Ce n'est pas ma faute [PV]

Ce n’était pas qu’il veuille revenir à leur histoire, c’est bon, c’était fini… il avait bien compris et d’ailleurs, ça l’arrangeait, ça le mettait mal à l’aise lui aussi… mais quand même… Ce n’était pas seulement à cause d’Olwen qu’elle était devenue comme ça, si ? Si elle lui disait que oui, il allait retourner discuter avec le serdaigle ! Il commençait déjà à avoir des regrets de ne pas avoir laisser Vincent le frapper un peu plus.

La lionne secoua sa crinière blonde d’un air agacé. Les garçons… quel bande de chieur ! Quand elle faisait quelque chose avec, ça posait problème à tous, quand elle ne faisait rien aussi. Ils n’étaient jamais contents ! Enfin, en fait, le problème d’Adrien ce n’était pas tant qu’elle soit devenue aussi sage qu’une none dans un couvent mais plutôt qu’elle soit totalement retombée sous la coupe de Vincent. Dit comme ça, c’était plutôt réprobateur… normal, pour lui ça l’était, mais Fred’ ne le voyait pas de cet œil.

« Je… Je ne veux plus… avec… avec personne. » Elle aurait aimé pouvoir poser plus sa voix mais elle n’y parvenait pas, comme à chaque fois qu’elle parlait de ces choses là. Elle avait été fortement ébranlé par les événements du mois de janvier, elle ne pouvait pas s’en remettre comme ça, d’un coup de baguette magique. Elle frotta ses bras, baissant les yeux vers le sol. Il était soudain passionnant ce carrelage. « Qu’est-ce que tu as Fred… même quand on danse je le sens… c’est parce que tu rentres la semaine prochaine ? A cause de ton fiancé ? Tu sais s’il te touche, on va tous lui tomber dessus, Durmstrang ou pas alors… » Elle l’interrompit, posant les doigts sur ses lèvres. « Non, tais-toi. Tu te trompes. Je n’ai pas peur de Franz, moins peut-être que de toi ou de mes autres amis garçons… » « Alors quoi ? » ragea-t-il en pressant la petite main blanche de Fredericke. « J’ai pris une décision, je dois m’y tenir. Les garçons sont un danger pour moi mais ils le sont aussi pour Vincent. Je me trompais Adrien. » Une lueur de douleur qu’on ne lui avait plus vu depuis longtemps passa dans ses prunelles azures. « Il tient encore à moi, il souffre quand je suis avec un autre, il souffre quand j’ai mal… je ne peux plus lui faire ça. » Elle l’avait compris après l’épisode avec Olwen. Non seulement il l’aimait toujours comme avant Marie mais en plus Vincent avait toujours peur de la perdre. Si ce n’était pas le cas, pourquoi prenait-il tellement à cœur le fait qu’elle ait enlevé sa gourmette… une fois, une unique fois… Elle pouvait se détacher de lui mais pas lui faire du mal volontairement. C’était au dessus de ses forces.

« Quoi ? Mais quel rapport avec Vincent et… ta défiance ! Tu sais très bien que je ne te ferais rien… » Elle secoua la tête, c’était compliqué à expliquer, c’était le résultat de tant d’événements… « Ce n’est pas ça… enfin… je veux dire… mon corps réagit différemment de mon cerveau. J’ai été secouée, je réagis encore mal aux contacts mais… ce n’est pas le vrai problème. Si… si je le décidais… si je te laissais me toucher, toi ou un autre… alors tout redeviendrais normal. Mais je ne peux plus. » Elle surestimait peut-être un peu la compréhension de son ami là… Mais si Axel avait pu comprendre, Adrien pouvait sûrement le faire aussi.

Effectivement, Fred’ en demandait trop à Adrien. Il saisissait bien ce qu’elle lui disait mais de là à l’accepter, c’était beaucoup trop. Posant la main doucement et avec lenteur sur la joue de son amie, il glissa les doigts dans ses longs cheveux blonds et l’observa douloureusement. Alors c’était ça, c’était ça sa décision ? Elle se sacrifiait pour un imbécile pareil ? Elle restait dans la peur, pire, elle vivait avec deux peurs… juste pour lui ? Cela mettait Adrien entre deux sentiments très contradictoires. Dans un sens, il était en colère après Fred autant qu’après Vincent. Lui était égoïste, elle, elle était juste stupide, vraiment trop gentille quand il s’agissait de ce sale type… Mais en même temps, elle semblait peut-être apeurée mais il ne lisait plus dans ses yeux la peine et la tristesse qu’il pouvait y voir il y a encore deux mois de ça. Et bien sûr, c’était un point positif pour lui qui ne voulait que son bonheur – ils étaient amis après tout -.

« Penses tu que s’il savait il apprécierait ton sacrifice ? » Oui, Adrien croit encore qu’au fond Vincent veut le bonheur de Fred’, c’est un grand optimiste. Comment ça on est missant ? Meuh non ! Pas du tout, simplement réaliste. Et Fred’ l’était aussi, plus qu’Adrien tout cas. « Je pense que… ça ne changerait rien. Vincent a besoin d’une meilleure amie qui soit là pour lui… c’est incompatible avec une relation avec un garçon, quelle que soit la profondeur de la relation, ça crée un lien que je n’ai pas avec lui, que je n’aurais sûrement jamais, et ça le rend… pour le moins agressif si ce n’est triste. » C’est la nouvelle interprétation de Fredericke au sujet de la jalousie de son meilleur ami. Adrien pour sa part n’en croyait pas ses oreilles. Eh ! A peu de choses près ça faisait un peu comme si Fred’ devenait la maîtresse de Vincent, c’était hyper malsain ! Il en rajoutait peut-être un peu et conscient qu’il ne devait pas s’énerver pour ne pas la braquer, il se raisonna. Vincent n’avait que des pensées pures vis-à-vis de Fred’, il fallait donc voir dans ça seulement une mauvaise interprétation de Fred’, voilà, ça devait être ça.

« Fred… Tu ne pourras pas continuer comme ça toute ta vie. C’est juste stupide. Tu le disais toi-même il n’y a pas si longtemps, tu dois faire ta vie toi aussi, Vincent a déjà Marie pour s’occuper de lui. » Elle pinça les lèvres dans un mouvement de colère incontrôlé. Elle détestait qu’on lui parle de Marie. Si elle avait été d’une quelconque utilité autre que de calmer les hormones de Vincent, ça se saurait. Cette pimbêche ne servait à rien, Fredericke l’acceptait parce qu’elle semblait rendre Vincent heureux mais si elle avait été capable de la remplacer, elle n’aurait pas eut tous ces problèmes ces derniers mois avec les bagarres de Vincent avec ses amis. Dont l’un était en face d’elle d’ailleurs. « Il faut croire qu’elle ne suffit pas. Et de toute façon je suis en quatrième année, plus que trois ans et je m’en vais. Ce n’est pas toute ma vie, c’est seulement trois petites années, je peux faire ça pour lui. J’aurais tout le temps après pour trouver quelqu’un. » Elle relâchait ses défenses pour se draper dans le peu de dignité qu’il lui restait à être aussi clairement jalouse. Adrien en profita et se baissa pour déposer un baiser sur les lèvres de Fred’. Elle ne pensa pas immédiatement à le repousser, la chaleur d’Adrien était familière mais elle se souvint qu’elle ne devait pas… et au grand déplaisir du garçon, le repoussa gentiment mais fermement. « Tu n’écoutes vraiment rien de ce que je raconte. » Son sourire était crispé. Adrien baissa la tête et prononça des mots qu’elle n’avait pas envie d’entendre. « Je suis désolé… »

Non, elle n’avait pas envie qu’il s’excuse. Parce qu’elle aimait qu’il l’embrasse, qu’il la désire… elle aimait simplement être aimée. C’était bête hein… cela lui manquait. Elle souffrait horriblement d’avoir quitté Axel, mais cette douleur était moins grande que celle de voir Vincent triste ou en colère. Peu importait pour elle-même après tout… d’autant qu’elle s’était fixée des objectifs et qu’elle pensait qu’il fallait en passer par là pour les réaliser. Elle allait bientôt rencontrer son fiancé, et elle devait se concentrer sur la réalisation de sa rupture, une vraie cette fois, avec ce Franz qui ne lui plaisait pas. Cela étant, elle aurait aimé que Adrien comprenne ce qu’elle essayait de lui dire et n’agisse pas comme ça, ça ne faisait qu’ajouter des regrets. Enfin, ce n’était pas bien grave dans le fond, elle s’en sortirait bien comme ça aussi.

« Ce n’est pas grave. Ne sois pas désolé… s’il te plaît… Je sais que je suis cruelle… que… » Sa voix s’étrangla dans sa gorge, elle n’y arrivait pas, elle savait bien qu’Adrien ne serait pas dupe. Il ne l’était jamais. Il était si proche d’elle, et pourtant, en même temps, il était très éloigné de ce qu’elle était. Elle le savait bien, et lui aussi, celui dont elle était le plus proche c’était Vincent. « Je le fais passer avant tout les autres, avant moi et je te donne du soucis. Pardon. » Mais lui non plus ne voulait pas de ses excuses. Il la prit dans ses bras et elle se laissa faire, elle savait qu’il n’irait pas plus loin. Il avait voulu la provoquer. Sauf qu’elle ne marchait plus. Sa colère était profondément endormie, sa rancune, ses peurs… elle avait mis ça dans une boite et avait tout fermé à clef. Elle était égoïste. Elle voulait uniquement son bonheur à elle, et il passait par Vincent. Elle laissait Adrien, Axel, tous ses autres amis en arrière et elle ne réussissait même pas à cacher combien elle le regrettait. Parce que même si c’était moins fort, elle aimait ses autres amis, elle n’imaginait pas sa vie sans eux, seulement… peut-être que si Lui le lui demandait avec assez de force, elle serait capable de se séparer d’eux aussi.

« Tu me fais peur Fred’, très peur. Tu vas te faire du mal. Tu sembles tellement résolue… j’ai peur que tu ailles trop loin… » Et encore, il ne savait pas jusqu’où elle pouvait aller même si ça ne saurait tarder. Il relâcha son étreinte et passa les doigts dans les longs cheveux blonds. Il préférait les brunes à vrai dire, surtout quand elles avaient les yeux clairs. Il trouvait le contraste plaisant… mais les cheveux de Fredericke tombaient toujours en cascades gracieuses sur ses épaules et il trouvait que ça avait du charme aussi. Surtout qu’il adorait l’odeur de son shampoing… Et oui, ça se tient parfois à un détail. De toute façon, entre eux, ce n’était que physique… après, tout n’était qu’amitié. Et c’était uniquement en tant qu’ami qu’il s’inquiétait pour la petite blonde. Lentement, la main de Fred’ s’approcha du visage du Poufsouffle et elle lui caressa la joue avec gentillesse. « Ce n’est pas ma faute, on se lasse de tout mon ange… même de se voiler la face. Mais si je m’empoisonne avec la pomme du péché originel, je suis sûr que tu trouveras un prince charmant pour me réveiller. » Sur quoi, elle déposa une bise sur sa joue et lui dit non sans une certaine tendresse dans la voix. « Allez, viens, allons rejoindre les autres. Il est temps. » Et il était peut-être temps pour Adrien de se préparer à agir…

Bientôt.