvenait pas à trouver quel était ce changement majeur, si l’on exceptait l’absence de Mme Pince à son bureau. D’ailleurs, à bien y réfléchir, c’était peut être ça, le problème. Comment elle pouvait le deviner ? Le temps qu’avait passé la jeune née moldue dans cette salle lui permettait de la connaître presque par cœur (bon, pas autant qu’Hermione Granger, certes). Elle avait visité la plus grande partie des rayons pour faire ses devoirs, mais aussi et surtout pour se documenter sur Poudlard, ses maisons, et la magie en général. Cette fièvre d’apprendre ce que les professeurs ne disaient pas datait de bien avant son entrée au collège de magie et ne l’avait pas quitté, malgré les difficultés des années passées.

Quelqu’un lui parla dans son dos. Laura imagina un moment que c’était Mme Pince, mais se ravisa. La voix qu’elle avait entendu n’était pas celle d’une adulte, mais d’une élève de Serpentard. La lionne n’avait pas besoin de se retourner pour savoir qu’il s’agissait d’une petite blonde nommée Ann Iverson. S’il ne lui était pas possible encore de la considérer comme une amie, il s’agissait néanmoins d’une personne qu’elle avait apprit à connaître après un an de détestation mutuelle. Ni Ann ni Laura n’avaient une vie facile et se taper dessus n’était sans aucun doute pas le meilleur moyen de passer le temps à Poudlard. Bien entendu, elles avaient encore des différents. La haine entre Serpentard et Gryffondor était bien ancrée dans les mœurs de l’école de magie, mais elle pouvaient quand même s’entendre. La rouge et or se retourna pour répondre.

- Salut. Oui, ça va, mais je crois qu’il y a quelque chose de nouveau, de bizarre ici. Tu sais quelque chose ?

Ah ! Laura finirait-elle complètement paranoïaque ? Il ne lui fallait vraiment pas grand chose pour croire au bouleversement total. L’absence de Mme Pince seule lui faisait déjà penser à un grand changement. Bon, il y avait aussi une atmosphère différente, cela se sentait, mais tout de même, il fallait que la petite se calme, ce qui, avouez-le, n’était pas facile pour elle après une année de discrétion obligatoire. Son caractère emporté et joyeux reprenait progressivement le dessus sur la peine, mais ce n’était pas gagné et on pouvait encore voir de temps en temps un voile de tristesse dans le regard de la lionne. (Ca y est, vous me suivez toujours ?)

Enfin bref, Laura se souvint qu’elle était venue à la bibliothèque pour travailler et rester plantée au milieu du chemin ne l’aiderait pas à avancer dans ces devoirs. D’ailleurs, ce devait être la raison pour laquelle Ann était venue. Quitte à discuter, il valait donc mieux le faire assises à une table et des livres sous les yeux. Si ça ne les faisait pas avancer, au moins ce serait une preuve qu’elles y mettaient (un peu) de la bonne volonté. Il faut ajouter que la jeune Gryffondor avait accumulé encore plus de retard l’année précédente qu’elle n’en avait déjà et devait donc étudier, ne serait-ce que la théorie, de la magie.

- On va s’asseoir ? proposa-t-elle donc à la Serpentard.

[535 mots]

BOMBABOUSE

En entendant la voix d’Ann, Laura se retourna. Sur le coup, la jeune Serpentard se demanda si la Gryffondor allait se retourner pour lui crier des bêtises, mais non. Après tout, ça ne semblait pas tellement être le genre de Laura Thinkingen … Cette dernière répondit à son salut, lui affirmant qu’elle allait bien. Mais cette réponse laissa Ann perplexe. Son interlocutrice avait l’air de tout sauf de quelqu’un qui allait bien … Mais avec la phrase qu’elle ajouta, l’adolescente comprit pourquoi cette dernière semblait étrange. Celle-ci croyait que quelque chose avait changé à la bibliothèque, bien qu’Ann n’eut rien remarqué. À vrai dire, chaque fois qu’elle venait à la bibliothèque, la jeune fille était plutôt occupée à réparer les ravages qu’elle causait, ce qui expliquait peut-être pourquoi elle n’avait rien remarqué. (Oui, presque à chaque fois qu’Ann mettait les pieds à la bibliothèque, un dégât de plus était causé à cet endroit … Comble de la malchance, la plupart des gaffes qu’elle faisait, elle les commettaient à la bibliothèque de Poudlard, le dernier endroit au monde où on doit faire une erreur si on ne souhaite pas se faire remarquer…) En guise de réponse, Ann se contenta donc de secouer la tête.
« Non, je n’ai rien remarqué » dit-elle, tout simplement.
Après un bref moment de silence, Laura ajouta :

Citation :: - On va s’asseoir ?

Une fois de plus, la jeune fille hocha la tête.
« Bonne idée, ajouta-t-elle. J’étais venue pour réviser les notes que j’ai prises durant le cours d’Étude des Moldus. »Ann entra dans la bibliothèque, et s’assit à une table, non loin de l’entrée. Avant de sortir ses notes de son sac, elle regarda autour d’elle. Mais qu’est-ce qui pouvait bien avoir changé ? Elle n’en avait aucune idée …

Les deux troisièmes années s’assirent donc ensemble à l’une des tables de la bibliothèque, formant ainsi l’association étrange mais non inédite d’une Serpentard et d’une Gryffondor. En effet, si la haine entre les deux maisons était toujours vivace, elle n’était pas aussi puissante que celle qui avait opposé Drago Malefoy et Harry Potter avant que Laura n’arrive à Poudlard, trois ans auparavant. La jeune lionne n’avait pas pu voir en tant que tels les résultats de cette détestation réciproque entre les deux jeunes hommes, même si les plus grands lui avaient alors bien fait comprendre que les verts étaient leurs ennemis. Elle avait suivit le mouvement.

- Je peux t’aider s’il y a besoin, t’as qu’à me demander.

Laura répondit ainsi à la déclaration d’Ann qui comptait réviser son Etude des Moldus. S’il y avait bien une matière dans laquelle elle réussissait, c’était bien celle là. Normal, puisque ses parents n’étaient pas des sorciers : pendant onze ans, la lionne avait vécu sans se douter que la magie existait et comme une personne normale. Tous les étés, encore, elle était une jeune fille moldue toute simple qui allait à l’école en Allemagne afin de recevoir l’éducation qu’avait eu son père dans sa famille maternelle. Ce mensonge obligatoire était assez vraisemblable pour que personne ne s’étonne de ne plus voir la petite brune dans les rues de son village, y compris pendant les vacances de Noël et de printemps.

Avec un soupir résigné, Laura sortit un rouleau de parchemin noircit par l’encre de sa plume. Et raturé de partout. C’était son dernier devoir de Défense Contre les Forces du Mal, raté, bien entendu. La pauvre lionne commençait à croire que le professeur aux aspects si menaçants finirait par la tuer si elle ne s’améliorait pas rapidement. Malheureusement, le peu d’intérêt qu’elle portait à cette matière l’empêchait de se mettre réellement au travail. C’était là un problème récurrent chez elle, et ce depuis bien longtemps avant son entrée à Poudlard : la petite Gryffondor ne travaillait que dans les domaines qui l’intéressaient. Les autres passaient à la trappe. Elle savait pourtant qu’il lui fallait faire mieux pour réussir à avoir un jour un travail intéressant dans le monde de la magie qu’elle ne connaissait encore pas vraiment en dehors du collège.

- Pffff ça vient de commencer et j’en ai déjà marre.

Laura avait les yeux fixés sur son devoir. Elle lisait les remarques du professeur et notait celles qu’elle jugeait importantes sur un morceau de parchemin qui était déjà couvert de son écriture droite et assez moche. Elle n’aimait pas spécialement écrire et le faisait donc rapidement, sans s’appliquer. Sauf pour ce qu’elle devait rendre, bien entendu. Cela rendait ses notes plus difficiles à lire encore et l’apprentissage plus haïssable encore à ses yeux. Pourtant, la lionne aimait être à Poudlard et faire de la magie. Seul problème, elle détestait apprendre des tonnes de formules de sorts plutôt inutiles, et était nulle en pratique, au point qu’on pouvait se demander ce qu’elle faisait ici. Au fond, rien n’avait vraiment changé sur ce point depuis sa première année au collège de sorcellerie.

"Merci, répondit Ann. Mais je crois que ça devrait aller. Je pense que j'ai pris assez de notes pour une semaine entière", ajouta-t-elle, avec un sourire.
En effet, la jeune Serpentard avait prit une très grande quantité de notes durant son cours d'Étude des Moldus. Normal, puisqu'elle ne pouvait vraiment se fier sur son propre vécu (ou celui des gens de son entourage) pour répondre à certaines questions. Certes, son père était un Moldu, mais il y avait de celà plusieurs mois qu'Ann ne lui parlait plus. L'atmosphère étant invivable lorsque la fillette et son père se trouvaient dans la même maison, l'oncle de cette dernière l'avait adoptée, tous croyant que ce serait pour le mieux. Évidemment, dans cette situation familiale-là, c'était beaucoup mieux que celle d'avant, mais Elly et Millyann (ses cousines), commençaient à lui taper royalement sur les nerfs. Ces dernières se croyaient toujours meilleures parce qu'elles étaient des Serpentard de Sang-Pur (supposément !). Pour celà, elles ne se gênaient donc pas pour taper sur la tête de Jane, qui n'avait pas emprunté le même chemin que le reste de sa famille. Il y avait donc, d'un côté, Millyann et Elly, et de l'autre Ann et Jane, qui défendaient chacun leur point de vue, de façon parfois un peu brutale, comme le poing d'Ann dans la figure d'Elly l'avait bien prouvé.

À la deuxième remarque, que Laura semblait avoir dite un peu pour elle-même, Ann demanda :
"C'est un devoir dans quelle matière ?"

- Défense Contre Les Forces du Mal. J’ai eu D, comme d’habitude.

Laura fit un sourire triste à Ann, puis reporta son attention sur le devoir. Comme d’habitude, oui. Qui sème le vent récole la tempête, disait un proverbe moldu. Celui-ci s’appliquait paradoxalement très bien à Poudlard où chaque erreur, ou réussite d’ailleurs, de la petite Gryffondor avait eu de grandes conséquences, relativement à elle, bien entendu. « C’est l’effet papillon », dirait un chanteur français quelques années plus tard. Ils n’en étaient cependant pas encore là et 2009 était assez éloigné pour que personne à Poudlard n’y pense. Les enfants de moldus (et peut être de sorciers) étaient plus préoccupés par le passage imminent (un an quoi) à l’an 2000 pour ne pas penser à ce qui se passerait dans une décennie, où tous auraient (normalement) quitté Poudlard.

Une fois encore, Laura leva la tête vers Ann, qui était penchée sur ses notes. Elle regarda la blonde, détailla sa peau pâle et la cicatrice qui lui barrait la joue. La Serpentard recelait à ses yeux bien des mystères, mais elle était sûre d’une chose : la pauvre fille n’avait pas toujours été heureuse avec sa famille, contrairement à elle. Cependant, la Gryffondor n’arrivait pas à ressentir plus que de la compassion pour celle qui avait été pendant un an une ennemie, une personne avec qui elle se serait battue en duel si elle avait connu les sortilèges adéquats. La jeune lionne hésita plusieurs fois, puis finalement les mots sortirent lentement de sa bouche. Ils étaient lourds et résonnaient dans le silence qui s’était installé entre les troisième années, et ce bien qu’ils pouvaient être difficilement compréhensibles pour quelqu’un d’autre que Laura.

- Tu crois que ça pourra fonctionner un jour, Ann ?

Oui, bon, je vous vois venir tout de suite : qu’est ce qui pourra fonctionner ? Arrêtez, ce n’est pas comme si je ne l’avais pas assez développé précédemment. Enfin, en tout état de cause, Laura aussi sentit bien qu’il lui faudrait éclaircir ses paroles si elle voulait qu’Ann la comprenne, et donc lui réponde. En tout cas, son visage était devenu sérieux. Bien plus sérieux qu’il n’était lorsqu’elle vérifiait son devoir. Si elle n’était pas forcément très attentive et très à fond dans tout ce qui touchait à l’école, la petite Gryffondor ne plaisantait pas sur ce qui avait rapport à l’amitié.

- Je veux dire, tu crois qu’on pourra être amies un jour ? Qu’on pourra passer au dessus de tout ça ?

Tout ça quoi ? Non mais là vous le faîtes exprès. Comme si je n’avais pas assez parlé de la haine séculaire entre vipères et lion, de l’inimitié originelle de Laura et d’Ann, et bien entendu de leurs caractères totalement opposés. Enfin bref, passons sur votre incompétence dans la retenue de détails quand on vous bourre le crâne avec et concentrons nous sur nos chères petites élèves, assises dans la grandes bibliothèque du non moins grand Poudlard, en train de mener une discussion tout à fait intéressante et sérieuse.

À la réponse de Laura, Ann vit bien que la Défense contre les Forces du Mal ne semblait décidément pas être la matière que la Gryffondor préférait, ce qui était en fait tout à l'opposé d'elle, qui adorait cette matière.
"Eh bien, commença la Serpentard, si tu veux que je te donne un coup de main, ça ne me dérange pas du tout. À vrai dire, je suis plus forte en cette matière que je ne le suis en potions ..."En disant cela, la jeune fille repensait à son dernier cours de potions, celui ou elle avait fait exploser sa potion et s'était, par la même occasion, fait une brûlure sur l'avant-bras gauche, faute de maladresse.

Contre toute attente, l'autre élève ajouta quelque chose à quoi la jeune fille ne s'attendait pas du tout. À vrai dire, elle ne s'était jamais vraiment demandé si Laura et elle pourraient un jour devenir de vraies amies. En fait, elle n'en savait trop rien. L'histoire de deux ennemies qui finissaient, comme par hasard, un jour à comprendre l'autre pouvait paraître si étrange, même pour elles deux...
"Pour être honnête, je n'en sais trop rien, admit la Serpentard. Mais je suppose que oui, du moment qu'on fait des efforts pour passer au-dessus de nos différents."

Apparemment, Laura et Ann s’opposaient complètement. Alors qu’elle se débrouillait bien en potions et était forte en Etude des Moldus du fait de sa naissance, la Serpentard gérait apparemment mieux les matières comme la Défense Contre les Forces du Mal, ce qui était d’ailleurs un peu bizarre, lorsque l’on sait que les verts avaient la réputation de ne pas aimer cette matière qui avait échappé pendant un nombre incalculable d’années à leur ancien directeur de maison, le professeur Severus Rogue, qui avait dirigé Poudlard lorsque le mage noir dont on ne doit pas prononcer le nom était au pouvoir, il y avait encore quelques mois de ça.

Enfin, ce n’était pas la première fois qu’Ann différait grandement des standards de sa maison, mais Laura ne prétendait de toute façon pas vraiment connaître sa camarade de troisième année. D’une, leurs rencontres avaient été trop peu nombreuses pour cela, et de deux, la jeune Gryffondor ne pensait pas connaître au sens strict du terme quelqu’un à Poudlard. Seules Abbygael et Rory était vraiment des amies proches, mais les jeunes filles ne discutaient que rarement de ce qu’elles étaient hors de Poudlard, quand elles arrivaient à se voir, puisque les cours n’étaient en principe pas faits pour discuter. En principe, bien entendu. Il n’était pas dit que la petite lionne écoutait tout le temps quand un professeur l’ennuyait. Le contraire était bien plus vrai.

- Merci de ta proposition, j’y penserai.

Puis Ann répondit à la question sur leur potentielle amitié avec un brin d’optimisme qui étonna Laura. Faire des efforts « pour passer au dessus de leurs différents »…serait-ce suffisant ? Etait-ce là la seule chose qui les bloquait dans leurs relations ? Leur inimitié originelle ? Ou bien y avait-il autre chose, par exemple, au hasard, la pression des deux maisons auxquelles elles appartenaient ? Une amitié partie sur de si mauvaises bases pourrait-elle résister aux matches de Quidditch (Laura faisant partie de l’équipe de Gryffondor, ne l’oublions pas), à la coupe des Quatre Maisons et à toutes les autres compétitions qu’il pouvait y avoir entre les différents maisons de Poudlard, qui à l’occasion pouvaient se transformer en véritables factions ennemies, comme à la guerre.

- Oui, sans doute. Certains réussissent à sortir ensemble, on devrait bien réussir à être amies.

Un petit sourire vint au visage de Laura. Il faudrait sans doute encore du temps, pour que ça se réalise, elle en avait conscience, mais au moins, même si leur tentative échouait, on ne pourrait pas dire qu’elles n’avaient pas essayé. Sans doute ça leur serait accordé, au moment de savoir si elles entreraient au Paradis. Quoi ? Mais qu’est ce que je raconte moi…comme si la petite Gryffondor croyait à tout ça. On avait bien tenté de lui inculquer un peu de notions de religion, mais comme beaucoup de choses, la lionne avait trouvé ça inutile et n’avait pas vraiment fait attention à ce qu’on lui racontait, et sa culture à ce sujet était donc au ras des pâquerettes. Comme sur un grand nombre d’autres, d’ailleurs.

Spoiler:

La réponse qu'Ann donna à la question de Laura sembla étonner fort cette dernière, pour une raison qui échappait à la Serpentard. La Gryffondor sembla approuver aux propos de la jeune fille, ce qui rassura cette dernière. En guise de réponse, la jeune fille se contenta d'un sourire.

Peut-être, au fond, les Gryffondor et les Serpentard n'étaient en soit pas si différents que ça ... Au fond, la rivalité entre les deux Maisons venait beaucoup plus du fait que ses deux fondateurs de détestaient pour mourir, même si c'était il y avait de cela plusieurs siècle. Peut-être cette rivalité était-elle simplement restée ... Mais la Serpentard trouvait cela tout de même étrange. Pourquoi en vouloir à un groupe d'individus ... Peut-être si différents les uns des autres ... ? Et sur ce coup-là, l'adolescente croyait bien savoir de quoi elle parlait. À vrai dire, elle ne s’était jamais sentie comme tous les autres Serpentard, incluant ceux de sa propre famille. Oui, elle devait admettre que parfois, certains Serpentard pouvaient paraître prétentieux, voire hautains. Mais la jeune fille croyait réellement qu’il y avait une raison à cela. Sa mère lui avait souvent dit que les personnes agissaient parfois ainsi simplement parce qu’ils manquaient de confiance en eux. Et Ann la croyait sur parole. Et cela était très simple : elle avait toujours eut une confiance en sa mère beaucoup plus grande qu'en n'importe qui d'autre.

TERMINÉ POUR ANN.

Spoiler:

» Etrange mais pas folle, battue mais pas victime [PV]
» J't'ai pas dis mais... [PV]
» Mais qui vois-je ! [pv]
» Mais qui est-ce? (libre)
» Perdue, mais où ça? [PV]